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[RP][Semi-fermé] Dans les geôles du Béarn

Caro
LJD Geolier, je vois que même nos échanges de MP ne suffisent pas. Où avez vous lu que Caro parle de régicide contre le Roy ? Elle ne parle pas de ça et franchement je serai d'avis à ce qu'on vous retire l'autorisation que vous avez prise d'office pour entrer dans ce RP.

Respectez le RP des autres et on respectera le votre

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en construction
--Geolier1
A propos de la Reyne :

"Son existence n’est que fait de mal, de trahison, de mensonges, fourberies et Gnia mériterait que son corps pende au bout d’une corde. "

C'est pas un Régicide ?
Je retire le PNJ, ce méchant n'ayant pas l'heur de plaire à sa majesté la Comtesse qui veut bien chouchouter en revanche un traître à la France...
Navigius
L'ecclésiaste italien eut un faible sourire devant les paroles de la demoiselle. Il était certes touché par sa loyauté et son désir de mettre sa vie en danger pour passer une quelconque communication entre le Primat et les autorités romaines. C'était là chevaleresque et courageux, deux caractéristiques qui se perdaient au Béarn et dans le Royaume de France, tant la fibre morale était mise à mal. Toutefois, il n'y avait nul besoin de communications secrètes, Rome étant une entité bien gérée. À cette heure, l'Évêque de Nevers devait avoir prit la tête de l'Assemblée épiscopale de France et les mesures nécessaires pour préserver la stabilité de l'Église de France. Il se doutait bien que certains collègues étaient inquiets, que certains déplaisants profiteraient politiquement de son absence dans les intrigues byzantines de Rome, mais il n'avait point urgence pour lui de prendre contact. Il remercia donc la dame.

- Vous êtes fort courageuse, mais je ne crois pas qu'il nous faille y aller de ce type de projet. Par contre, si vous demandiez un droit de correspondance à la comtesse pour moi, j'en serais fort ravi, sinon, du vélin et de l'encre me permettraient de coucher quelques passages de ma vie sur le vélin, un début de mémoires.

Il étant temps de partir, il savait que le geôlier allait venir râler dans quelques instants.

- Vous êtes une âme bonne chère amie. Rassurez-vous, le Très-Haut est Juste, et rien n'échappe à son oeil. Mes prières vous accompagnent, vous et Monseigneur Aurélien.

Il la laissa partir.

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Archevêque Suffragant d'Avignon
Primat de France
"Sic nos sic sacra tuemur"
Varden
Castèth de Pau après le départ de Caro.

Il avait appris qu'on avait mis Navigius dans les geôles. Il avait protesté pourtant, déclaré qu'il ne servait à rien de mettre aux fers un homme qui se tenait à disposition de quiconque voulait le rencontrer, on avait quand même décidé de le mettre en prison.

Et là était tout le paradoxe de la situation. A une lointaine époque, il aurait volontiers accepté de le mettre aux fers ce Navigius.

Il l'aurait lui même bien mis en prison purement et simplement.

Mais ce temps, où l'un était artésien, et l'autre champenois était bel et bien révolu.

En Béarn, il avait découvert un homme fidèle, loyal et profondément juste. L'idée même de l'exemple à suivre pour des générations selon Varden. Un homme bon avec les autres, généreux et courageux, sage et pondéré.

Le voir ce jour déclaré traître à la Couronne l'avait désemparé. C'était tout bonnement incompréhensible, et difficilement crédible.

Le Primat de France en prison ... Et un pilleur de château Dauphin de France ...

Le paradis des pires fripouilles était né à Paris.

Soupirant en apprenant la nouvelle, il se leva et d'un pas rendu lourd par son désarroi, il se dirigea vers les geôles.

A titre personnel, il connaissait très bien les prisons béarnaises.

En effet, à de nombreuses reprises, il y avait été emprisonné par des gardes zélés ne l'ayant pas reconnu. Une fois alors qu'il était Comte. Une autre sous sa mandature de Chancelier.

S'il s'était réjoui d'un côté de l'efficacité des gardes Béarnais, il avait aussi fort peu goûté la compagnie crasseuse qui lui avait été offerte de rencontrer lors de ces courts passages.

Bref, connaissant le chemin, il se rendit vers les cachots.

Les gardes semblaient un peu las de toutes les allées et venues mais n'opposèrent aucune résistance à la venue du Porte-Parole.

Il n'était pas difficile de savoir où était l'archevêque parmi les quatre ou cinq pauvres hères qui égayaient les prisons du Béarn connues pour leur vide sidéral en temps général.

Un garde était désormais affecté directement devant sa porte attendant on ne savait quoi au juste. Que l'homme d'église tente une évasion ?

