Isleen
« Ce que j'aime dans les voyages, c'est l'étonnement du retour. »
Stendhal
Muret -ville franche, mercredi 26 juin 1461
Depuis mon retour, jentends murmurer derrière mon dos, je vois certains regards de soldats, certains qui se détournent de moi à mon arrivé, qui se taisent, ou ne me répondent que du bout des lèvres et uniquement parce que je suis une proche de leur Commandant, sinon je pense que je naurais le droit quà leur mépris. Mais je ne suis pas sotte, je sais bien ce quils dissent, pensent derrière mon dos, cela se devine et ne tiens quen quelques mots au choix du moment : désertion, lâche.
Ils pensent que je me suis enfuie, que jai prie peur, abandonnant larmée, les abandonnant tous. Je ne peux que les comprendre, peut être penserais-je pareil, si javais vu mes compagnons darmes, devenus des amis pour certains, blessés, mourir au combat et que je voyais une personne arriver en parfaite santé, la fleur à loreille, après deux jours dabsence, alors quelle aurait du être à nos cotés au combat, à partager les risques. Oui peut être que je lui en voudrais et penserais comme eux.
Mais je nai pas déserté. Je ne les ai pas abandonné volontairement. Jai eu peur, oui, mais je ne me suis pas enfuie, jai eu peur de les perdre, de les voir mourir, nous avions perdu tellement déjà, jai juste ressenti le besoin de méloigner un peu, de trouver un coin tranquille pour adresser une prière aux Dieux, pour quils les protègent, et la forêt me semblait lendroit idéal. Mal men a pris. Javais toutes mes affaires, pour pouvoir navoir quà prendre ma place dans ma section, lorsque nous irions au combat, et ne pas perdre de temps. Tu vas rire, comme Gabrielle quand elle a su . Je me suis perdue, je me suis laissée surprendre par la tombée de la nuit. Jai découvert que de nuit, cest nettement plus compliqué de marcher avec tout léquipement du parfait petit soldat dans les bois, sans passer son temps à se prendre les pieds dans ces traitres de racines, qui ne sont là que pour vous permettre daller embrasser le sol avec rapidité et célérité ! Jen porte encore les bleus sur le corps.
Bruissements des feuilles, craquements, hululements, souffles légers et autres bruits nocturne, je crois même avoir entendu un loup, rien à voir avec tous les charmants gazouillements doiseaux ou les cigales qui chantent joyeusement, non, là, le moindre bruit léger à proximité ma fait tendre loreille avec encore plus de soin, le moindre bruit est toujours trop près dailleurs. Je nai jamais autant aimé voir arriver le jour que là.
Au petit matin, jai repris ce qui me semblait être la bonne direction vers le campement, je te passerais les détails mais pour résumé jai continué dalterner la marche avec les baisers à Mère Nature. Ne jamais, jamais être aussi chargé lorsque lon marche dans les bois, tout ça pour me retrouver après une autre nuit, au petit matin, devant Auch ! Deux pu.tains de jours. Soit cette forêt est immense, soit je nai jamais été aussi lente de toute ma vie. Les armées ennemies revenaient du combat. Jai laissé passé le plus gros de la troupe et jai emboité leurs pas, vu mon état je pouvais facilement passé pour lune des leurs. Javoue que sur le coup, je nai absolument pas réfléchi, je nen pouvais plus de cette saloperie de forêt, je voulais la ville !
La première chose que jai faite cest de me trouver un coin tranquille, une vieille bicoque limite à létat de ruine, un coin sombre, pour écrire à Lambach, y dormir quelques heures et me faire discrète.
Après des nouvelles de Lambach, le retour sur Muret fut plus rapide, mais fatiguant. Je suis partie de nuit, éclairée par les rayons lunaires, et non sans mal, sortir dune place fortifiée nest pas chose évidente, échappé à la surveillance de ceux qui sont de gardes sur les camps à lextérieur, non plus, le retour fut tout aussi stressant, javais limpression que jamais je narriverais et pourtant cest aux lueurs de laube que jai vu Muret, les campements de nos armées. Jai failli mécrouler là ou jétais en les voyant, à ce moment là, jaurais pu je crois mendormir sur place. Je ne sais pas comment jai réussi à atteindre sa tente, mais jy suis arrivée, je ne me souviens que de mes affaires laissées au sol, et de moi venant me blottir contre lui, dans sa chaleur avant de mendormir linstant daprès.
