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[RP]Promesses de Noël en Baronnie de Langolen

Roxannemontfortlaval
Tout était immobile. Un silence sépulcral régnait sur les terres enneigées de Langolen. Peu à peu, l'aube accrochait ses blafardes lueurs aux branches squelettiques des arbres dénudés. Elle s'arrêta un instant afin de reprendre son souffle. A en juger à la brûlure de ses poumons, la température devait avoisiner les dessous de zéro. Ajoutée au froid, la fatigue lui paralysait les membres. Et plus elle avançait, plus elle s'enfonçait dans la neige.
Et tout cela pour un malheureux sapin qu'elle se trainait maintenant qu'elle l'avait coupé. Mais elle en avait fait la promesse à Yaouen-Elfyn. Ce serait son premier Noël avec un vrai sapin tout décoré dans la grand-salle.
Depuis sa naissance, Roxanne n'avait jamais voulu fêter Noël et encore moins décorer Langolen. Il y avait l'anniversaire de la mort de son père qui revenait la hanter à chaque même période. Puis l'année dernière, elle s'en revenait du front au mois de décembre et s'en était parti presque directement ensuite en Irlande, où elle avait passé trois mois. En pleine séparation d'avec Alwen et le souvenir était encore vivace. Autant pour leur enfant que pour elle.

Elle ne voulait pas cette année non plus faire quoi que ce soit, mais un peu plus tôt dans la journée, en allant au Noël des nobles, son coeur avait manqué des battements en découvrant l'air émerveillé de son fils devant le sapin géant. Elle avait alors compris qu'inconsciemment, presqu'égoïstement, elle privait son louveteau d'une chose essentielle : la magie de cette période de l'année.

Les gris qui ont retrouvés quasiment toute leur faculté, prennent alors conscience d'un volatile qui volette tant bien que mal. Froncement de sourcils, le sapin est abandonné au sol, alors que la fauconnière en elle surveille les mouvements de l'oiseau. Il s'éloigne encore de cinq bons mètre mais semble l'observer d'un air de défi. Une chouette....une malheureuse petite chouette. L'aile brisée à ce que pouvait en déceler la blondine. Et elle irait jusqu'au bout de ses forces avant de se laisser capturer, elle avait assez d'expérience pour le deviner. Si ce harfang n'était aussi beau, elle n'aurait sans doute pas tenté, l'après-midi déclinant et la nuit allait être froide.
Mais voila, cette chouette des neiges était d'une extraordinaire beauté et plus encore...d'une valeur inestimable.
Les grands rapaces nocturnes sauvages devenaient de plus en plus rares en effet dans les bois appartenant aux terres de Langolen. Hormis une fiche tacheture rousse sur le dos, son plumage, d'un blanc éclatant, lui donnait la silhouette d'un bonhomme de neige. Déployées, ses ailes devaient atteindre une envergure de quatre-vingt centimètres. Un spécimen exceptionnel, dont la fière attitude forçait l'admiration de Roxanne.
Elle regrettait à cet instant même, que son frère Merry ne soit pas là pour le voir.
Stoïque, ses grands yeux orangés posés sur elle, l'oiseau semblait l'attendre. Hors du couvert de la forêt, il n'avait plus aucune chance de s'échapper. Du sang maculait son aile.
A bout de force, la respiration saccadée, il s'efforçait avec courage de ne montrer à sa poursuivante aucun signe de faiblesse, farouchement déterminé à lutter jusque la mort. Et il mourrait assurément si Roxanne ne l'attrapait pas.

D'un large mouvement de bras, elle força l'oiseau à reculer jusqu'au bâtiment le plus proche qui n'était autre que l'une des granges dans lesquelles étaient entreposés le fourrage pour l'hiver.
Toute l'attention de la chouette concentrée sur l'intruse que représentait pour elle Roxanne, le harfang ne prenait pas encore conscience du nouveau danger que représentait pour lui, les bâtiments habités. Lorsque son odorat l'en avertirait, le harfang s'affolerait et commettrait une erreur.

Elle l'espérait du moins. Les poumons en feu, la vue brouillée, elle était entraînée certes, mais là entre le sapin abattu auquel elle s'était attaqué pour une première et maintenant la course à la chouette, ça commençait à faire beaucoup. Ses muscles la trahissaient et une crampe lui vrillait la jambe dextre. Sans parler du longbow qui lui sciait l'épaule.
Rassemblant toute son énergie, elle se remit à avancer. Aussi silencieuse que le rapace qu'elle traquait, acculant, inexorablement, ce dernier, vers la grange la plus proche.
S'arrachant lourdement à la neige, le harfang lui, se réfugia contre le mur, son bec acéré pointé vers son assaillante. Dérisoire tentative de dissuasion pour quelqu'un comme Roxanne, qui, en bonne fauconnière n'ignorait nullement que l'arme véritable des rapaces n'était pas tant leur bec que leurs serres, ces redoutables griffes qui, une fois refermées sur leurs proies, les laissaient rarement échapper. Bien sûr une morsure n'était pas à négliger, même si ses mains étaient vêtues des gants de cuir appropriés.
Elle bénissait le ciel que pour cette fois, Phoenix ait jugé bon de ne pas la suivre. L'aigle royal avait préféré rester au sein du domaine.
Et soudain le harfang se fige. Un courant d'air avait du le prévenir de l'odeur des chevaux, dans les écuries sises non loin. Et bien qu'équidés et oiseaux de proies ne soient pas des ennemis, toute odeur étrangère représentait pour lui une menace. La chouette tourna la tête l'espace d'une seconde, avant de braver de nouveau Roxanne d'un regard luisant de colère.

"- Tout doux ma belle. Tout doux."

Murmure de la blondine qui dépose son longbow tout en douceur le long du mur de la grange.

Comme paralysé, l'oiseau la regardait s'approcher, pas à pas, insensiblement.

"- Ne bouuuge pas. Ma toute belle...là..n'aies pas peur. Je ne te ferais pas de mal."

Au pas suivant, la chouette des neiges tenta vaillamment de gonfler son plumage et de déployer ses ailes afin de décourager son assaillante. Une tentative désespérée : elle savait de toute façon qu'elle ne pouvait pas voler. Mais généralement, cela suffisait à intimider certains de ses prédateurs. Ce qui impressionna surtout Roxanne, ce fut le sang séché qui maculait son aile brisée.
Le coeur serré, elle lui confia tendrement ce qu'elle pensait des femelles de son espèce : belles, fières, volontaires, mais hélas dotées d'un cerveau gros comme un pois chiche ! Elle jura même entre ses dents en breton, en gaélique, en françoys de sa voix la plus douce. Mais rien n'y fit. Battant furieusement de son aile valide, la chouette rassemblait ses dernières forces pour bondir.

