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[Rp] La mort, ça n'existe pas

Aethys
Étrange effluve. Humide mais fumée. De celles qui faisaient plisser le nez sous une mimique de dégoût. D’ailleurs le nez se plissait, décryptant cet univers olfactif si étonnant. Un mélange de bois brûlé, de pourriture, d’urine et de lubricité consommée à même la rue. Un relent d’air acéré d’hiver où se perdaient quelques traces de pureté. Un doux et subtil parfum de vie et de mort tendrement entrelacés. De toutes jeunes notes de fleurs, de sucre, d’épices, de poussière, de pain chaud. Paris, les Halles. 5h du matin.

Aethys leva le nez, se perdant dans la voute encore sombre et parsemée d’étoiles qui se dessinait entre les hautes maisons. Dans ses ambres, les volutes d’opium tourbillonnaient violemment, menacées par cet air glacé qui tentait de lui rendre ses esprits. D’un geste mécanique, elle resserra son manteau sur ses épaules et se retourna vers le bâtiment qu’elle venait de quitter. Un de ces lieux sombres, bordels sans envergure, où venaient se perdre les âmes pour quelques poignées d’écus. Un soupire passa la barrière rosée de ses lèvres. Encore une nuit de solitude, où elle s’était laissée consommer par une jeune femme, avide de lui arracher quelques cris. Son air mélancolique renforcée par le teint grisâtre que lui laissaient ses drogues réapparut sur son minois encore jeune. Cela faisait désormais si longtemps qu’elle vivait ainsi.

Ses pas s’éloignèrent lentement du bordel. Elle quitta de sa démarche nonchalante la ruelle malfamée pour rejoindre une artère plus importante qui longeait les Halles. Autour d’elle, une petite foule éparse se pressait déjà. Les artisans, marchands, charlatans, pochtrons et autres créatures du petit jour gagnaient ou regagnaient leur quartier. Les visages étaient fermés, dissimulés sous d’épaisses couches de vêtements, plus ou moins travaillés. La Gasconne eut un sourire las et poursuivit sa route, les ambres errant au gré de leurs envies.

Soudain, un petit attroupement devant elle aiguisa sa curiosité. Ça braillait, ça chuchotait, ça se bousculait même. La brune inclina très légèrement la tête signe évident de son intérêt et s’approcha. De toute manière, on ne pouvait pas passer à côté, vu que le groupe formé prenait toute la rue. De plus près, l’agitation semblait plus forte, plus fébrile, faite de cet amalgame de curiosité, de gêne et de plaisir. La Gasconne fronça le nez. Peu de choses pouvaient émouvoir les Parisiens. Seule la mort ou le malheur des autres leur arrachaient ce sentiment animal.


« Bah, il fallait bien que ça arrive un jour. Des jours qu’elle n’avait pas mangé la petite…et avec ce froid, hein… »

Aethys tourna la tête vers l’homme à ses côtés. De forte corpulence, le tablier tâché de farine, le boulanger fixait le sujet de toute cette agitation qui se recroquevillait au sol devant eux. L’air désolé, il se frotta la tempe, y laissant une trainée blanche.

« Qu’est ce qu’il se passe ?
- C’est la petite gamine qui faisait la rue…On l’a retrouvé par terre ce matin. Et depuis, elle ne bouge plus. Elle tremble de partout et brûle de l'intérieur. En plus, elle arrête pas de marmonner.
- Et personne ne fait rien ?
- Bah, qu’est ce que vous voulez qu’on fasse, hein ? On lui a bien posé une couverture sur le dos mais on peut pas plus, nous autres. Tous les médecins courent dans tous les sens, depuis l’épidémie de refroidissements alors… »


La Gasconne fronça le nez. Ses mains s’égarèrent un court instant sur sa ceinture de barbier qu’elle portait encore à la taille. Elle aurait pu aider la petite. Ses ambres se ternirent. Cela faisait si longtemps maintenant qu’elle n’avait pas exercé. La recrudescence de médecins sachant tout faire eux même dans tout le royaume l’avait peu à peu mise sur la paille. Entre barbier-apothicaire et médecin, le peuple préférait encore et toujours les charlatans en robe. L’image des barbiers resterait à jamais ceux qui découpaient les soldats sur les champs de bataille, du sang jusqu’au coude et les apothicaires étaient des sorciers-empoisonneurs. Et puis, tant de gens travaillaient gratuitement maintenant que se faire payer était de plus en plus mal vu. Mais il fallait bien qu’elle mangeât elle, hein…

Les gens s’écartèrent un peu devant elle et la jeune femme put enfin voir la gamine. Allongée au sol, elle faisait peur à voir. Le corps prostré, les lèvres bleuies par le froid, elle grelottait. De lourdes gouttes de sueur lui couvraient le front. La fièvre…Et à en juger par le flot de marmonnements inaudibles que la petite laissait s’écouler, elle devait déjà être avancée. Aethys grimaça. Pourquoi fallait-il toujours qu’elle tombât sur des emmerdes pareilles. Une main lasse se perdit dans la crinière sombre. L’aider…oui et ne jamais se faire payer puisque la putain n’avait certainement pas de quoi. Passer son chemin alors…L’esprit de la brune s’engourdit avant qu’un soupire ne s’arrachât de ses lèvres. Son bon cœur la perdra.


« Laissez-moi passer. Je suis apothicaire. »

Dans un murmure bruissant, l’attroupement s’écarta de la malade et Aethys vint s’agenouiller près d’elle. La gamine était loin d’être laide. Un visage fin, des boucles brunes, un petit nez et une bouche délicate. Elle devait à peine avoir quinze ans. La main fraiche de la Gasconne vint se poser sur son front. La fille des rues ouvrit alors lentement les yeux et posa un regard noisette sur elle.

« Allez, ça va aller… Je vais t’aider d’accord ? »

La gamine acquiesça d’un signe de tête qui lui arracha une grimace de douleur. Mais déjà, elle marmonnait à nouveau. Une prière semblait-il. Aethys farfouilla dans sa ceinture et en sortit une petite fiole. Elle l’ouvrit d’une main, maintenant la tête de la catin de l’autre. Rapidement, elle la passa sous son nez.

« Allez, reste avec moi. Il faut que tu te lèves. »

La gamine eut un sursaut, mélange d’écœurement et de lucidité. Son regard reprit un peu de consistance. Aethys eut un petit sourire satisfait et fit disparaitre la fiole dans sa ceinture. Entourant la taille de la jeune fille de ses bras, elle l’aida à se relever. De petite carrure, elle lui semblait si légère dans ses bras qu’elle s’en inquiéta, un pli soucieux barrant son front. Ses ambres balayèrent alors les badauds toujours autour d’elle.

« Foutez-moi le camp maintenant. Je m’occupe de la petite. »

Des grognements de mécontentement s’élevèrent de la rue. Une donzelle venue du Sud à en juger par son accent venait de leur arracher leur distraction. A eux, Parisiens ! Quelle honte, quel manque de savoir-vire ! Comment pourraient-ils rire d'elle à nouveau, se moquer de la vie de ces filles des rues ? Ah, jamais on ne laissait le peuple s'amuser un peu ! Mais l'outrage fut court et déjà, chacun retournait à ses affaires, pariant sur les pronostics de la ribaude. Une fois seules, Aethys se pencha à nouveau vers la malade, qui tremblait contre elle. Son regard s’adoucit quelque peu.

