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L'obéissance de la nuit: l'occasion renversée.

Sancte
« Merci de bien vouloir annoncer son Altesse le Dauphin de France, et si possible, sans faire hurler les violons de St Jacques. Je ne me suis pas vêtu de ma seule broigne de cuir en la circonstance pour ameuter tout le quartier. »

Il est dans la lune. Émotionnantes sont ses arrières-pensées. Il vient de finir d'enlacer une maîtresse pour déjà s'en aller à la rencontre d'un autre corset dont il ne serait sans doute pas contre l'idée de l'ôter également. Mais pour l'heure, il se contente d'observer la façade du Castel qui se dresse devant lui. Les cheveux drus réunis sous son heaume, un épais tricot collé contre son poitrail pour lutter contre les morsures du froid, il a plus l'air d'un routier aux mauvaises intentions que d'un chevalier du Lys. Mais d'une certaine manière, cela tombe à pic, car l'on peut dire qu'il est venu prendre ce qui ne lui appartient pas. Et s'il observe la façade du bâtiment, ce n'est certainement pas en vue de la défaire. Mais étudier ses éventuelles possessions de demain.
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Catherine_elisabeth
« … depuis que je suis partie. Non, ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi je partais soutenir Armoria.
Elle avait besoin d’une armée, de vivres pour les soldats, et bien je fonçais. Quoi de plus normal ? Bon certes, certains allaient faire la gueule. Mais ils n’avaient plus besoin de moi en Toulouse. J’en avais assez fait depuis le temps.

Je partais donc chargée de tout l’équipement nécessaire, accompagnée juste de quelques sous-fifres pour porter tentes et victuailles.

Honnêtement, j’avais pas prévu ce qui allait suivre. Stupide de ma part.

Qui pouvait prévoir que Harchette ou je ne sais qui, me filerait un coup d’épée au travers du corps ? Qui pouvait prévoir que Sancte et sa troupe forcerait le passage des frontières ?
Oui j’ai été stupide de les bloquer, avec le recul je ne peux que l’admettre. En tout cas, je m’en souviendrai toujours.

La rencontre avec Sancte tout d’abord. Je n’ai pas aimé son regard. Hautain et sûr de lui. En même temps il avait de quoi… Et puis…………. »


Catherine leva les yeux du journal intime de Lily-Jane, sa mère, décédée depuis quelques années.
Cela faisait plusieurs nuits qu’elle relisait le passage de la « rencontre » de sa maman avec celui qui lui avait écrit quelques nuits auparavant.
Elle savait de lui ce qui était noté dans ces parchemins reliés. Mais il ne faut pas croire qu’elle était comme toutes ces midinettes qui portaient jugement rapidement.
Elle avait beau n’être âgée que de seize ans, elle avait vécu ce qui fallait pour posséder une certaine maturité d’esprit, avec bien entendu, cette petite partie d’elle-même qui la poussait à faire l’inverse de ce qu’on attendait d’elle.
Par exemple, si son père, Izidore de Castelléo savait qui elle s’apprêtait à recevoir, et bien elle était certaine que malgré son rang, ses fesses s’en souviendrait toute sa vie.
Mais de sa vie, justement, Izidore ne faisait plus partie. Par sa faute uniquement. Il n’avait pas cherché à prendre soin d’elle. Et l’opposé de cet homme prit soin de Catherine comme un père, Kartouche.
D’où peut-être l’ouverture d’esprit de la peste blonde.

Elle aurait pu lui proposer de venir en Toulouse, en son domaine de Lavaur, mais ça aurait été chercher la…les ennuis. Elle avait bien reçu la missive de la Comtesse annonçant qu’elle prenait parti pour l’Eglise et non le Roy. Avec tout un discours disant que c’était un choix difficile à faire, mais que le concordat… écrit par Lily d’ailleurs, disait que… en gros l’hérésie c’est tabou, on en viendra tous à bout.
Bref. Peu lui importait, car elle, restait neutre. Pour le Roy, et pour l’Eglise, et pour son père de cœur qui avait d’ailleurs disparu, mais c’est une autre histoire.

Un jour comme un autre donc, elle relisait le journal de sa mère, et finit par le poser quand une de ses suivantes vint frapper à la porte de ses appartements pour lui annoncer l’arrivée du Dauphin.
Ce dernier avait une proposition à lui faire. Curiosité.

La petite comtesse laissa ses affaires et se leva. Elle était vêtue, comme à son habitude, à la dernière mode qui pouvait soit faire tourner les regards, soit faire tiquer quelques donzelles offusquées et jalouses.
Houppelande noire brodée de dentelles prune, épaules dégagée, fluide et trainant légèrement derrière elle.
Elle avait abandonné son habituel chignon déstructuré pour laisser ses cheveux lâches.

Les gardes, plus attirants qu’intelligents avaient fait pénétrer rapidement le Dauphin dans le salon d’accueil.
Ils savaient qu’ils ne devraient rien dire de cette visite, sous peine de finir avec quelques confrères dans les caves humides du castel…

La blonde pénétra donc dans le salon, et chercha immédiatement le regard de Sancte, voulant voir si la lueur qu’avait perçu sa mère était encore là.
Visage qui se penche sur le côté, demi sourire aux lèvres, un quart de seconde et finit par effectuer la révérence d’usage suivit de quelques paroles


« Votre Altesse, c’est un honneur que de vous recevoir en ma demeure… »
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Sancte
« Et c'est un plaisir d'y être accueilli, Comtessa. »

Ses mauvaises manières ont baissé pavillon sur le seuil. Air altier qui s'incline au dessous de la ligne de flottaison de son regard acier, fuyant subrepticement derrière les arcades de ses orbites à mesure qu'il s'abaisse. Double souris aux lippes, l'amabilité est franche. Un quartier d'instant éminemment rare, qui fait disputer aux chandelles l'éclat de ses crocs de métal. Mais il ne peut s'empêcher de se demander si cette jeune créature était déjà née, pendant la nuit où fut exécutée sa mère, qui avait cru judicieux de charger une lance de Montalbanais armés jusqu'aux dents avec une armée en complète désuétude d'effectifs.

