Della
(*)
Elijah ! Ca, c'est chez moi, c'est Seignelay !
C'est beau, hein ?
Moi, j'adore !
Le regard bleu avait perdu de sa lumière depuis quelques mois pourtant lorsqu'il se posa sur le château au dix-sept tours, l'on put voir qu'il étincelait.
Della, sentant poindre l'émotion dans le fond de ses entrailles, évita de s'attarder devant le spectacle de son château et tirant sur les brides de sa monture, elle lui fit prendre la direction des écuries.
Là, elle laissa Ouragan, le Frison gagné lors de l'anniversaire du duché d'Orléans, aux bons soins des palefreniers avant de tirer Elijah avec elle vers les cuisines.
A son entrée, les gens de Seignelay furent tous très étonnés de la revoir, elle n'avait prévenu personne de son arrivée et tous se décarcassèrent pour que les deux voyageurs puissent se restaurer sans retenue.
Ordres furent donnés pour que les chambres soient prêtes rapidement, pour son garde du corps mais aussi pour un poupon qui arriverait très prochainement, sa fille Béatrice.
Elle ne tarda pas à gagner ses appartements dont elle fit le tour, pour se réapproprier les lieux, y laisser sa marque, se sentir à nouveau chez elle.
Sa présence en Bourgogne n'était pas le fruit du hasard, non.
Si elle avait interrompu plus tôt que prévu la chasse au Fatum et son séjour en Empire, c'était à cause d'une lettre ou plus exactement de deux lettres qu'elle avait reçues l'avant-veille et la veille.
Ce sont précisément ces deux lettres qu'elle sortit de son sac et qu'elle lança sur la table de travail où elle vint s'asseoir peu de temps après...
Elijah ! Ca, c'est chez moi, c'est Seignelay !
C'est beau, hein ?
Moi, j'adore !
Le regard bleu avait perdu de sa lumière depuis quelques mois pourtant lorsqu'il se posa sur le château au dix-sept tours, l'on put voir qu'il étincelait.
Della, sentant poindre l'émotion dans le fond de ses entrailles, évita de s'attarder devant le spectacle de son château et tirant sur les brides de sa monture, elle lui fit prendre la direction des écuries.
Là, elle laissa Ouragan, le Frison gagné lors de l'anniversaire du duché d'Orléans, aux bons soins des palefreniers avant de tirer Elijah avec elle vers les cuisines.
A son entrée, les gens de Seignelay furent tous très étonnés de la revoir, elle n'avait prévenu personne de son arrivée et tous se décarcassèrent pour que les deux voyageurs puissent se restaurer sans retenue.
Ordres furent donnés pour que les chambres soient prêtes rapidement, pour son garde du corps mais aussi pour un poupon qui arriverait très prochainement, sa fille Béatrice.
Elle ne tarda pas à gagner ses appartements dont elle fit le tour, pour se réapproprier les lieux, y laisser sa marque, se sentir à nouveau chez elle.
Sa présence en Bourgogne n'était pas le fruit du hasard, non.
Si elle avait interrompu plus tôt que prévu la chasse au Fatum et son séjour en Empire, c'était à cause d'une lettre ou plus exactement de deux lettres qu'elle avait reçues l'avant-veille et la veille.
Ce sont précisément ces deux lettres qu'elle sortit de son sac et qu'elle lança sur la table de travail où elle vint s'asseoir peu de temps après...
Citation:
Chère Della,
Blablabla...je suis à Tonnerre où j'ai pu voir les étendards de l'armée des Lames, n'est-ce pas celle de votre beau-père Lexhor ?
Blablabla...se peut-il que ce soit votre époux que j'ai aperçu auprès du campement de l'armée ?
Blablabla...
Cordialement.
F***
Blablabla...je suis à Tonnerre où j'ai pu voir les étendards de l'armée des Lames, n'est-ce pas celle de votre beau-père Lexhor ?
Blablabla...se peut-il que ce soit votre époux que j'ai aperçu auprès du campement de l'armée ?
Blablabla...
Cordialement.
F***
Citation:
Mon épouse.
Je suis Pair de France.
Keridil.
Je suis Pair de France.
Keridil.
Assise devant ces deux lettres, la Renarde se balançait sur sa chaise, d'une manière qu'elle aurait interdite à quiconque, mâchouillant le bout du calame qu'elle avait saisi machinalement sur son écritoire.
