Avant le départ pour Arras, les normands profitèrent de la tranquillité du monastère durant quelques jours. Irella avait informé le moine qu'un peu de repos ne serait pas superflu avant d'entamer la formation en langue arabe, en attendant qu'ils soient prêts à partir, elle s'adonnerait à la lecture d'ouvrages de théologie.
Le moine, quant à lui, devait récupérer les sacs de farine, les stères de bois, les fûts de bière pour les flamands, tout devait être chargé sur la charrette tirée par la mule Honorine.
Mais lorsque Marmiton pris conscience de tout ce qu'il fallait emporter, il s'était mis à maugréer, jamais il n'arriverait à transporter tout ce chargement sans l'aide d'un larron supplémentaire et d'un commun accord, il convinrent que le Padré se joindrait à eux jusqu'à Arras.
Tant bien que mal, le padré et le moine avaient réussi à tout caser dans le charrette, ça leur avait pris un temps fou mais ils y étaient parvenus, il ne restait plus qu'à récupérer le frère grain dans sa cellule et tout le monde pourrait prendre la route en convoi, Irella, son centigrade et son troglodyte , le frère Toque et ses acolytes.
Mais à peine les moines eurent-ils quitté le monastère que PATATRA! l'essieu de la charrette se rompit, elle versa, les fûts valsèrent et frôlèrent la tête du frère grain qui se tenait à côté de la carriole et tentait désespérément de retenir les sacs de farine, Honorine reçut une bûche sur le crâne même si sa caboche était faite du même bois, elle se mit tout de même à braire de douleur. C'est alors que le padré se mit à gigoter comme s'il avait des vers au postérieur, il criait son mea culpa:
"C'est moi qui ai fait la boulette....comme un bougre que je suis"..
., c'était lui qui le disait,....Le frère grain n'était pas moins remonté, à son tour il réagit mais le frère toque ne fut pas certain de tout saisir, son frère était passé maître dans l'art d'accomoder la formule depuis qu'il avait débuté ses études de médecine ...":
Ben ça alors,
j'avais cru qu'on avait roulé sur des bambous et qu'on avait fait du surplace...!Sacré Padré, il m'a fait perdre ma journée...
J'espère qu'il a fait le ménage dans ses affaires, j'ai besoin d'avancer mes études de médecine non di diou.
Et Marmiton, qu'avait-il à dire par rapport à cette déconvenue qui allait lui faire louper l'enseignement d'un cours de langue? Il sautait sur place en ronchonnant:
J'vous l'avais dit Padré qu'y fallait bien équilibrer l'paquetage chans quoi on richquait l'faux départ, j'vous l'avais bien dit cré nom d'une couille helvète! puis, ch'est moi l'marmiton d'l'abbaye, ch'est à moi d't'faire des boulettes, on ch'improvise pas coq comme cha Padré, cha d'mande d'la carrière et du chavoir faire, ch'est vrai qu'cha ch'peut ch'cuire avec de la bière mais on a pas b'soin de trente-chix fûts, on a failli voir trente-chix chandelles là, J'vous l'avais bien dit Padré! Question formule, le moine n'était pas en reste on peut dire que les toqués sont de sortie...
Pendant ce temps là, les normands avaient pris le large et le prochain départ serait prévu pour le lendemain...
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