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Info:
Xm... un nom étrange pour une non moins étrange personne. Qui est-elle? La réponse est peut-être ici...

[RP] A toi mon fils, où que tu sois,... Journal intime de Xm

Xmanfe1999
[RP]: Amis de Genève et d'ailleurs,
je m'assieds aujourd'hui - en tailleur (!)
pour vous raconter mon histoire.

J'ai vécu tant d'aventures
que moi même je vous assure
J'ai parfois du mal à y croire
Néanmoins je vais vous conter
mes voyages et mes hauts faits
par le biais de mon écritoire.
Lisez bien, amusez vous bien,
mais surtout n'y ajoutez rien
Vous distraire est mon seul espoir.


[HRP]: si vous souhaitez commenter,
bien sûr amis, vous le pouvez ,
Par ma foi je serai ravie
sur ma vie d'avoir votre avis...


Déplacé en Gargotte à la demande de l'auteur.
{Mme_Zsa_Zsa}

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Vive comme l'éclair
Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999
Depuis que je suis arrivée à Genève, il y a quelques mois , moi, Xm j'ai fait de nombreuses rencontres, Cerise,Nefti, Océ, Queen, Aldhébaran,Chaos, Globule, Powerjeff, Shadine,... Na Kai!
Ils sont trop nombreux pour les citer tous et tous très chers à mon cœur. Je ne peux néanmoins me départir d'une persistante sensation de vide qui me poursuit nuit et jour sans qu'aucune activité puisse m'en distraire.
Mon passé...mon passé me hante et l'absence de mon fils bien aimé creuse de plus en plus ce vide lancinant. A quoi ressemble-t-il, lui que j'ai quitté il y a 7 longues années , ce tendre bambin que j'ai dû à regret laisser aux soins de son père pour apprendre le métier des armes? Est -il seulement encore de ce monde?
La douleur de l'incertitude est parfois insoutenable et quand je suis seule chez moi, surtout depuis que Na Kai est parti et malgré une toute récente rencontre qui me comble de bonheur, je me laisse parfois aller à une dangereuse introspection.
Les divers épisodes de ma vie me reviennent en mémoire et faute de pouvoir en parler, je sens que je vais perdre la raison.
Mes amies, connaissant ma fâcheuse tendance à m' épancher en taverne, m'ont fait comprendre que je devais avancer vers ma nouvelle vie, laisser le passé derrière moi, mais je sens aussi que je dois laisser une trace de mon long cheminement pour qu'au moins mon fils, si j'ai un jour le bonheur de le retrouver, sache qui je suis et ce que j'ai traversé au cours de ses longues années de voyages à travers le monde connu et inconnu...

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Vive comme l'éclair
Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999


Xm s'installa confortablement pour écrire devant sa fenêtre, elle tailla sa plume de manière à obtenir une écriture souple et régulière et la trempa dans l'encre... Elle resta un instant à réfléchir, se caressant doucement la joue de l'extrémité veloutée de la plume.

Bon par quoi commencer? pensa-t-elle.

Elle poussa un léger soupir et dit tout haut: Par le début évidemment!

Elle commença à écrire:

Je suis née pas très loin d'ici, à l'ombre de la burg de la ville libre de Haguenau, au nord de l’Alsace. Mon père, un artisan charpentier, s'y était installé avec ma mère quelques années plus tôt et son affaire prospérait malgré les allées et venues des troupes de mercenaires aux marches de l'empire. Ma mère, issue de la petite noblesse dijonnaise avait été séduite par ce bel artisan alsacien de passage en Bourgogne pour réparer les charpentes des Hospices de Beaune et malgré les admonestations de son père, chevalier banneret, qui la déshérita, elle décida de le suivre dans son pays.

Xm leva sa plume un instant et regarda au loin par la fenêtre:
Quelle chance vous avez eu mère, quelle chance et quel courage aussi!

