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[RP]Le Grand Secret.

Evil_erin
8- Dans les griffes de l'Helvétie.

Ma fille avait retrouvé le sourire et voila ce qui m'importait. Je l'avais finalement ramenée avec moi à Genève, non sans quelques craintes, mais après quatre jours et ses rencontres avec quelques habitants et visiteurs, Eileen avait repris ses habitudes de vie d'auberge. Leony avait suivi, discrete et efficace, elle appréciait de pouvoir dépenser son petit salaire comme bon lui semblait dans la ville marchande. Elle était libre, je n'avais émis qu'un ordre : qu'elle soit rentrée en début de soirée pour s'occuper d'Eileen dans la chambre, après que je lui ai donné son diner.

La fête de Noël était là. N'en faisant aucun cas, j'avais pour ma part passé une journee identique aux autres. Si ce n'était quelques évènements qui m'avaient surprise. Il fallait ... il faudrait bientôt, que je m'éloigne de cette ville et de ses bras multiples qui se refermaient sur moi.
Trois jours plus tôt, le Bucheron m'avait offert un présent magnifique : un pendentif d'argent en forme de lune serti d'une émeraude en soleil. Bijou censé me représenter, qu'évidemment je ne porterai jamais.
Puis la veille du jour de fête, le Perlé m'avait offert une paire de bottes fourrées. J'avais bien essaye de refuser mais l'entêtement du "pirate" valait bien le mien.
Plus tard dans la nuit, ce fut la "Mémé" comme l'appelaient les gens d'ici, qui était entrée dans la taverne, armée d'un panier de fruits qu'elle était venu m'offrir. Je devais avouer que mon séjour dans la ville helvète m'avait fait découvrir cette femme sous un angle nouveau.

Leurs marques d'attention, auxquelles je ne savais pas vraiment comment réagir, me laissaient une drôle de sensation, seule dans cette taverne. Quelques passages, des "bonsoir" lancés à la va vite, et la porte s'ouvre de nouveau. Il est la mi nuit et c'est Lui qui entre.

A nouveau, je ne sais pas comment réagir. Il est froid, distant, aucun mot, aucun geste qui pourrait me donner une chance de croire, d'espérer qu'il soit venu pour une autre raison que "la corvée".
Je l'observe, je l'attends, envers et contre tout je l'aime, et je me maudis de ce sentiment qui me pourrit l'existence. N'y tenant plus, faisant les cent pas, je prend sa main et fais l'erreur, celle qu'il aurait mieux valu éviter : je pose sa main sur mon ventre.


Quoi... non. C'est pas possible.

Je le savais pourtant, bien sur que je me doutais qu'il rejetterait tout en bloc. Il nie, cherche des excuses, des raisons d'esquiver sa responsabilité. Et puis la facilité, je n'ai qu'à tuer le fruit de notre union, quitte à y laisser ma vie, pour ce qu'il en a à faire !
Il en vient aux mains, s'énerve, mais je refuse d'entrer dans son jeu de violence et de soumission, il est hors de question qu'il m'entraine sur cette pente à nouveau.

Alors il change de tactique. L'infidélité ! Il m'insulte, me traite presque de trainée alors qu'il sait parfaitement que c'est faux. Comme toujours, il cherche à me faire mal, à me blesser intérieurement, son ton est froid, tranchant comme une lame.


Tu étais totalement hors de mon contrôle, et de ma surveillance. Je doute.

Je serre des dents. C'est un salaud, rien de plus, un minable qui s'en sort toujours par une pirouette, qui ne cherche qu'à me rabaisser et à m'humilier. Au moins, j'ai la conscience tranquille, il sait, il ne pourra pas me traiter de menteuse.

Il dit qu'il n'est pas prêt, puis part en claquant la porte, sans un mot de plus, dans le plus grand désintérêt pour sa famille ... Que pouvais-je en attendre ? Que pouvais-je en espérer ? Il est temps de cesser de rêver, de vouloir sauver quoi que ce soit de notre couple. Il est incapable du moindre effort, il n'en a même pas l'envie, il préfère détruire tout ce qui pourrait lui apporter quelque chose dans sa misérable existence.

J'entends les cloches au loin qui résonnent, la sainte nuit me laisse de marbre, les miracles n'existent pas et ce n'est pas une religion qui y changera grand chose.

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Evil_erin
Où il y a du désir, il y a une flamme
Où il y a une flamme, quelqu'un est sur de se bruler
Mais ce n'est pas parce que cela brule que tu vas mourir ... *


Je vais me relever encore, et essayer encore, et je survivrai encore.

Il faut partir. S'arracher littéralement à cette glu qui me colle à la peau. Je vais y arriver cette fois, pour de bon. Il y a tous ces appels, auxquels je ferme mon esprit, par crainte ... Mais de quoi ? Ce que j'avais à perdre je l'ai déjà perdu alors ...

Il faut partir. Tout est bouclé, ordonné, rangé. Swan, Eiko, même la douce Cael qui cache une force insoupçonnée, sont sur le départ. Je les rejoins le plus tard possible, j'ai laissé Eileen dormir suffisamment. Je la reveille en douceur et, après un dernier coup d'œil à la chambre de l'Embuscade, je fais signe à Leony que nous pouvons y aller.

Trois femmes, deux hommes, une jeune fille et une poignée d'enfants prennent la direction de la Savoie. Eiko, qui a un imprévu sur Sion, nous rejoindra un peu plus tard.
Un dernier regard en arrière ... non, il ne faut pas, il ne reste rien, plus rien que la lâcheté d'un fantôme qui a préféré perdre l'essentiel au profit de l'éphémère. Je serre ma fille contre moi. Inutile de laisser la colère refaire surface, ca ne sert plus à rien. Mon ventre se contracte, Eileen commence à être lourde pour mon état, mais je me sens capable de tout assumer, de les protéger envers et contre tout, même seule.

La fin de nuit est calme, la route tranquille, Annecy s'éveille lorsque l'on y arrive. Tout le monde se dirige vers les différentes auberges, prend une chambre et s'écroule de fatigue.
Leony s'est endormie près de ma fille, alors qu'allongée sur le second lit, je les observe, une main posée sur mon ventre. La proéminence commence à être plus que visible, et dans la journee je garde toujours ma cape fermée sur moi.

Comme souvent ces derniers jours, je pense au futur enfant. Fille, garçon ? Peu m'importe à présent, même si quand j'ai commencé à accepter l'idée, l'image du fils s'est imposée à moi.
Maintenant, il faut surtout aller de l'avant, progresser dans ma propre vie, protéger les miens parce que c'est la seule richesse que j'ai.

Le petit jour me trouve éveillée, le nez à la fenêtre, mon regard pointé sur les cimes, et je me demande si elles sont helvètes ou non ... Empêcher à tout prix mon esprit d'aller là-bas.
Une volée d'eau fraiche passe du broc à la cuvette, puis de celle-ci à ma figure. J'enfilais ma cape, glissais mon épée dans son étui et jetais un regard aux filles. Leony s'éveillait et je lui fis signe de faire silence, puis je déposais un baiser dans les cheveux d'Eileen.


Je vais faire un tour ... Restez au chaud et descendez prendre un petit déjeuner dans la taverne. Je rentre en fin de matinée ...

Je me fond dans l'ombre, je passe la porte et disparais dans l'escalier ...



*Pink Try
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Eileen


9- Sur les routes de Savoie.

