Della
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* Nemo...
This is me for forever
One of the lost ones
The one without a name
Without an honest heart as compass
This is me for forever
One without a name
These lines the last endeavor
To find the missing lifeline
Della...
Assise devant son miroir depuis de trop longues minutes, elle s'est perdue dans son propre regard, s'y noyant à l'envi.
Elle cherche un souvenir qui lui ferait signe, qui lui dirait qui elle était, qui elle est devenue et qui elle pourrait être.
Elle est passée d'un nom à l'autre, forte du besoin d'exister, déposant dans les mains des uns et des autres le soin de perdurer sans elle.
Des larmes ont mouillé ses yeux, pas assez parfois, ou trop, sans jamais rien effacer, ridant juste un peu les sillons déjà creusés.
Elle a aimé, tant, trop, pas assez, elle s'est égarée sur la route des sentiments avant de s'écrouler pour oublier.
Elle aime encore mais qui l'aime en retour ?
Est-elle encore quelqu'un ?
Est-elle devenue ...personne ?
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C'est une main rageuse qui jeta le peigne au loin !
Della, surnommée la Renarde Noire par son frère aîné tant regretté, venait de sortir d'une longue torpeur rythmée par le mouvement répétitif du peigne dans sa chevelure.
De ses pensées, elle retenait qu'elle s'était perdue bien souvent, trop souvent, qu'elle était à nouveau perdue, qu'il fallait réagir !
Kéridil d'Amahir-Euphor, son époux, avait prit la décision de faire rentrer son épouse récalcitrante dans le droit chemin, plus exactement, le chemin que lui pensait être droit mais qui aux yeux de son épouse était loin de l'être. Pourtant, depuis quelques semaines maintenant, elle donnait à voir l'image d'une épouse discrète, sage, qui ne prenait pas position ou en tout cas pas ouvertement, contre son époux.
C'est à ce prix qu'elle avait pu revoir ses deux fils Clément et Dorante que Kéridil avait tenu écartés de leur mère, pendant la période qu'il avait jugée comme "indisciplinée" de Della.
Si la joie d'être à nouveau auprès de ses trois enfants réunis avait adouci le sacrifice, il n'en demeurait pas moins que Della vivait cela comme une soumission infernale dont elle n'était pas certaine de sortir indemne !
De plus en plus souvent, on la voyait le regard éteint, recroquevillée sur elle-même, se berçant au rythme d'une mélodie intérieure, muette.
Lorsqu'on lui parlait, on avait l'impression de la sortir d'un rêve éveillé, l'interrogation qu'on lisait alors sur son visage trahissait ce détachement progressif avec le quotidien qui se vivait autour d'elle, mais sans elle.
Elle, épicurienne, ne se nourrissait que de quelques morceaux de pain ou de quelques fruits, délaissant les mets succulents déposés devant elle, boudant jusqu'au Beaumont, ce vin provenant de ses terres chéries.
Il n'y avait pas encore si longtemps, elle priait pour que son époux ne sombre pas dans l'acédie, qui priait pour elle, à cette heure, en voyant ses traits émaciés ?
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C'était le point du jour, le printemps donnait quelques signes avant-coureurs de son retour à travers le ciel dégagé et les rayons du soleil qui se réchauffaient doucement.
Dans le lit de Della, pas d'époux, un fidèle compagnon, un chien qu'elle avait offert à Kéridil et qui avait troqué un maître contre une maîtresse. Elle ignorait le nom que Kéridil avait bien pu donner à ce chien, elle le surnommait simplement "le Chien", en souvenir de ce vieux toutou qu'elle avait eu jadis.
Le Chien leva le nez lorsque Della quitta le lit, aussitôt à ses pieds, il attendait...
Comme chaque matin, la Renarde s'agenouilla sur le prie-Dieu et s'abîma en prières sincères et en longues suppliques.
Est-ce que ce fut le soleil qui brillant sur la croix aristotélicienne, fit étinceler cette lumière qui éblouit la jeune femme ?
Ou était-ce enfin le signe que Della attendait, donné par Dieu lui-même répondant à ses demandes pour la sortir de l'aveuglement et la ramener dans la lumière ?
Quelques instants plus tard, elle ouvrit la porte de sa chambre, le Chien en profitant pour filer, et elle appela ses deux fidèles suivantes, seules témoins de la langueur qui dévorait la Duchesse de Chartres, celle-là même qui autrefois faisait ployer devant elle tous ceux qui osaient la défier.
Clarinha ! Isandre !
Où êtes-vous ?
Venez, vite !
La porte claqua, Della plongea dans un de ses nombreux coffres à vêtements et le retourna méthodiquement.
*Nightwish, Nemo
**Traduction
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