Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Maman! Papa! Au secours!

Maud
Il dormait doucement le Dònall et Maud dans cette chambre miteuse le regardait avec un serrement de coeur.

Le fruit de ses entrailles. et, il en était sorti comme un charme même si visqueux et braillant faisait l'objet d'une dispute sans fin avec Niall.

Une de plus. La plus dure. Sans pitié pour se partager ce monstre qui avait déjà épuisé trois nourrices. Elle savait que Niall ne lâcherait pas. Et elle non plus. A part un écartèlement en règle au couteau de boucher ou cacher l'enfant, c'était le noir absolu. Le mur.

Et une inspiration lui vint. Aimbaud qu'elle avait rencontré par deux fois en taverne. Maud n'y pouvait rien. elle l'aimait bien et il lui semblait bien plus assagi et mûr qu'avant.

Toujours sans héritier, mais lui saurait. Enfin Maud a des idées parfois..


Citation:
Monsieur le Marquis,
Votre Magnificence,
Aimbaud,

C'est en souffrance que je vous écris.

Non pas de mon épaule gauche qui se remet à merveille, mais de celle d'une toute jeune mère.

Aurez-vous cette fois-ci une oreille attentive à ma requête sans me faire la morale sur les devoirs entre époux?

Etes-vous la bonne personne, vous homme, plus enclin à vous rapprocher des idées d'un homme que de celles d'une femme sur sa progéniture?

Je le tente une nouvelle fois et en même temps je retiens ma plume par crainte de vous voir prendre parti pour mon époux.

En taverne, vous avez judicieusement posé la question de savoir de quand datait notre mariage à Niall et moi.

J'imaginais parfaitement vos petits doigts fins comptant jusqu'à neuf à rebours dans le temps.

Vous n'avez pas insisté mais j'ai compris que vous aviez compris. Etrange , vous direz de la part d'une Maud que vous avez connue mal dégrossie et qui encore ne maitrise pas et ne maitrisera jamais votre finesse d'esprit.


Et Paf pour la flatterie.


Citation:
Cher Aimbaud, j'ai donné le jour à un premier né Dònall le 19 janvier sur les remparts de Dijon. Et devant témoins.

Ne faites pas cette moue de dégoût en y pensant, l'enfant est né aussi vite qu'un bouchon est extrait d'un carafon de bon vin. Un "Plop" libérateur qui donna lieu à l'arrivée d'un de Rivien brailleur.

Une joie pour moi si elle n'était ternie par les sombres desseins que son géniteur Niall de Rivien nourrit à cette naissance.

Il s'est mis en tête de m'enlever mon fils, et je dis bien mon fils tant le lien entre cet ogre et moi fut fort.

Je ne peux évidemment pas m'y résoudre.
Même si Donall a déjà épuisé 3 nourrices aux mamelles gonflées de lait riche, je le retrouve chaque jour que le Très Haut me donne pour lui donner caresse et affection.

Ne plus le voir, ne pas savoir quelles mains vont le toucher, quelle voix le calmerait m'est insupportable.

J'ai pensé dans un premier temps le cacher.. le dérober à cette folie possessive de mon époux et le confier à une personne de confiance qui garderait le secret.

J'ai bien évidemment pensé à la Duchesse Angélyque.
Amie et femme généreuse. Sauf que elle-même ne trouve pas le temps de s'occuper de ses propres enfants.

Vous confier Donall, j'y ai également pensé. Mais j'ai bien l'impression que vous feriez de même.

Parler avec mon époux à l'heure actuelle m'est impossible. Le sang me monte à la tête et le seul langage que je pourrai lui tenir serait celui de l'épée.

Avouez que comme dialogue, ce serait court.
Malgré mon accouchement et mes blessures, je suis aussi forte que lui et il a beau se pavaner d'être sorti indemne des affrontements, c'est sa première guerre.

En vous entendant en taverne ce matin, une idée saugrenue m'est venue.

Que nous trouvions un arrangement Niall et moi et que la personne au milieu de nos affrontements et de nos positions aussi butées l'une que l'autre rebondissent contre votre personne pour renvoyer une ébauche de conciliation.

Cher Aimbaud, si l'idée d'être entre deux murs sans vous faire écraser vous plait, je serai heureuse.

Puissiez-vous répondre favorablement à ma demande.

Cordialement

Maud saint Anthelme de Rivien

_________________

"Mon âme est à Dieu, mon coeur est au Roy, mon corps est à mon époux"
Aimbaud
Citation:


    À Maud de Saint Anthelme,

    D'accord.

    Je mangerai à votre table ce soir pour vous entendre plaidoyer, ainsi que votre époux, et vous soumettre tous deux à mon jugement, car il sera le bon.

    Nota bene : J'ai grand faim, j'ai un faible pour le rôti de porcelet aux châtaignes, et pour le Nuit-Saint-Georges. J'aime aussi la brioche au miel et les petits pains de noisettes.

    Dieu vous garde,

      Aimbaud de Josselinière


_________________
Maud
Vicomtesse.. Vicomtesse!
Mmm Alphonse?
Il a répondu!

Et là Maud se dit que son fidèle et loyal Alphonse devait lire ses courriers comme quand elle était Duchesse et qu'il lui faisait la lecture avec sa permission. . Amusée, elle décida de le taquiner.