Il fait froid ! Toutes les villes que nous traversons ont de la neige, je crois qu'il y en a partout, et je n'aime plus ca. Nous avons passé ce dernier mois dans une ville où il y avait plein de neige. Au début c'était drôle, avec Lony on a joué tout plein, même avec la copine de maman qui a des cheveux rouges, elle est rigolote.
Et puis maman a dit qu'on devait partir, quitter la ville, s'en aller loin. Moi je croyais qu'on attendait mon papa ... Je sais que maman elle l'attend, même si elle ne dit plus rien sur lui. Moi j'ose pas lui demander parce qu'après elle est triste et des fois elle pleure ...

Il fait froid ! Nous voyageons avec deux dames maintenant. La famille avec les trois garçons est partie de son coté et je m'ennuie à présent. Il y a une amie de maman qui a de drôles de yeux tout plissés, et une autre dame, avec des habits tout beaux, elle a l'air d'une princesse. Elle a un cheval et une charrette. Avec maman , on reste dedans pour pas avoir trop froid, et les deux dames conduisent.
Maman ne parle pas beaucoup, je vois bien qu'elle n'a pas envie de partir sans papa ... Elle croit qu'il ne reviendra plus jamais, mais moi je ne le crois pas, il peut pas nous laisser, c'est pas possible ...

Il fait froid ! Chaque soir, nous nous arrêtons dans une auberge, parfois au milieu de nul part, ca fait peur, et je dors dans les bras de maman. Mais depuis quelques temps, je trouve qu'elle a changé. Elle dit que je dois faire attention quand on joue, et quand elle me prend dans ses bras elle trouve que je suis lourde, trop grande, et quand on dort elle met ses mains sur son ventre. Alors moi je veux savoir pourquoi.

Ce soir là, je saute sur le lit dans la chambre de l'auberge. C'est amusant, et je crie, et je saute, et plus va, plus je m'excite. Jusqu'à ce que maman m'attrape à bras le corps en soupirant.


    Tu veux aller dormir avec Leony ?

    Je fronce les yeux. Ces derniers temps, Eileen passe de boudeuse à capricieuse, voir coléreuse. Ca, elle ne l'a pas volé ailleurs que chez moi, je le sais bien. Mais il faut qu'elle apprenne à se contrôler. Je me doute que les voyages l'énervent, qu'elle a besoin de se défouler, et que ces cris sont l'expression de tout ces sentiments difficiles à extérioriser à son age, mais je suis lasse et mon état n'aide en rien ma patience.

    La tenant face à moi, maintenue par mes deux mains autour de sa taille, je plante mes émeraudes dans ses pupilles sombres comme la nuit. Elle me défie du regard, de ce regard identique à celui de son père, aussi tranchant mais moins froid que le sien. Il est là en elle, il est toujours là avec nous grâce à elle.


    Il faut que tu apprennes à m'obéir Eileen, tu m'entends ! Quand je dis stop, c'est stop, fini !

    Je ne décroche pas mon regard du sien et pourtant, j'ai du mal à garder mon air sévère. Je suis mère, une mère qui a accepté sa condition, une mère qui aime ma fille autant qu'elle aime le père.


Quand je serai grande, je serai forte comme maman. Et je m'entraine déjà avec elle, je lui résiste, je joue de mon charme, je teste mes "armes" d'enfant. C'est parfois inconscient, c'est souvent juste parce que je veux quelque chose que je ne peux pas avoir.
Je ne sais pas toujours m'arrêter quand maman le demande, mais je sens quand l'orage gronde. Et à cet instant, je la sens fatiguée, nerveuse, et toujours cette tristesse que je lis dans son regard si beau.


Ze veux fai' dodo avec toi ...

Elle me serre contre elle et je glisse mes bras autour de son cou. J'aime la chaleur de son corps, je me sens en sécurité contre elle. Mais là, à nouveau, elle me décale de devant elle pour me poser sur son coté. Je glisse de ses mains et m'assois sur le lit, puis je pose lentement un doigt sur son ventre. Il est plus gros, plus rond qu'avant, c'est bizarre, en plus elle mange presque pas maman.

Mama ... Pou'quoi l'est g'os ton vent' ?

    Je ne lui avais rien dit, je n'en parlais à presque personne d'ailleurs, je fuyais les endroits où l'on pouvait me connaitre pour échapper aux questions. Mais je ne pouvais échapper à celles de ma fille. Et elle n'aurait de cesse d'avoir une réponse.
    Je l'attrapais pour l'asseoir sur mes genoux, un sourire que je voulais doux sur mes lèvres malgré la fatigue.


    Je vais avoir un bébé, ma puce ...

    J'attendais une réaction assez violente chez ma fille mais elle ne vint pas, elle resta plutôt dubitative devant l'annonce.

    Ce sera notre bébé à toutes les deux, tu veux bien ?


Un bébé ? Je n'aimais pas les bébés que j'avais rencontré, j'avais peur qu'ils me prennent ma maman. Mais là, celui là, il était dans le ventre de ma maman. C'était donc de là qu'ils venaient les bébés ...

Z'etais aussi le bébé du vent' de toi ? Il va veni' quand le bébé ? C'est aussi le bébé de papa ?

    Mon sourire se transforma en grimace. Quand je disais que je n'échapperai pas aux questions, j'étais encore loin de la vérité.

    Oui ma chérie, toi aussi, mais tu es grande maintenant ...

    Je l'attrape et l'allonge sur le lit, me couchant près d'elle, je caresse ses boucles.

    Il va venir bientôt, patience, et c'est le bébé de toute la famille ...

    Qu'il le veuille ou non, qu'il soit prêt ou pas, la situation était telle et il fallait bien que je l'accepte moi.

    Il est temps de dormir mon ange, on en reparlera demain, d'accord ? Fais dodo à présent ...

    Je laissais la chandelle de nuit se consumer, mon regard suivant inconsciemment les ombres qu'elle lançait sur les murs blanchâtres, le sommeil me fuyant alors qu'Eileen sombrait dans ses rêves d'enfant.


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Evil_erin
10- Pour les hommes du monde, le lendemain est un jour d'espoir et de crainte*.

Un nœud avant Lyon.

Nous avancions vite, trop surement, mais moi je fuyais et la "nobliote" était pressée. Nous étions au moins d'accord là dessus. Une halte s'imposa pourtant, il était impossible d'arriver en la capitale du Dauphiné sans nous reposer un peu, le risque était trop grand.

Et le risque était là.

Sur ce nœud, trois auberges. Tout le monde sait à quel genre de personnes appartiennent, la plupart du temps, les auberges de nœud. Et je choisis celle d'Anton, simplement parce que je le connais. Après avoir chaudement installé tout mon monde et avoir à nouveau vidé la charrette de nos biens pour éviter de nous retrouver sans rien au petit matin, je sors faire un tour. L'air nocturne m'est necessaire depuis toujours, j'aime la foret, j'y suis chez moi.

Ma curiosité me pousse à approcher d'une des deux autres auberges. Il y a de la lumière, et je me glisse tout près de la petite fenêtre. Deux hommes sont à l'intérieur, ils discutent. De ce que j'entends, l'un est le propriétaire des lieux, quand au second, à l'accent méprisable, il est genevois. Maudite ville ! Faudra-t-il que le diable me poursuive jusqu'au bout de la terre ?

Il commence à faire froid. Je m'en retourne. Je ne peux risquer de tomber malade, pas dans mon état, même si j'ai parfois des moments de doutes énormes.
A peine entrée dans l'auberge, la chaleur du foyer m'assaille, mes joues me piquent et je passe ma main sur ma figure, mes traits sont las et fatigués, je ne trouve plus guère de repos.
J'attrape ma fille qui dort à moitié sur les genoux d'Eiko et je l'enroule dans une couverture bien chaude avant de la glisser sur une des paillasses qui servent de lits. L'enfant respire tranquillement, tout est tranquillité chez elle, et je tiens à ce que ca le reste.