« Tu dois bien avoir un endroit où dormir, toi non ? Guide moi, je te soutiendrai »

Les deux jeunes femmes s’éloignèrent donc dans la rue et s’engouffrant dans une venelle, elles s’arrachèrent de la vue des passants. Direction Rue des Deux Ecus.
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Dessin original AliceChan ©
Velinka

    [ Rue des Deux Écus - Maisonnée d'un Wolback... où la Garçonnière clandestine ]


    Edmond... Prénom qui n'aura eu cesse d'être répété.
    Cette nuit, c'est d’entre les lèvres de la Slave qu’il aura été murmuré, hurlé, loué même, le temps que leurs deux corps se rassasient l’un de l’autre… L’un dans l’autre… dans quelques parties d’un jeu charnel.
    C’est entre ses mains, cette fois, qu’elle se sera offerte en toute exclusivité, impudente, impétueuse, faisant de son corps, du creux de ses bras, son tombeau, alors qu’elle avait jouie de cette agréable petite mort que lui seul parvenait encore à lui faire vivre.
    De temps en temps, à défaut de lui rendre liberté entière, il daignait lui offrir quelques nuits qui arrivaient parfois à lui faire oublier l’enfer des rues, lui faisant aussi rappeler que tous les hommes n’étaient pas semblables à ceux qui s’invitaient en son sein.

    Edmond où l’homme comblé après une nuit mouvementée. Ce dernier endormi, elle avait rejeté les couvertures dans un geste presque brutal et aussi nue que la vérité, avait quitté la couche, rejetant dans son dos la masse sombre de ses cheveux. Un mouvement qui fit saillir ses seins encore dressés comme de fières collines de chair avant qu’elle ne se dirige vers la cheminée qui se trouvait dans le coin le plus reculé de la pièce. Doucement, elle s’en approcha, les lames du vieux parquet criant sous son poids tandis que le flot doré qui se diffusait sur les murs, découpait sur un fond rougeoyant sa silhouette encore bien entretenue. Sur le dossier d'une chaise une longue chemise abandonnée la veille dont elle s'était prestement revêtue avant d'aller se poster à la fenêtre, ses doigts entrouvrant le battant d'un volet. S'il ne faisait pas encore jour sur la Capitale, restait que la rue s'emplissait d'une nouvelle vie, faisant se croiser le flot de passants qui s'en allaient vaquer à leur labeur tandis que d'autres allaient rentrant, retrouver leurs murs pour se remettre d'une nuit de débauche dans laquelle ils s'étaient retrouvés plongés.
    Au rez de chaussée, le bruit de la porte qui venait de s'ouvrir lui fit porter plus d'attention en contrebas, ce qui lui donna l'occasion de voir s'engouffrer deux silhouettes dans la bâtisse, l'une semblant supporter l'autre. Quelque secondes suffirent ensuite à défiler avant qu'elle n'entende des bruits de pas gravir les escaliers et que des coups soient portés contre la porte.


    " Vélinka ! Vélinka ! Ouvres ! Dépêches-toi ! "


    Un bougeoir à la main qu'elle vint arracher à l'un des chevets, elle se dirigea vers cette dernière pour l'ouvrir sur un visage aux traits affolés.


    " C'est la nouvelle. On vient de nous la ramener. Elle est mal en point. Faut vite que tu viennes voir ça "
    - Laisse-moi le temps de prévenir Edmond. Retournes-en bas et préviens qu'on arrive.



    Déjà la porte s'était refermée, et la Slave était venue s'installer en bord de couche, sa main ayant trouver place sur une des épaules d'Edmond alors qu'elle tentait le réveiller de quelques secousses.


    - Edmond !... Edmond ! Réveilles-toi ! On nous a ramené la nouvelle. La gamine est malade. Ca fait des jours qu'elle l'est d'ailleurs, mais à toutes elle disait qu' ça n'était rien et qu'ça allait passer. J'sais pas c'qu'elle nous a choppé là, mais si tu fais rien pour la faire soigner, j'donne pas cher de sa peau et j'tiens pas non plus à c'qu'elle nous fasse chopper la mort. J' descend pour m'en occuper et toi tu f'rais bien d'aller voir qui l'a raccompagnée.


    Sur un baiser venue clore son monologue, elle s'était empressée de quitter la pièce, s'élançant dans les escaliers. A sa moitié, elle devina la présence d'une femme qui continuait de soutenir la fragile putain avant qu'elle-même n'arrive à sa hauteur et qu'elle viennent l'entourer d'un bras, la soustrayant à ceux qui la soutenait.


    - Bonjour et merci à vous d' nous l'avoir reconduit jusqu'ici. Elle est malade et elle n'aurait pas du sortir dans pareil état. Si vous voulez bien attendre ici quelques minutes, l'hôte de cette maison n' devrait plus tarder v'nir à vot' rencontre.

    Une légère grimace, signe d'inquiétude accompagna le dernier geste de la Slave qui du plat de la main était venue tâter un front fiévreux.

    - Mais qu'est ce qu'il t'arrive donc à toi pour être dans un pareil état ?

    Question à laquelle elle n'avait pas de réponse à donner.
    Quelques pas les conduisirent toutes deux dans un petit corridor avant qu'elle ne s'engouffrent dans une pièce prête à recevoir la souffrante dont elle s'occuperait attendant qu'Edmond ne les rejoigne. Celle-ci alitée, un bref instant sa silhouette réapparut signifiant à celle qui l'avait prévenue un peu plus tôt de venir l'aider.
Edmond..
Il en a connu des putains dans sa vie, il n’a d’ailleurs connu que ça, il n’y a bien qu’elles qui acceptent de partager sa couche moyennant quelques pièces de bon or ou même moins. Il y en a bien qui ont refusé, scandalisées ou dégoûtées, il y en a certaines qui ont ri et qui ont officié par goût de l’exotisme ou amusement malsain, mais aucune n’a jamais été se plaindre. N’allez pas croire que parce qu’il est nain, il est diminué en ce qui concerne la virilité, tous les hommes sont égaux en droits à l’horizontal, hormis peut-être les eunuques. Mais Edmond est nain, pas eunuque. Et quand on est homme et qu’on arrache à une femme qui a servi plus qu’à son tour aux mains d’autres hommes, une symphonie d’extase et de tourments, quelle fierté ! Et alors que Vélinka bouge dans la couche et se lève sûrement pour aller s’atteler à sa tâche, Edmond quant à lui..

Et bien, il dort. On est homme. Il dort à poings fermés, repu de son corps autant que de ses cris, baigné dans l’odeur de stupre qui embaume la piaule. Mais des bruits, il y en a d’autres et qui le réveille à moitié en plus. Les couvertures sont tirées par-dessus la tête, et il s’apprête déjà à marchander, si elle le laisse dormir, elle aura sa journée et pourra même la passer à ne rien faire dans sa couche.