L'idée éclaira le visage du Mauléonais d'un sourire amusé.

Valère ignorera toute sa vie ce qu'en déduit le garde mais celui ci comprenant qu'aucune parole ne semblait nécessaire retira prestement ses clefs de sa ceinture et lui ouvrit la porte.

Le Comte le remercia d'un signe de tête avant d'entrer dans la pénombre de la cellule de l'italien.

Posant d'abord son regard sur Navi, il finit par jeter un regard circulaire dans la geôle.


Misère. Cette pièce mériterait d'être rafraîchie. Et cette paillasse, mon dieu ... Comment diable peut on laisser un représentant du Très-Haut en de si profondes ténèbres ?

Un léger sourire apparut à la commissure de ses lèvres alors qu'il s'avançait. Un air songeur dans les yeux, il s'assit face au lit de l'ancien Chancelier du Béarn, à même le sol.

Pourquoi se présenter. Les silences avaient leurs lots de vérités et d'évidences. Ils se connaissaient trop bien pour perdre leur temps en vaines paroles alors posant son regard dans les prunelles du Primat, il prit la parole d'une voix étonnamment douce, l'air rêveur.


Je me demande si l'on écrira encore des histoires sur nous, mon ami. Comme à cette époque de l'Artois et de la Champagne.

Oh Navigius, vous souvenez vous de nos jeunes pas ? Imaginez vous que ce moment présent, je l'ai rêvé un jour ?

Comme je le regrette. De voir que ces prières indélicates furent entendues par le Très-Haut.

Pardonnez moi je voue en prie ...

Pardonnez moi car j'ai manqué à mes devoirs envers vous. Vous n'avez rien à faire là et je l'ai laissé faire.


Et ce disant, il montrait d'un grand geste la cellule toute entière, sale et indigne d'accueillir un homme qui n'avait même pas eu l'heur d'avoir le droit à un vrai jugement dans un Tribunal mais que l'on devait traiter comme un criminel.

Oh Navigius, dîtes moi. Y a-t-il plus grande faute que d'abandonner un ami ?
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Navigius
Après le départ de Dame Caro, l'ecclésiaste avignonnais avait été replongé dans les ténèbres, ayant pour seule compagne une froideur grandissante que même la couverture ne pouvait garder au loin. Le bruit des gouttes d'eau tombant sur la pierre du sol marquait le temps, une mesure qui était superflue dans le monde d'un prisonnier, l'un des rares états pouvant nous détacher de ce besoin maladif de quantifier chaque moment et de les mettre en relation de durées. Au travers de la porte, il entendait la respiration grasse du geôlier, qui ne semblait être dédié qu'à la seule garde de sa cellule, celle d'un vilain traître au Royaume, ennemi dangereux du mensonge. Il trouva refuge contre ses tourments dans le dogme. Ses doigts tournaient machinalement les pages de son petit bréviaire, usé par tant d'années d'utilisation quotidienne. Bien que totalement dans le noir, il murmurait les paroles qui y étaient consignées, l'ayant finalement mémorisé d'un bout à l'autre au tournant de ses 37 ans. Il faisait encore quelques erreurs, mais pour le néophyte, cela demeurait un exploit impressionnant.

Son corps, vieux et usé, se plaignait de plus en plus. Son esprit, grisé par la fatigue, cherchait le chemin de la vertu, la conduite appropriée en telle situation. Il cherchait à élever son âme vers Dieu afin de mieux distinguer les impénétrables nuages des dessins du Très-Haut. Était-ce une épreuve parmi d'autre où était-ce l'ultime épreuve? Faisait-il preuve d'une fausse vanité en endurant le tout où au contraire, faisait-il preuve d'abnégation devant les conséquences qui pourraient être entraînées chez les autres. Tant de variables, tant d'inconnus. La religion se voulait souvent simple et claire, les relations entre les hommes, complexes.

Il fut tiré de ses pensées par des pas approchant. Ce ne pouvait être le moment du repas, il n'avait pas encore touché le plat peu ragoutant qui lui avait été donné quelques heures auparavant. Peut-être était-ce enfin l'envoyé du Roy. La porte maugréa à nouveau à son ouverture et une mince lumière filtra par l'embrasure, permettant à l'italien de distinguer les contours d'un homme. Il concentra son regard, qui s'adapta à la nouvelle lumière afin de découvrir les traits du Comte Varden. Il sourit instantanément, eux deux dans une geôle. Si ce n'eût été en plein sud du Royaume, l'on eût cru être de retour au temps de la seconde guerre de Compiègne. Il s'assied sur le côté du lit, laissant assez de place à son visiteur, brossant à nouveau sa soutane pour en retirer sans réussir une fine couche de poussière, fixée par la sueur. Il répondit à ses paroles, d'une voix calme et apaisée, ayant depuis longtemps appris à conserver sa contenance en toute circonstance :