C'est alors que des pas crissèrent dans la neige, et du coin de l'oeil , elle vit une petite silhouette se profiler dans l'entrée de la grange. Yaouen-Elfyn ! Il ne pouvait tomber mieux.
Effrayé par la nouvelle odeur, par le nouveau danger, l'oiseau tourna la tête et Roxanne en profita pour franchir les derniers mètres qui les séparaient tout en intimant à son fils de ne pas bouger de là où il se trouvait.
L'enfant ne fit d'ailleurs pas de manière pour obéir, hypnotisé qu'il était par le spectacle de sa mère et de l'animal en train de lutter.
Quelques secondes plus tard, les bras de Roxanne se refermaient sur la chouette, maintenant ses ailes serrées afin de l'empêcher de se débattre. Puis elle la souleva.
Sifflant de rage, le rapace perça de ses serres le gant de Roxanne qui laissa échapper un juron de douleur, tandis que le bec du harfang lui visait les yeux. Si visiblement l'animal n'était pas heureux, la blonde fauconnière ne l'était pas non plus. Elle n'avait qu'une seule solution pour immobiliser l'oiseau avant qu'il ne se blesse davantage. Mais c'était prendre un risque pour elle-même. Déjà l'une des pattes avait échappé à sa prise.
Sans se retourner, elle parle tranquillement à Yaouen afin de ne pas l'effrayer.

"- Trésor, va chercher Krystos, vaam a ramené un sapin, demande lui de venir ici pour le prendre et l'emmener dans la grand-salle".

Elle savait bien que le vieux mestre d'armes ne manquerait pas d'accourir sur les lieux et lui prêterait assistance pour le cas où le harfang ne se calme pas.

Grondant, criaillant, le harfang labourait de ses griffes le bas de son surcot. Il avait beau ne pas peser lourd, deux bras ne suffisaient décidément pas à en venir à bout....

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En deuil de ma Pelote, Dame de Concoret & de Naël d'Artignac, Duc du Tregor et Chevalier de Pontekroaz.
Krystos
Une petite silhouette qui tricote sur ses jambes aussi vite qu'elle le peut et un moment plus tard, cavalcade claudicante qui se pointe.

Je vais vous aider ! Dites-moi ce que je dois faire Mim'zelle Roxanne !

Il était certain qu'elle l'a entendu plus qu'il ne l'a vu. Et il avait parlé d'une voix calme et apaisante, notant tout de suite la situation.

"- votre veste !"

Ma...veste ?

- Oui votre veste Krystos ! Et jetez là sur sa tête ! Dépêchez-vous, non d'une triple buse !!"

A l'instant précis où elle fut aveuglée, la chouette cessa de se débattre et le silence retomba brusquement.

Mais vous saignez sur votre joue Mim'zelle Roxanne !

"- Aucune importance ! Rentrez vous mettre au chaud avant de mourir de froid Krystos ! Nous ferons le sapin tout à l'heure avec Yaouen."

Mim'zelle, il vous faut un endroit pour mettre c't'oiseau. Que je présume que vous pouviez pas le mettre avec les autres dans la volière, ils vont le déchiqueter.

"- Le harfang est surtout blessé Krystos, donc non, comme vous dites, je ne peux pas l'installer dans la volière avec les autres rapaces. Il me faut l'isoler et le soigner."

Y'a une vieille cage à vot'père dans le coin du fenil !

"- Je la trouverais bien toute seule, allez vous réchauffer !"

Mais qu'vous pourrez pas monter l'escalier avec votre chouette dans les bras Mim'zelle Roxanne ! Si vous voulez que je vous aide...

"- Non trugarez, je me débrouillerai, vous m'avez déjà bien aidée Krystos !".

Le vieux mestre d'armes la regarde et se met alors à souffler et éructer.

Ah oui ? Et comment ? Je ne vois pas comment vous pourrez attraper cette foutue cage sans lâcher le harfang ! Et je doute que vous ayez envie de le libérer avant de l'avoir mis en lieu sûr !

"- Trugarez ! Mais je préfère décidément que vous rentriez vous réchauffer Krystos ! J'ai moi aussi le droit de m'inquiéter pour vous !"

Quelle autorité ! Il ne pouvait faire autrement que d'attraper le sapin et le traîner jusque dans la grand salle du domaine. Y 'avait pas à dire, la gamine ressemblait de plus en plus à son père. Mais le vieil homme avait noté la lueur fugitive dans les yeux de Roxanne. Et c'était le genre de lueur qu'il aimait pas, mais alors, pas du tout à lui voir.
C'est en grognant et pestant entre ses dents que le sapin fut emmené lui aussi en dehors de la froidure.
Roxannemontfortlaval
Acre, l'odeur mêlée du cuir, des fourrages et des chevaux, la saisit à la gorge, dès qu'elle mit le pied dans le bâtiment. Le temps de s'habituer à l'obscurité, et elle longe l'enfilade de stalles, une douzaine au total, dans lesquels se trouvent de magnifiques brabançons*, à la robe cuivrée pour certains, les autres de couleur fauve. La stalle d'Orphée, son lipizzan disparu lors de l'accident est restée désespérément vide. Entretenue presque religieusement par la Chevalier elle-même, pas un jour, sans qu'elle ne passe en ces lieux. Parmi eux, il y avait trois étalons et quatre juments pleines. Deux des autres chevaux n'avaient visiblement pas encore atteint leur taille définitive. Des yearlings.
Dans l'immédiat, il lui restait encore à monter jusqu'au fenil, ce qui n'allait pas être chose aisée avec la contracture de sa cuisse, et son chargement, qui commençait à montrer des signes d'impatience.
Sans laisser au rapace la moindre chance de lui fausser compagnie, elle se hisse lentement jusqu'à l'étage. La cage se trouvait là, juste à côté de l'escalier. Une volière spacieuse d'une méticuleuse propreté. L'empreinte de son père était encore tenace en ces objets qui lui avaient appartenus.
Par chance, la porte en était ouverte. Sans plus attendre, elle y pénétra, et avant de la libérer de la veste qui l'aveuglait, Roxanne posa la chouette des neiges sur l'un des perchoirs.

Immédiatement, les redoutables serres s'agrippèrent au barreau de bois tandis que l'animal poussait un cri strident.

