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[RP] A force de provoquer le Diable on finit par le devenir

Alphonse_tabouret
(Citation d'E.Coke)

Attention, dans ce RP, certaines scènes peuvent choquer la sensibilité des plus jeunes


Quelques avaient passé depuis qu’Annelyse et lui étaient arrivés en Bourgogne, fourbus par les routes parcourues quasiment d’une traite depuis le début de leur excursion. L’Angevine s’était révélée d’une compagnie surprenante, à la limite du délirant parfois, et il s’était plusieurs fois trouvé à poser un regard réjoui sur elle et ses étranges manies qui ne manquaient jamais d’attirer l’attention sur eux, pour son immense plaisir. Il n’avait pas regretté une seule fois d’être parti en balade sur ce coup de tête, car il avait trouvé chez la jeune femme une compagnie plus tendre et plus singulière qu’il ne l’aurait cru. Annelyse lui faisait du bien sans qu’il comprenne par quelle magie elle y arrivait sans y mêler la luxure de la chair. Il la cherchait, la taquinait, osait parfois la menacer d’une main baladeuse ou d’un propos lascif, mais le fauve restait sage en sa compagnie. Cependant, toute chose étant éphémère, cette tranquille indolence vola en éclat sitôt les portes de la ville franchies, y trouvant en son sein de quoi le faire rugir jusqu’à en démanteler sa cage sans aucune demi mesure.

Il avait croisé Quentin lors de son premier soir en ville, et en était resté saisi, autant de surprise qu’à cause de l’érection naissante qui avait empli ses braies à sa simple vue, remarquant avec un frémissement qu’il connaissait bien, son corps entier s’animer doucement des retrouvailles à venir. Mais lui qui pensait avec un appétit d’ogre, pouvoir assouvir cette fièvre brutale que l’anglais ne manquait jamais de susciter chez lui, avait dû composer avec une réalité bien différente. Quentin s’était loué à la semaine, et la mégère qui s’offrait ce luxe ne laissait que peu de mou à son courtisan, en fine connaisseuse. Il respectait le travail de l’anglais et avait laissé filer le cours des choses avec toute la nonchalance dont il était capable, relativisant sur le désir et son paroxysme, noyant son envie sous des déluges d’alcool et à quelques jupons pour passer le temps. Le jeune homme se targuait souvent d’être libre, sans attache, et cela était vrai, dans le cadre de quelques exceptions, mais il s’était agréablement voilé la face dans ses bonnes résolutions et s’était amplement conforté par ses convictions les plus profondes.
Sur n’importe qui d’autre cela aurait marché, mais Quentin n’avait rien de commun avec les autres, pour le plus grand plaisir de son corps et de son âme entière. Le goût unique du feu se déversait sur chaque parcelle de sa peau quand leurs corps se liaient venant chercher quelque chose d’instinctif en eux, une sorcellerie des sens qui n’était jamais démentie et jamais repue. Le gout unique de Quentin le mettait en transe. Ces trois jours durant lesquels il n’avait pu que gouter à ses lèvres et tressaillir sous ses mains volontairement indécentes dans l’ombre d’un couloir, à l’abri du regard des autres, avaient lentement ravagé sa volonté et dans la nuit de la troisième soirée, elle s’était définitivement faite la malle avec ses bonnes résolutions. Alphonse voulait Quentin et maintenant, sa peau sur la sienne, sa bouche à sa bouche, son bassin à ses reins, son extase contre la sienne.
Vexé, agacé, affamé et assoiffé, le fauve avait lentement acéré ses griffes et ne désirait plus que bousculer son amant jusqu’à l’en faire exploser et il savait parfaitement comment s’y prendre. Dix ans d’une fougue totale et abandonnée ne vous laissaient pas sans souvenirs et sans savoirs sur l’autre, et s’il l’alchimie fonctionnait dans un sens, elle valait dans l’autre car le flamand savait parfaitement ce qu’il provoquait chez l’anglais. Nul besoin de force pour appâter Quentin, il fallait au contraire sublimer sa colère ; devenir sa proie, et c’était dans la provocation la plus franche qu’il y arriverait.

Le lendemain, il se fit volontairement absent tout la journée, et n’apparut qu’à la tombée de la nuit pour rejoindre la tablée de la taverne. Jouant d’habitude du statut d’amis d’enfance pour se permettre quelques contacts faussement anodins, ou des rapprochements privilégiés, il se contenta de presser une main rapide sur l’épaule de l’anglais avant d’aller s’assoir à côté d’une jeune femme délicieusement extravertie sur laquelle il s’attarda longuement, se désintéressant du reste du groupe, lui confiant plusieurs choses à l’oreille qui la firent glousser sur sa chaise sans aucune discrétion. Il ne recula devant rien pour provoquer lentement mais sûrement l’anglais, funambule sur le fil des sous-entendus concernant son métier, ses penchants, jusque dans les regards qu’il posait sur lui, dangereusement concupiscents, aiguisant le courroux de Quentin, et même si celui-ci n’en montrait rien, il était des signes qui ne le trompaient pas. Lorsque la cliente les quitta pour ses affaires en donnant rendez-vous à Quentin pour l’heure suivante, Alphonse s’appliqua à ravaler le sourire jubilatoire qui lui venait et réattaqua, fatal, en n’accordant son attention qu’à la demoiselle pendant la demie heure suivante, allant jusqu’à la raccompagner dehors sous un prétexte idiot.

Elle s’éloignait enfin dans la rue et il essuyait d’un revers de pouce une trace abandonnée de rouge à lèvres qu’il sentait à la commissure des siennes, lorsque la porte s’ouvrit dans son dos, découvrant l’anglais, magnifique et plus désirable que jamais dans cette apparition à contre-jour. Son regard s’attarda délibérément sur le cou de son amant, chair blanche dont il aimait tant se repaitre, puis à son oreille à laquelle il aimait tant alterner le ton de ses propos, provocateurs ou doux, obscènes ou transis, et retint cette envie violente qui le poussait à tendre le bras pour le toucher, pour s’asservir avec boulimie au sentiment de plaisir assouvi qu’il lui évoquait. Cette soirée passée à l’éviter avait été épuisante, mais le sourire vint à ses lèvres, spontané, momentanément repu de ne l’avoir enfin que pour lui, espérant que ses yeux ne le trahissaient de trop, sachant qu’ils portaient en eux son désir le plus brûlant.

-Tu y vas? demanda-t-il simplement pour la forme, un sourire narquois aux lèvres. Tu permets que je te raccompagne ? J’ai des choses à faire dans le centre. Sans attendre spécialement de réponse, il lui emboita le pas, frôlant volontairement son épaule au fil de la route qu’il prenait, réjoui de la tension exaspérée qu’il sentait envahir Quentin, prêt à en subir les foudres avec la plus grande délectation.
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Quentin_locke
Vivre la nuit et dormir le jour, la vie de courtisan n’avait rien de classique et de reposant et si tant est que l’on désire profiter du monde extérieur, il fallait bien se sacrifier et se priver de quelques heures de sommeil. Et Quentin était de ceux qui malgré les difficultés et la raideur de ses traits préférait côtoyer la chaleur de l’astre pour rencontrer de nouvelles conquêtes, hors du Boudoir.

C’est donc après une soirée ardente au bordel que l’anglais regagne sa chambre à l’auberge. Il retrouve ainsi ses habitudes et profite de quelques instants pour parfaire sa toilette et se reposer.
Le réveil s’annonce difficile et pourtant, c’est paré d’un sourire au coin des lèvres que l’anglais regagne la place du village afin de parfaire son rôle d’amant. Même si le brun ne pouvait encore se glisser dans la peau d’un homme lambda, loin des avances hypocrites et de ces promesses que seul l’argent achète, il sait qu’une fois sa cliente servit, il saura de nouveau libre.

D’ailleurs, cette cliente du nom de Catherine l’attendait patiemment au lieu de rendez-vous. C’était ce genre de femme qui totalement esseulée et délaissée par son mari se vengeait en douce en se servant de la fortune de ce dernier pour se payer un amant à la semaine. En somme, c’était donc sept jours entier à ses côtés, à être l’amant et l’homme attentionné qu’elle n’a jamais eu. En effet, son mari néanmoins jaloux de ses absences, préférait de loin l’appât du gain au bien être de son épouse et l’honorer relevait d’un devoir conjugal plus contraignant que plaisant.

Quentin s’avance donc jusqu’à elle et sa main s’enroule doucement autour de sa taille. Quelques murmures rassurants sont glissés à son oreille et un baiser délicat se dépose à la commissure de ses lèvres. Par cet échange de bon procédé, le courtisan récupère sa fortune qui pèse désormais dans sa poche et la cliente quant à elle savoure pleinement la présence rassurante de l’anglais. Le temps passe ainsi, entre baisers, murmures, visite de la place, des boutiques alentours et quelques attouchements qui n’ont pour but de ne faire tressaillir que la cliente.

Toutefois, c’est au détour d’une ruelle que l’anglais malgré lui, frémit. Ses mains deviennent alors subitement moites et ses yeux se plissent afin de contempler les formes et le minois de celui qui trouble son affaire. Néanmoins ce n’est point le mari qui les observe ainsi avec insistance, mais bel et bien Le flamand. Le sourire de Quentin s’étire alors avec sincérité et ses sens déjà subissent l’émoi. Son unique savait le surprendre et sa visite ici lieu restait une véritable stupéfaction.

Néanmoins, impossible pour lui de quitter les doigts gracieux de la cliente et son étreinte afin de rejoindre dans l’immédiat son amant. L’anglais est donc contraint de garder son mal en patience. Alphonse paiera donc cette frustration au prix de baisers ardents, de morsures passionnées et de coups de reins effrénés.

D’ailleurs, ce dernier ne perd pas une miette du spectacle offert par l’union de Catherine et Quentin et c’est avec malice et sadisme qu’il s’invite lui aussi dans la taverne où la cliente à ses habitudes. Accompagné, le Flamand joue de ses charmes et irrite déjà l’esprit de l’anglais tant est si bien que le courtisan peine à offrir à sa douce toute l’attention qu’elle mérite.
Un duel s’établit donc par ce jeu de regards, de murmures pervers et de caresses assumées et débridées afin que les deux amants perdent patience et que leurs retrouvailles soient aussi piquantes que saisissantes.
Ainsi occupés tous les deux à choyer et à séduire leur conquête, ils ne peuvent toutefois s’empêcher de succomber à l’envie de s’échanger quelques regards qui en disent long sur ces années de passion charnelle.

