Isleen
Sur la première page, un prénom écrit en grand, qui n'est pas celui de l'irlandaise, puis plus bas quelques mots écrits en français :
Les pages qui suivent écrites en gaélique, m'appartiennent, merci pour le cas ou j'aurais le malheur de les perdre, de les rendre à leur propriétaire : Isleen O'Brain, Montpellier, Rue de Traverse
A défaut merci de les remettre à (passage rayé ) Enzo et Gabrielle Montbray-Sempère de Montbazon-Navailles, Montpelier, ils seront quoi en faire.(fin du passage rayé) Lambach, Montauban
[La vie ne cesse de basculer, et de bousculer à tout va, cest cela qui lui donne son charme, son sel.]
12 février 1461, Rodez, Comté du Rouergue
Assise là dans ce coin de taverne, avec ce livre aux pages vierges dont je viens de faire lacquisition, avec cette plume qui en entame la conquête, le faisant mien, je suis là, et mes pensées nostalgiques et tristes, comme depuis plusieurs jours maintenant vont vers toi, toi qui fut tant pour moi, toi qui nest plus, et toi à qui jaurais tant de choses à dire, à confier, encore plus aujourdhui quhier. Tu as toujours su mécouter. Me comprendre, je ne sais pas, mais être là pour moi sans relâche, sans jamais me rejeter, depuis ce jour ou du haut de mes douze printemps ma vie a croisée la tienne.
Et cette rencontre fit basculer ma vie sans jamais que je ne le regrette.
Je tai cherché longtemps dans tous ces endroits ou nous allions, ne pouvant croire, ne voulant admettre la vérité que mon géniteur ma assené ce soir là, avec ce petit air satisfait, mannonçant ton trépas. Cela métait impossible à admettre, tu ne pouvais être mort, pas toi. Je nai voulu le croire, et la douleur ressenti à lépoque, la rage, sont de celles qui métreignent le cur en ce moment, de ce sentiment, que non cela cest terminé bien trop tôt, quil y avait encore tant de choses à faire, à vivre.
Et de ce moment, ma vie bascula à nouveau et jai le regret de tavoir perdu.
Tu ne liras jamais ces mots, je ne pourrais jamais te les dire, mais cest à toi pour autant que je les adresse, comme si tu étais toujours auprès de moi, vivant à mappeler de cet insupportable surnom « lassìe »* qui me faisait tant réagir et qui tamusait. Jai bien grandit depuis.
Il sen est passé des choses depuis mon arrivée involontaire sur les côtes bretonnes, de mon errance à ma rencontre avec Enzo, Gabrielle, Audoin, jusquà mon installation en Languedoc et tous les derniers événements. Oui jen aurais des choses à te raconter mais je vais en passer la plus part, pas quils ne soient pas importants. Mais en un sens aujourdhui cela na plus dimportance que je te narre comment je me suis retrouvée sur ce rafiot à destination de la France, mon errance sur les routes du royaume à mes débuts, pas plus que ma rencontre avec Gabrielle, Enzo, comment je me suis retrouvé au service de ce dernier, pour quelques mois plus tard en être virée, comment naturellement, je me suis bien entendue avec Gabrielle, au point quelle soit devenue mon amie. Non tout cela nest pas nécessaire dans limmédiat, pas plus que ma rencontre avec Philibert à la Cour des Miracles. Ce dernier semporterait surement de croire quil nest pas assez important pour que je ten parle plus, il aurait tort, à écouter mes envies, lattirance que jai eu de lui, il fut mon premier et seul amant jusquà présent, ce qui nest pas rien. Je ne peu mempêcher de sourire lorsque je repense à lui, il avait cette gaieté, cette joie de vivre, cette exubérance, à la fois charmante et énervante, tout semblait si simple avec lui. Mais tu sais comme les choses peuvent vite se compliquer, à me demander trop de marque de tendresse, à me couver comme de lhuile sur le feu, à me croire faible femme, à ne pas essayer de comprendre ce besoin dindépendance, cette difficulté à me lier, à ne pas me donner du temps pour peut être en venir à ressentir vraiment ce quil ressentait, à doucement évoluer vers ce que je suis devenue en partie aujourdhui, il ma éloigné de lui doucement. Au final, je nai même pas pu essayer plus longtemps de faire leffort quil me demandait, son Très Haut la rappelé à lui. En un sens, peut être est ce mieux ainsi, je naurais pu devenir celle qui voulait aussi rapidement quil le voulait, je ne le voulais pas, il me fallait du temps .nous navons pas pu nous déchirer plus, comme ce fut le cas avec Audoin ou Osfrid.