« Niteplé..dor..llez. »

C’est clair, non ? Non, ce n’est pas clair et elle vient le réveiller, l’œil s’ouvre, déjà alerte, preuve qu’il écoute ce qu’elle lui dit. Et au baiser qu’elle dépose en conclusion, il répond par un grognement. C’est bien la preuve qu’il a écouté, non ? Et d’ailleurs, alors qu’elle quitte la chambre, il repousse les draps, parce qu’il a écouté justement, et qu’il a bien saisi l’ampleur du souci. Ces filles, il leur offre gracieusement un bout de table pour manger, une paillasse sous les combles pour dormir, mais pour le reste.. Le reste, c’est Vélinka qui s’en charge. Et là, ça veut dire que si une des filles est malade, les autres ne vont pas tarder à l’être ou du moins, y aura-t-il des clients qui viendront se plaindre. Alors ça mérite qu’il se réveille, oui. Et sur la couche, il se redresse et s’étire offrant au jour son torse puissant et poilu mais à l’image de tout son être, hormis une partie, petit. Et en réponse aux craquements de ce corps qui n’est plus tout jeune, il baille, parce qu’il faut au moins cela pour se réveiller. Les doigts de la dextre sont portés à son nez qui se plisse, et sur le visage du nain d’apparaître un sourire un peu bête. Les femmes sont comme des roses, elles ont beau être plus éclatantes de beauté à l’aube de leur vie, c’est à l’apogée de celle-ci que leur parfum est le plus capiteux, le plus enivrant.

Un regard vers le bas, son complice se réveille de nouveau et .. Vélinka n’est plus là. Dommage. Les mains viennent taper l’une dans l’autre, comme pour se motiver, et le voilà qui sort du lit, petit par la taille mais grand par la virilité et surtout la motivation ! Surtout. Et enfin, habillé sinon de frais, au moins décemment, il entreprend de rejoindre qui de droit. C'est-à-dire : Une illustre inconnue à l’air aussi lasse que la plus lasse de ses filles. Et bien, et bien, ça promet. Mais pourtant, il lui doit beaucoup.

« Le .. Bon jour, puisqu’il semblerait que ce soit le jour. » Même si moi, je dormais. « Je vous remercie d’avoir prêté main forte à cette enfant. » Je l’aime bien, elle est touchante. « Les filles que j’héberge ici ne sont pas de mauvaises filles, et puisqu’elles n’ont nulle part où aller, il faut bien qu’une bonne âme y veille et veille sur leurs âmes. » Elle m’a bien touché, étonnamment bien pour une pucelle d’ailleurs. « Si je puis vous être d’une quelconque aide. N’hésitez pas.. »

Et parce que mine de rien, il ne ment pas et qu’il s’inquiète vraiment de la santé de la gosse qui a vraiment su le toucher, pour ce qu’Edmond répugne à mettre sur le trottoir des vierges et qu’il préfère se charger de les déflorer auparavant pour que ce ne soit pas à un soudard ivre de le faire, une bourse est attrapée sur le petit âtre de la pièce commune.

« Combien pour votre générosité ? » Mais en bon homme d’affaires, on fait plusieurs choses à la fois ? « Vélinka ? Qu’est-ce qu’elle a ? »

Comme si Vélinka savait.. Mais c’est à elle de s’occuper des filles ! Et personne ne lui a dit que l’autre en face soigne les gens. Pour lui, c’est une brave femme qui a vaincu sa répulsion à l’égard des putains pour en ramasser une dans la rue.
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Ma cousine, ce génie de la peinture
Velinka


    La gamine avait été installée là, dans un recoin de la pièce, ses formes fragiles trouvant un peu de confort parmi les coussins, les draps et les couvertures rapiécées qu'avait reçu une vieille paillasse. Aussi triste fut cette salle, un feu de genêts qui brûlait dans la cheminée rendait celle-ci moins sinistre.
    Agenouillée à ses côtés, penchée au dessus d'elle, la main de Vélinka baignait dans un récipient contenant une eau clair et fraîche. D'un linge imbibé, elle venait rafraîchir le front brûlant de la malade, tout comme ses lèvres qui, entrouvertes, laissaient quelques gémissements plaintifs s'échapper.

    L'étoffe humide avait été pliée et laissé sur le front de la gosse, tandis que le regard de Vélinka dévorait des yeux son corps souffrant. Si personne ne lui venait en aide, elle finirait pas n'être plus qu'une ombre, un peu de peau tendue sur un tas d'os.

    Du bruit dans son dos fit qu'elle se retourna pour voir surgir, du cadre sombre de la porte, Edmond, suivi de près par une silhouette féminine, cette même femme qui dans un élan de bonne grâce surement, avait trouvé juste d'aider la gamine à rentrer.


    « Vélinka ? Qu’est-ce qu’elle a ? »


    Question à laquelle elle ne saurait apporter que vague réponse.
    Dans une torsion de reins, elle se releva plantant ses yeux noirs sur la moitié d'homme.



    - Si j'avais été méd'cin, j'aurai su t'répondre, seul'ment n' l'étant pas, j' peux juste te dire qu'elle est brûlante de fièvre, qu'elle n' garde rien du peu qu'elle avale et ça depuis plusieurs jours. La pauvre gamine dépérit à vue d'oeil et je n'sais pas quoi faire.



    Avant même de terminer sa phrase, ses pas l'avait déjà mené aux côtés d'Edmond à qui elle continua de s'adresser, mais sur un ton cette fois se faisant plus discret.


    - Si jamais tu n'trouves personne qui soit en mesure de la soigner rapidement, c'est pas sur le trottoir que tu la renverras, mais au cimetière. Ca n's'ra plus d'un médecin dont on aura besoin, mais d' main d'oeuvre pour aller creuser la fosse qui r'cevra sa dépouille. Sans compter qu'elle risque de tous nous contaminer...
    Occupes-toi donc de faire partir c'te donzelle et charge toi d' faire v'nir un méd'cin.



    Ses yeux se détournant d'Edmond, elle porta une brève attention sur celle qui se trouvait non loin de lui et ça avant de leur tourner à tous deux le dos et d'aller reprendre position, genoux à terre, près de la paillasse pour tenter de faire que cesse les tremblements dont la gamine était subitement prise.
Aethys
Et la gamine l’avait mené. Tremblante, délirante même parfois, marmonnant des prières teintées de regrets, elle s’agrippait à la Gasconne. De temps à autre, elle tendait une main fine à droite ou à gauche désignant le chemin à prendre. Les sels de pâmoison semblaient avoir fait leur effet et malgré la fièvre qui la dévorait, la putain conservait un faible brin de lucidité. Aethys baissait régulièrement les yeux sur elle, un pli soucieux lui barrant le front. La retenant à chacune de ses hésitations, de ses trébuchements, elle espérait sincèrement que la petite avait un lieu digne de ce nom où dormir. Un toit et un feu au moins. Une paillasse peut être.

