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[RP] Sentir son cours jour après jour...

Mihawk


        [ La veille ]



    La nuit avait partagé sa lumière obscure depuis des heures passées déjà, le froid nous couvrait de son triste manteau de glace et le vent venait nous offrir une caresse gelée digne d'un long blizzard. Des conditions de vie difficiles, pour peu qu'on puisse se réchauffer par nos possessions ou nos ressentis. L'un des chemins de terre du village de Bayeux partait d'une taverne pour rejoindre les quelques pavés menant vers la sortie sud-ouest. Alors que la chaleur de la taverne le retenait, il ne put s'empêcher de quitter les lieux pour la veiller sur le chemin, afin qu'elle rejoigne son point de départ. Bien que les environs étaient moins chaleureuse, son coeur et son corps en chaleur se maintenaient. Il faut croire que les pensées nous maintiennent éveillées, et que les sentiments perdurent au delà des tourments. Ses yeux la suivent pendant son chemin, et durant ce temps il est certain, que tout sera plus triste demain.

    Alors qu'il ne la voit plus physiquement, il s'en va rejoindre son arbre en espérant, qu'il aura de ses nouvelles rapidement.


    C'est dans cet arbre qu'il passera une partie de la nuit, à penser, à sa vie et à son entraînement. Doit-il continuer dans sa voie sans relâche ? Ou doit il vivre d'autre chose que de la qualité des mouvements de ses lames ? Les flammes qui animent ses yeux orangés scrutent l'horizon, flamme non pas de haine mais d'une chaleur humaine plus complexe et plus importante. Il ne sait vraiment ce qui lui arrive, ce qu'il sait, c'est qu'il n'a jamais été aussi peu indifférent que cette soirée là.
    Le corsaire observait les branchages danser au rythme que leur imposait le vent. Il pensait, il ne savait même plus à quoi penser. Cela lui arrivera-t-il à nouveau ? Il espérait seulement que si c'était le cas, rien ne serait différent, ni même les circonstances, ni même la personne. Une personne ? Lui penser à une personne en particulier... Autre que les pirates et bandits qu'il chassait...
    Étrange... la vie est étrange mais cela ne lui déplaisait guère.

    "Les plus belles rencontres sont les plus courtes..."





        [ Au jour des Valentins ]


    Aussi tôt que les autres jours il s'était réveillé. Une dernière pensée avant de rejoindre son entraînement auquel il devait consacré toute son énergie, toute sa force, toute sa concentration et tout son être. Il s'aperçut qu'il avait du mal à cesser de penser, repoussant ainsi l'heure du commencement de sa journée d'entraînement. Il fronça les sourcils, grimaçant, grognant presque. Non pas qu'il ne voulait plus y penser, mais il devait s'entraîner, quoi qu'il arrive.
    On entendait le sifflement de l'air fendu sous les coups portés par sa lame. De long et strident sifflement, témoignant du tranchant de son arme et également de l'expérience amassée par le corsaire qui visait la perfection de chaque coup. Son regard perçant semblait lui même pouvoir tranché l'air ou la matière, il regardait tout son entourage avec une telle détermination qu'il pouvait déceler tous les défauts des lieux ainsi qu'analyser chaque chose, complexe ou primitive.
    Quand il est en mer, les hommes de son équipage lui trouve un don avec ce regard qui lui a servi à prendre le dessus sur bien des situations périlleuse en mer comme sur terre.
    Sa lame provoquait de légères bourrasque de vents, qui associées à ses mouvements vifs, faisaient voler sa cape en arrière ou sur les côtés. Une personne s'approchait de lui sans se faire furtif, il ne savait de qui il s'agissait mais cela se rapprochait, alors qu'il se trouvait dans l'un des coins du verger. S'approcher d'un homme s'entraînant avec un grand sabre ? C'était presque du suicide. Il se retourna tout à coup en envoyant le tranchant de sa longue lame à l'horizontal. Un peu en biais, ce qui facilite l'entaille. La lame trancha l'air juste au dessus de la tête de l'homme qui s'approchait, qui s'arrêta net, le coeur loin derrière lui, presque choqué.



      Humf... une lettre pour vous... Messire.


    En silence et lentement il s'empara délicatement de la lettre. Était-ce bien ce à quoi il pensait ? Offrant une poignée d'écus à l'homme qui prit la fuite, il se dirigea vers un arbre qu'il connaissait bien et dans lequel il aimait bien monter. Même s'il ne connaissait les lieux que depuis peu de temps seulement, il prenait quelques repaires, bien qu'il ne restera sans doute point dans les parages.
    La lettre était soigneusement enroulé, il savait à l'avance de quoi il s'agissait maintenant... Il décela un parfum qu'il reconnu, puis l'ouvrit pour en lire le contenu. Ses yeux parcouraient les lettres, les mots et les phrases. Relisant au passage certaines lignes, observant l'agréable écriture qui s'offrait à lui.




    Briana MacCord a écrit:
    Faict à Avranches, 
    au 14ème jour de Février 1461.

    Pour Vous Alexandre,
    De moi, Briana,

    Parce qu'un simple merci n'aurait suffit, il me fallait venir coucher quelques mots.
    C'est à l'abri d'une taverne sans éclat que je m'en viens les écrire, espérant vivement que cette missive saura vous trouver, vous, son destinataire... Vous, Corsaire à qui je pense sur un sourire lorsqu'il m'arrive de mirer cette rose si gentiment offerte. 

    Sachez que celle-ci ne me quitte pas et qu'une fois son éclat devenu terne, elle saura trouver sa place dans mon "Livre des souvenirs". Soyez-en certain. 
    Merci pour le geste, merci pour cette journée passée, si agréable fut-elle à vivre en votre compagnie.

    Puisse un jour faire que nos destins se recroisent et dans cette attente, laissons à nos plumes plaisir de pouvoir le faire.

    Je vous dis à bientôt de vous lire,

    Bien à vous,

    Briana MacCord




    Un léger sourire prit place sur son visage à moitié caché par son grand chapeau de corsaire, masquant son regard. Ce début d'après-midi lui avait apporté une compagnie forte agréable. Non pas le coursier pour sûr, mais les pensées d'une personne à qui, à présent, il tenait.

    Il était maintenant l'heure de s'occuper d'une réponse. Son entraînement allait certes se suspendre, mais il ne fera que travailler plus longtemps durant la journée pour rattraper ce retard amplement justifié. Il prit la direction de sa maison, maison un peu trop grande pour lui, vêtue de deux grands champs de maïs et marquée par la présence d'un beau pigeonnier. Des messages étaient arrivés mais il n'avait pas spécialement envie de les lire pour le moment. Il était occupé. On ne peut pas tout faire en même temps... Surtout quand on fait quelque chose de déjà important.
    Le corsaire avec son chapeau et son grand sabre fixé dans son dos, poussa la porte de sa maison afin d'y entrer rejoindre son bureau. Un bureau sur lequel était dressée une carte de navigation avec quelques petites maquettes de bateaux, ainsi que des aiguilles. On aurait dit un plan stratégique pour sortir d'une embuscade face à deux frégates.
    Il rangea chaque petit gabarit de bois pour replier la carte. Durant se fait le compas qui traînait sur la carte glissa pour s'apprêter à tomber au sol. Alexandre se pencha pour le rattraper avec une grande vivacité avant que celui ci ne touche le sol. Soupirant, plus agacé que rassuré, il rangea le tout proprement dans un tiroir avant d'étaler la lettre sur le bureau pour la relire en silence, au calme. Il prit dans un autre tiroir un encrier ainsi qu'une plume et un parchemin vierge.
    Assit convenablement sur sa chaise, prêt à écrire, il saisit sa plume pour la tremper dans l'encrier avant de déposer le bout de la plume sur le parchemin pour l'entacher de son encre. Peu hésitant, il commença à rédiger un message pour sa destinataire.




    Alexandre Giffard a écrit:
    Faict à Bayeux,
    le quatorzième jour du mois de Février 1461.

    Pour vous Briana,
    De moy, Alexandre,

    Parce que je ne suis point aveugle, ni amnésique, je prend la plume pour vous répondre sans attendre.
    Sachez que vos mots me parviennent avec grand plaisir, d'autant plus q'ils m'apprennent que vous apprécié l'attention de mon présent véritablement sincère.
    Sachez aussi qu'une escorte de ma part j'aurai préféré vous offrir, mais je ne puys quitter Bayeux cette fois ci. Mais lors de notre prochaine rencontre, je vous promets de vous faire cadeau de ma veillance, même si je n'ai point besoin de vous l'offrir pour que celle ci soit effective.

    Cette rose à de la chance de se trouver et de rester à vos côtés, je suis sûr que ses couleurs resteront vives longtemps.
    La journée d'hier fut en effet très agréable, Bayeux qui se mourait à vu passer un rayon de soleil à travers sa taverne municipale, avant qu'il ne s’éclipse joliment avec la nuit.


    Ma bienveillance me fait demander si bonne route vous avez fait avec votre cousin Osfrid, que je n'ai pas eu le plaisir de rencontré malheureusement. J'espère également que la nuit ne vous a point apporté trop de fraîcheur, et qu'au contraire elle fut sans nul soucis.
    Demain vous ne serez sans doute plus en Normandie et la distance entre vous et mon pigeonnier sera plus grande. Mais peu importe la distance, je saurai attendre de vos nouvelles.

    En espérant que cette lettre vous trouve à travers les vents froids, en suivant la chaleur de votre parfum.

    En attendant de vos nouvelles, et espérant vous revoir fort tôt.

    Portez vous bien, que Dieu vous garde,

    Alexandre Giffard



    Le corsaire signa délicatement sa missive avant de la relire lentement quelques fois. Se levant, il prit soin de l'enrouler avant de la glisser dans un petit étui en colonne, bien fermé, et imperturbable quel-qu’en soit les intempéries. Calmement, il quitta son bureau pour rejoindre la porte menant à la sortie. Rejoignant le chemin de terre froid qui craquait sous ses pas, il prit la direction de son pigeonnier pour en sortir l'un de ses plus robustes faucons. Il prit soin de bien attacher le message au dessus des serres de son messager qui se chargerai de livrer la missive à sa destinataire. Il prit le faucon sur son avant-bras avant de le faire envoyer au coursier le plus proche de sa destinataire.

_________________
















Briana.



      [ Souvenir d'un jour ]



Bayeux, ville étape d'un nouveau périple que l'on mène à deux.
Une journée de plus... Éphémère instant, où, durant quelques heures passées en son centre, il fut bon pouvoir se reposer avant de reprendre la route et d'arpenter ce qu'il leur restait à parcourir de chemins normands.
Bayeux, ou les quatre murs d'une taverne avaient su l'abriter d'un ciel lunatique qui ne laissait que peu de répit à quiconque se trouvait à sa merci, entre deux ondées qui venaient alors noyer les pavés, redonnant aux venelles un semblant de propreté.

Une taverne... commune à bien d'autres établissements qu'elle avait jadis pu connaître. Morne endroit laissant à peine filtrer quelques lais de lumière au travers des croisées aux vitres grisées par une épaisse couche de poussière que le vent ou la force de passage répétés avaient du soulever. Un endroit vide de vie ou seule sa respiration se faisait entendre, absorbé parfois par le bruits des pas du tavernier qui apparaissait, ou disparaissait, au gré de ses allées et venues.
Un simple endroit où attendre finalement que le temps passe. Où attendre, les yeux rivés sur l'entrée que daigne se présenter les traits familiers d'un visage qui venaient, par sa simple pensée, se figer dans l’air comme s'il eut été là véritablement...


Attendre patiemment... Longtemps... Vainement.
La porte s'était belle et bien poussée, et ce à plusieurs reprises, mais sans jamais qu'il ne soit question de celui qu'elle attendait. Il fut un autre qui fini par arriver. Un homme avec qui la conversation s'était engagée, les mots échangés en menant à d'autres. Confidences de banalités, d'identités... Des discussions plus personnelles sur deux vies passées et quelques points communs de soulignés.

Si rares sont les rencontres qui vous lient, si court fut l’instant, à quelqu’un qui vous ressemble en bien des points. Avec qui vous pouvez causer librement sans avoir à être jugé, qu’il soit pour l’image que vous renvoyez ou pour la personnalité qui fait de vous ce que vous êtes.
Souvenir d’une rencontre qui vous ferez presque oublier que la veille, l’adjectif qui semblait vous coller à la peau n’était autre que : « capricieuse ». Mot sorti tout droit de la bouche d’une de ces normandes qui se considérait surement un peu trop et qui vexée qu’on ne lui porte pas l’attention demandée, avait préféré prendre la sauvette, comme une môme pourrait le faire , allant bouder dans son coin.
Un mot mal choisi qui ne lui ressemblait pas. Une étiquette collée sur de simple "on dits".
Un mot de trop.



      [ Retour à la réalité ]



Souvenir d'un jour qui s'efface sur un réveil qui ne saurait en être réellement un pour l'unique et simple raison que la jeune donzelle ne dort pas, ne parvenant pas à se laisser emporter par un sommeil qui tarde à venir. Si seulement les murs de l'auberge qui les avaient accueillis pour le reste de la nuit avaient pu être plus épais, masquant les bruits qui s'élevaient alentour...

Combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait pris place entre les draps ?
Une heure ? Peut-être moins... De longues minutes à ressasser, à se retourner sous le poids de vieilles couvertures censées la protéger de la fraîcheur ambiante de la pièce.
Déterminée à se reposer, elle crispa les paupières, résolue à les garder fermées. Mais peine perdue : aussitôt il ne put échapper à l'esgourde le bruit d'une porte venue claquer, faisant trembler les quatre pans de mur qui l'entourait. L'impression fut telle, qu'elle songea immédiatement à celui qui occupait la chambre voisine à la sienne et qui n'était autre qu'Osfrid.
Son cousin avait-il ressenti le besoin d'une ballade nocturne en solitaire ? Elle était montée sans vraiment s'assurer qu'il en avait fait de même, abandonnant ce dernier à sa discussion avec l'aubergiste.

Se redressant sur son séant, repoussant de sur son visage les mèches couleur de miel qui lui tombaient dans les yeux, elle soupira longuement. Inutile d'insister : elle ne réussirait jamais à dormir et trouva qu'il était mieux pour elle de se lever.
Sitôt décidé, elle quitta sa couche, prit une étole de laine qu'elle drapa sur sa chemise de nuit et traversa la pièce, pieds nus jusqu'à ce que les paumes de ses mains ne viennent se plaquer sur le mur qui lui faisait face.
De l'autre côté, pas un bruit. Plus depuis qu'elle avait entendu porte se refermer. N'avait-elle pas tout simplement rêvé au final ? A moins qu'elle ne se soit trompée, le bruit pouvant provenir d'une chambre plus lointaine à la sienne.

Machinalement l'esgourde, quant à elle, était venue à la suite de ses mains prendre même position, pressée contre la parois. Était-il de l'autre côté ? Dormait-il ? Ou bien était-il éveillé ?
Irrésistible envie d'en avoir le coeur net lorsque les yeux se figèrent sur la porte de sa chambre et qu'elle ne tarda pas à ouvrir pour en sortir.
Les chandelles qui brûlaient dans les supports fixés au mur crachotaient, à moitié fondues, jetant des ombres inquiétantes le long du corridor. Face à la chambre de son cousin, main levée prête à s'abattre contre sa porte, elle se retint pourtant, troquant un coup contre un toucher inaudible pour qui se trouvait derrière. Qu'aurait-elle alors à lui dire de se présenter ainsi à lui ?
La vérité ? Celle qui voulait qu'elle eut ressenti l'irrépressible besoin de retrouver le réconfort de ses bras ? Comme du temps où elle était enfant et qu'elle venait en jouir sans même demander la permission de pouvoir le faire... Le retrouver lui, alors qu'elle l'avait cette intime sensation de le perdre chaque jour un peu plus...
Les années avaient passées et avec elles les choses avaient considérablement changées.
L'enfant n'était plus, laissant place à une femme en devenir qui désormais se laissait porter par la vie et ce jusqu'à cette heure fatidique où elle s'était décidé à tourner la page.

Que lui restait-il aujourd'hui sinon lui ?

Le bras retomba emportant avec lui la main qui s'était faite hésitante et ses pas lui firent regagner sa chambre. Bientôt le jour se lèverait sur Fougères, espérant pouvoir le retrouver, mais en attendant il lui faudrait trouver de quoi s'occuper et sans trop chercher, l'idée lui vint de porter réponse à celui qu'elle avait rencontré quelques jours plus tôt, laissant jusqu'ici ce dernier sans nouvelles. Peut-être son expéditeur s'inquiétait-il de son silence ? Peut-être était-il le bon moment pour y répondre...

Sa couche rejointe, elle s'étira jusqu'à saisir sa besace abandonnée de l'autre côté, reposant contre les pieds d'un vieux chevet. De l'intérieur, son carnet extirpé, elle ouvrit ce dernier pour en retirer la dite missive, en faire relecture et plume en main s'attela à y répondre :



Citation:

Fougère,
Faict au 16ème jour de Février 1461.

A vous,
Alexandre,

J'espère que l'attente d'une réponse de ma part ne vous aura point procuré d'inquiétude, d'autant qu'il aurait été inutile de vous en faire pour moi.
Comme j'avais pu vous en informer, vous saviez mon cousin à mes côtés, et il n'est pas meilleure personne que lui pour me veiller.
Votre bienveillance me touche, mais puissiez-vous être rassuré, comme de l'être concernant le voyage entreprit.
Les premières nuits nous furent clémente, ne nous accablant que de la fraîcheur hivernale qui semblent vouloir persister, mais là encore, nous sommes voyageurs parés et habitués aux grands froids. Auriez-vous oublié que c'est le Danemark qui m'a vu grandir et ce, durant plusieurs années ?

C'est donc sans soucis que nous avons rejoint la Bretagne.
Fougères, une ville qui en soit, me fait un peu penser à celle de Bayeux, aussi triste puisse t-elle être. Dommage qu'il n'y ai point de Corsaire qui cette fois, soit là de pouvoir me narrer ses exploits. Ceci dit, je compte sur vous pour qu'un jour chose se fasse.

J'espère qu'en ce jour vous vous portez bien, aussi bien qu'au soir où nos chemins se sont séparés. Et je ne doute pas que vous ayez, dans cette triste ville où vous êtes, trouvé bonne occupations qui vous fasse croire le temps moins long. Qu'en est-il de vos entraînements ? Parvenez-vous vous y consacrer à nouveau ? Difficile d'imaginer le contraire.

Pensez cependant à prendre soin de vous, et portez moi de vos nouvelles à votre guise. Il me fera toujours plaisir de vous lire.

Briana MacCord.