Mon regard se reporte sur Eiko. Son teint déjà spécial semble plus cireux, je lui conseille d'aller se reposer. Je sais ce que Zeph m'a rabâché dans les oreilles ces derniers jours, mais contre la maladie je ne suis pas armée. Un long soupir pessimiste s'exhale d'entre mes lèvres. Je sors la dernière missive du commandant : le passager à prendre à Vienne est malade. Le prendre ? Le laisser ? Je n'en sais encore rien, j'ai du mal à réfléchir logiquement face à ce fléau qui semble s'étendre.

Une autre préoccupation est plus urgente. D'après ce que j'ai pu comprendre de la discussion espionnée, nous sommes prises comme cible pour un dépouillement en bonne et due forme. C'est sans me connaitre ... Alors qu'Eiko s'est endormie également, je prend Écume entre quatre yeux. Je lui fais part des dires de nos "voisins", elle ne semble pas avoir froid aux yeux la gamine, peut-être que la roussette a fait un bon choix. Mais là n'est pas la question.
Après plusieurs minutes d'une discussion à mi-voix, nous sommes de nouveau d'accord : nous ne les attaquerons pas, inutile de tenter le diable, mais ils ne vont pas bénéficier de l'effet de surprise et notre defense est prête.

A tour de rôle, elle et moi prenons deux heures de sommeil, puis je reveille tout le monde et nous nous remettons en route. Nous décidons de nous enfoncer un peu dans le sous-bois, juste en bordure, histoire de nous cacher légèrement. Je sais qu'ils sont là, je les sens, je perçois leur présence.
Eiko ne semble pas aller bien, elle est allongée dans la charrette près d'Eileen, les deux dorment encore. Le véhicule est stoppé et laissé à couvert, Écume et moi, d'un regard entendu, ressortons en silence sur le chemin. Il ne faut pas longtemps pour que les deux hommes jaillissent de l'ombre. Les lames surgissent au poing de chacun et le bruit du combat résonne un long moment dans le silence de l'aube. Jusqu'à ce que les deux assaillants abandonnent et s'enfuient vers les auberges sans demander leur reste.

Il est temps de se remettre en route. Je sens que les problèmes ne font que commencer et qu'ils ne sont pas près de s'arrêter. Alors qu'Écume reprend les rênes de l'attelage, je saute à l'arrière. Une main sur le front de mon amie, légèrement fiévreuse, je l'entends tousser dans son sommeil troublé.

Ma fille s'éveille, je la prends et la serre contre mon cœur. Nous n'y échapperons pas ... Personne n'y échappera ...


Si tu existes vraiment ... protèges nous ...



*Barjavel-Le Grand Secret
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Evil_erin
11- Il n'y a qu'une chose insupportable : la souffrance de ceux qu'on aime. Barjavel.

Nous avions quitté le Lyonnais aussi vite que possible. Finalement, nous avions abandonné le passager à son triste sort. Eiko était toujours faible, elle se tenait autant que possible loin de nous, ne nous parlait même plus, recluse sur elle-même, je savais bien qu'à ce moment là elle pensait à Zeph et combien il lui manquait. Lui-même ne m'avait plus donné de nouvelle depuis plusieurs jours.

Un nouveau souci, attendu et craint, s'était profilé dans notre périple. Eileen avait également été touchée par l'épidémie. J'avais cru perdre la raison la première nuit où la fièvre l'avait prise. Son petit corps minuscule était parcouru de soubresauts, elle gémissait dans le brasier de son sommeil. J'avais passé la nuit et une partie de la journee suivante à prendre soin d'elle, sans relâche, sans prendre le moindre repos ni la moindre nourriture, ne laissant personne d'autre l'approcher. Nous étions restées deux jours à Polignac, ville morte où nous n'avions croisé personne dans l'auberge municipale déserte. Puis quand la fièvre avait chuté, j'avais pu enfin dormir quelques heures avant que l'on reprenne la route. C'est à ce moment là qu'Écume m'annonça qu'elle aussi était atteinte de la maladie.

J'avais peur ... une peur insidieuse contre un ennemi invisible. Il ne devait pas m'attraper, je devais aussi protéger la petite vie qui grandissait en moi, qu'adviendrait-il d'elle si la fièvre me prenait dans ses affres du délire ? L'enfant mourrait surement ... Je le maudissait intérieurement, Lui, parce que la faute était sienne, parce qu'il me poussait toujours à faire des choses insensées, parce qu'il n'était pas là et que je lui en voulais toujours autant de nous abandonner ainsi.

Depuis quelques jours, il était sorti quelque peu de son état d'ectoplasme et m'envoyait des messages succincts. Désir de me faire mal à nouveau, de torturer mon esprit et mon cœur ? J'avais fini par lui répondre que nous ne reviendrions pas, que j'irai aussi loin que possible pour que ce le soit trop pour faire demi-tour.

Sa réponse avait fini de me broyer : " je t'aime mon cœur. "
La douleur ressemblait à une pointe rougie au feu, qu'il glissait à volonté dans le chaos de mes sentiments, l'enfonçant toujours un peu plus, usant toujours des mêmes supplices pour me faire plier et tomber à genoux. Et plus je me défendais, plus je le repoussais, plus la souffrance se faisait intense. Je me demandais encore une fois ce que j'avais bien pu faire pour mériter un tel châtiment.

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Eiko.
Eiko avait quitté Genève depuis plus de onze jours, onze jours sans LUI, onze jours à penser à LUI, mais elle n’était pas seule puisqu’elle était sur la route en compagnie de son amie Erin et d’une dame Ecume, la petite Eileen les accompagnait également, de toute façon elle n’aurait jamais permis à Erin d’abandonner sa fille. Le début du voyage se passa bien, la journée à jouer et chanter avec la petite pour lui permettre de s’évader et d’oublier ce voyage contraignant par le froid, mais aussi pour penser à autre chose que ce mal qui prenait son cœur, plus les jours passaient et plus la Japonaise regrettait, non pas qu’Erin n’était pas importante à ses yeux, c’était même sa seule amie, mais si la blonde avait souffert et éloigné son cœur de Genève, Eiko l’avait laisser là bas et en souffrait maintenant… mais il faut faire certain sacrifice.

Les paysages défilaient, chaque nuit elle se couchait près de l’âtre de l’auberge qui les accueillaient pour dessiner ce qu’elle avait vu à sa manière, le paysage blanc, Erin son amie, Ecume sur son cheval et Eileen à jouer avec ses poupées de chiffon. Eiko était venu dans ce royaume pour visiter et voir d’autre monde, d’autre culture, elle n’était pas déçue.

Mais un soir elle ne vint pas se coucher, n’avait pas dessiné. Sortant de la pièce chaude Eiko s’assied sur les marche de l’auberge, serrant son manteau de fourrure contre elle, la japonaise préférait prendre l’air, regarder le ciel si dégager et ces étoiles, est-ce qu’IL les regardait ? Est-ce qu’IL l’avait oublié ? Ou pensait-IL à elle ? Les minutes défilaient sans qu’elle ne se rende compte poussant un léger soupire Eiko replongeat son regard dans la neige qui scintillait à la lueur de la lune. Prise d’un frisson la brune resserra les bras autour d’elle puis se redressant elle reprit le chemin de sa paillasse.