« J'ai longtemps fait voisinage avec votre mère. Assez pour connaître le nom de Lily Jane et les aspects d'une vie. Mais nos positionnements respectifs ne nous permettaient pas de nous côtoyer autrement que l'épée au clair. Aussi, nous n'étions pas intimes. J'ignorais même qu'elle avait eu une fille. Jusqu'à ce que j'apprenne qu'il existât une Comtesse qui occupait Labastide, et l'identité véritable de cette dernière. »

En bon théologien, Iohannes traîne toujours avec lui un certain nombre de textes. Mais ceux qu'il présente à son hôte n'ont pourtant rien d'une hagiographie.

« Voici les sources fiables que j'ai pu recueillir sur les principales relations officielles que j'ai pu établir avec feue votre mère, Comtessa. Vous en jugerez par vous-même. »

Et quid de l'identité du journaliste ... Magnifique cerise sur un bien vieux gâteaux.


Citation:
16-03-2010 : Échaufourrée aux portes de Castelnaudary

CASTELNAUDARY (AAP) - Dans la nuit du 14 au 15 mars, une armée toulousaine et une lance de voyageurs guyennois ont livré bataille sous les murs de Castelnaudary. Devant le petit bourg toulousain, les huit voyageurs, qui étaient menés par le réformé Sancte et allaient de Montauban à Carcassonne, ont rencontré la comtesse sortante Lily-Jane, portant bannière toulousaine. Un combat a été engagé entre les deux entités.

L'ancienne comtesse a été laissée pour morte sous les murs de Castelnaudary et son armée dispersée. Dans l'autre camp, Sancte, meneur du groupe de voyageurs, a été superficiellement blessé.

Kartouche, pour l'AAP


Citation:
21-03-2010 : Combat à Castelnaudary : entrevue avec Lily-Jane

CASTELNAUDARY (AAP) - Il y a trois jours, dans la nuit du 14 au 15 mars, a eu lieu une échauffourée entre une armée et un groupe de voyageurs guyennois (cf. la dépêche à ce sujet parue le 16 mars). Nous avons contacté l'ancienne comtesse de Toulouse Lily-Jane, capitaine de l'armée impliquée dans le combat et grièvement blessée à cette occasion, qui a bien voulu répondre à quelques questions.

AAP - Dame de Labastide Saint-Pierre, bonjour et merci d'avoir bien voulu accepter de répondre à quelques questions. Il y a deux jours, nous rapportions qu'un combat avait eu lieu sous les murs de Castelnaudary, et vous en avez été partie prenante. Qui a-t-il précisément opposé ?

Lily-Jane - Un groupe de huit personnes, dont j'ai reconnu leur appartenance au groupuscule les Lions de Juda, contre moi même, à la tête de l'armée Via Fora Los Pefons.

AAP - Et vous étiez seule dans votre armée, c'est exact ?

Lily-Jane - Oui tout à fait, la soirée était calme, et aucun danger apparant ne semblait proche de se produire. J'étais sereine et ne sentais pas l'obligation d'être accompagnée.

AAP - Et ces gens-là, ils n'auraient pas dû se trouver à ce moment sur les routes de Toulouse ?

Lily-Jane - Non, en effet. Les Lions de Juda ne sont pas les bienvenus en terres toulousaines. En plus de cela, nos frontières sont fermées et ils n'avaient aucun laisser-passer. Ce qu'ils n'auraient pas eu même si la demande en avait été faite.

AAP - Et c'est pour cette raison que vous avez engagé le combat, malgré la criante infériorité numérique dont vous souffriez (car je crois que c'est bien vous qui les avez attaqué en premier) ?

Lily-Jane - Et bien, j'ai vu en prime abord le déDuché de Guyennemé Sancte. Je lui ai dit qu'il n'avait rien à faire en terre toulousaine, et je lui ai ordonné de partir. Il a refusé. Je l'ai donc forcé à exécuter cet ordre en le bousculant quelque peu. Puis ses amis que je n'avais point vu sont arrivés afin de le défendre, si l'on peut dire ainsi. J'étais seule contre huit.

AAP - Donc d'après vous, ils ne se promenaient pas tous ensemble. Vous avez été laissée pour morte au terme du combat : savez-vous combien de personnes vous ont porté des coups, et combien de vos adversaires vous avez blessé ou tué ?

Lily-Jane - Disons que Sancte était en tête du groupe, les autres devaient être en retrait, et je ne les ai pas vu de suite. Pour le combat en lui même, je vous avoue avoir du mal à m'en souvenir exactement. Ce fut douloureux, une expérience que je ne souhaite à personne, exception faite des enfants du sans Duché de Guyenne. Ce dont je me souviens, c'est avoir bousculé Sancte afin qu'il s'en aille, puis ensuite, tout est allé très vite. Ils étaient si Duché de Guyennebreux. Sancte était quelque peu assomé par le coup que je lui ai porté et le reste est arrivé... Je me souviens surtout... De la lame d'un deux qui m'a transpercé le ventre, puis ce fut la chute et j'étais entre conscience et inconscience. J'ai senti le feu, mon armée qui brûlait par leur soin. Puis je me suis évanouie. Il parait que mon coeur s'est même arrêté de battre quelques secondes, mais, Loué soit Aristote, les secours sont arrivés à temps.

AAP - Comme nous l'avons évoqué au début de l'entrevue, vous protiez une bannière toulousaine : agissiez-vous en mission pour l'armée régulière ? Saviez-vous que ce groupe allait passer par là ?

Lily-Jane - Mon armée était bien règlementaire et agrée par le Comté, mais dans l'instant, je rentrais juste chez moi et m'apprêtais à repartir le lendemain. J'ai donc était surprise, car la route devait être sure.

AAP - Est-ce qu'il est fréquent que vous -ou d'autres capitaines toulousains- patrouillent sur les routes en effectif très réduit, tout en prêt à engager le combat contre des ennemis qui sont réputés pour ne pas être des enfants de coeur ? Stratégiquement, n'est-ce pas un peu trop risqué ? Que doivent penser les Toulousains des choix militaires de leurs autorités ?

Lily-Jane - Si j'étais en effectif réduit, c'est parce que, comme je viens de le dire, je venais de rentrer chez moi et repartais le lendemain. En ce qui concerne les choix militaires, cela regarde uniquement les autorités compétentes. Et le Comté n'a jamais eut à se plaindre de sa belle armée.

AAP - D'accord, merci. Finalement, avez-vous un commentaire à ajouter ? Voyez-vous un point que j'ai oublié de mentionner ?

Lily-Jane - De rien. J'ajouterai juste que je remercie le Très Haut de m'avoir permit de survivre à cette terrible épreuve. Cela grâce également à mes frères et soeurs de l'Ordre Teutonique, qui m'aident pendant ma convalescence.