"- Tu m'en veux toujours n'est-ce pas ma toute belle ? Mais tu vas voir, je vais te choyer comme une reine".

La blondine hésite un instant. Le harfang semblait avoir retrouvé son calme. Mais elle le savait pertinemment, sitôt la veste retirée, ça en serait fini de sa docilité. Tout en soulevant lentement le vêtement, centimètre par centimètre, les fines mains palpent avec précaution le corps de l'oiseau, afin de vérifier s'il n'avait pas d'autres blessures. Ce qu'elle n'avait pas été capable de faire pour Phoenix lorsqu'il s'était cassé une aile et qu'elle L'avait porté en catastrophe à son frère, le temps passé auprès de la grand fauconnier de France le lui permettait ce jour avec cette chouette des neiges.

"- Doucement ma belle. Si tu es bien sage pendant que je te soignerais ton aile tu pourras ensuite me sauter à la gorge si tu en as encore envie. Cela te plairait n'est-ce pas ma beauté ? Et...Non d'une triple buse !!!!

Elle venait d'ôter entièrement la veste et voilà qu'elle était soudainement secouée d'un grand éclat de rire. La chouette le fixait de ses grands yeux accusateurs.

"- Excuse moi mon vieux pour l'offense ! Si j'avais su que je parlais à un monsieur j'aurais dit que je te traiterais encore mieux qu'un grand-duc et non qu'une reyne !"

Sans doute poussée par une rafale de vent, la porte en bas venait de claquer. Mais Roxanne n'y prêta pas attention. Rien ne comptait dans l'immédiat, que cet oiseau qui la toisait avec fierté. Mais le courant amical tardait à passer du côté de l'animal. Et l'éclat ardent de son regard ne trompait pas. Sans quitter un instant l'oiseau des yeux, elle retira ses gants. Malgré la présence des chevaux, il ne faisait pas chaud dans l'écurie. Aussi, souffla t'elle longuement sur ses doigts avant de les remuer, un à un.

"- Bon. Maintenant je vais pouvoir aller te chercher un peu d'eau Arthur ! Et ce qu'il faut pour t'arranger cette pauvre aile. Pendant ce temps là mon vieux, tâche de réviser tes positions à mon égard. Si nos relations ne s'améliorent pas rapidement, nous n'allons pas tarder à passer toi et moi un sale quart d'heure !"

Arthur. Ainsi voila le harfang prénommé. Elle alla chercher un linge propre afin de bander les yeux d'Arthur, et l'aveugler le temps qu'elle le soigne.
A peine avait-elle de nouveau posé le pied à l'intérieur de la volière que l'oiseau ouvrit les yeux, posant sur elle un regard pathétique mais tout vibrant de la farouche fierté qui l'habitait.

Emue, Roxanne ne voyait plus que lui. Et elle comprenait pourquoi depuis l'enfance, grâce à son père, elle s'était amourachée de ces rapaces. Doué ! Que cet animal était beau. Et pourquoi fallait-il que ce soit les plus indomptables, les plus admirables des créatures qui se comptent au nombre des espèces qui se faisaient de moins en moins prolixes.


"- Tu t'en sortiras mon vieux, je te le promets. Je ne te laisserai pas mourir !"

Qui eut cru qu'il s'agissait de la Chambellan de Bretagne, qui s'était agenouillée là auprès du rapace, dans les hauteurs de l'écurie. Puis, après avoir allumé une lanterne, elle étala son matériel au sol, sans cesser de lui parler. Ce bien sûr, afin de rassurer le rapace.

"- Lorsqu'on parle des grands rapaces, tout le monde pense automatiquement aux aigles, aux vautours et aux faucons. En fait, si on oublie si souvent les chouettes dans la liste, c'est qu'elles sont méconnues. Contrairement aux faucons qui sont des rapaces diurnes, toi mon vieux, tu dois chercher ta nourriture la nuit. Et si Phoenix peut monter très haut dans les airs et détecter sa proie à plusieurs lieues de distance, toi, tu en es tout à fait incapable."

Et hop. A l'instant où Roxanne l'aveugla, l'oiseau eut un frémissement de tout son corps. Puis il ne bougea plus. Même quand la jeune femme, déploya avec une douceur inouïe, l'aile brisée. La masse complexe du pennage** ne lui facilitait pas la tâche. Mais par chance, la cassure était nette. Elle n'ose pas utiliser un tranquillisant. A en juger par les battements accélérés de son coeur, le rapace présentait déjà tous les symptômes d'un état de choc, et lui administrer une goutte de potion sédative augmenterait encore les risques d'arrêt cardiaque.
Il ne serait donc pas possible de soigner le malheureux animal, sans le faire souffrir ! Pourquoi fallait-il que si souvent, dans cette chienne de vie, la bienveillance ne puisse s'exercer sans prendre les formes de la cruauté.

Et la voilà qui continue à lui parler.


"- Si tu sais parfaitement planer, tu es cependant incapable de voler haut. La nature t'a faite différente des autres rapaces. Tous ont des cerceaux, des formes rigides autour des ailes mais pas toi. Par contre , tes plumes à toi te permettent de t'approcher sans bruit de tes proies. C'est pour cela que tu es si beau. Mais c'est aussi pour ça que tu manques de force et que tu n'es pas capable de t'élever très haut."

Finalement, après réflexion rapide, Roxanne juge bon de ne pas poser d'attelle. La blessure étant située trop près de l'épaule. Après l'avoir nettoyée et enduite d'un baume, elle replaça soigneusement l'aile en position fermée et la recouvrit d'une gaze.
Sous ses doigts, le corps chaud de l'animal, incroyablement menu sous la masse de plumes et de duvet, palpitait. Fragile.
Tel un défi à la vie, son petit coeur battait à la mesure de son courage, immense, et de son admirable volonté.

L'expression aussi impénétrable que ses gestes étaient doux Roxanne immobilisa enfin l'aile à l'aide d'une large bande dont elle ceignit solidement le harfang. Une protection indispensable contre les coups de becs rageurs qu'il ne manquerait pas de s'administrer.

"- Et oui, c'est toi, le harfang, le meilleur des chasseurs. Déterminé et intelligent, tu ignores la peur. Si tu as des petits à nourrir tu ne recules pas devant une proie qui peut faire le double de ton poids. Et face à un danger c'est au prix de ta vie que tu le défendras. Comme moi avec Yaouen-Elfyn"

Si on l'avait vu, installée la-haut, en train de bêtifier devant un rapace mais plus encore, en train de le soigner alors qu'elle ne supporte pas qu'on l'approche elle pour en faire autant, nul doute que certains en auraient ri. Si son hencher particulier la voyait faire, il serait tordu de rire à n'en point douter. Et ne manquerait nullement de se moquer d'elle.