Toutefois les bonnes choses ayant une fin, il était temps pour la cliente de retrouver son époux ne serait-ce que pour la forme. En réalité, son retrait était l’occasion pour Catherine de trouver une excuse pour rassurer son mari sur son absence de la journée et sur celle qu’elle aura, pendant la nuit. En résumé, une heure de répit pour Quentin et une heure de tourment pour le flamand.
Néanmoins, ce dernier ne l’envisage pas de la même manière et c’est avec audace et culot qu’il gaspille une demi-heure de ce temps si précieux en restant aux côtés de cette donzelle.
Mais enfin, cette dernière est relâchée dans la nature et c’est avec assurance qu’Alphonse vient le quérir. Espiègle et farouche, Quentin ne pipe pas un mot et se dirige vers la sortie afin de conduire son amant dans une ruelle silencieuse et isolée. Alphonse frôle son épaule volontairement et signe ainsi le début des hostilités. A trop vouloir provoquer les sens, on s’y noie.

Guidé par ses tensions, ses frustrations qui ne demandent qu’à être assouvies, Quentin vient saisir le visage de son amant. Sa bouche s’empare de la sienne et le baiser se fait intense et fulgurant. Le bas ventre qui déjà brûlait d’envie, s’embrase littéralement au contact humide de ses lèvres. Des semaines qu’il n’avait pas vu son amant et que tout ce désir s’était accumulé en lui au point de devenir insoutenable. Ainsi, le désir s’était transformé en frustration et la frustration en rage et en jalousie. Mais enfin, le temps était à eux et Quentin avait assez de rancœur et d’envie pour ne pas laisser Alphonse sortir indemne de cette ruelle.

Le corps de l’anglais vient d’ailleurs se plaquer contre celui de son amant afin d’épouser ses formes et sentir ce renflement gonfler sous la tension. Le souffle se fait court, les braies ainsi tendues finissent par le mettre à l’étroit et pourtant, Quentin en demande toujours plus. Le désir se fait incandescent, ses mains viennent presser la chair d’Alphonse pour les glisser finalement vers cette source, vers cette intimité qui sera bientôt sienne. Ses lèvres viennent se poster contre son oreille et le murmure tombe, vibrant d’envie et d’adrénaline alors qu’il fait plier l’échine de son amant.

Il est temps de te faire pardonner pour ton audace Alphonse…

D’un geste, l’anglais retire le lien qui prive la bouche du flamand de son vit…La sanction est tombée.

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Alphonse_tabouret
Le regard déterminé de Quentin le transperça et il se rendit compte, agréable blessure d’orgueil, qu’il n’y avait pas que son désir de l’anglais qui l’avait piqué, mais le manque de lui, là, présent sous cette couche épaisse et noire de frustration. Affreuse chose que de se rendre compte que la chaleur seule ne rassasiait pas, que c’était Sa voix, Ses gestes, Lui tout entier avec cet absolu insolent qui avait l’art de le perdre. Aiguisé, vaporeux sur le chemin emprunté vers cette ruelle où il devinait les tourments qu’il était venu demander à grand renfort de morgue et d’audace, Alphonse se nourrissait avidement de cette joie pleine et égoïste d’accaparer l’attention de son amant, enfin.
Enfin, c’était exactement le mot, mélange d’assouvissement et d’impatience. Cette urgence qui l’avait ravagé dès qu’il l’avait vu, allait enfin trouver un exutoire et il jubilait, à tel point que le sourire qu’il affichait ne le quittait pas et qu’il ne songeait même plus à le dissimuler. A quoi bon ? Pouvait-il seulement de dissimuler quoique ce soit à Quentin ? Sa chair en était incapable, ses sens s’embrasaient trop à son contact précieux pour qu’il essaye de les maitriser. Déviant, à s’en damner pour son Anglais, assumé, volontaire, Quentin était à la fois sa Muse et sa Némésis : Son Autre. L’accord tacite de leurs corps trouvant à se repaitre avec une telle osmose avait scellé un pacte dont ils taisaient les codes mais dont ils n’étaient pas dupes malgré leurs âmes bouffies de fierté, en quête d’un ailleurs qu’ils consumaient à chacune de leurs retrouvailles. Alphonse avait atterri dans bien des bras féminins ou masculins, heureux privilégié pour qui le sexe n’était qu’outil de plaisir ou d’oubli, et non pas de travail quand bien même ses attitudes le faisaient passer pour tel, et cela avait toujours été avec sincérité, une envie réelle, mais à aucun de ses bras il n’avait cédé l’abandon totalitaire où les mots les plus tendancieux savent être doux. Pas un n’éveillait en lui cette joie pleine à être consumant ou consumé, et ne lui donnait envie de ployer avec une dévotion démesurée.
Si les femmes s’étaient permis de bousculer sa vie ces derniers temps, à cheval, sous un loup noir ou en dansant, tout le réconfort du monde était désormais à portée de main, dans la douce arrogance du courtisan.

Dans la ruelle sombre, aux heures froides de la nuit, le frôlement de son épaule sonna le début des hostilités comme il l’avait espéré, et sitôt l’obscurité les enveloppant, la punition tomba.
L’empoignade de Quentin le transit jusqu’à la moelle et lorsque sa bouche furieuse vint prendre la sienne il y répondit par toute la voracité de son courroux. Chaque moment qu’il avait passé avec cette insupportable bourgeoise serait facturé, chacune de ses insolences à braver Quentin serait payée rubis sur l’ongle et sans la moindre protestation. Alphonse avait provoqué le fauve et l’avait trouvé, ce n’était pas pour lui échapper. Ses mains s’agrippèrent au cou de son Anglais dans une danse titubante où leurs corps se heurtèrent, fouillant l’un contre l’autre à la recherche de ce besoin à absoudre alors que son souffle désordonné répondait au sien, féroce, brusque. Le contentement d’être dévoré cru fourmilla dans toute sa chair et la Bourgogne s’effilocha sous les brulures de ces baisers ardents, prémices de la folie qui s’insinuait en lui, car plus rien ne comptait d’autre que ces mains possessives venant se l’approprier, que cette odeur suave à laquelle se mêlait discrètement le parfum de Catherine, aiguisant la frustration du flamand, sa colère toute entière, sa soumission la plus fautive… il donnerait tout pour que ce soit son odeur à lui sur ce corps-là.
La ruelle n’existait plus, la ville n’existait plus… il ne restait du monde que ces deux corps embrasés, butant l’un sur l’autre dans une étreinte bannie des bonnes mœurs, incandescente et lancinante sous le poids de leurs envies. Entravé déjà par leurs caresses animales, il accusa l’impatience de Quentin dans un frémissement délicieux, les pierres froides du muret dans son dos et y répondirent en accrochant de ses doigts tour à tour sa hanche, son bras, son cou dans le chaos de sa respiration.
Noyé sous les émotions vives de son corps qui ne lui appartenait plus, qui était déjà soumis aux affres de la vengeance anglaise, il se perdit dans un sourire heureux, étrangement béat, léger, où tout avait une place, bien loin du paradis solaire. Qu’importait la damnation si c’en était le tarif, il en était fermement convaincu depuis ce jour où Quentin l’avait pris pour la première fois, où leurs jouissances mêlées avaient rompu toutes les conventions d’usage. Nul courtisan, nul client, juste deux amants. Le seul, l’unique, celui à qui il offrait la véracité du vocable : Quentin.

Dominante la main de l’anglais glissa à ses épaules pour appuyer dessus, le forçant à plier sous le mouvement, à poser un genou à terre, à hauteur du renflement indécent auquel il s’était réchauffé quelques instants auparavant quand ses mots finissaient de lui irradier les tympans.


Il est temps de te faire pardonner pour ton audace Alphonse…

Il la bénissait cette audace, celle qui avait affamé Quentin au point de lui faire perdre la raison, celle qui de bourreau le faisait devenir victime, et de victime, devenir encore Bourreau, sans interruption, car à cet instant ci, l’un et l’autre étaient redevenus d’abominables tortionnaires, odieusement égaux dans le choix de leurs armes, de leurs envies débridées, de leur façon de les dompter. Nul besoin de mots, de réponse… la plus grande des insolences était de venir prendre, affamé qu’il était cette punition qui n’en était plus une. Ses doigts finirent le travail de Quentin avec empressement et il vint embrasser avec dévotion le ventre de son Anglais quand ses mains s’insinuaient dans la chaleur moite et étriquée de ses braies pour en saisir toute l’opulence.
Sa bouche en affleura la longueur, sa langue enroba lentement la pointe, les papilles en émoi à ce gout de sel, sentant son désir pulser dans son ventre qui s’embrasait aux souvenirs qu’éveillait cette saveur chez lui. L’envie de le torturer un peu en jouant de ses doigts, s’empara de lui et tandis qu’il menaçait de cloisonner dans la chaleur de ses lèvres l’heureuse sanction de son maitre, ils vinrent provoquer l’Anglais de caresses équivoques mais jamais intrusives, veillant à affamer ses sens sans les contenter. Allant et venant avec une lenteur de gourmet qu’il savait déraisonnable, une dextérité d’esthète à frôler sans jamais prendre, dans la prise ferme de sa dextre, les lèvres badinaient avec ferveur sur la chair tendue et frémissante de son amant, luttant pour ne pas le soumettre à des attentions plus franches.

Ce que voulait le flamand à retarder l’ordre implicite ? Sa perte, sans nul doute, mais exaltée, Quentin en bouche, seul cela comptait.

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Quentin_locke
Le souffle se rompt, s’étouffe et ses yeux avides dévorent, suivent les doigts du flamand qui avec empressement le débarrasse de ses braies pour enfin libérer son vit et le laisser roide et frémissant face à la froideur de l’obscurité. Le sexe en feu, les pensées en ébullition et la peau moite d’envie, l’anglais laisse échapper un râle profond alors que la langue experte de son amant vient au contact de sa chair. L’effleurement est si foudroyant, si saisissant et délivrant que la chaleur renvoyée par son bas ventre ébranle ses tempes et emprisonne avec force la pulpe de sa lèvre. Muselé, haletant l’anglais égorge ces plaintes qui risqueraient à coup sûr de trahir leur dessein.