Soudain, la petite s’arrêta, pointant un court instant du doigt une bâtisse devant elles. La brune leva les yeux. Une maison banale, discrète dans cette rue si bien connue pour ses filles. Un bâtiment sans éclat et pourtant bien trop important pour une si jeune demoiselle. Etait-elle mariée, poussée par son mari entre des ventres souillés et des murs froids, pour arrondir les fins de mois ? Ou peut être par son père ? Aethys fronça le nez mais s’approcha néanmoins de la porte. D’étranges souvenirs lui revinrent en mémoire. Tentures rouges et odeur de sang. Cris de jouissance et de douleur. La Rose…Machinalement elle passa une main distraite sur son pendentif en ivoire. Devant elle, pourtant la porte s’ouvrait déjà sur une fille, l’extirpant de ses pensées sombres. L’inconnue ouvrit la bouche, puis des yeux ronds avant de se retourner vers l’intérieur de la maison, braillant un nom. D’un geste, elle lui fit signe d’entrer. Une colocation de catin ? Sympathique et charmant. Un sourire léger passa sur les lèvres gasconnes avant de se fondre en une moue tranquille. La gamine était bien là. Il n’y faisait pas froid, elle devait certainement avoir à manger, un endroit où dormir. Un hochement imperceptible de tête secoua les boucles brunes. Il y avait pire…bien pire.

Aethys remit donc la jeune putain dans d’autres bras, se massant légèrement l’épaule sur laquelle elle s’était désespérément retenue. On s’agitait autour d’elle. Une nouvelle arrivante était descendue des escaliers et s’avançait vers elles. Elle dégageait une autorité certaine, reflet même de son expérience du milieu de la rue. La brune la salua d’un signe de tête et fit mine de faire demi tour pour sortir quand elle lui adressa la parole. Le barbier l’écouta tranquillement, acquiesçant pour l’apaiser. Elle n’était en aucun cas venue pour juger. Ni les filles, ni l’endroit. Elle était juste venue pour accompagner la gamine.


« Elle n’était pas loin et ça commençait à marmonner autour d’elle. Ce n’est jamais bon pour les affaires quand la rue commence à savoir qu’une fille est malade. Gardez la au chaud. »

L’hôte de cette maison…Aethys haussa un sourcil. Les filles étaient donc sous la protection d’un homme. Une main s’égara dans sa crinière. Peut être y avait-il une affaire à prendre finalement dans cette histoire ? Après tout, la gamine était encore malade. Elle n’avait fait que la ramener mais elle pouvait bien la soigner si les écus suivaient. Et si cet hôte avait de quoi entretenir les filles et la baraque…Une mimique fugace éclaira le minois encore jeune de la Gasconne. Très bien, elle attendrait dans ce cas.

Enfin, l’attente fut courte parce que déjà, des pas se faisaient entendre dans l’escalier. Aethys leva les yeux cherchant la silhouette d’un homme…d’un jeune homme…d’un enfant ? Les ambres se firent étonnées, glissant sans gêne sur l’hôte de la maison. Un nain…Hé ben ça alors ! C’était que ça ne courrait pas franchement les rues du royaume les hommes de cette taille là. On n’avait plus souvent l’habitude des géants aux muscles saillants et à la cervelle vide que des demi-hommes, tout aussi coffrés cependant. Restait à voir l'état de la cervelle à cette taille là. L’étonnement passa vite cependant et les prunelles miel reprirent leur éclat vaporeux. L’homme semblait sortir à peine du lit. Cela se comprenait. Il était encore tôt malgré les événements. La Gasconne hocha la tête en guise de salut. Un nouveau sourire s’étendit sur ses lèvres. Qu’avaient-ils tous à se justifier ? Avait-elle l’air d’un membre de l’armée, du guet ou d’une quelconque autorité ? Elle avait grandi dans ces rues, baigné dans ce milieu et rien ne lui semblait plus banal que les filles qui teintaient les rues de soupirs gras. Ses accents chauds du Sud roulèrent alors dans la bâtisse.


« Vous n’avez rien à justifier. Elles n’ont pas l’air malheureuses, vos filles. Et même si elles l’étaient, je ne suis venue que pour vous ramener la gamine. »

Un sourire avenant lui éclaira un instant le minois. Sourire qui se fit plus intéressé lorsqu’il parla argent.

*Allons tu ne vas pas te faire payer pour juste avoir ramené la petite !
Pourquoi pas ? Après tout, si je ne l’avais pas fait ces affaires en auraient souffert, non ?
Elle n’est même pas guérie ! Et ta morale dans tout ça, hein !
Ma morale elle me dit prend l'argent et tire toi.
Conassa de...*


« Vélinka ? Qu’est-ce qu’elle a ? »

Machinalement, la bouche s’ouvrit pour répondre faisant taire les pensées qui se disputaient en elle, mais déjà la dite Vélinka s’approchait en grommelant. Arrivée à leur hauteur, elle s’adressa au nain dans un chuchotement que la brune ne put entendre.

« Donnez-lui de l’écorce de saule en infusion le matin, du tilleul le soir et de la menthe poivrée à chaque repas. Ça diminuera la fièvre et lui permettra de garder un repas. D’ailleurs pour les repas, donnez-lui un gruau pas trop solide et à petite dose, plusieurs fois par jours. »

Les mots avaient jailli instinctivement, les uns à la suite des autres. La Gasconne passa la main dans ses cheveux. Elle n’était pas très imposante, son charisme avait pris un sacré coup depuis sa dépression. Mais lorsqu’elle parlait soin, une splendide autorité se dégageait d’elle. La médecine elle l’avait dans le sang et qu’importe où elle irait, elle ne saurait s’en débarrasser. D’ailleurs, n’en était-ce pas là un exemple flagrant ? Elle qui ne se disait plus barbier-apothicaire, là voilà en train de donner de nouveaux conseils. Même la question de la rémunération lui était sortie de l’esprit. Rien ne changeait…
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Dessin original AliceChan ©
Edmond..
Ne pas se justifier ? La bonne blague. Bien sûr qu’il doit se justifier ! Et plus encore devant une parfaite inconnue. Pour les voisins, Edmond est une bonne poire, une brave âme qui a pris sur lui d’héberger les filles de rien de la rue, mais en réalité, c’est bien plus que cela. En vérité, les filles qui sont ici, lui doivent beaucoup et notamment leur survie et en échange de la table et de la paillasse, elles lui reversent une bonne partie de leur pécule. Mais personne ne doit savoir n’est-ce pas ? Et c’est pour cela que les clients ne sont pas autorisés dans la bâtisse et que si l’une des filles trouve encore la volonté d’avoir un galant, il a plutôt intérêt à avoir une couche à lui, sinon ils devront s’arranger dans la rue. Jamais à l’intérieur, c’est convenu comme cela entre eux, alors si, il doit se justifier pour préserver son image. Et il relève les mots de l’inconnue.

« Pas mes filles. Des filles. »

C’est pourtant simple, non ! Mais déjà Vélinka lui change les idées en répondant avec sa diplomatie naturelle, et il s’agit là d’ironie évidemment. Il fronce les sourcils un instant, parce que tant les mots murmurés à son oreille que le fait qu’elle soit obligée de se pencher le frustre, surtout devant un témoin. Pourtant force est de constater qu’une énième fois, la slave a raison. Il faut trouver un médecin, en dépit de tout le mépris qu’il porte aux gens de cette profession parce qu’ils n’ont pas su sauver sa nourrice quand il était encore jeune, mais pas moins sa sœur il y a quelques temps.

Et quand l’inconnue éructe ses conseils, ils sont aux oreilles du nabot comme autant d’injures alors le regard ardoise se pose sur elle en silence. Intérieurement, il y a une lutte, doit-il la mettre dehors malgré le service rendu ou tenir compte de ses propos. La main courtaude vient tapoter sur la hanche d’une des filles venu aider Vélinka à mettre la gosse plus à l’aise.