Qui donc a répondu à quoi Alphonse?
Euh...Eh bien.. Il a répondu!
Rouge cramoisi de honte.

Et sans un mot, elle lui arracha le courrier déjà décacheté par les bons soins de son souffre douleur.

Misère! Mais il n'en manque pas une lui. Pique assiette! Rapiat! Pochtron de marquis!

Si il ne s'agissait pas de son fils, elle aurait juste déchiré la lettre et ne lui aurait pas répondu.


Citation:
Au Marquis de Nemours
A Aimbaud,


Votre Magnificence,

Merci de votre bienveillance dans cette affaire. Je ne saurais trop vous conseiller de venir en armure ou du moins avec un bouclier.

Il va sans dire que nous sommes coincés dans Dijon depuis plus d'un mois déjà.
J'ai trouvé refuge dans un hôtel miteux tout le temps du siège vue ma grossesse et suite à mon accouchement sur les remparts, je tâchais de trouver un peu de confort entre les combats.
Et c'est là également que je me remets de mes blessures.

Vous l'aurez compris, je ne sais où loge mon époux pour le moment.
Je laisserai donc un mot sur son bureau de Capitaine au Conseil Ducal .

C'est donc dans la taverne de la Duchesse Angélyque "Aux Mamelles Excommuniées " que je vous donne rendez-vous. La Duchesse ne manquera pas de faire préparer le menu que vous me demandez.

A ce soir donc





Et d'une... la suivante à la Duchesse Angélyque

Citation:
Chère Angélyque,
Chère duchesse
Chère amie,


Une fois de plus je fais appel à vous et à votre bon coeur.
le Marquis de Nemours, Aimbaud de Josselinière veut bien servir de médiateur ou de mannequin d'entraînement dans le différent qui m'oppose à Niall pour la garde de mon fils.

Le Marquis ne demande en échange qu'une bonne table et du bon vin. Je vous fais part de ses envies..
Du rôti de porcelet aux châtaignes, du Nuit-Saint-Georges. Et également de la brioche au miel et les petits pains de noisettes.

Vous imaginez bien ma consternation devant de tels désirs. Vue le manque de nourriture à Dijon. Mais, je connais vos trésors d'invention pour nous servir ce repas dans votre taverne.

Je compte donc sur vous, chère amie, il y va de mon bonheur bien maigre en ce moment.

Avec toute mon affection

PS: Remplacez donc le porcelet par du chat ou un gros rat, Aimbaud n'y verra que du feu. Et pour le Nuit Saint Georges, coupez-le d'eau.




Et le dernier mot, le plus court qu'elle déposerait elle-même sur son bureau

Citation:
A Niall de Rivien
Mon époux et père de notre fils Donall,

Rendez-vous pour une affaire de la plus haute importance qui concerne votre avenir. le Marquis de Nemours désire nous voir tous les deux ce soir "Aux mamelles Excommuniées"




Moins elle en disait à Niall, mieux ce serait et une petit mensonge par dessus le ferait venir. Du moins, elle l'espérait. Elle remit les deux plis à Alphonse avec ordre de les remettre en mains propres du Marquis , de la Duchesse et partit vers le conseil Ducal.

_________________

"Mon âme est à Dieu, mon coeur est au Roy, mon corps est à mon époux"
Niall
Niall avait reçu la lettre. Il n'était pas dupe et savait que ça cachait quelque chose. Sont futur ... et puis quoi encore. Il savait très bien que c'était pour l’appâter et ça n'aurait pas marché. Mais il était tout de même curieux de savoir pourquoi Nemours serait présent lui aussi. Il irait donc quand même. Mais il ne fallait pas compter sur son amabilité.
Il prépara donc un courrier concis, clair et froid qu'il fit envoyer à l'hôtel où son épouse avait ses quartiers il le savait.


Citation:
A Maud Saint Anthelme de Rivien,

Salutations à vous mon épouse,

    Ne me prenez pas pour plus bête que je ne suis. Cette histoire de futur n'est qu'un prétexte pour me faire venir et je ne suis pas un jambon.
    Malgré cela je viendrais car une chose me titille. En quoi Nemours ferait partie de mon futur? Pourquoi sera t'il là?
    C'est pour ça que je viens.
    Ne comptez pas pour autant que je vous adresse la parole à moins d'y être obligé ou d'y voir un intérêt pour ce futur que vous semblez dessiner pour nous deux.

    N'oubliez pas de ramener mon fils Dònall avec vous. Si lui n'est pas là je partirais dans l'instant.

A ce soir donc.





Il était évident qu'il avait demandé a ce que son fils soit là pour une bonne raison. Il ne disait jamais rien sans raisons quand il était sérieux.
Il plia la lettre et la cacheta, fit venir un grouillot et alla faire déposer la lettre où elle devait aller.

_________________
Maud
[Que me sont des trésors, comparés à la lumière du soleil et à des heures vécues en plein bonheur ?] *


Pour un jambon…Pour un jambon….mais j'aimerais bien qu'il en soit un moi! Je le mangerais à petits coups de dents et je rongerai l'os jusqu'au bout!