Sa main fébrile vient alors se glisser dans la chevelure d’Alphonse pour l’empoigner sèchement, néanmoins, le dominant peine à assurer son emprise sur celui qui avec le temps et l’expérience aura su apprivoiser et asservir son vit comme aucun(e) autre.Toutefois, le courtisan ne peut supporter plus longtemps cette attente, ce supplice que lui inflige la bouche et la dextre de son amant et c’est alors que son bassin s’avance, quémande son dû jusqu’à ce qu’enfin, les lèvres du brun viennent épouser sa base. Le visage alors prisonnier de sa poigne, son vit pleinement enveloppé par cette chaleur humide, l’anglais s’exalte et abandonne quelques gémissements rédempteurs.

Soudain, attisé par cette mise en bouche Quentin devient l’esclave de cette fièvre qui le pousse d’un geste nerveux et sec à relever le flamand pour mordre avec avidité ses lippes et à marquer ces reins de ses doigts.
Puis, c’est avec le souffle court et les muscles tendus que son amant est retourné face contre mur.
Finalement, une fois les braies de ce dernier descendues avec empressement, l’anglais laisse alors à Alphonse tout le loisir d’apprécier l’intensité et la dureté de son désir.
En effet dans cette union singulière, la douceur et la candeur ne sont pour eux que des artifices simulés et seul le désir primaire ainsi que ses conséquences sont signes de sincérité. Alors après tout, qu’importe pour ces sodomites qu’ils soient vu et entendus car le danger est un orgasme à lui seul.

Le corps de l’anglais se plaque alors contre celui de son flamand pour en savourer toute la chaleur et l’étroitesse. Enivré, transporté par cette cupidité, les soupirs de Quentin s’échouent contre la peau salée de son amant alors que ses reins, quant à eux s’activent afin de le posséder entièrement et de lui infliger la punition qu’il mérite. L’une de ses mains d’ailleurs s’agrippe à sa taille afin d’accentuer ses coups de bassin et d’assurer sa prise tandis que l’autre reste noyée dans sa chevelure afin de conserver son visage vers l’arrière, tout près du sien. C’est alors que mêlé à un soupir, un murmure se fond jusqu’à l’oreille de son amant…

C’est….un plaisir….de te retrouver mon Alphonse… et un autre…de constater…que ton fessier n’a subi que mes assauts…

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Alphonse_tabouret
Quentin qui gémit de plaisir, Quentin qui souffre de plaisir, Quentin qui ne tient plus son plaisir, Quentin qui supplie dans le silence de ses mots, dans le tohubohu de ses gestes… Il n’était pourtant pas bien compliqué parfois, le sens de la vie.

Si les doigts d’une femme dans ses cheveux avaient toujours eu le don de le contrarier, rappelant à vif ses heures silencieuses passées à attendre dans le salon d’un bordel que son père finisse ses besognes, il en était tout autre de celles des hommes, souvent moins tendres, qu’il supportait déjà mieux. Mais celles de l’Anglais le mettait au supplice tant il sentait dans la poigne dominante qu’il y mettait, tout le fragile abandon du bourreau à sa victime. N’était-ce pas au fond dans cet empressement absolu et impératif qu’on trouvait le plus délicieux des messages ? Cette incandescence qui poussait les doigts de Quentin à réclamer son dû avec plus de hargne, à solliciter sa bouche jusqu’à se sentir si bien engoncé que le râle coulant de sa gorge vibra dans la ruelle toute entière, c’était le péché mignon du jeune homme. Bien sûr qu’il aimait lui aussi faire ployer Quentin, l’enchainer dans les apparences, savourer sa bouche le prenant goulument épris de ses ordres, se pencher à ses reins et peser à son dos avec la plus joyeuse des luxures, mais les rôles n’étaient qu’apparences, seule comptait la substance.

Doucement lové dans cette étreinte que l’anglais forçait, que le flamand donnait, assujettit appliqué aux mouvements imposés, les gémissements de Quentin comme autant de caresses à son corps bouillonnant, choyant de tout son savoir la gâterie qu’il avait en bouche jusqu’à ce qu’on l’en prive. Engourdi, ramené au mur, il accueillit le baiser de Quentin dans un gémissement d’enfant à qui l’on retire son jouet, s’affola sous les crocs qui imprimèrent ses lèvres, y répondit par un baiser plein, sauvage et bref avant de suivre, enchainé à ses passions, le geste menant à le retourner. La fraicheur du mur s’imprima violemment à sa joue fiévreuse, fer rouge d’une réalité abstraite qui lui avait échappé dès qu’il était devenu proie, et en équilibre sur le fil ténu du monde qui les entourait, les tempes battantes au son de leurs respiration complètement hachées, ce fut la raideur nette de Quentin à son dos qui le tira de ce charivari de sensations floues, lancinantes et désordonnées, le plongeant dans une autre, bien plus acide, bien plus démente…
Un gémissement de supplicié mené à l’extase lui échappa et passa ses lèvres quand il accueillit son amant entre ses reins, supportant à ses oreilles, le chapelets de soupirs rauques qu’il poussait dans sa possession, luttant pour qu’ils ne l’enflamment pas plus encore, retenant déjà cette envie primaire d’atteindre le plaisir là de suite, maintenant. Soumis avec ferveur à ses doigts qui l’empoignaient pour s’accaparer son profil, à cette main qui s’agrippait à lui, il accusa chaque coup de rein dans une exclamation mordue, ployant son corps pour accompagner sa punition avec sa volonté la plus avide. Transpercé de plaisir, le ventre tendu et frémissant, il agrippa ses doigts dans les pierres humides et serra des poings, jugulant les sons qui montaient à sa gorge comme autant de "oui" ne demandant qu’à enrober Quentin dans sa toute puissance, dans l’abandon total de sa domination , le pousser à la faute, et lui offrir, dans sa jouissance, son rôle de victime .
Sa tête maintenue en arrière, offrant la ligne de son cou en pâture à son amant, et son oreille au poison délicieux de ses mots, il frémit sous le chuchotis qu’il lui confia

C’est….un plaisir….de te retrouver mon Alphonse… et un autre…de constater…que ton fessier n’a subi que mes assauts

Il ne savait pas ce qui le débridait le plus… La voix voilée, entrecoupée, outrageusement débordante de plaisir… son prénom peut être ainsi murmuré au creux de l’étreinte par la voix de son amant… Ou bien l’emploi du possessif, car lui qui se débattait si fort avec la liberté, n’en laissait l’usage qu’à Quentin… ou peut être juste cette pointe de satisfaction qu’il sentait dans cette provocante remarque… Alphonse ne donnait ses reins qu’à son Anglais, il prenait ceux des autres, et si diverses expériences l’avaient parfois amené à la transgression, cela faisait quelques années désormais qu’en effet, ils n’étaient plus que ferveur à son Anglais.

-Qui d’autre… pourrait les prendre… avec autant… de dévotion… répondit-il avec toute l’insolence dont il était encore capable, à deux pas du gouffre exquis d’une jouissance brutale quand celle de Quentin le menaçait de sa bestialité. Sa respiration blanchie par l’heure froide de la nuit s’évaporait en petits nuages voilés dans l’ombre de la ruelle, dans le bruit mat de leurs corps allant et venant, exultant dans leur frustration assouvie, dans ses retrouvailles trop tardives qui menaçaient désormais le monde des bonnes gens d’une absence totale de retenue. Les minutes s’égrenèrent follement, arrachant de plus en plus rapidement Alphonse du sol, le sexe lourd et tendu, grisé par cette vague violente qui montait en lui, par les assauts de moins en moins maitrisés, de plus en plus aiguisés, de Quentin qui menaçaient de les foudroyer dans une libération proche. Il tourna sa tête maintenue vers son amant dans un regard où le feu et la braise mélangeaient douceur et caprice, tendant ses lèvres vers les siennes.
Jouir en l’embrassant, c’était là la dernière volonté du condamné.

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Quentin_locke
Son unique pêché avait le goût de l’adrénaline, de la testostérone et du désir mêlé à l’odeur âcre et attrayante de la sueur. Et ses doigts enserraient fermement chaque parcelle de peau de ce mâle afin que s’il doive être damné, qu’il le soit entièrement et que ses ongles et ses doigts crispés gardent la preuve flagrante de son crime pleinement consommé et que son souffle à jamais reste transcendé, coupé, essoufflé par ce plaisir qu’il prend une fois engouffré dans le plus étroit des étaux. Son vice était là, embrassé à pleine bouche, en proie à des coups de reins passionnés et le plaisir qui submergeait l’anglais n’avait d’existence que par cette union fulgurante et masculine. Il aimerait être logé en son sein pendant des heures à savourer ces vagues de plaisir qui l’assaillent sans jamais le troubler comme le plus dangereux et le plus addictif des manèges, à récolter chaque perle de sueur qui longe sa nuque tout comme il dégusterait avec gourmandise le nectar précieux d’une femme échauffée, à mordre et à désirer à pleines dents chaque muscle tendu par le plaisir qui les animent car ce corps est pour lui une attraction qui dépasse la raison et qui l’électrise depuis des années.

"Qui d’autre… pourrait les prendre… avec autant… de dévotion."

Toutefois, un tel désir n’a de limite que celle du corps, c’est une essence qui justement à être trop contenue finit par l’engouffrer et l’étouffer jusqu’à ce qu’il sente son vit implorer la délivrance. Ainsi, c’est à travers un ultime baiser que l’anglais s’abandonne et se laisse frapper par cet ultime fléau, le soupir rauque se perd alors comme un dernier affront et sa main lâche enfin ces hanches pour venir retourner son amant et cueillir de ses lèvres avides, le fruit de ce mal encore chaud. Un dernier moment pour le goûter, pour l'aguicher et pour retarder l’inévitable.

Aucun vit ne vaut le tien..Une fois sorti des griffes de cette mégère, rejoins-moi dans ma chambre, je te veux à mes côtés pour la nuit.