Un point d'encre, un dernier mettant fin à sa rédaction. Le vélin soigneusement enroulé fut placé dans ce même étui où avait été logée la missive qu'elle avait reçue. Bientôt, il serait à nouveau noué à la patte d'un volatile prêt à fendre les airs pour faire voyage jusqu'à son destinataire.
Bientôt... Après un bref instant de repos, elle, qui finalement, s'était laissée emporter par l'épuisement.
Mihawk



        [ Quelque part entre Lisieux et Bayeux ]

    L'entraînement, l'entraînement... Toute sa vie était un entraînement, il l'avait abandonné pour l'art de maîtriser les lame à la perfection. La perfection existait selon lui, mais elle était presque impossible à atteindre pour celui qui ne fait que la viser. Chaque jour, bien des gens arrivent à réaliser quelque chose de parfait, sans le vouloir et surtout sans réussir à le reproduire de nouveau de la même façon. C'est ça, la perfection d'après Mihawk, réussir à reproduire quelque chose qui est déjà parfait. Mais physiquement, il est impossible d'y parvenir car les paramètres à prendre en compte sont bien trop précis. La précision était son arme maîtresse, il vait apprit à être précis pour toute chose, il avait même apprit à analyser une chose en la perçant de son regard. C'est pour cela qu'à arme égale, et encore, il ressortait toujours vainqueur de ses combats et duels. Après ces décénies d'entraînements il connaissait la grande majorité, et plus, des coups qui étaient possible de réaliser avec une ou deux lames, quelques soit leur taille. Il était une bibliothèque de l'art du combat. Il savait en fonction de la position de l'adversaire quel serait son prochain coup et presque ceux d'après également. Il sait ce qu'un homme peut réaliser physiquement et ce qu'il ne peut pas faire. Il connait la limite que les différents corps ne peuvent franchir, il connait l'énergie qu'il faut fournir pour contrer tel ou tel coup. Privilégier la vitesse ou la force brute ? Pourquoi s'obstiner à donner des coup d'une puissance titanesque s'il n'a aucune vitesse ? La musculation d'un homme ne définit pas toute la puissance des coups qu'il donne. Un épéiste doit avoir une certaine masse musculaire, puis privilégier la vitesse, la flexibilité, la précision, l'environnement... Le coup d'une lame disposant de tous ces paramètres peut être un coup parfait. Ce qui est plus dur à maîtriser dans tout cela, est la précision, ainsi que la flexibilité. Un milimètre peut tout déterminer. Un milimètre peut permettre de briser une parade, une lame. Un milimètre détermine si la pointe de la lame atteint le coeur ou s'arrête dans la chair...


    Toute la nuit il s'était entraîné, il n'avait point dormi, point par choix, mais parce qu'il n'y parvenait pas. Quelque chose l'avait en quelque sorte perturbé, dérangé. Une mauvaise nouvelle ou autre chose, qui sait, il n'était pas très expressif.
    Un vieil homme lui avait demandé son aide cette nuit. Il voulait se rendre à Lisieux pour cherche du bois à ramener ici à Bayeux. Il accepta de l'aider, il était son escorteur en quelques sortes. Durant la nuit ils avaient donc voyagé vers Lisieux, une fois arrivés, le vieux fit charger son grand chariot avec le bois. Mihawk lui prêta main forte, cela lui faisait un peu d'exercice pour compenser un minimum le fait qu'il ne puisse s'entraîner durant le voyage. Une fois cela fait, le soleil s'était levé depuis un bon moment, il était temps de rentrer à Bayeux avec tout le chargement. Mihawk prit place dans le grand chariot rempli de bois. Il s'y allongea afin de rattraper sa nuit de retard.

    Le vieil homme le vit et lui adressa la parole.


      - Je vous réveilles quand on arrive à Bayeux ! Vous avez l'air fatigué.

    Le chariot prit la route sans histoire. Un vieil homme pour tenir les rennes, et un plus jeune qui faisait sa sieste à l'arrière sur une couverture posée sur un tas de buches. Il devait être dur de s'endormir sur un chariot tel que celui ci. Les buches n'étaient pas la plus confortable des couches puis le chemin de terre n'était pas des plus calme avec toutes les bosses et toutes les pierres qui l'ornait. Cependant, le petit groupe avançait tranquillement. Allongé sur le dos, chapeau recouvrant son visage, le corsaire n'était pas totalement endormi. Il écoutait, quelque chose qui venait de loin. On aurait dit une petite troupe de cavalier. Il préfererait que ce soit des gardes sans histoire plutôt qu'un petit groupe de brigands venu faire respecter leurs lois sur un sol qui ne leur appartenait guère.
    Il ne bougeait pas, se disant qu'il attendrai qu'il se passe quoique ce soit pour montrer signe de vie. Les sabots se faisaient entendre de plus en plus, cela s'approchait bien d'eux, par devant. En effet, un peu plus loin une troupes de malandrins arrivaient. Une petite troupe composée de quatre personnes aux charmantes intentions. Le vieillard, se sentant tout à coup moins en sécurité, décida de réveiller le corsaire pour se préparer à un éventuel combat.


      - Eh, Messire, réveillez vous, je crois qu'on va avoir de la visite !

    Pas si bête le vieil homme, il préférait prévoir plutôt que de subir. Le corsaire se redressa sur son séant, replaçant son chapeau sur le dessus de sa tête avant de balayer du regard les horizons. Il vit les cavaliers de devant arriver mais il se demandaient s'ils étaient seuls. Il observe tout autour du chariot pour en conclure qu'ils étaient seuls, pour l'instant. Les cavaliers prirent place au beau milieu du chemin de terre, forçant le chariot à s'arrêter devant eux. Le corsaire n'était pas encore visible pour les nouveaux arrivants, il prenait soin de se préparer, fixant son grand sabre, dont il n'aurai sans doute pas besoin, dans son dos.

      - Halte là vieillard ! Fais nous voir un peu ce que tu transporte comme babiole.
      - Je n'ai que du bois, partez et laissez moi tranquille !

    Les brigands ne prirent pas la peine de l'écouter et ils commencèrent à fouiller un peu partout. Mihawk prit place au dessus du tas de buche pour surplomber tout le monde. Les observant de son regard perçant, il annonça.

      - Nous vous avons demandés de partir il me semble.

      - C'qui celui là ?

      - Hey ce s'rait pas l'escrimeur corsaire qui a détruit la flotte de Xan Kriegor ?

      - Ah ouais p'tet que c'est lui, il lui ressemble en tout cas !

      Eh ! Toi ! On va te faire la peau, alors descend d'ton perchoir !

    C'est les bras croisés qu'il ne broncha pas d'un sourcil, toujours debout sur son tas de bois.

      - Quel est votre but ?

      - Te battre et te dépouiller !

      - Un combat ? Quelle perte de temps... vous ne faites clairement pas le poids...

    Mihawk sauta du chariot pour faire face aux quatre bonhomme

      - C'moi qui commence !

    Le malandrin se mit à charger le corsaire, épée à la main droite. Malandrin maladroit qu'il était, il n'avait malheureusement aucune chance de le vaincre. Mihawk s'empara d'une lame minuscule comparée à celle de l'homme pour parer son coup d'un simple geste. Son corps ne recula pas d'un centimètre, il avait juste visé le point de casse de la lame ennemi, l'immobilisant complètement au cours de sa trajectoire. Son regard droit dans le sien, il dégagea la lame ennemi avant de le frapper au visage d'un revers avec son poing, tout en tenant la lame. Pendant ce temps là, le vieillard prit le temps d'assomer l'un des trois autres avec un grand bâton. Il avait asséner un coup droit dans la nuque du sa cible pour la faire tomber. Le choc du coup ainsi que celui du sol lui fit perdre connaissance.

    Il restait trois bandits éveillés et énervé, l'un d'eux prit place devant le vieil homme, laissant ses deux acolytes à la merci du corsaire. Celui ci prit la peine de les provoquer pour qu'ils mettent toute leur rage dans leurs prochains coups, les rendant inutiles.


      - Je n'attends plus que vous.

    Les deux hommes restants se jetèrent sur lui avec une épée chacun. Il était difficile d'anticiper les coup de deux lames différentes quand elles n'étaient pas tenu par la même personne. Les personnalités et les physionomies étaient différentes pour tout prévoir. Une valse prit place sur le chemin de terre, tout près des montures et du chariot. On entendant des cris de rages des mouvement de lame, des chocs entre les aciers. Finalement il l'aurai son entraînement, un peu trop facile certes, mais c'était déjà ça. Alors qu'il ne faisait que parer inlassablement les coups d'épées de chacun de ses adversaires, un faucon fit son apparition au dessus d'eux avec un cri bien spécifique que le corsaire reconnut. Repoussant d'un coup les deux ennemis, il accueilla le faucon sur son bras pour en décrocher le message.

      - Vous permettez ?

    Non il ne se moquait pas d'eux, il était même très sérieux, chose que les brigands n'allait pas interprêter comme ça.


    Briana MacCord a écrit:
    Fougère, 
    Faict au 16ème jour de Février 1461. 

    A vous, 
    Alexandre, 

    J'espère que l'attente d'une réponse de ma part ne vous aura point procuré d'inquiétude, d'autant qu'il aurait été inutile de vous en faire pour moi. 
    Comme j'avais pu vous en informer, vous saviez mon cousin à mes côtés, et il n'est pas meilleure personne que lui pour me veiller. 
    Votre bienveillance me touche, mais puissiez-vous être rassuré, comme de l'être concernant le voyage entreprit. 
    Les premières nuits nous furent clémente, ne nous accablant que de la fraîcheur hivernale qui semblent vouloir persister, mais là encore, nous sommes voyageurs parés et habitués aux grands froids. Auriez-vous oublié que c'est le Danemark qui m'a vu grandir et ce, durant plusieurs années ? 

    C'est donc sans soucis que nous avons rejoint la Bretagne. 
    Fougères, une ville qui en soit, me fait un peu penser à celle de Bayeux, aussi triste puisse t-elle être. Dommage qu'il n'y ai point de Corsaire qui cette fois, soit là de pouvoir me narrer ses exploits. Ceci dit, je compte sur vous pour qu'un jour chose se fasse. 

    J'espère qu'en ce jour vous vous portez bien, aussi bien qu'au soir où nos chemins se sont séparés. Et je ne doute pas que vous ayez, dans cette triste ville où vous êtes, trouvé bonne occupations qui vous fasse croire le temps moins long. Qu'en est-il de vos entraînements ? Parvenez-vous vous y consacrer à nouveau ? Difficile d'imaginer le contraire. 

    Pensez cependant à prendre soin de vous, et portez moi de vos nouvelles à votre guise. Il me fera toujours plaisir de vous lire. 

    Briana MacCord. 



    Mihawk ne pu lire toute la lettre que les bandits revinrent à la charge, voulant en profiter. Il sortit d'une main son grand sabre noir de son dos pour parer les prochains coups. Il s'agissait vraiment d'adversaires inexpérimentés d'après lui. Il parvint aisément à parer chaque coup avec son grand sabre tout en lisant lentement le courrier qu'il avait reçu. Puis tout à coup, il décida d'attaquer pour en finir au plus vite et lire tranquillement. Il brisa le sabre d'un de ses adversaire et désarma l'autre avant de leur causer quelques entailles au niveaux des cuisses et des genoux. Rien de bien méchant, ils auront juste du mal à marcher pendant quelques jours. Le dernier qui se battait contre le vieil homme décidé de prendre la fuite.

      - Espèce de lâche, tu as peur de quelqu'un qui doit avoir plus du double de ton âge !

      Bien joué Mihawk !


      - Pourrions nous rentrer au plus vite je vous prie ? Ma plume m'attend...

    Sans en rajouter, il reprirent la route un peu plus rapidement...

    Une fois de retour à Bayeux, le vieil homme proposa au corsaire de régler son escorte, chose que l'escrimeur refusa. Il préférait qu'on le paie si une prime était attribué sur un ennemi. Ce serait les régnant qui paieraint. Il n'avait aucune envie de prendre l'argent d'un pauvre paysan ou d'un ami. Il prit le chemin de sa grande maison pour reprendre sa plume, après s'être assit derrière un soupire.


    Alexandre Giffard a écrit:
    Faict à Bayeux, 
    le dix-septième jour du mois de Février 1461. 

    Pour vous Briana,

    Pardonnez le retard de cette réponse qui aurait dû partir plus tôt si j'avais été chez moi et surtout si je n'avais point reçu votre missive au beau milieu d'un combat contre un petit groupe de brigands. N'ayez crainte, personne n'a été blessé de notre côté, les brigands ont quant à eux soit prit la fuite, soit fait un somme sur les chemins poussièreux entre Bayeux et Lisieux.
    Je suis des plus heureux de les avoir croisé plutôt que vous lorsque vous êtes partis.

    Je reconnais en effet m'être fait quelque peu du soucis pour vous et votre cousin, on ne puis savoir à l'avance ce qui nous attends sur les routes, j'en suis la preuve ce jour ci. Je suis content de savoir que ni la route ni le froids ne vous aient causé de problèmes depuis votre départ. Vous n'avez sans doute point de Corsaire pour vous compter ses péripéties sur place mais sachez que je continuerai d'y remédier à l'aide de ces courriers que je vous envois. Et je ne suis sûrement pas contre le fait de vous en narrer encore en personne.

    Tout se passe pour le mieux de mon côté, les précédentes nuits j'ai du m'entraîner, faute de ne point avoir pu dormir, je me prépare pour les différents duels à venir. Le temps est certes long, mais plus il est long et plus je pourrai en profiter pour m'expérimenter dans ma voie, bien qu'un peu de changement serait agréable comme il le fut lorsque vous étiez présente à Bayeux. Cependant il va peut être bientôt falloir que je réduise mes heures car j'ai observer la difficultés avec laquelle les villageois avaient du mal à vivre à Bayeux. J'ai décidé de me présenter aux municipales, le temps de pouvoir rétablir un peu la situation dans le village. Je vous tiendrai au courant des résultats lorsqu'ils tomberont dans trois jours.

    J'espère que votre voyage continu de bien se dérouler, je ne connais pas bien votre destination mais tant que le voyage se passe bien et que vous êtes contente de le réaliser avec votre cousin, c'est tout ce qu'il y a à retenir. Les Normands n'aiment pas tous la Bretagne mais je sais que la plupart de ses habitants sont des gens sympathiques.

    Continuez à prendre soin de vous, puisse Dieu veiller sur vous au cours de votre voyage.

    Alexandre Giffard.



    Enroulant avec soin le petit bout de parchemin, il glissa ce dernier dans l'étui qui avait vu passé deux de ses confrères auparavant. Tenant fermement l'étui dans sa main avant de l'attacher au dessus des serres de son faucon, il se demandait encore jusqu'où Briana et son cousin allaient voyager. Peu importe la distance, s'il la revoyait un jour, seul le but de son voyage comptera.

_________________

















Briana.
      [ Fougères - Ou quand plus rien ne va... ]


Remise à sa complète solitude, c'est sur un profond soupir qu'elle laissa lourdement se refermer la porte d'une taverne qu'elle s'était enfin décidée à quitter, marchant sur les talons d'une jeune femme qui venait précédemment d'en sortir.

Ce matin, la journée s'annonçait plus ensoleillée qu'à l'accoutumée, apportant petit lot de chaleur venu caresser les contours d'un visage encore marqué par la fatigue dû à un cumul de nuits trop agitées. Dans ses cheveux défaits, retenus par la capuche d'une lourde cape, la brise venue s'y engouffrer amenait à son nez des relans d'odeur d'alcool et de fumée qui lui montait progressivement au coeur. Un malaise qui l'obligea à s'arrêter quelques instants au beau milieu de la ruelle où elle se trouvait, le temps d'inspirer deux ou trois fois l'air frais du dehors qui lui parut délicieux et de calmer les ressacs de son estomac qui n'avait d'autres envie que de rejeter le contenu d'un petit déjeuné à peine digéré.
Au dégoût de l'avoir quitté, elle reprit sa marche faisant direction vers les extérieurs de la ville avec la folle envie de rejoindre les vergers. Envie qui nécessita un bref passage par le marché afin de s'approvisionner de quelques denrées dont elle pourrait se nourrir dès lors que la faim s'installerait. Aujourd'hui serait une journée où elle ne ferait que flâner, profitant de toute la quiétude que lui offrirait Dame nature pour se décider sur un avenir dont les desseins s'annonçaient plus qu'incertains...

Rapidement, les premiers sentiers furent empruntés, prêt à la conduire sous la cime des arbres qui accueillaient encore une légère brume. Au loin, quelques rires et cris s'élevaient témoignant qu'elle ne serait pas seule ce jour à venir profiter de l'endroit, mais avant de songer à se mêler aux quelques personnes dont les silhouettes se dessinaient, pour certaines, haut perché dans les arbres, elle irait se rafraîchir un peu au bord d'un ruisseau qui s'écoulait non loin.
Une dernière branche fut écartée, et voilà que la jeune donzelle se trouvait pieds sur la rive.

Sur ses épaules, châle noir, de bonne facture, mais usé par le temps. Elle s'en défit, le plia en deux avant de l'étaler sur le sol et de venir y poser les genoux, corps penché au dessus de l'eau, prenant un instant pour contempler le reflet que lui renvoyait le petit lit d'eau. Une image écorchée par les remous causés par un léger courant.
Quelques secondes à peine s'écoulèrent avant que la main ne vienne se servir d'un peu d'eau fraîche et ne soit portée à sa bouche, s'en désaltérant ainsi de quelques gorgées. Main finissant de s'emplir pour venir asperger sans hésitation le visage qui s'offrait avec l'espoir d'en vivifier un peu les traits.

Quelques pas pour un léger retrait, étoffe laineuse en mains.
Son dos venant trouver appui contre l'écorce d'un vieux tronc d'arbre aux allures décharnées, la jeune femme se laissa choir sur un épais tapis de mousse. La tête légèrement rejetée en arrière, gorge offerte au souffle d'un vent léger, elle inspira, puis expira profondément, ravie d'avoir trouver son aise.
Autour d'elle l'unique bruit de l'eau qui suivait son cours et le bruit d'une brise qui secouait les branchages qui s'étalaient, se mêlant les uns aux autres, tout juste au dessus de sa tête. Un bruit, léger... si apaisant qu'elle céda rapidement à son invitation de s'évader quelques instant, paupières clauses, dans quelques dernières pensées.

Les premières, allèrent tout droit vers son cousin. Lui, qui était là sans l'être désormais. Lui à qui elle cherchait désespérément à se raccrocher, alors même que le mieux à faire, était peut-être de parvenir à s'en défaire. Mais voilà qui s'avérait plus simple à penser, ou à dire, plutôt qu'à faire. L'ampleur des sentiments s'entêtait à lui faire entendre que sans lui à ses côtés, ne demeurait plus rien que le vide... Un vide auquel, pourtant, à l'entendre, elle devrait tenter de s'habituer. Aussi devrait-elle prendre sur elle pour faire avec et si tant est qu'elle s'en éloigne, elle espérait ne pas avoir à apprendre le pire...

La seconde pensée s'en alla vers celle qu'elle n'avait pas vu depuis trop longtemps. Karyaan. Le Maine n'était plus si loin et l'envie qu'elle avait sur l'instant de rejoindre ces terres se faisait grandissante. Il n'était pas un jour où elle ne pensait pas y retourner. Serait- ce l'endroit idéale pour qu'elle parvienne à se ressourcer ? Si elle se décidait à y aller, peut-être aurait-elle réponse à cette question qui la taraudait...