« Tu l’as entendu, trouve un apothicaire et achète lui tout cela. Préparez à manger. »

S’il lui en coûte, la gosse aura les soins proposés. Mais attention qu’on ne se moque pas de lui.

« J’espère que vous avez raison et que cela saura la guérir. Pas comme tous les charlatans qu’on a vu passer. Vous êtes quoi au fait ? Une sorcière ? Une guérisseuse ? »

Une future morte si ma putain survit pas.

« Vous ne voulez vraiment pas prendre quelques pièces pour votre bonne action ? »

Il n’aime pas les médecins et ne leur fait pas confiance, mais il n’est pas si ingrat qu’il y paraît.
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Ma cousine, ce génie de la peinture
Aethys
Si la brune n’avait pas encore compris que sa présence gênait aux entournures, on ne pouvait pourtant pas lui faire mieux comprendre. Malgré le ton globalement posé du nain, ça s’agitait sous la tignasse. A ses propos, Aethys comprit que son entreprise n’avait rien de très officielle. Ses ambres coulissèrent lentement sur lui, pensives. Peut être était-il noble ou bourgeois ? D’une famille renommée dans laquelle un réseau tel que celui-ci ferait tâche certainement. Un petit sourire insolent s’étira sur les lippes rosées. Tiens, tiens…l’idée qu’il y avait une affaire à prendre se faisait à nouveau sentir. Après tout, elle avait dévoilé son petit système en entrant dans cette garçonnière si banale. D’un coup de pied, elle pourrait tout faire s’envoler si l’histoire était si délicate. Rassurer pourtant…avant qu’il ne décidât de la foutre dehors sans le moindre rond dans la poche. Immédiatement, l’éclat malsain qui brillait au fond des ambres disparut. L’avait-il aperçu ? Peu de chance. La brune savait si bien jouer des apparences.

« Vos filles, des filles…comme il vous plaira. Après tout, ce sont vos affaires et pour tout avouer, je m’en fous. » *Pour l’instant…*

Sous la caboche, ça se remuait à nouveau. Prendre en compte ses conseils ou pas. Mais pouvait-elle le blâmer ? Il ignorait tout d’elle et accorder sa confiance à une inconnue était chose dangereuse ces temps-ci. Pourtant il décida de l’écouter. Brave homme. Le sort de la petite semblait lui importer malgré tout. La Gasconne décida donc de jouer une carte plus sincère. Inclinant très brièvement la tête vers le nain, elle esquissa un nouveau sourire affable.

« J’ai toujours raison quand je parle soins, vous pouvez me croire sur ce point. » *Mais uniquement celui-là*« Je suis barbier-apothicaire. Un des meilleurs que vous pourrez trouver à la ronde.»*Et surtout bien meilleure que tous ces médicastres en robe !*« Je vous ferais bien part de tous mes faits d’armes mais je suis certaine que vous n’en avez cure. »

La brune avait relevé les yeux, accrochant ses ambres aux prunelles son interlocuteur. Etrangement, son attitude avait changé, retrouvant les marques de ses anciens jeux, estompant les marques de sa lassitude récente. Lentement, elle regagnait en charisme sous les yeux de la maisonnée. Lorsque l’hôte de maison fit à nouveau référence à une rémunération, Aethys eut une mimique indéchiffrable. D’un regard, elle l’évalua rapidement avant de très légèrement pencher la tête vers la droite. Un air pensif tout à fait innocent illumina son visage hâlé.

« Plus que quelques pièces…Peut être pourrions nous discuter d’un…arrangement… »

Une étincelle vénale s’alluma un bref instant au fond de son regard miel avant de disparaitre.

« La maladie est pas mal avancée chez la gamine. Si elle a été au contact des autres, il y a des risques pour qu’elles se mettent toutes à tomber les unes après les autres. Et avec le manque de médecins, vous allez avoir du mal à les faire soigner… »

Les lippes s’étirèrent en une moue désolée franchement convaincante alors que le regard errait de la malade au maitre des lieux.

« Je pourrais peut être alors…en échange des quelques écus…vous soigner la plus jeune et surveiller les autres. Et puis si mon travail vous convient, avoir un contact comme moi ne pourra pas vous être défavorable. Après tout, on peut choper n’importe quoi de nos jours… »

L’insolence de la Gasconne était palpable mais son offre alléchante. Elle n’était peut être pas la meilleure barbier-apothicaire de son royaume comme elle aimait s’en vanter mais elle était une des rares à ne pas hésiter lorsqu’il fallait se salir les mains ou la morale. D’ailleurs de morale, elle n’en avait plus tellement…
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Dessin original AliceChan ©
Velinka


    La longue tignasse défaite et emmêlée était maintenue entre ses mains, suivant par à-coup les mouvements orchestrés par le corps en souffrance de la malade qui se tordait et vrombissait sous chaque rejets de vomissures dont il se débarrassait. Et si la pauvre gosse semblait soulagée, l'apaisement ne durait que quelques minutes, le temps qu'elle retrouve une respiration moins haletante, comme si le mal lui permettait de se remettre un peu, et ce pour mieux venir l'agresser de nouveau.

    La Slave, allait en retenant sa respiration, l'infecte odeur lui violant les narines, se retenant de régurgiter elle aussi le contenu de son estomac. Elle n'était pas malade… Ou du moins pas encore. Il n'était que dégoût qu'elle s'efforçait de contenir, détournant les yeux parfois de l'écuelle qui se remplissait d'une matière gluante et souillée.
    Quelques fois, les tourmalines se tournaient vers la porte, attendant avec une impatience non dissimulée le retour de celle qui était sortie sur ordre d’Edmond après que celui-ci lui ait confié de quoi régler les achats à venir, direction le premier apothicaire qu’elle serait en mesure de trouver afin de dénicher les quelques herbes et autres plantes que leur avait conseillé de trouver la « bonne samaritaine ».

    Et le temps d‘attente lui semblant trop long l’invitait à se plaindre. Sûr que s’il elle avait du y aller, elle aurait fait plus vite, mais comme elle ne pouvait être partout et surtout pas loin de la gamine, elle se contenterait de pester et ce jusqu’à la voir revenir.



    - Par tous les diables, qu’est-ce qu’elle fout ? Sont donc partis les cueillir leurs foutus plantes ? A moins que c’ vicelard d’apothicaire ne cherche à s’faire payer en nature !



    Et les vomissements avaient finis par cesser, la gamine tenue sur le côté continuant de geindre.
    Une main délicate était venue rejeter sa chevelure et quelques mèches souillées à l’arrière, lui dégageant ainsi la figure. D’un geste répétitif, allant de l’eau clair au visage blafard, la main qui s’était refermée sur un linge terminait d’en faire une toilette sommaire tout en essayant de percevoir quelques bribes de la discussion qui se tenait entre la femme et la moitié d'homme.
    Une fois de plus, celle qui avait donné de son temps pour une bonne action, voulait se mettre à contribution. Mais tout avait un prix. L'aide proposée n'était pas sans quelques contreparties, ce qui ne manquerait surement pas de faire réagir Edmond. Seulement, elle avait raison. Les médecins manquaient et surtout des dignes de ce nom dans un coin aussi mal vu que celui-ci. Et qui voudrait venir soigner des putains ? Ces filles de rien, ces "folles de corps" que l'on consignaient souvent aux chevets des lépreux qui se faisaient de plus en plus nombreux ? Les soigner pourquoi ? Pour qui ? Elles, filles du sans nom que beaucoup préféreraient voir mortes plutôt que d'être là, à polluer les rues.
    Edmond avait tout intérêt à bien étudier la proposition qui venait de lui être faite. Voire même de l'accepter sans trop discuter, sinon du montant qu'elle aurait à percevoir pour ces actes auprès des filles.