Au cœur de la ruelle, le temps et la réalité reprennent leurs droits. Les tensions sont apaisées et le souffle encore pantelant, Quentin s’applique pour se donner une apparence convenable.La cliente n’allait pas tarder à revenir et l’amie d’Alphonse ainsi que sa tante seraient bientôt des leurs. D’ailleurs, à cette pensée qui l’incommode, l’anglais peine à s’écarter du corps d’Alphonse. Cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas donnés ainsi et après toute cette attente et ces semaines de séparation où chacun reprenait sa vie, le goût d’une nouvelle absence devenait insipide. En effet, alors qu’il se doit de reprendre ses esprits et regagner l’auberge, son sexe palpite encore de cette étreinte et sur ce dernier reste gravé la pression du plus fulgurant des étaux, il porte la saveur d’un "encore" qui de par ses obligations de courtisan ne sera pas assouvi cette nuit-là.

A regret donc Quentin s’éloigne de lui pour mettre à mal cette aura d’attraction et les pas qui les mènent vers l’auberge se font dans le silence alors que, leur corps et leurs pensées quant à eux sont toujours animés par la luxure et la dépravation. D’ailleurs, leurs regards échangés bien que solennels se peignent d’une lueur de malice et de provocation tant et si bien que l’anglais peine à cacher ce sourire espiègle et vorace et c’est d’un geste mesuré et provocant qu’il vient du bout de son pouce nettoyer la commissure de ses lèvres. Une audace qui toutefois, aura eu le temps d’être perçue par les deux comparses qui les attendaient non loin du point de rendez-vous. Quentin reste droit et fier de son geste même si l’inquiétude le ronge légèrement. Se douteraient-elles de quelques choses ? Ou seule Cyrielle serait apte à comprendre ce geste qui en dit long ?

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Alphonse_tabouret
Chaque coup de rein prenait un gout de paradis, chaque halètement de Quentin sonnait comme la voix d’un ange, chaque pression de ses doigts l’emmenait vers cette adoration fervente où il se laisser sombrer, englouti, fébrile, à vif dans cette étreinte où la violence avait le gout du miel, et la luxure celui de la vie. A l’orgie de la soumission, se succéda celle de l’absolution. A la suite du soupir rauque de l’anglais qui à lui seul aurait pu l’extasier, le flamand savoura le dernier round de ces retrouvailles, quand, sans lui laisser le moindre répit, son Anglais le retourna pour s’agenouiller devant lui. Tyrannisé et désormais tyrannique ce fut la dextre d’Alphonse qui prit possession des cheveux bruns qui ondulaient à ses hanches quand la senestre venait emprisonner la nuque de sa paume brulante, et que son regard voilé se perdait sur cet homme qu’il désirait tant, sur l’objet de cette folie dans laquelle il sautait à pied joints avec une inconscience presqu’imbécile. Son souffle qu’il ne cherchait plus à ordonner s’entrecoupa, de plus en plus frénétique, jusqu’à s’interrompre dans un cri étranglé d’une jouissance pure, innocente tant elle était naturelle, engloutie dans la bouche anglaise, palpitante à cette langue adorée. Ses doigts relâchèrent presque à regret cette ultime étreinte et l’anglais par la même occasion. Cotonneux, chancelant encore, perdu dans l’odeur de son amant, un sourire confus et satisfait aux lèvres, sous-jacent d’une faim tout juste repue, de cette envie toujours incandescente de son corps au sien, de son inébranlable passion que le temps n’avait jamais su déliter, Alphonse se laissa porter par le murmure.

Aucun vit ne vaut le tien...


Les mots se bousculaient dans la tête du flamand, et s’il avait été moins sonné, peut-être aurait-il pu interrompre son amant pour lui chuchoter que l’extase n’avait ce goût là qu’avec lui mais, agréablement balloté il se contenta de passer la pointe d’une langue gourmande à ses lèvres asséchées en guise de réponse

Une fois sorti des griffes de cette mégère, rejoins-moi dans ma chambre, je te veux à mes côtés pour la nuit.

-Oui, oui,
répéta-t-il avec empressement, touchant déjà du bout des doigts cet unique privilège dont le gratifiait Quentin, ce bonheur étrange qu’était une nuit entière dans son lit. Lui, si prompt à déserter une couche dans laquelle il s’était égaré là où Quentin ne laissait personne approcher de la sienne, y trouvait un refuge unique dans lequel il s’abimait sans scrupule, au chaud d’un bien être qui n’était vraiment moelleux que là. Il s’y repaissait de chaleur de son amant, de son odeur parfumée de sommeil avant qu’elle ne soit corrompue par le parfum de sa riche clientèle, du gout tiède de sa peau encore engourdie, de cette façon qu’il avait de se prélasser contre lui, de venir chercher encore hagard la caresse de ses mains, et de cet espace où tout était permis : les sévices les plus ludiques, comme la plus grande tendresse… Un lieu où rien d’autre qu’eux n’avait d’emprise.

Lentement, les bruits nocturnes reprenaient leurs droits, dans le froissement de ses braies remontées, des cordons que l’on lace, la ruelle perdait de son écrin de stupre pour reprendre celui insipide d’une simple allée pavée. Le temps suspendu reprenait son court, les distances entre eux, leur nécessité.
Combien de temps avaient ils passé là, il était incapable de le dire, mais il se dirigeait lui aussi silencieux, un pied encore dans ce passé frais, doucement étourdi, les yeux perdus sur les reins de Quentin tant qu’il pouvait encore se le permettre, sentant déjà palpiter dans son ventre ce futur qui ne manquerait pas de s’exaucer. Rejoignant la rue délaissée plus tôt, il s’arrêta à ses côtés, croisa son regard sans pouvoir s’empêcher d’y délayer une once de provocation, une étincelle d’insolence, un sourire vaguement goguenard, satisfait d’avoir trouvé ce qu’il était venu chercher. Ce fut un rire, léger, d’habitude rare mais auquel Quentin avait tous les accès, qui lui échappa quand son amant passa un pouce à la commissure de ses lèvres avec cette pointe de morgue et de complicité qui lui réchauffèrent les entrailles, jusqu’à ce qu’il le sente se raidir imperceptiblement, et que, tournant la tête dans la même direction que lui, il ne trouve Annelyse et Cyrielle à quelques mètres d’eux.
S’il ne lui fallait d’habitude qu’une fraction de seconde pour revêtir son costume le plus indolent et s’amuser volontairement des faux (vrais) semblants, la sauvagerie de leur étreinte résonnait encore sur tout son corps, et le jeune homme, le nez dans ce parfum capiteux, dut prendre une seconde ou deux avant de se reprendre, ses yeux glissant de Cyrielle à Annelyse, cherchant dans leur regard ce qu’elles avaient vu, et pire, ce qu’elles avaient compris.

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Annelyse
        « Faut le voir pour y croire. »


.. On emploie cette exclamation pour commenter un événement extraordinaire, incroyable, impossible, difficile à croire, inexprimable. Bref. Complétement invraisemblable. On estime que la vue est un critère sûr pour authentifier un fait. Et pourtant parfois cela ne suffit pas et il faudra que ce "dicton" soit appuyait pour en être convaincu, du moins dans la vie d'une jeune Dénéré.


Les jours Bourguignon étaient plutôt calme dans l'ensemble. Elle avait raté de peu la belle et sulfureuse italienne, Rodrielle à qui elle portait une affection particulière malgré leurs séparations un peu brutal aux Rosiers, elle était déçue certes, mais la vie était ainsi faite, elle n'était plus dans les parages alors la jeune femme s'occupait comme elle pouvait. Entre bouquiner, s'alcooliser, écrire, se droguer.. se taquiner avec Alphonse qui ne manquait aucune occasion pour la mettre mal à l'aise, mais aussi avec le cuisinier de l'auberge avec sa tignasse dépeigné qui quémandait ad vitam bisou pour lâcher quelques fruits dont Annelyse souhaitait.. Ben il y avait eu droit à son bisou tiens.. Deux même, mais doublé d'une bonne claque avec élan ..

C'était passionnément ennuyeux. M'enfin, en même temps la demoiselle n'était qu'une éternelle insatisfaite et même si ces journées pouvaient être des plus palpitante elle trouverait toujours de quoi se plaindre.

Et ce soir Alphonse avait contrarié ses plans, même si elle n'en avait pas vraiment sauf que cela personne ne le saurait. Donc, étonnement elle avait rendez vous donc pas de quoi batailler avec le fripon. Alphonse était déjà sortie, le pourquoi du rendez vous, surement qu'il souhaitait revoir son amie d'enfance en privée afin d'échanger le genre d'histoire qu'Annelyse n'était pas disposé à écouter avec ses chastes oreilles. C'est ce qu'elle s'était dit en toute innocence, seulement si elle savait.. Blanche colombe qu'elle était loin de penser jusqu'où la dépravation humaine pouvait aller, que la réalité était loin de toutes ses histoires qu'on lui avait contées dans son enfance, loin de tous les crédos Aristotélicien. Elle avait certes déjà vue une partie des vices charnel, du moins le croyait-elle quand elle avait connu Alphonse dans une maison close.
Enfin, il était l'heure de se rendre au rendez-vous et sans Manon, elle en avait assez de ses remontrances à vouloir toujours la mettre sur la bonne voie, c'est à dire la faire rentrer soit aux Rosiers, soit direction son paternel, alors non, Manon ne lui donnerait pas mal à la tête ce soir.
Elle donnait ce droit à l'alcool, la seule chose qui lui donnait mal aux cheveux le lendemain.