Puis une troisième pensée, qui cette fois, s'envola vers Bayeux et le souvenir d'un jour. Souvenir d'une rencontre avec un Corsaire. D'une rencontre appréciable... D'un apprentissage de l'autre par le biais de quelques courriers que l'on s'envoyait de façon mutuelle. D'y songer l'avait poussé à engouffrer ses mains sous le cuir de sa besace. A l'intérieur une dernière lettre reçue la veille et à laquelle elle allait s'appliquer à répondre. Un instant d'évasion qui lui ferait du bien...



Citation:



Faict à Fougères,
Le 18ème jour de février 1461.

Alexandre,
Valeureux Corsaire,

J'espère qu'à réception de cette lettre vous serez parfaitement remis de vos dernières émotions. Soulagée je suis d'apprendre que le combat auquel vous avez du faire face vous ait laissé debout sans que vous n'ayez à déplorer aucune blessure. Je n'ai pas de mal à vous imaginer homme vaillant et au vue des quelques récits dont vous m'aviez fait part quant à vos longues heures d'entraînement, j'ai encore moins de mal à imaginer vos assaillants en train de fuir, à grandes enjambées, après avoir devinés ce qu'ils encouraient à devoir vous faire face.
Peut-être ne vous l'ai-je point encore dit, mais vous me faites penser à quelqu'un, mon cousin, en personne, à l'égard de qui je ne tarirai jamais d'éloges, surtout en ce qui concerne sa bravoure.

Comme j'aurai aimé que vous puissiez le rencontrer, mais ces derniers temps, il ne daigne plus se montrer, préférant s'isoler. La situation m'accable, me fais peur. N'avez-vous jamais ressenti ce qu'on éprouve lorsqu'on s'apprête à perdre quelqu'un à qui l'on tient plus que tout ? C'est ce que je ressens en ce moment même. A l'instant où j'essaie, vous écrivant, de trouver un peu d'apaisement en mon coeur qui semble se fissurer d'heures en heures.
Pourquoi donc la souffrance ne daigne t-elle pas me quitter ? Devrai-je subir ces affres toute ma vie durant ? Vivre continuellement avec cette terrible sensation d'être abandonnée par tous ceux que j'ai aimé ?

Puissiez-vous me pardonner de me lamenter ainsi et permettez à ma plume de se rattraper, notamment en venant vous apporter mon soutien quant aux élections pour lesquelles vous vous présentez. C'est tout à votre honneur de vouloir venir en aide à la population de Bayeux. Je note donc que si vous veniez à être élu dans les jours à venir, il me faudrait attendre fin de votre mandat avant d'avoir une chance que nos chemins se recroisent enfin. Cela dit, je saurai être patiente.

Quant à ces duels dont vous faites états ? Y en a t-ils qui soient déjà prévus ? J'ose espérer que vous ne manqueriez pas m'en tenir informer. Je compte sur vous.

Sur ces dernières lignes, je m'en vais vous laisser. Il me reste encore à faire avant de finalement mettre un terme à mon séjour sur Fougères. J'envisage reprendre la route ce soir, et ce même si je viens à rester sans nouvelles de la part de mon cousin. Je suis désormais bien assez grande pour voyager seule et je compte bien rejoindre le Maine et faire surprise à ma Marraine de ma venue au Mans.

Portez-vous bien cher Corsaire.

Briana MacCord.



Dernière lecture avant de remettre ses mots à l'intérieur de la petite colonne d'acier. Relevée, ses jupes remises en état de quelques passages du plat de la main, elle regagna rapidement l'entrée du village avec pour ferme intention de faire parvenir son message à qui de droit. Chose faite, il n'était au final plus question de se prélasser. N'avait alors fallut que le temps du chemin parcouru et le songe de quelques mots écrit pour la convaincre qu'il était temps pour elle de continuer son chemin. C'est sa chambre qui l'accueillerait alors, le temps de rassembler ses quelques affaires et de rédiger un mot pour son cousin, juste pour qu'il sache et qu'il puisse, s'il le voulait, la retrouver là où elle serait.
Mihawk



        [ Bayeux ]

    Serait-ce un jour décisif ? Des choses allaient elles changer ? S'améliorer ou encore empirer ? Allait il faire quelque chose de très important ou quelque chose de normal comme disent les hommes honnêtes ou les hypocrites en quête d'éloge ? Pour lui, il n'allait rien faire de spécial, il allait juste contribué pour le bon état du village et le bon développement de ses habitants. Pourquoi allait il faire cela ? Peut-être lui avait-on demandé ou alors on lui avait proposé... Il avait apprit en personne que le maire en place allait démissionner de son propre gré. Pourquoi il n'en savait trop rien, et cela ne le tourmentait pas particulièrement. Cependant, si personne ne prenait sa place, lui aussi aurait du mal à vivre en ce lieu, qu'il pourrait tout aussi bien quitté. Au final il avait décidé de remplacer la mairesse démissionnaire, dans le but de donner à tout le monde ce qu'ils méritent, ainsi qu'à lui même. Il avait deux champs de maïs, le marché était vide. Il ne pouvait pas manger la récolte de ses champs en regardant les villageois réclamer du pain devant les étales des rues commerçantes. C'était donc pour le bien de tous et pour son bien aussi qu'il avait choisi de se sacrifier pour entretenir la mairie. Sacrifier des heures d'entraînements, des heures de détentes. Il se demandait s'il allait tenir longtemps.

    Ce matin là, c'est d'un pas décidé qu'il s'avançait vers la mairie, près à en prendre le contrôle, légitimement, bien entendu. Il n'était pas comme tous ses barbares qui arrachent la mairie de la main de leur maire ou qui se révolte reprenne le pouvoir sans autorisation. La pauvre mairie avait traverser quelques problèmes depuis la semaine dernière. Elle fut inoccupée, puis reprise puis reprise à nouveau... On lui confia les clefs de la dite mairie, la précédente occupante prit le large, sans doute serait elle mêlé à un procès concernant ses actes illégitimes.

    Le corsaire prit soin de visiter les lieux. Il regardait un peu partout pour mémoriser les lieux et les enregistrer dans sa mémoire rapidement, pour ne pas trop traîner. Arrivant au coffre relativement dissimulé dans la grande bâtisse, il fit le compte pour voir si rien ne manquait en particulier depuis la dernière fois que la mairie avait eu un rapport. Tout avait l'air normal, bien qu'il n'était pas très optimiste par rapport au contenu du coffre. Il se dirigea ensuite vers les stocks afin de voir les denrées qu'il y avait. Il ne resta pas longtemps dans le petit entrepôt puisqu'il n'y avait quasiment rien. Sa main vint se poser sur son front, l'air de se dire ce qu'il faisait ici, dans quoi il s'était embarqué.

    Il prit place dans le bureau, fermant la porte, s’asseyant sur le siège peu confortable. Un faucon vint frapper du bec à la fenêtre. Le corsaire se leva, il savait à quoi s'attendre et un léger sourire se dessina sur son visage. C'était sans doute la chose qu'il allait préféré dans sa journée. Un petit étui contenant un vélin était attaché à la patte du faucon. Il détacha l'étui avec soin avant de l'ouvrir et d'y découvrir le message tant attendu.



    Briana MacCord a écrit:
    Faict à Fougères,
    Le 18ème jour de février 1461. 

    Alexandre,
    Valeureux Corsaire,

    J'espère qu'à réception de cette lettre vous serez parfaitement remis de vos dernières émotions. Soulagée je suis d'apprendre que le combat auquel vous avez du faire face vous ait laissé debout sans que vous n'ayez à déplorer aucune blessure. Je n'ai pas de mal à vous imaginer homme vaillant et au vue des quelques récits dont vous m'aviez part quant à vos longues heures d'entraînement, j'ai encore moins de mal à imaginer vos assaillants en train de fuir, à grandes enjambées, après avoir devinés ce qu'ils encouraient à devoir vous faire face. 
    Peut-être ne vous l'ai-je point encore dit, mais vous me faites penser à quelqu'un, mon cousin, en personne, à l'égard de qui je ne tarirai jamais d'éloges, surtout en ce qui concerne sa bravoure. 

    Comme j'aurai aimé que vous puissiez le rencontrer, mais ces derniers temps, il ne daigne plus se montrer, préférant s'isoler. La situation m'accable, me fais peur. N'avez-vous jamais ressenti ce qu'on éprouve lorsqu'on s'apprête à perdre quelqu'un à qui l'on tient plus que tout ? C'est ce que je ressens en ce moment même. A l'instant où j'essaie, vous écrivant, de trouver un peu d'apaisement en mon coeur qui semble se fissurer d'heures en heures. 
    Pourquoi donc la souffrance ne daigne t-elle pas me quitter ? Devrai-je subir ces affres toute ma vie durant ? Vivre continuellement avec cette terrible sensation d'être abandonnée par tous ceux que j'ai aimé ? 

    Puissiez-vous me pardonner de me lamenter ainsi et permettez à ma plume de se rattraper, notamment en venant vous apporter mon soutien quant aux élections pour lesquelles vous vous présentez. C'est tout à votre honneur de vouloir venir en aide à la population de Bayeux. Je note donc que si vous veniez à être élu dans les jours à venir, il me faudrait attendre fin de votre mandat avant d'avoir une chance que nos chemins se recroisent enfin. Cela dit, je saurai être patiente.

    Quant à ces duels dont vous faites états ? Y en a t-ils qui soient déjà prévus ? J'ose espérer que vous ne manqueriez pas m'en tenir informer. Je compte sur vous. 

    Sur ces dernières lignes, je m'en vais vous laisser. Il me reste encore à faire avant de finalement mettre un terme à mon séjour sur Fougères. J'envisage reprendre la route ce soir, et ce même si je viens à rester sans nouvelles de la part de mon cousin. Je suis désormais bien assez grande pour voyager seule et je compte bien rejoindre le Maine et faire surprise à ma Marraine de ma venue au Mans. 

    Portez-vous bien cher Corsaire.

    Briana MacCord.


    Après lecture et relecture, le corsaire au grand chapeau s'empara d'un autre parchemin vierge qu'il plaqua bien à plat sur le bureau. Ce n'est pas l'encre qu'il manquait ici, il y avait un dizaine d'encrier sur le bureau dont une partie qui était vide. L'homme au chapeau prit délicatement une plume qu'il trempa dans l'encre. Il ne savait pas vraiment par ou commencer, sa correspondante semblait triste, elle ne savait pas quoi penser, mais surtout, elle comptait prendre la route seule, sans son cousin qui jusque là veillait sur elle lors de leur voyage et de leurs haltes dans les différents villages. Il n'avait pas eu suffisamment de détail sur la situation du dit cousin, il ne savait pas si quelque chose de grave était ou allait arriver. Il fera en sorte que sa lettre soit agréable à lire, afin qu'elle soit plus rassurée, plus souriante, qu'elle se sente moins seul. Il était une présence lointaine, il se demandait si elle ressentait la même présence qu'il ressent lui, pour elle. Il avait à la fois l'impression de ressentir une présence lointaine et proche, comme si elle était là, non loin, à lui lire sa lettre à vive voix, voix douce qui avait su le réveiller et le sortir de ses rêves d'escrimeurs, même si la voie du sabre est toujours une priorité pour lui.
    Quoiqu'il en soit, quelque chose l'avait changé, quelque chose qui rendait la jeune femme unique et exceptionnelle, pouvoir changer le comportement d'un impassible et indifférent homme, cela n'était pas chose faite. Elle avait sans doute un pouvoir sur lui, un pouvoir passif et invisible qui l'aveuglait, avec joie.
    Le bout de la plus se posa sur le parchemin avant de glisser pour dessiner et illustrer des lettres formant des mots formant des phrases formant une lettre dont le contenu venait du coeur.



    Alexandre Giffard a écrit:
    Faict à Bayeux, 
    le dix-neuvième jour du mois de Février 1461. 

    Pour vous Briana,

    C'est du bureau de la mairie de Bayeux que je vous écris ce jour ci pour vous réconforté et vous conter mes pensées à votre égard. J'ai ce matin investi la mairie de Bayeux suite à une troisième et dernière révolte qui fut cette fois ci la bonne. Tout s'est déroulé dans le calme le plus complet et la mairie n'est pas en trop mauvais état, bien que je déplore des stocks un peu bas et un marché bien trop pauvre. Les élections prendront fin dans deux jours, peut être que cette fois ci ce sera les habitants et non la politique qui me permettra de rester à la mairie.
    Croyez moi, je suis heureux de pouvoir apporter mon aide aux habitants mais je suis également dévasté à l'idée de vous savoir loin et seule. Si j'avais su, je n'aurai point proposé mon aide et serai venu à vos côtés pour vous mener n'importe ou en toute sécurité.
    Je ne sais combien de temps je resterai en cette mairie, j'espère juste pouvoir réaliser ce que je veux pour ensuite pouvoir vous revenir aussi rapidement que possible.

    Ne vous en faites pas pour le malheureux incident qui n'a causé de dommages à personnes, comme je vous l'ai dit, les seuls qui ont subit quoique ce soit sont les assaillants eux mêmes. J'aurai moi aussi aimé rencontrer votre cousin dont vous me parler tant, il semble tellement compter à vos yeux, il est assurément une personne respectable et honorable. J'ai déjà ressentit la peur de perdre une personne, même si cela fait bien longtemps, quand je n'étais encore qu'un enfant, j'arrive à m'en souvenir. Mais n'ayez crainte, je suis sûr que tout s'arrangera et si jamais, par mégarde ce moment ne vient, vous ne souffrirez point toute votre vie, car dès que je le pourrai, je vous rejoindrai, pour vous consoler et vous protéger. Et pendant ce temps, je continuerai de vous transmettre ma compagnie par ces missives que je prends soin de rédiger.

    Concernant mes duels, disons qu'ils ne sont point vraiment organisé. La plupart des escrimeur qui viennent me mettre au défi arrive à tout hasard. J'aurai pu recevoir un sabreur pendant que j’écrivais cette lettre ou même pendant l'incident d'hier sur les routes entre Lisieux et Bayeux. Et bien évidemment, vous pouvez compter sur moi pour vous tenir informer de ces duels, tout comme pour les élections.

    Vous savoir seule sur les routes ne me rassure point. Non pas que je vous trouve fragile mais le fait est que j'aurai préféré me situer à vos côtés afin de vous veiller. Mes faucons veilleront sur vous au cours de vos voyages.

    Que Dieu vous garde chère Briana.

    Chaleureusement,
    Alexandre Giffard.



    Une nouvelle lettre dans un même étui qui ne cesse ses aller-retour entre la Normandie et une destination la plus proche de la charmante demoiselle. Le faucon aussitôt arrivé fut aussitôt repartit, pour compenser le retard de ses précédentes lettres.

_________________










Briana.
    [ Le Mans - Destination finale ]


" Enfin ! "

Un mot précédent un soupir.

Soulagée, exténuée, le Mans est rejoint après plusieurs jours de ce qui lui aura parût être un interminable voyage.
Les haltes n'avaient pourtant pas été fréquentes, histoire de ne pas trop s'attarder sur les routes, surtout dès lors qu'elle avait du faire cavalier seule.
Depuis qu'elle avait quitté Fougères, tout juste un peu de temps avait été perdu entre Laval et Mayenne lorsque, pour plus de sécurité, elle avait du attendre d'être rejoint par un convoi ducal à qui elle avait remit avec grand soin l'ensemble de ses vivres et une bourse contenant le reste d'écus dont elle disposait. Modeste pécule, certains le dirait. Mais une bourse qui aurait largement suffit et su contenter le premier faquin désireux de l'en soulager. Seul risque qu'elle aurait pu déplorer alors, qu'on s'en prenne à sa personne, mais par chance, nulle mauvaise rencontre n'était venue nuire à la fin de son périple.


Et il n'y avait bien que la fatigue, en cette heure, qui puisse désormais avoir raison d'elle.


Ingénieuse aurait été l'idée de prendre directement les sentiers conduisant au domaine de Beaumont. Si Karyaan n'avait été là, elle savait qu'elle y trouverait assurément quelqu'un pour l'y recevoir. Cependant, le réflexe fut pour la jeune femme de pousser la porte d'une taverne qu'elle avait, lors de son dernier séjour sur la Capitale, prit l'habitude de fréquenter : "Les Mots à la Bouche".
Et comme un flash, alors même que la porte venait à peine de se refermer derrière elle d'une main qui l'avait retenue pour ne pas la faire claquer, les scènes d'antan se rappelaient à sa mémoire.

Cette place en bout de salle où elle avait été rejoindre tant de fois celle qu'elle avait toujours considérée comme une seconde mère. Et ce recoin dans lequel elle s'installait, parfois seule, parfois accompagnée, d'un Marmule, de Valdemar parti s'y loger... De Paul...

La nostalgie s'insinue, marque les traits, figeant les ourlets vermeilles qui font ses lèvres sur un sourire.
Nouveau soupir et un retour au présent.

Il est maintenant une chaise qui se tire sur laquelle elle se laisse choir de tout son poids.
Un salut est adressé à qui s'occupe de l'endroit en la matinée. Un regard échangé, le visage est méconnu.
Dans l'escarcelle qu'elle porte à sa ceinture ne reste que quelques deniers qui viennent sitôt tinter sur un coin de la table derrière laquelle elle s'est installée. Tout juste assez pour s'abreuver d'une boisson susceptible de la réchauffer. Une tisane dont elle ne saurait raffoler, mais parfois, il fallait savoir se contenter du peu.
Faire avec en attendant que lui soit restituer son dû.


Et pour cela il avait fallu à l'encre de couler et de venir marquer le vélin. Dans sa lancée, un mot pour annoncer à sa Marraine qu'elle était enfin arrivée et pour terminer, une dernière correspondance à faire partir... Pour rassurer...

Citation:




Le Mans,
Faict au 22ème jour de Février 1461,

A vous,
Alexandre Giffard,


Puisse cette missive vous trouver rapidement et par la même occasion vous soulager si tant est que vous vous fassiez toujours du mouron pour moi. Je sais à quel point les silences peuvent causer du souci pour qui se fait désireux de recevoir des nouvelles et j’espère vivement que ce silence rompu saura vous apporter satisfaction et mettre un terme à vos probables inquiétudes.

J’espère que vous allez bien depuis votre dernier écrit. J’imagine aussi que les résultats des élections que vous attendiez sont à présent rendus publics. Qu’en est-il alors ? Avez-vous dû rendre place prise au cours d’une énième révolte ? Ou bien les villageois de Bayeux vous auront-ils accordé leur confiance en vous désignant Maire par le vote ?
Si jamais tel était le cas, je ne doute pas que vous ayez alors fort à faire pour tenter de redresser la barre. Mais n’est-ce pas habituel pour vous, cher Corsaire ?
Quelque chose m’invite à ne pas m’inquiéter et encore moins à douter des compétences qui sont vostre.

Pour ce qui me concerne, et les dernières nouvelles que j’ai à vous porter, ce jour m’a vu franchir les portes du Mans. Enfin ! Et c’est sans soucis que j’y suis parvenue. Une chance vous en conviendrez, après que j’ai du faire route sans mon cousin à mes côtés.