- Il ne faut guère s'attacher aux choses matérielles cher ami. Et puis, que de beauté serait placée dans cette geôle que l'on ne pourrait l'admirer, la lumière filtrant par cette lucarne n'est que fugace compagne, la noirceur étant maîtresse en ce domaine. J'oserais-vous dire que la cellule me rappelle certaines vieilles cellules du séminaire de Bonifanti, mais ce serait être injuste envers la qualité de la maçonnerie de cet antique endroit. Quant à la paillasse, inutile de vous dire qu'elle paie autant de confort que de mine, mais l'on sous-estime toujours les bienfaits d'une planche pour dormir. Pour ce qui est des ténèbres mon amis, je pourrais vous dire que nous portons toute la lumière qu'il nous faut en notre cœur, mais sans faire d'allégorie, j'avancerais simplement que les ténèbres ne sont pas si épeurantes pour quelqu'un qui a passé sa vie à en définir les contours et en explorer le contenu. La noirceur n'est ultimement qu'une vieille compagne.


Son interlocuteur lui remémora leur jeune temps, dans un Artois déchiré par la guerre et une Champagne profondément convaincu que l'injustice et l'infamie pouvait être camouflée par l'illusion du bon droit. Jamais ville n'aurait fait couler autant de sang, vociféré autant de paroles et créé aussi durable animosité que Compiègne. Il sourit, se remémorant les paroles, les actes. Les mots durs avaient été échangées, il se souvint d'avoir composé une fable.

- Vous vous souvenez donc de cette horrible fable, cher ami? Petit Varden et le ha-Ricoh magique, je crois qu'elle se nommait. Ce n'était point mes heures littéraires les plus fascinantes. Quant à vos prières exhaussées, ne vous en voulez point. Nous étions deux jeunes coqs, insolents et emplis de cette certitude que seule la jeunesse apporte, près à défendre nos contrées respectives contre les assauts si délétères de nos ennemis.

- Quant à cet emprisonnement, il n'est point de votre ressort, mais de celui du Roy-élu. En bon sujet, je me rends à ses désirs et décisions. Il démontre chaque jour la noirceur de son coeur. Ne soyez point triste, je suis cent fois plus heureux d'être ici en geôle à la place qu'un confrère moins âgé, moins expérimenté. L'âge nous redonne une perspective sur les choses. J'ai eu une vie remplie, heureuse, faite de service et de dévotion. J'ai péché, j'ai regretté, j'ai muri. Chaque moments, chaque souffle est un don de Dieu, et je comptes vivre chaque instant jusqu'à la fin, soit-elle rapide où dans plusieurs années.


Il écouta la dernière phrase d'un de ses plus vieux compères, puis répondit doucement.

- Abandonner son âme, sa foy et ses valeurs mon amis. Ils sont les piliers du temple, de la vie, de l'existence.


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Archevêque Suffragant d'Avignon
Primat de France
"Sic nos sic sacra tuemur"
Varden
L'archevêque avait le mot juste. La parole sage. Toujours. Un petit rire lui échappa en l'entendant parler de la fable écrite par l'italien en cet antique temps de guerre et de colère.

Et comment que je m'en souviens ! En Champagne, nous avions une comptine sarcastique sur vous aussi. Elle se nommait, je crois : "Il était un petit Navigius".

Deux jeunes coqs sans aucun doute ! Mais quelle époque ! Quelle gloire épique ! Je ne devrais pas m'en gargariser. La guerre a cette horreur latente et notable qui est intolérable mais elle offre des rencontres inattendues.

N'en sommes nous pas la preuve ?


Son visage s'attrista aux propos de l'italien. Pas de son fait ? Possible mais l'inaction était autant une faute que la mauvaise action selon lui. Il le répétait suffisamment au Conseil Comtal ou en place publique pour ne pas se l'appliquer à lui même.

Comment pouvez garder ainsi votre calme, cet apaisement alors que vous êtes victime de la pire vilénie qui soit ?

Nulle personne, jeune ou âgée ne devrait être maltraitée ainsi.

Et toutes ces âmes bien pensantes en Béarn qui s'expriment en lieu et place du bon peuple, parlent de Justice et qui ne s'offusquent pas qu'un homme soit traîné en prison en dépit du bon sens et de tout procès ...

Certains ici n'ont aucune valeur à abandonner, ni foy à partager je le crains.

Vous nous manquez mon ami. Il est temps que cette mauvaise farce cesse. Quel est ce Royaume où les hommes d'église sont en prison et les pillards couverts de gloire ?