Propos recueillis par Kartouche, pour l'AAP


Citation:
21-03-2010 : Combat à Castelnaudary : entrevue avec Sancte

CASTELNAUDARY (AAP) - Il y a trois jours, dans la nuit du 14 au 15 mars, a eu lieu une échauffourée entre une armée et un groupe de voyageurs guyennois (cf. la dépêche à ce sujet parue le 16 mars). Nous avons contacté Sancte, meneur du groupe impliqué dans le combat, pour lui demander de répondre à quelques questions.

AAP - Messer Sancte, bonjour. Il y a trois jours, vous avez été impliqué dans un combat contre l'ancienne comtesse de Toulouse Lily-Jane. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs ce qui s'est précisément passé ?

Sancte - Messer, bonjour. Il y a trois jours, mes compagnons de route et moi-même avons effectivement été agressés par une sauvageonne qui semblait se prendre pour un agent de la maréchaussée. Naturellement, au regard de son agressivité et de ses manières quelque peu discourtoises, nous avons immédiatement pensé à une attaque de bandits de grands chemins. Ce n'est que lorsque nous avons aperçu l'oriflamme toulousain que nous avons compris le caractère officiel de cette embuscade quelque peu maladroite, puisque ladite demoiselle nous a ordonné de faire demi-tour, sans jamais avoir voulu nous laisser la possibilité de le faire. Pour résumer : elle n'a jamais renoncé à l'idée d'en découdre et constatant que nous ne répondions pas à ses provocations papistes, s'est finalement décidée à charger. Mal lui en a pris, comme tous ont pu le constater.

AAP - Effectivement, puisque dame Lily-Jane s'est retrouvée à deux doigts de mourir. Si j'ai bien compris, c'est elle qui a engagé le combat : comment expliquez-vous que, seule, elle s'en soit prise à un groupe de huit personnes ?

Sancte - L'incompétence et l'irresponsabilité des officiers toulousains n'est pas de mon ressort. Je pense qu'elle seule sera à même de répondre à cette question, avec toute la mauvaise foi qui caractérise ce genre de personnages lorsqu'ils se prennent une peignée.

AAP - Normalement, vous n'aviez pas le droit de vous trouver sur les terres du comté de Toulouse : pourquoi avez-vous tout de même entrepris ce voyage ? Saviez-vous que vous risquiez de vous faire attaquer par Lily-Jane et que vous pourriez avoir l'occasion de lui infliger une défaite ? En d'autres mots, était-ce une mission sciemment préparée en ce sens ?

Sancte - Je n'étais aucunement au courant de la situation du comté de Toulouse avant mon départ. Cette province à la réputation prestigieuse n'est troublée par aucune guerre civile ou aucun autre conflit à ses frontières qui justifieraient une telle décision. Je savais néanmoins qu'en ma qualité de Sicaire du Lion de Juda, j'encourais des risques en traversant le territoire Toulousain. Ces risques je les ai endossés, mais il serait fort malhonnête de penser que je dirigeais une expédition pour sanctionner ladite dame que je ne connaissais absolument pas et envers qui, à priori et en dépit de sa réputation de papiste zélée, je ne nourrissais aucune sorte de griefs.

AAP - Et vous pourriez nous éclairer sur la raison de ce voyage, ou bien cette dernière est-elle confidentielle ?

Sancte - Je n'ai pas grand chose à cacher pour peu que l'on soit assez urbain pour venir me poser les bonnes questions, avec l'amabilité que commandent les bonnes moeurs. Pour vous répondre, je suis étudiant en voie de l'Eglise et comme chacun sait, cette vocation me pousse à parcourir les Provinces de notre Royaume en quête d'ouvrages rares dont seules certaines bibliothèques disposent. D'où la nécessité plus ou moins impérieuse de mes déplacements. Mais si la damoiselle Lily-Jane souhaitait faire don de plusieurs volumes théologiques à l'Université de Guyenne pour raréfier les déplacements des Réformés de Montauban, je pense que nous recevrons son geste avec la plus grande bienveillance.

AAP - Voilà qui est limpide : dame Lily-Jane sais ce qu'il lui reste à faire pour se réconcilier avec vous. Messer Sancte, merci d'avoir bien voulu répondre à ces quelques questions, nos lecteurs en seront assurément éclairés. Avant de terminer, avez-vous un commentaire à ajouter ou voyez-vous un point important que vous aurions oublié de soulever ?

Sancte - Effectivement. J'ai pu apprendre que certains représentants de l'Eglise ont fait passer Lily-Jane pour une victime des attaques du Lion de Juda. Ces propos sont aussi trompeurs qu'absurdes, chaque officier d'état-major sachant très bien qu'une simple lance ne peut partir à l'assaut du fortin d'une armée. Si il y a trois jours, Toulouse a perdu une armée, c'est parce que celle qui la dirigeait a commis la bêtise de se promener sur le territoire en quête d'offensives à mener sans avoir les renforts pour se le permettre. De même, j'ai ouï dire que la Guyenne s'était excusé auprès de Toulouse pour cet incident. Mais s'excuser de quoi ? Du fait que des Guyennois ne se laissent pas taper dessus sans réagir ? En vérité, chacun comprendra que cet incident accouche de trois conclusions limpides :
- Le comté de Tolosa confie le commandement de ses armées à des fillettes incompétentes.
- L'Église Aristotélicienne déforme toujours les faits à son avantage, pour rejeter ses turpitudes internes sur le dos d'hérétiques au bellicisme fantasmé.
- La diplomatie guyennoise conserve le doigt sur la couture de son pantalon : politique de génuflexions et éternelle posture de paillasson. Advienne que pourra, la Guyenne brillera. Jamais dans le présent, hélas.


Propos recueillis par Kartouche, pour l'AAP

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Catherine_elisabeth
Un sourire à nouveau rendu, les formules de politesses étaient faites.
S’attendait-elle qu’il rentre dans le vif du sujet aussitôt dites, ou alors à ce qu’il tourne autour du pot avant de proposer quelque chose d’inattendu ? A tout cela peut être, mais certainement pas à ses paroles.

D’un geste courtois, elle l’invita à prendre place sur l’un des fauteuils aussi luxueux que confortable, près de l’âtre rougeoyant, tandis qu’elle-même s’installait avec une certaine grâce saupoudrée de nonchalance sur celui en face.