Roxanne poussa un long soupir. Les soins étaient maintenant terminés. Mais avant de libérer l'oiseau de proie de son bandeau, il lui fallait encore l'attacher au perchoir. Une opération des plus simples à vrai dire, mais dans l'espace de quelques secondes, la blonde s'en crut incapable, tant le sang lui martelait les tempes. Maintenant que sa tension nerveuse retombait, la fatigue morale accumulée ces dernières heures, après sa longue discussion avec Caled, remontait à la surface.
Elle redressa les épaules et commença à nouer une fine corde à la patte du harfang. Elle allait mettre un mois à six semaines en gros pour cicatriser son aile. Mais comme décembre était là, elle n'imaginait même pas le relâcher en plein coeur de l'hiver. Il y succomberait après une telle blessure.

Arthur était en effet si fatigué, qu'il ne cherche même pas à se rebiffer quand il retrouva l'usage de sa vue. Tremblant, il referma aussitôt les yeux, tout instinct vindicatif oublié. L'idée qu'il puisse ne pas survivre à cette épreuve laissa Roxanne un brin désemparée. Il était faible à cause de sa blessure, et si elle ne l'avait pas capturé pour le soigner, ne pouvant plus ni voler ni donc chasser, le harfang aurait fini par mourir. Certains rapaces ne survivaient pas en captivité. Ils perdent toute envie de lutter et de se nourrir et c'était toujours la première crainte de Roxanne dans ces cas là.
Voilà qu'elle craignait maintenant de lui avoir fait plus de mal que de bien ! Il lui fallait maintenant aller quérir des provisions pour le harfang : musaraignes, souris ou rats feraient l'affaire.


*cheval de trait. Mais aussi, le brabançon était un groupe de mercenaires ou de brigands.
** plumage des oiseaux de proie.

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En deuil de ma Pelote, Dame de Concoret & de Naël d'Artignac, Duc du Tregor et Chevalier de Pontekroaz.
Guigoux
Il était tôt dans le matin, la neige était venue recouvrir la Bretagne de son manteau doux et soyeux. Oh, une fine couche, pas de quoi déclencher une avalanche. Mais j'étais là, dehors à me les peler sévère, à attendre la voiture. Ne jamais commander une voiture particulière, ça coûte cher et c'est jamais à l'heure.

Je tenais un panier d'osier à la main et ma canne à l'autre. le panier était fermé par deux pans de bois. J'avais le nez rouge, avec une goutte au bout. Les oreilles étaient aussi rouge que mon nez, et mon coup était au chaud sous une écharpe de laine. Je ne portais pas de gants, je détestais cela.

Les gants, grand système philosophique que voilà! C'est censé tenir chaud, et être doux. c'est censé éviter que nos doigts tombent à cause du gel. C'est censé plein de choses. Mais la chose la moins sensée, c'est que les gants, ça enlève toutes sensation physique des mains. Et ça, moi, je ne pouvais pas m'en passer. J'avais besoin de toucher et de sentir ce que je touchais. C'est pour ça que je ne portais pas de gants.

En outre, j'avais le grand mantel rouge de l'hiver. Oh ce n'était pas un choix pour le confort, puisqu'il était simple au possible, et coupait du froid autant qu'il le pouvait. Mais mon mantel blanc ne ressortait pas assez avec la neige. Et de temps à autres, les chasseurs à la lance ou l'arc se laissaient aller sur tout ce qui n'était pas blanc. Du coup, je mettais un peu de couleur.

Après avoir attendu pendant une bonne dizaine de minutes devant Clavel, pensant que j'allais devenir un bonhomme de neige, une voiture de noir vêtue est arrivée devant moi, la lanterne flamboyante virevoltant en arc de cercle sur le coup d'arrêt. Les chevaux de l'attelage piaffaient, et je me demandais comment ils faisaient pour n'avoir pas froid, les saligots. Quoi qu'ils portaient un manteau eux aussi. Le laquais de la voiture est descendu devant moi, et après une explication textuelle dont je vous passerai les détails je suis monté à l'intérieur.

Fallait pas s'imaginer le grand luxe, où il fait chaud. Non, il faisait froid. Très froid. Mais j'avais des couvertures sous lesquelles je me suis empressé de m'enfouir. J'en ai profité pour ouvrir la boîte et laisser prendre l'air à ce qui s'y trouvait à l'intérieur. T'façon, ça irait pas bien loin, vu que tout était fermé.

Le trajet fût (de bière) relativement long, et le soleil a fini par pointer son nez derrière ses nuages. Je découvrais là une Bretagne de neige et de glace. C'était froid, et monotone on ne pouvait pas distinguer le ciel de l'horizon par endroit. Nous sommes passés par un bois et j'ai pensé qu'il serait temps de s'occuper du sapin à Clavel. Nous nous sommes arrêtés une minute au milieu de la forêt. L'homme qui me conduisait avait une envie pressante certainement, puisque je l'ai vu descendre de son poste pour aller dessiner un visage dans la neige...

Je ne pouvais pas moi même m'imaginer descendre là dedans et sortir le tout pour faire mes besoins. J'aurais froid dites donc! Et je m'en mettrais partout à cause des tremblements liés au froid mordant. Son action eu tendance à m'agacer outre mesure, mais nous sommes rapidement repartis vers la destination finale.

J'ai continué à regarder par le carreau de la voiture, sous mes couvertures. Je contemplais la différence des épaisseurs de neiges entre les villages. Nous n'avions pas vu âme qui vive avant que je ne m'arrête sur un groupe de gens réunis devant une maison, au loin. Je ne sais pas ce qu'ils faisaient, mais ça les occupait. Nous avons continué notre route.

Nous avons fini par arriver. J'ai refermé le panier d'osier, replié les couvertures, et je me suis passé une main sur le visage avant de descendre. J'ai récupéré ma canne et le panier et j'ai fais quelques pas dans la neige. Ne trouvant personne devant la porte, je suis entré. Mais j'ai été intercepté aussitôt un pied franchi.


-Je viens en paix. Je viens apporter un colis à Roxanne. Je suis Gui de Guennec.

