Alphonse_tabouret
... les apparences sont infiniment plus savoureuses que les réalités.
( Henri Jeanson )
En poussant la porte de la petite auberge qui lui faisait face, Alphonse navait en tête quune courte halte, de quoi au moins se désaltérer après ces longues heures matinales à cheval, peut-être même manger si les fumets de la cuisine le mettaient en appétit, mais surtout, se délasser un instant prés dun feu avant de reprendre la route pour rejoindre le château. Lhiver, pluvieux, cinglant simmisçait jusque dans les chauds vêtements quon lui avait faits préparer à Brienne et les arrêts quil saccordait sur le chemin, étaient réellement salvateurs pour son moral. Saluant les quelques clients attablés en avançant, ses pas lamenèrent jusquà une petite table à laquelle il sassit, les flammes dun feu bien vif crépitant à quelques mètres. Un geste lui suffit à commander une chope et attendant sa livraison, il retira ses gants dans un soupir daise, jouant de ses articulations pour les détendre un peu, laissant trainer son regard sur les lieux. La bière fut servie promptement, par une petite blonde aux hanches assez généreuses pour quon y attarde un regard et qui, entrainant ses prunelles noires avec elle en disparaissant dans un large couloir menant aux chambres, le laissa sur une découverte dun tout autre acabit.
Dans la porte entrouverte dune chambre se dessinait une silhouette longiligne affairée devant un miroir quelle ne regardait même pas, occupée à dénouer le col dune chemise dans laquelle elle flottait, trop absorbée pour se rendre compte que cet angle de vue la laissait au regard du récent expatrié flamand. Lhomme qui occupait la chambre était plutôt fin, les cheveux longs et bruns, noués dans un catogan, dune vingtaine dannée tout au plus, et son visage juvénile, quil ne découvrait que partiellement, avait quelque chose de délicat, presque dandrogyne, à moitié enseveli sous une frange longue et aux plis incongrus.
Un sourire discret apparut sur les lèvres dAlphonse, une satisfaction toute déviante se nouant dans ses tempes à lidée que ce jeune homme ne finisse pas sa toilette mais la commence bien. Si les plaisirs de la chair jalonnaient à peu près toutes les routes quil prenait, loccasion était bien rare de ne point sabreuver aux hanches dune femme mais bien aux reins dun homme, et la moindre victoire sur ce monde si joliment puritain, quelle soit consommée ou juste admirée à la dérobée, valait son pesant dor. Celle-ci, inattendue dans cette ville qui nétait alors quune escale de plus le ramenant sur les terres champenoises, le taquinait dun plaisir insolent à lidée même de voir se délier les muscles de ce corps masculin dans la fausse tranquillité de son intimité, acheva de le mettre de bonne humeur. Etendant ses jambes, au spectacle, nayant quà tourner la tête si daventure léphèbe se prenait à sentir un regard sur sa peau laiteuse, le jeune homme senfonça silencieusement dans son siège, optant pour une attitude passive quon pouvait imputer à la fatigue, mais que léclat de la prunelle contredisait dans la braise vive quelle laissait scintiller.
Son Anglais lui manqua, une fraction de seconde, juste assez pour que la brûlure de ses souvenirs viennent attiser la concupiscence qui avait pointé son museau en même temps que sa trouvaille et qu'il ne savoure, un peu plus, le spectacle quil soffrait, voyeur impénitent.
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( Henri Jeanson )
En poussant la porte de la petite auberge qui lui faisait face, Alphonse navait en tête quune courte halte, de quoi au moins se désaltérer après ces longues heures matinales à cheval, peut-être même manger si les fumets de la cuisine le mettaient en appétit, mais surtout, se délasser un instant prés dun feu avant de reprendre la route pour rejoindre le château. Lhiver, pluvieux, cinglant simmisçait jusque dans les chauds vêtements quon lui avait faits préparer à Brienne et les arrêts quil saccordait sur le chemin, étaient réellement salvateurs pour son moral. Saluant les quelques clients attablés en avançant, ses pas lamenèrent jusquà une petite table à laquelle il sassit, les flammes dun feu bien vif crépitant à quelques mètres. Un geste lui suffit à commander une chope et attendant sa livraison, il retira ses gants dans un soupir daise, jouant de ses articulations pour les détendre un peu, laissant trainer son regard sur les lieux. La bière fut servie promptement, par une petite blonde aux hanches assez généreuses pour quon y attarde un regard et qui, entrainant ses prunelles noires avec elle en disparaissant dans un large couloir menant aux chambres, le laissa sur une découverte dun tout autre acabit.
Dans la porte entrouverte dune chambre se dessinait une silhouette longiligne affairée devant un miroir quelle ne regardait même pas, occupée à dénouer le col dune chemise dans laquelle elle flottait, trop absorbée pour se rendre compte que cet angle de vue la laissait au regard du récent expatrié flamand. Lhomme qui occupait la chambre était plutôt fin, les cheveux longs et bruns, noués dans un catogan, dune vingtaine dannée tout au plus, et son visage juvénile, quil ne découvrait que partiellement, avait quelque chose de délicat, presque dandrogyne, à moitié enseveli sous une frange longue et aux plis incongrus.
Un sourire discret apparut sur les lèvres dAlphonse, une satisfaction toute déviante se nouant dans ses tempes à lidée que ce jeune homme ne finisse pas sa toilette mais la commence bien. Si les plaisirs de la chair jalonnaient à peu près toutes les routes quil prenait, loccasion était bien rare de ne point sabreuver aux hanches dune femme mais bien aux reins dun homme, et la moindre victoire sur ce monde si joliment puritain, quelle soit consommée ou juste admirée à la dérobée, valait son pesant dor. Celle-ci, inattendue dans cette ville qui nétait alors quune escale de plus le ramenant sur les terres champenoises, le taquinait dun plaisir insolent à lidée même de voir se délier les muscles de ce corps masculin dans la fausse tranquillité de son intimité, acheva de le mettre de bonne humeur. Etendant ses jambes, au spectacle, nayant quà tourner la tête si daventure léphèbe se prenait à sentir un regard sur sa peau laiteuse, le jeune homme senfonça silencieusement dans son siège, optant pour une attitude passive quon pouvait imputer à la fatigue, mais que léclat de la prunelle contredisait dans la braise vive quelle laissait scintiller.
Son Anglais lui manqua, une fraction de seconde, juste assez pour que la brûlure de ses souvenirs viennent attiser la concupiscence qui avait pointé son museau en même temps que sa trouvaille et qu'il ne savoure, un peu plus, le spectacle quil soffrait, voyeur impénitent.
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