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[RP] Pages de vie à un disparu

Isleen
« Ce que j'aime dans les voyages, c'est l'étonnement du retour. »
Stendhal

Muret -ville franche, mercredi 26 juin 1461

Depuis mon retour, j’entends murmurer derrière mon dos, je vois certains regards de soldats, certains qui se détournent de moi à mon arrivé, qui se taisent, ou ne me répondent que du bout des lèvres et uniquement parce que je suis une proche de leur Commandant, sinon je pense que je n’aurais le droit qu’à leur mépris. Mais je ne suis pas sotte, je sais bien ce qu’ils dissent, pensent derrière mon dos, cela se devine et ne tiens qu’en quelques mots au choix du moment : désertion, lâche.

Ils pensent que je me suis enfuie, que j’ai prie peur, abandonnant l’armée, les abandonnant tous. Je ne peux que les comprendre, peut être penserais-je pareil, si j’avais vu mes compagnons d’armes, devenus des amis pour certains, blessés, mourir au combat et que je voyais une personne arriver en parfaite santé, la fleur à l’oreille, après deux jours d’absence, alors qu’elle aurait du être à nos cotés au combat, à partager les risques. Oui peut être que je lui en voudrais et penserais comme eux.

Mais je n’ai pas déserté. Je ne les ai pas abandonné volontairement. J’ai eu peur, oui, mais je ne me suis pas enfuie, j’ai eu peur de les perdre, de les voir mourir, nous avions perdu tellement déjà, j’ai juste ressenti le besoin de m’éloigner un peu, de trouver un coin tranquille pour adresser une prière aux Dieux, pour qu’ils les protègent, et la forêt me semblait l’endroit idéal. Mal m’en a pris. J’avais toutes mes affaires, pour pouvoir n’avoir qu’à prendre ma place dans ma section, lorsque nous irions au combat, et ne pas perdre de temps. Tu vas rire, comme Gabrielle quand elle a su…. Je me suis perdue, je me suis laissée surprendre par la tombée de la nuit. J’ai découvert que de nuit, c’est nettement plus compliqué de marcher avec tout l’équipement du parfait petit soldat dans les bois, sans passer son temps à se prendre les pieds dans ces traitres de racines, qui ne sont là que pour vous permettre d’aller embrasser le sol avec rapidité et célérité ! J’en porte encore les bleus sur le corps.

Bruissements des feuilles, craquements, hululements, souffles légers et autres bruits nocturne, je crois même avoir entendu un loup, rien à voir avec tous les charmants gazouillements d’oiseaux ou les cigales qui chantent joyeusement, non, là, le moindre bruit léger à proximité m’a fait tendre l’oreille avec encore plus de soin, le moindre bruit est toujours trop près d’ailleurs. Je n’ai jamais autant aimé voir arriver le jour que là.

Au petit matin, j’ai repris ce qui me semblait être la bonne direction vers le campement, je te passerais les détails mais pour résumé j’ai continué d’alterner la marche avec les baisers à Mère Nature. Ne jamais, jamais être aussi chargé lorsque l’on marche dans les bois, tout ça pour me retrouver après une autre nuit, au petit matin, devant Auch ! Deux pu.tains de jours. Soit cette forêt est immense, soit je n’ai jamais été aussi lente de toute ma vie. Les armées ennemies revenaient du combat. J’ai laissé passé le plus gros de la troupe et j’ai emboité leurs pas, vu mon état je pouvais facilement passé pour l’une des leurs. J’avoue que sur le coup, je n’ai absolument pas réfléchi, je n’en pouvais plus de cette saloperie de forêt, je voulais la ville !

La première chose que j’ai faite c’est de me trouver un coin tranquille, une vieille bicoque limite à l’état de ruine, un coin sombre, pour écrire à Lambach, y dormir quelques heures et me faire discrète.

Après des nouvelles de Lambach, le retour sur Muret fut plus rapide, mais fatiguant. Je suis partie de nuit, éclairée par les rayons lunaires, et non sans mal, sortir d’une place fortifiée n’est pas chose évidente, échappé à la surveillance de ceux qui sont de gardes sur les camps à l’extérieur, non plus, le retour fut tout aussi stressant, j’avais l’impression que jamais je n’arriverais et pourtant c’est aux lueurs de l’aube que j’ai vu Muret, les campements de nos armées. J’ai failli m’écrouler là ou j’étais en les voyant, à ce moment là, j’aurais pu je crois m’endormir sur place. Je ne sais pas comment j’ai réussi à atteindre sa tente, mais j’y suis arrivée, je ne me souviens que de mes affaires laissées au sol, et de moi venant me blottir contre lui, dans sa chaleur avant de m’endormir l’instant d’après.