    De sa réflexion, Vélinka fut tirée, et si elle avait eu l'envie d'intervenir, et de conseiller Edmond sur la réponse qu'il aurait à donner à la Brune, elle resta cependant muette, se leva, emportant avec elle l'écuelle pleine de vomissures, prête à aller rejoindre sa soeur de la nuit pour aller préparer une première infusion supposée soulager la gamine de ses maux.
    De passage aux côtés de la Brune, elle s'arrêta quelques secondes :



    - D' l'écorce de saule, en infusion... l' matin. C'est bien c' que vous avez conseillée ?...


    Elle avait besoin d'en être certaine, histoire de ne pas se tromper.


    - ... J' m'en vais préparer d' quoi la soulager et j' vais avoir besoin d'aide en cuisine. Et comme les autres filles n'sont pas encore rentrées... J'peux compter sur vous pour la veiller en attendant que j' revienne ?



    Voilà manière de faire ses quelques premières preuves, aussi infimes furent-elle aux yeux d'Edmond. Et puisqu'elle disait vouloir apporter de son aide ... Autant commencer.

Edmond..
Le vomi, c’est dégueulasse mais le nabot ne fait pas la fine bouche, pire même, il s’inquiète. Chacun des soubresauts de la jeunette lui arrache une grimace. Bien sûr, il y a le côté financier de la chose, si elle meurt, cela fera une rentrée d’argent en moins, mais il y a le côté humain de la chose, cette gamine, c’est lui qui l’a hébergée, c’est lui qui l’a fait femme pour que ce ne soit pas à un autre de s’en charger de façon violente. De là à dire qu’il s’y est attaché, on en est pas loin. C’est peut-être la plus grande faiblesse d’Edmond. La tendresse qu’il a pour les femmes. Et c’est cette tendresse qui le pousse à écouter bon an, mal an le plaidoyer de la gasconne.

Il a déjà rencontré de jolies femmes, bien des jolies femmes. Plus spectaculaire dans ce Royaume où la beauté l’emporte sur les guerres et les maladies, il en a rencontré des moches aussi, il en existe, oui même si cela paraît invraisemblable. Et celle-ci a du l’être un temps, et peut-être qu’en d’autres temps et d’autres lieux, il l’aurait trouvé belle et désirable, peut-être même que c’est une certitude mais en cet instant il ne saurait la trouver plus fascinante qu’une vipère, plus belle qu’une araignée tissant sa toile. Elle peut-être belle comme une déesse qu’elle ne lui évoquerait que dégoût et répulsion.

Elle est médecin.

Et à l’écouter parler, toute médecin qu’elle est, elle a une faiblesse. Il voit bien la façon qu’elle a de parler d’argent. L’argent, c’est le nerf de la guerre, le nerf de la vie. Et pour cela, il pourrait la respecter, parce qu’elle a compris le plus important dans la vie. Mais enfin..

Elle est médecin.

Il aimerait que Velinka donne son avis, il ferait mine de se fâcher puis cèderait enfin aux injonctions de la slave sous prétexte qu’elle sait mieux que lui ce qu’il faut pour les filles. Mais elle passe devant lui pour aller préparer ce qu’il faut. Si elle ne le savait pas déjà, il la traiterait bien de pute pour l’abandonner ainsi.


« Je vais réfléchir. »

Il lui tourne le dos et considère la gosse malade d’un regard las. Les médecins sont un mal nécessaire, voilà ce que disait sa nourrice, avant de mourir parce que l’un d’eux ne l’avait pas sauvé, et voilà ce qu’aurait pu dire sa sœur. Les médecins, il les exècrent mais enfin.. Il faut bien tenter ce qui doit être tenté. La senestre se porte à la bouche et les incisives viennent s’arrimer sur l’ongle du pouce, le mordillant pensif avant d’en arracher un bout pour le cracher plus loin.

« J’ai réfléchi. »

Il a réfléchi et il en est sûr. Continuer à se ronger les ongles n’est pas une bonne idée, cela les rend poreux et tranchants et cela peut faire mal certaines fois pendant l’amour. Mais tout bien réfléchi, le motif de sa réflexion était tout autre, il se retourne et fait face à la gasconne, refusant de lever les yeux vers elle, préférant fixer un point derrière.

« Combien pour la soigner elle, vérifier les autres et venir de temps à autres, vous enquérir de leur.. Intégrité physique ? »

Il n’y a pas que les maladies qui affectent les catins, il y a les coups et si elles y survivent, il y a des marques indésirables qui perdurent, et il y a d’autres tâches bien moins ragoûtantes.

« Principe ? Moral ? Vous en avez ? »

Sait-on jamais.
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Ma cousine, ce génie de la peinture
Aethys
Odeur acide. De ces odeurs qui faisaient frémir, prémices odieux d’une maladie fourbe. Les nacres se plantèrent dans la pulpe brune des lèvres. La gamine passait un sale moment et son diagnostic lui paraissait bien faible à cet instant. Si elle continuait à se vider de la sorte, il n’y aurait bien plus grand-chose à soigner. Les ambres se firent dures, observant les soins portés par Vélinka. Elle n’était pas à l’aise et cela pouvait se comprendre. L’écuelle devant elles se remplissait un peu plus à chaque soubresaut de la malade. Les plaintes sourdes emplissaient la pièce d’une atmosphère étrange, sordide. Comme au chevet d’un mourant. La Slave brisa la lourdeur par son exaspération. Aethys se laissa aller à un bref sourire. Cela ne faisait pourtant pas longtemps que les filles s’étaient éclipsées pour leur achat mais la situation devait lui être particulièrement inconfortable. Une fille malade était la promesse presque irrémédiable que d’autres suivraient. Et étant si proche d’elle autant de temps, Vélinka se retrouvait tout en haut de la liste.

Lorsqu’elle se releva, silencieuse face au marché que la Gasconne proposait, Aethys hocha lentement la tête.


« Oui. Ne la faites pas trop forte ou la petite ne la gardera pas. »

Les pensées de l’occitane furent brutalement ramenées en arrière. Dans une prison…autre temps, autre lieu. Le Purgatoire et son test auprès de la splendide Eliane. Oui, elle avait eu le cas d’un homme qui vomissait ces humeurs jaunâtres aux relents acides. Un sourire fugace passa sur ses lèvres. Elle se souvenait du remède qu’elle avait alors utilisé et qui avait attiré l’attention de la blonde. Des doigts discrets s’insinuèrent dans sa ceinture, vérifiant si elle possédait toujours cette poudre verdoyante. Les contours d’une petite bourse de soie lui arrachèrent un sourire plus marqué alors que sa voix rocailleuse se faisait à nouveau entendre.