Sa vie fut dès lors celle d'une femme d'artisan, certes aisée mais simple, loin des fêtes et des pardons d'armes qu'elle avait connus dans sa jeunesse prime. Cependant comme elle avait reçu, chose rare pour une fille même noble, une bonne éducation , elle s'arrangea en cachette de mon père, pour que ses trois filles dont je suis la benjamine, apprissent elles aussi le latin et le grec, la poésie et la musique, en plus de tous les arts mineurs habituellement réservés aux femmes de bonne famille, la broderie et la tapisserie.

Xm regarda autour d'elle son humble demeure. Depuis qu'elle s'y était installée elle y avait apporté quelques modestes améliorations grâce à ses talents . Elle se remit à écrire.

Mon enfance prime s'écoula heureuse auprès de mes sœurs et de mes parents et à l'âge de 15 ans j'épousai, grâce aux relations d'affaires de mon père et à l'influence discrète de ma mère, l'écuyer du seigneur Adalric, qui n'allait sans doute pas tarder, grâce à son intelligence et à sa bravoure, à être armé chevalier dès que l'occasion se présenterait.
Intelligent et brave, Wilhelm de Spesbourg n'en était pas moins pour autant de 15 ans mon ainé. Je n'éprouvais pour lui que respect et admiration, mais l'étincelle que j'avais pu apercevoir dans les yeux de certains jouvenceaux quand je les croisais dans les rues de la ville était absente de mes yeux quand je le regardais. Lui même ne me manifestait qu'une affection distraite et semblait bien plus intéressé par ses armes, ses chevaux et ses chiens.
Il avait peu à faire d'une pucelle rêveuse et trop instruite et ne m'avait épousée que pour la coquette dot dont m'ont père m'avait pourvue et mes vraisemblables capacités à perpétuer sa lignée.
En d'autres circonstances, n'eussent été les alliances dont il pouvait bénéficier à travers les amis de ma mère, il ne m'aurait accordé qu'un regard distrait, au mieux lubrique, le temps de constater que je pourrais satisfaire ses appétits charnels.
Il m'aurait troussée comme il troussait encore les filles de ferme et les servantes, rapidement et sans fioritures...
Un peu plus d'un an après mon mariage, je comblai ses attentes et lui donnai un héritier .


Bon cela suffit pour aujourd'hui, se dit Xm.
Assez de souvenirs pénibles allons faire un tour.

Elle posa sa plume referma son encrier et se leva, laissant les feuillets noircis d'une écriture serrée sur la table. Elle sortit, laissant la fenêtre grande ouverte.
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Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999
A l'aube, Xm se réveilla avec l'irrésistible envie de continuer à écrire son histoire. Maintenant qu'elle avait ouvert les vannes de la mémoire, rien ne pourrait plus l'arrêter.
Elle s'enroula frileusement dans un châle et les pieds nus, alla ranimer le feu qui couvait sous les braises. Elle tisonna jusqu'à ce qu'une belle flamme renaisse et ajouta du bois.
Elle rapprocha son écritoire pour écrire bien au chaud et bénéficier de la lueur du feu dans la pièce encore sombre. Elle rassembla les feuillets éparpillés sur la table et s'interrogea:


Tiens j'avais laissé la fenêtre ouverte? Hum... ça doit être le vent. Son intuition lui disait que ce n'était pas seulement le vent. Qu'importe. Elle haussa les épaules et s'assit. Elle remit les feuillets en ordre et relut le dernier passage .

Citation:
Un peu plus d'un an après mon mariage, je comblai ses attentes et lui donnai un héritier .


Ah soupira-t-elle, mon Ogier...
Elle se revit le tenant pour la première fois dans ses bras quelque minutes après que la vieille Katel, sa chambrière, l'ait aidée à le mettre au monde.
Elle eut une pensée légèrement teintée d'envie pour Océ qui devait à ce moment bercer tendrement la petite Alye dans ses bras.