Je n’ai pas déserté, mais je comprends qu’ils le pensent, je laisse dire et je prends sur moi. De toute façon, que répondre ? Je ne vais pas passer mon temps à dire ce qu’il c’est passé, à m’excuser. Je suis désolée de ce qui c’est passé, de ne pas avoir été là. Je l’ai dit, oui à Lambach à mon retour, plusieurs fois, et j’ai eu l’impression qu’il m’en voulait aussi, aujourd’hui je sais que ce qui m’a semblé n’être qu’une froideur apparente n’est que la traduction de son inquiétude pour moi. Je me suis aussi excusée en présentant mon rapport à Enzo, et je ne saurais dire si lui aussi m’en voulait. Il n’y a que Gabrielle qui a semblé contente de me revoir, et lorsqu’elle a apprit ma mésaventure, elle a bien rigolé. Vont se foutre de moi et m’en vouloir pendant un moment avec ça. J’ai voulu savoir ce qui c’était passé pendant mon absence, qui de ceux que j’apprécie ont été blessé, et je n’ai eu que de vagues renseignements… un "beaucoup" ou quelques mots sans précisions, un haussement d’épaules. Ca m’a fait mal ce comportement. Mon inquiétude est réelle, et je n’ai pas eu la réponse, j’ai l’impression de devoir payer une absence que je n’ai pas voulu. Je n’ai su que Christopher et Brekthas étaient blessés que par ce page qui m’a transmis les mots de Gabrielle et de Lambach, à mon retour. Ces mots qu’ils m’ont envoyé me pensant blessée et à Muret alors que j’étais paumée dans la forêt. Je vais en entendre parler, je vais ramer longtemps avec cette histoire et j’avoue que si pour le moment je ne dit rien, prend sur moi, et encaisse les réflexions, les piques des soldats, et de mes amis, viendra un temps ou ils devront cesser ou me voir réagir. Je crois qu’il vaut mieux qu’ils cessent d’eux même.

Je verrais.


_________________
Isleen
If I walk down this way

Tonight, it's too quiet

So i pat through the dark

And I’m writting you
I’m calling you
Till i wake your ghost
*

Le 5 août 1461, Montpellier après temps de temps,

Le temps de mon retour, le temps pour moi de t’écrire à nouveau, de te parler encore, de me livrer encore et encore, de réveiller ton fantôme. Tourne-t-il autour de moi, protecteur comme tu le fus ? J’aime à le penser, même si je préférerais mille fois qu’on m’annonce un jour, que tu m’annonces un jour que tu es en vie même loin de moi.

Je suis seule sur cette plage, non loin de ma petite maison, et cela m’est étrange, je ne la vois plus comme avant, je ne vois plus rien de la même manière, comme tous ces lieux ou je me suis trouvée, seule, avec eux tous, ou juste avec certains d’entre eux… Gabrielle, Enzo, Christopher, Audoin…même ces endroits qui me blessaient, me rappelaient le danois me donnent l’impression d’avoir changé. Ne te m’éprend pas, ils ne m’indifférent pas, je ne serais jamais indifférente, cela n’est impossible pas après ce que j’ai pu éprouvé pour chacun d’eux, surtout pour les deux derniers. Non ils me donnent, m’apportent une nostalgie emprunte d’une douce tristesse, de celle qu’il me semble que l’on doit avoir à l’orée d’un tournent de vie, au crépuscule d’une autre, sur une page qui semble se tourner définitivement. Les moments ont été vécus, ils m’ont apporté mon lot de joie et de chagrin, je n’en éprouve ni ressentiments, ni rancunes, je ne les regrette pas.

Je suis seule, pourtant lorsque mon regard se perds dans la myriade accrochée au dessus de moi, le même ciel au dessus de notre Irlande, le même ciel au dessus de Lambach, au dessus de ma sœur, le même ciel qu’au dessus de tous, la quiétude du soir m’envahi, comme celle des soirs ou il t’arrivait de rester avec moi sur la falaise, poursuivant nos moments, tu restais à mes cotés alors que tu aurais pu/du être ailleurs qu’avec la jeune fille que j’étais. Oui, le suis seule à nouveau, mais je ne ressens plus le poids de cette solitude que je trainais déjà en Irlande, même au milieu de mon clan, de ma famille.

J’ai je crois en partie changée. Je suis restée longtemps ainsi le regard tourné vers le ciel à penser à ces dernières années, aux derniers événements pour tenter de comprendre et mon esprit à dérivé...

Vers Manon.
Je rentre.
J’ai du lui laisser une lettre pour le lui dire, pour qu’elle sache que j’étais venu jusqu’à elle. Les religieuses la lui donneront lorsqu’elle ira mieux, lorsqu’elle sera en état de la lire, de comprendre. Aujourd’hui, sa santé m’inquiète vraiment, la flamme de sa vie vacille bien trop et la voir dans cet état m’a retourné complétement. Je m’en veux, je regrette de n’avoir pas été là pour elle, j’ai la douloureuse impression d’être responsable de son état…si j’avais été là peut être ne serait-elle pas aux portes des rives sacrées… je ne saurais jamais, on ne peut refaire le passé. Je n’espère qu’une chose, je prie pour cela, qu’elle guérisse, qu’elle redevienne la sœur que je connais, vive, enjouée, boudeuse de n’avoir ce qu’elle veut, capricieuse par moment, et tellement encore, peut importe après qu’elle reste en France ou reparte en Irlande, que je ne la revois plus, mais juste qu’elle reprenne pied, qu’elle revienne à la vie, décide de s’y ancrer vraiment.

