Roxannemontfortlaval
Les fleurs à cette heure de la nuit, chargent l'air de fragrances épaisses et capiteuses.
Comme soudain tout lui paraissait tranquille et sûr en comparaison de l'aventure pour laquelle elle venait de s'embarquer. Depuis trois jours elle se rongeait les sangs. Non pas pour l'obtention de la charge, mais parce qu'elle sentait que quelque chose se passait. Qu'une sorte d'aura planait autour d'elle, mais c'était totalement indescriptible. Et elle s'était bien gardé d'en parler à quiconque. Elle luttait pour trouver un moyen terme entre sa raison et son instinct.
Combien de danger une femme n'est-elle pas prête à affronter dans sa quête du bonheur. Mais il n'y a qu'une casse cou comme elle pour aller se jeter dans le vide les yeux fermés. Et c'est ce qu'elle venait de faire. Mais étonnament, elle se sentait d'une légèreté absolue. En ce moment et ce, depuis quelques mois déjà, sa Breizh lui faisait l'effet d'une terre étrange, où les règles de la vie ordinaire n'avaient plus cours. Elle avait désormais cette impression d'être conduite par la main le long d'un chemin parsemé de pétales peut-être, mais qui menait vers un abîme.
Vingt ans de sa vie avaient un peu tempéré sa candeur. Il devait y avoir des pièges sur ce chemin qui s'ouvrait à elle, et voilà que le sablier du temps lui accordait deux mois afin de les déjouer. Il était arrivé le temps de tomber le masque. Celui de laisser découvrir celle qu'elle cachait, par protection. Son grand-oncle, son père, son ami, le loyal et fidèle, celui qui manquait déjà tellement, et dont il lui avait dit, que le temps venu, elle saurait se dévoiler telle qu'elle est vraiment. Montrer à tous ce que lui avait perçu depuis longtemps. Les étoiles sauraient la guider lui avait-il dit. Avait-il le don d'ubiquité ? Avait-il eu une prémonition ? Elle ne le saurait jamais.
Et les gris se perdent dans l'immensité astrale et dans la contemplation de cette lune qu'elle aime tant. Lui aimait les étoiles. Elle est une fervente de l'astre lunaire. Tu es là et tu veilles. Leurs souffles à tous trois s'entremêlent dans ce petit vent qui fredonne. Un peu d'Elfyn, un peu de Phoe, un peu d'Anakin. Promesse enfin tenue à l'un. Amour paternel et bienveillant d'un autre parti bien trop tôt. Et les conseils avisés, l'encouragement, le soutien inconditionnel et tous ces tendres aveux dont lui avait fait part l'Ami, celui qui déjà manque cruellement.
Le chemin venait de se tracer. A elle désormais de le suivre avec honneur pour la Breizh. Pour cette terre d'Armorique tant aimée que ces trois personnes là lui ont appris à chérir. Pour ce peuple breton qui mérite que l'on se batte jusqu'à son dernier souffle pour lui. Pour ceux qui croient en elle. Pour ceux aussi qui n'y croient pas. Leur montrer jour après jour ce qu'elle a dans les tripes. Qu'elle est différente de ce que certains et certaines ont pu véhiculer d'elle alors qu'ils ne la connaissent pas. Le paraître et le véritable être, voilà où se trouve toute l'essence de la jeune Montfort.
« - C'est le résultat qui comptera dans deux mois. Si tu te plantes, c'est tout un peuple qui te lynchera et avec raison. Si tu tiens cette promesse faite à ton grand-oncle sur son lit de mort, tu auras au moins pour toi le sentiment de la tâche accomplie. Et celui d'avoir réussi à montrer qui tu es vraiment à cette terre de Breizh. Tombes le masque Roxanne, plus de faux-fuyant, plus la peine de te protéger désormais. Ce sera difficile durant ces deux mois car l'ampleur de la tâche est énorme. Mais il y a tout un conseil, des hommes et des femmes qui eux aussi sont là pour Breizh. Un peuple qui aime sa terre également. Breizh n'est pas amorphe, Breizh n'est pas endormie ! Breizh ne demande qu'à vivre. A revivre. Une Bretagne Unie est une Bretagne forte. »
Un grand homme a dit un jour qu'il ne faut avoir peur de rien, sauf de la peur elle-même. Elle s'était récemment aperçue que cette vérité s'appliquait à elle, et elle espérait qu'il n'était pas trop tard pour faire preuve de cette nouvelle sagesse.
Cette nuit, elle a grandi.
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En deuil de ma Pelote, Dame de Concoret & de Naël d'Artignac, Duc du Tregor et Chevalier de Pontekroaz.