C’était une erreur cette sortie nocturne, elle s’était crut bien protéger dans son manteau sous sa cape mais au petit matin déjà le mal de gorge se fit sentir, elle en parla a Erin discrètement, loin de petites oreilles curieuse d’Eileen qui l’avait regardé inquiète. Eiko lui ébouriffa les cheveux en souriant puis s’éclipsa pour les laisser en famille et grimper dans la charrette. Au fil des heures, la maladie descendit dans ses poumons, sa gorge lui brulait et ses joues pourtant pâle prenaient une couleur carmin, la fièvre montait mais la japonaise ne disait pas un mot, pas une plainte.

Pourtant elle ne put s’empêcher de se faire assister par son amie quand la maladie fut au plus haut point, déjà plusieurs jours, plusieurs nuits à être transporté de lits à la charrette, de la charrette aux lits, tout son corps endoloris, le front perlé de sueur, cette fièvre, cette douleur. La japonaise avait pensé y échapper elle en avait connue des maladies chez elle, plus forte mais à croire qu’elle n’était pas habituée aux maladies occidentales, Eiko ne s’en remettait pas. Erin prenait soin d’elle, la surveillait durant la nuit, s’assurant que la japonaise ait toujours un peu d’eau fraiche a portée de main et un linge humide sur le front. Mais en elle, c’était comme être vulnérable, la brune était là pour aider son amie, non pas se faire assister….comment faire quand le corps est faible ? Rien…Attendre et espérer chaque jour que tout cela se termine. Mais quand elle commençait à recouvrer ses forces ce fut au tour d’Eileen d’être malade, tout était sa faute elle se sentait responsable, elle essayait d’aider comme elle le pouvait mais après seulement quelques minutes déjà la fatigue la reprenait, trop faible pour aider….trop faible pour soutenir son amie, non elle ne pouvait pas baisser les bras.

Le lendemain déjà Eiko se remettait doucement, retrouvant ce sourire doux quand elle prenait le relais au chevet d’Eileen pour qu’Erin se repose un peu, même si elle ne le disait pas la brune s’inquiétait pour son amie, elle avait peur, elle avait mal mais c’est Erin et pour lui faire avouer ce qu’elle ressent il fallait s’accrocher. Eiko était courageuse et alors que ce fut au tour d’Ecume d’être malade, un soir dans l’auberge, elle l’aida à monter dans la chambre et se coucher, essayant de s’occuper de la dame, la brune descendit dans la pièce principale et posa la main sur l’épaule d’Erin qui s’assoupissait sur la chaise, Eileen déjà bien endormis dans ses bras, Eiko lui murmura
« Allez-vous reposer….vous en avait fait beaucoup…et je ne vous remercierais jamais assez, je m’occupe de la dame »
Eiko lui sourit doucement et retourna s’occuper d’Ecume, montant quelque linge propre et de l’eau fraiche pour la veiller toute la nuit.
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Eileen


Enfin ! Maman avait promis ! Demain, finie la course à travers les villes, forets et autres vastes étendues. Depuis des semaines qu'elles couraient toutes ces filles, il était temps que ca s'arrête.
Heureusement, maman c'était la plus forte et les seuls brigands qu'elles avaient trouvé en chemin n'avaient pas fait long feu. Mais l'épidémie les avaient rattrapées, maman n'avait pas été malade mais moi si, et les autres aussi, et elle avait pris soin de tout le monde.
Mais maintenant, en plus d'être triste, maman était fatiguée. Et moi je voulais que maman retrouve son sourire moqueur, qu'elle joue avec moi ...
Au passage dans cette ville, nous avions refait le plein d'eau à une fontaine. Elle était froide, bien trop pour qu'on la boive maintenant, et j'avais juste trempé mes mains dedans, le temps que maman et Leony remplisse les gourdes.


Oh !! 'ga'de mama ... n'a des sous dedans ...

Mon bras plongea dans l'onde et elle me rattrapa de justesse avant que je n'y sois entièrement immergée.

Eileen !!! Bon sang !! Elle est glacée !

Maman avait peur, parce que j'avais été très malade, avec beaucoup de fièvre, on avait perdu quelques jours sur le voyage à me garder au chaud dans une auberge. Séchant rapidement mon bras, elle jeta un œil au fond de la fontaine.

Ce sont des gens qui les jettent dedans ...

Mais pou'quoi ?

Parce qu'il croient qu'en jetant une pièce et en faisant un souhait, il se réalisera ... Connerie ...

J'aimais pas quand maman marmonnait, je comprenais pas tout ses mots.

Moi ze veux fai' !!! Ze veux mama !!

Elle soupira, sachant très bien que mon caractère tenant de son entêtement légendaire, je ne la lâcherai pas avant d'avoir ma pièce. Autant gagner du temps en acceptant immediatement.
Elle sortit une petite bourse et me tendit une pièce cuivrée.


Allé, ferme les yeux ... Tend le bras ... Tu fais ton vœu ? Dans ta tête tu dis ce que tu veux ...

Je fermais mes paupières sur mes pupilles noires de nuit et je formulais mon vœux tout bas dans mon cœur.

*Ze veux que mama soit heu'euse*

Et je jetais la pièce qui atterrit dans l'eau en un petit "ploc" significatif. Contente de moi, je me retournais vers elle pour m'accrocher à son cou. Puis une petite moue se dessina sur mon visage.


Qu'est ce qu'il y a mon ange ?

Z'ai un aut'e "ze veux" à fai'e ...

Une autre fois, il y en aura d'autres des fontaines à souhaits ... Allé, on rejoint les autres et on reprend la route ...

Mon nez posé dans le cou de maman, je me promis de me rappeler de faire un vœu pour que papa revienne, même si maman disait qu'il était mort, moi je voulais pas.

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Evil_erin
12- Toulouse ou Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre *

Lorsque l'aube se leva sur la ville rose, le gang des E (quatre tout de même !) soupira dans un même élan. Enfin ! Enfin la route s'achevait ! Les trois femmes et l'enfant étaient éreintées, lessivées de cette course contre le temps que nous avions imposé à notre voyage.

L'auberge la Toulousaine nous accueillit toutes ensemble et nous dormîmes une grand partie de la matinée. Pourtant, je me forçais à me lever. Il était là, il fallait que je le vois, il fallait que je sache si je m'étais trompée une fois encore. Et si tous ces mois passés loin de lui l'avaient changé au point que je ne le reconnaisse plus. Il était le porteur de mon espoir car le seul à pouvoir me sauver du cercle infernal dans lequel je m'étais volontairement enfermée. Lui, le chasseur d'histoires.

Le bourdon de la ville n'avait pas sonné midi que j'étais installée dans la grande salle de l'auberge. Tout était calme. Écume s'était levée peu après, m'avait salué et était partie faire un tour dans la citée. Lorsque la porte se rouvrit, je pensais que c'était elle sur le retour mais mon regard s'éclaira et un sourire naquit sur mes lèvres.

Certes, l'année l'avait changé. Cette barbe qu'il s'était laissé pousser, ces traits qui barraient son front. Pourtant l'éclat de ses yeux était le même et les mots reprirent le dessus, heureux l'un comme l'autre de se retrouver.


Je suis juste venu vous accueillir ... Je repasserai ce soir ... Il faut que l'on retrouve notre bulle.

Oh oui ! Comme cela m'avait manqué. Il était bien le seul homme avec qui je pouvais parler aussi ouvertement, aussi facilement. Il avait un pouvoir étrange et fascinant, nos solitudes nous faisaient sentir semblables, il lisait en moi d'une manière si aisée. Tout cela conférait souvent à nos discussions une complicité égoïste qui excluait les autres, mais peu importait alors.