Il me tarde à présent de pouvoir retrouver ma Marraine ainsi que les gens de Beaumont s/ Sarthe.
De pouvoir trouver ce confort et le repos dont mon corps est en perpétuel demande.
Il n’est pas de voyage qui m’est un jour plus épuisée que celui-ci, tant physiquement que moralement.
Cette halte ici va me faire le plus grand bien, j’en suis certaine.

Il me faut laisser la plume à présent, exténuée que je puis être.
Portez-vous bien.

Au plaisir de vous lire,

Briana MacCord.


Un dernier mot... Rien de plus qu'une griffe faite à l'encre sur le vélin soigneusement plié pour que sitôt découvert son destinataire sache de qui il provenait.
Dernière gorgée soustraite à une tisane froide qui ne manqua pas laisser en la bouche de la MacCord un goût amer.
Un salut pour qui se trouvait là avant que la porte de la taverne ne se referme.
Restait à faire partir ses divers courriers avant d'avoir enfin la chance de pouvoir aller trouver un repos on ne peut plus mérité.
Mihawk



        [ Bayeux ]

    Le silence, il en avait bien besoin et il n'allait sûrement pas s'en plaindre. Quoi de mieux que de rester cloîtré toute la journée entre quatre murs poussiéreux à l'abri de toute chose qui pourrait réjouir ou éblouir ? Bien des choses croyez moi, le corsaire ne serait sûrement pas le premier à le dire. S'il était au moins sur un bateau pour sentir le soulèvement causé par les vagues contre la coque, il pourrait éventuellement trouvé cela appréciable, de remplir des formulaires, faire des comptes, proposer des contrats, envoyer balader des membres du conseil ou d'autres maire. Mais là il n'y avait rien, rien qui ne le rattachait à un peu de vie, juste un plume et un parchemin qui quittait de temps à autres la mairie pour rejoindre celle qui occupait quelque peu ses pensées. Le problème, c'est qu'il ne voyait plus que ça, des plumes et des parchemins, et Dieu sait qu'il y en avait un qu'il préférait de tous les autres. Mais il fallait que quelqu'un soit là pour cette fichue mairie qui finalement, l'emprisonnait.
    Il avait décidé lui même de son sort, mais ça, c'était avant une certaine rencontre, et maintenant, il s'ennuyait un peu. Non pas qu'il regrettait, mais il aurait préféré que tout cela se passe autrement, ou alors à un autre moment. Il n'arrivait pas toujours à réfléchir, ses pensées divergeaient souvent vers le Maine un peu plus au sud, heureusement que ce n'était pas plus loin, non pas qu'il ne serait capable de voyager longtemps pour l'y retrouver mais parce qu'il se sentait plus proche. Ce qui est un privilège quand on connait le corsaire, son indifférence et son comportement impassible et austère on fait de lui quelqu'un à qui on fiche la paix. Et il se sentait très bien ainsi, personne ne venait pour le déranger dans ses entraînements, puis il était au calme. On ne lui disait jamais de faire ceci ou cela, son indépendance et sa liberté sont ce qu'il a de plus cher. Mais son indépendance serait-elle actuellement en danger ? Devenait il dépendant de quelque chose ? De la mairie ?
    Non pas de la mairie, ne soyez pas insultant... Il sentait un manque qu'il n'avait jamais ressenti jusque là, mais que voulait il exactement, il ne le savait pas lui même. Quand nous sommes prit de court, nous avons parfois du mal à nous rendre compte de ce qui est le plus important à nos yeux. Il n'avait pas perdu de vue son entraînement, ni même ces beaux cheveux blonds venus lui apporter un courant d'air chaud durant cette période de grand froid. Il se fichait presque de la mairie, mais il ne pouvait pas quitter sa fonction de maire maintenant. Il fallait faire avec, et le temps est un ennemi parmi les plus coriaces... La patience est une vertu qu'il est difficile de consoler.


    Depuis que maire il avait été élu, bien moins de temps il lui restait pour s'entraîner. Cela lui valait de reporter ses passes d'armes durant la nuit, ne dormant que trop peu d'heures à chaque fois. Mais l'habitude faisait qu'il ne se sentait pas si mal que ça, il avait l'air même très en forme. Mais il aura un jour besoin de rattraper ses heures de retard pour aspirer à un sommeil réparateur. Le jeune corsaire en avait marre de la paperasse. Tout cela pour voir en plus que les habitants ne payaient que deux tiers des impôts ducaux. La mairie perdait de l'argent parce que le duché est un escroc. Les mairie étaient même obligé d'élever les impôts à cause des mauvais payeur partisan de la fraude fiscale. Lui les avaient diminué un peu encore, il n'aurait peut être pas du, le marché n'était pas encore stable, chaque matin, quelqu’un venait rafler toute la marchandises qu'il mettait sur le marché. Pour quelle raison ? S'assurer qu'il aura à manger demain. Le problème, c'est que bien des gens ne pouvaient manger par sa faute...


    Ce matin il avait justement laissé du pain sur les étales municipaux pour la population. Il serait bien d'y faire un tour pour voir cette menace invisible de plus près. Le corsaire se leva de sa chaise qui commençait à lui causer quelques douleurs. Des heures assit sur une mauvaise chaise, ce n'était pas bon. Il préférait largement le siège de sa grande barque ou d'un navire. L'homme au chapeau quitta donc sa place pour laisser la pièce seule et quitter la mairie, il en avait bien besoin.


    Direction le marché, il fallait voir si tout se passait comme il fallait. Tout le monde avait le droit de manger, il y avait de la nourriture ajoutée chaque jour, ce n'était donc pas la peine de faire des réserve sous prétexte de prendre des précautions. Le maire était vêtu comme d’habitude, sa longue cape noir, son chapeau aux rebord large cachant souvent ses yeux, son grand sabre d'acier noir dans son dos, dont la garde dépassait au dessus de son chapeau sous la forme d'un grand crucifix. Certains villageois, les fantômes de Bayeux, venaient le saluer, il répondait la plupart du temps en inclinant son chapeau ou en faisant un signe de la tête avec un léger sourire presque indifférent. Il avait l'habituelle démarche parfaitement sûre, un pas décidé et un regard fixe vers l'avant. Il voyait tout de même autour de lui, son regard était à la fois partout et nulle part. C'était même sa principale faculté, de pouvoir tout examiner d'un regard, de connaître l'expérience d'un adversaire rien qu'en analysant sa posture avant un combat, ou alors de prédire une prochaine attaque.
    Le Corsaire suivait la route du marché quand il parvint aux étales municipaux. Prenant place sur un tonneau, attendant que quelque chose se passe, il leva le regard au ciel, se demandant quand arrivera la prochaine réponse de celle aux cheveux dorés. Le temps se faisait de plus en plus long en fonction du fait qu'elle s'éloignait de la Normandie. Peinait elle à lui écrire ? Ou simplement n'avait elle que trop peu de temps ? Il la savait fatiguée de son voyage, qu'elle avait du continuer seule, il s'en voulait de ne pas avoir pu la suivre, sur la route, tout peut arriver, avec ou sans bourse. Il espérait qu'elle était arrivé à destination, en un seul morceau, sans avoir rencontré de problème en route. Il baissa la tête afin de regarde le sol de pavés. Ses sourcils toujours froncés, comme toujours, pensif.
    Tout à coup, un homme approcha avec quelques "acolytes" et une charrette. Il détourna les yeux du sol pour les fixer sur le petit groupe, sans même bouger la tête, les bras croisés, assit sur son tonneau. Il ne les connaissait pas, on dirait que ce n'était même pas des habitants de Bayeux. Mais en tout cas, ils avaient tous l'air de savoir où ils allaient. Ses yeux de faucons se focalisèrent sur eux, observant de loin, prêt à intervenir, et gardant toujours une perception du reste du monde qui se trouvait autour de lui. Comment le surprendre ? Est-il seulement possible de l'envisager...



      - Bon on fait comme d'habitude, on embarque le tout ! Voilà le paiement !

    L'homme qui semblait être le chef du groupe envoya une bourse pleine contenant sans doute de quoi acheter tout l'étale de pain destiné aux villageois de Bayeux et gens de passage. Pourquoi devrait il tout avoir alors que d'autres travaillait pour gagner tout juste ce qu'il faut pour acheter à manger en fin de journée ? Parce qu'il avait de l'argent ? Premier arrivé premier servi ? Alors là, le Corsaire n'était pas content du tout, il tentait de redresser la situation qui était critique pour qu'un gros plein de fric vienne tout démolir ? En vrai, le problème n'était pas que les villageois ne pouvait pas manger, pour lui. C'était que quelqu'un vienne casser tout le travail qu'il fournissait. Se levant de son tonneau, il se dirigea vers le groupe et les étales.

    Arrivant tout près de l'acheteur, il s'arrêta à côté de lui, le regardant de son regard perçant, les bras croisés.


      - Quoi qu'est-ce qu'il y a ? Un problème peut être ?

      - En effet.

    Un silence s'installa autour d'eux, on aurait dit une impasse.

      - Non mais t'es qui toi ? Hein ?

      - C'est le maire !


    Le corsaire regarda l'homme d'une manière intimidante. Ce dernier se recula un peu.

      - Reprenez votre argent, vous n'achèterez que le nécessaire pour vous nourrir au mieux jusqu'à demain. Et vous, évitez de tout vendre à une seule personne, d'autres ont aussi besoin de manger.

      - D'accord Messire le Maire.


    Pour une fois que cela ne dégénérait pas en duel ou combat féroce. La transaction se fit comme il fallait, sans problème ni abus, puis le maire repartit en direction de sa mairie, de sa forteresse où il passait son temps dans le donjon l'emprisonnant. Qu'est ce qu'il aimerait partir la retrouver. Sa présence chaleureuse lui était fort sympathique. Un faucon vint se poser sur son épaule, bousculant presque son chapeau retenu par la main du Corsaire. Une réponse, enfin. Il prit le petit mot du même étui. Il avait l'impression de sentir ses mains fraîches sur la paroi de l'étui. Il en sorti le parchemin pour le lire. Un peu de neige commençait à tomber, il fit en sorte de ne pas laisser le parchemin s’abîmer au contact des petit flocons.


    Briana MacCord a écrit:


    Le Mans, 
    Faict au 22ème jour de Février 1461, 

    A vous, 
    Alexandre Giffard, 


    Puisse cette missive vous trouver rapidement et par la même occasion vous soulager si tant est que vous vous fassiez toujours du mouron pour moi. Je sais à quel point les silences peuvent causer du souci pour qui se fait désireux de recevoir des nouvelles et j’espère vivement que ce silence rompu saura vous apporter satisfaction et mettre un terme à vos probables inquiétudes. 

    J’espère que vous allez bien depuis votre dernier écrit. J’imagine aussi que les résultats des élections que vous attendiez sont à présent rendus publics. Qu’en est-il alors ? Avez-vous dû rendre place prise au cours d’une énième révolte ? Ou bien les villageois de Bayeux vous auront-ils accordé leur confiance en vous désignant Maire par le vote ? 
    Si jamais tel était le cas, je ne doute pas que vous ayez alors fort à faire pour tenter de redresser la barre. Mais n’est-ce pas habituel pour vous, cher Corsaire ? 
    Quelque chose m’invite à ne pas m’inquiéter et encore moins à douter des compétences qui sont vostre. 

    Pour ce qui me concerne, et les dernières nouvelles que j’ai à vous porter, ce jour m’a vu franchir les portes du Mans. Enfin ! Et c’est sans soucis que j’y suis parvenue. Une chance vous en conviendrez, après que j’ai du faire route sans mon cousin à mes côtés. 

    Il me tarde à présent de pouvoir retrouver ma Marraine ainsi que les gens de Beaumont s/ Sarthe. 
    De pouvoir trouver ce confort et le repos dont mon corps est en perpétuel demande. 
    Il n’est pas de voyage qui m’est un jour plus épuisée que celui-ci, tant physiquement que moralement. 
    Cette halte ici va me faire le plus grand bien, j’en suis certaine. 

    Il me faut laisser la plume à présent, exténuée que je puis être. 
    Portez-vous bien. 

    Au plaisir de vous lire, 

    Briana MacCord. 


    Peu de choses s'étaient déroulés depuis le dernier courrier qu'il avait envoyé. Il avait été élu maire et avait commencé son travail.

    Mais peu importe, il trouvera toujours quelque chose à lui raconter, à lui transmettre, faut dire qu'elle l'inspirait quelque peu dans ses écrits. Il s'était même rendu compte qu'il croyait lui écrire une lettre en rédigeant certains documents administratifs à la mairie, ou en faisant des rapport... Il ne la connaissait que trop peu, il n'avait passé que trop peu de temps ensemble, pourtant, ses pensées s'envolaient souvent pour le Maine. Afin de veiller sur elle et sur ses pas.

    S'emparant d'un parchemin dans son bureau ainsi que d'une plume, il prit son temps avant de rédiger quelques mots.



    Alexandre Giffard a écrit:


    Faict à Bayeux, 
    le vingt-troisième jour du mois de Février 1461. 

    Pour vous Briana,

    C'est une nouvelle fois depuis le bureau de la Mairie de Bayeux que je vous écris ces mots avec joie d'avoir reçu de vos nouvelles. C'est heureux que je suis d'apprendre que votre voyage se déroule toujours aussi bien, malgré le fait que vous ayez perdu de vue votre cousin Osfrid. J'ai donc été élu par les habitants du village de Bayeux, j'en suis content et à la fois désolé. Désolé car j'aurai préféré vous rejoindre dans le Maine mais il est maintenant trop tard et je ne puis me désister en laissant la mairie qui se retrouvera seule pour la n-ième fois. J'ai donc commencer à rendre le village plus viable, le pain et le maïs sont tout le temps disponible maintenant, même si quelques villageois abusent en achetant plus que nécessaire pour faire des provisions. J'ai aujourd'hui même du faire comprendre à un étranger qu'il devait cesser de rafler les marchandises de notre marché. Aucune bataille n'a eut lieu cette fois ci et tant mieux, quelle image de maire je ferai passer aux habitants sinon...
    Cependant, je peine un peu plus à m'entraîner, je me retrouve avec beaucoup moins de temps dans la journée car beaucoup de négociations et de discussions sont à prévoir, pour le bon entretien du village qui s'en sort bien pour le moment. C'est pour cela que je prolonge mes journées durant mes nuits, pour ne pas prendre non plus trop de retard en ne m'entraînant pas du tout. Le retard sera ainsi facile à rattraper une fois mon mandat terminé. J'espère d'ailleurs que ce sera le seul, il serait dur d'attendre deux mois sans vous revoir.

    Je suis heureux de vous savoir au Mans, et surtout de savoir que vous êtes entourée de personne qui vous sont chères et qui sont de confiance, telle que votre marraine dont vous m'aviez parlé. Promettez moi de bien vous reposer auprès de vos proches et de vos amis, ce voyage a un effet du être éprouvant ces derniers jours. Je regrette seulement de ne point avoir pu vous apporter meilleure présence et meilleur réconfort que ces courriers soigneusement rédigés.

    J'ai reçu dernièrement une lettre de marque venant d'Angleterre. Un navire pirate se serait échappé lors d'une embuscade de la marine anglaise. Il semblerait que ce soit une frégate partiellement endommagée. Elle devrait normalement s'arrêter aux environs des ports Normands pour entamer des réparations et rénovations. Je vous tiendrai bien sûr informée des prochains évènements si toutefois quelque chose de spécial se passe.

    Je me sens déjà mal à l'idée de voir cette plume quitter ce parchemin pour en rejoindre un autre discutant sur les décret en rigueur dans notre village. Vous écrire est bien plus enrichissant et bien plus plaisant.

    Vous parlez d'une halte, cela voudrait-il dire que vous ne resterez point dans le Maine ?

    Prenez soin de vous et profiter du Mans pour reprendre des forces.

    Que Dieu vous garde Briana.

    Alexandre Giffard.



    Enroulant le parchemin maintenant orné d'une encre sèche, il le glissa dans le petit étui avant de le remettre au volatile. Il décida finalement de laisser le faucon se reposer un peu, s'occupant de lui et le nourrissant avec ce qu'il avait. Il attacha plus tard le courrier à la pattes du messager en plumes qu'il libéra pour le Maine.

_________________












Briana.
    [ Le Mans - Quand le hasard fait bien les choses ]




La réclusion, confinement qui s'était avéré nécessaire pour son bien-être.
Seul les murs du domaine de Beaumont l'avaient vu errer au cours de ces derniers jours, qu'il soit la nuit, le jour...
Perdue dans ces temps incontrôlables, elle n'avait eu de besoin que de sa solitude pour parvenir à se remettre de son dernier voyage, penser à ce cousin, entre autre, dont elle restait sans nouvelles depuis trop longtemps, craignant alors que le pire lui soit arrivé. Oser se projeter dans un avenir plus qu'incertain, ambitionnant même de voir quelques rêves devenir réalité...

De compagnie, elle n'avait su accepter que celle de sa Marraine et de Paul. A eux deux, ils étaient capable de lui apporter tout ce dont elle avait besoin : une présence : pour un partage, de rires et de pleurs, une oreille à l'écoute de confidences, où bien encore prête à boire de ses innombrables silences. Le réconfort : celui de bras entre lesquels il faisait toujours bon de se blottir.

Quelques jours passés loin de tout, et surtout, passés à ne rien faire. Un détachement auquel il lui avait tout de même fallu mettre un terme.
De contrainte à le faire, il n'y avait pas eu. C'est tout naturellement que la jeune MacCord avait remis le nez dehors, entamant ses journées aux côtés de Paul, entraînant ce dernier dans quelques escapades hors du Mans, tous deux juchés sur le dos de leurs chevaux. S'en suivait quelques passages en taverne avant d'aller vaquer à quelques occupations dans les divers quartiers de la Capitale, un peu de son temps consacré à la visite des dispensaires, puis un retour à Beaumont.

Les journées avaient de cela qu'elles se ressemblaient de plus en plus, s'écoulant tel un rituel auquel il n'aurait surtout pas fallut déroger. Mais vient toujours le moment où d'une rencontre, naît de nouvelles ambitions... Des rencontres qui vous redonnent de cette envie que l'on croyait disparue, qui vous permettent de vous projeter un peu plus, et ce pour votre plus grande joie.

Parce que le hasard fait parfois bien les choses.


Rencontre hasardeuse qui l'avait poussée à changer ce jour ses projets pré-établis. La porte de sa chambre s'était lourdement refermée après son entrée et une fois s'être débarrassé du poids de sa mante, elle avait rejoint avec un empressement certain l'arrière de son bureau. Table de travail où l'attendait déjà un style ainsi qu'un vélin, ce dernier prêt à recevoir de nouveaux mots.

Pointe trempée dans l'encrier, déjà les songes de Briana s'évadaient vers cette contrée désertée : la Normandie. Ses pensées pour Bayeux, mais pas que... Il était un Corsaire dont le visage et la silhouette venait de lui apparaître laissant naître à ses lèvres l'ébauche d'un sourire. Alexandre, pour qui serait destiné ce courrier.