De là ou tu es, tu dois surement te dire « quoi encore deux autres ! » Oui je sais ça doit te faire drôle, moi qui ne mintéressais à aucun homme de cette façon, il aura fallu le sol Français pour que mon regard évolue, que je grandisse au final, que dune gamine, dune jeune fille, je devienne une femme, avec ses désirs, ses envies et ses sentiments. Rétrospectivement, à la lumière du peu vécu, jai la nette impression que je ne sais pas choisir vers qui vont mes sentiments, quil y a un truc qui cloche profondément en moi pour en venir à aimer, désirer des hommes qui me tuent. LAmour ne doit pas être fait pour moi, et je crois que je vais men passer dorénavant.
Que te dire ? Audoin fut une erreur. Après coup il est plus évident de le dire, de me lavouer. En acceptant que ce qui nous avait rapproché, que lentente simple qui existait entre nous évolue vers autre chose, jai gâché lamitié. Je regrette cette perte, labsence qui en a suivi, nous sommes tous les deux responsables de cela, lui par son absence, son silence, et moi par mon indépendance, pour avoir naïvement dit oui, sans prendre plus de recul, en laissant mon cur sillusionner. Javais ce besoin de stabilité et il me lapportait en un sens, ce besoin de présence, ce besoin déchange, de partage, de faire selon mes envies. Suis-je trop exigeante ? Je ne pense pas, javais besoin de confiance aussi, un besoin primordiale, je pensais quil savait que je ne trahirais pas le « oui » donné malgré son absence, que je nétais pas de ces écervelées, de ces femmes volages donnant un « oui » et levant la jambe avec un autre linstant daprès.
Toi tu le sais. Ma parole, je la respecte. Mes décisions une fois prises, le sont définitivement, je ne fais pas machine arrière. Ma force et ma perte.
Je dois te dire que suite à ça, je me suis posée bien des questions, je me suis rendue compte de certaines, et cest aussi ce qui a fait que par la suite, jai encore plus souffert. Mais je te lécrirais une autre fois, Gabrielle, Enzo, viennent dentrer, suivi de Bowie, seule personne intéressante de cette déprimante ville. Pour poser les mots, la solitude mest nécessaire.
*fillette
Les pages qui suivent écrites en gaélique, m'appartiennent, merci pour le cas ou j'aurais le malheur de les perdre, de les rendre à leur propriétaire : Isleen O'Brain, Montpellier, Rue de Traverse
A défaut merci de les remettre à (passage rayé ) Enzo et Gabrielle Montbray-Sempère de Montbazon-Navailles, Montpelier, ils seront quoi en faire.(fin du passage rayé) Lambach, Montauban
[La vie ne cesse de basculer, et de bousculer à tout va, cest cela qui lui donne son charme, son sel.]
12 février 1461, Rodez, Comté du Rouergue
Assise là dans ce coin de taverne, avec ce livre aux pages vierges dont je viens de faire lacquisition, avec cette plume qui en entame la conquête, le faisant mien, je suis là, et mes pensées nostalgiques et tristes, comme depuis plusieurs jours maintenant vont vers toi, toi qui fut tant pour moi, toi qui nest plus, et toi à qui jaurais tant de choses à dire, à confier, encore plus aujourdhui quhier. Tu as toujours su mécouter. Me comprendre, je ne sais pas, mais être là pour moi sans relâche, sans jamais me rejeter, depuis ce jour ou du haut de mes douze printemps ma vie a croisée la tienne.
Et cette rencontre fit basculer ma vie sans jamais que je ne le regrette.
Je tai cherché longtemps dans tous ces endroits ou nous allions, ne pouvant croire, ne voulant admettre la vérité que mon géniteur ma assené ce soir là, avec ce petit air satisfait, mannonçant ton trépas. Cela métait impossible à admettre, tu ne pouvais être mort, pas toi. Je nai voulu le croire, et la douleur ressenti à lépoque, la rage, sont de celles qui métreignent le cur en ce moment, de ce sentiment, que non cela cest terminé bien trop tôt, quil y avait encore tant de choses à faire, à vivre.
Et de ce moment, ma vie bascula à nouveau et jai le regret de tavoir perdu.
Tu ne liras jamais ces mots, je ne pourrais jamais te les dire, mais cest à toi pour autant que je les adresse, comme si tu étais toujours auprès de moi, vivant à mappeler de cet insupportable surnom « lassìe »* qui me faisait tant réagir et qui tamusait. Jai bien grandit depuis.