J'ai attendu qu'ils me donnent l'autorisation. Ce qui a pris quoi? Une minute? Même pas? Ensuite l'un d'eux m'a mené à Roxanne, enfin je croyais. En traversant la cours, je me suis pris un peu de neige dans le cou. Cela eut pour effet de me faire soupirer et passer un frisson. Je détestais ça. A l'intérieur, je suivais le garde, sans porter grande attention à environnement et à la route que nous suivions. Le panier ne faisait aucun bruit. Je trouvais ça étrange. La chaleur était présente, c'était agréable. j'en profitais avant de repartir me les geler dans cette voiture glaciale. Nous avons fini par pénétrer un salon, où Roxanne n'était pas. Le garde m'avisa et me dit d'attendre qu'elle arrive. Il s'attendait à quoi de la part d'un boiteux? Qu'il saute par la fenêtre? Qu'il vole un tableau? Qu'il monte dans la cheminée? Crétin de garde. J'ai fini par m'assoir, et j'ai attendu.
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Roxannemontfortlaval
Impassible sur son perchoir, comme hypnotisé, le harfang, ses yeux orangés plus que jamais écarquillés, observait d'un air solennel une Roxanne, assise à même le plancher en train..de lui chanter une chanson ! On ne refera pas la Neveziad qu'elle est.

"- Cela doit faire des jours que tu n'as pas mangé Arthur ! Tu dois être affamé non ? Que dirais-tu de cette belle petite là ? N'est-elle pas mignonne à croquer ?"

Sous le bec du Harfang, la blondine balançait nonchalamment une souris qu'elle avait récupéré dans les pièges disposés dans le fenil. Cela se voyait que Krystos veillait au grain dans les parages. Mais insensible à son ton implorant, le harfang fixait Roxanne sans ciller, l'air hautain et détaché.
Lasse d'insister, la jeune femme tourna la tête pour jeter la souris dans la mangeoire et le harfang fit aussitôt un écart sur son barreau, et, plus vif que l'éclair, vint planter son bec dans l'épaule de Roxanne.

"- Aaaarghhh nooon !! Voilà que tu recommences !"

Elle se tenait immobile. Si elle tournait sa tête maintenant, le bec de l'oiseau serait alors à la hauteur de ses yeux. Si elle essayait de reculer, Arthur serait au contraire lui, déséquilibré, mais, risquerait de tomber.

"- En voila des manières Monsieur ! Tu n'es vraiment pas sociable ! On ne t'a donc pas appris qu'il ne faut jamais mordre la main qui te nourrit ? Si tu continues, je me fâche !"

Mais Arthur n'en avait cure. A croire même que ce jeu entre eux, avait fini par l'amuser.
Blondine qui pousse un profond soupir. Elle y perdait son breton, elle qui d'habitude n'avait aucun mal à les dresser ses rapaces. Promesses, menaces, supplications. Rien n'y faisait. Arthur, avec constance, refusait de manger. Et il ne semblait pas près de capituler. Ce rapace là semblait ne pas supporter la captivité. Et si elle ne trouvait pas vite une solution au problème, le harfang préfèrerait se laisser dépérir plutôt que sacrifier son farouche orgueil.
Déjà, elle avait remarqué que son magnifique regard orangé avait perdu de son éclat. Pourtant, malgré sa faiblesse, l'oiseau gardait une noblesse qui forçait l'admiration de la bretonne.

Si seulement, certains nobles de sa connaissance, pouvaient prendre exemple sur lui...
Au bout de quelques minutes, las de son petit manège, le harfang lâcha enfin prise. Roxanne se mit alors rapidement hors de sa portée, tout en l'observant. Perplexe. A force de le lacérer de coup de bec, son pansement ne tiendrait plus bien longtemps. Il lui faudrait le consolider. Prenant le bandeau, elle voulut profiter de l'évidente bonne volonté du rapace mais celui-ci, d'un mouvement vif, se saisit du bandeau et se mit à le lacérer rageusement. Des lambeaux de chiffon volèrent déchirés, tant par le bec que les serres du harfang.
Puis, n'ayant plus rien à mettre en pièce, la chouette des neiges reprit dignement position sur son perchoir, défiant Roxanne du regard.
Et la blonde elle, commençait vraiment à perdre son sens de l'humour !

"- Bravo petite peste ! Tu as le dernier mot. Mais maintenant nous voilà bien avancés. Bon sang de bon sang ! Tu sais pourtant bien que je ne suis pas ton ennemie. Pourquoi enfin, ne veux-tu pas me laisser t'aider ?"

Roxanne hausse les épaules, elle n'allait tout de même pas passer le reste de sa journée ici, à tenter de raisonner une chouette. Aussi entêtée qu'elle d'ailleurs. Pourtant, quelque chose l'empêchait de l'abandonner à son sort. Tout comme quelque chose l'empêchait également de croire que les paroles de Caled l'autre soir étaient vraies. Aussi assuré était-il, elle ne voulait pas y croire.
A travers cet animal rétif, c'était aussi à Caled qu'elle pensait. L'Orgueilleux ! le fier. Dont le visage ne cessait de la hanter depuis qu'ils avaient eu cette discussion et qu'ils prenaient chacun leurs distances de leur côté. A l'image de son harfang, il refusait toute manifestation de gestes équivoques. Les excuses avaient pointées. La peur d'être un mauvais père, la peur de ceci ou de cela. Et les larmes avaient jaillies aussi. Elle qui portait encore à ce jour l'empreinte d'Alwen en elle n'avait pas supporté ce qu'elle avait entendu. Et s'en était venu ici se réfugier. S'il avait voulu l'effrayer en se comportant ainsi, il pouvait se vanter d'être parvenu à ses fins le Kermabon !
Et dans ce pays, pas mariée à vingt-trois ans, on ne pouvait être vue que comme une vieille fille frustrée. Et c'est vrai que parfois, ça l'énervait de voir que Caled ne réagissait pas sous couvert de quelques promesses faites à son frère.
Les hommes qu'elle côtoyait la respectait pour son indépendance, son énergie, ses compétences. Pour son cran également ou la manière qu'elle avait de ne pas se laisser faire. Nombre sont ceux qui le lui avaient fait remarquer. Et ce respect, elle y tenait. Elle l'avait gagné au prix de tant de renonciations. Elle l'avait mérité. Et elle leur cachait à tous, soigneusement, ses états d'âme. N'eussent-ils pas ri d'elle en découvrant toutes les chimères qui peuplaient sa vie. Ses distances, Roxanne avait toujours su les garder, sauf ce soir là où la discussion s'en était amorcée avec Caled.

Agacée, elle reporte ses gris sur l'oiseau. A quoi bon ressasser tout cela, le Kermabon avait été très clair sur le sujet. Et pour sûr, qu'il ne changerait pas d'avis. Les mains sur les hanches, elle soutint résolument le regard vindicatif du harfang.