Il faisait froid à l'extérieur, elle n'aimait pas l'hiver et commençait à s'impatienter sur l'arrivée du printemps. C'est donc en grelottant le cou emmitouflé dans un col de fourrure et le visage sous sa capuche qu'elle battait les pavés de ses bottes en direction du lieu de rendez vous. En longeant les bâtiments non loin du point de rendez vous elle n'aperçoit aucun brun à l'horizon qui lui ressemble. Elle se frotte alors ses mains ganté l'une à l'autre tout en y soufflant dessus. Elle cherche du regard un instant si elle ne l'apercevrait pas arrivant. Mais non personne. Elle dévia alors dans l'angle de ruelle afin de se mettre à l'abri de la brise glaciale et ainsi se détendre en s'allumant une bouffarde, mais surtout pour attendre sans pour autant perdre du regard l'endroit où il était censé la retrouver.
C'est là en trifouillant dans sa besace sans savoir ce qui se passait un peu plus dans la ruelle étroite et sombre qu'elle entendit des bruits étouffés. Annelyse s'immobilisa surprise et tendit l'oreille afin de confirmer ses pensées. Ses lèvres s'entrouvrit sur un « Oh » Mon dieu pensa t-elle s'en suivi par « décidément les gens n'avaient vraiment aucune tenue. » La demoiselle ne se sentant plus à l'aise préféra tourner les talons, tant pis pour le pavot.. elle se contentera de boire en taverne plus sagement. Pfeu. Nan mais vraiment! Si elle avait eu le courage elle se serait permise d'aller leur tirer les oreilles pour qu'ils aillent faire ça ailleurs! Franchement où va le monde..

Voilà qu'elle se met à maugréer, fortement mécontente mais surtout embarrassée de savoir ce qui se passait la bas, du moins ce qu'elle pensait savoir.

Finalement désespérée et n'ayant pas d'autres choix que de se rendre à l'endroit même où elle était attendue, vous me direz il n'y a pas que celle-ci de ruelle, certes mais Annelyse n'avait pas envie de se rendre dans une ruelle plus loin, celle-ci était sur son passage et c'était parfait, enfin ca aurait du l'être. Elle attend donc, avant d'observer un enfant d'un air circonspect, regard furtif autour d'elle.



    - Pense même pas à tenter me voler ma bourse. ... Et me regardes pas avec tes yeux de morue frelatée !

      Pourquoi ?

    - Files de là va ! Et un conseil... Méfie toi d'la vie. Elle opine du chef pour marquer un air faussement grave.

      Pourquoi ?

    - Pourquoi, pourquoi pourquoi ! Qu'est ce que j'en sais moi ! J'aurais pu te dire méfie toi ... des carottes tiens ! Mais ça fait moins sérieux.


Elle secoue son minois encore plus désespéré avant de sentir son corps se raidir sur ce qu'elle apercevait au-dessus de la tête du mioche à quelques mètres plus loin derrière lui. Son cœur lui se serra et cette fois-ci son visage pris un air réellement grave et déconfit. Non. C'était juste impossible et inimaginable. Alphonse ressortait accompagné de son ami de cette ruelle, il arborait un visage rieur, ils avaient l'air drôlement complice et la donzelle était complétement affolée de mal comprendre. Elle ne remarqua même pas les regards des deux hommes qui se portaient sur une femme qui était aussi au rendez vous bien trop occupé à mettre de l'ordre dans son esprit ne quittant du regard tel en chien de faïence l'attitude d'Alphonse. Il y a anguille sous roche c'était certains mais elle se connaissait un peu tout de même et misé sur le doute ne préférant tirer des conclusions trop hâtive comme elle avait l'habitude de faire. C'était tout Annelyse, elle ne savait jamais réfléchir sans se mettre la pression et penser au pire avant tout.

Sa respiration en suspend ses mains jouant nerveusement avec les plis de sa robe ou encore l'une avec l'autre, emmêlant leurs doigts comme si les démêler ensuite suffirait à faire se dénouer les fils de ses pensées. Extérieurement, elle pouvait paraitre calme, monstrueusement calme. Trop calme pour que cela soit réel et profond et ceux qui la connaissaient, comprendrait. Alphonse pourrait comprendre ayant maintenant partagé des mois d'aventures à ses côtés. Intérieurement, elle bouillonnait, elle pestait, elle pensait désormais à des choses qui étaient complètement impensables à ses yeux.

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Cyrielle.
    La jeunette Annelyse n’est pas la seule à qui l’on a sévèrement contrarié les plans, non. Tirée d’un combat de coqs, Cyrielle Beaumont avait du écouter, sans broncher, son neveu lui asséner que ce soir, ce serait son soir, & qu’il lui présenterait des amis, tout cela tandis que son poulet favori se faisait embrocher par son adversaire.
    La soirée commençait donc bien mal, oui.

    Avec soixante écus de moins en poche, la blonde avait du se restreindre à se faire offrir quelques verres, histoire d’adoucir sa peine d’avoir vu son favori en brochette, après tant de semaines de bons & loyaux services. L’alcool grisant, elle s’était résolue, une bouteille de vin en main, à défier le plus gras des bouffons qui graillaient en taverne, bouffon qu’elle avait assommé en un rien de temps d’un bon coup de bouteille qui brisa aussitôt.
    Tout ça, avant que la tavernière ne la foute dehors en braillant que cette vieille là était tout ce qu’on pouvait trouver de plus malsain.

    Mais Cyrielle Beaumont n’est pas malsaine simplement parce qu’on le dit, parce qu’on le suppose, ou parce que son visage décharné laisse à penser qu’elle n’a pas eu une vie, ni des plus héroïques, ni des plus immaculées. Non, la borgne quarantenaire à la demi-face de Lune – à comprendre crevassée – a dans ses gestes, ses actes, & ses pensées, une forme de déchéance profondément dérangeante.
    Comprenez, que lorsqu’à ses oreilles fines parviennent des silences moites & étouffés, & bientôt transformés en gémissements sauvages d’animaux en ruts, la blonde, contrairement à la plupart des gens qui prendront la ruelle inverse, a tendance à se hâter de se rapprocher des mélopées grisantes.

    Mais soit, l’obscurité de la soirée ne permet guère un voyeurisme plus poussé, & l’heure du rendez-vous devrait approcher. Les bottes ont déjà fait demi-tour, éclaboussant de boue les braies déjà pas très propres, leur claquement s’étouffant dans la couche de crasse plâtrant les pavés, alors que ne reste dans son sillage qu’une fragrance musquée & vraisemblablement vinaigrée.

    C’est titubante, imbibée d’alcool plus que de raison, croquant un oignon cru comme on le ferait avec une pomme, que Cyrielle prend place dans le décor parfaitement soigné. Sur le côté, une jeune femme guindée, à l’allure irréprochable & saine, si ce n’est qu’une femme de ce genre ne traîne pas dans des ruelles, bourguignonnes ou non, à cette heure-ci. En face, sortant de la ruelle aux gémissements jouissifs, deux hommes, un poil trop débraillés pour être irréprochables, des regards trop humides & brillants pour être tout à fait sains, une aura trop enflammée pour être parfaitement propre.
    Ah, pour ça, la blonde a l’alcool assez habituel pour que les connections se fassent en un rien de temps. Il y a, ici, Quentin, & cet homme, joli garçon d’ailleurs, qu’elle n’a pas de mal à identifier en tant qu’Alphonse. Amant de Quentin.
    Car si la deuxième partie n’a jamais été évoquée, elle saute tant aux yeux qu’elle rendrait presque la vue à l’œil fondu de la borgne. Sans compter qu’habituée des bordels pour d’autres choses que luxure - quoi que -, Cyrielle a l’œil pour repérer ce qui tient du client, & ce qui n’en tient pas.

    De fait, la Fauve serait tentée de sermonner son neveu sur son incapacité à garder secrètes ses relations, quelles qu’elles soient… avant qu’à son bon souvenir se rappelle l’idée simple que Quentin n’a jamais dit vouloir cacher sa vie aux yeux de sa tante.
    Comme quoi, malgré leurs évidents différents, le jeune homme n’a pas encore décidé de fouler au pied son esprit de famille. Même si ce n’est que par intérêt.

    Un instant, Annelyse est dévisagée, & les doigts de Cyrielle sont tentés de venir dénouer les siens, & souffler à ses oreilles toutes les horreurs que les deux invitants ont pu faire dans la ruelle. Et puis dans un élan de raison qui ne lui ressemble que trop peu, elle se contente de la bousculer d’un coup d’épaule, qui délivre de la cloison de ses lèvres un « pardonnez, demoiselle » gorgé de moquerie, avant qu’elle ne s’élance vers Quentin, bras grands ouverts comme si elle accueillait le fils prodigue.

    « Mon neveu, moi qui pensait encore que tu ne trouverais jamais poulaine à ton pied… »

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Je réponds TRÈS lentement.
Quentin_locke
Grillé. L’anglais sortait de sa ruelle sous bonne escorte, le bas ventre encore marqué par tant d’émois et devant eux se dressait un accueil dubitatif et suspicieux.
La jeune Annelyse semblait d’ailleurs noyée dans ses pensées, troublée certainement par ce que son esprit encore innocent pourrait imaginer de pire, une relation sodomite condamnée par le Très Haut.
Pourtant loin d’être réellement perturbé par ces spectatrices d’un soir et la présence de sa tante, le courtisan savoure cette angoisse qui se dessine doucement sur le minois si délicat d’Annelyse. Quentin le sait, il n’est qu’un salaud et si par ces aventures et son goût certain pour le flamand il pouvait d’une pierre de coup bouleverser et choquer une donzelle, c’était pour lui un exploit aussi délectable que celui qui consistait à avoir le beurre et le c*l de la crémière.

Toutefois, loin d’être troublée et dupe, Cyrielle s’avance sereinement vers lui, les bras ouverts pour une embrassade qui le laisse encore un peu coi. Depuis quand sa tante, cette solitaire aiguerie, cette brigande au visage ravagé se faisait tendre et maternelle ? Non simple erreur d’appréciation de sa part car sous la remarque qu’elle lui lance, il la reconnait enfin. Un sourire s’étire alors sur le visage naturellement taquin de l’anglais et sa main se pose sur la taille de sa tante après lui avoir lancé une tape bien franche sur son fessier. Sa bouche regagne l’oreille de la blonde et quelques remarques se fondent rauques et moqueuses.

Et vous ma chère tante, je ne m’attendais pas à ce que vous ayez un fessier encore ferme et rebondi à votre âge…

Le rire s’échappe gras et pervers et Quentin à nouveau se retourne vers sa dite poulaine. Son regard le lorgne, le reluque et s’attarde finalement, lubrique, vers le bas de son ventre. Un dernier soupir s’échappe alors de sa bouche, une plainte plus contentée et nostalgique qu’envieuse.