Citation:




Le Mans,
Faict au 27ème jour de Février 1461,

Alexandre,
Cher Corsaire,

Cette missive, pour vous, venue vous apporter de mes nouvelles, mais également venue vous faire part d'une annonce, qui, je ne saurais en douter, saura retenir toute votre attention.
Comme je vous devine alors ampli d'une curiosité naissante. Et ne venez pas à penser le contraire mon cher, car qui ne le serait pas en pareil cas ? *sourire*

Mais avant d'assouvir celle-ci, laissez-moi vous apprendre que je me porte bien mieux que lors de mon arrivée en Maine. Les premiers jours furent pour moi difficile, mais merci, j'ai pu, grâce à de bonnes attentions prodiguées par les proches qui m'entourent, me remettre de cet assommant et fastidieux voyage. Quelques jours de repos et me revoilà aussi fraîche qu'au jour où nous nous sommes rencontrés, si ce n'est même davantage.

Il fait bon pour moi de retrouver mes habitudes perdues, le Mans et le monde que j'y avais laissé. Et à l'heure où je vous écris, mes envies me pousse à m'y installer. Le Mans est une citée fort agréable, où je trouve qu'il fait bon vivre et j'ai quelques projets qui se profilent à mon esprit et que je compte bien mener à terme.
Des projets dont je ne manquerai pas vous faire part dès lors que vous viendrez au Mans.
Puisse votre mandat se terminer bientôt et ne pas être trop épuisant dans sa gestion.
Il vous faut, ne l'oublier pas, vous consacrer à votre entraînement. En rien vous ne devez perdre de votre savoir-faire.
Comprenez là que je vous pousse à l'exercice, certes, mais pour une bonne raison. raison que je m'en viens vous donner de suite.

Ce jour j'ai fais la rencontre d'un homme. Rencontre hasardeuse, mais surtout troublante. Troublante en ce sens où, elle a permise à mes pensées de venir vous retrouver et ce à maintes reprises.

Mécène Louis de Castel Vilar, serait-ce un nom qui vous parle ? Si tel n'est pas le cas, sachez toutefois que ce dernier en connaît long sur vos facultés au combat. De fil en aiguille, la conversation s'approfondissant, il m'a fait part de son envie de chercher le duel contre les meilleurs épéistes qui soit. Pensez bien alors que ma prime pensée fut pour vous et qu'il ne m'en fallut pas davantage pour citer votre nom.
Cet homme n'a pas tarit d'éloge sur vous.
J'étais loin de me douter d'une telle popularité.

Aussi, m'a t-il dit être venu d'Armagnac dans le but de vous rencontrer. Point de visite de courtoisie vous vous en douterez. Il entend bien vous mettre au défi de vous battre.
Ainsi donc, l'idée m'est venue de vous faire annonce de ceci avec l'espoir de vous voir venir. Il n'est pas de défi que vous seriez refuser n'est ce pas ?
Comptez sur moi pour être aux premières loges et vous encourager.

C'est avec impatience qu'il me tarde de vous revoir, mais aussi de recevoir de vos nouvelles.
Prenez grand soin de vous cher Corsaire,

Au plaisir de vous lire bientôt,

Briana MacCord.



Sitôt sa rédaction terminée que telle une tornade la Blonde s'était levée, quittant sur le champs sa chambre, direction le pigeonnier du domaine. A ses côtés un Marmule et les yeux rivés vers le ciel, regardant le messager emplumée s'envoler à tire d'aile, songeait aux heures qu'il mettrait avant de parvenir jusqu'à Bayeux, jusqu'à trouver enfin les mains du Corsaire...
Mihawk



        [ Dans le verger de Bayeux ]

    Rare il était de trouver des fruits en ce moment. Le Corsaire faisait ce qu'il pouvait pour récolter un maximum de fruits dans le verger de Bayeux dans le but d'en faire profiter tout le monde, que ce soit les villageois de son village ou ceux des autres. Ce n'est pas qu'il se préoccupait des autres en particulièrement, c'est surtout une question de logique. Un village devait briller à l'aide de ses ressources naturelles. Quoi de mieux alors de monter une équipe pour cueillir des fruits au verger qu'il pourrait ensuite échanger contre du bois ou même du poisson ? Ses intentions étaient bonnes, on lui avait demandé de gérer une mairie alors il le faisait. Le plus dur restait néanmoins de trouver des gens et des volontaires pour contribuer à ce plan. Il proposait même un salaire supérieur à celui de la mine mais les gens ne prêtaient pas souvent attention aux courriers émanant de la mairie, c'était dommage. Remarque, il ne les lisaient jamais non plus. En tout cas, il y mettait du sien, et pour un mandat seulement. La politique Normande n'était pas du tout à son goût, d'ailleurs la politique ce n'était pas vraiment son truc.
    Mais il ne faisait qu'un mandat car il devait partir surtout, quitter la Normandie pour rejoindre un autre duché qui est celui du Maine. Il pensait à quelqu'un qui se trouvait la bas, une personne qui, après un voyage épuisant autant physiquement que moralement, avait su trouver des mots pour le faire sortir de sa bulle d'acier. Une bulle pourtant impénétrable jusqu'alors. Il appréciait beaucoup son innocence, sa gentillesse et son caractère. C'était une jeune femme très charmante qu'il n'avait vu qu'au cours d'une journée seulement. Cette journée signifiait beaucoup pour lui depuis qu'elle est arrivée. Elle avait suffit à leur faire désirer un contact par lettre, jour après jour pour s'échanger des nouvelles, parler de tout et de rien, se raconter leurs journées... Personne durant sa vie n'avait réussi à avoir autant d'intérêt à ses yeux, même s'il ne l'avait vu qu'une journée et qu'il avait échangé plusieurs courriers avec elle, il avait l'impression de la connaître depuis fort longtemps maintenant. Elle qui se trouvait si loin de lui maintenant, alors qu'il ne pouvait absolument pas bouger de la mairie. Il s'en voulait...
    Il cueillait les rare fruits visibles, pensant au visage de la belle blonde à chaque fruit trouvé. Il aurait aimé pouvoir lui envoyer de belle pommes. Mais ce genre de charge n'arrivait quasiment jamais à destination. Ou alors, elles arrivaient en mauvais état, la dernière chose qu'il voulait, c'était de lui envoyer des pommes pourries et pleine de vers, ce serait fort dommage en effet. Elle ne méritait pas cela, la pauvre. Un bon panier garni de belles pommes et autres fruits frais, voilà ce qu'il pourrait lui envoyer. Mais en ce moment avec toutes ses histoires de guerre et de laisser-passer, il se demandait si son chargement pourrait arriver à destination à temps. Ou même s'il arriverait, tout simplement. Tout était compliqué dans ce pays, ce n'était pas comme la mer. En mer, la liberté est si grande, si présente qu'on pouvait faire quasiment ce que l'on voulait. Les pirates en étaient la preuve même. Ils connaissent presque tout de la mer, ils ont un avantage sur la plupart des navires de commerce ou sur les escales. Il se demandait si la charmante blonde aimait la mer, s'il pourrait un jour l'y emmener sur un de ses navires, mais loin des batailles, c'est préférable...


    L'homme au chapeau ramassait les fruits qu'il faisait glisser dans un panier. Il lui arrivait parfois de brandir son grand sabre noir pour trancher une branche un peu trop haute, attrapant les fruits au vol et sans pour autant amputer l'arbre de ses qualités. Il respectait un peu la nature, quand on a connu la mer et ses désagrément, on voyait peut être les choses différemment. D'arbres en arbres, il remplissait plusieurs paniers. Il ne faisait pas très chaud, mais heureusement que quelques rayons de soleils s'affichaient pour réchauffer un peu l'atmosphère. Un petit messager fit son apparition au dessus de l'abre dans lequel il se tenait. Il abandonna sa grande échelle pour monter sur une grosse branche particulièrement solide afin de mettre dans le champ de vision du faucon reconnaissable par son petit cri aigu. Tendant son bras, préalablement protégé d'un gantelet de cuir, il fit appel au volatile qui chargea vers sa position par un plongeon, avant de se redresser et de ralentir en battant des ailes à contre sens. Les serres de l'animal aggripèrent le gantelet de cuir du corsaire.


    Un gros étui se trouvait attaché à la patte du faucon qu'il envoya se retirer un moment pour profiter des environs. En ouvrant l'étui, il vit un grand parchemin portant un sceau Angloys. Le corsaire fronça alors les sourcils en imaginant déjà de quoi il s'agissait. Une lettre de marque était arriver, il allait devoir partir en mer pendant quelques jours sûrement. Il allait ainsi devoir nommer un conseillé municipal pour prendre la relève de la mairie de Bayeux. Voilà de quoi lui casser du sucre sur le dos au conseil ducal, tant pis.


    Soudain, un second faucon, presque identique au premier arriva sur la branche où il se trouvait. Il repéra insantanément qu'il ne s'agissait pas du même, et vit l'étui à sa patte presque aussi vite. Enfin un courrier intéressant, le seul courrier qu'il attendait avec impatience en fait, même plus que les réponses des villageois, pour peu qu'ils ouvrent déjà le courrier municipal. Rangeant la première lettre dans un poche intérieur de son mantel ouvert, il s'empara délicatement de la seconde qui se trouvait dans l'étui qui voyageait entre ses mains et celle de sa charmante correspondante aux cheveux d'or.



    Briana MacCord a écrit:


    Le Mans,
    Faict au 27ème jour de Février 1461,

    Alexandre, 
    Cher Corsaire,

    Cette missive, pour vous, venue vous apporter de mes nouvelles, mais également venue vous faire part d'une annonce, qui, je ne saurais en douter, saura retenir toute votre attention. 
    Comme je vous devine alors ampli d'une curiosité naissante. Et ne venez pas à penser le contraire mon cher, car qui ne le serait pas en pareil cas ? *sourire*

    Mais avant d'assouvir celle-ci, laissez-moi vous apprendre que je me porte bien mieux que lors de mon arrivée en Maine. Les premiers jours furent pour moi difficile, mais merci, j'ai pu, grâce à de bonnes attentions prodiguées par les proches qui m'entourent, me remettre de cet assommant et fastidieux voyage. Quelques jours de repos et me revoilà aussi fraîche qu'au jour où nous nous sommes rencontrés, si ce n'est même davantage. 

    Il fait bon pour moi de retrouver mes habitudes perdues, le Mans et le monde que j'y avais laissé. Et à l'heure où je vous écris, mes envies me pousse à m'y installer. Le Mans est une citée fort agréable, où je trouve qu'il fait bon vivre et j'ai quelques projets qui se profilent à mon esprit et que je compte bien mener à terme.
    Des projets dont je ne manquerai pas vous faire part dès lors que vous viendrez au Mans. 
    Puisse votre mandat se terminer bientôt et ne pas être trop épuisant dans sa gestion.
    Il vous faut, ne l'oublier pas, vous consacrer à votre entraînement. En rien vous ne devez perdre de votre savoir-faire.
    Comprenez là que je vous pousse à l'exercice, certes, mais pour une bonne raison. Raison que je m'en viens vous donner de suite.

    Ce jour j'ai fais la rencontre d'un homme. Rencontre hasardeuse, mais surtout troublante. Troublante en ce sens où, elle a permise à mes pensées de venir vous retrouver et ce à maintes reprises. 

    Mécène Louis de Castel Vilar, serait-ce un nom qui vous parle ? Si tel n'est pas le cas, sachez toutefois que ce dernier en connaît long sur vos facultés au combat. De fil en aiguille, la conversation s'approfondissant, il m'a fait part de son envie de chercher le duel contre les meilleurs épéistes qui soit. Pensez bien alors que ma prime pensée fut pour vous et qu'il ne m'en fallut pas davantage pour citer votre nom.
    Cet homme n'a pas tarit d'éloge sur vous. 
    J'étais loin de me douter d'une telle popularité. 

    Aussi, m'a t-il dit être venu d'Armagnac dans le but de vous rencontrer. Point de visite de courtoisie vous vous en douterez. Il entend bien vous mettre au défi de vous battre. 
    Ainsi donc, l'idée m'est venue de vous faire annonce de ceci avec l'espoir de vous voir venir. Il n'est pas de défi que vous seriez refuser n'est ce pas ? 
    Comptez sur moi pour être aux premières loges et vous encourager. 

    C'est avec impatience qu'il me tarde de vous revoir, mais aussi de recevoir de vos nouvelles.
    Prenez grand soin de vous cher Corsaire,

    Au plaisir de vous lire bientôt,

    Briana MacCord.



    Parcourant la lettre avec ses yeux perçant, il semblait content et rassuré. Mais une nouvelle le surprit quelques peu. Une personne lui réclamait un duel ? Ce nom ne lui disait rien, il n'avait jamais été en Armagnac. En y réfléchissant un peu, il avait peut être déjà entendu parler de ce jeune homme en Languedoc. Son ami de longue date, Alucard, lui avait parlé d'une mission qu'il aurait fait en compagnie de celui ci. Il semblerait que ce soit un talentueux escrimeur. Enfin, cela fait maintenant longtemps, il ne savait plus trop si c'était bien le même nom.
    Ayant prévu le coup, il avait apporter de quoi écrire pour une éventuelle réponse. Il prit place assise sur la grosse branche, une jambe le long de celle ci, l'autre dans le vide. Prenant sa plume, il se mit à écrire.



    Alexandre Giffard a écrit:


    Faict à Bayeux,  
    le troisième jour du mois de Mars 1461.  

    Pour vous Briana, 

    Je prends la plume heureux d'avoir de vos nouvelles, qui plus est, sont bonnes. Je suis content de savoir que votre santé se porte bien et remercie Dieu et vos proches de vous avoir aidé. J'espère ainsi que lorsque je vous retrouverai au Mans, vous serez en pleine forme, prête à me faire part de vos histoires et à écouter les miennes.

    Je suis de mon côté régulièrement en forme. Bien que je sois le Maire de Bayeux, mon entraînement passe tout de même avant l'intérêt du village. De toute façon, ce n'est pas mon entraînement qui pourra influer sur la quantité de pain et de maïs que l'on peut trouver sur notre marché. En tous les cas, je fais mon travail du mieux que je peux pour garantir à tous les villageois les besoins nécessaires à leur développement. Un mandat ne suffira pas en effet redresser les finances de Bayeux, mais je ne comptes pas en faire de second, j'ai d'autres projets à l'avenir, vous savez lesquels. Il me tarde quand même d'en finir avec celui là, en espérant que mon successeur saura se servir des projets et des idées que j'aurai laissé sur mon bureau lorsque j'aurai quitté la Normandie. Les villageois sont aimables et respectueux, certains me remercient même du travail que je fais, d'autres ne s'y intéressent point. Les seuls problèmes qui peuvent ariver viennent généralement du conseil ducal. Il y a malheureusement des gens qui ne défendent pas les mairies, pointant du doigt les réactions de maires face à certains faits qui sont assez graves pour le village.
    Il ne me plait pas d'être Maire en Normandie, c'est aussi une des raisons pour laquelle je ne donnerai pas de suite à mon premier mandat qui sera donc un mandat de transition. Une transition qui donnera lieu soit à un redressement complet, soit à une chute, cela dépendra de mon successeur.


    Venons maintenant à la nouvelle que vous m'avez annoncé, concernant un certain duel. Il semblerait en effet que ce nom me dise quelque chose. Une vieille connaissance m'en avait autrefois parlé en Languedoc. Il s'agit d'un jeune homme qui se consacre tout comme moi à la voie du sabre. On m'avait également fait part de ses états de services en Armagnac, étant qualifié comme un très bon escrimeur, maniant deux sabres lors de ses combats. S'il me connait si bien, il doit être un escrimeur redoutable, s'il veut se confronter à moi. Ce sera sans doute un combat intéressant, s'il a lieu.


    Je viendrai donc au Mans, mais sachez une chose. Je ne viens pas au Mans pour me confronter à quiconque dans un duel pour un but que j'ignore. Je me déplacerai au Mans pour venir vous voir, c'est ce que j'avais projeté depuis votre départ. Cependant, si ce jeune homme me provoque en duel sur place, je ne saurai lui refuser quelques passes d'armes.


    J'étais en ce moment même en train de cueillir des fruits. Je pensais justement à vous, vous que j'avais aperçu avec une pomme en taverne. Je me disais que je pourrai vous envoyer quelques fruits frais d'ici, mais je ne pense pas que le voyage leur fasse du bien, s'ils arrivent à destination bien sûr. Je viens également de recevoir une lettre de marque de l'Amirauté Angloyse. Il va me falloir prendre le large pour quelques jours sans doute dans le but d'intercepter un navire pirate. Rien de palpitant. Mes faucons sauront me trouver, ainsi, si vous m'écrivez, je pourrai vous lire ainsi que vous répondre. Ce sera avec plaisir que je recevrai vos écrits à bord de mon navire, dansant au rythme des vagues.


    Ce fut un plaisir de vous lire, j'attends votre prochaine missive avec intérêt et impatience.


    Prenez soin de vous, que Dieu vous garde, très chère Briana.


    Alexandre Giffard.



    Le faucon était posé sur le chapeau aux bords larges du corsaire. Un petit sourire avant d'enrouler le parchemin qui allait atteindre les mains de celle qu'il aimait lire. Plaçant le vélin dans le petit étui, il l'attacha à une patte du faucon après l'avoir bien refermé. Perdre le courrier en plein voyage serait bien dommage. Renvoyant le faucon, il sauta de sa branche pour atterrir sur le sol, un genoux abaissé pour amortir la chute. Un combat...

_________________










Briana.
    [ Le mans encore et toujours : Campement de la "Renor Maelthra" ]


Sol boueux qui se soulève, reste scellé aux bottes, alourdissant le pas. La silhouette qu'elle affiche, épaules basses, un peu lasses, s'enfonce dans le campement de la "Renor Maelthra".
A cette heure où les dernières secondes de la nuit communient avec les premières du jour, il est des soldats qui rentrent, saluant ceux qui quittent l'abri qu'ils s'étaient fait sous leurs tentes, et ce pour aller prendre la relève.
La fatigue d'une nuit d'errance sur les remparts pèse lourd sur le faciès. Les traits sont tirés, le teint se faisant plus pâle qu'à l'ordinaire, et sous les yeux dont le bleu ne renvoie plus le même éclat, se devine le sombre qui colore ses paupières inférieures.

Le coeur du campement est alors rejoint. Face à elle, la toile qui s'ouvrira bientôt et où, peut-être, ce jour, elle parviendra à trouver le repos. Dernier effort pour atteindre l'antre plus rapidement et se protéger de ce que déverse de pluies fines le ciel, ignorant à présent les bruits, les mouvements qui s'effectuent autour d'elle.
Seulement il est un bruit, infime qui l'attire avant qu'elle ne pénètre dans sa tente.


-Pssst !