« Je la donnerai moi-même si vous voulez bien…j’aurais quelque chose à y rajouter. De quoi calmer ses vomissures une bonne fois pour toute. »

Les ambres prirent un reflet confiant, rassurant la catin sur ses intentions. Après tout, elle aurait très bien pu la tuer tout comme la remettre sur pied la gamine. A sa demande, la brune acquiesça. Bien sur qu’elle la veillerait mais avant, la réponse de l’homme de la maison. Elle n’allait pas bosser pour rien, quand même.

D’ailleurs, l’homme ou le demi-homme dans ce cas, semblait perdu dans ses pensées. Tourné vers la putain, il se rongeait l’ongle. Aethys le surveilla du coin de l’œil, le laissant peser le pour et le contre de sa proposition. Mais qu’avait-il réellement à peser dans le fond ? Son offre bien qu’insolente était tout à fait alléchante et il devait savoir que peu de médecins se déplaceraient pour des filles des rues. A quoi bon après tout ? Elles finiraient par mourir un soir ou l’autre.


« J’ai réfléchi. »

Un sourire affable étira les lèvres du barbier à cette réponse. Sourire qui se fit encore plus marqué à la suite de la déclaration. Les méninges se mirent alors en branle, les ambres se faisant vaporeuses. Il ne demandait pas seulement les soins pour la gamine, ni même pour les autres filles qui avaient peut être été contaminées. Non, il demandait bien plus…Venir de temps à autre…La Gasconne se mordilla discrètement la lèvre inférieure. Cela signifiait rester sur Paris. Encore un peu du moins. L’idée ne lui plaisait pas tant mais après tout, où pourrait-elle bien aller ? Sa place n’était plus au sud, elle avait commencé à le comprendre quelques temps auparavant. Alors pourquoi pas Paris…La langue claqua imperceptiblement contre le palais en un petit bruit sourd. Bien…elle resterait.

« Je vous prendrais 10 écus pour la gamine d’aujourd’hui. Puis ce sera 20 écus par visite auxquels vous ajouterez 15 écus par filles que vous voudrez que j’examine. Et en cas de maladies plus graves que je ne pourrais pas soigner de suite, vous me laisserez libre de vous donner mon prix au détail. Si j’utilise mes remèdes propres, je vous les ferais payer. Si vous pouvez les avoir ailleurs, libre à vous de choisir votre apothicaire. »

Les prix n’étaient pas effrayants mais conséquents, elle le savait. Elle avait pourtant effectué des tarifs beaucoup plus exorbitants autrefois. Mais, elle n’avait pas tant besoin d’argent pour tout avouer et bosser avec ces filles jouait sur une corde sensible de sa vie.

« Pour les principes, disons que celui que j’appliquerai avec vous sera : ne mords pas la main qui te paie…Sauf si elle essaye de te nuire. »

Un sourire carnassier étira les lippes dévoilant un infime instant les nacres.

« Si cela vous va, je m’occupe de la petite. Sinon, je vous souhaite une bonne journée »

Elle ne lui laissait plus tellement le choix. Mais de toute manière, en avait-il eu depuis le début ? Derrière eux et comme pour renforcer les paroles de l’occitane, la gamine se remit à vomir. Et pas dans l’écuelle cette fois…
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Velinka


    S'éclipser... Pour mieux revenir, et sur le champs. La tâche de préparer la mixture préconisée avait été confiée aux mains d'une autre. Pas que la Slave n'eut pas été en mesure de s'y contraindre, simplement qu'Elle tenait à assister aux suites de la conversation. De son bref passage en cuisine, les mains avaient baignées dans un peu d'eau, avant d'être passées sommairement sur son visage et à son retour en la pièce où tenait lieu la discussion, se devinait encore les perles d'eau finissant de courir sur les pourtours de son visage, tandis que les mains, elles, venaient trouver l'étoffe claire, pour ne pas dire transparente de sa chemise de nuit.

    L'absence n'avait pas été longue, valant à la Blonde Putain d'entendre les dernières exigences d'un marché que souhaitait passer la Brune. Car oui, l'invité du jour, dans ses ambitions, semblait en faire preuve.
    10, 20, 15 écus... Un joli petit pécule à venir. Edmond accepterait-il seulement de se plier aux conditions exprimées ? Il lui en coûterait d'un pareil choix, surement. Mais n'avait-ils pas fait promesse de s'occuper d'Elle, comme des autres, en échange de ce qu'elles voulaient bien leur reverser de leur nuits de passes ?

    Les tourmalines ne manquèrent pas une nouvelles fois de venir se poser sur Edmond après qu'Elle eut rejoint la Gamine dont l'état ne faisait guère qu'empirer. Froncement de sourcils attendant de voir tomber une réponse du Protecteur alors que les genoux venaient de cogner le sol, et qu'un des linges à portée fut tiré pour balayer ce dernier et le nettoyer des nouvelles vomissures.

    Pensées intérieures qui ne demandaient qu'à tonner dans la pièce :



      * Qu'est ce que tu attends Edmond pour accepter ? Acquiesce non d'un chien ! *



    Corvée terminée, la Slave s'était de nouveau relevée, partit accueillir le retour d'une fille porteuse d'un plateau sur lequel trônait un breuvage fumant et de lui ôter des mains pour aller le déposer sur une petite table non loin.

      - Si vous voulez bien y ajouter votre contribution...
    , s'adressant à la Brune qui avait demandé à servir elle même après y avoir ajouté produit qu'elle tenait probablement tenir au secret, et cela avant de venir prendre place aux côtés d'Edmond et de chercher l'influencer quant à son choix de céder aux prétentions de la Brune :


      - Tu vas accepter n'est ce pas ? Et ce même au prix de ces conditions ? Ca va peut-être te coûter, mais sache que tu y perdras moins que si tu devais perdre le tout ou grande partie de ton troupeau. N'oublies-pas que nous sommes tes vaches à lait... et rappelles-toi cette promesse que tu nous a fait. En contrepartie d'une contribution reversée, tu as juré nous apporter les soins nécessaires... On a beau n'être que putains, nos vies le valent bien quand même...



    A ses exigences de tomber aussi, certaine de surcroit qu'il était un homme de parole. La mort ne pouvait venir la frapper, ni même la maladie, pas tant que sa dette ne saurait être remboursée... Pas tant qu'elle aurait une vie sur laquelle elle se devait de continuer à veiller.
Edmond..
Non, il n'a pas le choix. En fait, il n'a jamais eu le choix. Depuis son enfance, sa vie n'a été qu'une succession d'emmerdes. Aethys est une jolie emmerde, soit mais une emmerde tout de même. Leur rencontre était prédestinée.

Les prix énoncés lui arrachent un haussement de sourcil tout au plus, habitué des tractations commerciales, il ne va certainement pas s'insurger, ils lui semblent corrects dans la mesure où lui sait combien les différentes affaires qu'il a ça et là, lui rapportent assez d'argent pour pourvoir à ces frais supplémentaires qui seront de toute façon un investissement si le travail effectué est de qualité et que les filles restent saines et sauves. Toutefois, il ne va pas sauter au plafond à l'idée de dépenser des dizaines d'écus, et le voilà qui se resserve, agacé par l'attitude assuré de la gasconne.