Enfin, voici ma poulaine…Alphonse Tabouret. D’ailleurs c’est son amie ou sa protégée que tu as croisée un peu plus tôt. Mais ceci dit au risque de t’attirer ses foudres et les miennes il vaudrait mieux éviter de le comparer à une vulgaire jument, bien qu’effectivement il soit monté comme un étalon.

Ces banales présentations finies, le courtisan s’étire et s’avance légèrement vers la lumière afin de retrouver Annelyse laissée pendant un court moment de côté. Son sourire se fait carnassier alors qu’il découvre enfin les courbes de la protégée. Alphonse lui en avait parlé, que très légèrement d’ailleurs peut être qu’il désirait lui éviter ce genre de rencontre ou de spectacle. La brune était-elle si innocente ? L’anglais s’approche d’elle et même si cette dernière devait encore se souvenir de ce regard pervers que lui et son ami s’échangeait, il agit comme si de rien était en s’emparant simplement de sa main pour pratiquer comme le veut sa classe anglaise, un baise main digne de ce nom. Et quelle casse en effet, que de pouvoir déposer sa bouche sur la main délicate d’une jouvencelle alors qu’il y a peu cette dernière, gourmande, s’occupait du vit de son protecteur.

Et bien Alphonse, je comprends mieux pourquoi tu m’avais caché pareille merveille…Peur que je la pervertisse ?

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Alphonse_tabouret
D’un côté il y avait Annelyse, sa tendre Annelyse, dont toute l’horreur se resserrait, imperceptible sous le masque impassible qu’elle lui opposait, jetant toute la nervosité de sa rage dans l’entrelacement de ses doigts. De l’autre, la tantine, chimère lacérée où la grâce se disputait la laideur dans le ravage des chairs et dont la lucidité n’avait malheureusement rien d’altéré. Enfin il y avait Quentin, dont il avait senti l’appétit tout entier se tendre dans l’évidence de cette situation, prêt à éclabousser de ses audaces les plus provocantes l’étonnant public qui s’était formé. Et tout, jusqu’au souffle froid nocturne qui passait dans la ruelle, criait la culpabilité de leur passagère déraison, l’œil luisant encore de trop, la raideur des braies s’estompant à peine, les corps encore déliés de la jouissance qui finissait d’enrober les nerfs de cette paisible sensation d’assouvissement. Flagrant, comme il ne l’avait jamais été, aurait-il été capable de le cacher avec aisance qu’il ne l’aurait pas pu, Cyrielle en décidant autrement en choisissant de ne pas louper l’occasion rare de taquiner les bêtes alors alanguies. Elle n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche, la borgne ; l’étincelle de son unique œil irradiait assez pour qu’on y lise l’envie carnassière et réjouie qui la saisissait tandis qu’elle avançait d’un pas vers eux, bousculant la Dénéré sur son passage.

« Mon neveu, moi qui pensait encore que tu ne trouverais jamais poulaine à ton pied… »

Le sourire ne put s’empêcher de naitre aux lèvres flamandes sous la réflexion moqueuse et dans ce geste plein d’emphase qu’elle proposait, les bras tendus, à la façon d’une matrone émue de retrouver un des siens. Bien loin de s’en offusquer, Alphonse se trouva presque soulagé que l’un d’eux ne choisisse sur quels pas auraient lieu le ballet à venir, sentant la panique brève mais cruelle qui l’avait submergé s’estomper au profit d’un nouveau jeu des apparences auquel il savait si bien se plier. Peut-être que tout aurait été différent devant d’autres spectateurs, mais à cet instant ci, toute la perversion de leur passion s’étalait si crument qu’il ne servait plus à rien de la nier. L’image paternelle s’imposa à lui, et il espéra, avec une naïveté enfantine brutale, qu’il ne trouverait pas le même dégout dans les yeux de l’angevine.
Au royaume des loups, sans le reflet carnassier de la lippe, on n’était rien, et aussi facilement qu’il aurait respiré, son attitude tout entière reprit sa nonchalance coutumière, ce sourire trainant et amusé par les frasques les plus tendrement délictueuses, car il était aussi comme ça, dans les tréfonds de ces chairs maudites où le paraitre avait autant de valeur que l’être. La main de Quentin claqua sur les fesses de sa tante avant qu’il ne tourne un regard tout en concupiscence vers lui, le détaillant, avec provocation, et Alphonse le laissa faire, dans l’indolence la plus franche, habitué aux regards trainants, curieux des femmes comme des hommes , et si ceux de son amant le brulaient irrémédiablement, il ne broncha pas, volontairement oisif jusque dans le sourire qu’il opposa à la petite famille.


Enfin, voici ma poulaine…Alphonse Tabouret. D’ailleurs c’est son amie ou sa protégée que tu as croisée un peu plus tôt. Mais ceci dit au risque de t’attirer ses foudres et les miennes il vaudrait mieux éviter de le comparer à une vulgaire jument, bien qu’effectivement il soit monté comme un étalon. Le sourire se prélassait toujours aux lèvres du jeune homme quand il inclina la tête vers Cyrielle d’un geste plein d’une politesse toute en décalage dans cette présentation, flirtant avec l’insolence, toujours aussi stupéfait que Quentin soit à ce point beau quand il montrait des crocs, son intérêt immédiat allant cependant vers Annelyse, bien malgré elle jetée en pâture aux mœurs de cette meute, au regard lubrique de l’Anglais, qui franchissant la distance qui les séparait, ondulant, royal, magnifique, déposant sur la main blanche, un baiser salé des préjudices les plus délicieux. Et bien Alphonse, je comprends mieux pourquoi tu m’avais caché pareille merveille…Peur que je la pervertisse ?

Le flamand coula un regard vers elle, et si l’on aurait pu croire que l’inquiétude seule y brillerait, il n’en était rien, car la provocation de Quentin ne connaissait pas encore l’étonnante très personnelle faculté d’adaptation de la jeune femme et c’était plutôt elle, qu’Alphonse guettait, attentif. Et elle bouillonnait, l'imprévisible Dénéré. Emplie d’une colère en fusion qui roulait avec discrétion sous sa peau de porcelaine, lui opposant le maintien parfait de ce corps fluet, droit, immobile, le menton dignement relevé, elle lui laissait apercevoir dans l’attitude de ces précieuses poupées que rien ne saurait distraire, toute la fureur qui l’habitait, et il en fut si soulagé, si heureux d’avoir à affronter le courroux plutôt que la nausée, que son sourire se plissa doucement. Le Grain de beauté avait pour système de défense une folie effervescente particulièrement efficace, ce qui expliquait que dans la prunelle du jeune Tabouret, dansait une certaine quiétude et une curiosité intacte, essayant de deviner ce qui partirait en premier : son prénom ou sa main dans la figure.
Ce qu’Annelyse ignorait peut être, c’est que si la gifle qu’elle lui avait dispensé en guise d’introduction quelques mois plutôt avait eu pour effet d’écorner son indolence pour venir piquer sa curiosité, il en serait peut-être tout autrement de Quentin, et à cette pensée qui taquinait pourtant son espièglerie, le flamand fit les quelques pas qui les séparait de ce duo si contrasté, venant cueillir le bras d’Annelyse du sien. Le lion anglais restait féroce dans ses jeux et s’il savait qu’il respecterait son attachement pour la jeune femme, il le savait également capable de la bousculer sous les coups de pattes avec la plus joyeuse perversion sans pour autant la faire tomber. Ses doigts se refermèrent sur le tissu, la pulpe se fichant dans le duveté, discrets, mais fermes, abritant la Dénéré dans cette simple pression, dans l’ombre de sa protection, avant d’opposer un sourire effilé à Quentin.


-Tu pervertirais un saint, lui assura-t-il avec une sincérité presque désarmante, et il le penserait jusqu’à son dernier souffle, rassuré que certaines convictions ne se délayent jamais au profit du temps, encore au chaud de ses sensations de douces brulures par lesquelles il avait été le plus heureux des condamnés. A moins qu’elle ne me cède, cette jeune fille arrivera vierge au mariage… Le ton était doucement moqueur mais étonnamment tendre. Son attachement pour la brune l’avait dépassé depuis bien longtemps, trouvant un apaisement joyeux à son contact pourtant corrosif. Elle l’amusait avec une telle facilité qu’il ne cessait de la torturer de petits riens, d’effleurements publics, elle qui était si chaste, de sous-entendus pernicieux, elle qui rougissait avec tant de facilité quand elle était surprise, de regards insistants qui s’égaraient sur ses courbes splendides, elle qui avait la main si leste. Il s’était noué entre eux deux une sorte de lien à la fois fragile et solide, qui n’avait rien à voir avec ceux qu’il avait jusque-là tissé avec les autres. Si celui qu’il partageait avec Quentin le brulait d’une ardeur permanente et irradiait d’une certitude à ce point simple et absolue qu’elle en était devenue procession de foi, celui d’Annelyse avait la fraicheur de la complexité. Au désir spontané de ce corps si joliment fagoté et qu’il n’avait jamais possédé, se mêlait une sensation diffuse, empreinte des tourments plus délicats d’une amitié aussi contre nature que l’étaient ses penchants charnels. Sa tête s’inclina vers la brune pour y capter son regard dans lequel il s’attarda un instant, promettant dans un sourire, au feu de ses prunelles, l’imminence des réponses aux questions qui s’entrechoquaient dans le marasme de sa rage, lui offrant pour l’heure, dans la légèreté de propos badins, tout le respect qu'il lui vouait au creux de cette vérité, au risque qu'elle ne laisse éclater son grain de folie, parce qu'il était intimement convaincu que lui mentir encore à cet instant ci, cela aurait été bien plus humiliant que tout le reste. L'affection que l'on porte aux autres prend parfois des apparences bien contradictoires Annelyse, très chère, méfiez-vous de cet homme, il est à ce point terrible que même moi je me trouve incapable de lui résister. Un sourire coupable se dessina doucement sur ses lèvres dans cet aveu , avant qu'il ne poursuive léger, désignant la blonde d'un geste. Quant à cette passante maladroite qui vous est passée sous le nez, il s'agit de sa tante Cyrielle. Ne vous sentez pas forcée de lui tâter la croupe pour la saluer.
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Annelyse
        « Il est passé où l'magneau? Il a mangé l'magneau ? » * Réplique de Debbouze dans Mission Cléopâtre.