La tête se tourne pour que le regard s'en vienne accrocher celui qui s'est posé sur elle. Un regard qu'elle ne connait que trop bien. Celui de Paul.
Point la peine alors d'user de la parole tant ses yeux sont porteurs de ces clairs messages.
Sans doute se sera t-il inquiété pour elle, après le récit qu'elle lui avait fait la veille, lui narrant les combats de la nuit passée... Son combat, celui où elle avait vu sa lame venir meurtrir d'autres chairs jusqu'à en achever l'homme qui s'était dressé devant elle.
Terrible baptême mortuaire auquel elle n'aurait su s'attendre si tôt. Sombres images qui depuis cette apocalyptique nuit ne parvenaient plus à s'effacer de son esprit.
Ainsi était la guerre. Sans états d'âmes. Sans pitié. Un "jeu" à double tranchant qui ne laissait pas grand choix à ses participants : la vie... ou la mort. Le choix pour la MacCord avait été vite fait. Sa vie plus que celle de l'ennemi d'être sauvée, même si elle aurait à vivre éternellement avec le poids de ses choix. Aussi lourd soit-il, elle assumerait.


Le sourire se force alors, adressé à Paul dont la silhouette se découpe de moitié derrière la lourde toile de la tente qu'il occupe à tout juste quelques mètres de la sienne.
Un sourire... Un rien, qui lui signifie qu'elle va bien avant que leurs yeux ne se détachent enfin et qu'elle s'engouffre sous sa tente, où règnent fraîcheur et pénombre. Là, sous la toile, un soupir s'échappe brisant le silence, tandis qu'une main vient tirer sur ce qui retient à la blonde chevelure de retomber en cascade jusqu'au niveau de ses omoplates. Une main lasse se perd dans l'humidité dont elle est porteuse et la fatigue lui arrache alors baillement et gémissement tant elle refluait dans tous ses membres. Besoin de s'alléger et le baudrier soutenant son épée est débouclé. La cape lourde de la pluie qu'elle aura imbibée est défaite elle aussi, abandonnée au pieds de sa paillasse. Puis au tour des bottes d'être ôtées et délaissées sans soin.


Enfin, la silhouette s'est glissée entre peau bestiale et draps froids, ne demandant qu'à être soulagée de la fatigue qui l'habite, mais est ce l'endroit ? A moins qu'il ne soit ses pensées qui l'empêchent de sombrer dans les tréfonds d'un sommeil nécessaire et réparateur ? Elle ne sait pas. Tout ce qu'elle est en mesure de comprendre, c'est qu'aujourd'hui encore, elle ne dormira pas, ou peu et point en l'instant.
Elle se relève pour se laisser tomber sur un simple tabouret de bois, sa main allant quérir coupe et pichet contenant un lait dont elle avait fait commande.
Sitôt pleine, la coupe fut portée à ses lèvres en même temps qu'un coup d'oeil ne pouvait s'empêcher d'être glissé vers l'ouverture de la tente lorsque retentit au dehors son nom.



- Mademoiselle MacCord ?


Sans bouger, poussant de la voix, elle répondit :


- Qu'y a t-il !?
- Une missive, pour vous...
- Et bien entrez !


A l'ordre donné de voir se faufiler entre les toiles la menue silhouette d'un messager, cheveux ébouriffés et à la tenue peu soignée.


- Tenez !
- Quand est-il arrivé ?
- Hier Mademoiselle et c'est ce matin très tôt que l'on est venu me le porter avec mission de vous le remettre.


Les doigts s'empressent alors de se refermer sur le dit courrier et de le découvrir. L'écriture qui se dessinait ne tarda pas à se faire reconnaître et il n'était plus besoin pour Briana d'aller chercher la signature pour savoir qu'elle était une lettre du Corsaire.

Le sourire est là qui se dessine aux premières lignes qu'elle découvre, elles et l'intention qu'il a de venir jusqu'au Mans. Ce qu'elle espérait intimement.
La lecture se poursuit, pas effectués de long en large de la tente et ce jusqu'à venir heurter celui dont elle avait déjà oublié la présence, resté là, planté comme un piquet.



- Encore là ?
- Si vous n'avez plus besoin de moi...
- De vous ? Non... Vous pouvez disposer... Maintenant.


Et la toile avait claqué sur la disparition du messager, après quoi elle avait pu finir de lire, place prise sur le petit tabouret, coudes plantés sur une table de fortune. Elle aurait alors pu attendre avant d'y répondre, mais qui sait ce que l'avenir lui réserverait au cours des prochaines heures ? Elle qui, pour un peu, aurait pu se voir passer de la vie au trépas en tout juste quelques secondes.
Aussi, la plume fut prise pour noircir le vélin.


Citation:




Le Mans,
Faict au 7ème jour de Mars 1461.

Alexandre,

Le bonjour à vous.

Puisse cette missive vous trouver en bonne santé où que vous soyez. Sur terre ou bien en mer.

Ainsi donc, je puis constater que vous n'avez nullement de temps pour vous ennuyer mon cher entre toutes ces responsabilités qui incombent à votre tâche et ce nouveau projet de partir en mer. Et qui sait si, en cette heure où ma plume marque de sa pointe ce vélin, vous n'avez pas déjà embarqué sur votre navire, bravant les eaux.
Fort heureusement, je puis encore me réjouir de recevoir de ces nouvelles qui sont vostre et que j'attends toujours avec la même impatience.

Dites-moi alors si votre périple maritime est en vue d'être long ? Et quand aurai-je plaisir à vous voir venir ? Puisse ce jour ne pas être trop lointain, car si aujourd'hui, la vie fait preuve à notre égard de clémence, qu'en sera t-il demain ?

Je vous vois déjà en train de me juger peu optimiste, mais il me faut vous dire que ces dernières heures, ma vie à pris un tournant. Il n'est pas de l'endroit paisible et serein que sait être Beaumont que je vous écris, mais de sous une tente, montée en plein coeur du campement de la "Renor Maelthra".
Vous saviez mon souhait de m'installer au Mans pour ce que je vous en avais dit. Il sera bientôt le cas, au 8 à venir. Mais peut-être ne vous avais-je pas encore parlé de mon envie de servir du mieux que je le puis sa Capitale, le Comté tout entier.
C'est donc sous le commandement de ma Marraine que j'ai depuis quelques jours rejoint les rangs de son armée. Honorable tâche qui m'a valut de combattre aux côtés de vaillants soldats, mais qui m'aura aussi fait connaître l'horreur momentanée qu'est de devoir ôter la vie à l'humain. J'étais loin d'imaginer que telle chose arriverait si vite et que l'effet sur moi serait si pesant. J'imagine qu'avec le temps, j'apprendrai à faire avec, même si cela doit être difficile.

N'est-il pas une chance que j'ai su me défendre ? De chance j'ai eu évidemment, car si je sais me défendre, il me reste encore beaucoup à apprendre sur le maniement des armes. Ceci dit, s'il n'avait pas été le cas, jamais Karyaan n'aurait accepter me faire courir le moindre risque. Quelle fierté alors, pour moi, qu'elle ait répondu favorablement à ma demande d'intégration et de pouvoir servir le Maine à ses côtés.

Voyez, moi non plus je ne trouve pas de temps pour l'ennui. C'est même peine si j'en trouve assez pour me reposer. Et parlant de repos, c'est dans cette optique que ma plume s'en va vous quitter.

Puissiez-vous me promettre de faire attention à vous et de tout faire pour que le Mans puisse vous accueillir bientôt. En retour, je vous promet de tâcher rester en vie jusqu'à cet instant. Ne pas vous revoir serait fort déplaisant.

Encore une fois, prenez soin de votre personne.

Bien à vous,

Briana MacCord.

P.S : Sans doute le savez-vous mais il s'avère que notre Royaume soit bien petit. Il se fait rare ces derniers temps que je n'eu pas à entendre parler de vous cher Corsaire et je m'en viens ici vous transmettre les salutations de votre soeur, Akane Giffard-De Clairval. Celle ci m'ayant également chargée de vous dire que malgré les années, et le temps passé loin de vous, elle ne vous oublie pas.



Lettre achevée, le pli avait été scellé avec soin, le restant d'un vieux bâtonnet de cire abandonné sur un coin de la table. Cape propre et sèche sortie dedans une malle, elle s'en drapa, se réarma de son baudrier et sortie lettre dans la dextre et senestre caressant son fourreau.
A plus tard le repos...
Mihawk



        [ La Manche ]

    Le bruit des vagues s'écrasant contre la coque, le bruit du vent s'engouffrant dans la grand voile, celui des serpillières nettoyant le pont suite aux passages de grandes vagues violentes, celui des matelots et moussaillons se donnant des ordres... Tout cela lui rappelait à chaque fois bon nombre de souvenirs, bons comme mauvais. Debout sur le bord fin du navire, sa main gauche agrippant les filets, se tenant en équilibre au dessus du vide et de la mer, le Corsaire attendait, observant l'horizon au loin devant lui. Des résidus de vagues venant frapper la coque arrivaient sous forme de brume contre son visage, le rafraîchissant, l'humidifiant. Il faisait déjà très froids, voir trop froids. S'aventurer en mer dans des conditions telles que celles ci n'était pas chose très aisée ni même recommandée. La mer était particulièrement violentes, des bourrasques de vents venaient dévier la trajectoire si toute la voilure était dépliée, le froids et le gel pouvaient obstruer certains mécanismes ou même abîmer l'équipement et le revêtement du navire. Le seul avantage de ce froids était que l'on pouvait conservé plus facilement la nourriture et les vivres.
    La navire était relativement grand, ce n'était pas non plus un galion, mais il avait beaucoup de place pour un grand équipage qui une fois au complet, pouvait faire des ravages en mer. Le navire avait été fait sur mesure par le corsaire. Il en prenait grand soin et avait horreur qu'il soit abîmé par des batailles navales ou des bandits sur les quais. Le navire disposait de canons sur trois niveaux, sur le pont, sous le pont, dans la partie viable, et dans la cale, presque au même niveau que la mer. Mais ce dernier niveau n'était utilisé que pour les batailles navales qui prévoyaient d'être longues. Faire des trous sous la coque ennemie pouvait être fort utile sur le long terme... Il y avait aussi des canonniers à mains sur le ponts, non loin de la barre et à l'avant du navire, pour les tirs précis à longues distance. Le revêtement était relativement solide, en bois pleins avec quelques couches métalliques placés aux endroits les plus vulnérables. Un grand navire, bien équipé, disposant d'un bon équipage et d'un capitaine pouvant analyser bien des éléments dans beaucoup de situations, même parmi les plus chaotiques. Le corsaire était content de retourner en mer.
    Il faut dire que la mer, c'était mieux que de faire la Maire, à Bayeux... Ce n'était pas pour lui finalement, il s'en sortait bien mais ne s'entendait pas très bien avec tout le monde. La plupart des gens qu'il devait côtoyer au conseil des maires ou parmi le conseil ducal n'étaient pas très justes et ne pensaient qu'à leurs problèmes. Ils n'avaient pas tort, il était un peu pareil, mais dans ce cas, pourquoi faire un travail qui demande de s'occuper des autres si l'on ne s'occupe que de soi même ? Le corsaire prenait soin du village qu'on lui avait confié, il était même fier d'avoir apporté tous les types de denrées possibles sur son marché, alors que quelques semaines avant, on ne trouvait même pas un bout de pain. Il espérait toutefois que quelqu'un le remplacera, quelqu'un de confiance et d'expérience accessoirement. Ce serait dommage de démolir ce qu'il avait pu faire de bien. Ce jour ci, il avait quitté la mairie pour se rendre en mer. Il n'en avait pas vraiment le droit, mais la mairie était entre de bonnes mains. Puis il s'en occupait toujours, même à distance. Les seules personnes qui lui poseront problème seront celles qui n'aiment pas sa famille...


    Cette mission s'annonçait dangereuse. Il avait reçu quelques jours auparavant, une lettre de marque d'Angleterre, relatant les faits d'un vol d'un bâtiment naval en Écosse. Pas n'importe quel bâtiment, il s'agissait d'une frégate. Une frégate disposant de 4 grands mâts et d'une artillerie assez conséquente. C'était un navire de guerre également, pas le plus solidement armé, bien sûr, mais il était tout de même bien équipé. Cette mission nécessitait une bonne connaissance de la mer et de la navigation. Une bonne connaissance en bataille naval, car le navire adverse allait être fort résistant. Peu importe, le Corsaire avait acquit déjà beaucoup d'expérience au cours de son existence dans le domaine maritime. Bien qu'il soit né en France, il avait vécu toute son enfance dans les royaumes du nord, élevé par des bandits et des pirates. Il avait tenu la barre déjà très tôt, et avait apprit de ses maîtres beaucoup de secret dans la navigation et le combat en mer. Tout ce qu'il connaissait, ou presque, venait d'un pirate entre autre. En ce qui concerne sa voie d'escrimeur, il avait apprit la majorité de lui même.


    Observant au loin, penché au dessus de la mer, le Corsaire repensait à sa vie passée. Son visage semblait calme, comme d'habitude, impassible et indifférent, rien ne pouvait laisser paraître un remord, un mauvais souvenir, une ancienne douleur, une nostalgie. Il n'était pas nostalgique, la vie qu'il avait mené était très difficile, surtout quand il avait un aussi jeune âge. Il n'avait pas non plus de remords car c'est grâce à cette vie qu'il était devenu celui qu'il était aujourd'hui. Cependant, ayant récemment découvert qu'il avait une famille, il essayait de s'imaginer dans le passé, s'il n'avait jamais été éloigné de sa famille. Que serait il devenu, un politicien ? Hors de question... Peut être qu'il aurait aimé ça s'il avait été éduqué dans cette famille, mais aujourd'hui, il ne pouvait s'imaginer faire de la politique. Il fallait y consacrer sa vie, sacrifier ses humeurs et ses nerfs, pour avoir la force de travailler avec des gens qui n'ont rien a faire de vous et qui veulent prendre votre place, ou alors qui ont des idées complètement différentes. Bon il était certes possible de travailler avec des gens de confiance et avec qui on s'entendait bien, mais c'était beaucoup plus rare.


    Il avait déjà sacrifié sa vie pour la voie du sabre, il ne pouvait faire autre chose, surtout si c'était une chose qu'il détestait. Être Maire, ce n'est pas faire de la politique pour lui, c'est juste gérer un village. Il fallait certes coopérer avec le conseil, mettre en place des élections etc... Mais il faisait tout pour ne pas avoir à faire cela, même pour es élections, il n'avait rien fait de spécial à part se présenter. En repensant au mot politique, il repensa à une jeune femme, cette jeune femme blonde qu'il avait rencontré à Bayeux, avec il échangeait bien des lettres ces temps ci et qui n'aimait pas non plus la politique. Il espérait que le courrier qu'elle lui enverrai saurai le trouver en mer...



      Capitaine ! Pavillon noir en vue !

      Mon Capitaine, il s'agit de la frégate Écossaise !



      Vraiment ? Il n'ont pas perdu de temps à ce que je vois...


    Le Corsaire descendit du bord sur lequel il se trouvait pour rejoindre l'avant du pont. Un homme de son équipage vint lui apporter une longue vue à travers laquelle il se mit à observer le navire en question. Il y avait déjà quelques dégâts dessus visiblement. Sans doute que la frégate avait croisé d'autres bâtiments sur son passage. C'était un petit avantage qui pourrait éventuellement servir. Des munitions en moins, une résistance quelque peu affaiblie. Mais c'était une frégate, il ne fallait pas l'oublier, pas un navire de pêche ou de commerce.


      Capitaine, nous serons en contact avec la frégate dans pas longtemps.


      Bien, préparez l'artillerie, que tout le monde rejoigne son poste, nous avons pour ordre d'arrêter ce bâtiment et de le couler si nécessaire, nous devons être prêt à riposter.


      Tout le monde à son poste !


    Le Corsaire fit demi tour pour traverser le pont dans un marche rapide. Lui était prêt, il avait déjà abordé quelques stratégies et les actualisait à chaque minute en fonction du temps , du climat et du comportement de la mer. Il prit place aux côtés de son navigateur, non loin de la barre tenu par un autre homme de l'équipage.


      Mauvaise journée pour prendre la mer...


      C'est vrai, ces trois derniers jours ont été catastrophiques d'un point de vue climatique. La mer se déchaîne quand elle le souhaite et le vent frappe les voile pour nous narguer. Les conditions de sont pas très aisées oui.


    Le corsaire hurla à l'équipage s'occupant des voiles.


      Garder la voilure à mi mât, nous ne sommes pas dans le sens du vent !


    Tout était prêt, il n'y avait plus qu'à attendre que les deux navires soient proches l'un de l'autre pour entamer une procédure d'arrestation ou alors engager une bataille à coups de canons. Tout à coup, un faucon arriva de nulle part pour se poser sur son épaule. Il l'avait vu venir mais ne pensait pas qu'il était là pour lui. Aussi un message était accroché à l'une de ses pattes, portant un étui qu'il avait tant vu ces derniers jours. Un sourire se dessina sur son visage alors que les circonstances actuelles n'étaient pas vraiment réjouissantes. Faisant une petite caresse sous la gorge du volatile qui appréciait beaucoup, il quitta le pont supérieur pour rejoindre la porte menant aux quartiers. Il avait bien l'intention de rejoindre sa cabine pour répondre à cette lettre porteuse de bonnes nouvelles, il espérait. Les hommes de l'équipage regardèrent leur capitaine s'absenter du pont, se demandant ce qu'il se passait. Mais personne n'osa l'interrompre, en général, il était toujours lucide et toujours sûr de ce qu'il faisait. Avant de rejoindre les quartiers il avait jeté un oeil par dessus le pont pour vérifier la distance entre son navire et la frégate ennemi. Par ce procédé et sa faculté d'analyser, il pu déterminer combien de temps il fallait pour croiser le navire ennemi. Son bâtiment n'était pas dans le sens du vent alors que l'autre l'était, pleine voile dépliée. Il savait que la rencontre allait bientôt se faire, mais il ne prend jamais de risque insensé, il sait ce qu'il doit faire et il ne mettrai pas en danger son équipage.


      Mais il est partit faire quoi ?

      Je crois qu'il va répondre à une lettre qu'une jeune femme lui a envoyé. Je crois aussi qu'il à le béguin pour elle.

      Hey c'est du Corsaire Mihawk que tu parles, ne dis pas de bêtises !

      Hm...


    Il plaça le faucon sur un petit perchoir avant de détacher le petit étui. L'étui était bien frais, il avait du traverser des vents glacials ces derniers jours. Ouvrant ce dernier, il en extirpa le petit parchemin qu'il déroula avant de l'aplatir sur le grand bureau. Son regard perçant se jeta sur chacune des lettres, s'imprégnant des mots et des phrases sur ce parchemin.


    Briana MacCord a écrit:


    Le Mans, 
    Faict au 7ème jour de Mars 1461. 

    Alexandre, 

    Le bonjour à vous. 

    Puisse cette missive vous trouver en bonne santé où que vous soyez. Sur terre ou bien en mer. 

    Ainsi donc, je puis constater que vous n'avez nullement de temps pour vous ennuyer mon cher entre toutes ces responsabilités qui incombent à votre tâche et ce nouveau projet de partir en mer. Et qui sait si, en cette heure où ma plume marque de sa pointe ce vélin, vous n'avez pas déjà embarqué sur votre navire, bravant les eaux. 
    Fort heureusement, je puis encore me réjouir de recevoir de ces nouvelles qui sont vostre et que j'attends toujours avec la même impatience. 