Votre fin n'est pas venue. Vous avez des soutiens, des amitiés, des gens d'honneur qui sauront vous rendre grâce face à cette ignominie.


Un silence prit place un instant avant que sa voix ne résonne une nouvelle fois dans l'humide cellule Béarnaise.

Vous me manquez mon frère. Dites moi ce que je dois faire pour vous aider ?

Montrez moi le chemin encore une fois, je vous en prie.

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Navigius
L'ecclésiaste eût un léger rire lorsqu'il entendit parler de la comptine. C'était la première fois qu'une telle chose venait à ses oreilles. Cela avait du être popularisé lorsqu'il avait été forcé de quitter le conseil artésien en pleine nuit, pour sauver sa vie, sa collaboration avec les armées royales ayant été découverte. S'eût été, à son avis, la seule fois qu'il eût fait acte de traîtrise, mais la Comtesse d'Artois était félonne au Roy. Et aujourd'hui, c'était son tour à lui d'être déclaré traître. La peine prenait l'eau comme la cale d'un vieux bateau, autrefois l'on recevait l'opprobre pour avoir mené une guerre contre le Roy, par les armes. Aujourd'hui, la même sentence nous arrive pour avoir écrit une lettre expliquant un point théologique.

- Cher ami, je crois que vous devrez me faire parvenir le texte de cette comptine. Je crains qu'elle n'eût été popularisé lors de ma fuite en Normandie. Vous savez sans doute que du Conseil d'Artois, je relayais les informations sur les armées artésiennes à sa Majesté Lévan afin de mener ce conflit à une fin plus rapide.

Il soupira. C'était le bon vieux temps, certains diraient. Quand il pouvait courir, se mouvoir sans sa canne, faire de tout sujet une croisade digne des plus grandes enflures verbales. La sagesse, véritablement, s'acquérait avec l'âge. C'était bien le problème de certains béarnais, ils refusaient de vieillir, de voir le sens commun et s'enfermaient dans leur réformes et leurs émotions non contrôlées. Jamais n'aurait mieux été démontré la folie inhérente à la Réforme qu'en cette province paisible du sud du Royaume. Souriant faiblement, il reprit, pour répondre à son invité.

- Je trouves réconfort dans les saintes écritures. Pour ce qui est du reste, ma passivité est bien volontaire, et elle met en échec un puissant sentiment d'injustice qui ressurgit de notre jeunesse révolue. Voyez-vous, je ne serai point celui qui offrira au Roy ne serait-ce qu'un bribe de colère, il en serait trop heureux. Si le Roy décide de m'enfermer sans procès, sans juste cause, cela est un puissant exemple de sa dérive et de celle qui mine ce Royaume. Jadis, un tel geste aurait soulevé un tôlé en chaque province. Aujourd'hui, il s'agit d'un fait divers. Voyez l'ironie, de nos chers âmes légales ici au Béarn, qui trouvent toujours à redire mais qui sont muette devant telle injustice qui nous frappe. Ils démontrent bien la noirceur de leur cœur et la façade derrière laquelle ils se masquent.

Il songea un instant, ne voulant jamais inciter ses amis à commettre quelqu'acte répréhensible qui pourrait leur attirer des problèmes. C'était après tout, une forme d'abnégation, que celle de refuser certains moyens qui pouvaient vous aider, au détriment des autres. Il sourit faiblement puis repris de sa voix fatiguée :

- Cher ami, la parole est notre arme, contre le mal, contre la Réforme, contre ce Monarque. Si vous voulez m'aider, écrivez à Monseigneur Fitz, Évêque de Nevers ou à Son Éminence Rehael, Archevêque de Rouen. Donnez leur de mes nouvelles, parlez leur de la situation ici, faites entendre votre voix. Par ailleurs, faites connaître cette sordide histoire à vos amis, à vos connaissances. Le Roy triomphe, s'il peut s'attaquer à ses sujets dans le silence le plus complet.
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Archevêque Suffragant d'Avignon
Primat de France
"Sic nos sic sacra tuemur"
Varden
Valère opina du chef quand l'archevêque rappela sa double mission à l'époque de la guerre en Artois. Le rôle ingrat de celui qui servait la Couronne et qui subit l'opprobre des royalistes comme des félons.

Navigius ne semblait pas au fait de toutes les dernières nouvelles. Valère hésita un instant puis reprit la parole.


En vérité, certaines personnes se sont exprimées tout sourire. Alors que vous n'avez eu aucun procès, Dona Dyvina et son parti politique se sont réjouis publiquement de votre sort. Je suis désolé, alors que vous avez tant voulu les aider, par la parole et votre sagesse, qu'ils bafouent toute idée de Justice en vous mettant plus bas que terre.

Valère baissa les yeux dépité par la crasse que certains s'amusaient à répandre sur leur passage.

