Mihawk
- [ La veille ]
La nuit avait partagé sa lumière obscure depuis des heures passées déjà, le froid nous couvrait de son triste manteau de glace et le vent venait nous offrir une caresse gelée digne d'un long blizzard. Des conditions de vie difficiles, pour peu qu'on puisse se réchauffer par nos possessions ou nos ressentis. L'un des chemins de terre du village de Bayeux partait d'une taverne pour rejoindre les quelques pavés menant vers la sortie sud-ouest. Alors que la chaleur de la taverne le retenait, il ne put s'empêcher de quitter les lieux pour la veiller sur le chemin, afin qu'elle rejoigne son point de départ. Bien que les environs étaient moins chaleureuse, son coeur et son corps en chaleur se maintenaient. Il faut croire que les pensées nous maintiennent éveillées, et que les sentiments perdurent au delà des tourments. Ses yeux la suivent pendant son chemin, et durant ce temps il est certain, que tout sera plus triste demain.
Alors qu'il ne la voit plus physiquement, il s'en va rejoindre son arbre en espérant, qu'il aura de ses nouvelles rapidement.
C'est dans cet arbre qu'il passera une partie de la nuit, à penser, à sa vie et à son entraînement. Doit-il continuer dans sa voie sans relâche ? Ou doit il vivre d'autre chose que de la qualité des mouvements de ses lames ? Les flammes qui animent ses yeux orangés scrutent l'horizon, flamme non pas de haine mais d'une chaleur humaine plus complexe et plus importante. Il ne sait vraiment ce qui lui arrive, ce qu'il sait, c'est qu'il n'a jamais été aussi peu indifférent que cette soirée là.
Le corsaire observait les branchages danser au rythme que leur imposait le vent. Il pensait, il ne savait même plus à quoi penser. Cela lui arrivera-t-il à nouveau ? Il espérait seulement que si c'était le cas, rien ne serait différent, ni même les circonstances, ni même la personne. Une personne ? Lui penser à une personne en particulier... Autre que les pirates et bandits qu'il chassait...
Étrange... la vie est étrange mais cela ne lui déplaisait guère.
"Les plus belles rencontres sont les plus courtes..."
- [ Au jour des Valentins ]
Aussi tôt que les autres jours il s'était réveillé. Une dernière pensée avant de rejoindre son entraînement auquel il devait consacré toute son énergie, toute sa force, toute sa concentration et tout son être. Il s'aperçut qu'il avait du mal à cesser de penser, repoussant ainsi l'heure du commencement de sa journée d'entraînement. Il fronça les sourcils, grimaçant, grognant presque. Non pas qu'il ne voulait plus y penser, mais il devait s'entraîner, quoi qu'il arrive.
On entendait le sifflement de l'air fendu sous les coups portés par sa lame. De long et strident sifflement, témoignant du tranchant de son arme et également de l'expérience amassée par le corsaire qui visait la perfection de chaque coup. Son regard perçant semblait lui même pouvoir tranché l'air ou la matière, il regardait tout son entourage avec une telle détermination qu'il pouvait déceler tous les défauts des lieux ainsi qu'analyser chaque chose, complexe ou primitive.
Quand il est en mer, les hommes de son équipage lui trouve un don avec ce regard qui lui a servi à prendre le dessus sur bien des situations périlleuse en mer comme sur terre.
Sa lame provoquait de légères bourrasque de vents, qui associées à ses mouvements vifs, faisaient voler sa cape en arrière ou sur les côtés. Une personne s'approchait de lui sans se faire furtif, il ne savait de qui il s'agissait mais cela se rapprochait, alors qu'il se trouvait dans l'un des coins du verger. S'approcher d'un homme s'entraînant avec un grand sabre ? C'était presque du suicide. Il se retourna tout à coup en envoyant le tranchant de sa longue lame à l'horizontal. Un peu en biais, ce qui facilite l'entaille. La lame trancha l'air juste au dessus de la tête de l'homme qui s'approchait, qui s'arrêta net, le coeur loin derrière lui, presque choqué.
- Humf... une lettre pour vous... Messire.
En silence et lentement il s'empara délicatement de la lettre. Était-ce bien ce à quoi il pensait ? Offrant une poignée d'écus à l'homme qui prit la fuite, il se dirigea vers un arbre qu'il connaissait bien et dans lequel il aimait bien monter. Même s'il ne connaissait les lieux que depuis peu de temps seulement, il prenait quelques repaires, bien qu'il ne restera sans doute point dans les parages.