    Dites-moi alors si votre périple maritime est en vue d'être long ? Et quand aurai-je plaisir à vous voir venir ? Puisse ce jour ne pas être trop lointain, car si aujourd'hui, la vie fait preuve à notre égard de clémence, qu'en sera t-il demain ? 

    Je vous vois déjà en train de me juger peu optimiste, mais il me faut vous dire que ces dernières heures, ma vie à pris un tournant. Il n'est pas de l'endroit paisible et serein que sait être Beaumont que je vous écris, mais de sous une tente, montée en plein coeur du campement de la "Renor Maelthra". 
    Vous saviez mon souhait de m'installer au Mans pour ce que je vous en avais dit. Il sera bientôt le cas, au 8 à venir. Mais peut-être ne vous avais-je pas encore parlé de mon envie de servir du mieux que je le puis sa Capitale, le Comté tout entier. 
    C'est donc sous le commandement de ma Marraine que j'ai depuis quelques jours rejoint les rangs de son armée. Honorable tâche qui m'a valut de combattre aux côtés de vaillants soldats, mais qui m'aura aussi fait connaître l'horreur momentanée qu'est de devoir ôter la vie à l'humain. J'étais loin d'imaginer que telle chose arriverait si vite et que l'effet sur moi serait si pesant. J'imagine qu'avec le temps, j'apprendrai à faire avec, même si cela doit être difficile. 

    N'est-il pas une chance que j'ai su me défendre ? De chance j'ai eu évidemment, car si je sais me défendre, il me reste encore beaucoup à apprendre sur le maniement des armes. Ceci dit, s'il n'avait pas été le cas, jamais Karyaan n'aurait accepter me faire courir le moindre risque. Quelle fierté alors, pour moi, qu'elle ait répondu favorablement à ma demande d'intégration et de pouvoir servir le Maine à ses côtés. 

    Voyez, moi non plus je ne trouve pas de temps pour l'ennui. C'est même peine si j'en trouve assez pour me reposer. Et parlant de repos, c'est dans cette optique que ma plume s'en va vous quitter. 

    Puissiez-vous me promettre de faire attention à vous et de tout faire pour que le Mans puisse vous accueillir bientôt. En retour, je vous promet de tâcher rester en vie jusqu'à cet instant. Ne pas vous revoir serait fort déplaisant. 

    Encore une fois, prenez soin de votre personne. 

    Bien à vous, 

    Briana MacCord. 

    P.S : Sans doute le savez-vous mais il s'avère que notre Royaume soit bien petit. Il se fait rare ces derniers temps que je n'eu pas à entendre parler de vous cher Corsaire et je m'en viens ici vous transmettre les salutations de votre soeur, Akane Giffard-De Clairval. Celle ci m'ayant également chargée de vous dire que malgré les années, et le temps passé loin de vous, elle ne vous oublie pas. 



    Les yeux du corsaire balayaient le doux vélin sur lequel la jolie blonde avait écrit ces mots pour les lui faire parvenir. Il lui plaisait de la lire et elle le savait très bien, aussi il n'avait sans doute jamais été aussi proche d'une personne comme celle ci, au point de s'écrire des mots et des phrases, résultants de leurs pensées parmi les plus intimes, pour tenir un contact au travers de la distance et du temps. Maudits soient-ils de les séparer ainsi, quand les conversations devenaient de plus en plus intéressantes et quand l'intérêt envers l'autre ne faisait qu'accroître. Il n'y avait pas un jour où il n'avait pas pensé à elle depuis celui ou elle l'avait quitté à Bayeux, après avoir fait connaissances quelques heures seulement. Bien sûr qu'il avait déjà été proche de beaucoup de monde sa vie durant mais pas de cette manière. Lui qui était toujours sûr de tout, lui qui savait tant de choses sur les gens, sur leur manière de réagir, sur leur comportement, il avait été prit au dépourvu ce jour là. Ce jour où il ne pouvait pas la cerner, où il ne pouvait pas tout savoir sur elle par un regard de ses yeux de faucon. Il ne lui portait pas intérêt parce qu'elle était un défi, mais elle lui faisait un effet, un effet qui l'empêchait de se concentrer, d'être sûr, de se surpasser. Un effet qui lui procurait une petite chaleur alors qu'il ne faisait rien de spécial.


    Elle arrivait à entraver ses facultés, sans doute parce qu'il tenait à elle et qu'il ne pouvait en user sur elle même. Serait-elle un cadeau empoisonné ? Dont la présence pourrait lui causer sa perte ? Il en doutait, elle était un cadeau, mais pas empoisonné, au contraire. Son existence ne pouvait que lui offrir un peu plus de force et d'envie. Plume à la main, vélin vierge sous l'autre, il prit le temps de rédiger sa réponse.



    Alexandre Giffard a écrit:


    Faict à Bayeux,   
    le treizième jour du mois de Mars 1461.   

    Pour vous Briana,  

    C'est en m'excusant que je prends la plume ce jour, au bureau de ma cabine, à bord de mon navire, au beau milieu de la Manche. Je m'excuse en effet pour cette réponse qui saura être tardive, sans doute du au fait que mon faucon a eu plus de mal à me retrouver en mer, surtout s'il a traverser les airs dans un climat aussi frais que celui d'aujourd'hui. Puissiez vous me pardonner, de plus que la réponse sera sans doute tardive également.

    Comme vous l'avez deviné, je suis aujourd'hui en mer, traversant une partie de la Manche, entre les Royaumes de France et d'Angleterre pour mettre fin à un grave fait de piraterie qui a débuté en Écosse, terre où j'ai beaucoup vécu. Je ne vous en avait point parlé dans mon précédent courrier car le droit n'était pas mien, mais maintenant je le puis car l'objet de ma mission se trouve non loin de moi. Un équipage de pirate s'est emparé d'une frégate, il s'agit d'un navire de guerre de taille moyenne mais très bien équipé. Il se trouve actuellement dans la ligne de mire de quelques un de mes canonniers, je vais d'ailleurs bientôt rejoindre mon équipage avant que la bataille ne commence.

    Concernant ce qui s'est produit de votre côté, je suis heureux qu'aucun mal ne vous a été fait, même si cela implique que la vie vous ayez du ôter sur le champs de bataille. Prendre la vie d'un homme n'est jamais aisé, même si au bout d'un moment, chez certaines personnes cela ne signifie rien. Mais vous vous souviendrez toujours de la première personne a qui vous avez ôté la vie, ainsi que les conditions dans lesquelles vous étiez. Cependant, cela ne doit point vous hanter, vous devez vous en servir pour devenir plus forte encore. Sur un champ de bataille, aucune erreur n'est permise, il n'est pas question de chance. Il est question de hasard, quelques fois, mais il est surtout question d'expérience.

    J'espère que vous vous remettrez de cet acte. J'espère aussi que vous continuerez de prendre bien soin de vous, que ce soit durant les combats et en dehors de ceux ci.
    Je reconnais qu'il me tarde de vous retrouver au Mans. Les prochaines élections municipales auront lieu dans neuf jours. C'est une bonne chose, toutefois, j'espère que quelqu'un se présentera, car je n'ai pas l'intention de réaliser un second mandat en Normandie. Je suis ravi de savoir que ma soeur va bien, je prendrai soin de lui écrire les jours prochains si le temps me le permet, aussi je vous remercie de m'en avoir informé.

    Il m'est difficile de lâcher cette plume en cet instant. La bataille qui s'annonce risque d'être rude et les conditions climatiques risquent de nous causer bien des soucis. Sachez que je prendrai soin de vous écrire une autre lettre une fois que tout cela sera terminé, afin de vous transmettre un rapport de tout ce qui s'est passé et vous rassurer de ma santé.

    En espérant que votre bonne santé perdure.

    Prenez soin de vous, et que Dieu vous garde.

    Alexandre Giffard.



    Le corsaire prit soin d'enrouler délicatement le parchemin pour le glisser dans l'étui. Répétant le même rituel comme à chaque courrier qu'il lui envoyait, renvoya le faucon par la fenêtre de sa cabine avant de reprendre ses fonctions de corsaire et de capitaine. Quittant sa cabine il reprit place sur le pont. Le navire ennemi n'était plus très loin désormais.


      Il est temps.

_________________















Briana.
    [ Le Mans - Ses remparts - Quand s’en vient la relève ]


Elle le connait, le chemin. Celui qu'empruntent continuellement ses pas depuis plusieurs jours. Si bien, qu'elle se pourrait même, si elle y était amenée, l'effectuer les yeux fermés.
Il ne serait pas une seule embuche s'y trouvant qu'elle ne parviendrait pas à éviter. Tant de fois, elle les a compter, ses pas... Au total, un bon milliers de parcourus sur la gigantesque fortification qui cerne la Capitale Mancelle.
Les azurs ont prit le temps de s'aviser de tout, au point de ne plus en oublier la moindre parcelle.

Récurrent rituel. Aujourd'hui encore. Les bottes vont bon train, battant la muraille.
Un aller... Un retour.
Un aller... Encore un retour.
La marche se fait machinale, tel un automatisme venu s'ancrer au fil des jours. Et le regard lui, le voilà qui court, toujours dans la même direction, pointant vers l'horizon, à l'affut de la moindre approche, suspecte ou non. Elle veille, la jeunesse Mancelle, à la sécurité de ces terres, à celle de la population qui l'a si bien accueillie.
Il n'est rien en cet après-midi qui soit mal venu. Tout est calme.
Même le temps, depuis bien longtemps, ne s'était pas fait aussi clément, offrant à la vue de tous, un peu de ciel bleu.
Ciel dans lequel elle se perdait quelques fois, songeuse, avant d'être tirée bien vite de ses rêveries par une voix... Un bruit.

Du bruit. Il en est un qui vient justement. Claquant. Un bruit que l'on attend avec, à chaque fois, la même impatience. Il est l'heure. Heure de voir venir enfin la relève. Arrive à sa hauteur un soldat de la Renor qu'elle salut, à qui elle offre de sérieux encouragement pour les heures à venir. La soirée sera bientôt là et avec elle la nuit bien froide d'un hiver qui n'en fini pas de vouloir s'imposer. Déjà, le vent à commencé à se lever, balayant les remparts, comme on lui donnerait de grands coups de fouets.

Invitation au départ d'une main qui trouve son épaule.



- Allez viens ! Rentrons vite ! On a bien mérité d'aller s'réchauffer et se r'poser.


Le sourire est là en plus d'un signe de tête venu acquiescer aux dires. Elle rentrera, assurément. Mais pas dans l'immédiat.


- Je vais rester là, encore un peu.
- J't'attends si tu veux.


Nouveau signe de la tête là d'accompagner les dernières paroles.


- Non ! Non ! Rentres ! Je ne serai pas longue.
- Très bien ! Comme tu veux ! On s'revoit plus tard au camp'ment alors...


Déjà le dos est tourné et Briana, déterminée à jouir d'un peu de solitude s'empresse de gagner le côté Ouest des remparts. Au ciel d'y être moins sombre et d'aspirer aux songes.
De pensées, elle n'en a occulté aucune. Aucune qui n'est de lien avec le Corsaire et encore moins depuis qu'elle avait reçu de ces dernières nouvelles.
Ravie comme toujours, de pouvoir le lire, l'écrit, cette fois, avait pourtant laisser un goût amer. Amer pour ce qu'il avait fait naître en elle sentiment d'inquiétude. Une crainte qui grandissait au fur et à mesure que le temps s'écoulait.
A quand remontait donc la réception de cette missive ? Deux. Voir trois jours même.
Lettre qu'elle n'avait cette fois pas besoin de relire pour avoir à se rappeler des mots.
L'essentiel étant gravé dans sa mémoire :



    * En mer... Entre la France et l'Angleterre pour mettre fin à un fait grave de piraterie. *
    S'en suivait alors d'autres mots qui ne laissaient rien présager de bon : * ligne de mire... Canonniers... Bataille *



Il n'en avait pas fallut davantage pour que les entrailles de la Blonde se resserrent. Et depuis, elle avait beau essayer contenir du mieux qu'elle le pouvait ses angoisses en songeant à la situation, essayer de croire à une bonne fin pour le navire, l'équipage, le Corsaire... Il n'en restait pas moins qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser, plus qu'elle ne l'aurait voulu, que cet assaut maritime ne tourne au drame.
D'autant plus, qu'il aurait dû la rassurer d'une autre lettre. Ca aussi, il n'était point besoin de le rappeler aux souvenirs de Briana. Il était écrit qu'il le ferait et rien ne venait pourtant.

Yeux rivés sur l'azur qui va déclinant vers le bleu nuit, elle scrute l'horizon. Point de messager qui s'en vienne la trouver. Il n'est rien d'autre qu'une vaste étendue figée.
Si grande qu'elle lui fait alors sans mal penser à la grandeur des mers. Coudes plantés sur la pierre, elle s'imagine alors la bataille qui à forcément déjà dû se jouer.
Quelle en fut la finalité ?
Que de ne pas savoir, elle maugréait... Râle contre Alexandre, contre l'attente qui se fait trop longue... Interminable.


Coup de tête, coup de sang... Les coudes se détachent de la pierre froide et la MacCord s'élance vers l'escalier le plus proche qui mènera au bas des remparts. Les pas vont claquant tandis que les mains, de leurs paumes, s'accrochent à la murailles pour ne pas perdre l'équilibre dans sa course. Moment est venue de rejoindre l'endroit d'où s'élèvent depuis plusieurs jours maintes colonnes de fumées : le campement de la "Renor", la tente qu'elle y a délaissée... Nouveau refuge.

La course ne cesse qu'une fois les pans de la tente soulevés avec vigueur, comme une bourrasque serait venue l'ouvrir pour s'y engouffrer. La tempête fait rage dans le coeur et l'esprit de la Blonde et les mots qu'elle s'apprête à coucher sur le vélin risque d'en être la preuve.



- Qu'est c'qui t'arrive de débarquer comme ça ? Ca bouge au pieds des remparts !
- Mais non ! Rien à voir ! Tu penses bien que si c'était le cas l'alerte aurait été donnée.
- Mouais t'as raison ! Alors qu'est c'qu'y a qui t'mette dans un tel état ?
- Je suis simplement pressée.
- T'es attendue ?
- Non !
- Alors pourquoi tu cours partout comme ça ?


Car la Blonde depuis qu'elle est entrée, n'a de cesse de parcourir la tente de long en large, scrutant le moindre recoin, allant même jusqu'à pousser son interlocutrice pour trouver ce qu'elle cherche.


- Merd' Briana ! Hey ! Fout moi dehors tant qu't'y es !



Et la Blonde de s'arrêter et de planter son regard dans le sien :



- Plutôt que de dire n'importe quoi, tu ferais mieux de m'aider.
- J'voudrais bien, mais pour ça va falloir m'dire c'que tu cherches !
- Ma besace ! Je cherche ma besace !
- Tout ce r'mu ménage pour ça ? Calme-toi et regarde plutôt par là-bas. Sous la pile de couvertures. Si tu fais attention, on la voit qui dépasse.
- Ah ! Bien ! Merci...


Sourire un peu bête qui marque les traits. Et dire qu'elle avait regardé partout sauf à cet endroit précis. La pile ne tarde pas à être déplacée et la besace portée sur le petit mobilier qui oeuvre pour table. Ouverte, et mains plongées en retirent vélin et nécessaire à écriture sous les yeux effarés de la compagnonne qui essaie de comprendre le pourquoi d'un tel comportement. Seulement, parfois, il n'y a rien à comprendre.
C'est comme ça et puis c'est tout !


Installée, plume en main, on entendait déjà sa pointe crisser sur le parchemin.



Citation:



Alexandre,
Ou peut-être devrai-je dire, Désiré ?
Qu'en pensez-vous ?


La pointe se soulève, le visage prenant air à la réflexion. Non ! Elle ne pouvait commencer ainsi. Imaginons que quelque chose de grave ait pu lui arriver. Quoi que, pour début, il aurait pu être apprécié. Mais la suite à venir risquerait fortement de persuader son destinataire du contraire.

Parchemin froissé, jeté, elle en prépara un autre sur lequel elle s'empressa coucher ses premiers mots.


Citation:



Alexandre,
Cher Corsaire,

Comment taire l'inquiétude qui s'est alors emparée de moi ? Il me serait présentement impossible de le faire. Il fait des jours que j'attends. Attends de recevoir cette seconde lettre promise, car oui, j'eu bien pris vos mots comme tel lors de votre dernier échange.

Vous imaginez-vous seulement un instant ce à quoi mon esprit m'amène ?
Quelle torture vous me faites vivre de par votre silence ?
Alors diantre ! Dites-moi ? Etes-vous vivant encore ?
Puisse t-il ne pas en être autrement, car je vous en voudrez cruellement alors.
Certes, et je l'avoue, peut-êtes fis-je preuve d'un peu - si peu, d'exagération. Mais mettez-vous en ma place.
Vous auriez du déjà me tenir au courant de l'aboutissement de votre mission. Me donner signe de vie, qui aurait su me rassurer.

Je ne sais ce qu'il en est, à mon plus grand damne ! Tout comme je suis dans l'incertitude que cette missive vous parvienne, tant je demeure sans savoir si la mort est venue vous frapper ou aura eu la grâce de vous épargner.

Alors qu'il soit de vous ou bien d'une autre main... Je somme quiconque trouvera cette lettre d'y porter réponse en direction de Beaumont sur Sarthe en Maine.

Avec l'espoir de voir le prochain vélin griffé d'une écriture familière,

Briana MacCord.


P.S : Mes pensées et mes prières vous accompagne.



Le dernier mot était posé, vélin enroulé avant d'être glissé dans son étui d'étain.
Dernier regard à la compagne de ces derniers jours.



- Tu m'accompagnes ?

- J'te suis !


Et les voilà toutes deux parties, sillonnant les ruelles entravées du Mans prêtes à faire partir missive.
Mihawk



        [ La Manche ]

    ... il était...


    Le Corsaire pouvait encore distinguer des formes, de petits effets ed lumière car il ne faisait pas totalement noir dans les parages. Il se trouvait dans une position assise, relativement inconfortable, les bras quelques peu fléchis convergeant vers le bas de son dos. Ses poignets lui faisaient ma, comme une sorte de brûlure. Il sentait une multitude de picotement en ses mains, jusqu'au bout de ses doigts, sans doute une mauvaise circulation de son sang vers ses mains. Il tenta alors dans la pénombre de faire passer ses mains au devant de son regard pour voir ce qu'il se passait par là. Dans son élan il fut bloqué, bloqué par lui même car ses deux mains avaient maintenant un destin bien plus lié. En parlant de liaison, une corde semblait justement entraver ses poignets l'un à l'autre, empêchant l'homme d'écarte ses paumes qui s'embrassaient, cachées derrière son corps. Il ne se souvenait plus de ce qu'il s'était passé, son dernier souvenir remontait à la lettre qu'il avait envoyé à une blonde Mainoise, à sa chère Briana qui à l'heure actuelle, devait être morte d'inquiétude. La pauvre, elle qui devait attendre une nouvelle lettre de l'homme au chapeau...
    Il avait un mauvais présentiment, une sorte d'incertitude quant à ce qui s'était passé, dont il ne se souvenait de rien. Les mains liées, il avait forcément perdu la bataille, ou alors il y avait eu une mutinerie, ou que savons nous encore. Il sentait une odeur de poudre à canon, une odeur qu'il reconnaissait bien, il sentait également l'air salé de la mer qui faisait divaguer apparemment l'endroit dans lequel il se trouvait. A coup sûr, il se trouvait actuellement dans un navire. Ce ne pouvait être une barque car sinon il la sentirait bouger bien plus. Plus le navire est gros et imposant, plus les mouvements sont longs, lents et amples. Ce ne pouvait pas non plus être la fregate ennemie qu'il devait faire arrêter. Il avait le sentiment de se trouver sur un navire à peu près comme celui sur lequel il était descendu en mer. Il avouait ne pas comprendre, il n'était ni prisonnier du petit galion, ni abandonné sur une barque, où se trouvait-il alors ? Ou alors c'était peu être que la mer était trop calme pour que ces sensations soient perceptible. Mais il entendait pourtant le bruit des vagues qui s'écrasaient contre la coque.


