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[RP - flashback] Promenons nous dans les bois...

Alix_alcidie
    [... pendant que le loup n'y est pas*]

Mortecouille!

Le juron n'était déjà pas bien élégant, mais dans la bouche d'une fillette de huit ans, il aurait valu à son auteure quelques coups de lattes bien sentis.

Qu'avait donc provoqué ce soudain accès de vulgarité de la noble et charmante demoiselle Alix Alcidie de Montestier - Alix parce que les noms à rallonge, c'était tellement vieux jeu- dont la bonne éducation faisait pourtant d'habitude la fierté de son père?

Eh bien l'absence dudit père justement, et de toute l'armada qui l'accompagnait usuellement.
Elle avait réussi à se perdre.

Comment?

Tout bêtement. Elle avait mal attaché son poney. Le poney s'était fait la malle. Elle avait voulu le rattraper sans prévenir personne, de crainte de se faire enguirlander. Sauf que le poney avait couru plus vite qu'elle. Et qu'elle se retrouvait au beau milieu des bois, sans monture, sans nourriture et sans... ah zut plus de rime en -ture.

Trop énervée pour réaliser le danger de sa situation, la voilà à errer dans les bois.

Un long moment.

Suffisamment de temps pour se rendre compte que sa situation était franchement déplaisante. Elle risquait, entre autre choix, de mourir de faim, de froid ou dévoré par un loup.
Et à cette dernière idée son inconscient chante bêtement en bouche une vieille comptine dans sa tête.

Promenons nous dans les bois
Tant que le loup n'y est pas
S'il y était
Il nous mangerait...*

Bref, elle commençait un peu à paniquer la fillette, en se demandant comment sortir de ce guêpier.
Fatiguée, elle était sur le point de fondre en larmes quand elle débarque dans une clairière.
Avec une bâtisse au milieu.
De soulagement, elle laisse échapper un cri de joie, et elle accourt jusqu'à la porte, tambourinant comme une possédée de ses petits poings pour qu'on lui ouvre, les habits dépenaillés et les cheveux en bataille.

*parole d'une comptine pour enfants
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Fleur_des_pois
“ Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère. ” *

A dix ans, Fleur-des-Pois n'était pas ce que l'on pouvait nommer une beauté. Elle avait été une très jolie petite fille. Jusqu'à huit ans. Alors ses traits s'étaient étrangement modifiés. Les nonnes la regardaient bizarrement. Un peu de travers. La petite les voyait bien chuchoter entre elles. Et se rendait compte aussi qu'elles se taisaient à son approche. Elle avait donc pris l'habitude de fuir le plus possible le couvent.
De longues heures durant, elle battait la campagne. Ou plus exactement la forêt. Car le couvent de la Sainte-Mère Félécité se trouvait au beau milieu des bois. Le bâtiment était simple, rustique. Pas très confortable. Fleur était obligée de dormir sur une paillasse bourrée de vieux foin qui grattait. Mais n'ayant jamais connu autre chose, la fillette n'avait pas l'idée de s'en plaindre.

Ce jour-là, Fleur était partie cueillir des mûres et ramasser des châtaignes. La poche de son tablier débordait de glands et ses petites mains étaient tâchées par les fruits sauvages. Elle se ferait encore grondé par Soeur Juliette mais Fleur n'en avait cure. Peut-être même serait-elle privée de repas, mais cela ne lui faisait pas peur. En prévision, elle s'était gavée de pommes acides et de mûres juteuses.
Alors qu'il ne lui restait plus qu'une ou deux toises à parcourir avant d'arriver devant la porte, Fleur aperçut une fillette. Chose étonnante. Il n'y avait jamais d'enfants ici. Son nez retroussé se plissa à la vue de l'enfant, accentuant son air de lutin. Intriguée, elle s'approcha à pas de loups. Elle avait appris à être aussi silencieuse que le vent à force de se promener dans les bois.

T'es qui toi ? lança-t-elle abruptement. J't'ai jamais vu dans l'coin.

En fait, elle n'avait jamais vu personne. A l'exception des Soeurs bien sûr. Mais il ne fallait pas donner l'impression qu'elle ne fréquentait pas le monde.