Oh Navigius les connaissait bien, il avait passé des heures à tenter de raisonner ces gens là sans succès. Lui aussi s'y essayait dans un souci d'unité Béarnaise.

Mais toute idée de travail collaboratif semblait réduite à néant par l'ego des AnacrOn, des Dyvina ou des Salvidali.


Mes amis connaissent tous votre triste sort Navigius.

Et je doute que vous soyez laissé abandonné encore longtemps à votre triste sort.


Valère nota dans son esprit l'idée d'écrire à son Eminence Rehael concernant la situation catastrophique en Béarn où les hommes d'église étaient vilipendés et les parasites se gargarisaient. Se relevant, il s'inclina doucement en face de son ami.

Votre espoir, votre foi inébranlable et votre confiance sont autant de force dans lequel je dois puiser le courage de continuer à lutter contre le mal et la folie qui guide certains en Béarn.

Merci à vous mon ami. Merci de tout mon cœur.

Et n'oubliez pas. Ceux qui vous aiment sont toujours là pour vous.

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Navigius
L'italien ne fut pas surpris d'apprendre le comportement de certains réformés devant sa "chute", aussi temporaire soit-elle. Après tout, ceux-ci étaient sous le charme à croire qu'il était venu en Béarn juste pour eux, gonflant leur importance au point de commander les ressources les plus fines et vitales de l'Église en des heures où les problèmes étaient bien plus grand que trois ou quatre gueulards beuglants âneries et incivilités dans une gargote d'un comté paisible et endormi du Sud de la France. Un peu déçu, néanmoins, il s'exprima faiblement:

- Nous savons tous deux que certaines personnes ont le cœur si mort qu'il ne leur est possible que de trouver satisfaction dans la meurtrissure de celui des autres. Ce n'est point nouveau, bien que le Béarn n'avait jamais eût si large clique de ce type. Mais les écritures nous indiquent que nous devons sans cesse tendre la branche d'olivier et chercher à les ramener au droit chemin, aussi futile cela puisse changer. Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage.

Il écouta le reste du témoignage du Comte avec humilité, touché par les paroles de son ancien ennemi, jadis, il y a fort longtemps. Tant de témoignages touchant de la sorte, cela l'aidait à passer au travers des difficultés de la situation. Il eût une pensée pour sa famille, puis reposa ses prunelles sur l'homme devant lui, qui se levait pour partir. Il lui sourit, se leva à son tour, difficilement, appuyé sur sa canne, et lui offrit l'accolade lescurienne en guise d'amitié, professant quelques ultimes paroles.

- Nous avons tous un rôle à jouer dans les plans du Très-Haut. Si le mien est ici-bas et me semble clair, le vôtre, est entre vous et Dieu cher ami. Prenez soins de vous, et passez mes salutations à votre charmante épouse. Je vous remercie de votre visite, ayez courage mon amis, au crépuscule succède toujours l'aube.

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Archevêque Suffragant d'Avignon
Primat de France
"Sic nos sic sacra tuemur"
Azilize
Les jours succédaient aux jours et toujours rien ne venait de Paris. La brune comtesse, sentait son coeur se serrer chaque jour un peu plus. Ses pensées allaient souvent vers le cachot où résidait contraint et forcer sont vieil ami. Elle n'en pouvait plus, le Très Haut l'avait il abandonner ? Pourtant cet homme était le meilleur des hommes... tout ça n'était pas juste, mais pas du tout. Il fallait être sans coeur, comme Dyvina pour se réjouir d'une telle injustice. N'y tenant plus elle repris le chemin des geôles, et cette fois elle apportait, de la nourriture, de quoi écrire et de la lumière. Un serviteur portait un brasero car le temps s'était sérieusement refroidit. Il allait encore la gronder... mais qu'importe tout cela avait assez durer.

Le geôlier la conduisit à la cellule de Navigius et lui ouvrit la porte. Elle fit signe au serviteur de déposer le brasero et de l'allumer. Puis elle lui fit signe de se retirer.

Lorsqu'ils furent seuls elle s'approcha.

Bonjour Monseigneur, pouvez vous me faire une petite place pour que je puisse m'asseoir auprès de vous ?

Comment allez vous ? Je suis morte d'inquiétude pour vous. Et je me fait gronder par tous vos amis. Ca devient insupportable. Que fait le roy ? Je crains qu'il ne vous ait oublier. Si c'est le cas croyez moi que d'ici quelques jours vous sortirez d'ici avec ou sans son accord.


Elle commençait à enrager... ce roy était vraiment détestable, mais comment en serait il autrement vu ceux qui l'entouraient. Qui se ressemble s'assemble dit le bon sens populaire.