"- Tu ne tiens vraiment pas à ma présence hum ? Et bien mon vieux, tu n'as pas de chance ! Car moi, j'ai bien l'intention de revenir. Aiguise ton bec tant que tu veux, mais dès ce soir, je viendrais te refaire ton pansement, ça je te le garantis. Et aussi vrai que je suis une Montfort, tu avaleras cette fichue souris, ou bien je t'assomme !"

A croire que de toute manière, elle en resterait là pour l'instant avec le harfang, car, alors qu'elle refermait soigneusement la volière, un garde fit irruption, venant la prévenir de la visite de l'un de ses consuls.
C'est au pas de charge que Roxanne traverse la cour qui la sépare du domaine et pénètre dans les lieux, se demandant avec une certaine angoisse ce qui se passe. Gui n'est pas du genre à se déplacer pour un rien. Il a du arriver une catastrophe ou un évènement assez important pour le faire se déplacer.

Dans le salon, le silence règne et c'est tout en ôtant ses gants de cuir et les attachant à sa hanche, comme toute bonne fauconnière qu'elle pénètre dans les lieux. Gui est là, assis, son inséparable canne tout près de lui et à ses pieds, un étrange colis qui par moment, se met à bouger.
Roxanne se dit que fatalement, ce sont ses yeux qui doivent lui jouer encore des tours. Et elle reporte son attention sur son visiteur.

"- Excellence, degemer mat à Langolen. Que me vaut le plaisir de ta visite ? Un souçis avec tes ambassades ? "
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En deuil de ma Pelote, Dame de Concoret & de Naël d'Artignac, Duc du Tregor et Chevalier de Pontekroaz.
Guigoux
J'avais pris mon temps, étiré mes jambes, mes bras. J'avais fait le tour de la pièce, inventé le twirling bâton, regardé les flammes, parlé au panier, scruté les murs, cherché les araignées. Bref... J'avais attendu en m'occupant et j'avais fini par retourner dans le fauteuil. Je sifflotais quelques comptines salaces que j'avais apprise lors de notre précédent voyage dans le Sud de la France. Ils sont fort ces sudistes. Puis il y eu un bruit de porte. Et un autre.

En tout cas, le service laissait à désirer, je n'avais toujours rien à boire. De l'eau par pitiéééééééééé! Mais bon... Fallait attendre. Alors j'attendais. Je commençais à avoir mal au derrière de rester assis.

La porte a fini par s'ouvrir. Je pensais: "Enfin!" Mais ce n'était qu'un valet qui venait me dire: "Elle ne saurait tarder." Bouuuuuh! Que c'était désagréable. J'avais envie de lui dire qu'il fallait l'accompagner et ne pas l'annoncer! Raaaaaah, tout leur apprendre à ceux là!

Une dizaine d'éternités plus tard, la porte s'est ouverte. Moi, je faisais ma liste de courses intérieurement:

"-Pruneau, même si fait chier,
-Cigüe, pour quand je recevrai,
-Tonnelets, ça évitera le gaspillage,
-Cidre, j'en ai plus,
-Des draps, vu comment ont fini les autres..."

J'ai sursauté, évidemment. J'avais les yeux dans le vide à la base... Je me suis redressé et je me suis levé:


-Trugarez, trugarez. Mais en dehors de l'aile diplomatique, je ne suis pas Excellence.

En effet, je détestais par dessus tout aller chez les gens sans les prévenir pour parler des travaux. Je m'efforçais de distinguer ma vie privée du reste. J'ai avisé le panier qui commençait vraiment à s'impatienter, je me suis penché pour le ramasser, et voilà que ça s'agitait encore... Bouuuh, il était plus que temps.

-Je ne suis pas venu pour parler diplomatie. Je suis venu remettre une commande. Une commande importante.

Je ne savais pas si elle se souvenait de la dite commande. Je lui ai tendu le panier.

-Il y a des précautions d'usage... Mais dis moi si la commande répond à ton attente.
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Roxannemontfortlaval
Il va falloir qu'elle s'y fasse. Oui mais avec lui, elle a du mal. Parce que ça fait un sacré bail qu'ils se connaissent ces deux là. Parce que le voir lui évoque forcément plein de choses et notamment Gwened. Et tout ce qu'elle voudrait pouvoir oublier et qu'elle ne peut pas. Mais qui est enfoui quelque part, bien profond dans les tréfonds de l'âme.
Non il n'est pas là pour une visite de travail. Elle aurait du se douter que ce n'était pas son genre et elle est secrètement soulagée. Puis les gris de nouveau se posent sur le panier qui se secoue vraiment et elle a bien l'impression cette fois, qu'il ne s'agit pas d'une vision d'optique erronnée.

Et elle se souvient tout en se tapant le front légèrement. Mais bon sang ! Ils avaient passés toute une soirée à discuter, comme ils le faisaient régulièrement, dans son bureau de chambellan. Et ce soir là, il lui avait parlé de la portée qu'avait eu sa chatte. Et elle se souvient lui avoir réservé un chaton. Une minette plus précisément. Une Isabelle. A trois couleurs.
Elle s'était dit que ce serait un joli cadeau pour Yaouen-Elfyn, mais elle n'avait pas pensé que la surprise serait livrée avant Noël.

Il semblait donc que ce soit le cas. Avec surprise elle regarde Gui tout en tendant une main prudente vers le panier. Oui . On peut être douée avec les rapaces et une vraie brêle avec les petits fauves domestiques.


Et là...

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En deuil de ma Pelote, Dame de Concoret & de Naël d'Artignac, Duc du Tregor et Chevalier de Pontekroaz.
Guigoux
Le bestiau dans le panier. Âgé de trois mois profita de l'effet de balancier de la transmission du panier pour le renverser. Il parti en voltige et se retrouva aux pieds de la blonde. La minette avait la tête pincée entre le panier et la dalle du sol. Ce n'était pas bien original, mais au moins elle était débrouillarde. J'ai profondément soupiré.

-Ioups, tu vas pas te faire la malle comme ça.

Je me suis baissé pour ramasser la bête. Je l'ai gardée contre moi, la bestiole apeurée. Je l'ai câlinée. Elle regardait Roxanne avec des yeux aussi ronds que des billes. J'ai donc commencé.

-Comme elle ne connait pas son environnement, il est conseillé de la laisser enfermée à l'intérieur pendant une....J'ai avisé la taille du manoir. Deux semaines. Si tu ne veux pas qu'elle aille dans les chambres, gardes les portes fermées. Normalement elle est assez réceptive, elle comprendra. Quand tu dois la gronder, il est préférable que tu la tape sur le bout du nez, et avec autre chose que ta main. Sinon elle commencera à avoir peur de la main.