Elle était indécise, elle tournait et retournait la situation dans tous les sens, elle ne trouvait pas LA bonne solution.
Son époux se trouvait sans doute maintenant à Dijon, à taper sur les fidèles aristotéliciens, obéissant aux ordres de l'anti-roi anathème. Oui, il avait beau lui avoir écrit qu'il ne lèverait pas l'épée sur les Bourguignons, Della avait seulement envie de répondre : "Mon oeil".
Entre Kéridil et Della, le torchon brûlait et pas qu'un peu.
Pourtant, elle se repassait sans cesse un scénario où on venait lui annoncer que son duc d'époux était mort et là...là, le sol s'ouvrait sous ses pieds...Non, il ne pouvait pas mourir et encore moins mourir tué par un fidèle aristotélicien ! Non, non et non !
Enervée par cette pensée, elle se leva et se mit à marcher de long en large dans sa chambre, jurant entre ses dents...
Je vais le tuer !
Je vais l'assassiner !
Je vais...
La fin de la phrase tomba, perdue dans la malle d'où Della extirpa des vêtements propres et...une dague nouvellement acquise, n'ayant jamais servi encore...Elle en caressa la lame du bout des doigts, un mince sourire sur les lèvres remontant juste un peu sur une canine, de façon carnassière...
Il restait à trouver où et quand et comment.
Se rendre à Dijon n'était pas envisageable, à l'heure qu'il était les espions d'Angélyque avaient déjà du renseigner sa présence et aux quatre coins de Bourgogne, on savait que Della d'Amahir-Euphor était rentrée au pays !
Si il fallait une preuve...la lettre de Keltica, la veille, parlant de sa présence à Langres était parlante...Mais comment diantre faisaient-ils tous pour savoir exactement et précisément où les gens se trouvaient ? Sorcellerie ? Hum, sans doute, oui ! Mais l'heure n'était pas à ce genre de considérations.
Kéridil ne viendrait sans doute pas à Seignelay de lui-même...peut-être pas du tout d'ailleurs...Lexhor ne le laisserait pas quitter l'armée, dans ce genre de bataille, un homme compte, même s'il a une jambe folle ! Sur le moment, Della sourit, amusée, en imaginant son époux taper avec sa canne sur les Croisés...Du coup, elle eut une autre pensée...Makcimus ! Est-ce que Makcimus allait bien ? Ses mains se joignirent et ses lèvres murmurèrent une prière...Mais quelle folie !!!
Bon sang de bois, Eusaias, mais pourquoi ? Pourquoi fais-tu tuer des croyants ? Et des Bourguignons ! Nom du Ciel, mais TU es Bourguignon !!!! Je te hais, Eusaias, je te maudis même ! Toi et ta bêtise !!!
Elle avait repris ses allées et venues, d'une fenêtre à l'autre, dans cette chambre...
Soudain, elle s'assit à nouveau et nerveuse, elle écrivit :
Citation:
- Kéridil,
Je suis en Bourgogne, je veux vous voir.
Venez à Saint-Seine l'Abbaye, environ 10 lieues vers le nord-ouest de Dijon.
Je vous attendrai à l'auberge du village où je séjourne.
Je compte sur votre discrétion, je n'oublie pas de quel côté vous êtes ni que ma mère et l'anti-roi - puisqu'ils sont grands amis - veulent ma mort.
Della.
Oui, Della avait des tendances paranoïaques depuis qu'elle avait lu cette belle liste sur laquelle son nom était affiché en dessous de :" A pendre". Mais peut-on lui en vouloir ?
A Seignelay, il y avait un serviteur zélé, celui à qui on confie les tâches les plus délicates et qui reçoit en retour une ééééééééééénorme bourse remplie d'écus. C'est lui qui fut chargé de porter le petit message au tout nouveau Pair de France...
Della n'avertit personne de son départ pour Saint-Seine l'Abbaye, pas même Elijah, pas plus Isandre ni Clarinha, revenues elles aussi au bercail avec la petite Béatrice qui fut la seule à recevoir un au revoir de la Renarde, un baiser sur sa joue toute ronde et une bénédiction.
(*) Titre inspiré de la "devise" de Lexhor : "D'Amahir, pour vous occire ! "
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