La lettre était soigneusement enroulé, il savait à l'avance de quoi il s'agissait maintenant... Il décela un parfum qu'il reconnu, puis l'ouvrit pour en lire le contenu. Ses yeux parcouraient les lettres, les mots et les phrases. Relisant au passage certaines lignes, observant l'agréable écriture qui s'offrait à lui.
Briana MacCord a écrit:
Faict à Avranches,
au 14ème jour de Février 1461.
Pour Vous Alexandre,
De moi, Briana,
Parce qu'un simple merci n'aurait suffit, il me fallait venir coucher quelques mots.
C'est à l'abri d'une taverne sans éclat que je m'en viens les écrire, espérant vivement que cette missive saura vous trouver, vous, son destinataire... Vous, Corsaire à qui je pense sur un sourire lorsqu'il m'arrive de mirer cette rose si gentiment offerte.
Sachez que celle-ci ne me quitte pas et qu'une fois son éclat devenu terne, elle saura trouver sa place dans mon "Livre des souvenirs". Soyez-en certain.
Merci pour le geste, merci pour cette journée passée, si agréable fut-elle à vivre en votre compagnie.
Puisse un jour faire que nos destins se recroisent et dans cette attente, laissons à nos plumes plaisir de pouvoir le faire.
Je vous dis à bientôt de vous lire,
Bien à vous,
Briana MacCord
au 14ème jour de Février 1461.
Pour Vous Alexandre,
De moi, Briana,
Parce qu'un simple merci n'aurait suffit, il me fallait venir coucher quelques mots.
C'est à l'abri d'une taverne sans éclat que je m'en viens les écrire, espérant vivement que cette missive saura vous trouver, vous, son destinataire... Vous, Corsaire à qui je pense sur un sourire lorsqu'il m'arrive de mirer cette rose si gentiment offerte.
Sachez que celle-ci ne me quitte pas et qu'une fois son éclat devenu terne, elle saura trouver sa place dans mon "Livre des souvenirs". Soyez-en certain.
Merci pour le geste, merci pour cette journée passée, si agréable fut-elle à vivre en votre compagnie.
Puisse un jour faire que nos destins se recroisent et dans cette attente, laissons à nos plumes plaisir de pouvoir le faire.
Je vous dis à bientôt de vous lire,
Bien à vous,
Briana MacCord
Un léger sourire prit place sur son visage à moitié caché par son grand chapeau de corsaire, masquant son regard. Ce début d'après-midi lui avait apporté une compagnie forte agréable. Non pas le coursier pour sûr, mais les pensées d'une personne à qui, à présent, il tenait.
Il était maintenant l'heure de s'occuper d'une réponse. Son entraînement allait certes se suspendre, mais il ne fera que travailler plus longtemps durant la journée pour rattraper ce retard amplement justifié. Il prit la direction de sa maison, maison un peu trop grande pour lui, vêtue de deux grands champs de maïs et marquée par la présence d'un beau pigeonnier. Des messages étaient arrivés mais il n'avait pas spécialement envie de les lire pour le moment. Il était occupé. On ne peut pas tout faire en même temps... Surtout quand on fait quelque chose de déjà important.
Le corsaire avec son chapeau et son grand sabre fixé dans son dos, poussa la porte de sa maison afin d'y entrer rejoindre son bureau. Un bureau sur lequel était dressée une carte de navigation avec quelques petites maquettes de bateaux, ainsi que des aiguilles. On aurait dit un plan stratégique pour sortir d'une embuscade face à deux frégates.
Il rangea chaque petit gabarit de bois pour replier la carte. Durant se fait le compas qui traînait sur la carte glissa pour s'apprêter à tomber au sol. Alexandre se pencha pour le rattraper avec une grande vivacité avant que celui ci ne touche le sol. Soupirant, plus agacé que rassuré, il rangea le tout proprement dans un tiroir avant d'étaler la lettre sur le bureau pour la relire en silence, au calme. Il prit dans un autre tiroir un encrier ainsi qu'une plume et un parchemin vierge.
