Navigius
RP ouvert à toutes les plumes, tant que le respect du décorum est présent!
Le Soleil rayonnait sur le Béarn, en cette journée de novembre qui annonçait par sa froideur un hiver hâtif qui étendrait ses griffes jusque sur le Sud du Royaume de France pouvait-on croire. Les habitants avaient sortis depuis quelques jours les vêtements plus chaud, afin de continuer leurs occupations quotidiennes, si bien que l'activité qui régnait était à son comble, comme toujours, sur la place du marché tarbaise. Le Béarn semblait figé dans le temps. Il y régnait cet amalgame d'activités que l'on retrouvait dans le paisible Sud de la France, loin de l'activité littéraire et sociale des grandes villes du Nord. Tout y était plus calme, plus posé, mais la vigueur de ses habitants pouvait laisser place à de grandes passions.
La cathédrale Sainte-Nitouche de Tarbes venait tout juste d'être nettoyée. Plusieurs paroissiens ainsi qu'une équipe venue avec le Primat de France s'étaient chargés de lui redonner sa beauté d'antan. Il ne s'agissait pas d'un bâtiment aux charmes ostentatoires. Son clocher s'élevait dans le ciel par dessus la cité, ses vitraux laissaient filtrer une lumière multicolore et son intérieur était sobre, laissant toute la place à la prière. Les bancs avaient été nettoyés, le plancher ciré. Des sueurs froides s'étaient emparés du prélat avignonnais lorsqu'il fallut retirer les toiles d'araignées des corniches, devant la méthode difficile et périlleuse pour le faire. Personne n'avait été blessé, heureusement.
La nouvelle de la messe avait été envoyée aux quatre coins du Béarn. Tous les habitants y étaient conviés, comme toujours, et les portes ne seraient fermées pour personne, qu'il fusse réformé ou aristotélicien, puisque l'Église était tolérance et compréhension. Sur le parvis de la Cathédrale, se tenait l'Archevêque d'Avignon, vêtu de sa sempiternelle soutane noire, rigide et rigoriste, brodée d'un léger fil d'argent en guise de distinction. C'était là bien sûr l'étendue de ce qu'il se serait lui-même permis en matière de fioritures vestimentaires. L'on était loin des mitres dorées et des chasuble sertis de joyaux que plusieurs s'imaginaient. Ces derniers avaient été vendus il y a belle lurette pour financer les activités de charité du clergé.
Souriant, il se tenait droit, appuyé sur sa canne, près des portes alors que les cloches sonnaient la messe de leur timbre massif. Il observait le flot des fidèles cheminer vers le bâtiment, saluant tous et chacun avec bonhommie. Il replaça sur ses épaules une étoffe de feutre noir, pour se garder au chaud, tout en discourant avec des paroissiens qui entraient dans l'Église. C'était l'heure de la messe, les cloches sonnaient à nouveau au Béarn.
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Archevêque Suffragant d'Avignon
Primat de France
"Sic nos sic sacra tuemur"