Mimique intriguée tandis qu’elle prend en main les textes qu’il lui tend. Ses yeux se baissent pour en prendre connaissance, tandis que dans le même laps de temps, elle claque des doigts de la main gauche sans lever le regard.
A peine le son émit, un vieil homme que l’on devine fort bel homme dans sa jeunesse, s’avance et dépose sur la petite table à leur côté, un plateau chargé de deux coupes, un vin dont il brise le sceau et quelques confiseries. Sans un mot il remplit les verres et quitte la pièce.

Elle connaissait l’histoire. Encore quelques minutes auparavant, elle relisait le journal intime de sa mère.
Mais elle n’avait pas eu connaissance de ces articles.

Ses yeux clairs bougent lentement. Une étrange lueur violette apparaît, laissant apparaître une grande émotion.

Non, ce n’est pas le contenu qui la rend ainsi. C’est juste de lire le nom de Kartouche. Juste parce que cela lui mordait le cœur de ne pas savoir où son père de cœur se trouvait.

Lecture se poursuit. Parfois un sourire mutin, d’autres fois un léger mordillement de lèvres. Puis enfin elle relève les yeux et regarde ceux de Sancte.

« Ma mère avait ses idées, ses croyances, ses humeurs également. J’ai les miennes.
Je peux voir qu’elle n’était également pas dépossédée d’humour… « Via Fora Los Pefons ». Quel drôle de nom pour une armée…
Elle savait également mentir, et je n’en suis ni étonnée, ni déçue. Chacun ses travers.

Il est assez amusant que de lire ceci, car juste avant que vous n’arriviez, j’étais plongée dans la lecture de son journal. »


Dans un murmure, elle prononça « Kartouche… » mais comme pour elle-même. Où était-il… Ne pas y penser pour l’instant.
Elle prit en main la coupe, et avant de la porter à ses lèvres appela


« Adelaïde ! Le journal de ma mère. »

Une petite suivante, sortie rapidement et revint à peine une minute ensuite et donna les parchemins à sa maîtresse sans la regarder.
Son visage était traversé par une longue cicatrice. Punition de la comtesse, quand elle avait surpris celle-ci battant presque à mort un gamin des rues. Elle la prit juste après à son service.

Catherine tourna quelques feuilles avant de saisir celle qui contenait une autre vérité. Surprise en devenir.
Elle le tendit à Sancte.


« Je vous en prie, lisez ceci, et peut être aurez-vous une image nouvelle de ma mère. »

Citation:
«Je n’arrive pas à y croire, je sais bien que je dois mentir à tous, dire que je rentre au domaine, mais ça me déplait ! Ils me font scènes su scènes, leçons de moral et déclarations larmoyantes depuis que je suis partie. Non, ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi je partais soutenir Armoria.
Elle avait besoin d’une armée, de vivres pour les soldats, et bien je fonçais. Quoi de plus normal ? Bon certes, certains allaient faire la gueule. Mais ils n’avaient plus besoin de moi en Toulouse. J’en avais assez fait depuis le temps.

Je partais donc chargée de tout l’équipement nécessaire, accompagnée juste de quelques sous-fifres pour porter tentes et victuailles.

Honnêtement, j’avais pas prévu ce qui allait suivre. Stupide de ma part.

Qui pouvait prévoir que Harchette ou je ne sais qui, me filerait un coup d’épée au travers du corps ? Qui pouvait prévoir que Sancte et sa troupe forcerait le passage des frontières ?
Oui j’ai été stupide de les bloquer, avec le recul je ne peux que l’admettre. En tout cas, je m’en souviendrai toujours.

La rencontre avec Sancte tout d’abord. Je n’ai pas aimé son regard. Hautain et sûr de lui. En même temps il avait de quoi… J’étais seule, physiquement je dois avouer que je ne représentais pas vraiment une menace, sauf peut-être pour quelques gueux. Et puis tout s’enchaîna rapidement.
Quelques banalités échangées, je l’ai cherché aussi, peut être… Mais j’avais les nerfs à fleur de peau.
Puis après l’avoir bousculé, ses amis sont venus à la rescousse et la je ne sais plus exactement ce qui s’est passé.
Je me suis réveillée le lendemain, et j’ai su que j’avais été sauvée de justesse.
Je ne m’étalerai pas là-dessus.

Ce que je dois écrire ici, c’est la vérité.

Oui je détestais ces hommes. Ils représentaient ce pourquoi je me battais nuit et jour. Mais au fond de moi, quelque part bien caché, je dois avouer que j’en étais jalouse.

Ils étaient plus libres que moi. Plus libre que je ne l’avais jamais été. Libre de penser, de faire, d’agir, tandis que moi, fidèle aristotélicienne, j’avais maintes fois dû m’oublier pour ma religion.

Même quand l’Ordre m’avait tourné le dos, je n’arrivais pas à être libre.

J’aimerai avoir un jour l’occasion de les comprendre.
Peut-être cela changera quelque chose.
Peut-être pas.»

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Sancte
« Merci. »

Cette entrevue tombe pile poil dans ce qu'il a espéré de ce jour, pour ce que cela n'avait jamais été possible de le faire du vivant de Lily Jane, au motif d'un contexte politico-religieux assez purulent au sein duquel ils défendaient des intérêts diamétralement opposés. Son regard vif parcourt la page des mémoires de l'ancienne Comtesse. Il n'est guère surpris de ce qu'il peut y lire.

« Les mots de votre mère sont touchants, mais la liberté, dans l'absolu, n'existe pas. Il est faux et vain de croire qu'en ce Royaume un réformé est plus libre qu'un Teutonique. Ils n'obéissent seulement pas aux mêmes contraintes. Je fais encore régulièrement un cauchemar. Celui d'une Reyne noire, qui dans un ciel crépusculaire où sombre l'Aristotélicité, contemple les débris de vertu de son Royaume. Du haut des tours du vieux Louvre, elle porte son regard angoissé sur les brasiers qui rougeoient dans la nuit tombante et observe les cadavres amoncelés. Au même moment, des ruelles tortueuses de la ville assiégée monte le lamento discordant des massacres. La populace papiste prend d'assaut les maisons des réformés parisiens, et traîne vers la Seine, des corps martyrisés. Cette Reyne aurait pu être votre mère. Ces bourreaux, ses amis et votre père. Ces agissements portés contre les enseignements même du Livre me font penser que tout soldat sans solide formation politique et théologique ne saurait être autre chose qu'un criminel en puissance, en pouvant être amené à combattre par le confort d'une fidélité automatique les seuls porteurs d'idéaux que sa conscience défend pourtant. Le conflit entre le Roy et le Pape aujourd'hui ne nous dit pas autre chose. Pis encore, cela était prévisible et même prévu. Jugez plutôt. »

Et de lui tendre à son tour un texte rare et fort bien conservé, mis à l'index par Rome. À sa lecture, on comprend aisément pourquoi.