Ogier mon petit amour, mon petit homme maintenant...
Une larme roula lentement sur sa joue que Xm essuya du revers de sa main.
Je te retrouverai je te le promets.

Elle reprit sa plume et commença à écrire.

Après la naissance de mon fils, la vie continuait comme avant, à cela près que j'avais acquis un statut plus enviable, celui de la mère de l'héritier de Wilhelm.
Celui-ci se comportait toujours aussi courtoisement à mon égard et continuait m'honorer régulièrement, avec sa rapidité et son manque d'imagination habituels, mais si je n'y trouvais pas de plaisir particulier, j'appréciais tout au moins que cela ne s'éternise pas et qu'il ne retourne ensuite dormir dans sa chambre.
En effet, les rares fois au début de notre mariage, où il était resté dormir près de moi, j'avais certes ressenti une certaine tendresse et même un certain désir pour ce grand corps bardé de muscles et couturé de cicatrices allongé nu, endormi près de moi.
Je pouvais l'observer et le détailler dans honte et l'effleurer d'une main légère. J'aurais même souhaité qu'il se réveille pour me prendre dans ses bras et me donner la tendresse, l'amour et le plaisir qui me faisait tant défaut, mais non, il continuait à dormir, épuisé, il est vrai par ses longues chevauchées au côté du baron Adalric et les entraînements aux armes et la chasse, assommé aussi par les phénoménales quantités de nourriture et de vin qu'il engloutissait au dîner chaque soir.
Je lui tournais alors le dos et essayais de dormir en dépit de ses ronflements sonores.


Xm posa sa plume un instant et rit silencieusement en se remémorant le vacarme affreux que son époux pouvait parfois produire en dormant. Sans doute son nez cassé lors d'un tournoi aggravait-il les choses mais c'était parfois comique tant ses renaclements et ses bronchements la faisait penser à un animal agité de soubresauts dans son sommeil.

Riant toujours Xm décida qu'elle avait assez écrit pour aujourd'hui et retourna s'allonger sur sa couche. Elle se blottit contre la forme endormie sous les couvertures pour se réchauffer.


Mmmmh soupira-t-elle en effleurant sa joue râpeuse d'un baiser, en voilà un qui ne ronfle pas au moins... et elle se serra dans sa chaleur pour refaire un petit roupillon...
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Xm avait dormi finalement beaucoup plus longtemps qu'elle ne l'aurait voulu. Midi était passé depuis longtemps quand elle se réveilla. Les yeux encore fermés elle tâta le lit à côté d'elle: vide et froid.

Mmmh mon cœur tu es déjà parti?

Elle ouvrit ses yeux encore embués de sommeil et se blottit dans l'empreinte que son amour avait creusé dans le matelas, cherchant son odeur dans l'oreiller. Elle sourit.

J'aurais bien voulu te montrer mes dernières pages tu aurais pu me donner ton avis...

Elle s'étira et se leva, frissonnant dans sa nudité...

Oh tu as laissé le feu d'éteindre,mon amour, quel vilain égoïste tu fais...
Elle rit et s'habilla en hâte. Son estomac criait famine.
Ouf, il reste un peu de pain et de lait.
Elle jeta un œil au dehors et jugea qu'il devait être quatre heures:
Trop tôt pour aller en taverne, se dit-elle, je vais continuer un petit peu.

Son bol de lait dans une main et son morceau de pain dans la bouche Xm s'assit à sa table et entrepris de se remettre à écrire.

Eh je vois que tu as été curieux mon ange!

Elle lut la petite ligne que son amant avait ajoutée:

Citation:
Pas mal pour l'instant mais ça manque un peu de c... , euh...de sel.


Xm éclata de rire.

Cela te ressemble bien mon cœur, ça va venir, ne t'inquiète pas ça va venir...
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Retrouvant son sérieux, Xm trempa sa plume bien taillée dans l'encre et se pencha sur son parchemin. Plongeant dans ses souvenirs, les sourcils froncés, elle se remit à écrire.