Ses idées noires prirent fin quand elle sentit son épaule se faire heurter, avec préméditation ou non elle n'était pas en mesure de s'en rendre compte à cet instant précise même si l'air moqueur de Cyrielle en disait long. Sa bouche s'entrouvrit à peine mais aucun son n'en sortit voyant le spectacle continuer sous ses yeux, certes différente de celui qu'elle imaginait dans la ruelle mais un spectacle tout de même. Vas-y que je tends les bras et te claque l’arrière-train, et que je te complimente le fessier parental, que je te parle de poulaine, d'étalon... Annelyse en reste coi et maudit d'avance Alphonse de l'avoir fait sortir pour lui présenter de tels gens mais surtout de voir dans les yeux de son acolyte une sorte d'adoration pour son ami. Ils étaient tels des animaux, il ne manquait plus que Quentin tel un taureau en rut ne vienne lui renifler sa croupe en guise de présentation. À cette pensée le grain de beauté eut une bouffée de chaleur par des sentiments houleux qui l'envahissait avant de se ressaisir en se disant tout simplement que s'il osait elle lui ferait arracher la tête et de son crâne elle en fera faire un heurtoir. C'est d'ailleurs à ce moment que l'Anglais posa son regard sur elle et fit les premiers pas en sa direction, elle se sentit tel un "magneau" prête à se faire dévorer ... mais qu'elle en crève la Dénéré si elle devait en montrer la moindre once de ce malaise. Hors c'est étonnée qu'elle fut quand ce dernier la salua tel un homme de bonne famille. Il n'était donc pas si déplacé qu'elle le pensait, mais ça c'était avant qu'il ne s'adresse à Alphonse parlant d'elle comme un morceau de viande fraiche, certes il complimentait son physique sauf que Annelyse voyait toujours le mauvais côté des gens et en ce qu'il dise. Et comme je le répète souvent s'il y avait bien une chose qu'elle détestait c'était bien le fait qu'on la prenne pour une cruche. Elle était en effet une jouvencelle inexplorée et n'en dira pas le contraire mais de là à ce qu'on puisse penser qu'elle puisse succomber à la tentation par une quelconque personne qui surestimait son savoir-faire le british se foutait bien le doigt dans l’œil. elle n'était pas une faible, bon oui un peu mais ça c'était en elle car elle se battait constamment avec sois même afin de ne pas céder à cette fragilité qu'était son cœur, son corps, son esprit était en perpétuel duel avec eux causant du coup sa folie, son impulsivité, ses réactions lunatique etc...

Sa main se retire du coup de la sienne avec un air frustré et ses jades ne quittent pas du regard Quentin, elle tente un sourire forcé par pure politesse tandis que son visage trahit son mépris. Il était fort charmant sans aucun doute il devait en faire baver plus d'une, sauf que ca ne suffirait pas pour pervertir la rosière et ça elle comptait bien le lui faire savoir en répliquant que le jour où il arrivera à corrompre un Saint qu'il vienne la débaucher. Mais le Flamand vint veiller afin que sa main leste ne parte pas? Ou que le lion ne vienne pas croquer la brebis? Peu importe dans un cas comme dans l'autre il vient faire l'avocat du Diable... Comment ça il pervertirait un Saint ? Heureusement qu'elle n'a pas pris la parole sinon elle aurait dû se battre avec Alphonse. L'emprise qu'il venait d'avoir sur elle mine de rien était la bienvenue, cela la rassurait de savoir qu'il était à ses côtés face à ces deux étranges personnages, après tout le brun avait peu à peu depuis leur rencontre prit une place importante, elle lui faisait confiance malgré elle, il était celui qui la défiait, qui la surprenait, qui la poussait à remettre en question sa vie, ses convictions sans le vouloir. Il est de ceux qui pourra arriver de mieux à Annelyse... ou de pire. Il y avait ce « elle ne sait quoi, ce presque rien » en lui, elle l'appréciait pour ce qu'il était et pour tout ce qu'il n'était pas non plus, pour leurs conversations, ses coups de gueule face à ses taquineries et même si parfois il pouvait porter des regards déplacés elle y trouvait son petit bonheur à ses côtés. Donc dans cette situation elle se gardera de s'en prendre à lui préférant sa protection car mine de rien rappelons-nous que notre grain de beauté est plutôt une chieuse quand il s'agit de sa vie et de sa vertu . D'ailleurs quand Alphonse aborda le sujet comme quoi elle arriverait vierge au mariage elle en leva les yeux au ciel, c'était quoi ces hommes qui ne pouvaient ouvrir leur bouche sans parler de la vertu d'une femme, et si elle balançait qu’après tout elle avait décidé de devenir none et de ce le placarder sur le front arrêteront-ils d’étaler l'état de son hymen comme si on parlait de la pluie et du beau temps? Nan vraiment il lui fallait son flacon ... Et encore elle n'avait pas encore les aveux du Flamand.

Son regard se porte sur lui d'ailleurs n'appréciant vraiment pas cette situation, elle tente d'y lire les réponses à ces questions. Ce dernier lui offre un sourire qui se veut rassurant mais n'en est pas moins rassuré pour autant surtout quand il avoue être incapable de résister à Quentin. Là un battement de son cœur se rata ... Qu'avait il dit . Que faisait-il ensemble dans cette ruelle précédemment ? Regard d'ailleurs en cette direction n'ayant vu aucune femme en ressortir . Le sang de la jeune femme commençait à lui battre les tempes. Il y a anguille sous Roche .

Répliquant Alphonse au sujet de Cyrielle tout en posant son regard sur son visage torturé.


    - Bien aimable à vous de me dispenser de cet acte. Je lui dois plutôt un geste déplacé mais comme je ne suis pas de ce genre-là étant donné que l'on ne m'a pas éduqué dans une porcherie je me contenterai de ces présentations.

Autant elle peut-être chieuse autant ces paroles peuvent être brut de coffrage malgré son malaise. Reportant son regard sur Quentin elle continue.

    - Alphonse m'avait parlé de vous, vous êtes charmant ma foi mais pas assez afin d'altérer la valeur que je porte à ma personne.

Cette fois le sourire de circonstance y est pointé de dédain avant de serrer son bras contre elle emprisonnant la main d'Alphonse afin de l'attirer à trois ou quatre pas plus loin son visage se refermant elle hurle à voix basse ( si si ça se fait vous jure! ) tout en relâchant l'emprise.

    - Alors là c'est le pompon! Mais qu'est-ce que vous me faites ?! Je ne reste pas une minute de plus ici Alphonse si vous ne m'expliquez pas ! Vous faisiez quoi d'ailleurs là-bas? Mmh? Vous culbutiez ensemble une femme? Vous n'avez pas honte . Vous me faites sortir par ce froid pour ça? Vous poussez le bouchon! Franchement en ple ...

Elle était partie tel un moulin ne pouvant plus s’arrêter si ce n'était pas Alphonse qui lui faisait fermer son clapet afin d'en placer une.
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Cyrielle.
    A la claque méritée, au compliment assumé, il y a dans l’azur grisé de la blonde une lueur de gamine effarouchée qui ne lui va que trop mal. Elle joue, avec une satisfaction malsaine aux réactions qu’elle engendre chez l’autre, & que celui ici-même qui ne s’amuse pas de la même chose qu’elle, lui jette la première pierre.

    « Si tu savais, mon neveu, ce que je peux encore vendre au meilleur de son prix … »

    Un bout de langue s’est dévoilé, humectant les marques brunes de la lèvre, comme un ultime affront à la pudeur des Beaumont, & peut-être un peu aux deux autres actants.
    L’œil, rapide, habile, pervers, se lance dans une appréciation plus poussée de l’Alphonse adoré. Il y a quelque chose de bien trop retenu dans ses gestes & ses paroles pour être tout à fait sain & correct. Facilement, elle pourrait affirmer que son principal atout serait ce comportement là, qui réveille chez les autres des envies bestiales de le faire sortir de ses gonds.
    En soit, elle en aurait bien fait son en-cas de ce soir.

    « Quant à cette passante maladroite qui vous est passée sous le nez, il s'agit de sa tante Cyrielle. Ne vous sentez pas forcée de lui tâter la croupe pour la saluer.
    - Mais si l’envie vous prend, n’hésitez pas, ma doucette. »


    Comme si la lippe n’était pas assez malmenée ainsi, les dents – présentes mais loin d’être propres – viennent pincer l’excédent de chair. Le regard s’est vissé sur le visage trop parfait d’Annelyse, qu’elle observe pleinement. La Fauve se réveille, la Fauve viendrait bien bouffer la pureté, l’innocence, la blancheur de ce tout jeune Grain de beauté.
    Les prédateurs ne sont pas toujours là où on les attend.
    Alors qu’Alphonse & sa protégée s’éloignent, la longue se glisse auprès de son neveu, soufflant sa fragrance musquée près des narines du courtisan.

    « J’espère pour toi, mon enfant, que tu as prévu là mon repas… On arrive pas rassasiée devant une tante affamée sans avoir de quoi satisfaire son appétit. »

    Le ricanement qui suit est profondément amusé, & bien loin d’être sérieux. Bien sûr, elle a choisi sa proie, bien sûr, Cyrielle est affamée. Mais chasser l’innocence se fait de bien des façons, & pour l’instant, l’enflammée optera pour quelques gouttes d’horreur fondues sur les traits d’Annelyse.
    La voix est rauque, forte & profonde, la main s’est glissée sur l’épaule de son neveu qu’elle ne lâchera pas de si tôt, & le regard, amusé, s’arrête sur le couple éloigné.

    « Allons, mon bon Quentin, j’avoue avoir cru que tu n’aimais que les femmes… J’en aurais été franchement déçue. »

    Annelyse peut bien parler, Cyrielle ne doute pas que sa voix a couvert la sienne, & espère profondément que ses paroles monteront rapidement aux oreilles fines de la jeune brune.