Vous voulez que je vous dise mon fils? Votre père, c'est comme de la viande de loup boucanée et tannée.
Et voilà que s'engageait entre Maud et son fils la plus incroyable des conversations qui soit. Parler à un nourrisson, elle l'avait fait avec sa pupille Ygerne de Vaisneau à la quelle elle s'était tant attachée. Ces dialogues tendres et joyeux , elle les retrouvait avec le fruit de ses entrailles.

Maud révélait alors une de ses facettes que même son époux ne soupçonnait pas.
Emmallottant le nourrisson dans un grand linge après lui en avoir passé un autre tiède et humide sur le visage, elle continuait.

Faites bonne figure Dònall, vous voulez bien? Vous êtes bien moins affreux que quand vous êtes sorti de mon ventre . Continuez…

Crrrrr..crrrrrr C'est à peu près le seul cri qu'un nourrisson de un mois peut faire et encore si il a les yeux ouverts. Et Maud de sourire en lui passant l'index sur la joue.

Ne louchez pas quand votre père vous prendra dans les bras.

Cette fois-ci, elle tendrait son fils à Niall. Elle avait rusé la première fois tant elle avait peur qu'il lui enlève. Même la présence forte de Effelissianor à ses côtés ne l'avait pas assez rassurée. Aimbaud là et le fait qu'elle soit presque remise de ses blessures jouait cette fois-ci. Elle comptait sur une certaine autorité du Marquis.. sans doute un des grands fantasmes de Maud qui n'avait croisé Aimbaud que quelque fois. Mais il avait accepté d'être médiateur. Il ne pouvait être un monstre

Continuant à couvrir l'enfant couché dans une sorte de couffin en osier sur la table.

Ne hurlez pas non plus si il vous tient à bras le corps pour vérifier votre vigueur. Un braillard dans la famille de Rivien, ça suffit.

Et comme pour l'encourager, elle lui fit un petit guiliguili sur le ventre pour le voir se tortiller de nouveau et pousser son cri de guerre de nourrisson..

Crrrrr… crrrr.

Avec un grand sourire, Maud le prit comme une réponse positive.

Ne lui pissez pas dessus non plus hein?
Il serait capable de prendre ça pour un signe de faiblesse. Et un de Rivien ne pisse dans ses braies d'aucune manière.
Vous êtes un enfant né sur les remparts, ne l'oubliez pas.

Ne résistant pas à le chatouiller doucement dans le cou pour soutirer gargouillements et sourire.

Si Aimbaud s'intéresse à vous, ce qui m'étonnerait, rotez bien fort et mouillé.
Il n'a toujours pas d'héritier et il avait l'air bien vexé que je lui en fasse la remarque l'autre jour en taverne. Vous l'aiderez à trouver un prétexte pour ne pas aimer les enfants et cacher sa frustration de ne pas en avoir un.

Prenant alors le pouce de l'enfant et lui mettant en bouche.
Vous venez de boire.. vous tiendrez bien encore trois heures, hein? Mon petit homme adoré à moi..

Après toutes ces admonestations et recommandations, Maud le recouvrit d'une pelisse bien chaude, s'habilla chaudement et de sa main droite encore vaillante prit la nasse souple.

Quitter cet hôtel qu'elle avait réintégré après s'être réveillée à la Tour du Bar. Réveillée sous les regards de deux médicastres mandés spécialement par son époux qui l'aurait ramené du champ de bataille et apeurés à l'idée qu'il les passe par le fil de l'épée si elle périssait. Une des facettes d son époux qu'il faisait entrevoir que lorsqu'elle était inconsciente et même pas en mesure de l'apprécier.

A peine remise, elle avait donc foncé vers l'hôtel pour trouver la nounou asséchée et Dònall,hurlant comme un loup. Et depuis, comme une louve dans sa tanière, elle veillait son fils.

Elle arriva donc en vue de la taverne de la Duchesse. Bien à l'avance . Pour s'assurer que tout était prêt et si besoin goûter au plat et parler un peu avec Angélyque si elle y était encore à donner des ordres.

Alphonse qui la suivait comme une ombre avait pour mission de rester dehors et d'intervenir en cas de grabuge.
Sauf que Alphonse et le courage, ça faisait deux.
Il était pourtant capable de s' opposer si elle était en danger.

Elle entra donc Dans les "Mamelles Excommuniées". Un grand feu ronflait. Une table d'apparat était dressée. Un fumet agréable emplissait l'air et plusieurs carafons de vin parsemaient la table. la Duchesse connaissait le penchant on ne peut plus alcoolique du Marquis.


* Stephan Zweig: une de mes idoles^^
_________________

"Mon âme est à Dieu, mon coeur est au Roy, mon corps est à mon époux"
Niall
Il avait passé la journée à se poser la question. Ceci dit des questions en ce moment il en avait un paquet en tête. Celle ci était au moins autant prioritaire que comment il allait arracher la langue à un teuton ou comme il allait accommoder sa viande.

Elle était pourtant là, persistante et insistante. Pourquoi cette entrevue? Pourquoi Nemours?
Il savait que cette histoire de futur c'était du bluff mais néanmoins ça avait eu le mérite de le titiller. Non pas le futur mais la présence de Nemours a une entrevue désirée par son épouse.