Vers Lambach.
Il me manque. Je rentre.
Je le lui ai écris aussi, je n’avais point trop besoin de le faire, tel que je le connais, avec cette assurance insolente mais si charmante qui est la sienne, il sait déjà.
Il m’a appris qu’ils étaient partis, l’avaient laissé là, seul, sans même prendre deux jours pour le ramener jusqu’à Montauban et lui éviter les dangers de la route. Il ne m’a bien sur pas dit les choses ainsi, il n’a fait que m’énoncer les faits, m’indiquant que la démobilisation avait été officiellement annoncée, qu’Enzo, Gabrielle et les autres étaient partis et que lui avait pris la route de Montauban. Il semble qu’il ne lui soit rien arrivé, j’espère que c’est toujours le cas.

Pourquoi cela m’étonne à peine d'Enzo ? Surement, parce qu’alors qu’il se disait mon ami, et aujourd’hui je me demande si ce n’était pas simplement que des mots vides de sens, il n’a pas répondu à ma lettre, n’a pas pris la peine, de tracer une phrase sur un velin pour me dire "Isleen, nous partons, nous ne t’attends pas pour faire la route", pourquoi alors auraient-ils ramené Lambach, ou vu pour que certains l’accompagnent ? Je lui avais demandé de faire la route du retour si possible avec eux... je ne m’attendais pas à ce qu’il réponde, commente le coté très personnel de ma lettre mais au moins qu’il me réponde là dessus. J’ai fais le choix de ne pas le/ les suivre, mais cela n’enlève en rien mon amitié, mon soutiens, pourtant il me donne l’impression que pour lui si, qu’il tire un trait sur moi, hop comme on raye un mot sur un velin, il me raye de sa vie. Je préfère oublier notre dernière rencontre en taverne sur Montpellier, ses reproches injustifiés, hautains, et dépourvus de la moindre parcelle d'amitié.

Vers Mordric.
Je lui ai renvoyé les clés de la taverne, il les aura lorsqu'il se décidera à nouveau à sortir de la retraite ou il se trouve. Je vais suivre le conseil qu'il m'a donné, écrit, peu de temps avant celle ci ...je vais les laisser à leurs histoires, à leurs jeux, et je vais penser à moi, je vais prendre soin de moi. Tu l'aurais aimé, j'en suis certaine.

Vers les souvenirs, et tous ceux qui en font partis.

Une page se tourne, une autre, blanche se dévoile à mes yeux, seuls les Dieux savent ce qui la remplira mais une chose ne changera pas…

And I’m writting you
I’m calling you
Till i wake your ghost*



*Adaption de Your ghost - Greg Laswell
Si je descends cette route
Ce soir c'est si calme
Alors je tatonne dans le noir

Et je t’écris
Je t’appelle
Jusqu'à ce que je réveille ton fantôme

_________________
Isleen
[Les Miracles, la même vieille forge abandonnée qu’il y a quelques années]

Je viens de voir un fantôme, tout droit issu de mon passé, de notre passé devrais-je dire, je viens de voir un fantôme et ce n’est pas le tien…bordel pourquoi ce n’est pas le tien ?

Je viens de LE voir et je te l’avoue j’ai la trouille, une trouille qui me prend aux tripes, qui me noue, me retourne, j’en ai la bile au bords des lèvres. C’est terrible qu’après tout ce temps, il provoque en moi cette réaction. J’ai l’impression d’être replongée dans le passé, d’être cette gamine qu’il terrifia…j’en tremble. Le revoir après tout ce temps, c’est un vrai choc, une vraie trogne en pleine gueule…non c’est plus fort que ça, c’est un passage à tabac !

Je suis à la fois pétrifiée de l’avoir revu et à la fois, je ne tiens plus en place, je tourne, et retourne sur cette banquette qui me sert de lit, je n’arrive pas à dormir et je me mets à faire les cent pas, de la fenêtre ouverte à l’armoire, de cette dernière au divan, de celui-ci à la fenêtre, je marche, et toutes ces questions qui me traversent, me viennent à l’esprit, je te parle, je me parle….je deviens folle, je fais moi-même les réponses dans un sens, pour la seconde d’après faire la démonstration inverse. Je réponds oui, je réponds non à la même .

Le seul moyen que j’ai trouvé de tenir un minimum en place, de me poser pour ne pas céder à la gamine qui est en moi, à cette panique qui est sienne et qui me gagne, c’est de prendre ma plume, de t’écrire.

Tu le connais ce fantôme de chairs, il est ton ami…le géant des steppes, le cosaque… Je n’ai jamais compris comment vous aviez pu le devenir. J’étais trop jeune à l’époque pour le comprendre, je ne voyais en lui que cette obscurité, cette "nuit" qui m’effrayait, il l’a encore d’ailleurs, il m’a suffi d’un instant pour le savoir. Je faisais tout pour l’éviter quitte à passer moins de temps avec toi. Aujourd’hui, je me doute de ce que je n’ai voulu voir à l’époque…tu me cachais ta propre obscurité….comme je cache la mienne aux autres.

Quelle ironie !

Nous sommes libres tous deux d’agir comme bon nous semble, tu n’es plus là pour faire ce lien entre nous, pour sans le savoir, maintenir l’équilibre et nous empêcher de faire pencher la massue de Dagda sur l’un ou sur l’autre.

Quelle ironie !