Je nai pas déserté, mais je comprends quils le pensent, je laisse dire et je prends sur moi. De toute façon, que répondre ? Je ne vais pas passer mon temps à dire ce quil cest passé, à mexcuser. Je suis désolée de ce qui cest passé, de ne pas avoir été là. Je lai dit, oui à Lambach à mon retour, plusieurs fois, et jai eu limpression quil men voulait aussi, aujourdhui je sais que ce qui ma semblé nêtre quune froideur apparente nest que la traduction de son inquiétude pour moi. Je me suis aussi excusée en présentant mon rapport à Enzo, et je ne saurais dire si lui aussi men voulait. Il ny a que Gabrielle qui a semblé contente de me revoir, et lorsquelle a apprit ma mésaventure, elle a bien rigolé. Vont se foutre de moi et men vouloir pendant un moment avec ça. Jai voulu savoir ce qui cétait passé pendant mon absence, qui de ceux que japprécie ont été blessé, et je nai eu que de vagues renseignements un "beaucoup" ou quelques mots sans précisions, un haussement dépaules. Ca ma fait mal ce comportement. Mon inquiétude est réelle, et je nai pas eu la réponse, jai limpression de devoir payer une absence que je nai pas voulu. Je nai su que Christopher et Brekthas étaient blessés que par ce page qui ma transmis les mots de Gabrielle et de Lambach, à mon retour. Ces mots quils mont envoyé me pensant blessée et à Muret alors que jétais paumée dans la forêt. Je vais en entendre parler, je vais ramer longtemps avec cette histoire et javoue que si pour le moment je ne dit rien, prend sur moi, et encaisse les réflexions, les piques des soldats, et de mes amis, viendra un temps ou ils devront cesser ou me voir réagir. Je crois quil vaut mieux quils cessent deux même.
Je verrais.
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Stendhal
Muret -ville franche, mercredi 26 juin 1461
Depuis mon retour, jentends murmurer derrière mon dos, je vois certains regards de soldats, certains qui se détournent de moi à mon arrivé, qui se taisent, ou ne me répondent que du bout des lèvres et uniquement parce que je suis une proche de leur Commandant, sinon je pense que je naurais le droit quà leur mépris. Mais je ne suis pas sotte, je sais bien ce quils dissent, pensent derrière mon dos, cela se devine et ne tiens quen quelques mots au choix du moment : désertion, lâche.
Ils pensent que je me suis enfuie, que jai prie peur, abandonnant larmée, les abandonnant tous. Je ne peux que les comprendre, peut être penserais-je pareil, si javais vu mes compagnons darmes, devenus des amis pour certains, blessés, mourir au combat et que je voyais une personne arriver en parfaite santé, la fleur à loreille, après deux jours dabsence, alors quelle aurait du être à nos cotés au combat, à partager les risques. Oui peut être que je lui en voudrais et penserais comme eux.
Mais je nai pas déserté. Je ne les ai pas abandonné volontairement. Jai eu peur, oui, mais je ne me suis pas enfuie, jai eu peur de les perdre, de les voir mourir, nous avions perdu tellement déjà, jai juste ressenti le besoin de méloigner un peu, de trouver un coin tranquille pour adresser une prière aux Dieux, pour quils les protègent, et la forêt me semblait lendroit idéal. Mal men a pris. Javais toutes mes affaires, pour pouvoir navoir quà prendre ma place dans ma section, lorsque nous irions au combat, et ne pas perdre de temps. Tu vas rire, comme Gabrielle quand elle a su . Je me suis perdue, je me suis laissée surprendre par la tombée de la nuit. Jai découvert que de nuit, cest nettement plus compliqué de marcher avec tout léquipement du parfait petit soldat dans les bois, sans passer son temps à se prendre les pieds dans ces traitres de racines, qui ne sont là que pour vous permettre daller embrasser le sol avec rapidité et célérité ! Jen porte encore les bleus sur le corps.