Il ne s'était pas pressé et avait tenté un tant soit peu d'arriver en retard. Mais un retard calculé. Assez pour ne pas être en avance mais pas assez pour que tout le monde soit irrité. Assez pour ne pas être le premier et se faire légèrement désirer mais pas assez pour rendre le monde furax de son absence.

Il faisait déjà nuit quand il fit les quelques pâtés de maison qui le séparait de la taverne de sa marraine. En voilà encore une idée d'avoir voulu que ça se passe là bas. Le lieu était loin d'être neutre et il allait se pointer en terrain conquis pour la partie adverse et ça il n'aimait pas du tout.

Tout à ses réflexions Niall était arrivé devant la porte de la taverne. Une profonde respiration, une pensée, le désir de voir son fils, et le voilà qui passa la porte sans même prendre la peine de toquer, relevant la tête et bombant le torse. Posture théâtrale par excellence du de Rivien.
Le temps que ses yeux s'habituent un tant soit peu à la demie pénombre qui régnait et le voilà qui apercevait son épouse. Il se dirigea vers elle la démarche toujours autant féline. Aucun regard jeté à la table préparé, ni même au repas et au vin.

Arrivé à sa hauteur il la toisa du regard et de toute sa grandeur. Et il lâcha quelques mots comme pour dire qu'il ne cessait pas de l'ignorer mais qu'il n'était pas rustre au point de faire comme si elle n'était pas là.


Mon épouse ... Où est Nemours?
Vous avez ramené Dònall?


Même si ça y ressemblait ce n'était pas encore le début des hostilités. Ces questions étaient uniquement là pour jauger et pour savoir si c'était la peine de rester en ces lieux où si il allait rentrer à son campement plus vite que prévu.
Toujours la toisant , il attendait la réponse.

_________________
Maud
Elle aurait préféré voir Nemours arriver en premier pour tout dire.
Et c'est un de Rivien plein de sa superbe habituelle qui entra en trombe dans la taverne.
Son visage se ferma comme une porte et son corps se tendit comme un arc.

Elle ne bougea pas d'un centimètre. Rivien fait la tronche..
Un refrain bien connu de Maud et qu'elle avait entendu sur tous les tons depuis qu'ils se connaissaient et la gifle donnée en taverne n'avait pas arrangé les choses. Et elle ne la regrettait pas. Elle avait encore les mots de Antonio qui résonnaient dans sa tête: "Bravo Maud"

Mais ce soir, c'était l'avenir de son fils qui était en jeu et dont dépendait beaucoup de choses. Sa ruse avait fonctionné et c'est tout ce qu'elle désirait.
Elle le regarda bien en face et d'une voix contenue parce qu'elle s'était juré de garder son calme. Et c'était une vraie gagure.

Vous êtes mal rasé.

Ca c'était pour lui signifier la bienvenue. Elle n'aurait pas fait la remarque à un étranger.
Souplement, elle se retourna et marcha vers la table pour y laisser glisser la main et ne pas répondre à ses questions tout de suite.

Nous allons faire bombance ce soir! Une chance, hein? Et en bonne compagnie quand Nemours sera là.

Le marmot était calme dans son couffin posé sur une chaise. Et Maud de prier pour qu'il ne crie pas tout de suite.
Votre fils dort.
_________________

"Mon âme est à Dieu, mon coeur est au Roy, mon corps est à mon époux"
Aimbaud_de_josseliniere


Et voici que le jeune marquis de Nemours franchit le palier de la taverne à son tour, de sa fringuante ribouque au pied droit, coquée, en velours bleu roi, et imperméabilisée à la graisse de canard. Il passa devant un valet d'armes qui lui avait ouvert la porte, et s'en fut directement à la table qui l'attendait, avec ses deux hôtes. Il posa deux mains plates sur la nappe et avisa les époux Rivien.

Parfait, parfait. Ça hume bon ! Asseyez-vous.

Il fit sauter les tombants de son pourpoint molletonné derrière-lui, pour se dégager les fesses, et s'assit en bout de table, comme à son habitude, puisqu'il présidait toujours. Il semblait tout à fait naturel au blanc-bec de commander à ses hôtes, et qu'il s'asseyent après lui, c'était l'étiquette.

Ah ! Saint-Anthelme, vous me ravissez. Quel fumet... J'en salive à gros bouillons. Ce siège, et cette guerre infinissable ne nous laisse que des croûtons à déjeuner. Qu'il me tarde de rentrer à Nemours, et de commander qu'on dessale le cochon ! Cette pénurie de blé, c'est vraiment insoutenable. Je me demande comment font les gens ordinaires, à croire qu'on peut user avec force de sa journée en n'ayant le ventre plein que de petites graines moisies dégueulasses... La situation est très mauvaise pour le moral des troupes, je vous le dis. Il faut que l'on achemine des vivres jusqu'à Dijon, ou tout un chacun aura tôt fait de se trouilloter la ceinture pour mieux la serrer.