Comme soudain tout lui paraissait tranquille et sûr en comparaison de l'aventure pour laquelle elle venait de s'embarquer. Depuis trois jours elle se rongeait les sangs. Non pas pour l'obtention de la charge, mais parce qu'elle sentait que quelque chose se passait. Qu'une sorte d'aura planait autour d'elle, mais c'était totalement indescriptible. Et elle s'était bien gardé d'en parler à quiconque. Elle luttait pour trouver un moyen terme entre sa raison et son instinct.
Combien de danger une femme n'est-elle pas prête à affronter dans sa quête du bonheur. Mais il n'y a qu'une casse cou comme elle pour aller se jeter dans le vide les yeux fermés. Et c'est ce qu'elle venait de faire. Mais étonnament, elle se sentait d'une légèreté absolue. En ce moment et ce, depuis quelques mois déjà, sa Breizh lui faisait l'effet d'une terre étrange, où les règles de la vie ordinaire n'avaient plus cours. Elle avait désormais cette impression d'être conduite par la main le long d'un chemin parsemé de pétales peut-être, mais qui menait vers un abîme.
Vingt ans de sa vie avaient un peu tempéré sa candeur. Il devait y avoir des pièges sur ce chemin qui s'ouvrait à elle, et voilà que le sablier du temps lui accordait deux mois afin de les déjouer. Il était arrivé le temps de tomber le masque. Celui de laisser découvrir celle qu'elle cachait, par protection. Son grand-oncle, son père, son ami, le loyal et fidèle, celui qui manquait déjà tellement, et dont il lui avait dit, que le temps venu, elle saurait se dévoiler telle qu'elle est vraiment. Montrer à tous ce que lui avait perçu depuis longtemps. Les étoiles sauraient la guider lui avait-il dit. Avait-il le don d'ubiquité ? Avait-il eu une prémonition ? Elle ne le saurait jamais.
Et les gris se perdent dans l'immensité astrale et dans la contemplation de cette lune qu'elle aime tant. Lui aimait les étoiles. Elle est une fervente de l'astre lunaire. Tu es là et tu veilles. Leurs souffles à tous trois s'entremêlent dans ce petit vent qui fredonne. Un peu d'Elfyn, un peu de Phoe, un peu d'Anakin. Promesse enfin tenue à l'un. Amour paternel et bienveillant d'un autre parti bien trop tôt. Et les conseils avisés, l'encouragement, le soutien inconditionnel et tous ces tendres aveux dont lui avait fait part l'Ami, celui qui déjà manque cruellement.
Le chemin venait de se tracer. A elle désormais de le suivre avec honneur pour la Breizh. Pour cette terre d'Armorique tant aimée que ces trois personnes là lui ont appris à chérir. Pour ce peuple breton qui mérite que l'on se batte jusqu'à son dernier souffle pour lui. Pour ceux qui croient en elle. Pour ceux aussi qui n'y croient pas. Leur montrer jour après jour ce qu'elle a dans les tripes. Qu'elle est différente de ce que certains et certaines ont pu véhiculer d'elle alors qu'ils ne la connaissent pas. Le paraître et le véritable être, voilà où se trouve toute l'essence de la jeune Montfort.
« - C'est le résultat qui comptera dans deux mois. Si tu te plantes, c'est tout un peuple qui te lynchera et avec raison. Si tu tiens cette promesse faite à ton grand-oncle sur son lit de mort, tu auras au moins pour toi le sentiment de la tâche accomplie. Et celui d'avoir réussi à montrer qui tu es vraiment à cette terre de Breizh. Tombes le masque Roxanne, plus de faux-fuyant, plus la peine de te protéger désormais. Ce sera difficile durant ces deux mois car l'ampleur de la tâche est énorme. Mais il y a tout un conseil, des hommes et des femmes qui eux aussi sont là pour Breizh. Un peuple qui aime sa terre également. Breizh n'est pas amorphe, Breizh n'est pas endormie ! Breizh ne demande qu'à vivre. A revivre. Une Bretagne Unie est une Bretagne forte. »
Un grand homme a dit un jour qu'il ne faut avoir peur de rien, sauf de la peur elle-même. Elle s'était récemment aperçue que cette vérité s'appliquait à elle, et elle espérait qu'il n'était pas trop tard pour faire preuve de cette nouvelle sagesse.
Cette nuit, elle a grandi.
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En deuil de ma Pelote, Dame de Concoret & de Naël d'Artignac, Duc du Tregor et Chevalier de Pontekroaz.