Il n'était même pas prévu que je vienne sur Paris, encore moins à la Cour des Miracles ! Si je ne m'étais pas faite attaquer par des brigands, laissée à moitié assomée sur le bord de la route, si ce fichu marchand italien ne m'avait pas embarqué avec lui jusqu'ici, et n'avait fait son bon samaritain, si je n'avais poussé jusqu'ici, jamais nous nous serions revus ! Si si si...je refais l'histoire avec les si...il est trop tard.

Sait il pour toi ? Est ce pour cela qu’il est là ? Est-il là pour moi ?...Je ne veux pas attendre de le savoir. Tu ne vas pas être très fier de moi sur ce coup là, mais je vais quitter Paris … je le fuis, je l’avoue.

Il n’est plus temps de t’écrire, il est temps d’agir au plus vite, le jour se lève…

_________________
Isleen
Montauban, 31 août 1461

J’ai ouvert à la première page, j’ai rayé les noms de Gabrielle et d’Enzo, et Montpellier aussi. A la place, j’y ai inscrit celui de Lambach, de Montauban. S’il m’arrive quelque chose, je préfère que ces quelques lignes que je trace, bien qu’à toi adressées, lui ailles, même s’il n’en comprendra pas le sens, car je doute qu’un jour il se mette au gaélique.

Tu me verrais là à écrire, que tu ne le croirais pas, moi même cela me fait étrange, après autant de temps de me retrouver assise à un bureau si bien ouvragé, à poser des mots, ma plume encrée traçant de fines lettres. Cela me rappelle lorsque j’ai appris à lire, à écrire, nous étions Manon et moi sur nos bureaux, le percepteur près de nous, près à nous réprimander si nous avions le malheur de faire crisser nos plumes sur le velin, de mal tracer nos lettres, enfin plus moi qu’elle, sa mère y avait veillé. Je n’ai appris uniquement parce que mon paternel a exigé d’elle que je reçoive un minimum d’éducation, sinon c’est bien simple, elle m’aurait vendu, donné à un bordel ou abandonné dans un orphelinat. Je n’ai jamais compris, alors qu’il me détestait, pourquoi il ne l’a pas laissé faire. De toute manière, il en a tout un tas que je ne comprendrais jamais, pour lesquels je n’aurais jamais de réponse.

Mais passons, toujours est-il que je suis installée chez Lambach depuis quelques temps maintenant, et c’est de son bureau que je t’écris. Il n’est point là, du coup j’en ai profité pour m’y installer, d’abord parce que j’en avais envie, j’aime m’y assoir, c’est un endroit que j’apprécie, ensuite parce que sinon Felix et Louisette , le couple à son service auraient été étonnés que je m’installe sur la table de la cuisine. Je crois bien que je suis trop excentrique pour eux …je n’ai pas l’habitude, cela me perturbe un peu de les savoirs toujours là, non loin. Je n’ai pas pour habitude d’être servi, je veux, je prend. Question d’habitude surement, Gabrielle et Enzo ça ne leur posait aucun souci.

Gabrielle, je me demande ce qu’elle devient, ce qu’ils deviennent tous, si finalement ils sont arrivés là ou ils devaient aller, si leurs enfants vont bien, si leur projet de compagnie prend une bonne tournure. Ils me manquent. Mes amis me manquent. J’ai écris à Gabrielle, il y a quelques jours, je viens d’écrire une courte lettre à Christopher. Peut être me répondront-ils.


Citation:
Gabrielle,

Le temps passe, trop vite, et ce n’est que maintenant que je viens prendre de tes nouvelles, moi qui voulais le faire déjà depuis quelques semaines déjà. Je sais que tu ne m’en tiendras aucune rigueur, la vie nous accapare, nous empêche de faire ce que l’on souhaite, mais je te garde toujours une pensée n’en doute pas.

Vous me manquez tous, et je me demande ce que vous devenez. Avez vous quittez Montpellier ? Votre voyage s’est-il bien passé jusqu’en Bourgogne ? Si je me rappelle bien c’est là que vous deviez aller à moins que ce soit un autre Duché ou Comté, j'avoue avoir oublié. Les enfants grandissent-ils bien ? Tout le monde va-t-il bien ? Vous plaisez vous là ou vous êtes installés ? J’ai hâte d’avoir de vos nouvelles à tous.

De mon coté, le voyage jusqu’à ma sœur m’a laissé un gout amer, et l’inquiétude terrible de l’avoir trouvé alitée. Elle dormait beaucoup, et semblait si faible malgré les bons soins des religieuses que je ne sais même pas si elle s’est rendue compte de ma présence. après quelques jours, j'ai du me suis résigner à la laisser en espérant qu’elle reprendra des forces rapidement. Après un passage rapide sur Montpellier récupérer mes affaires, j’ai pris la route vers Montauban, pour rejoindre Lambach. Je te passerais les détails, mais je me suis faite attaquée par des brigands, une première pour moi et j’espère bien la dernière ! M'en souvenir me donne des envies malsaines de meurtre. Enfin, il y a peu de chance que je les croise à nouveau. Toujours est-il qu'un marchand qui montait sur la capitale m’a trouvé assommée sur le bord de la route, et m’a emmené avec lui. Je me suis retrouvé sans le vouloir à Paris, j'y ai soigné mes blessures, et à peine une journée ou deux plus tard j’ai repris la route. Cette fois si, elle s’est passée sans encombre aucune, fort heureusement.