Thèse sur l'hérésie par Jerem51 - Mis à l'index en 1456 a écrit:
Qu’est-ce que l’hérésie ?

Selon le droit canon, est considéré comme hérésie le rejet de tout où partie du dogme aristotélicien.

En quoi ce crime est-il restrictif des libertés ?

Ce crime vient en limite du droit d’expression puisqu’il suppose que l’aristotélisme est une religion dont il serait interdit de discuter, contrairement aux autres cultes.
Certes, on pourra objecter que cela est normal puisque l’aristotélisme est la religion officielle du royaume et qu’il n’appartient pas à un simple fidèle d’en discuter.
Il est donc interdit de s’exprimer librement sur la religion officielle.
Admettons ce principe.

Comment l’interdiction d’exprimer librement sur la religion aristotélicienne est en soi hérétique ?

En effet, si on suppose que l’on ne peut critiquer la religion officielle car cela s’appelle hérésie, alors on en vient à nier que l’homme fut créé libre par Dieu, puisqu’il serait privé de la liberté de s’exprimer, donc de penser en matière de religion.

Cela veut donc dire que, soit l’homme ne peut jamais pécher car, sans liberté, il ne peut pas penser librement donc ne peut pas dévier de la ligne fixée par Dieu (alors le crime d’hérésie est inutile), soit il peut errer en esprit, et c'est ce que nous enseigne, en effet, le Livre des Vertus puisque Dieu a créé la Créature sans Nom et lui a permis de continuer à exister, mais pour cela, il faut que l'homme ait été doté par Dieu de la liberté de penser.
En conséquence, on doit bien conclure à la liberté de l’homme, à la liberté de s’exprimer en matière de religion ; liberté qui lui vient de Dieu.

En quoi le crime d’hérésie nie cette liberté ?

En niant la liberté de discussion en matière religieuse, le crime d’hérésie vient donc en contradiction avec la volonté divine qui fut de doter l’homme d’un esprit entièrement libre de penser et fatalement de penser différemment de son enseignement.
Il est contraire à la pensée de St Thomas, saint aristotélicien qui affirmait que la liberté de conscience est absolue : pour lui, si un aristotélicien voit un conflit entre le dogme et sa conscience, il doit suivre sa conscience et non le dogme.
Le crime d’hérésie est donc en soi-même hérétique, puisqu’il qu’il nie un des droits donnés par Dieu aux hommes.

En quoi l’Église fait preuve de cynisme sur la question ?

Ne pouvant nier cette liberté, elle prend bien soin de ne pas condamner elle-même l’homme supposé hérétique, mais de le faire faire par le bras séculier ; or, se faisant, elle définit le crime d’hérésie comme un crime politique et non plus religieux.
Ainsi, ce n’est pas l’Eglise qui condamne, mais l’Etat, ainsi discuter librement religion devient non plus un crime religieux, mais un crime politique.

En qui cette notion de crime politique est-elle dangereuse ?

Cette notion est dangereuse parce qu’elle fait d’une question religieuse, une question politique et place l'Eglise sous la dépendance des pouvoirs séculiers et du roi dont dépend la condamnation judiciaire.
De plus, cela est source de conflit potentiel entre les pouvoirs, car tout roi sera jugé bon ou mauvais par L'Eglise en fonction de sa capacité à faire appliquer ou non ce crime.
Théocratie contre césaro-papisme, tel risque d'être, très vite l'enjeu.

Comment se libérer de cette menace ?

Cette situation, porteuse, en germe, d’un possible conflit entre l’autorité royale et l’autorité de l’Eglise quant-à savoir qui doit imposer ses vues à l’autre peut être évitée de deux façons :
- soit le crime d’hérésie redevient un crime exclusivement religieux ne pouvant être condamné que par un tribunal religieux
- soit, la suppression du crime d’hérésie s’impose tant par son caractère hérétique en soi (il nie la liberté que Dieu a donné aux hommes de penser) que par ses implications politiques.

Mais, me direz-vous, peut-on laisser les hommes ignorer les voix de Dieu ?

Absolument pas ; Dieu, dans sa sagesse, a voulu l’homme capable de raisonner librement, car il ne veut pas d' esclaves comme fidèles, mais des hommes conscients par la raison, de l’intérêt de son message.
C’est pourquoi, il recommande non par d’user de crime, mais d’user de persuasion : Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse.
D’où le rôle des prédicateurs ; on peut même avancer que partout où se trouve un mauvais prédicateur, l’errance pullule.
Il n'y a pas de mauvais croyants, il n'y a que de mauvais prédicateurs.

On peut donc affirmer, en conclusion que :
c’est le devoir moral de chaque individu de chercher la vérité et de vivre en conséquence; s’il ne le fait pas, c’est à Dieu, lors du Jugement dernier qu’il aura à rendre des comptes, non aux hommes, car il n’appartient pas aux hommes de se substituer à la justice de Dieu: ainsi, Dieu ne passa pas par la justice humaine, mais par sa propre justice pour condamner les habitants d'Oanylone qui ne s'étaient pas convertis, ainsi que l'enseigne le Livre des Vertus.

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Catherine_elisabeth
Elle écouta avec une certaine attention les mots du Dauphin. Son cauchemar. De nature empathique, elle partageait facilement les émotions d’autrui, ou imaginait avec une quasi réalité les histoires contées.
C’est donc sans peine qu’elle visualisa cette Reyne, qu’elle entendit résonner dans sa tête les cris déchirants des martyrs que l’on malmenait. La chaleur de l’âtre accentuait cela, laissant penser aux flammes qui détruisaient les demeures.
Ses yeux brillèrent mais rien de plus ne transparut.


Cela serait une terrible honte à la religion Aristotélicienne si cela devait avoir lieu un jour. Elle qui prône l’Amour et la Compassion. Hélas ce ne sont que des mots. Souvent les images des contes pour enfants cachent sous leurs couleurs vives de bien tristes desseins.