Assit convenablement sur sa chaise, prêt à écrire, il saisit sa plume pour la tremper dans l'encrier avant de déposer le bout de la plume sur le parchemin pour l'entacher de son encre. Peu hésitant, il commença à rédiger un message pour sa destinataire.
Alexandre Giffard a écrit:
Faict à Bayeux,
le quatorzième jour du mois de Février 1461.
Pour vous Briana,
De moy, Alexandre,
Parce que je ne suis point aveugle, ni amnésique, je prend la plume pour vous répondre sans attendre.
Sachez que vos mots me parviennent avec grand plaisir, d'autant plus q'ils m'apprennent que vous apprécié l'attention de mon présent véritablement sincère.
Sachez aussi qu'une escorte de ma part j'aurai préféré vous offrir, mais je ne puys quitter Bayeux cette fois ci. Mais lors de notre prochaine rencontre, je vous promets de vous faire cadeau de ma veillance, même si je n'ai point besoin de vous l'offrir pour que celle ci soit effective.
Cette rose à de la chance de se trouver et de rester à vos côtés, je suis sûr que ses couleurs resteront vives longtemps.
La journée d'hier fut en effet très agréable, Bayeux qui se mourait à vu passer un rayon de soleil à travers sa taverne municipale, avant qu'il ne séclipse joliment avec la nuit.
Ma bienveillance me fait demander si bonne route vous avez fait avec votre cousin Osfrid, que je n'ai pas eu le plaisir de rencontré malheureusement. J'espère également que la nuit ne vous a point apporté trop de fraîcheur, et qu'au contraire elle fut sans nul soucis.
Demain vous ne serez sans doute plus en Normandie et la distance entre vous et mon pigeonnier sera plus grande. Mais peu importe la distance, je saurai attendre de vos nouvelles.
En espérant que cette lettre vous trouve à travers les vents froids, en suivant la chaleur de votre parfum.
En attendant de vos nouvelles, et espérant vous revoir fort tôt.
Portez vous bien, que Dieu vous garde,
Alexandre Giffard
le quatorzième jour du mois de Février 1461.
Pour vous Briana,
De moy, Alexandre,
Parce que je ne suis point aveugle, ni amnésique, je prend la plume pour vous répondre sans attendre.
Sachez que vos mots me parviennent avec grand plaisir, d'autant plus q'ils m'apprennent que vous apprécié l'attention de mon présent véritablement sincère.
Sachez aussi qu'une escorte de ma part j'aurai préféré vous offrir, mais je ne puys quitter Bayeux cette fois ci. Mais lors de notre prochaine rencontre, je vous promets de vous faire cadeau de ma veillance, même si je n'ai point besoin de vous l'offrir pour que celle ci soit effective.
Cette rose à de la chance de se trouver et de rester à vos côtés, je suis sûr que ses couleurs resteront vives longtemps.
La journée d'hier fut en effet très agréable, Bayeux qui se mourait à vu passer un rayon de soleil à travers sa taverne municipale, avant qu'il ne séclipse joliment avec la nuit.
Ma bienveillance me fait demander si bonne route vous avez fait avec votre cousin Osfrid, que je n'ai pas eu le plaisir de rencontré malheureusement. J'espère également que la nuit ne vous a point apporté trop de fraîcheur, et qu'au contraire elle fut sans nul soucis.
Demain vous ne serez sans doute plus en Normandie et la distance entre vous et mon pigeonnier sera plus grande. Mais peu importe la distance, je saurai attendre de vos nouvelles.
En espérant que cette lettre vous trouve à travers les vents froids, en suivant la chaleur de votre parfum.
En attendant de vos nouvelles, et espérant vous revoir fort tôt.
Portez vous bien, que Dieu vous garde,
Alexandre Giffard
Le corsaire signa délicatement sa missive avant de la relire lentement quelques fois. Se levant, il prit soin de l'enrouler avant de la glisser dans un petit étui en colonne, bien fermé, et imperturbable quel-quen soit les intempéries. Calmement, il quitta son bureau pour rejoindre la porte menant à la sortie. Rejoignant le chemin de terre froid qui craquait sous ses pas, il prit la direction de son pigeonnier pour en sortir l'un de ses plus robustes faucons. Il prit soin de bien attacher le message au dessus des serres de son messager qui se chargerai de livrer la missive à sa destinataire. Il prit le faucon sur son avant-bras avant de le faire envoyer au coursier le plus proche de sa destinataire.
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