Malgré l'ennui qui commençait à me gagner, je vivais dans la quiétude d'un mariage routinier, sinon dans le bonheur. Les années s'écoulaient sereinement, tout allait pour le mieux et nous aurions pu nous croire bénis de Dieu.
Mon fils bien aimé, mon Ogier, allait sur ses sept ans. Il allait bientôt me quitter pour apprendre avec son père le métier des armes.
Mon époux Wilhelm avait été adoubé après avoir sauvé la vie de son seigneur lors d'une chasse au sanglier, ce qui nous assurait une certaine aisance financière car notre famille s'était vue attribuer un fief, modeste, mais qui nous permettait de manger tous les jours à notre faim, de loger dans un châtelet confortable et même d'accumuler un peu d'or.
Mes parents vieillissaient en bonne santé et le pays jouissait d'une paix relative.
Hélas de gros nuages s'amoncelaient à l'horizon de notre avenir.


Xm posa un instant sa plume et jeta un coup d'œil au dehors. Le ciel s'assombrissait aussi, l'été était terminé et des coulées de vent froid passait sous la porte. Xm frissonna en se rappelant l'hiver où tout avait commencé...

Depuis quelques mois, des rumeurs de peste avaient atteint notre ville et la peur commençait à faire sournoisement son œuvre. Toute personne donnant des signes de maladie même bénigne, était mise à l'écart et certaines même furent malmenées et enfermées le temps que la population constate qu'elles ne portaient aucune des stigmates de la terrible maladie, ces affreuses tumeurs noires croissant sous les aisselles et à l'aine et qui précédaient de peu la corruption complète du corps et la mort.
Dans certaine villes et villages, les Juifs furent accusés d’être à l’origine de l’épidémie en empoisonnant les puits et tout recommença comme un siècle auparavant, quand les bourgeois de Strasbourg avaient acculé les Juifs dans une rue qu’ils avaient murée puis incendiée et qui portait désormais le nom de rue Brûlée.
La rumeur s'enfla quand des cas furent signalés à quelques dizaines de lieues en Rhénanie, et les bourgeois et les manants pris de panique brûlèrent la maison de la vieille Katel qui était pourtant morte de sa belle mort, mais qui n'avait pas été découverte que plusieurs jours après son décès parce qu'elle vivait seule et se trouvait donc dans un état de décomposition tel que les imaginations s'enflammèrent elles aussi quand on la trouva.


Ma pauvre Katel, soupira Xm, dire que tu n'as même pas eu une sépulture décente...

La morille, la morille toute la ville n'avait plus que ce mot à la bouche. Punition divine, expiation, purification par le feu. Les villageois étaient proches de l'hystérie collective.
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Xm fut réveillée en sursaut par un sourd coup de tonnerre dans la montagne. Vaincue par la fatigue et par la tristesse de ses souvenirs, elle s'était assoupie, le front appuyé sur ses mains, le nez dans ses feuilles remplies d'une écriture serrée.
Elle alla jusqu'à sa table de toilette, versa un peu d'eau dans la cuvette, se débarbouilla et finit de se réveiller en se versant le reste du broc d'eau froide sur la tête....

Brrr, voilà qui est mieux...
Se redressant elle surprit son reflet dans son petit miroir et s'examina sans indulgence... Ses longs cheveux dégoulinant dans son dos, ses yeux noyés dans la pénombre de la chambre, perdue dans sa contemplation, elle revoyait comme dans un miroir d'enchanteresse, les traits de son fils bien aimé, de ses parents, de ses sœurs...
Le reflet des nuages sombres au dehors formaient un fond tourmenté à leurs visages chéris et semblaient figurer les flammes et la fumée des maisons incendiées, la peur de la peste, l'irrésistible tourbillon des événements qui l'avaient projetée loin de chez elle, à travers le monde, jusqu'aux rivages apparemment paisibles du lac de Genève.
Penchée devant l'âtre, Xm tisonna le feu et rajouta du bois jusqu'à ce qu'une flamme haute et claire jaillisse des bûches craquantes. Elle tira un tabouret et s'installa aussi près qu'elle pouvait le supporter pour sécher ses cheveux et se réchauffer.
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Penchée près du feu, les yeux perdus dans les flammes, une moue douloureuse sur les lèvres, Xm reculait délibérément le moment de se remettre à écrire.
Allons, la suite est bien triste mais si je veux qu'Ogier comprenne un jour pourquoi je les ai quittés lui et son père, je dois tout lui raconter...

