Herode
[Entre chien et loup]
Don des fièvres, des rêves étranges font leur nid dans l'esprit des convalescents. Certains sont indicibles et l'on peine à s'en rappeler sitôt que le sommeil s'éclipse. D'autres sont plus précis. A cet instant, Etienne rêve d'archipels.
Il y a une mer grise qui joue entre les îles. Le vent ronfle. A moins que ce ne soit le bruit des vagues.
Ou bien quelqu'un qui parle ?
Etienne émerge lentement de sa torpeur. Quelqu'un se tient près de lui et vient de lui donner à boire. La fièvre assèche les lèvres et la gorge. Comme toujours au réveil, la blessure se réveille avec lui et barre sa poitrine d'un trait de glace ou de feu, rendant la respiration difficile.
- Merci.
Etienne redresse la tête pour essayer de distinguer les traits de l'homme. La pénombre mange les détails mais la silhouette qui se tient près de lui, cette vois ne lui sont pas inconnues. Etienne fouille dans ses souvenirs. . Tout cela est encore embrouillé par la fatigue, malgré les progrès récents de sa guérison.
Un peu plus loin, l'une des soeurs répand des brins de lavande séchée sur un lit qui vient d'être refait. Il faut masquer l'odeur de la mort. Lavande... Valence... un automne encore chaud... et les souvenirs se remettent en place : ce voyage là-bas avec Mary. Il y avait ce serviteur de son frère, hmmm, ha oui...
- Balius ?
Etienne se redresse un peu, surpris.
- Mais que faites-vous ici ?
L'effort reste pénible mais Etienne achève de redresser le buste, s'adossant au mur froid de la salle. Les pierres, irrégulières, dessinent dans son dos leurs reliefs millénaires. Cet appui rugueux et glacé l'aide à se tenir éveillé et à chasser la douleur.
Association d'idées.
- Je vous pensais toujours à Nevers auprès de Mary.
Il porte à ses lèvres la tasse d'eau fraiche que le visiteur a déposé au chevet, puis sourit difficilement en chassant quelques souvenirs.
- Racontez-moi un peu de ses nouvelles. Et le village. Comment cela va-t'il là-bas ?
Evoquer d'autres lieux que ces murs froids et hantés entre lesquels il va encore rester de longues semaines à guérir, c'est déjà une libération.
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Etienne LaHire, dit Herode
Don des fièvres, des rêves étranges font leur nid dans l'esprit des convalescents. Certains sont indicibles et l'on peine à s'en rappeler sitôt que le sommeil s'éclipse. D'autres sont plus précis. A cet instant, Etienne rêve d'archipels.
Il y a une mer grise qui joue entre les îles. Le vent ronfle. A moins que ce ne soit le bruit des vagues.
Ou bien quelqu'un qui parle ?
Etienne émerge lentement de sa torpeur. Quelqu'un se tient près de lui et vient de lui donner à boire. La fièvre assèche les lèvres et la gorge. Comme toujours au réveil, la blessure se réveille avec lui et barre sa poitrine d'un trait de glace ou de feu, rendant la respiration difficile.
- Merci.
Etienne redresse la tête pour essayer de distinguer les traits de l'homme. La pénombre mange les détails mais la silhouette qui se tient près de lui, cette vois ne lui sont pas inconnues. Etienne fouille dans ses souvenirs. . Tout cela est encore embrouillé par la fatigue, malgré les progrès récents de sa guérison.
Un peu plus loin, l'une des soeurs répand des brins de lavande séchée sur un lit qui vient d'être refait. Il faut masquer l'odeur de la mort. Lavande... Valence... un automne encore chaud... et les souvenirs se remettent en place : ce voyage là-bas avec Mary. Il y avait ce serviteur de son frère, hmmm, ha oui...
- Balius ?
Etienne se redresse un peu, surpris.
- Mais que faites-vous ici ?
L'effort reste pénible mais Etienne achève de redresser le buste, s'adossant au mur froid de la salle. Les pierres, irrégulières, dessinent dans son dos leurs reliefs millénaires. Cet appui rugueux et glacé l'aide à se tenir éveillé et à chasser la douleur.
Association d'idées.
- Je vous pensais toujours à Nevers auprès de Mary.
Il porte à ses lèvres la tasse d'eau fraiche que le visiteur a déposé au chevet, puis sourit difficilement en chassant quelques souvenirs.
- Racontez-moi un peu de ses nouvelles. Et le village. Comment cela va-t'il là-bas ?
Evoquer d'autres lieux que ces murs froids et hantés entre lesquels il va encore rester de longues semaines à guérir, c'est déjà une libération.
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Etienne LaHire, dit Herode