En tout cas je ne veux pas que vous soyez malade, voici un brasero qui vas vous permettre d'avoir un peu de chaleur. Et je vous ait amener une couverture, vous allez me donner celle que je vous avais apporter la dernière fois, elle doit être désormais humide.

Voici aussi de quoi manger, et de quoi écrire... ainsi qu'une lanterne. A défaut de vous faire sortir d'ici, voici de quoi rendre votre séjour un peu plus confortable.


Elle le regardait, scrutant son visage, tentant d'y voir son état de santé.
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en construction
Navigius
Les jours s'étaient succédés dans l'indifférence la plus totale dans la petite cellule. Lorsque le Soleil était haut dans le ciel, quelques maigres rayons se frayaient un chemin jusqu'à la noirceur perpétuelle qui entourait le Primat de France. Son dernier visiteur était déjà bien loin, quelques courtes périodes de sommeil passées, frigorifié par le vent frais de janvier qui soufflait dans la cellule par la petite lucarne qui, à défaut d'amener lumière, amenait froideur. Il toussota dans son coin, utilisant la couverture moite pour s'offrir des bribes de chaleur.

La détention commençait à laisser ses marques sur les vieillard. Il se trouvait déjà légèrement amaigri et sa barbe avait perdu de son entretien si discipliné. La soutane noire ne payait pas de mine, sale et poussiéreuse. Toutefois, à l'intérieur de cette coquille charnelle, l'esprit du prélat demeurait vif et convaincu. Il priait quotidiennement pendant des heures, réfléchissant sur le dogme, la vie et toute sorte de sujet.

Lorsque des pas légers se firent entendre entre le bruit des gouttes d'eau, l'ecclésiaste italien se demanda s'il s'agissait d'une visite ou bien de l'heure de son repas. Il jeta un coup d'oeil vers sa gamelle, encore emplie de l'infecte mixture qui était servie aux prisonniers, visiblement composée des restants de la table comtale, macérés dans un bouillon sans saveur qui sentait comme s'il avait été mélangé aux excréments des écuries. La porte se nimba un instant de feu, ses contours illuminés par la torche de l'autre côté, avant de s'ouvrir.

Ses yeux prirent quelques secondes à s'acclimater afin de révéler le visage soucieux de la comtesse. Il lui sourit faiblement, se relevant pour lui faire une place.

- Dois-je comprendre que les émissaires du Roy sont arrivés? Venez, venez, prenez place en ma bien modeste demeure, chère amie.

Elle s'inquiéta pour sa santé, charmante attention. Lui-même oubliait de s'en soucier, sentant les jours de plus en plus longs et durs. Son corps diminuait en force, mais il était plutôt préoccupé par son esprit, qui lui, explorait les limites du dogmes et des enseignements religieux, une intense séance de méditation imposée par le Roy. Il lui répondit pour calmer ses inquiétudes.

- Vous êtes trop gentille de vous inquiétez, ma foy, vous devez avoir fort mieux à faire à tenir en échec les fou furieux qui voudraient détruire ce comté. Ne vous souciez trop de moi, je suis logé et nourri. Quant à mes amis, je crois deviner qu'il vous est difficile de subir leur critique. C'est bien hélas ce qui est la différence entre les régnants et les conseillers, le poids du pouvoir et la responsabilité face à tous. Soyez assurée que je ne vous en veux aucunement, les événements nous forcent la main, à vous et moi.

Elle fit porter un brasero dans la cellule, et fit changer sa couverture. Quelques victuailles et du matériel pour écrire. La gratitude se lisait amplement sur le visage de l'ecclésiaste, qui sourit et remercia son amie.

- Vous êtes trop bonne, trop bonne mon amie. J'ose espérer que le Roy enverra ses émissaires rapidement et que je cesserai d'être un tracas pour votre âme et votre coeur. Il est difficile pour vous, je le sais, de maintenir un homme enfermé sans procès et de voir les faux-tenants de la justice ne pas s'en émouvoir.

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Archevêque Suffragant d'Avignon
Primat de France
"Sic nos sic sacra tuemur"
Azilize
Pauvre Navigius, il était toujours égal à lui même. Paisible, presque serein devant tant d'injustice. Elle se demanda si dans la même situation elle aurait été comme lui. Sans doute que non.

La lanterne qu'elle avait apporter, éclairait faiblement la cellule.


Malheureusement je n'ai encore aucune nouvelle du roy. Je me demande combien tout ça vas prendre de temps hélas. J'espère qu'il ne vous as pas oublier, bien que j'ignore quel sera votre sort ensuite...

Elle l'examina attentivement. Ses joues étaient creusés, les cernes sous ses yeux laissaient à penser qu'il ne dormait que peu.