Je réglais dans la journee les différentes taches qui m'incombaient. Un pigeon de l'Ombre m'avertissait de leur arrivée, à lui et Léony, pour les heures à venir. Un autre de la rousse m'informait de la répartition des hommes dans les lances, répartition qui me satisfaisait. Il fallait que je traite le cas d'Eiko. Eiko la douce, Eiko la pacifique. J'allais l'entrainer dans une guerre qui n'était pas la sienne, mais dans une guerre a-t-on vraiment le choix ? Je m'arrangeais pour qu'elle ait une place à l'arrière, faire quelques tours de garde, place qu'elle pourrait quitter lorsqu'elle le souhaiterait, je lui avais promis.

Enfin je remontais dans la chambre. Ma fille s'éveillait et elle avait faim, ce qui était un excellent signe chez elle. Déjeuner, promenade, puis Eiko prenait parfois le relais, son amour des enfants paraissait sans borne, à tel point que j'étais persuadée qu'elle aimait déjà celui qui n'était même pas encore né.

La soirée s'avança rapidement et c'est fébrilement que je repris mon attente en taverne. Je doute qu'une seule autre âme dans tous les royaumes ait autant attendu que moi en taverne ...
Bref ... C'était un va et vient incessant de gens. Je me maudissais intérieurement d'avoir choisi la municipale cette fois.
Tam, la diplomate en herbe, une âme généreuse et souriante. Elle avait parfaitement trouvé sa place dans LA famille.
Louna, la fille de la famille, une peste, une gamine trop choyée, habituée à ce que tout le monde se roule à ses pieds parce que l'Héritière en titre. L'orage couvait entre nous dès le premier regard. Enfant grandie trop vite, elle voyait d'un œil jaloux mon entente avec le chasseur.
Et puis des inconnus qui se mêlaient de ce qui ne les regardaient pas, qui ne me connaissaient pas et qui parlaient sans savoir. Oui, l'orage grondait, le volcan frémissait sous le rocher que j'avais posé à son sommet, je le sentais s'embraser lentement et je le retenais tant bien que mal.

Finalement, après une crise de puberte de la gamine, nous avions fini par nous retrouver tous les deux. Plaisir écourté abruptement par un tavernier qui avait décidé de fermer les portes de bonne heure. C'est en râlant que nous nous séparâmes et je repris la direction de ma chambre, pensive.




* Dostoïevski
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Eiko.
Toulouse... cette ville est si grande et si petite a la fois..Les remparts immenses lui donnait une vague impression, quand elle se promenait le soir elle levait la tête appercevant une ombre, mais quand la lune éclairait ...ce n'était pas lui...Elle aurait tant aimé entendre son sifflement puis voir ce sourire narquoi sur son visage sachant tres bien qu'elle lui rétorquerait sa façon de l'appeller, même si elle aimait ça chez LUI. Eiko n'était pas une brebis ....mais avec LUI..elle était elle-même.

Nostagie d'une soirée à l'écouter parler de ses batailles, de ce qui lui plait tant et lui deplait, il lui avait appris beaucoup de chose...mais c'est elle qui était partit...alors pourquoi lui en vouloir de ne pas écrire? de ne pas répondre? Après tout on ne dompte pas un Ours si facilement...C'était sa faute à elle...assurément, elle n'avait pas à fuir pour savoir ce qu'elle ressentait, mais elle l'avait fait quand même, personne ne comprendrais de toute façon...c'était une erreur..

Toulouse...aussi bien y passer le temps, même sans LUI, elle voyait souvent son amie Erin et Ecume qu'elle trouvait de plus en plus amusante et attachante, le gang des E ?C'était bien trouvé. Alors...c 'était ça...recommencer sa vie? Eiko qui pensait avoir tout perdue chez elle, se retrouvait bien entourée dans ce nouveau royaume. La japonaise avait accepté la demande d'Erin, la guerre...même si ce n'était pas la sienne...il fallait de l'aide...et autant ne pas recommencer à s'empater. Elle avait accepté, de toute façon elle n'y prendrais pas part ouvertement mais la vie a Toulouse est chere....et la bourse tres vide...

Il avait fait moins froid aujourd hui...Eiko était sortie juste apres le repas du midi , croisant son amie dans la salle elle lui parla puis s'en suivie une explication de la soirée passée et....et un petit soin de la main d'Erin, oui...Erin, Erin... Eiko ne savait plus quoi en penser, la violence engendre la violence et ce n'est surement pas comme cela que son amie voulait etre devant sa fille. Elle se cacha bien d'avoir pris un malin plaisir a la voir grimacer quand la brune l'avait désinfecter, puis un leger remord d'avoir inquiété cet enfant a naître qui avait rappellé sa présence a coup de pied...
"Pardonne moi bel enfant...mais ta maman doit apprendre la valeur de sa vie" avait-elle pensé.

Puis ,celle que tout le monde appellent "L'implacable, la mercenaire, la dure, l'inflexible..." de jour en jour Erin se confiait à Eiko, lui avouant même cette présence...un chasseur d'histoire.. un mince sourire avait parcourue les levres orientales, Erin s'emballait en parlant de lui, cette lueur...si seulement cela pouvait s'amplifier ,la brune savait bien que son amie avait souffert et qu'elle souffrait encore, mais cet homme semblait lui faire oublier ses tracas...l'évader de son quotidien monotone.

Finalement ce voyage n'avait peut etre pas le but que la japonaise avait pensé, pas une escorte....mais une retrouvaille...et Eiko en était ravie.

Entre ses sorties nocturnes à penser à LUI, ses discussions avec Erin et rencontres en taverne autour des habitants intrigués par son origine mais néanmoins.....plein de compliment, la japonaise prenait toujours le temps, même un peu de parcouir la ville, Eileen accroché à sa main. C'était un peu comme sa niece, sa petite soeur...Eiko savait bien que si le petit ange blond gardait son innocence, sa mère retrouverait plus facilement le sourire...Alors qu'elle arriverent à la place du marché ,elles se mirent a faire un peu d'emplette, Eileen se faufilant vers l'étal d'un marchand juste a coté, la brune la suivit aisément a travers la foule, heureusement qu'elle était agile, il y en avait du monde. Se tenant légèrement le coeur, elle fronca a peine les sourcils, sans perdre ce sourire aimant
"Eileen...ne part si loin..." enfin...loin? Non pas vraiment c'était a peine deux pas qui les avait séparés mais il en fallait peu a Eiko pour avoir peur. Elle posa la main sur la tête d'Eileen doucement , regardant les marchandises ,des bijoux de bois... à en voir le travail et la qualité , du chêne à ne pas douter!
Eiko se mit a sourire en voyant le petit ange sur la pointe des pieds puis la pris dans ses bras, pointant du doigt certains bijoux
"Lui? iie..elle n'aimera pas...trop gros... celui-ci trop coloré..." Puis son regard se porta sur un petit, assez discret pour Erin, un coup d'oeil au vendeur " 3 écus M'zelles !! Mais bien parce que c'est pour la gamine!" Eiko haussa un sourcil, gamine? elle n'aimait pas cette description... " Eileen, elle s'appelle Eileen" rétorqua-t-elle.

Sans dire plus un mots, Eileen descendit des bras de sa nourrice improvisée
"Que fais tu petit ange?" Eiko s'accroupie pres d'elle, la regardant se secouer dans tout les sens, surement a la recherche d'un tintemement de piece... mais Eiko avait deja son idée pour que la petite tête blonde puisse faire plaisir a sa mère...
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Evil_erin
Toulouse, second jour, quand tout part en vrille ....