Me voici bien installée à Montauban, la ville reste celle que nous avons connu, quoiqu’elle semble moins animée, la chaleur étant surement la cause. Je me plais bien, et je fais doucement ma place là bas.Tu m’excuseras de ne pas m’étendre sur ma vie à Montauban, mais je n’ai plus guère le temps et Lambach m’attend.

Gabrielle, je t’espère aussi heureuse et en forme que possible. Prends soin de toi surtout.

Isleen

Ps : si tu veux bien tu donneras le bonjour à tous ceux que je connais pour moi.


Citation:

Montauban, 2 septembre 1461

A Christopher, mon anglais préféré,
De Isleen, petite irlandaise,

Tu m’as dit "si tu m’écris, je répondrais peut être". Comme tu le vois, je t’écris, et j’espère que le "peut être" de ce jour là , sera une réponse dans quelques jours. Car oui, même installée à Montauban, auprès de Lambach, même loin de vous tous, je n’en oublie pas pour autant mes amis. Je pense à vous, à toi.

La vie à Montauban me plait, doucement j’y prend mes marques et personne n’a encore décidé de me bruler juste pour ma couleur de cheveux en me traitant de sorcière. Il faut dire que pour le peu que je vienne en taverne, je suis souvent en présence d’Altesse, de Ducs, Baronne, d’Evêque, qui ne sont point à se laisser à boire de trop et à s’emporter comme le vulgaire charretier du coin. Je n’ai jamais autant fréquenté de beau monde qu’en ce moment. J’essaye donc d’éviter les impairs, pour autant je ne les laisse point gagner aux cartes quand le jeu m’est favorable. J’ai d’ailleurs hier doublé ma mise.

Dis moi Christopher fais-tu toujours autant le bonheur de la gente féminine ? Veilles tu toujours sur eux ? Penses-tu au moins à toi de temps en temps ? Donne moi de tes nouvelles.

Prend soin de toi

Isleen
Isleen
Montauban, 24 septembre 1461

Ces derniers temps, je devrais dire, depuis mon retour de la Capitale exactement, je dors peu, je dors mal, encore plus qu’avant, mes nuits sont peuplées de cauchemars, de rêves étranges, ou passé, présent, désirs et craintes se mêlent dans des images tordues. Je suis fatiguée, je me sens épuisée, je crois que je pourrais rester enfermée sans rien faire, ni voir personne pendant une semaine au moins, que cela ne serait même pas assez. J’aimerais un peu de repos. Je ne me reconnais plus. J’en viens à redouter le soir, l’heure d’aller se coucher.

Je redoute car je sais que les images vont revenir, les mêmes depuis quelque temps.

Les images, les sensations de la nuit me reviennent, je me souviens …je cours, j’essaye d’échapper à la mort, le souffle court, haletant, je me vois courir dans des ruelles que je ne connais pas, un labyrinthe étrange et vide de monde. Il est là derrière moi, je peux sentir ses doigts me frôler, et je cours à perdre haleine, sans parvenir à lui échapper totalement, il me suit toujours. Des silhouettes au loin, au niveau d’une place, un soulagement enfin, je vais pouvoir demander de l’aide. Philibert et Audoin. Ils discutent, je leur fais signe , mais ils ne semblent pas me voir, invisible à leurs yeux. Je cours encore, les dépasse, pourquoi ne m’ont ils pas vue ? Pourquoi suis je en danger ? Je ne comprends pas, mais ce sentiment d’oppression d’urgence s’intensifie.

I'm in here, can anybody see me? Can anybody help?*

Il est toujours là, derrière moi, je cours toujours, il se rapproche, je le sens, je suis terrifiée, j’ai l’impression d’être une gosse. Je cours dans les méandres des sombres ruelles, pendant combien de temps ? Je ne sais, mais de nouvelles silhouettes m’apparaissent, je suis à nouveau sur la même place que tout à l’heure : Christopher, Enzo . Je leur crie de faire attention, je crie appelant à l’aide. Mais ils ne semblent pas non plus m’entendre, et encore moins me voir.

I'm in here, I'm calling out but you can't hear, Can anybody help? *

Et là encore, la même chose, je cours à en perdre haleine, il va me tuer, je le sens, le sais au plus profond de moi, la mort me poursuit, les ruelles, je n’en peux plus, j’ai mal au côté de courir autant, je n’ai presque plus de souffle. La même place, encore ! J’arrête. Je n’en peux plus. Que celui qui me poursuit me rattrape, je laisse tomber. A quoi bon ? Mon heure semble venue.