Il sen est passé des choses depuis mon arrivée involontaire sur les côtes bretonnes, de mon errance à ma rencontre avec Enzo, Gabrielle, Audoin, jusquà mon installation en Languedoc et tous les derniers événements. Oui jen aurais des choses à te raconter mais je vais en passer la plus part, pas quils ne soient pas importants. Mais en un sens aujourdhui cela na plus dimportance que je te narre comment je me suis retrouvée sur ce rafiot à destination de la France, mon errance sur les routes du royaume à mes débuts, pas plus que ma rencontre avec Gabrielle, Enzo, comment je me suis retrouvé au service de ce dernier, pour quelques mois plus tard en être virée, comment naturellement, je me suis bien entendue avec Gabrielle, au point quelle soit devenue mon amie. Non tout cela nest pas nécessaire dans limmédiat, pas plus que ma rencontre avec Philibert à la Cour des Miracles. Ce dernier semporterait surement de croire quil nest pas assez important pour que je ten parle plus, il aurait tort, à écouter mes envies, lattirance que jai eu de lui, il fut mon premier et seul amant jusquà présent, ce qui nest pas rien. Je ne peu mempêcher de sourire lorsque je repense à lui, il avait cette gaieté, cette joie de vivre, cette exubérance, à la fois charmante et énervante, tout semblait si simple avec lui. Mais tu sais comme les choses peuvent vite se compliquer, à me demander trop de marque de tendresse, à me couver comme de lhuile sur le feu, à me croire faible femme, à ne pas essayer de comprendre ce besoin dindépendance, cette difficulté à me lier, à ne pas me donner du temps pour peut être en venir à ressentir vraiment ce quil ressentait, à doucement évoluer vers ce que je suis devenue en partie aujourdhui, il ma éloigné de lui doucement. Au final, je nai même pas pu essayer plus longtemps de faire leffort quil me demandait, son Très Haut la rappelé à lui. En un sens, peut être est ce mieux ainsi, je naurais pu devenir celle qui voulait aussi rapidement quil le voulait, je ne le voulais pas, il me fallait du temps .nous navons pas pu nous déchirer plus, comme ce fut le cas avec Audoin ou Osfrid.
De là ou tu es, tu dois surement te dire « quoi encore deux autres ! » Oui je sais ça doit te faire drôle, moi qui ne mintéressais à aucun homme de cette façon, il aura fallu le sol Français pour que mon regard évolue, que je grandisse au final, que dune gamine, dune jeune fille, je devienne une femme, avec ses désirs, ses envies et ses sentiments. Rétrospectivement, à la lumière du peu vécu, jai la nette impression que je ne sais pas choisir vers qui vont mes sentiments, quil y a un truc qui cloche profondément en moi pour en venir à aimer, désirer des hommes qui me tuent. LAmour ne doit pas être fait pour moi, et je crois que je vais men passer dorénavant.
Que te dire ? Audoin fut une erreur. Après coup il est plus évident de le dire, de me lavouer. En acceptant que ce qui nous avait rapproché, que lentente simple qui existait entre nous évolue vers autre chose, jai gâché lamitié. Je regrette cette perte, labsence qui en a suivi, nous sommes tous les deux responsables de cela, lui par son absence, son silence, et moi par mon indépendance, pour avoir naïvement dit oui, sans prendre plus de recul, en laissant mon cur sillusionner. Javais ce besoin de stabilité et il me lapportait en un sens, ce besoin de présence, ce besoin déchange, de partage, de faire selon mes envies. Suis-je trop exigeante ? Je ne pense pas, javais besoin de confiance aussi, un besoin primordiale, je pensais quil savait que je ne trahirais pas le « oui » donné malgré son absence, que je nétais pas de ces écervelées, de ces femmes volages donnant un « oui » et levant la jambe avec un autre linstant daprès.
Toi tu le sais. Ma parole, je la respecte. Mes décisions une fois prises, le sont définitivement, je ne fais pas machine arrière. Ma force et ma perte.
Je dois te dire que suite à ça, je me suis posée bien des questions, je me suis rendue compte de certaines, et cest aussi ce qui a fait que par la suite, jai encore plus souffert. Mais je te lécrirais une autre fois, Gabrielle, Enzo, viennent dentrer, suivi de Bowie, seule personne intéressante de cette déprimante ville. Pour poser les mots, la solitude mest nécessaire.
*fillette