Où est donc le plaisir que je m'imaginais trouver en venant ici ? Ca, c'était une excellente question. A voir les nouvelles recrues en devenir d'être spadassins, j'avais l'impression de me retrouver au cœur des infantilités Lycans ou des mesquineries Hydriques. Bon sang ! Elle foutait quoi la rousse ?!!

J'avais un peu beaucoup de mal à supporter leurs enfantillages, mais je prenais sur moi. Je me disais que la bulle reviendrait comme avant, le soir, dans l'intimité d'une taverne, éclairée seulement des lueurs de l'âtre. Mais que nenni !!

Ce jour là, la gamine revint à la charge, d'une ironie à une autre le ton monte. Elle enrage, elle ne contrôle plus rien. J'ai beau l'enjoindre de se calmer avant que ce ne soit moi qui le fasse, elle continue. Et de provocation en provocation, celle qui veut se sentir femme, me toise et me répond sur le ton du défi. Il ne faut guère plus pour que le rocher saute tel un bouchon de champagne et que le volcan se déverse à nouveau.


Calme toi la gamine ou j'te préviens que j't'en colle une pour te calmer !

Viens si t'en es capable, blondasse, viens si tu l'oses !

Le mot de trop ! L'exaspération tourne en hargne. Elle se lève, je bondis de ma chaise malgré mon encombrement et ma main vient tacher d'un rouge rubicond la joue de la pubère. Elle l'a pas volée celle-là !!
Mais cette petite morveuse a une dague cachée non loin et d'un coup vif me lacère la main, entre la paume et le poignet. Je n'ai pas le temps de sentir la brulure que mon poing s'abat sur son faciès. La taverne, pleine, se dresse soudain. Contre moi. Contre la méchante, qui frappe une enfant. Le bruit attire le reste des d'Alaric dans l'antre du "crime".

Impossible d'en placer une. Même ceux qui n'étaient pas là, qui n'ont rien vu, rien entendu, m'ont déjà jugée coupable avant de savoir.
La gamine au sol, le nez en sang, gémit et retourne la situation. D'emmerdeuse elle devient victime, pauvre martyre d'une mercenaire sans cœur. Ceux qui disent être mes amis ne daignent même pas écouter un mot. Tant pis. Excédée par le bruit de poulailler qu'ils font tous autour de le princesse parfaite comédienne, je me casse.

Et là, les ennuis commencent pour de bon. De grain de sable en montagne, l'histoire est refaite, sans ma version évidemment. Pestiférée je deviens, on vient voir le "monstre" reclus seul dans une taverne de brigands. Un peu de compassion de certains, mais après tout c'est ma faute, la gamine a grandi trop vite, trop mal, il faut lui laisser le temps.
Et me laisser insulter ? Et me laisser emmerder par une donzelle jalouse ? Et que je tende la joue aussi, hein, ca l'aiderai à grandir ?

Qu'ils aillent au diable ! Je compte sur la présence du chasseur pour calmer la fureur qui m'habite encore, mais lorsque la porte s'ouvre, c'est Eiko, toujours là dans ma solitude. Et alors que je n'ai fait que lécher ma plaie et l'arroser de gnôle, elle vient avec sa science orientale soigner et panser toutes mes douleurs. L'enfant que je porte semble ressentir mon énervement et, dans un effet maternel dont j'ignore les rouages, se met à réagir à la brulure des soins, harcelant mon ventre de coups.

Il me faut du repos, je le sens, mais ce ne sera pas encore pour maintenant. Alors que Eiko me quitte pour prendre l'air avec ma fille, les "visites" s'enchainent, la famille y passe presque toute : sœur, mère, pseudo oncle, ami, manque que le père ... Avec toujours la même rengaine à la bouche : ta faute.
C'est mal me connaitre, vraiment mal, si ils imaginent que l'age ou le nom de la peste fera d'elle une protégée de mes coups. Qu'elle retienne la leçon si elle veut survivre dans ce monde ! Si elle ne peut pas, qu'elle reste avec son précepteur et sa gouvernante au domaine familial, elle sera en sécurité !

J'attends avec impatience la soirée, mais alors que nous nous retrouvons, elles viennent me l'enlever. Des explications ! Mais quelles explications ? De quoi s'agit il ? Qu'a donc à voir le chasseur dans tout ca ? Quelle relation l'ex précepteur a-t-il vraiment avec son élève ?

Autant de questions qui resteront sans réponse. Épuisée, je finis par quitter mon attente pour monter dans ma chambre et m'endormir dans un sommeil sombre et peuplé de mauvais rêves.

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Eileen


Ze suis g'ande moi !!!

Maman me regarda avec son petit sourire habituel. Je la trouvais toujours aussi belle malgré la fatigue qui se lisait sur ses traits. Le bébé qui bougeait dans son ventre devait l'embêter tout le temps. Je grimaçais comme à chaque fois que j'y pensais. J'aurais bien voulu demander à maman si elle allait le donner à quelqu'un après mais je n'étais pas sure que ce soit une bonne idée. Alors je regardais son ventre s'arrondir aux fils des semaines, me demandant quand est-ce que cela allait s'arrêter, et si je pourrais encore faire dodo avec maman après. Je la regardais à mon tour avec un air bien pensif, me disant que si papa revenait elle irait surement mieux.

Bien ... D'accord ! Tu peux aller te promener avec Eiko. Mais tu ne lâches pas sa main ... c'est promis ?

Un sourire illumina ma bouderie habituelle. Je me serrais contre elle, de toutes mes forces, et après avoir déposé un baiser un peu mouillé sur sa joue, je lui murmurais : ze t'aime mama ...

Je t'aime aussi ma puce. Amusez vous bien !

Elle me déposa au sol et je me précipitais sur Eiko. Je passais beaucoup de temps avec elle depuis le début du voyage, il faut dire qu'elle était plus patiente que maman pour jouer avec moi, elle connaissait plus d'histoires et de chansons, et surtout depuis que Leony était absente, je m'ennuyais beaucoup.

Couverte de la tête aux pieds, mes boucles rassemblées sous mon bonnet, on avançait lentement sous un soleil presque chaud. Parfois je relevais les yeux pour le regarder mais Eiko m'expliqua qu'il ne fallait pas, que cela me ferait mal aux yeux. J'aimais bien apprendre les choses avec elle.
Et puis soudain, devant nous se dressèrent les étals du marché. J'adorais aller au marché ! On y découvrait plein de choses : de toutes les couleurs, de gouts délicieux, et parfois même des jouets.

Oubliant la promesse de maman, je lâchais la main d'Eiko et me précipitais entre les jambes des gens pour approcher un étalage où étaient suspendus à la toile des colliers, des bracelets, des objets pour les cheveux. Je relevais les yeux et observais le mouvement des bijoux qui dodelinaient au gré d'un souffle léger.


"Eileen...ne part si loin..."

Mon regard navigua d'Eiko aux pendentifs. Puis je me haussais sur la pointe des pieds, tendant mes petits doigts pour attraper quelque chose de joli sur l'étal.

Ze veux ca ! Ze donn'ai pou' mama !

Alors qu'elle me surélevait, je pointait mon doigt sur un collier aux formes bizarres et qui devait enserrer le cou.

"Lui? iie..elle n'aimera pas..."

Je désignai ensuite un énorme médaillon de bois gravé d'un étrange dessin et cerclé de métal.

"... trop gros..."

Une petite moue déçue se figea sur mon visage. C'était difficile de choisir mon premier cadeau pour maman. Lorsque soudain une lueur traversa mon regard. Un collier fait de petites plaques de bois qui pendaient les unes derrière les autres, et chacune teinte dans des couleurs différentes.