Plus loin sur la place, un homme de dos. J’avance vers lui, j’ai l’impression de le connaître, il se retourne. C’est Osfrid, mon danois. Un soulagement. Peut être suis-je sauvée finalement ? Je m’entends l’appeler, prononcer son prénom… "Osfrid, je…aide moi…je t’en prie". Il semble me voir, m’entendre, il sort son épée de son fourreau, je cours vers lui. Ses yeux bleus, cet éclat dans le regard, ce visage, je m’en souviens comme si c’était hier, oui je me souviens de la tristesse que j’ai ressenti à le laisser partir sans rien dire, sans lui demander de venir avec lui, de le laisser faire ce choix, en me doutant pertinemment que son éloignement sonnerait la fin de notre relation. J’ai espéré, espéré qu’il me revienne, qu’il donne une petite chance à ce qui nous liait…Je me souviens, de ses bras sur moi, de ses lèvres et la même intensité, la même puissance qui me soulève, me bouleverse encore. Il s’avance vers moi, l’épée à la main, il va m’aider, j’en suis persuadée, je regarde alors qui me poursuit, j’ose pour la première fois,…..Torvar ! Mais avant que je comprenne, une lame me transperce, mes yeus s’écarquillent d’étonnement, le cosaque n’a pourtant rien dans les mains. Qui ? Un sourire narquois, satisfait illumine le visage d’Osfrid. Mes mains s’accrochent à ses bras, mon regard chargé d’incompréhension, de regret, de douleur à ses azurs froids tels l’acier de sa lame. Je l’ai aimé cet homme, oui terriblement, atrocement, et il n’en a jamais rien su,…. j’avais oublié qu’il m’avait fait souffrir, qu’il s’était montré cruel, et qu’il souhaitait ma mort…je suis stupide … j’avais oublié…

Je me réveille les larmes sur mes joues, les mains crispées sur mon ventre. J’essaye tant bien que mal de me contrôler, de comprendre pourquoi ce cauchemar me revient sans cesse, parfois avec quelques changements, mais la fin reste toujours identique...je termine empalée par le fil d’une épée. Les premières fois, je suis restée sans bouger aux côtés de Lambach pour ne pas le réveiller, mais depuis quelque temps, j’ai l’impression d’étouffer, j’ai besoin d’air. Je termine mes nuits dehors, adossée à un arbre. Cet hiver cela me sera plus difficile, quoi que j’espère ne plus le faire d’ici là.

Ton ami a changé quelque chose en moi, depuis qu’il a croisé à nouveau ma vie, mes nuits sont de pire en pire. Je t’ai haï de l’avoir pour ami. Cela n’a duré qu’un instant, mais je dois te l’avouer je t’ai détesté du plus profond de mon être, en cet instant là. Ce fut la première fois, et je me deteste d’avoir ressenti ça.

J’ai pris le temps enfin de répondre à la dernière lettre de Gabrielle, d’aligner les mots pour former des phrases ayant un sens, j’en enverrai une aussi à Ermelyne un peu plus tard et peut être aussi à Christopher dont je n’ai toujours pas eu de nouvelle. Ils me manquent, c’est le prix de mon choix.


Citation:
A toi, Isleen
De moi, Gabrielle


Isleen,

Je serais bien en peine de t’en vouloir alors que moi-même je suis restée silencieuse tout ce temps. Je ne savais pas où tu étais mais j’aurais pu me douter que tu finirais à Montauban.

Tu me vois bien désolée pour Manon. Vraiment. J’espère qu’elle se remettra vite et bien, elle est bien trop jeune pour que malheur lui arrive. J’aurais bien prié pour son salut, hélas, je crois que Dieu n’écoute pas les misérables créatures que nous sommes, je crois qu’il nous envoie des épreuves pour nous faire payer nos fautes. J’aurais aimé que tu sois épargnée ou qu’il s’attaque à une autre que ta sœur.

Tu me sembles jouer de malchance ces derniers temps. Toi qui n’avais jamais rencontré de brigands… Une sale engeance que celle-ci. Qu’ils attaquent les châteaux, au moins ça a un peu de panache. Mais aller sauter sur une femme seule, vraiment quel courage, quel honneur. Qu’ils crèvent. Tous.
Mais tant mieux si tu es remise, c’est bien là l’essentiel.

Nous avons quitté le Languedoc en effet. Mais nous errons, sans duché fixe, comme dirait Brekthas. Un ami d’Enzo est mort et il nous a trainé en Empire pour en savoir plus, car cette disparition semble un peu mystérieuse. Cela ne devait pas durer, mais nous y sommes encore pour de sombres histoires politiques et guerrières dont je te passe le détail. Une partie de la compagnie est à Genève avec Enzo, les autres sont avec moi en Savoie. Je n’ai pas vu Enzo depuis plusieurs jours, je n’ai pas de nouvelles non plus. Mais sur cela aussi, je ne m’étalerais pas, tu en as suffisamment vu et vécu avec nous ces dernières années pour que je t’épargne mes histoires conjugales désormais.

Eyquem et Asguéïr vont bien. Eyquem commence à être bavard mais tout en occitan, je n’y comprends rien, il est toujours aussi souriant et charmeur. Et Asguéïr est loin du bébé frêle qu’il était à sa naissance. Il a les yeux et le caractère un tantinet exigeant de son père. Malheureusement, nous n’avons pas pu les emmener avec nous dans notre périple, ils sont sur mes terres, à Valsiger, nous les ferons venir lorsque nous pourrons les accueillir correctement et sans danger pour des enfants de cet âge. Mais ils ont bien entourés, avec leurs nourrices et la vieille Jeanne. C’est au moins une chose stable dans leur jeune vie, même si des parents plus présents ne seraient pas un mal.