* Montaigne

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® Bann' by SyuSo
Alix_alcidie
La fillette sursauta en entendant la voix derrière elle.
Ce n'était pas franchement de ce côté là qu'elle attendait une réponse à vrai dire.
Elle se retourna craintivement, et se retrouva face à une autre enfant, plus âgée qu'elle, dont les yeux paraissaient lui jeter un regard impitoyable.
Sa peur et son imagination se liguèrent pour inventer aussitôt l'explication la plus plausible à la présence d'une fillette étrange à côté d'une bâtisse au milieu d'un bois infesté de loups. Aucun doute, c'était un repère de sorcières dévoreuse de petite fille désobéissante. Depuis le temps que sa nourrice, lassée de ses caprices, lui promettaient d'être jetée vive dans une marmite avant d'être dévorée par des créatures du sans nom. Voilà donc ce funeste jour arrivé.
Les larmes roulèrent doucement sur ses joues, tandis qu'elle tremblait. Son regard n'osait croiser celui de l'autre enfant, et elle fixait nerveusement ses mains, qu'elle avaient jointes, les tordant nerveusement.

D'une toute petite voix, elle essaya d'amadouer la terrible magicienne.

Je m'appelle Alix. Et je me suis perdue. Et il y a des loups partout.

Et retenant à grand peine ses sanglots, elle poursuivit :

Et je suis sage alors les sorcières elles ont pas le droit de me manger.

Pieux mensonge pour sauver sa vie, qu'elle énonça en fondant en larmes, glissant au sol le long de la porte.
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Fleur_des_pois
Immédiatement la petite brune perçut la peur panique de l'autre enfant. C'était très simple. Elle pleurait. Parlait de loups et e prime de sorcières. Fleur retint un rire. Les Soeurs seraient contentes d'apprendre qu'on les prenaient pour des démons !
Ne restait à savoir qu'une chose. Est-ce qu'elle allait terroriser davantage la fillette ? Ou bien la rassurer ? Ou la laisser en plan et rentrer ? Les trois aspects étaient intéressants. Mais elle ne pouvait pas tout faire à la fois.
Fleur jeta un coup d'oeil énervé au bâtiment. On lui avait appris à être bonne et gentille. Mais Fleur ne se sentait pas l'âme d'être bonne ni gentille.

Néanmoins, elle s'avança de quelques pas. Tout en poussant un gros soupir. La fillette en face était belle. On voyait que ses vêtements étaient en riches étoffes même s'ils étaient âbimés. On voyait sous le tissus la silhouette d'une enfant nourrie à sa faim. Ses cheveux étaient brillants. Et plus que tout, ses traits étaient harmonieux et sa peau blanche.
L'autre jour, Fleur s'était penchée au-dessus de la rivière et avait contemplé son reflet dans l'eau. Sa peau était halée comme les gens qui vont souvent au soleil. Son nez pointu était retroussé. Ses yeux noirs semblaient trop grands pour son visage. Ses cheveux étaient noirs et en broussaille. Fleur avait bien compris en se voyant qu'elle n'avait pas le si joli visage de la Vierge. Et elle s'était mise à pleurer en constatant qu'elle était laide. Elle avait tenté d'effacer l'ambre de sa peau, mais sans succès.
Et sa robe en simple tissus marron n'arrangeait rien.

T'es perdue ? Bah comment t'as fait ?

La chose lui semblait impossible. Parce qu'elle connaissait la forêt par coeur. Comment pouvait-on s'égarer là-dedans ? Fleur secoua la tête, méprisante.

Les sorcières ? Y'a pas d'sorcières ici. On est chez les nonnes. L'couvent d'la Sainte-Mère Félicité.

Puis pour faire bonne mesure et marquer sa supérioté, la brunette lança :

T'es idiote d'penser qu't'es chez les sorcières. D'puis quand les sorcières elles vivent dans des couvents ?

Puis pour atténuer un peu la hargne de ses derniers propos elle tendit les mains en avant.

T'en veux des mûres ? T'veux v'nir dans ma cabane ?
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® Bann' by SyuSo
Alix_alcidie
Fallait reconnaître qu'elle avait été complètement idiote de se perdre comme ça. Et son père ne se priverait probablement pas de la gronder pour sa bêtise.

A cette idée la fillette pleurnicha de plus belle.

Il y avait au moins une bonne nouvelle. Elle n'était pas chez des sorcières, et a priori, les habitantes mangeaient des fruits plutôt que de la chair d'enfant.

Rassérénée par cette idée, elle se calma peu à peu, et sécha ses yeux rougis et son nez avec sa manche, en hoquetant. Se relevant maladroitement, la tête toujours basse, elle interrogea.

Je peux rester avec vous s'il vous plaît?