Vous n'êtes pas malade vous êtes sur ? je vous trouve bien amaigri. Mangez tout ce que je vous ait apporter.

Elle sourit.

Vous savez mourir de faim n'apporterait rien de bon à personne. Et l'on tient tous à vous... Mgr Galahadd, est en Béarn. Il semble que notre petit comté soit devenu important aux yeux de tout ce que compte l'EA.

Quand à notre blonde nationale, elle ne sait toujours pas quoi inventer de plus pour se faire remarquer. Que voulez vous la sottise est ainsi. Elle est persuader que parler, parler, parler, est le seul moyen d'exister. Elle vas même nous permettre de mettre des noms sur tous les réformés ou ceux qui les soutiennent, n'est ce pas bien ?


Elle éclata de rire en y pensant.

Manger devant moi s'il vous plait, je veux m'assurer que vous le ferez.

Elle resta un moment en silence, en attendant qu'il mange un peu. Elle s'inquiétait toujours autant pour lui.
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en construction
Navigius
L'expérience menait à une forme de passivité des émotions qui était troublante pour certains. L'italien avait compris que de s'égosiller contre son sort n'aurait fourni des munitions qu'à ses adversaires, sans lui apporter quoi que ce soit. Sa résignation n'était point emplie de défaitisme, puisqu'il se doutait que l'heure viendrait où il pourrait énergiquement défendre son innocence, mais pour le moment, rien ne demandait un surplus d'émotion et l'homme préférait épargner ses maigres forces. Il écouta les paroles de la comtesse avec attention, hochant de la tête à ses mots.

- Je suis sûr qu'ils ne tarderont plus, la route est bien longue entre Paris et le Béarn. À savoir s'il m'a oublié, je doute que ce Roy n'oublie ceux qui font l'objet de sa colère. Les tyrans ont ce trait en commun.


Elle s'inquiéta pour sa santé, touchante attention qui révélait le coeur humain d'une comtesse dont les ennemis jugeaient fort mal le caractère et la résilience. Il lui sourit amicalement, reprenant un peu de consistance pour lui offrir une réponse crédible.

- Je vous remercie de votre charmante attention. Ne soyez trop inquiète, s'il est vrai que je ne suis pas dans une forme éclatante, j'ai connu des jours bien pire. Mon poumon ne semble pas faire des siennes outre mesure, rien d'aussi grave que lorsque j'ai du passer quelques mois à Forli auprès des médicastres. Il est vrai que je suis inquiet, si d'aventures, le Roy me menait au Nord, l'air froid et salin du Nord du Royaume m'est des plus inconvénient à mon âge. Pour ce qui est de la nourriture, je me nourris de ce qui est donné aux prisonniers. Ayant passé une vie ascète à manger pain et eau, il n'y a pas terrible différence, soyez rassurée.

Elle lui annonça que Monseigneur Galahadd était en Béarn, ce qui surpris l'italien. Il se souvenait, dans sa dernière missive envoyée à l'Assemblée épiscopale de France, d'avoir mandaté l'Archevêque de Narbonne afin d'enquêter sur les absences de Monseigneur Bushiro, l'Archevêque Métropolitain d'Auch, en Armagnac-Comminges. Avait-il été détourné de sa mission par de nouveaux ordres du Vice-Primat, Monseigneur Fitz, ou bien était-il venu prendre des nouvelles sur la santé du Primat? Il hocha de la tête.

- Monseigneur Galahadd est un homme bon. J'espère que vous l'apprécierez. Le Béarn a toujours été important pour l'Église, hélas, l'Église n'a pas toujours les moyens de bien être représentée dans tous les endroits qui lui sont important. J'ai toujours gardé un oeil sur le Béarn et me suis toujours rendu disponible pour y revenir en temps troubles. Quant à Dame Dyvina, laissez la paître serait mon conseil, assurez-vous juste que son attitude empoisonnées ne démotive pas ceux qui devront un jour prendre la relève au conseil. Pour le reste, je suis certain qu'elle se décrédibilise chaque jour un peu plus.


Il prit une miche de pain dans le panier apporté par la Comtesse et prit une bonne mordée, heureux d'un bon repas frais.

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Archevêque Suffragant d'Avignon
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"Sic nos sic sacra tuemur"
Azilize
La comtesse regardait son vieil ami manger. Elle espérait qu'avec ce repas, il serait requinquer. Tandis qu'elle le regardais manger, le geolier vient respectueusement lui dire qu'on la demandait. Aussi le laissa t'elle un moment.

Je vous laisse car on me demande. Je revient voir si vous avez besoin de quelque chose ensuite.

Elle suivit l'homme se demandant ce qui pouvait bien se passer.

Au bout d'un moment elle revint et s'approcha de Navigius.