Là dessus, il fit claquer un carré de toile blanche devant lui, et se l'enfila dans le col en guise de serviette. Oui, Aimbaud de Josselinière avait tout l'appétit qu'un dadet de 17 ans pouvait avoir, il n'avait même pas fini sa croissance. La boustifaille était donc un chapitre sacré de sa vie, dont l'importance n'avait pas de frontière... Il poussa son godet devant lui avant de reprendre.

Servez-moi un peu de vin, Montréal. Vous êtes aimable. Il se frotta les mains et leva vers le couple un visage ravi. Alors, quelle est votre affaire ? Je n'ai pas clairement saisi le contenu de votre lettre, ma chère Maud, surtout l'histoire des neuf mois. Les choses de l'enfantement me sont obscures, alors essayons de schématiser : l'enfant est illégitime, Niall veut le donner aux bonnes oeuvres, et vous vous y refusez. J'ai bon ?
_________________
Niall
Tout ce blabla. Maud lui avait répondu mais il n'écoutait déjà plus. Il cherchait son fils du regard. Il n'était bizarrement pas attiré par la table qui avait été dressée, il n'était même pas outré par les propos de sa femme.
A vrai dire il s'en moquait. Et quand il était comme ça, ça ne voulait généralement rien dire de bon. Si il s'offusquait ça voulait dire qu'il y prêtait un minimum d'attention et que ça lui importait un peu. Ce n'était pas le cas ce soir.

Il venait de se retourner vers sa femme, non pas pour lui répondre mais pour lui demander où était Dònall. Malheureusement il n'eut pas le temps de le faire que la tornade Nemours débarqua dans le bouge de sa marraine.
A peine le temps de respirer une fois qu'il était déjà installé et prêt a bouffer comme un porc, déblatérant encore des propos insipides et sans aucun sens à ses yeux. Néanmoins il le considérait comme ayant un peu d'intelligence et si il était là c'est qu'il y avait une raison.

Il l'écouta d'une oreille distraite jusqu'à ce qu'il ose lui demander de lui servir à boire. Il était hors de question qu'il s'abaisse à faire ça. Puis vint la fin de la phrase. C'était donc ça !! Il aurait du s'en douter c'était sa femme qui lui avait demandé de venir pour il ne savait quelle obscure raison. Il aurait du s'en douter. Une telle rencontre ne pouvait avoir été orchestré que par sa femme. Enfin soit il était là il n'allait pas partir de suite, bien que l'envie le titillait de plus en plus.


Si vous voulez boire Nemours, servez vous donc vous même !! Ou demandez à un larbin de le faire. Je n'en suis pas un et encore moins le votre.

Délaissant Aimbaud, son dîner et son vin il se tourna vers son épouse.

C'est donc à vous que nous devons cette rencontre pour le moins incongrue? J'aurais du m'en douter remarquez ... Je ne vois pas pourquoi Nemours aurait souhaité me voir autrement que parce que vous le lui avez demandé.

Et donc que me vaut l'honneur d'être ici ce soir en votre présence à tous les deux? Si ce n'est devoir rappeler à Nemours qu'il s'occupe lui même de faire ses propres enfants au lieu de traiter ceux des autres de bâtards? Une chance pour lui que je ne décide pas de réparer l'outrage qu'il vient de me faire, ne serait ce qu'en supposant que c'est le cas.

_________________
Aimbaud_de_josseliniere


Aimbaud se revela donc aussi sec, puisque pour toute boisson, on ne lui servait que des postillons dans son verre. Sans toutefois s'énerver, il haussa le ton afin d'être bien entendu, et que cela s'imprime :

Vous perdez votre sang froid, Montréal. Cessez de vous agiter comme un ver, il est indigne de vous de houspiller votre femme en public. Elle a eu la sagesse de mander un médiateur pour votre affaire, ce en quoi je me suis porté bénévole. Maintenant asseyez-vous et osez me parler à la seconde personne.

Il saisit lui-même la cruche de vin et se mit à remplir une coupe avec application.

Il n'y a rien de dégradant à verser du vin, regardez.

Il aspira une lampée de Nuit-Saint Georges, en glouglouta la texture dans le fond de ses joues, avant de l'avaler, pour mieux claquer la langue.

Alors, j'aurai mal compris ? L'enfant est légitime, tant mieux. À voix plus basse : Il faudrait apprendre à vous exprimer en bon français sur des détails comme ceux-là, Maud. Reprenons du début, quel souci vous oppose ?
_________________
Maud
Gagner du temps... gagner du temps.. "Saint Bynarr, portez vos braies souillées, c'est le moment" Une entrée joyeuse et parfaitement dégingandée .
Le maître chez lui. Aimbaud venait d'entrer. Et l'étau qui se desserre dans sa poitrine.

Misère Aimbaud! Vous êtes toujours aussi bien mis.
Ca lui rappelait les poulaines à pompons que Cassian était si fier de porter en toutes occasions. Le paon et là le Marquis!

Prenez pl...

Ah bah c'était déjà fait. Et avec un grand sourire.
Tout a été préparé selon vos désirs. La Duchesse de Charolais a remué ciel et terre pour trouver un porcelet tendre et gras à souhait. Revenu dans des châtaignes, il va fondre dans votre bouche.