Pour qui côtoyait régulièrement l'enfant, deux "s'il vous plaît" dans la même journée, traduisaient sans aucun doute le profond désespoir de la fillette.

Enfin maintenant qu'elle savait qu'elle ne risquait de pas de finir rôtie, le naturel reprendrait rapidement du galop.

C'est quoi des nonnes?

Son estomac qui se rappelait à son bon souvenir, l'aida à manifester un peu plus d'assurance :

Et je veux bien des mûres.

Discrètement, elle coula un regard curieux sur l'autre enfant, curieuse de voir où elle cachait les fruits.
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Fleur_des_pois
Fleur jeta un regard circulaire autour d'elle. Ce devait être l'heure de la prière car aucune de ces maudites religieuses n'étaient dans le coin. Mais on n'était jamais trop prudent. D'un mouvement de la tête, la brunette ordonna à l'autre fillette de la suivre. Trottant sur ses petites pattes maigrelettes, Fleur traversa la clairière et s'assit à même le sol à l'orée de l'espace dégagé devant le couvent.

Mets-toi là, fit-elle d'un ton sec.

Elle déversa les mûres qui encombraient ses mains dans le creux de son tablier. Ramassant une grosse feuille elle y installa les fruits juteux.

Prends. C'est bon.

Une fois la chose faite, il ne restait qu'à se servir. Ce que Fleur finit généreusement. Tout en examinant l'égarée en face. D'où pouvait-elle bien venir ? D'où venaient donc tous ses beaux habits ? Autant de questions sans réponses. Le mystère de l'après-forêt. Car Fleur n'avait jamais quitté les bois. Elle n'avait même jamais vu un homme de sa vie, sauf celui accroché dans le couvent et qui avait l'air si triste. La brunette n'avait jamais compris pourquoi il la contemplait avec cet air malheureux. Qu'est-ce qui le faisait pleurer, se demandait-elle souvent.

Les nonnes, c'est les bonnes femmes qui portent un voile sur la tête tout le temps, pis qui font des prières pour qu'le monde il aille mieux. Pis qui chantent aussi, des drôles de choses dans une langue qu'on comprend rien.

Fleur haussa les épaules. Elle ne comprenait pas grand chose à tout cela. Au plus grand désespoir des religieuses, qui espéraient bien un jour la voir prendre le voile. Terme que la fillette ne comprenait pas le moins du monde. Et ne désirait pas vraiment comprendre non plus, d'ailleurs. Aussi pour éviter les offices ennuyeux et incompréhensibles et les remontrances de la Mère Supérieure, Fleur fuyait. N'importe où pourvu qu'elle soit en paix.

Mais moi je pars quand elles chantent parce que je connais pas les paroles. Et pis de toute façon je sais pas trop lire moi. J'préfère aller chasser les fées.

La bouche pleine de mûres, Fleur pencha la tête de côté. Ses grands yeux étaient emplis de curiosité.

Tu chasses les fées toi aussi ? T'en as d'jà vu une ?
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® Bann' by SyuSo
Alix_alcidie
La fillette suivit docilement l'autre enfant, et s'installa sur ses genoux contre un arbre, trop heureuse de s'éloigner de la bâtisse. Elle avait beau dire qu'il n'y avait pas de sorcières, moins elle s'en approchait, mieux elle se portait!

Ses yeux fixaient avec gourmandise les belles mûres, tandis qu'elle s'asseyait sur les genoux.
Elle en prit une, la goûta. Une deuxième. Une troisième. Et puis une poignée entière qu'elle avala goulûment, tâchant de jus ses blanches joues.

C'est bon!

Elle opina de la tête en l'écoutant parler des nonnes, sans bien comprendre ce que cela signifiait. De toute façon, des femmes qui priaient pour que le monde aille mieux, alors que sa mère avait toujours disparu, elles ne devaient pas être très utiles.

Des fées?
Il y en a ici?

Elle se redressa aussitôt sur les jambes. Oubliées les loups, les sorcières la peur et la faim.
Les fées pourraient l'aider elles! Elles la ramèneraient chez elle, elles lui diraient où étaient sa mère.
Tout le monde savait que les fées étaient capables d'exaucer les voeux.

Comment on les chasse?!

Mais apprendre un tel art, cela valait une contrepartie.