Le jour se lève, j’ai peu dormi cette nuit encore je crois, j’ai écrit des lettres, à toi, à d’autres. Mais la tienne fut la plus agréable, n’en doute pas, les autres n’étaient que courriers solennels et sérieux.

J’espère que tu es heureuse.
Porte toi bien. Je pense à toi.






Citation:
A toi Gabrielle,
De moi Isleen,


Gabrielle,

J’ai été heureuse de voir arriver ta lettre, il y a maintenant trois semaines. Trois semaines déjà, c’est là que je me rends compte que le temps passe à une vitesse , qu’il nous défile entre les doigts sans que l’on s’en rende compte. Cela fait maintenant quatre années que j’ai quitté l’Irlande, et j’ai parfois l’impression que ce n’était qu’il y a quelques mois.
Genève, la Savoie, sont des endroits de France que je ne connais pas, mais dont j’ai entendu parler au fil de conversations en taverne. Et si ma mémoire est bonne, les montagnes, on m’a dit touchent le ciel, et la neige y est toujours présente. Cela doit être magnifique et plaisant d’y vivre. Mais j’imagine que les hivers doivent y être très rigoureux et durs. Peut être un jour aurais-je l’occassion d’y aller, et nous reverrons nous si vous êtes toujours par là bas.

Et pour reprendre l’expression de Brekthas, avez-vous un Duché fixe désormais ?

Je suis heureuse de savoir que les enfants grandissent bien, et sont en bonne santé, avec les bons soins de Jeanne, ce n’est guère étonnant. Vous avez là une personne dévouée et remarquable qui s’occupe d’eux. Enzo doit être fier qu’Eyquem parle en occitan. Vous devez être fiers tous les deux, des enfants qu’ils deviennent . Avez-vous pu les faire venir jusqu’à vous ou sont-ils toujours à Valsiger ?

Il m’arrive parfois de me demander ce que cela fait d’être mère, de porter un enfant et de lui donner vie. Je me souviens que cela n’a pas été une expérience très heureuse pour toi. Peut être est ce parce que j’ai frolé la mort il y a peu, que ces idées me trottent dans la tête, que je m’interroge sur ce qu’à bien pu ressentir ma mère. Je ne me sens pas pour autant prête, d’un autre coté, la nature seule décide de ces choses, nous n’avons pas notre mot à dire. Une chose est certaine, pour le moment, la nature ne fait pas de moi une future mère et cela n’est pas plus mal, je ne suis guère en forme, mes nuits ne sont guère reposantes, tout comme toi je ne dors pas tellement, ce qui ces derniers temps m’occassionne quelques vertiges en journée.

Je suis la plus heureuse possible. La vie avec Lambach est agréable, même si parfois je ne me sens pas trop à l’aise au milieu des Ducs, Princesses, Princes, et autres Altesses avec lesquels, il nous arrive de passer des moments en taverne. Il sait manier le verbe, les nuances de la langue, et moi tout cela me fait défaut, ce qui me perd parfois.

Prends soin de toi Gabrielle
Passe le bonjour à tous, je pense bien à vous

Isleen



(*Je suis ici, quelqu'un peut-il me voir ? Quelqu'un peut-il m’aider ?
Je suis ici, j'appelle mais vous ne m'entendez pas . Quelqu'un peut-il m’aider ?
Traduit de Sia - I’m In Here)

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Isleen
Montauban, le 21 octobre 1461

Six jours, que j’ai reçu la lettre d’Enzo.

Six jours. Je me souviens encore, ce matin là, Louisette me l’a apportée, avec un éclat de curiosité dans le regard, cet éclat qui dit « l’irlandaise écrit peu, l’irlandaise reçoit peu, qui donc lui envoi ceci? ». Je me souviens encore avoir ouvert ce pli sans faire attention à l’éventuel sceau qui pouvait bien s’y trouver, l’ouvrir, lire à peine les trois premières lignes et refermer la lettre tout aussi rapidement. Un peu lâche sur ce coup là. Oui je sais. Je me doutais de la suite du contenu, mais tu sais ma naïveté, ma confiance, l’espoir parfois que j’ai…c’est mon coté stupide, trop confiant…en fait, j’espérais me tromper. J’espérais ne pas avoir raison.

Toute la journée je l’ai retournée dans tous les sens, l’ai reposée loin de moi, pour la reprendre, vouloir l’ouvrir et puis non, j’ai tergiversé sur lire ou ne pas lire longtemps. C’est idiot, mai j’ai eu besoin du soutient moral de Lambach sur ce coup là, je me doutais du contenu de la lettre, mais j’avais le stupide espoir qu’il soit différent, je lui ai donc lu la lettre en même temps que j’en prenais connaissance.

Elle m’a fait un choc, j’ai du rester quelques temps sans rien dire, suspendue aux derniers mots, je n’ai repris pieds qu’au moment ou Lambach m’a parlé. Je ne lui demande rien, il n’exige rien de moi, me laisse libre de choisir de répondre ou non à cet appel. En cela, il m’est précieux. Nous sommes liés et libres, nous sommes attentifs à l’autre, sans être trop étouffant.