Bon elle ne dirait pas que dans la marmite étaient glissés un ou deux morceaux de rat. Le porcelet en question était découpé de quelques carcasses encore fraîches sur le marché..Et comme nous sommes en petit comité, je me ferai un plaisir de nous servir. Comme je faisais avant.. Elle trierait elle même oui et Niall aurait du rat si il continuait à l'invectiver.

Illégitime? Mais non..
Non mais elle pouvait en placer une? Parce que la réplique à faire à Niall, elle l'avait sur le bout des lèvres!
Aimbaud a parfaitement bien tout compris, Niall.

Il fallait tout faire pour avoir le Marquis dans sa poche et elle en remit une couche toute enjouée.
Du Nuit Saint Georges comme vous le vouliez hein?
Vous feriez bien d'en boire une lampée au lieu de vous égosiller de cette manière Niall.

Et au murmure de Aimbaud un peu rougissante: eh bien.. vous voyez.. enfin. Il faut 9 mois.. mais Niall est le père hein?

Prenant alors une mine triste.. y avait pas grand chose à faire pour qu'elle le soit vraiment et montrant Niall du doigt:
Il veut m'enlever mon fils!

Et elle avait dit "Mon fils" et pas "Votre" Allez faire saisir la nuance à ce butor qui n'avait pas imprimé la différence avant que Aimbaud ne rentre.Le Mon était sorti avec toute l'angoisse de ne plus chérir le nourrisson qui dormait encore tranquillement dans le couffin en osier.
_________________

"Mon âme est à Dieu, mon coeur est au Roy, mon corps est à mon époux"
Niall
Niall au final les laissa parler entre eux. N'interviens pas et finalement n'écoutait vraiment que d'une oreille. Il s'était lassé aussi vite qu'il avait pris la mouche de l'endroit et de la raison pour laquelle il était supposément là.

De plus il n'était pas venu pour manger, il ne s'installa donc pas à la tablée et ne pris même pas la peine de s'assoir. Il n'avait pas soif non plus et le vin ne lui faisait pas envie. Nemours se baffrait et son épouse le servait ... c'est à croire que c'est lui qu'elle aurait du épouser tellement elle semblait apprécier de le servir. Et cette pensée ne le fit même pas bondir pour l'étrangler alors que quelques mois plus tôt il l'aurait égorgé avant même d'y penser.

Il était perdu dans ses propres pensées quand tout à coup une phrase le cingla comme si on l'avait giflé quinze fois d'affilée.

"Il veut m'enlever mon fils!"

Cette phrase avait eu certainement l'effet escompté par Maud quand elle la lança devant l'assemblée.
Le Vicomte s'empourpra immédiatement de colère. La seule chose en ce moment qui pouvait lui faire monter le rouge aux joues était bien qu'on veuille le séparer de SON fils et il était hors de question que ça arrive.

Il ne prit pas la peine d'annoncer qu'il prenait la parole.


Ton fils ???!! Est ce pour ça que je suis ici? Pour m'entendre dire que je veux te l'enlever alors même que je ne l'ai quasiment pas vu depuis sa naissance?
Tu ne manques pas de souffle !


Pour le coup la colère lui avait fait faire quelque chose qu'il ne faisait jamais en public. Il la tutoyait et c'était fait presque délibérément.

Je ne sais pas pourquoi je suis encore présent ici. Il me prends la soudaine envie de partir sur le champ. Je savais que c'était une bien mauvaise idée. La seule chose me retenant actuellement c'est l'envie de le voir là maintenant. D'ailleurs je resterais fermé comme une huître et hermétique à toute discussion tant que je ne l'aurais pas vu au moins une fois digne de ce nom.

Les hostilités avaient été déclenchées et maintenant le Vicomte était en mode guerre. Plus rien ne pouvait l'atteindre avant qu'il ait atteint son propre but. Il avait parlé et c'était à n'en point douter son dernier mot sur la question si il n'avait pas ce qu'il voulait.
_________________
Maud
Un bloc de hargne et de mauvaise foi devant un cri du coeur, c'était tout lui.
Elle aurait bien planté tout le monde avec son fils sous le bras.

Mais elle resta. L'image de son fils babillant qu'elle était prête avant le rendez vous à montrer au géniteur qui hurlait au milieu de la taverne lui servit de garde fou.

Elle n'avait pas encore servi le Marquis. Blanche comme un linge, elle se leva, passa devant Niall sans le regarder pour s'emparer d'un grand plat.

Ce sont des petites tâches de rien du tout qui vous occupent l'esprit et vous permettent de remettre en ordre vos pensées qui chahutent à qui mieux mieux dans la tête pour se disputer le droit de sortir en premier.

Toujours sans un mot, elle prit donc un grand plat en terre cuite posé près du feu, le remplit à la louche du chaudron fumant et odorant et revint toujours sans un mot à table. La joie de servir comme elle le faisait avant d'être noble

C'est le futile qui fit son chemin en premier. L'étiquette. C'est froid, sans âme et réglé par tout ce qu'elle avait appris du respect envers les titres de noblesse. Elle posa donc le plat près de Nemours. Et dans l'état d'esprit où elle était, un mannequin empaillé avec une couronne royale sur la tête aurait pu tout aussi bien faire l'affaire.