Si tu me montres comment on fait, moi je te montres comment bien lire!
Et d'ailleurs, comment tu t'appelles? Moi c'est Alix.
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Fleur_des_pois
Emoustillée à l'idée d'aller à la chasse aux fées, Fleur fourra dans sa bouche une portion énorme de mûres. Le geste rapide, elle ôta les glands de sa poche de tablier. C'était l'un de ses passe-temps favori. Et Fleur était heureuse de le partager avec une autre. Les religieuses lui taperaient sur les doigts si elles l'apprenaient. Mais le jeu en valait la chandelle.
L'offre d'Alix la séduisit également. Apprendre à lire ? Ce serait bien, décida-t-elle. Les religieuses disaient que lire affutait l'esprit. Ces choses-là lui avait toujours paru dérisoire. Affuter l'esprit ! Ce n'était pas un silex. Mais maintenant cela ne lui semblait plus si stupide. Elle pourrait alors tenir un véritable herbier. Avec les noms des fleurs. Comme la Guérisseuse de la région le lui avait appris.
Prenant les choses dans le désordre, Fleur commença par se présenter.

Moi j'm'appelle Fleur-des-Pois. Mais tu peux m'appeler que Fleur c'est plus court.

D'un bond la brunette fut debout. Ses pieds nus chassèrent une feuille qui avait eu l'audace de se glisser en dessous. Là encore, si les religieuses remarquaient ses pieds pleins de terre et d'herbe... Mais la fillette avait encore perdu ses sabots. Et de toute façon elle détestait les porter.

Si tu me suis on en trouvera, des fées. Mais avant faut se préparer sinon elles viendront pas.

Se baissant elle ramassa une branche fine encore couverte de ses feuilles vertes. D'un geste rendu sûr par l'habitude Fleur entreprit de la tordre en couronne, la nouant à l'aide de longues tiges de fleurs assez solides.

Fais comme moi. Et pis rajoute des décorations.


Quelques glands encore dotés de leurs queues furent liés à la couronne. La fillette y ajouta tout ce qui lui semblait assez beau. Plantes, mousse, feuilles, et même un champignon. Puis attendit que sa nouvelle amie en fasse autant.

Dès qu't'es prête on y va !
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® Bann' by SyuSo
Alix_alcidie
Imitant sa comparse, elle entreprit de faire une couronne végétale de ses doigts malhabiles.

Prenant une branche, elle la plia comme l'autre enfant, essayant d'attacher les deux bouts ensemble de ses doigts malhabiles. Une des extrémités s'échappa et vint lui fouetter les joues.

Rosissante, elle reprit son travail, décora rapidement la branche de tout ce qu'elle pu trouver en fleurs, mousses, glands et autres végétaux qui lui passaient sous la main, précairement assemblés entre eux avec un goût plus que discutable.

Elle contempla fièrement son oeuvre, dont elle se coiffa gaiement :

Et voilà! On y va maintenant?
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Fleur_des_pois
L'impatience les gagnait toutes les deux. Fleur pouvait le sentir au ton d'Alix. Mais c'était bien normal, si la fillette n'avait jamais chassé de fées. La brunette se tourna vers sa coéquipière d'un jour. Elle avait des tas de mise en garde à lui transmettre. Mais ne savait trop par laquelle commencer. Se grattant la tempe, la fillette aux pieds nus se tourna vers sa comparse.

Bon, d'jà, faut pas que tu fasses trop d'bruit. Pis tu connais des jolies chansons ? J'en ai inventé une pour elles, faudra que t'essaye de la dire aussi. Pis surtout les attrape pas. On regarde c'est tout.

Se détournant d'Alix, Fleur s'aventura dans la forêt. Elle ne craignait pas les loups. Elle n'en avait jamais rencontré après tout. Bientôt les fées allaient se cacher pour l'hiver, Fleur le savait. Les fées n'aimaient pas le froid, c'était bien connu. Du moins le pensait-elle.
Quittant brusquement le sentier, la fillette s'engagea dans les broussailles. Le plus hardu consistait à éviter les ronces sans faire de bruit ni pousser de cris de douleur. Mais elle était bien décidée à montrer la tannière des petits êtres colorés à sa nouvelle amie. Sa seule amie aussi, d'ailleurs.

Elles cheminèrent pendant près d'une demi-heure avant que Fleur ne lève la main pour ordonner un arrêt. Se jetant littéralement au sol, elle poursuivit son avancée en rempant. Le Coin des Fées était tout proche. Elle porta un doigt à ses lèvres. Puis ne fit émerger que le bout de son museau des taillis. Et là, à quelques mètres, posée sur une fleur mauve... se tenait une Fée.

Regarde, murmura-t-elle à Alix. En voilà une !
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