Puis elle prit le texte et le lut. Cela la captivait et cela se voyait. Elle avait attendu ce genre de conversation depuis bien longtemps. Elle pourrait se nourrir de ce genre de connaissances, s’en abreuver jusqu’à plus soif. Elle l’avait attendu de Kartouche, mais hélas les occasions d’être seuls, sans mauvaises compagnies ne s’étaient guère présentées. Ou les circonstances ne s’y prêtaient pas.

Ce qui était écrit lui était inconnu, bien que souvent elle y ait pensé. Elle était Aristotélicienne, avait été baptisé, avait obtenu quelques diplômes et son père de sang était ou avait été chef d’un Ordre qui aurait été capable de brûler vif quiconque en aurait fait la lecture à ce jour.
A la fin de sa lecture, elle lui rendit le parchemin et prit une gorgée de vin, regard plutôt serein.


Ce texte confirme ce que beaucoup pensent tout bas, mais n’oseront jamais dire à haute voix.

La religion. Vaste sujet. Lorsque l’on apprend, au début de notre vie, les grandes lignes de la religion Aristotélicienne, l’on y voit qu’Amour, Paix et Vie. L’on nous parle d’Hérésie lorsque l’on commence à grandir, lorsque notre conscience se met réellement en marche si je puis dire. Disons, lorsque l’on se rend compte que l’on pourrait être libre de penser.
Et à ce moment seulement, l’on nous dit qu’il est interdit d’oser même penser qu’une autre religion pourrait exister. Que si l’on venait à prendre cette voie, l’on risquerait d’être excommunié, traité d’hérétique, et s’en suit les menaces de bûchers, de châtiments divers et variés.

Je ne renie pas la religion Aristotélicienne. Je pense que chacun est né avec un libre arbitre, le choix de prendre tel ou tel chemin. L’on est ce que l’on est.
Il est dit que Dieu donna à l’Homme le libre arbitre, car l’Homme avait le pouvoir d’Aimer, contrairement aux autres créations de Dieu.
Un hérétique aime, lui aussi. Il est donc également enfant de Dieu. Peu importe le reste, cela me suffit. Et chacun de nous, hérétique ou non, possède en lui le bien et le mal. Car sans le mal, le bien n’aurait pas lieu d’être.

Vous savez, ma mère, avant d’épouser mon… Izidore de Castelléo, a aimé un autre homme. Si fort que je crois qu’elle n’a jamais aimé autant ensuite.

Cet homme s’appelait Ryan, et il était cathare. Mais elle l’aimait quand même. Et c’était réciproque.
Mais le jour où cela s’est su, ce fut terrible pour elle. Ses soit disant amis, sa famille, l’ordre teutonique… Ils l’ont traité d’enfant du sans nom, l’ont banni, ont menacé de l’excommunier.

Elle restait malgré tout avec Ryan. Mais elle souffrait énormément de la perte de ses amis. Son fiancé ne supportait pas qu’elle souffre à cause de lui, et au bout de batailles et menaces, il finit par changer de religion, et devint Aristotélicien.

Et tout changea. En changeant de croyance, il s’était changé lui-même. Il n’était plus l’homme qu’elle avait aimé, et même lui s’en rendait compte. Ils se quittèrent donc.

La religion Aristotélicienne avait donc brisé ce qu’elle respecte le plus.

Je crois qu’il ne faut pas changer un Homme. Il doit suivre sa voie, et ensuite, comme le dit ce texte, c’est Dieu Seul qui jugera.

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Sancte
« D'instrument de paix, la religion Romaine est devenue symbole et sa présence dans la nuit qui précède à toutes les exécutions hante tous les jeunes hommes de cette génération de fidèles, faisant sourdre en ces visionnaires l'angoisse du supplice imminent, que nous appelons la Fin des Temps. Comme l'affirme ce texte avec sagesse, il n'existe en réalité pas de mauvais croyants, Comtessa. Il n'existe que de mauvais prédicateurs. Ce qui implique que ce n'est pas tant la volonté de changer les gens, qui doit être remise en cause, que la nature des moyens employés pour y parvenir. Il y a une différence entre contraindre et faire adhérer librement. De la contrainte, vous ne ferez jamais jaillir une foi sincère. De la libre adhésion par l'exemple, en revanche, vous ferez de n'importe quel barbare domestiqué le plus pur des croyants. »

Il n'a pas l'intention de s'en aller haut le pied, et pourtant, il semble sur la fin faire montre d'impatience. Sa fruste légende semble reprendre le dessus. Il résiste à la tentation de lui laisser la peau où se trouve annoté les mots interdits, et, par trop conscient de sa valeur, la replie avec soin et la remise dans l'encoche camouflée de sa besace. Mais de même qu'il quitte l'idée de s'envoyer un gorgeon de vinasse, il ne refuse pas de piocher une petite confiserie dans ce qui lui est mis à disposition. Les soupiraux de ses paupières se font curieusement apaisés, quand on sait que son regard est préférablement tendu dans la poursuite de la plupart de ses négociations.

« Je pourrais parler de ces sujets là durant des heures, textes et documents à l'appui, pour étayer le discours. Mais je ne transporte pas ma bibliothèque avec moi et devant reprendre avec les miens la route pour renforcer les rangs des armées royalistes, le temps me presse. Aussi, vous ne m'en voudrez pas d'en venir au cœur du sujet. Qu'attendez-vous d'un mariage, Catherine ? »
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Catherine_elisabeth
Elle également aurait pu écouter durant des heures ces discours. L’envie d’apprendre, d’entendre ce qu’on lui avait toujours caché était grande.
Elle avait beau passer parfois pour futile et fort jeune, elle s’intéressait à tout, au grand désarroi de certaines personnes. Et quand elle avait quelque chose en tête, rien ni personne ne pouvait le lui enlever.
Mais avec l’âge, elle apprenait également la patience, bien que celle-ci ne fasse pas partie de ses qualités premières. De par son rang, son éducation, et la façon dont elle exigeait les choses de la vie, à ses yeux rien ne pouvait justifier un refus, quand c’était elle qui demandait. Peste, certes. Mais en finesse.
Elle ne doutait donc pas en cet instant, que d’autres occasions d’en discuter se présenteraient.


Je comprends fort bien et espère tout de même que l’on aura un jour une autre occasion pour en parler. Je trouve ce sujet fort…intéressant. Et passionnant pensa-t-elle.

