Aigneas
Les jours passaient.
Paris hébergeait encore la pauvre carcasse qu'était Aigneas.
Voilà déjà quelques temps que la jeune femme avait élue domicile dans une auberge parisienne, peu fréquentée ou mal.
Les finances n'étaient pas au beau fixe, depuis l'attaque de trois brigands lui volant ses dernières ressources, la pauvre n'arrivait que peu souvent à joindre les deux bouts.
Elle aurait pu demander de l'aide à Mina, qu'elle savait économe, ou du moins particulièrement aisée ces derniers temps, mais non, la fierté était trop forte.
Malheureusement lorsque la fierté est mal placée, et que les finances ne suivent plus... il n'y a plus grand chose à faire pour occuper son temps. Le temps est précieux, et malgré son jeune âge, la blondinette n'aimait pas le perdre inutilement.
Depuis son arrivée en catastrophe dans la ville, de sa soirée d'ivresse avec un bel inconnu dont elle n'avait plus aucune nouvelle, rien ne se passait, aucun lien, aucune rencontre... n'avait changé, ou fait avancer son quotidien.
" Tu aurais du rester en Ecosse, là où est ta place petite agnelle...te voilà bien "
En effet, la mélancolie déjà bien présente dans l'esprit de la douce, se voyait gagner par l'angoisse.
Plus de saignements. Aucune menstruation. La panique.
En plein désarroi, seule et apeurée, Agnès comptait sur le dessin ou l'écriture pour l'aider à remonter la pente. Pente qui s'avérait d'ailleurs dangereuse, bien que naïve elle n'était pas sotte, et ne plus saigner était particulièrement inquiétant.
Mais à qui confier cette détresse ? Sa soeur allait certainement paniquer, la frapper.. et tout répéter au cousin Edmond.
L'anglais ? Pas maintenant, pas sans savoir, pas sans cette certitude qui changerait tout. Tout sa vie...
Gildwen ? Non.. non.. tout commençait, elle ne pouvait pas, non, tout gâcher, si vite ? Tuer l'espoir quand il n'était pas encore né... l'opération suicide changeait de nom. Alors non.
Un inconnu, sans lien, aucune attache, elle écrirait à l'imaginaire, le rêve, ce qu'elle pourrait inventer.
Voilà, un ami qui n'existe pas.
Rapidement, Aigny quitte son lit ou elle se morfondait quelques instants plus tôt, afin de s'emparer de son nécessaire d'écriture.
Cher ami,
Oh. Comme il est bon de t'écrire, toi qui sait déjà tout de moi.
Comme tu le sais d'ailleurs, ces derniers jours furent difficiles, bien plus d'ailleurs que ces dernière années. Jamais ma vie n'avait été aussi pleine. Malheureusement, cette dernière est pleine de vide.
Des vides mauvais... des vides angoissants.
Mais tu sais tout cela... tu sais bien.
Si je t'écris de Paris aujourd'hui, c'est parce que j'ai besoin de toi, de tes conseils.
Je suis perdue.
Je suis perdue et j'ai juste besoin d'une écoute... d'une réponse.
Aigneas Wolback Carrann, finalement, pas si vivace.
La relecture fut bien difficile, se trouvant pitoyable, la jeune femme enroule le courrier qu'elle donne à son "messager " volant avant de se raviser. Quelle idée saugrenue, où pourrait il livrer ce message et surtout à qui ?
" Ridicule Aigny, tu es ridicule. "
Le regard clair de la jeune femme détaille cette lettre qui vient de naitre, qu'en fera t'elle ? Aucune idée, dans l'immédiat, elle referme celle ci et la range dans l'une des poches de sa besace, avant de sortir de l'auberge afin d'entamer une promenade dans les ruelles. La tête vidée, le courage aussi, c'est une âme en peine qui déambule dans les rues de Paris.
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Paris hébergeait encore la pauvre carcasse qu'était Aigneas.
Voilà déjà quelques temps que la jeune femme avait élue domicile dans une auberge parisienne, peu fréquentée ou mal.
Les finances n'étaient pas au beau fixe, depuis l'attaque de trois brigands lui volant ses dernières ressources, la pauvre n'arrivait que peu souvent à joindre les deux bouts.
Elle aurait pu demander de l'aide à Mina, qu'elle savait économe, ou du moins particulièrement aisée ces derniers temps, mais non, la fierté était trop forte.
Malheureusement lorsque la fierté est mal placée, et que les finances ne suivent plus... il n'y a plus grand chose à faire pour occuper son temps. Le temps est précieux, et malgré son jeune âge, la blondinette n'aimait pas le perdre inutilement.
Depuis son arrivée en catastrophe dans la ville, de sa soirée d'ivresse avec un bel inconnu dont elle n'avait plus aucune nouvelle, rien ne se passait, aucun lien, aucune rencontre... n'avait changé, ou fait avancer son quotidien.
" Tu aurais du rester en Ecosse, là où est ta place petite agnelle...te voilà bien "
En effet, la mélancolie déjà bien présente dans l'esprit de la douce, se voyait gagner par l'angoisse.
Plus de saignements. Aucune menstruation. La panique.
En plein désarroi, seule et apeurée, Agnès comptait sur le dessin ou l'écriture pour l'aider à remonter la pente. Pente qui s'avérait d'ailleurs dangereuse, bien que naïve elle n'était pas sotte, et ne plus saigner était particulièrement inquiétant.
Mais à qui confier cette détresse ? Sa soeur allait certainement paniquer, la frapper.. et tout répéter au cousin Edmond.
L'anglais ? Pas maintenant, pas sans savoir, pas sans cette certitude qui changerait tout. Tout sa vie...
Gildwen ? Non.. non.. tout commençait, elle ne pouvait pas, non, tout gâcher, si vite ? Tuer l'espoir quand il n'était pas encore né... l'opération suicide changeait de nom. Alors non.
Un inconnu, sans lien, aucune attache, elle écrirait à l'imaginaire, le rêve, ce qu'elle pourrait inventer.
Voilà, un ami qui n'existe pas.
Rapidement, Aigny quitte son lit ou elle se morfondait quelques instants plus tôt, afin de s'emparer de son nécessaire d'écriture.
Cher ami,
Oh. Comme il est bon de t'écrire, toi qui sait déjà tout de moi.
Comme tu le sais d'ailleurs, ces derniers jours furent difficiles, bien plus d'ailleurs que ces dernière années. Jamais ma vie n'avait été aussi pleine. Malheureusement, cette dernière est pleine de vide.
Des vides mauvais... des vides angoissants.
Mais tu sais tout cela... tu sais bien.
Si je t'écris de Paris aujourd'hui, c'est parce que j'ai besoin de toi, de tes conseils.
Je suis perdue.
Je suis perdue et j'ai juste besoin d'une écoute... d'une réponse.
Aigneas Wolback Carrann, finalement, pas si vivace.
La relecture fut bien difficile, se trouvant pitoyable, la jeune femme enroule le courrier qu'elle donne à son "messager " volant avant de se raviser. Quelle idée saugrenue, où pourrait il livrer ce message et surtout à qui ?
" Ridicule Aigny, tu es ridicule. "
Le regard clair de la jeune femme détaille cette lettre qui vient de naitre, qu'en fera t'elle ? Aucune idée, dans l'immédiat, elle referme celle ci et la range dans l'une des poches de sa besace, avant de sortir de l'auberge afin d'entamer une promenade dans les ruelles. La tête vidée, le courage aussi, c'est une âme en peine qui déambule dans les rues de Paris.
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