    Du bout de ses doigts il tentait de heurter le bois qui constituait le squelette et le revêtement intérieur du navire dans lequel il se trouvait, ou plutôt de la câle. Cependant, en touchant ne serait-ce qu'une partie douce, il pouvait ressentir ces picottements dans ses doigts plus intensément. Voilà qui était fort dérangeant. Néanmoins, il parvint enfin à se situer. Ses yeux de faucon arrivaient à percevoir des formes très familière pour le Corsaire. Il s'agissait bien d'une câle, mais surtout de celle qui appartenait à son navire. À et instant il comprit qu'il était à bord de son navire, ou alors d'un navire qui avait une câle quasiment identique à la sienne, ce qui était fort improbable. Il pouvait également percevoir bien des objets, assez grands, qui reposaient sur le sol de bois. Il y avait sans nul doute eu beaucoup de fracas ici. L'homme se plaça de côté dans le but d'avoir une position qui pourrait lui permettre de se relever sans trop d'effort. Il fut agréablement surpris de voir que ses chevilles n'étaient pas liées, elles. Retourné et à genoux, le Corsaire laissé un genoux au sol pour s'appuyer sur son autre pied et se relever.
    Une fois debout, sur ses deux jambes, les mains liées dans le dos, il avait un meilleur aperçu de l'endroit dans lequel il se trouvait. Il voyait son entourage de bien plus haut. Il ne sentait pas la présence de son grand sabre noir dans son dos, il espérait que celui ci se trouvait tout près de là. Si ce n'était pas le cas, les hommes qui avaient attaqué son navire auraient du soucis à se faire, beaucoup de soucis. Balayant la câle du regard, il comprit le massacre qui avait eu lieu ici. Les objets au sol avaient tendance à avoir des formes de silhouettes humaines, ou encore des parties de silhouettes... Fronçant les sourcils, il se dirigea instinctivement vers les escaliers de bois qui le mèneraient sur le pont. L'homme tentait du mieux qu'il pouvait de ne pas heurter les cadavres à ses pieds, plaçant ceux ci tout près des chairs ou des membres de ceux qui étaient tombés. Il ne sentait plus son chapeau aux rebords large sur sa tête, qui depuis des années, n'avait jamais quitté celle ci. Tous ceux qui le connaissait depuis ces dix dernires années, ne l'avait sans doute jamais vu sans son chapeau. Les gens n'avaient jamais vu ses cheveux mi-longs, qui ne retombaient pas sur les côtés de sa tête. Ni bouclés ni lisses, aussi sombres que l'ébène, ils volaient très peu au rythme du fort vent qui arrivaient au sommet des escaliers.


    Sur le pont, il n'y avait plus aucun signe de vie, pas même un oiseau ne volait autour des mâts, autour du navire qui ne semblait pas en si mauvais état que ça. Beaucoup de cadavres faisaient obstacles sur le pont. Il n'y avait pas d'autres lumières que la lune et que les dernières braises des torches et des lanternes. Le seul son à bord qui parvenait à ses oreilles, étaient celui des vagues contre la coque du navire. Sentir le vent sur ses cheveux et ses oreilles, cela lui faisait un drôle d'effet, il n'avait pas ressentit ceci depuis des années. Son pied heurta quelque chose de léger mais de dur. Quelque chose de métallique, une petite dague faite en acier. Il prit le temps de se baiser tout en observant autour de lui, sans même bouger la tête. Toujours à l'affut de tout, la dernière chose qu'il lui fallait était de se faire avoir bêtement par quelqu'un dont la présence lui aurait échappé. Il ne savait déjà même pas comment il était arrivé dans la câle ni même ce qui lui était arrivé ces dernières heures. Saisissant l'objet qui serait la clef de ses menottes de fortunes, il se releva tenant la fine lame pointe vers le bas, à l'envers, dans sa main.


    Le corsaire frotta ses liens contre le tranchant de la lame qui s'immisçait à travers le fin cordage avant de le traverser sans faire d'histoire. Ses poignets qui étaient jusque là liés pouvaient enfin se séparer, laissant tomber au passage l'entrave responsable des maux au bout de ses doigts. Les picotements étaient encore présent, mais ils s'atténuaient peu à peu, lui permettant de frotter ses poignets au dessus des marques faites par la corde. Il n'y avait absolument personne dans les parages, le seul monde qu'il y avait autour de lui était bel et bien mort. Il avait perdu la bataille et il ne savait pqs pourquoi. Une forme qu'il connaissait par coeur ornait le centre du pont. Il s'en approcha lentement, à pas de loup, ses pas n'étaient même pas perceptibles sous les sons du vent et des vagues. Il pouvait observer dans la pénombre une grande croix planté dans le sol en bois, sur le pont. Il reconnaissait bien là la garde de son grand sabre noir qui était très long et large. Au sommet du manche, accroché était son grand chapeau. L'homme prit place devant son arme pour attraper son couvre-chef avant de le placer sur sa tête. Son arme n'était pas planté dans le sol, mais dans le corps d'une personne. Cependant, à sa grande surprise le corps qui se trouvait au sol n'était pas celui d'un homme de son équipage. Il s'agissait du corps du capitaine pirate qui avait dérobé la fameuse fregate.



      Mais que s'est-il passé...


    Sortant son arme du cadavre, nettoyant cette dernière rapidement avant de la replacer dans son dos, il s'empara d'une torche qu'il alluma en profitant des dernière braises d'une bougie. Le corsaire fit l'état des lieu, dans le but de voir qui était mort. Il sen rendit compte que beaucoup d'ennemis avaient été tué, peut être même tous, mais c'était également le cas de son équipage. Retournant dans la câle il vit le corps d'un homme allongé non loin du lieu où il avait reprit connaissance. Cet homme avait la nuque brisée, se pourrait-il que se soit lui qui ai mit un terme à son existance avant de s'évanouir ? Beaucoup de question s'enchaînait dans son esprit. Quasiment tous ses hommes étaient morts, et en comptant les corps ennemis, il arrivait à compléter l'équipage adverse. A part quelques-uns qui avaient du être jetés à la mer durant la bataille... Une fois de nouveau sur le pont, il vit des résidus du navire adversaire dans la mer. Le navire avait été coulé ? En inspectant son navire, il pu constater que l'éperon qu'il venait de faire installer à l'avant de son navire avait été fort endommagé. Avait-il servi pour attaquer le navire ? Il avait tellement de questions sans aucunes réponses... Beaucoup d'entailles étaient visibles sur le bois dans le navire. Des entailles causées par une lame, mais également d'une certaine manière. Il reconnaissait là des coups qu'il avait mit au point durant ses entraînement à l'escrime. Il avait combattu ici, c'était sûr...


    Tout à coup, un volatile épuisé vint se poser sur a grande garde de son grand sabre noir. C'était le fameux messager qui traversait le ciel pour quérir des nouvelles de l'un avant de les rapporter à l'autre qui donnait également de ses nouvelles. Il se souvint qu'il aurait du écrire un second courrier à la jeune Briana pour lui donner des nouvelles de la bataille, pour lui préciser que tout c'était bien passé. L'homme ne savait pas vraiment à quoi s'attendre en lisant le courrier de la jeune femme. Allait elle lui en vouloir ? Il avait beau faire nuit, il ne savait pas combien de temps il s'était passé depuis le début de la bataille et son réveil. Des heures ou des jours ? Il s'empara de l'étui tout en se dirigeant vers sa cabine pour donner de quoi manger au faucon qui avait l'air épuisé. Cela faisait peut être une journée alors... Il laissa le volatile se nourrir en depliant le courrier sur son bureau pour le lire.



    Briana MacCord a écrit:


    Alexandre, 
    Cher Corsaire, 

    Comment taire l'inquiétude qui s'est alors emparée de moi ? Il me serait présentement impossible de le faire. Il fait des jours que j'attends. Attends de recevoir cette seconde lettre promise, car oui, j'eu bien pris vos mots comme tel lors de votre dernier échange. 

    Vous imaginez-vous seulement un instant ce à quoi mon esprit m'amène ? 
    Quelle torture vous me faites vivre de par votre silence ? 
    Alors diantre ! Dites-moi ? Etes-vous vivant encore ? 
    Puisse t-il ne pas en être autrement, car je vous en voudrez cruellement alors. 
    Certes, et je l'avoue, peut-êtes fis-je preuve d'un peu - si peu, d'exagération. Mais mettez-vous en ma place. 
    Vous auriez du déjà me tenir au courant de l'aboutissement de votre mission. Me donner signe de vie, qui aurait su me rassurer. 

    Je ne sais ce qu'il en est, à mon plus grand damne ! Tout comme je suis dans l'incertitude que cette missive vous parvienne, tant je demeure sans savoir si la mort est venue vous frapper ou aura eu la grâce de vous épargner. 

    Alors qu'il soit de vous ou bien d'une autre main... Je somme quiconque trouvera cette lettre d'y porter réponse en direction de Beaumont sur Sarthe en Maine. 

    Avec l'espoir de voir le prochain vélin griffé d'une écriture familière, 

    Briana MacCord. 


    P.S : Mes pensées et mes prières vous accompagne. 


    En lisant ses lignes, le Corsaire se doutait bien d'une telle réaction. Il lui avait promit de lui écrire de nouveau, pour la rassurer et lui dire que tout allait bien, mais il n'avait pas pu, sans savoir pour quelle raison exactement. Il s'en voulait de ne pas savoir pourquoi. Non pas qu'il avait des regrets, jamais il ferait quelque chose qu'il pourrait regretter, mais il était déçu de lui même, de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir pu sauver son équipage. Il semblait être l'unique survivant à bord de ce navire, et il ne savait pas pourquoi... Il prit un autre vélin vierge pour l'étaler sur son bureau tout près de celui qu'il venait de recevoir de la douce blonde. Une plume se souleva d'un encrier à l'aide d'une main qui, lentement, se mit à dessiner des lignes et des courbes sur le parchemin, pour former des lettres et des mots qui illustraient ses pensées et ce qu'il désirait apprendre à sa chère correspondante...


    Alexandre Giffard a écrit:


    Faict en mer    
    un jour du mois de Mars 1461.    

    Pour vous Briana,   

    Au vu de vos mots, je me rends compte que cela faict longtemps que je vous ai envoyé mon premier et unique courrier. Je tiens tout d'abord à vous rassurer car ma foy, je me porte très bien en épargnant une certaine migraine qui fait rage en ma teste. Il se trouve que la bataille fut fort rude, bien plus compliquée et surprenante que prévu, d'autant plus que je me suis retrouvé dans la câle de mon navire quelques heures avant que je prenne la plume, ayant perdu connaissance.

    L'équipage que nous devions arrêté à été mit hors d'état de nuire, cependant, mon équipage à subit de très lourde conséquences avec la mort de beaucoup d'hommes. J'ai du mal à me souvenir de tout ce qu'il s'est passé avant le début de la bataille. Mais je sais que je ne souffre que de quelques égratinures, à ma grande surprise et de quelques maux de testes. J'espère seulement que vous saurez me pardonner de n'avoir pu vous écrire de mes nouvelles suite à ce facheux contre-temps, la pire chose qui pourrait encore m'arriver serait de me brouiller avec vostre personne.

    Je vais m'empresser de reprendre la barre de mon navire dans le but de retourner en Normandie, pour retourner dans cette mairie de Bayeux qui ne m'aura pas vu depuis un moment.

    Cependant, j'espère que de vostre côté, tout se passe pour le mieux, je suis navré de vous avoir causé autant de soucis et d'inquiestude et j'espère que cela n'aura point déranger votre état de santé puisque vostre corps est également mit à rude épreuve au sein de l'armée de vostre marraine.

    Promettez moy de ne plus vous inquiester pour ma personne, je vais bien et j'irai encore mieux lorsque je serai rentré et que je me dirigerai vers le Mans pour vous retrouver.

    Je penses à vous, portez vous bien chère Briana.

    Bien à vous,

    Alexandre Giffard.



    Il sourit en signant son nom, il se dit qu'elle sera sans doute soulager de voir sa signature, si familière depuis ces derniers jours. Repliant le courrier avec soin, il se mit à penser à elle, pour savoir ce qu'elle faisait ou devait faire en ce moment même où il écrivait. Pensait-elle à lui ? Ou l'avait-elle déjà oublié ? Il ne pensait pas, la seule chose qu'il espérait, était qu'elle aille bien et qu'elle soit rassurée.

_________________








Briana.
    [ Beaumont s/Sarthe - Comme un fantôme errant ]


L'inquiétude est là, qui se lit parfois sur les différents visages que l'on croise entre les murs de l'immense bâtisse qui campe depuis longtemps sur le domaine de Beaumont. Les regards s'échangent, s'interrogent entre les gens de maison, soucieux de l'état dans lequel se trouve plongée l'une de leurs hôtes.
Elle les entrevoit ces mines préoccupées, mais n'y prête guère trop d'attention. Elle file, la jeune donzelle, sans jamais s'arrêter, dans les nombreux dédales que lui offre de parcourir la demeure, trouvant tout de même le temps de faire quelques haltes devant une fenêtre, scrutant l'horizon, longuement, comme si elle attendait de voir venir quelque chose... Quelqu'un...


Elle pense... Repense... A quoi ? Un cousin qu'elle ne reverra jamais. Ce grand Nord vers lequel elle aimerait à nouveau pouvoir voguer. Étouffante nostalgie qui oppresse. La senestre prend appui sur le double battant de la fenêtre tandis que la dextre elle, ouvre largement le second. Besoin d'air. D'un air aussi frais que celui qui s'immisce dans la pièce accompagné d'une légère bourrasque. Elle s'en empli, respirant à pleins poumons.
Derrière elle, une cheminée. Et ce vent, qui par sa force, obligeait les flammes à se coucher. Les larges tentures coulant le long des hautes et larges fenêtres s'étaient mises, quant à elles, à claquer aux vents qui continuaient de s'engouffrer dans la salle.
Bruit qui ne tarda pas d'attirer l'attention...


De l'intrusion, elle n'avait rien perçu, le sifflement du vent trop aigu l'en empêchant. Mais cette main venue s'abattre sur son épaule l'invitant à reculer de plusieurs pas avant d'être abandonnée, elle l'avait bien sentie.


" Mais qu'est-ce que vous faites ?! N'est-il plus permis de prendre l'air ?! "

" Ah mais biensûr que si ! Seulement Mademoiselle devrait plutôt veiller à le faire d'une autre manière que celle-ci... Pourquoi ne rejoindriez-vous pas les extérieurs pour une promenade ?"

" Pourquoi ? Mais... parce que je n'en ai pas la moindre envie pardi. Je suis bien ici... "

" Pourtant, voilà qui vous ferez surement du bien. Vous êtes constamment recluse. Le monde va finir par vous croire entrée au couvent si ça continue. "

"Et alors ? Qu'est ce que ça peut bien me faire ? Le monde peut bien penser ou croire ce qu'il veut. "


L'échange s'était terminé sur un haussement d'épaules. Agacée, la Blonde de devoir se justifier sur son comportement, elle avait préféré tourner les talons pour rejoindre sa chambre. A sa tête, les dires qui se répétaient... Et quand bien même auraient-elle pu se trouver cloîtrée dans un monastère, qui serait là de s'en soucier ? Karyaan peut-être ? Paul encore... Mais après ?
La nervosité se fait ressentir, et ce qu'elle ne peut exprimer par la force d'un cri retentissant, elle le fait dans un magistral claquement de porte. Et après un coup de sang, il lui faut trouver de quoi s'occuper... Un rien même, afin qu'elle puisse se calmer.
Les azurs visitent en tout point la pièce, s'abattant sur tout ce qui s'y trouve. Livres à lire qu'elle refuse d'ouvrir, broderie abandonnée là depuis plusieurs jours. L'impatience gagne alors qu'une grande inspiration est prise mais retenue. Elle se fige un petit instant, alors qu'elle pose regard sur sa petite correspondance. Des écrits depuis bien longtemps délaissés. D'ailleurs, il en est une à laquelle elle n'a pas encore répondue. Tâche à laquelle elle devrait s'affairer d'ailleurs. Aux dernières nouvelles, le Corsaire disait bientôt avoir à faire route vers le Mans et à cette allure, il finirait par être arrivé avant même qu'elle n'ait eu temps de rédiger un début de réponse.


Décidée à prendre la plume, elle rejoignit son bureau, prit place au derrière et retira la lettre parmi quelques autres qu'un épais ouvrage gardait pressées. Relecture faite, elle entreprit d'apporter réponse à son expéditeur.



    Citation:




    Faict à Beaumont s/Sarthe,
    Au 4ème jour d'Avril 1461.

    Cher Alexandre,

    Je crois qu'il n'eut jamais été de lettre aussi courte, écrite de ma main, que je ne vous eu envoyée. Mais il faut bien un début à tout n'est ce pas ? Brève missive qui sera la première d'une longue série à venir. Je n'ai aucun doute quant à cela.

    Sans doute vous demandez-vous déjà ce qui me pousse à faire aussi bref. Je m'en viens de suite vous assurer qu'il n'est pas cause de pénurie d'encre dans notre Comté. Rien qu'une énorme flemmardise de ma part et le souhait d'aller droit au but.
    A quoi bon tergiverser...

    Voyez-moi simplement rassurée de pouvoir vous compter parmi les vivants après que j'eus connu l'inquiétude vous concernant. Et point la peine de me demander de ne pas m'inquiéter pour vous. Comment pourrai-je contrôler l'incontrôlable dites-moi ?

    Pour ce que j'aurai tarder vous répondre depuis réception de vos mots, j'imagine que votre mandat en tant que Maire de Bayeux aura prit fin et que déjà, vous voilà en train de faire route pour venir jusqu'au Mans.
    Tenez-moi au courant de votre progression, espérant que le départ ait bien eu lieu.

    Laissez-moi vous dire à très bientôt cher Corsaire.

    Puisse Dieu veiller sur vous.

    B. MacCord


Dernier mots tracés, s'en suivit l'apposition d'un scel avant qu'elle ne soit dans l'obligation de quitter une seconde fois sa chambre pour la journée.
Il lui fallait bien faire partir son courrier...
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