Avec un sourire de circonstance et mécanique, elle choisit donc les morceaux les plus tendres qui baignaient dans le jus de viande et les posa délicatement dans l'écuelle du Marquis. Elle paracheva l'assiette en les recouvrant des châtaignes fondantes qui avaient mariné durant la cuisson.

On lui aurait annoncé à l'instant la mort du Roy qu'elle n'aurait pas arrêté ses gestes. C'est dire comme tous les sentiments et émotions étaient bloqués là quelque part au fond de son ventre.

Tout aussi appliquée et presque somnambule, elle reprit le plat pour servir l'écuelle à côté. L''écuelle de Niall. Ca aurait pu être celle de n'importe qui d'autre.

Sa main empoigna de nouveau la louche et une pensée minuscule remonta alors insidieusement. Même pas une pensée. Cinq lettres qui, mises ensemble formèrent le nom de Niall.

Sa main trembla et s'arrêta d'abord. La brèche s'ouvrait sous le flot de ce qu'elle avait voulu réprimer.


Plotch!!!

Morceaux saucés qui s'écrasent violemment et constellent la nappe de jus.

Monstre!

Et une nouvelle salve dans l'écuelle.

Menteur!

Bon là, si vous avez déjà vu une écuelle de ce type et surtout dans une auberge où le profit est à l'ordre du jour, le creux n'est pas très profond. Le client a l'impression d'être servi à profusion et l'aubergiste fait des affaires.

L'écuelle débordait. Pensez-vous que Maud s'arrêterait en si bon chemin? Elle était lancée et les phrases se formaient.

Vous m'avez harcelée jusqu'à me menacer de ne pas reconnaitre votre propre fils si je ne le vous donnais pas dès la naissance. Je n'ai eu que la chance de mettre bas sur les remparts dans un froid glacial et devant témoins pour que vous ne me l'enleviez pas.

Et encore une louche dans l'écuelle ou plutôt la table qui servait de récipient. La sauce engluait la nappe et tranquillement commençait à goutter des bords.

J'ai rusé et tenu bon comme chaque fois et vous ne l'avez pas supporté.

L'auréole s'étalait et grandissait et Maud ne s'arrêta pas. Etrangère au désastre domestique et sans regarder ni Nemours ni Niall.
Martelant chaque mot, elle continua.

Cet enfant est mon seul bonheur. Ce petit être qui me remplit de joie, je voulais le présenter fièrement ce soir et de nouveau vous gâchez tout. A vous qui niez jusqu'à mon existence devant des étrangers ou de vieux amis qui demandaient de mes nouvelles.

Et non, elle ne lui montrerait pas où était posé Donall dans la pièce.

Vous réclamez de voir cet enfant et il est presque sous votre nez. Aveuglé que vous êtes.
C'est un braillard comme vous et je m'étonne qu'il ne soit pas réveillé par vos cris.

Et la dernière louchée pour la route. Les châtaignes valdinguaient de tous côtés. Satisfaite, elle se retourna alors vers lui.

Monsieur est servi!
_________________

"Mon âme est à Dieu, mon coeur est au Roy, mon corps est à mon époux"
Niall
Elle devenait folle. Oui ça devait être ça il n'y avait pas d'autres solutions. il ne lui restait donc plus qu'a la convaincre de passer le reste de sa vie chez les nonnes.
Il ne pouvait pas s'y résigner pourtant.

Et voilà Maud qui remplissait une écuelle pour lui alors qu'il n'avait rien demandé.

Niall resta stoïque et froid tout le long de son emportement et de sa diatribe. Certes il était un peu perdu mais il ne reculerais jamais et il ne l'admettra non plus jamais.
Maud lui demandait peut être des choses qu'il était incapable de faire.
La seule raison pour laquelle il était encore là était bien son fils mais l'envie lui prenait de capituler , de partir pour ne plus revenir ou tout du moins ne revenir que pour lui.

Une cassure, une crevasse, peut être un canyon s'était formé entre les deux époux et il n'était pas sur que ça se referme un jour. La présence d'Aimbaud n'arrangeait rien à l'affaire en plus. Niall ne comptait pas battre retraite et avouer quoique ce soit fut il en faute alors qu'il était là. Son orgueil le lui interdisait.
Plus il y pensait , plus il se sentait coincé et pas dans une bonne situation.

Et voilà qu'elle avait terminé. Il laissa un temps de latence plus ou moins long ne disant rien , faisant bonne figure , se retenant et se contenant. Mais si il ne disait rien il allait exploser.
Il prit donc la parole, froid, glacial même. Il avait pris une décision et il allait falloir déployer des trésors de persuasion et d'ingéniosité pour le faire changer d'avis. Si tant est que quelqu'un veuille le faire... et ce n'était pas certain.

Tout d'abord la bonne entrée en matière.


Monsieur n'a pas faim. Vous pourrez donner ceci aux cochons ... ou à Nemours.

Évidemment c'était pas très subtil pour faire comprendre qu'il en avait assez mais au moins c'était clair. Il regardait en même temps un peu partout en taverne à la recherche de son fils.
Il finit par le voir, s'approcha de lui. Il le pris dans ses bras, presque comme un sac de patates mais de manière plus douce. Il l'inspecta , le regarda, sourit et se rapprocha de Maud.
Il lui tendit alors son fils.