J'ai regardé Ioups, et j'ai ajouté:

-Elle est tout à fait câline et douce. Il ne faut cependant pas venir l'embêter pendant ses repas, elle pourrait griffer.

J'ai fait une petite moue significative.

-Il ne faut pas non plus s'amuser à lui tirer la queue. Elle est très sensible aux disputes. Elle boit du lait coupée à l'eau, mais également des morceaux de viande, et parfois quelques légumes. Si elle mange de l'herbe, elle vomira ensuite. Cela peut lui arriver de manger des cailloux.

Nouvelle pause, intentionnelle cette fois-ci:

-Pour les besoins, il faut l'habituer à sortir. Oh et... Quand elle ramène un mulot, ou un animal, c'est pas pour t'ennuyer, c'est pour dire qu'elle est contente, c'est un cadeau.

J'oubliais quelques éléments...

-Quand un chat ronronne, c'est soit pour se rassurer, soit pour dire qu'il est content. Sa joie se manifeste aussi quand elle vient se glisser entre tes jambes, quitte à te faire tomber. Mais c'est aussi lorsqu'elle se frotte aux murs, et aux meubles. Elle supporte mal la viande cuite. Je crois que je t'ai tout dit.

Ceci dit, j'avais oublié son nom. Je l'avais prononcé, mais je ne l'avais pas explicité.
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Roxannemontfortlaval


Gui avait longuement expliqué à Roxanne l'art et la manière de s'occuper d'un chaton. C'est que la petite Youpsi risquait certainement d'en voir de toutes les couleurs avec Yaouen et qu'elle allait devoir inculquer certaines règles à son fils, concernant le petit matou.
Après avoir chaleureusement remercié le jeune homme pour le présent offert et avoir passé un long moment avec lui à se substenter et parler d'un peu de tout et de rien, l'heure était arrivé ensuite de mettre en place le sapin dans la grand salle. Et Krystos s'était attelé à la tâche.

Entre temps, un messager était arrivé à Langolen. Le jeune garçon s'en venait tout droit de Torfou et Roxanne fut extrêmement touché de l'attention de son cousin. La missive était poignante et le présent qui l'accompagnait allait très certainement emplir de joie le petit Yaouen.
Et c'est en tête à tête avec son fils que la veillée de Noël est partagée. Enfin pas tout à fait. Car la jeune Montfort a également veillé à ce que tous les gens de sa maisonnée partagent ce Nöel avec eux.
C'est une tradition instaurée depuis sa plus tendre enfance par son père et qu'elle tient à garder intacte. Aussi, dans la grande cuisine de Langolen, meschines et domestiques, accompagnés de leur famille, ont ils succulent repas à partager.

Pour quelques heures, elle délaisse tout ce qui n'est pas Yaouen. Et lorsque le repas est terminé, les grilles de la baronnie sont ouvertes, les allées quant à elle ont été façonnées de bougies qui à la lueur de la nuit, forment un tableau des plus féériques.
Le feu crépite joyeusement dans la cheminée et des plateaux ont été préparés et disposés dans la grand salle. Les métayers, les fermiers, tous les gens installés sur la baronnie et qui le souhaitent peuvent se joindre à la jeune baronne et au petit héritier afin de partager la veillée de Noël.
Installée près du feu, Yaouen-Elfyn bien lové dans le creux de ses bras, c'est l'heure du conte avant que l'enfant ne soit porté et bordé dans son lit en prévision du grand lendemain. Youpsi, toute nouvelle locataire des lieux est en bonne place sur les genoux de Yaouen-Elfyn, se faisant toute sage et ronronnante.

Mais déjà, cette veillée-ci est particulière pour l'enfant qui pour la première fois, découvre grandeur nature dans la grand salle familiale la magie de Noël avec ce sapin magnifiquement décoré que sa mère a enfin accepté de dresser.
Et Roxanne, jeune Neveziad, s'en fait conteuse. Pour son fils et pour tous ces gens qu'elle aime et qui font partie de la famille de Langolen. Toutes ces personnes sans qui la baronnie ne serait pas ce qu'elle est. Sa manière à elle de les remercier pour tout ce qu'ils font au quotidien.


"-Il était une fois des étoiles, des milliards d’étoiles qui brillaient dans la nuit.

Chaque soir, ils étaient des centaines de milliers à les admirer. Un jour pourtant, hommes et bêtes cessèrent de les contempler. Ils avaient bien trop à faire…

Les dieux fâchés décidèrent alors d’un commun accord de châtier l’humanité pour son dédain de la beauté céleste. Désormais, à chaque jour qui passait, une centaine d’étoiles s’éteindraient, et avec elles, l’espoir d’une naissance humaine, si les hommes poursuivaient sur la voie de l’indifférence.

Plusieurs centaines d’années passèrent sans que personne ne remarque rien. Il y avait tellement d’étoiles que nul ne pouvait rien deviner du dessein divin. Lorsqu’il ne resta plus que cent de ces astres, les dieux ne les firent s’éteindre qu’une par une… mais aucun être humain ne s’aperçut de rien. Pourtant, la terre s’était considérablement dépeuplée… et à présent, il n’y avait plus un seul cri d’enfants depuis fort longtemps.

Ce n’est que trois jours avant la fin du monde qu’un vieillard, las de la vie, leva les yeux au ciel pour se plaindre à Dieu d’être trop vieux… C’était le premier être humain à s’être enfin arrêté pour contempler le ciel après des milliers d’années d’indifférence…

Subjugué, il vit alors les trois étoiles danser une ronde folle, changeant de couleurs à tout instant. A elles trois, elles réussissaient à peupler le ciel d’une infinité de diamants lumineux. Cette nuit-là, les quelques vieillards qui peuplaient encore la planète contemplèrent la danse des étoiles et aucun d’eux ne s’endormit. Lorsqu’enfin elles se calmèrent, elles se rassemblèrent, se soudant l’une à l’autre, et montrèrent le chemin du premier enfant des étoiles. Dans une crèche, paraît-il, entre un bœuf et un âne…"*


*Conte imaginé et écrit par Sylvie Guggenheim-La ronde des étoiles.
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Roxannemontfortlaval
Ce matin là, dès qu'elle pénétra dans la cage, le harfang déploya ses ailes en se rengorgeant d'un air outragé.