Monseigneur... les émissaires du roy sont là, nous allons donc nous quitter. J'espère que vous serez bien traiter.

Elle avait un gros poids sur le coeur. Mais elle le laissa là, en tentant de lui sourire.

Je vous souhaite un bon voyage... et beaucoup de courage.
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en construction
Navigius
La comtesse quitta et entra à nouveau. L'italien écouta ses paroles, hochant gravement de la tête. Alors qu'elle allait quitter, il lui demanda un instant, puis il rédigea rapidement deux missives, l'une pour Rome, l'autre pour les béarnais, qu'il lui remit, lui demandant de bien vouloir les expédier.

Citation:



À l'attention de l'Assemblée épiscopale de France,


Chers amis,
Chers frères et soeurs,

C'est avec gratitude que je prends la plume aujourd'hui, grâce aux bonnes attentions de la Comtesse du Béarn, qui au péril de son comté, de sa charge et de sa personne m'a fourni vélin et encre afin de vous écrire cette missive.

Je viens tout juste d'être informé que l'escorte envoyée par le Roy-élu de France, Eusaias de Blanc-Combaz, vient d'atteindre Pau, où je suis enfermé Il m'apparait donc imminent que je serai transféré dans une prison royale sous peu, peut-être même aujourd'hui. Mon instinct m'indique que la région de Paris sera ma destination.

Ayant passé plusieurs jours dans ce cachot, je ne suis hélas pas en mesure d'apporter un avis concret sur les récents événements qui me sont inconnus. Je formules l'espérance que notre cause se porte bien et que la paix prévaut sur la guerre.

J'espère par ailleurs que les travaux de l'Assemblée épiscopale de France se conduisent sous la main experte de Monseigneur Fitz de bonne façon et que les prélats demeurent unis. L'unité est notre force, l'unité est notre planche de Salut. La situation actuelle n'est pas idéale, mais je sais au fond de mon coeur que chaque prélat saura s'élever au delà des divisions qui nous sont naturelles afin de renforcer l'unité de l'Église.

En ces temps troubles, il nous revient de nous réfugier dans les sainctes écritures et de chercher le conseil dans l'exemple des saints et saintes de notre Église afin d'en tirer sagesse, calme et sagacité.

Je vous gardes tous dans mes prières et espère que le courroux du Roy-élu ne trouvera pas de moyen de s'abattre sur l'un d'entres vous. Comme nous disions, lors de ma jeunesse en Artois, après le crépuscule, vient toujours l'aube. Et elle sera radieuse.

Puisse le Très-Haut veiller sur l'Église,

Aristotéliquement vôtre,

Monseigneur Navigius di Carrenza,
Archevêque suffragant d’Avignon,
Primat de France,
Ami Lescurien,




Faict à Pau, le IXe du mois de janvier de l’an de grâce 1461.
Citation:



À l'attention de Sa Grandeur, Azilize d'Herbauge,
Comtesse du Béarn,

À l'attention du peuple béarnais,
Vertueux d'entre les vertueux,


Chers amis,
Chers frères et soeurs,

C'est avec beaucoup de peine et d'inquiétude que nous prenons la plume aujourd'hui, ayant été informé que notre séjour en Béarn est appelé à prendre fin aujourd'hui, les gardes envoyés pour mener à un endroit déterminé par le bon-vouloir royal étant arrivés au Béarn.

Le Béarn est une terre prospère, dont les champs sont productifs, les habitants pieux et l'économie industrieuse. Ceux qui y vivent peinent a le quitter, et ceux qui le font y reviennent toujours, tant la population y est charmante et la vie y est bonne. Ayant été Évêque de Tarbes, j'ai toujours été sous le charme de la beauté de ses paysages et de la vertu de sa population.

Cette terre a été fondée et développée par des générations d'habitants, en collaboration pleine et entière entre les autorités comtales et l'Église, deux sources de pouvoir naturellement complémentaires et dont l'action s'est toujours manifestée dans la Concorde. Il revient à chacun d'entre nous, aujourd'hui, à nouveau, de préserver cette concorde qui a toujours bénéficié au Béarn.

Je termine cette trop brève lettre en offrant mes prières et mes pensées aux béarnais et en leur souhaitant une récolte abondante en ces choses qui sont semées ici, soient l'amour, la cordialité, la bonté, la générosité, l'humilité et la vertu. Je formules l'espérance que nos chemins se recroiseront à nouveau, en des temps plus heureux et ensoleillés.

Aristotéliquement vôtre,

Monseigneur Navigius di Carrenza,
Archevêque suffragant d’Avignon,
Primat de France,
Ami Lescurien,




Faict à Pau, le IXe du mois de janvier de l’an de grâce 1461.
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