Bruissements des feuilles, craquements, hululements, souffles légers et autres bruits nocturne, je crois même avoir entendu un loup, rien à voir avec tous les charmants gazouillements doiseaux ou les cigales qui chantent joyeusement, non, là, le moindre bruit léger à proximité ma fait tendre loreille avec encore plus de soin, le moindre bruit est toujours trop près dailleurs. Je nai jamais autant aimé voir arriver le jour que là.
Au petit matin, jai repris ce qui me semblait être la bonne direction vers le campement, je te passerais les détails mais pour résumé jai continué dalterner la marche avec les baisers à Mère Nature. Ne jamais, jamais être aussi chargé lorsque lon marche dans les bois, tout ça pour me retrouver après une autre nuit, au petit matin, devant Auch ! Deux pu.tains de jours. Soit cette forêt est immense, soit je nai jamais été aussi lente de toute ma vie. Les armées ennemies revenaient du combat. Jai laissé passé le plus gros de la troupe et jai emboité leurs pas, vu mon état je pouvais facilement passé pour lune des leurs. Javoue que sur le coup, je nai absolument pas réfléchi, je nen pouvais plus de cette saloperie de forêt, je voulais la ville !
La première chose que jai faite cest de me trouver un coin tranquille, une vieille bicoque limite à létat de ruine, un coin sombre, pour écrire à Lambach, y dormir quelques heures et me faire discrète.
Après des nouvelles de Lambach, le retour sur Muret fut plus rapide, mais fatiguant. Je suis partie de nuit, éclairée par les rayons lunaires, et non sans mal, sortir dune place fortifiée nest pas chose évidente, échappé à la surveillance de ceux qui sont de gardes sur les camps à lextérieur, non plus, le retour fut tout aussi stressant, javais limpression que jamais je narriverais et pourtant cest aux lueurs de laube que jai vu Muret, les campements de nos armées. Jai failli mécrouler là ou jétais en les voyant, à ce moment là, jaurais pu je crois mendormir sur place. Je ne sais pas comment jai réussi à atteindre sa tente, mais jy suis arrivée, je ne me souviens que de mes affaires laissées au sol, et de moi venant me blottir contre lui, dans sa chaleur avant de mendormir linstant daprès.
Je nai pas déserté, mais je comprends quils le pensent, je laisse dire et je prends sur moi. De toute façon, que répondre ? Je ne vais pas passer mon temps à dire ce quil cest passé, à mexcuser. Je suis désolée de ce qui cest passé, de ne pas avoir été là. Je lai dit, oui à Lambach à mon retour, plusieurs fois, et jai eu limpression quil men voulait aussi, aujourdhui je sais que ce qui ma semblé nêtre quune froideur apparente nest que la traduction de son inquiétude pour moi. Je me suis aussi excusée en présentant mon rapport à Enzo, et je ne saurais dire si lui aussi men voulait. Il ny a que Gabrielle qui a semblé contente de me revoir, et lorsquelle a apprit ma mésaventure, elle a bien rigolé. Vont se foutre de moi et men vouloir pendant un moment avec ça. Jai voulu savoir ce qui cétait passé pendant mon absence, qui de ceux que japprécie ont été blessé, et je nai eu que de vagues renseignements un "beaucoup" ou quelques mots sans précisions, un haussement dépaules. Ca ma fait mal ce comportement. Mon inquiétude est réelle, et je nai pas eu la réponse, jai limpression de devoir payer une absence que je nai pas voulu. Je nai su que Christopher et Brekthas étaient blessés que par ce page qui ma transmis les mots de Gabrielle et de Lambach, à mon retour. Ces mots quils mont envoyé me pensant blessée et à Muret alors que jétais paumée dans la forêt. Je vais en entendre parler, je vais ramer longtemps avec cette histoire et javoue que si pour le moment je ne dit rien, prend sur moi, et encaisse les réflexions, les piques des soldats, et de mes amis, viendra un temps ou ils devront cesser ou me voir réagir. Je crois quil vaut mieux quils cessent deux même.
Je verrais.
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