    « Alphonse, allons, revenez-donc par là, vous faites un si joli couple… »

    Et mue d’une envie soudaine, l’épaule de Quentin est lâchée, la distance avalée, & les lèvres de Cyrielle se glisse au creux de l’oreille de l’enfant. Elle compte bien sur un effet de surprise, puis sur une bouche qui s'entrouvre, choquée, sur une peau qui frémit & un regard qui se glace, horrifié, sur le visage d'Alphonse. Elle veut, simplement, malsainement, voir cette innocence voler en éclat, se défaire en quelques milliers de morceaux irrécupérables, s'écraser sur les pavés souillés & se faire écraser sans compassion par les bottes qui pourraient passer par là.
    Et pour cela, pour cette satisfaction, ce jeu audacieux & terriblement nocif aux autres, elle est prête à détruire bien des certitudes.

    « Je vous expliquerai, ma douce, comment deux hommes peuvent unir leurs chairs… Comment ça peut-être malsain, comment ils se vouent aux Enfers lunaires, combien ils sont mauvais... »

    Un pas en arrière, un éclat de rire, & la Fauve se retourne sur son neveu, applaudissant d’un air ravi.

    « Invite-moi plus souvent, mon petit ! »

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Je réponds TRÈS lentement.
Quentin_locke
"Une famille, c'est cela : quelques personnes qui s'aiment bien et se le répètent, à chaque instant, par de petites attentions, des taquineries, une voix tendre..." de Jacqueline Dupuy

Bien sûr cette citation semble bien éloignée de la réalité et de la relation familiale qui unie Cyrielle à Quentin Locke. En effet, les vannes, les taquineries et le sadisme semble pleuvoir à foison pour ces deux entités qui n’ont de cesse de se chercher et de se provoquer mais néanmoins, les attentions, la voix tendre et l’amour sincère étaient rarement à l’ordre du jour. Toutefois, même si l’anglais se plait aux côtés de sa tante et qu’il se retrouve dans ces remarques mesquines lancées à l’Innocente, il ressent en lui, un certain malaise. Sa relation avec Alphonse était unique et ils avaient toujours prit à cœur de conserver cela secret et pourtant après des années de silence et de discrétion, ils s’étaient affichés sans réelle pudeur et sans remord.
Après mûre réflexion, ce comportement était tout bonnement la preuve irréfutable de leur imprudence et de leur insouciance. En effet, les paroles de sa tante se font plus acérées, plus moqueuses à l’adresse d’Annelyse et Quentin sent que la moutarde commence à lui monter au nez. L’anglais comprend parfaitement ce désir de provoquer la douce pour se régaler de sa surprise, de son effroi mais il sait également qu’Alphonse tenait à la conserver à ses côtés et la provoquer de la sorte risquait malheureusement de l’effrayer pour de bon.

Alors profitant du départ d’Alphonse et d’Annelyse, l’anglais vient saisir les hanches de sa tante qui par ailleurs ne cesse de lâcher à tout va ses remarques sans en peser vraiment les conséquences. Doucement il attend qu’elle termine et c’est assez sèchement qu’il l’éloigne encore plus du groupe. Quentin le sait, il avait fait une connerie en affichant son goût et son intérêt pour Alphonse aux yeux de sa tante. Il l’avait pensé plus compréhensive, discrète mais finalement il fut bien déçu de voir que les moqueries s’envolaient à travers les ruelles avec trop de légèreté. Alors c’est avec fermeté et froideur que les mots de l’anglais, rauques et secs, se glissent dans l’oreille de la balafrée.

Cyrielle, dois-je vous rappeler que les sodomites sont voués au bûcher ? Si je me suis permis d’être serein malgré ce flagrant délit c’est parce que j’attendais de votre part une certaine retenue. Alors soit vous étouffer ce secret soit je me ferai une joie de vous couper la langue.
Il serait dommage que ce secret qui pourrait nous rapprocher, ne soit perçu à vos yeux comme une vulgaire occasion de chantage.
De plus, arrêtez de provoquer l’Ingénue, Alphonse y tient réellement et vu notre facilité pour blesser, provoquer et faire sortir les gens de leur gong, il serait dommage d’effrayer Annelyse pour de bon. Savourez cette confidence, ne la gâchez pas…


La famille c’est sacré, n’est-ce pas ? Pourtant, l’anglais en a cure et même s’il sait connait la nature du lien sanglant qui l’unie à sa tante, il sait qu’elle reste une femme vénale, une brigande fourbe et une solitaire aiguerie avant tout. Alors qu’importe les bons sentiments et les mots doux, quand il en va de l’intérêt du courtisan et de son amant.

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Alphonse_tabouret
Le jeune homme sentait, sous la simple pression de ses doigts, le corps d’Annelyse accusant le coup sans pouvoir s’empêcher d’être doucement réconfortée par sa simple présence à son flanc. En ombre protectrice, en pécheur impénitent, il scrutait les réactions sur le visage de porcelaine, comprenait ce qu’elle cherchait désespérément dans l’ombre de cette ruelle coupable, dans l’obscurité de laquelle ils avaient émergé à ce point ivres d’eux, de leurs désirs insatiables, qu’ils en avaient omis la règle le plus élémentaire de leur extatique liaison : le silence, l’éternel silence, celui dans lequel on subit les assauts du monde sans sourciller, celui que l’on ne crève qu’à même la peau de l’autre dans le confort du nid, celui qui vous lie par-delà le reste.
Il n’y aurait pas de femme pour sortir de la nuit, leur offrir l’échappatoire d’une perversion qui aurait été acceptable quoiqu’écornant les bonnes mœurs. Il n’y aurait rien pour laisser à sa tendre brune de quoi se raccrocher à un semblant de raison, et plus elle scruterait ce passage encore abreuvé de son déraisonnable caprice, de sa fatidique provocation à l’anglais, plus l’horreur de la déviance lui sauterait au visage. Quelques mots retentirent dans le froid hivernal, et brièvement, le jeune homme s’abima dans la buée blanche du souffle de la Dénéré, petits nuages cotonneux s’effilochant au ciel en volutes fines jusqu’à ce que la pression de sa main ne l’arrache à son contemplation et ne l’attire à quelques pas.

- Alors là c'est le pompon! Mais qu'est-ce que vous me faites ?! Je ne reste pas une minute de plus ici Alphonse si vous ne m'expliquez pas ! Vous faisiez quoi d'ailleurs là-bas? Mmh? Vous culbutiez ensemble une femme? Vous n'avez pas honte . Vous me faites sortir par ce froid pour ça? Vous poussez le bouchon! Franchement en ple ...

Rageuse, dans une colère tellement bouillonnante qu’elle en devenait touchante, le jeune homme opposa un visage calme au flot des propos qui dévalaient des lèvres nacrées qu’il interrompit un posant un index sur leurs courbes douces pour la faire taire. Un sourire se dessina sur ses lèvres, tandis qu’il profitait de ce calme temporaire avant que ne tonne la tempête de plus belle. Ils en étaient donc arrivés là ? Déjà. Si vite. Combien de temps depuis qu’il avait choisi de troubler les eaux calmes de la brune, il n’aurait plus su le dire, mais dans ce doigt à cette bouche gracieuse, se portait tous ses espoirs. Nullement troublé par les persiflages de la Chimère, il garda posément son regard dans celui d’Annelyse, noyant dans les jades éclatants, le sombre de ses onyx, essayant de capter toute son attention jusqu’à enfin lui répondre, d’un ton doux :

-Il n’y avait pas de femme, ma Douce, lui chuchota-t-il. Le temps du sacrifice était venu, sauf que ce n’était pas l’agneau que l’on menaçait d’égorger, mais ce sentiment de confiance qui feulait, en nouveau-né malformé aux creux de ses tripes. L’index délaissa la marque de l’ange pour glisser lentement de la joue au menton en une caresse presque fraternelle, définitivement sentimentale tandis que la voix de Cyrielle surplombait toujours la scène, achevant de piétiner le moindre malentendu encore possible, sommant leur retour au centre de la curée. Annelyse, je…

La balafre brulée de la tantine fracassa son champ de vision en apparaissant à l’épaule d’Annelyse. Déchainée, la borgne avait décidé de jouer avec les proies que l’on lui mettait à disposition, et griffait sans plus aucune mesure le voile ténu de son plus indéfendable péché, le laissant un instant fasciné par cette bouche flétrie contrastant avec la peau si parfaite de l’angevine, son ventre se contractant d’une impulsion noire. Il força son corps à l’immobilité, puisant dans ses réserves pour ne pas sourciller plus de cette provocation dont elle se régalait, avide, affamée, brulante d’une fièvre folle dont il mesurait l’ampleur à défaut d’en percevoir les justes frontières.

« Je vous expliquerai, ma douce, comment deux hommes peuvent unir leurs chairs… Comment ça peut-être malsain, comment ils se vouent aux Enfers lunaires, combien ils sont mauvais... »

Qu’il était étrange de regarder sans avoir à baisser la tête une femme, pensa-t-il fugitivement, dardant dans l’œil bleu une froideur étincelante, une invitation à jouer avec lui plutôt qu’avec elle, à choisir le fauve plutôt que la brebis, à sortir les crocs à armes égales. A quelques mois près il l’aurait laissée jouer sans aucun intérêt pour la victime, à quelques mois près, oisivement installé dans cette vie où la soumission lui permettait l’échappée la plus sournoise, il n’aurait eu aucun scrupule à se joindre à la chasse, mais quelque chose avait bouleversé tout ça : d’abord ce doigt vindicatif assorti des hurlements postillonnant de son père, cette brulure d’humiliation, cette fuite éperdue, immédiate, et puis ces autres, tour à tour dansant, giflant, émouvant… Le sourire s’affina, sarcastique, tandis que ses doigts s’incrustaient plus fort sur le bras de la brune, lui intimant un silence momentané pour pouvoir répondre, narquois, à la Beaumont tandis que l’ombre de Quentin, venait, à son tour, couvrir de son autorité de lion, son amant et sa protégée :


-Allons Tantine, laissez-moi au moins le plaisir de lui faire un dessin… lui souffla-t-il avant que l’anglais ne l’emporte quelques pas plus loin, lui laissant le loisir de replonger ses prunelles dans celle d’Annelyse, lui demandant avec ces mots dont il usait à foison la concernant, pour la taquiner, et parce qu'ils étaient vrais aussi. M’aimez-vous toujours un peu, juste assez, pour que vous écoutiez toutes mes réponses à toutes vos questions ?
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