"- Tu perds ton temps Arthur, je ne suis pas d'humeur aujourd'hui".

Déçu dans sa tentative d'intimidation, l'oiseau se contenta de foudroyer l'arrivante de son regard altier, surpris qu'elle oublie de couvrir sa mangeoire après y avoir déposé la souris du petit déjeuner.

"- Depuis que tu es tout à fait rétabli tu as hâte de retrouver les grands espaces n'est-ce pas mon joli ? Mais je te l'ai déjà dit ces jours derniers : nous ne sommes pas même à la fin janvier et il y a encore beaucoup trop de vent. Il te faudra encore attendre quelques semaines."

Tandis que Roxanne remplissait l'abreuvoir, Arthur voleta jusqu'à la porte de la cage. Seule la ficelle attachée à sa patte l'empêchait encore de s'échapper. En désespoir de cause, Arthur alla piquer du bec sur l'espèce de souris en caoutchouc que la blonde lui avait confectionné et il la lança vers Roxanne. Mais celle-ci était trop perdue dans ses pensées pour s'en apercevoir.

De barreau en barreau, Arthur avait réintégré sa place favorite. Bien en vue. A hauteur des yeux de Roxanne. Alors, il lissa soigneusement ses plumes, comme pour lui rappeller combien il était remarquable lui aussi !
Ressentait-il donc les états d'âme de la jeune femme ?

"- Tu sais Arthur, il y a loin du rêve à la réalité."

Puis elle se lève, sans en dire davantage, redescend les barreaux de l'échelle. Quelques minutes plus tard, la mine aussi sombre que les nuages accrochés aux cimes des arbres, elle s'enfonce dans la grisaille de l'aube glaciale.

La voiture est là prête. Les chevaux piaffent et la vieille Clémence se tord les mains, l'air tout malheureux.

Dimez'lle Roxanne, je vous en prions faites attention sur la route. Vous savez bien qu'je veux pas qu'il vous arrive malheur de nouveau.

"- Allons Clémence, que veux tu qu'il nous arrive, nous voyageons à l'abri Yaouen-Elfyn et moi et la garde nous accompagne. Et je ne vais pas au bout du monde, je vais voir ma tante.

A l'aut'bout de la Bretagne qu'elle y est allée s'enterrer oui . Et dites pas ça vous savez bien ce qu'il vous est arrivé la dernière fois que vous avez voyagé.

"- Hey Clémence ! Nous étions sur les routes françoyses et puis j'étais à l'avant. Souvenez-vous que c'est Loanne qui était dans la voiture et qu'elle n'a pas été blessée. Cela devrait plutôt vous rassurer non ?"

La vieille Clémence faisait bien sûr allusion à l'accident qui avait coûté la vue quelques semaines à Roxanne. Cet accident dont elle avait été sauvée par un hasard incroyable. Ou par un bienfait du destin. Elle ne le saurait certainement jamais. Mais une chose est certaine, c'est qu'elle n'oublierait jamais les heures qui ont suivies.

Un soupir. Il n'est pas temps de s'apitoyer sur quoi que ce soit. Yaouen-Elfyn est déjà installé et Roxanne le rejoint, le serrant avec tendresse contre elle.

"- Dans quelques heures nous serons avec tata !!! Et marraine aussi ! Puis tu verras c'est très joli la bas aussi, un peu comme à Treguier. Mais en plus sauvage."

Elle réalise qu'elle n'a pas vu sa tante depuis plusieurs semaines. Même si elles sont en contact régulier, depuis combien de temps n'ont elles pas partagé ces moments si particuliers qu'elles ne se réservent qu'à elles ?

Roxanne réalise combien elle a de la chance d'avoir encore la tantine auprès d'elle. Et elle a hâte d'arriver.

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Roxannemontfortlaval
Matin de Février, dans les écuries.

Elle ouvrit la porte coulissante du plus important des bâtiments et s'arrêta sur le seuil du manège. Elle sourit à Yaouen-Elfyn. Le petit hongre blanc et grisé était là. Cheval qui avait appartenu si peu de temps à son regretté Netaniel. Et ce jour, elle estimait son fils assez grand pour faire ses premières armes dessus.

« - Tu vois Yaouen, ce cheval a appartenu à ton demi-frère. Tu te souviens trésor, je t'ai parlé de Netaniel. Vaam l'avait recueilli sur une plage à Honfleur alors qu'il avait cinq ans et il est resté avec moi ensuite. Puis l'année dernière quand papa et vaam sont partis à la guerre, Neta lui il est resté à Vannes. Et il est mort. Je lui avais offert ce cheval juste avant de partir à la guerre. Aujourd'hui il est à toi. Tu peux lui trouver un nouveau nom si tu veux. »

Les copeaux de pin donnaient au sol une belle couleur dorée. Les pare-bottes ceinturant les murs étaient fait d'épaisses planches de bois clair. Des nuées de poussière blonde dansaient dans les fragiles rayons de soleil, égayant l'atmosphère quasi-vierge du lieu.
Elle souriait de l'émerveillement de son fils. Heureuse de lui faire plaisir et d'être là pour lui, toujours. Et ce malgré la lourdeur de ses charges.
Ils pénétrèrent dans les écuries directement depuis le manège : pas besoin de passer par l'extèrieur, tout était prévu pour éviter le froid glacial de l'hiver aux cavaliers et à leurs montures.
L'odeur familière des chevaux les accueillirent à leur entrée. Au bruit de l'ouverture du grand vantail de bois, huit têtes de chevaux curieux apparurent par dessus les portes des boxes, quatre de chaque côté. Le petit hongre lui était fièrement mené au licol par un Yaouen-Elfyn qui levait sur sa mère des azurés radieux.

« - Yaouen, ici, ce sont tous les chevaux que nous avons. Et comme tu peux voir, il y a encore seize stalles de libre et vide. Un jour, on les remplira toutes. »

Plus loin un escalier de bois était éclairé par une grosse lanterne en cuivre. C'est là qu'Arthur, le rapace des neiges avait été soigné.Il allait bien désormais et avait rejoint ses congénères dans la volière de la fauconnière.

« - Allez bonhomme en piste ! Surtout, tu descends tes talons et tu fixes bien tes mollets ! Et tu fais attention à ce que tes mains soient bien en place surtout! »

Ce n'était pas la première leçon d'équitation de Yaouen-Elfyn par contre, c'était bien la première fois qu'il montait son propre petit cheval. Et de les voir ainsi tous les deux, les gris de la jeune femme ne peuvent s'empêcher de briller d'émotion et de fierté mêlées.
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