Ce que j’attends d’un mariage… Léger mordillage de lèvres, mimique héritée de sa mère… C’est assez vaste. J’en attends beaucoup, mais de l’essentiel.
Il y a plusieurs choses différentes, et pardonnez-moi de les mélanger.
Je pourrai le comparer à un arbre fruitier.
Léger sourire.
Les racines tout d’abord. J’attends d’un mariage qu’il soit basé sur la confiance solide. Par confiance, je veux dire que j’attends de mon époux, comme il doit attendre de moi, que l’on se soutienne et que quoi qu’il arrive, et où que l’on soit, un lien invisible nous lie.
Nous ne serions qu’un, avec multitudes de différences, qui permettent d’évoluer ensemble, et de nous maintenir droit et vivants.

Le tronc, d’un même ensemble, fiers de ce que l’on est, toujours tête haute. Les branches qui se séparent, car l’indépendance est importante. Je suis indépendante, et mon époux doit l’être également. Pas de jalousie, pas de médisance. Une fidélité d’esprit, pour un corps libre.
Les fruits… J’attends d’un mariage qu’il donne la vie. Des héritiers.
Les fruits toujours, leurs graines, qui s’envolent et se déposent partout loin par-delà les frontières, afin que les terres s’agrandissent.

Comment vous dire… J’attends d’un mariage qu’il ne me change pas, qu’il ne change pas mon époux, qu’il apporte et non ne retire.
Je ne suis pas de ces damoiselles mielleuses et enfarinées, qui s’offusquent de voir leur époux s’en aller dans les bras d’une autre. Qu’il y aille, si cela lui apporte quelque chose. Mais qu’il me respecte. Et cela sera réciproque.

J’attends d’un mariage qu’il soit unique, imprévisible, et non ennuyeux.

L'on m'a déjà proposé maintes fois le mariage. Des jeunes hommes de bonne famille, héritiers et sans histoires.
Je ne dirais pas qu'ils étaient déplaisants. Mais ils ne m'apportaient rien de plus que ce j'avais déjà. Je ne parle pas forcément de titres ou richesse.
Je suis assez riche pour me procurer encore quelques terres et vivre plusieurs vies si cela était faisable.
Je veux apprendre, encore et encore...

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Sancte
« Un mariage est comme une transaction dans une monnaie étrangère. On peut toujours espérer une évolution favorable de la devise, mais rien ne préserve d'une variation non avantageuse des cours, ou des éventuels coûts de protection annexes face à ces risques. En somme, un mariage est un pari. Aussi est-il important de savoir pourquoi on s'engage et qu'est-ce qui justifie l'aléa. »

Elles l'attendent chaque matin ces mignonnes, ce moment de se réjouir des manifestations de son imprévisible destinée. Iohannes décidé, c'était du nanan pour une demoiselle. Un souris s'esquisse sur ses lèvres fines, lourd de sens.

« Suivez-moi, et vous apprendrez. »
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Catherine_elisabeth
Personne ne peut savoir de quoi l’avenir est fait. Tout ce que je peux dire du mien, c’est qu’il ne sera pas commun.

Légère mimique. « suivez moi, et vous apprendrez ». En quelques secondes, lui viennent à l’esprit ce que quelques personnes de sa vie diraient, ou auraient dit, s’ils avaient été présents en cet instant

- Victoire Devirieux de Montbazon Navailles, sa meilleure amie : « quoique tu décides ma Cat, je te soutiendrai toujours, mais y aura-t-il des confiseries au mariage ? »

- Aldraien de Malemort Carsenac , sa mère de cœur : « Je veux connaître ce futur gendre, le torturer, le questionner, le tester, le … et après peut être ! »

- Lily-Jane, feue sa maman « Fais ce que ton cœur te dicte »

- Kartouche, son père de cœur « humm… Cela pourrait résulter mille choses fortes intéressantes. Je ne dis pas que cette idée est plaisante, ou déplaisante, j’ai l’âge d’être beau-père… Bien que je ne sois pas fort vieux de par mon esprit… Mais ma chère enfant, il vous faut peser le pour, le contre, et faire le calcul des différences, et là vous verrez bien quoi choisir… Hummm »

- Euzen Devirieux « Je pourrais visiter tes appartements ? »

- Izidore « Je le tuerai, et tu n’es plus ma fille »

- Mackcimus, le meilleur ami de sa mère « mais enfonce lui ta dague dans le cœur ! »

Mordillage de lèvres.
Non, elle ne réfléchissait plus. Elle savait déjà la réponse. Mais elle avait aussi le droit à une question avant de répondre.


Avant de vous répondre… Si vous le permettez, j’ai également une question… Vous m’avez demandé ce que j’attendais du mariage… Vous, qu’attendez-vous de moi ?
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Sancte
« J'atteins un âge où j'attends d'un mariage un ventre fertile ainsi qu'une alliance patrimoniale intelligente, et vos terres en Tolosan et en Quercy, sur lesquelles je suis plus à même de veiller qu'aucun autre, correspondent tout à fait à ces critères. Pour le reste, vos conditions me parlent, et là aussi, je doute que vous trouviez un autre que moi pour les remplir avec autant de constance. Confiance, indépendance, respect, défiance envers le conformisme de la pensée, sont des inclinaisons qui me sont naturelles. Je vous informe qu'une telle union engendrera fatalement quelques ennuis, mais qui ne formeront dans le spectre d'une vie que de petits désordres sans importance. En somme, j'ai l'audace de penser que vous ne trouverez pas meilleur parti répondant à ces critères dans tout le Midi. En attendant, mes gens m'attendent et je dois reprendre la route incontinent, Comtessa. Êtes-vous décidée à attendre mon retour, ou vous croyez-vous capable de suivre notre cavalerie dans le Nord pour porter assistance à toutes les âmes courageuses qui se battent au nom de la Souveraineté de la France ? Il n'est rien de mieux que la guerre, pour éprouver la valeur d'un individu. Si vous voulez me connaître, apprendre, savoir à quel degré vous pouvez m'apporter votre confiance, et inversement, c'est là une opportunité que vous ne devriez pas sous-estimer. »

En route mademoiselle. L'occasion vous est donnée de jeter votre bonnet par-dessus les moulins. Debout, impassible, il ne bronche pas. Au surplus, attend-il l'écroulement de son interlocuteur après qu'il ait reçu réponse limpide à sa question. Depuis le temps que la mère s'est rendue compte des ravages du fanatisme Teutonique, le moment est venu que la fille saisisse l'opportunité de s'en désolidariser complètement. Cette alliance constitue en somme la circonstance rêvée pour l'esprit d'assumer dans les faits une vérité que le cœur admet déjà.
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Catherine_elisabeth
Un regard qui reste quelques secondes suspendu à celui de Sancte, comme pour mesurer la confiance qu’elle pouvait avoir en ses propos.
Elle savait que sa vie allait prendre un nouveau tournant. Elle l’avait attendu. Restant ainsi, elle entrouvrit la bouche

Adelaïde ! Je sais que tu écoutes derrière. Prépare mes affaires. L’essentiel. Dépêche toi.