Six jours ont passé. Six jours pendant lesquels j’ai réfléchi à ma décision. Lambach a été absent deux jours, une petite retraite improvisée pour sa pastorale chez les moines, m’on permis de me retrouver seule avec moi même, de faire le point sur moi, mes désirs, mes aspirations, mes envies. C'est aussi pour cela que je n'ai pas écris sur ces pages depuis tant de temps, j'ai eu du mal après Torvar à reprendre pied vraiment.

J’ai mis six jours à me décider. Six jours. Une réponse.



Citation:
À toi, Isleen

De moi, Enzo



Ça n'est pas moi qui écrit, je ne peux le faire moi-même. Cette lettre sera courte, non pas que je ne m'intéresse pas à ce qui peut t'arriver, mais je n'ai malheureusement pas le temps. Je suis à Genève là où la guerre à éclaté. Au combat je suis tombé, et de Gabrielle j'ai été séparé. Elle ne peut revenir, l'armée la menaçant de lui trancher la tête, si elle osait. Il faut être parfois raisonnable. Je vais bien, si l'on peut dire ça, et elle n'est pas blessée. Toutefois, elle a besoin de soutien pour combattre l'hérésie et la violence des genevois, pour se ramené à moi et nous sortir de cette impasse qui est la notre.



Je sais que depuis la dernière guerre, nous ne nous parlons plus. Je ne sais pas ce que tu deviens et je ne t'ai pas écris. Et cette lettre, je ne peux point l'écrire de ma main, mais je la dicte. Christopher se charge de tout rédigé. Je ne peux soutenir ma femme qu'à distance et Marccoul dit que je dois m'éviter les contrariétés. Ici, je suis limité, beaucoup. Même mon épée, je ne pourrais reprendre pour me battre de nouveau. Je sais que ce que je vais te demander va te sembler invraisemblable, et tu diras sans doute que je ne manque pas de culot mais... 



Pour l'aide, l'amitié et tout ces mois passé ensemble, j'aimerais que tu vienne en aide à Gabrielle. Que tu la soutienne dans ses démarches et si possible, près d'elle. Seule ou avec d'autres hommes. Lyne et Maiwen sont, à ce que j'ai su, avec elle actuellement. Mais ça n'est pas à trois qu'ils pourront reprendre la ville. Et dans ces moments les plus difficiles, ce sont vers les amis, anciens comme actuels que nous nous tournons.


Isleen, j'ai besoin de toi. Gabrielle à besoin de toi.



Oublions nos disputes passé.

Abaissons notre trop grande fierté.


Enzo


Citation:
A vous Enzo,
De moi Isleen,

Vous me voyez désolée de ce qui vous arrive actuellement et même après nos derniers mots sur Montpellier, je ne vous souhaite que de vous rétablir au plus vite.

J’avais espéré, bêtement assurément, que votre lettre, était une lettre amicale, une lettre qui vient simplement donner des nouvelles, en prendre, s’interroger sur ce que l’amie devient, qui vient faire le premier pas vers une réconciliation, sans rien demander en échange. Il faut croire que je suis bien naïve, bien trop gentille. Vous voilà blessé, voilà les autres blessés autour de vous également, vous voilà séparé de Gabrielle et vous vous souvenez de moi à nouveau, vous venez faire appel à mon amitié, à celle que j’ai pour Gabrielle, pour que je traverse le Royaume avec les risques que cela comporte, que je vienne me battre pour une cause dans laquelle je ne connais rien, qui n’est pas la mienne et que si possible j’emmène des personnes qui seraient prêtes à me suivre par amitié, que je les emmène vers une potentielle mort, pour un combat qui n’est pas le leur.
Enzo, je veux bien croire que faire écrire cette lettre par Christopher, me l’écrire est une manière « d’abaisser votre très grande fierté » pour reprendre vos mots, mais cela n’a pas une très grande valeur, vous ne le faites que par nécessité, que parce que vous avez besoin d’aide, et non par amitié pour moi.

J’ai largement été là quand vous aviez besoin de moi, j’ai abaissé bien souvent ma fierté et supportée beaucoup par amitié pour vous, pour Gabrielle, vous le savez. J’ai été là jusqu’à ce que la guerre se termine, j’avais donné ma parole, et ne l’ai jamais reprise, même si l’envie a été souvent là de partir. Aujourd’hui, vous auriez pu agir véritablement en ami, envoyer une lettre, sans rien demander, en vous intéressant véritablement à moi. Vous auriez pu agir en ami, en ne faisant pas appel à moi, en me laissant vivre et construire ma vie, en Guyenne, en ne me mêlant pas à tout cela. Vous ne le faites pas. J’en prends acte.

Gabrielle a mon soutient, et l’a toujours eu, aujourd’hui elle a mon soutient morale, un maigre soutient, mais je ne suis pas en mesure de donner plus que cela et une prière pour que vos vies, celles de ceux qui vous accompagnent, que je connais, que j’apprécie, une prière pour que vos vies restent sauves.

Enzo, j’ai une vie et je n’entends plus la mettre entre parenthèses pour satisfaire les autres, pour faire plaisir aux autres, je ne compte plus m’oublier, je ne compte plus faire passer les autres à tout va avant moi. Je l’ai réalisé il y a peu, j’ai des envies, des désirs, des projets et je compte bien les mener ou pas, mais les vivre pleinement.

Que Dieu veille sur vous

Isleen

Montauban, le 21 octobre 1461



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