Non, il n'a pas le choix et c'est Vélinka qui vient planter un clou de plus dans cette idée qui s'immisce dans son esprit. Le regard qu'il pose sur la slave est las, son avis est déjà tout fait, pourquoi le blesser plus encore en insistant, et en utilisant ces mots-là même s'ils sont justifiés dans sa bouche. Mais elles sont plus que cela pour Edmond. Elles sont sa vie, et sa raison de vivre. Combien de fois sa foi en le Très-Haut a failli, combien de fois a-t-il voulu s'ôter la vie, combien de fois l'étreinte d'une putain l'a ramené sur le chemin de la vie. Oui, décidément, il vaut mieux être difforme que mort, au Paradis, on ne baise pas. Et pour rien au monde, Edmond ne troquerait la douce quiétude des cuisses d'une femme pour la platitude de la mort. Elles lui sont une bouée de sauvetage, une assurance d'un avenir prometteur et un besoin de rester en vie pour leur rendre ce qu'il leur doit, la vie que son père aurait voulu lui ôter dès ses premières heures.


« Ne dis pas de conneries. Vos vies valent plus que ça. »

Comment peut-elle seulement en douter.. Pour le nabot, chacune de ses femmes est unique, dépravée aux yeux du monde, souillée par le foutre des hommes, marquée par leurs vices, mais elles ont le mérite de savoir ce que veut dire être en marge de la société, et en cela, il ne peut s'en séparer, et moins encore revenir sur les termes de leur contrat.

Voyez donc qu'il n'a pas le choix. Les yeux fixés sur la slave, il prend enfin la parole pour donner son avis de mal.


« Considérez notre accord comme scellé. Je vous paierai ce que vous demandez, pour les soins et les potions, et même quelques dizaines d'écus de plus, si vous me faites la grâce d'effacer cet air supérieur de votre figure, sans lui vous êtes relativement désirable, ne gâchez pas cela. J'ai toujours considéré les gens de votre corps de métier comme de foutus charlatans, soignez cette gosse, et je reviendrai peut-être sur mes préjugés vous concernant. »

Et enfin, il daigne la regarder, non sans avoir jeté un regard à Velinka signifiant dans l'absolu qu'il a fait un effort concernant son aversion pour la communauté des médecins.

Jolie emmerde mais emmerde en prévision, tout de même. Oui, il n'en doute pas. Et sur sa trogne difforme, cela se lit.

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Ma cousine, ce génie de la peinture
Aethys
L’ultimatum flotta un instant dans l’air souillé de la garçonnière. La putain était à nouveau gagnée de sursauts acides qui lui retournaient l’estomac. Prise de crampes de plus en plus douloureuses, elle se tordait sur la paillasse sur laquelle elle avait été déposée. De gros frissons la parcouraient hérissant sa peau d’une chair de poule livide. Aethys fronça imperceptiblement le nez, le marquant de rides légères. Elle allait mal, de plus en plus mal. Une vague de colère sourde l’inonda brièvement. Saleté de médecins qui jamais ne se déplaceraient pour des filles de joies. Elle se souvint brutalement de son enfance à la Rose, de cet idiot de médicastre aussi bête que ses pieds, du nombre de filles auxquelles elles avaient du dire adieu à cause de son ignorance. Imperceptiblement, la Gasconne serra les poings mais déjà le retour de Vélinka dans la pièce l’extirpa de ses souvenirs. Les ambres quelque peu éteints, elle la suivit du regard. Nettoyer méthodiquement les nouvelles vomissures de la petite, éponger ce visage baigné de sueur et de fiel. Aethys eut une petite moue lasse qui s’effaça lorsque la slave lui demanda sa contribution. Elle jeta un regard au nain qui ne lui avait toujours pas répondu.

*Allons, donne-lui l’argile à la petite ! Tu vois bien qu’elle souffre non ?
Teuteuteu on attend sagement le paiement. On ne va pas bosser pour rien hein !
Et ta morale, Gasconne ! Tu vas laisser mourir la gamine comme ce conàs de médicastre de la Rose ? Tu es tombée si bas, dis-moi ?*


Mettant fin au combat perpétuel qui se jouait en elle, l’Occitane plongea une main dans la ceinture à sa taille et en sortit la petite bourse de soie. D’un geste, elle ouvrit, y enfonça les doigts et en versa quelques pincées dans le verre fumant qu’on lui présentait. Le liquide se fit visqueux et prit une délicate couleur verdoyante. Faisant cela, elle s’éloigna de quelques pas d’Edmond et de la Slave, leur laissant le loisir de discuter. Après tout, elle avait fait son choix. Elle soignerait la petite qu’Edmond décidât de la payer ou non. Son bon cœur…toujours…Un court stylet de verre apparut dans sa main, directement de sa ceinture et la Gasconne remua tranquillement le mélange, ses ambres se posant à nouveau sur la catin. D’un pas, elle fut près d’elle, s’agenouillant à ses côtés. Avec une douceur étonnante, elle s’assit sur la paillasse souillée des effluves de la maladie et redressa la gamine. Entre ses mains, elle semblait si fragile. Son teint pâle arracha une grimace à la brune, qui chassa quelques mèches humides de son front livide. La voix rauque se fit profonde, murmure pour elles seules.

« Là, ma belle…là…Calme toi… »

Tendrement, elle releva la tête de la putain et approcha le verre de ses lèvres. Celles-ci s’ouvrirent sur un souffle acide et douloureux. Aethys hocha la tête alors que la gamine déglutissait le remède dans une grimace.

« C’est bien, c’est très bien. Ca va aller maintenant, ne t’en fais pas. Tu ne devrais plus vomir. »

Se parant d’une image effarante d’une mère attentive, l’Occitane caressa lentement la chevelure de la gamine et la laissa poser sa tête sur ses genoux. Ce fut à ce moment que le nain reprit la parole, attirant à nouveau l’attention de la brune qui revêtit un air légèrement hautain et froid qui l’habillait lors de ses affaires. La diatribe de l’homme de maison lui arracha un léger sourire qu’elle laissa planer sur ses lippes, la main toujours dans la crinière de la malade. Elle aurait très bien pu lui dire qu’elle accordait bien plus d’importance à ce qu’elle allait faire entre ces murs qu’à bien d’autres de ses marchés sordides, qu’elle avait, même si elle le découvrait à peine, beaucoup de respect pour un homme qui gardait des catins sous son toit, malgré la rémunération qu’il devait en tirer. Elle aurait pu sourire à nouveau, s’excuser platement, et adopter cet air tendre qu’elle avait parfois auprès des siens. Mais quelle importance, quel intérêt aurait-il pu accorder aux actes, aux dires d’un charlatan, comme il venait de l’appeler ?

Elle croisa son regard, le miel croisant le perçant. Rien de plus et la Gasconne se contenta d’hocher lentement la tête avant de reporter son attention sur la petite qui semblait peu à peu se calmer sur ses genoux.


« Bien allez donc surveiller le reste de votre maisonnée dans ce cas. Je veille la gamine. »

L’affaire était conclue, il était inutile de poursuivre. Le nain apprendrait vite que la brune n’était au fond, pas si mauvaise que ça.
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Dessin original AliceChan ©
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