Très bien nous n'allons pas tergiverser plus longtemps. J'en ai plus qu'assez et c'est même à se demander pourquoi je suis venu.
Voilà donc ce qu'il va se passer. Ce sera mon unique et dernière négociation avec vous. Il semblerais que vous comme moi ne pouvions plus discuter , ni même être ensemble dans la même pièce sans nous taper dessus. Soit !
Je vous laisse Dònall pendant quatre années, vous pourrez donc l'éduquer durant ce temps comme bon vous semblera, je reviendrais le jour de son quatrième anniversaire et ce sera à mon tour de m'en occuper comme bon me semblera.

Durant ce laps de temps vous aurez le loisir de venir aussi souvent à Montréal que vous le voulez, je ne vous poserais aucune question et vous ferez de même. Nous ne sommes pas des animaux et je suis las de me battre avec vous.
Quelque part je vous concède la victoire .. et cela me navre.
Mais rien ne vous oblige encore à m'adresser la parole si vous ne le souhaitez pas et de même de mon côté.

Je pense que je suis resté bien plus longtemps ici que je n'aurais du, ce n'est pas bon pour mes nerfs mais je suis tout de même heureux d'avoir pu voir mon fils un peu plus.

Je vous laisse quelques jours pour réfléchir à la question , si jamais vous avez d'autres choses a dire c'est le moment, mais vous vous doutez bien que je ne suis plus très enclin à la négociation. Je pense que celle ci est équitable pour tout le monde et que ça nous évitera de nous entre tuer.

Sur ce je pense que plus rien ne me retiens ici, faites moi savoir votre décision.


Niall avait dit tout ce qu'il avait à dire et il commença donc a se préparer pour sortir dans le froid et rentrer à son campement.
_________________
Aimbaud
Et Aimbaud commença son assiette tandis que les hurlements des uns et des autres faisaient trembler la surface de vin dans son godet. Il mangea de bonnes bouchées de ragout, qu'il entrecoupait d'émiettées de pain, en s'essuyant parfois le menton au coin de sa serviette. Il mangeait avec appétit, et poliment. Bien que la cuisine n'était pas des plus fines, elle le contentait amplement, car il avait su rester simple et n'était pas né marquis, après tout. Aussi, en temps de guerre, passait-il souvent quelques nuits à dormir à même la terre sur les champs de bataille, et à manger du gibier mal rôti, ou parfois noir comme de la suie, ou de vilaines racines qu'on cueillait entre les charniers. Parfois ne mangeait-il rien, quand on était vraiment en peine de faire pitance.

Il faisait donc honneur à cette table, écoutant une oreille discrète les aboiements sauvages de Niall, en qui il avait peine à reconnaître un vicomte, tant il avait la diction d'un marchand de poisson, jour de grande foire. Il ne prêtait guère plus l'oreille à Maud, chez qui il connaissait déjà les qualités de négociante en gros, mais plutôt dans la catégorie boudin. Bref, il entendait tout cela comme un vague brouhaha de place de marché, et cela ne l'empêchait pas de profiter du repas. Il en fallait plus, à Nemours, pour lui gâcher un dîner. La vaisselle qui vole, les éclats de voix, lui étaient assez coutumiers... Cela n'entravait pas sa digestion.

Sauçant son assiette, il termina son godet de vin avec un petit claquement de langue. C'est à ce moment-là que le volume sembla décroître... Il observa donc le couple Montréal en se grattant le menton. Son geste émit un léger bruit de frottement car cela rebroussait une quinzaine de petits pics noirs, là-dessous.


Bien, je crois que tout est dit. Enfin... Tout est braillé. Niall, vous avez fort bien parlé, nous avons compris toutes les syllabes, si bien même que nous n'allons plus entendre grand chose après cela...

Là dessus, il fit mine de se déboucher l'oreille droite.

Puisque la colère liée à la bêtise vous poussent au monologue, plutôt qu'au dialogue, nous ne pouvons discuter. J'aurais cru qu'en vous élevant à la noblesse, vous gagneriez en tempérance. Mais au sommet comme au pied de la montagne, un caillou reste un caillou, hein ?

C'est un sourire presque attendri qu'il offrit au vicomte, comprenant que le pauvre n'irait jamais bien loin, malgré sa volonté. Il se mit à mordre dans un petit pain aux noisettes qu'il avait pioché dans une assiette, et s'adressa ensuite à Montréal-femme :

Maud, le repas était excellent. Si les griefs que vous portent Niall sont tels que vous vous sentiez lésée, portez-les en cour au tribunal. J'ai accepté d'aider deux partis raisonnables à faire la paix, mais je n'ai pas les compétences d'un dompteur de hyène, pour raisonner des bêtes fauves qui se querellent. Vous me comprendrez.

À bientôt.


Il goba la dernière bouchée de petit pain, puis s'épousseta les mains afin de remettre ses gants de gros cuir, noircis dans la paume par le métal de son pommeau. Ainsi fait, il tourna les talons.
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)