La jeune suivante poussa la tapisserie derrière laquelle elle s’était cachée après être partie, et se hâta vers une autre porte pour rejoindre le bureau privé de la comtesse afin de commencer à regrouper ce dont elle aurait besoin.
Catherine esquissa un sourire


Je vous suis. Laissez-moi jusqu’à demain matin afin d’être prête. Adelaïde m’accompagnera, ainsi que quelques hommes qui suivront derrières.

Demain matin… Ce qui laissait à peine quelques heures. Mais cela était bien suffisant. Elle n’emporterait que le strict minimum… Du moins à ses yeux. N’oublions pas qu’il s’agissait de Catherine Elisabeth
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Sancte
Il met la main à la pâte aux préparatifs, à sa façon. Vu la manière dont la Comtesse est fagotée, il pense immédiatement qu'il convient de l'aider dans son entreprise sous peine d'encourir de graves désillusions.

« Je vous conseille de changer de dégaine, si vous espérez prendre soin de vous durant notre expédition. D'ailleurs, elle ne vous convient pas. Vous avez l'air d'une pute fardée oisive et bornée à la seule superficialité d'un paraître surfait. Nous en reparlerons. En attendant, prenez plume, vélin, et notez ce que vous devez impérativement prendre: un mantel de cuir encapuchonné ; de la paille fraîche ; entre une et trois couvertures selon vos capacités de transport et votre frilosité ; un grand carré de deux mètres sur trois en cuir ou à défaut, en toile épaisse ; un sac en toile de jute avec attaches ; un sac à dos solide ; un ceinturon ; 10 chandelles de suif ; 10 chandelles de cire ; une pinte d'huile de lampe ; des provisions pour trois semaines ; deux gourdes d'un litre ; une gourde de deux litres ; du charbon actif ; un sac de sable ; un couteau ; une ligne de pêche ; des couverts en étain ; pots, tasses, casseroles ; une paire de ciseaux ; une pincette ; une pince ; un rouleau de charpie ; une flasque d'eau de vie ; une paire de gants de cuir ; un carré de savon ; une boussole ; un briquet d'amadou ; une lanterne ; du petit bois sec ; une pierre à aiguiser ; une petite pelle ; une petite scie ; un sifflet ; de la ficelle (15m) ; une corde (15m) ; une écharpe en crochet ; du fil à coudre ; et des aiguilles. Pour ce qui relève des armes, des armures, des montures et bêtes de somme, je laisse cela à votre jugement. Je repasse vous chercher demain, au point du jour, Comtessa. Tâchez de bien vous reposer, nous aurons du chemin à faire. »

Et ainsi, prenant congé avec déférence, il s'en retourne sous les rameaux d'une ombre vespérale, auprès des siens, pour leur indiquer les nouvelles modalités du voyage.
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Catherine_elisabeth
[Faut pas pousser mémé dans les orties ! Surtout si elle porte pas de culotte…]

Changer de dégaine ? Pute fardée oisive et bornée à la seule superficialité d'un paraître surfait ? Il pousse le bouchon un peu loin là le Maurice, ou Sancte c’est pas la question Lucette !

Pour la suite, elle avait juste retenue deux ou trois choses : mantel de cuir, une paire de gants de cuir ; un carré de savon, des houppelandes en dentelles… Ah non il a pas dit ça. Bref, il a dit quoi ? Changer de dégaine ?
You talking to me ?

Étonnamment, et contre toute attente, elle ne fit pas de caprice, ne tira pas la langue, ne chercha pas mille répliques pour faire accepter ses mille malles emplies de tenues en tout genre.
Il faut dire qu’un caractère fort pour lui tenir un peu tête était sans doute ce qu’il fallait à la petite peste.
Elle se contenta donc juste d’un petit plissement de nez et d’une moue capricieuse.
Un murmure boudeur
« C’est entendu, je serai prête… »
Puis le salue et il prend congé.

A peine eut il franchit les lourdes portes….


Adélaïdeeeeeeeuh ! Sors de ta cachette ! Je suppose que t’as rien loupé de ce qu’il a baraguiné ! Alors vas me préparer tout ça et prends quelques affaires pour toi également ! Je te donne ma vieille tenue de cavalière. Elle sera plus chaude que cette robe affreuse que tu portes.

La gamine part en courant, heureuse de pouvoir hériter enfin d’une tenue de la Comtesse.
Cette dernière reste un instant seule et s’assied pour réfléchir un instant. Parlant à elle-même ;

Et bien… Je crois que ma vie va enfin changer… Mère, je touche du doigt ce que tu as toujours désiré…
Bon allez… Action, réaction…Henriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!


Un garde très séduisant arriva en courant, manquant de glisser sur le tapis.

Prépare les chevaux. Je monterai Fuego. Et rassemble quelques hommes, armes et nécessaires pour un mois. Sois prêt dans deux heures.

Puis elle se rendit dans ses appartements.
Une tenue adéquate… Heum… Comme on dit, faut pas pousser mémé dans les orties !
Elle mit elle-même dans une malle ses tenues de cavalières achetées récemment, chaudes, confortables, et malgré leur praticité, luxueuses !

Après avoir pris le temps de faire quelques brasses dans une bassine d’eau chaude parfumée à la violette, elle se fit sécher, coiffée, adoptant cette fois à nouveau son chignon déstructuré mais pas haut perché, enfila une paire de braie et tunique ajustés noire, bottes de même couleur, puis une cape et capuchon marron.
La qualité des tissus étaient plus qu’excellente. Cela rattrapait l’esthétique qui ne la satisfaisait pas, même s’il faut avouer qu’elle restait plus que potable. On change pas une princesse peste en même temps…

Les heures avaient défilé.
Le coq chanta le petit matin.

Elle se dirigea doucement vers la sortie, ses doigts jouant machinalement avec le bracelet de cuir accroché à son poignet, où était fixée sa médaille de baptême.

Il n’allait plus tarder.

Tout va changer, maintenant.

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