"...celui-ci trop coloré..."

Ahhh !! Mais !!
Finalement, relevant le bras, j'attrapais un de ces objets qui flottaient au dessus de nous. Quatre petites étoiles en bois, accrochées sur un lien de cuir, que le polissage minutieux avaient rendues brillantes.
Eiko négocia le prix et je regardais presque anxieusement le vendeur emballer mon précieux cadeau.

Mais il fallait des pièces et moi, je n'en avais pas, je ne savais pas que je voudrais acheter quelque chose pour maman. Redescendant de ses bras, je cherchais un moyen mais lequel, j'avais pas d'argent moi.


"Que fais tu petit ange?"

Z'a pas de l'a'zent ... Ze peux pas fai' le cadeau pou' mama ...

Je sentais une vague de colère monter en moi, c'était injuste d'être petite et de ne pas pouvoir faire ce que l'on voulait. Ma frimousse se replia sur elle-même et mes petits bras se croisèrent fermement sur ma poitrine. Voila ! Toute ma journee allait être gâchée ! Simplement parce que je n'avais pas les trois écus demandés par l'homme. C'était vraiment, vraiment, mais vraiment pas juste !

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Eiko.
Eiko souriait en la voyant faire sa petite moue, qu’elle est adorable cet enfant un vrai petit ange. Elle savait bien comment faire pour retrouver le sourire d’Eileen. Elle en avait appris des tours et des tours dans son pays, elle était infirmière et durant la grande guerre qui déchira son pays, elle en avait eu de orphelin, des enfants blessés….

Un petit soupire s’échappa de ses lèvres avant de retrouver sa pensée pour l’ange blond
« Je crois…Eileen ..Qu’est-ce que c’est ? » Captant son regard, Eiko prit les pièces demandé dans sa bourse discrètement, glissant la main derrière son oreille elle s’amusa à lui faire ce tour de passe de passe. Une première pièce et un regard amusé « Ho ! Tu avais ça… » La japonaise aimait voir ces yeux ébahis, c’était un plaisir simple. Habilement elle continua de l’autre oreille sortant une deuxième pièce « Mais… maman s’amuse à cacher des pièces... pendant ton bain… » Alors qu’Eileen serrait les pièces dans sa main, Eiko lui pris lui montra la dernière pièce puis cacha ses mains dans son dos « Ou elle se cache la dernière pièce ? » Le petit ange prit un instant pour réfléchir ou comprendre…Eiko espérait qu’elle ne soit pas trop petite mais finalement Eileen lui tira le bras droit doucement « Celui-là ? …Iie perdu » Alors que sa main droite s’ouvrait, vide…. elle lui montra l’autre, une belle surprise quand la pièce disparue, Eileen passa dans son dos pour vérifier que sa nounou improvisée ne lui joue pas de mauvais tour. Eiko se mit à rire puis pointa sa poche doucement « Regarde dedans ma puce » La petite main farfouilla puis le visage d’ange retrouva un large sourire quand elle en sortit plus de pièces que prévu, juste cinq ou six «Tu pourras t’acheter autre chose mais rien que pour toi »

Tandis qu’Eiko l’aida à compter les trois écus, le marchant tendit le paquet, la japonaise prit le petit ange dans ses bras pour lui permettre de saisir le cadeau de ses petits doigts qui laissaient les pièces sur l’étal. La japonaise remercia le marchand de la tête puis repris la flânerie au marché, Eileen au bras qui trépignait d’envie de retrouver sa mère pour lui offrir. Elle lui sourit en reprenant le chemin de l’auberge. Arrivée près de la porte Eiko la déposa a terre et ouvrit la porte, Erin…encore dans ses pensées noires….ses doutes… si seulement elle arrivait à voir les choses simplement…sans se soucier du reste ou de l’avenir…. Eileen se précipita sur sa mère en riant et criant a Erin de fermer les yeux, souriant de la voir faire ainsi, la brune s’avançât vers elles puis s’installa sur une chaise pour les regarder faire.

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Eileen


Je tournais ma bouderie vers Eiko. Elle soupirait comme si elle lisait dans mes pensées l'enfer que je vivais. Ah ! En fait, l'enfer devait se voir sur ma figure renfrognée.

« Je crois…Eileen ..Qu’est-ce que c’est ?»

Elle approcha ses mains de mon visage. Quoi ? Des miettes de brioche décoraient ma bouche ? Mon nez brillait du sucre collé ?

« Ho ! Tu avais ça… »

Mes yeux s'agrandirent comme des soucoupes. Une pièce ? Derrière mon oreille ? Mon faciès prit soudain une allure des plus intéressée. Relâchant la prise de mes bras, je passais ma main dans mes cheveux, alors que presque au même moment, une autre pièce apparue de mon autre oreille.

Non ! C'était impossible !


« Mais… maman s'amuse à cacher des pièces... pendant ton bain… »

J'éclatais d'un petit rire cristallin. Non, maman n'était pas très joueuse, jamais elle ne ferait quelque chose comme ca.

Mais ... Comment tu le fais ca ?

Devant mon air ébahi, elle déposa les deux pièces dans ma main. Je les serrais bien fort, incrédule devant le fait qu'elles étaient à moi à présent. Ne sachant pas compter, je m'imaginais suffisamment riche maintenant pour payer le cadeau de maman. Mais Eiko semblait ne pas avoir fini son petit tour de magie.

« Où elle se cache la dernière pièce ? »

Ses deux mains derrière son dos, elle me souriait, patiente. Je fronçais les yeux, concentration intense, et si mes pupilles avait la couleur sombre de mon papa, cette façon de faire je l'avais copiée sur maman.
A vrai dire, je n'avais pas tellement fait attention à la dernière pièce. Avec mes certitudes enfantines, je lui tirais la manche du coté droit.


« Celui-là ? …Iie perdu »

Où l'est la pièce ?

Eiko sortit la seconde main de derrière son dos mais la pièce avait disparu. Je lui tournais autour mais pas de pièce nul part. Comment elle avait fait ca ?

« Regarde dedans ma puce »

J'agrippais alors la poche de son vêtement mais je ne pouvais voir dedans, je décidais d'y plonger la main et la refermais sur tout ce qu'elle contenait.

Haaaa !

L'extase n'avait d'autre mot, ni d'autre regard que l'éclair lumineux qui passa dans le mien. J'avais découvert plein de pièces dans la poche d'Eiko.

«Tu pourras t'acheter autre chose mais rien que pour toi »

Et là, je me trouvais bien indécise, car si l'idée se mit à courir dans mon esprit, j'étais bien incapable sur le moment de savoir ce que je voulais. Il faudrait que j'y réfléchisse sérieusement ...

Finalement, elle compta jusqu'à trois les pièces que l'on donna au vendeur, alors que je m'emparais avidement de mon précieux paquet. Il me tardait à présent que l'on rejoigne l'auberge pour l'offrir à maman. Collée dans les bras de la gentille amie de maman, j'en profitais pour lui faire un câlin, posant ma tête dans son cou. Qu'est ce que j'étais contente ! C'était une très belle journee !

Dès que la porte fut entrouverte et que mes pieds touchèrent le sol, je me précipitais vers maman. J'espérais tellement que mon cadeau lui redonnerait le sourire ! J'étais certaine que ca marcherait, même si un cadeau de papa aurait été encore plus mieux.


Mamaaaaaaaaaaaaa !!! 'ga'de !! C'est un cadeau, 'ien que pou' toi !!! Ouv' !! Ouv'!! Tu vas voi' c'est un "coyé" !!