Xm s'éloigna à regret du feu et se rassit à sa table.

C'est dans ce climat de peur irrationnelle que je découvris un matin une grosseur sous mon bras. Mon époux et mon fils étaient absents pour quelques jours, appelés par l'empereur pour rétablir l’ordre dans la région et j'étais seule avec ma peur.

Xm grimaça à ce souvenir. Cependant elle poursuivit.

Je décidai d'aller consulter Albrecht le mire à son échoppe pour confirmer mes soupçons.
Il ne put hélas que constater apparemment j'avais été contaminée - mystérieusement, car aucun cas n'avait été déclarés à proximité immédiate du châtelet- et qu'étant donné l'avancement des symptômes je risquais fort de trépasser dans les jours qui suivaient.


Xm revit en pensée la mine épouvantée du mire qui s'était précipitamment versé sur les mains de l'esprit de vin et l'avait quasiment poussée dehors après la consultation. Elle se retint cependant de noter cela dans son journal tant il était vrai qu'elle n'avait dans ses voyages rencontré personne que le nom même de la peste ne remplît de terreur.

Albrecht offrit généreusement de s'occuper de mes funérailles quand le moment serait venu, mais je déclinai son offre et décidai d'aller attendre la mort seule dans un petit ermitage abandonné au fond de la forêt domaniale de notre seigneur, où l'on ne me découvrirait qu'une fois le risque de contamination écarté.
Je passai chez moi prendre quelques affaires, laissai une lettre d'adieu à mon époux et à mon fils, ainsi que pour mes parents que je ne pouvais aller embrasser sans risquer de les contaminer à leur tour et sans éveiller leurs soupçons par mes larmes que je ravalais à grand peine.
Veillant à ne pas être vue ni suivie, je m'en fus en hâte au fond de la forêt, armée d'une dague que m'avait laissée mon époux pour me défendre d'éventuels malandrins pendant son absence et qui me servirait soit à repousser les loups, car si je devais mourir de la peste je ne tenais pas à servir encore vivante de repas aux prédateurs, soit à abréger mes souffrances -Dieu me pardonne cet offense- si le courage et l'abnégation me faisaient défaut dans mon agonie.


Xm posa sa plume un instant et massa sa main droite qui devenait douloureuse. Quelle angoisse et quelle solitude avaient été les siennes à ce moment! Même après des années , elle en voulait encore malgré elle à Wilhelm de n'avoir pas été là pour la rassurer et de l'avoir laissée face à face avec la perspective d'une mort dans d'atroces souffrances ou une fin plus douce mais qui l'aurait promise à la damnation éternelle...
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Accablée par le chagrin après sa dernière séance d'écriture, Xm était allée se coucher sans même toucher à son dîner et elle avait copieusement trempé son oreiller de larmes amères.
Elle s'était endormie épuisée par les sanglots mais avec le sentiment d'avoir enfin mis des mots sur sa douleur intime et avoir réussi à s'en débarrasser enfin.

Elle se réveilla les yeux un peu bouffis mais le cœur plus léger. Elle dévora un reste de pain et un peu de fromage et s'installa sans tarder pour écrire.

Voilà, il me faut terminer ce pénible passage, la suite sera moins difficile à raconter.

Xm se revit en pensée allongée sur le pauvre galetas qui lui avait servi de lit dans l'ermitage glacial.