Hum ... Oui, à deux ans, l'effet de surprise passe largement apres l'excitation personnelle, c'est comme ca ! Trop heureuse de la voir ouvrir mon petit paquet, je battais des mains en essayant de grimper sur ses genoux.

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Evil_erin
13- "En vain. Tu écoutes, tu regardes, mais rien ne t'intéresse. Tu es derrière un mur. Tu ne touches pas notre temps." Barjavel - La Nuit des Temps.

Le vélin se froissa avec rage dans la paume de ma main. La distance me rattrapait. Eiko avait beau faire de jolis brasiers à chaque fois, les mots restaient gravés à la fois dans ma tête et dans mon cœur.
Mes escapades nocturnes devenaient de plus en plus fréquentes. Nous avions abandonné provisoirement les gardes autour de la citée rose et je sentais ce besoin de m'échapper, de laisser la louve retrouver la foret. Mais je savais pertinemment que je mettais ses certitudes en équilibre, que peu suffirait pour que la brèche s'ouvre et que le flot vienne tout balayer.
Heureusement mon ange-gardien était là, je pouvais compter sur elle, et pour tout ce que je lui devais, je me sentais trop souvent en dette envers elle.

" désolé. je t'aime plus que tout. je le jure. "

Les mots frappaient tel un marteau dans mon crane. La question était là, indéchiffrable, impossible à exprimer, comme si elle portait la réponse en elle, bien sur. Jurer ? Comment pouvait-il jurer, lui qui ne faisait jamais de promesse ?


Mamaaaaaaaaaaaaa !!!

Le cri me ramena à la réalité et je glissais sans un mot, dans un geste discret, la boule de parchemin dans ma poche. Ma fille, voila ce qui m'importait, voila ce qui m'apportait l'once de bonheur necessaire à ma survie parmi les humains.

'ga'de !! C'est un cadeau, 'ien que pou' toi !!! Ouv' !! Ouv'!! Tu vas voi' c'est un "coyé" !!

Un sourire fendit mes lèvres alors que je jetais un regard à Eiko qui affichait un sourire complice.
J'attrapais le petit paquet que je posais sur la table puis calais ma fille sur le coté pour éviter de presser mon ventre qui devenait de plus en plus encombrant.


Un cadeau ? Pour moi ? Merci mon petit cœur, tu es la meilleure petite fille que je pouvais souhaiter.

Je l'embrassais dans le cou, la chatouillant légèrement au passage, puis ses petites mains vinrent s'empresser d'ouvrir le paquet avec moi. J'en sortis un petit galon de cuir sur lequel étaient enfilées quatre étoiles de bois.
Eileen parlait, sans arrêt, ses progrès avaient été fulgurants ces dernières semaines. Ses phrases se structuraient, devenaient plus longues, plus explicites, et surtout, elle avait définitivement adopté la première personne du singulier.


C'est un très joli collier ! Tu as très bien choisi !

Je ne résistais pas longtemps à sa demande pour le passer à mon cou, c'était son plaisir et je n'allais pas l'en priver, même si les bijoux n'étaient pas vraiment ma passion. Elle battit des mains à nouveau. J'aimais la voir si heureuse, si ouverte au monde. Je savais que ceux à qui je la confiais la protégeaient comme si elle était leur propre fille.
A cette pensée, je retournais ma progéniture vers moi en lui souriant.


Moi aussi j'ai une surprise pour toi ....

Son regard sombre se remplit d'étonnement, puis d'intérêt, elle me pressa de lui dire quoi, de lui montrer, était-ce un cadeau ...
Des pas dans l'escalier ... Sans doute avait-elle entendu le cri d'Eileen depuis l'étage.


Lonyyyyyyyyy !!!

La petite descendit à toute vitesse de mes jambes pour se jeter dans celle de sa petite gardienne, devenue une grande sœur pour elle.

Ma petite poupée ... Je suis revenue tu vois, je te l'avais promis !

La prenant dans ses bras, elle la serra un long moment. Mon regard coula vers Eiko et à les voir ainsi toutes, je me sentais apaisée pour un instant. La petite fenêtre du mur qui m'encerclait venait de s'éclairer grâce à elles trois.
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Evil_erin
Un passé perdu dans l'espace, un présent qui défie le temps.

J'avais couché Eileen, elle passait la plus grande partie de la nuit sous la surveillance de Leony, jusqu'à ce que je revienne de mes virées lycanthropes, devenues nécessaires, même vitales. Je ne pouvais plus rester dans le groupe, tant soit peu que j'y avait été incluse, ce qui était loin d'être certain. J'étouffais, l'air n'arrivait plus jusqu'à moi, comme si ma capacité à respirer était restée à Genève.

Lorsque je passais l'orée de la foret la plus proche, l'ombre des arbres fit une complète abstraction de toute la lumière nocturne. La lune si grosse, si rousse, comme je la détestais. Elle était de ces nuits où elle me gâchait mon plaisir, et le seul moyen d'y échapper était de m'enfoncer dans les bois sombres, courir à perdre haleine, jusqu'à ce que le temps et l'espace s'ouvrent, se mêlent, me transportent là où je voulais être.

    Il était là, loup sombre aux yeux noirs brillants, loup solitaire, animal qui ne trouvait pas sa place, tout comme elle. Les émeraudes défiaient les onyx, bataille excitante et éreintante, surtout pour la louve qui portait en elle la vie. Ils se tournèrent autour, elle hurlant par moment, lui jappant pour se moquer, les mots lupins entrecoupés de grondements. Mais il fallait s'imposer sans dominer, il fallait gémir sans se soumettre, il fallait se battre sans se frapper. Pourtant la masse de poils bruns et celle plus blanche sentaient l'attraction irrésistible qui s'opérait toujours lorsqu'ils se retrouvaient. La nature était ainsi faite, de contraires, d'attirances et de répulsions, de pouvoir et de mansuétude. L'animal, quel qu'il soit, devait faire des concessions pour vivre en meute. Et ils y arriveraient surement, un jour ...
    L'ombre canine se frotta sur la joue de la louve, puis passa son museau dans la "crinière" claire. Elle résistait, encore et encore, combattante acharnée, même contre elle-même. Puis quelques légers aboiements et une conciliation fut entendue, les museaux se joignirent, se léchèrent, marquant la fin de la bataille de cette nuit là. Chacun repartit de son coté et l'espace reprit sa place, le temps cessa l'anarchie de sa course pour retrouver un rythme toulousain.


J'étais essoufflée. Trop d'air d'un coup, tout va si vite dans ces moments là, tout est si irréel mais si beau, que revenir sur terre, revenir à la réalité vous laisse un poids sur la cage thoracique.

Lorsque je revins, apaisée par ma rencontre avec l'Alpha, par ce combat de loups qui n'en ait pas vraiment un, où chacun cherche juste à marquer son territoire, à imposer sa propriété sur l'autre, je retournais en taverne où le chasseur me rejoignit peu après.

La bulle tentait vainement de se refaire, comme un an auparavant, mais l'un comme l'autre nous avions tant changé ...


Non ... je n'ai pas envie de les rejoindre sur les remparts ...

Plutôt l'envie d'une promenade autour du lac.

Ainsi pour le dernier, ou avant-dernier soir, à Toulouse, nous sortîmes de la taverne, un sourire au coin des lèvres, une complicité qui se recousait lentement, et laissions nos pas se guider seuls vers le lac alors que notre discussion reprenait de plus belle. Il y avait tant de sujets sur lesquels nous pouvions deviser, que le temps ne semblait plus rien, jusqu'au bout de la nuit, dans l'absence de tout sommeil.
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