La fièvre brûlait mon corps et la peur nouait mes entrailles. Le chagrin déchirant d'abandonner mon fils et mon époux sans les avoir revus me rendait presque folle, je me roulais sur ma couche trempée de larmes en gémissant de chagrin. Je passais des heures entières à contempler la dague que mon époux m’avait donnée, hésitant à commettre un péché mortel pour mettre fin à ma torture, si bien que je mis plusieurs jours à m'apercevoir que bien qu'affaiblie et fiévreuse, je n'étais pas en train de mourir de la peste. La grosseur était toujours là mais pas de douleur extrême, pas de corruption, pas de délire. J'étais malade, très malade mais je n'allais pas mourir, en tout cas pas tout de suite.

Xm ressentit à nouveau le fol espoir qui l'avait envahie à ce moment et le désespoir qui lui avait immédiatement succédé.

Mais comment dans mon état revenir vers les hommes? La peur et la suspicion rendait toute approche d'une personne malade impossible. Et le mire de la ville, que j'étais allé voir plus tôt, quoique célèbre pour son habileté et son savoir, était également connu pour son amour immodéré de la bouteille et sa piètre discrétion quand il avait bu.

Xm gloussa en se rappelant le brave homme, son teint rubicond et sa langue alerte lorsqu'il était ivre...
Il avait surtout l'habitude de raconter tout et n'importe quoi à l'oreille de n'importe qui, depuis les vagabonds jusqu'aux pires des catins... se souvint -elle,caustique. Elle se souvint aussi comme elle le jugeait mal à cette époque et comme les ribaudes qu'il fréquentait lui répugnaient. Elle avait bien changé depuis.

Je craignais qu'il n’ait répandu dans les tavernes la rumeur de la maladie et de la mort prochaine de Dame Xm. Ses paroles imprudentes auraient pour conséquence d'envoyer une partie de la population se claquemurer dans les maisons et de me faire accueillir par les autres avec des fourches et des torches si j'avais l’audace de me présenter aux portes de la ville. Or dans mon état l’audace n’était certes pas ma principale qualité. Si je voulais revoir ma famille il allait me falloir guérir promptement. J’avais besoin d’un miracle…

Xm posa sa plume, se disant qu'elle avait bien mérité un moment de détente à la taverne. Qui sait peut-être son amour était il de retour?
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Xm avait passé un long moment en taverne ce soir là et elle avait un peu trop bu pour se remettre à écrire en rentrant, aussi céda-t-elle bien vite à l'invitation de son amant qui attendait impatiemment qu'elle veuille bien le rejoindre au lit.

Cependant elle n'avait pas vraiment la tête à leurs ébats et quand après une extase partagée son amour se blottit contre elle pour dormir, elle se sombra pas dans le sommeil mais gardait les yeux ouverts dans le noir et ressassait la suite de son journal.

Il faut que je continue, murmura-t-elle, c'est plus fort que moi... Ogier doit savoir la vérité.

Elle se releva, enveloppant sa nudité frileuse dans une couverture de peaux de loups qu'un mystérieux admirateur lui avait offerte... Mmmmh la caresse chaude de la fourrure était un délice sur sa peau. Xm tisonna le feu, rajouta du bois dans l'âtre et alluma une chandelle qu'elle posa sur la table devant ses parchemins qui commençaient à s'entasser .

Son bien aimé remua dans le lit et murmura, à moitié éveillé:

Ma douce, viens te coucher, que fais-tu donc?
Rien mon ange, je n'ai pas sommeil, répondit-elle dans un souffle, je vais écrire un peu.

Le souffle lent et régulier de son amant rassura bien vite Xm, son amour s'était rendormi.

Prenant une profonde inspiration Xm se remit à écrire...

Après maintes tergiversations je finis malgré mon état de faiblesse, par rassembler assez de courage pour me glisser la nuit à l'orée du village où j'attendis de voir le curé revenir des vêpres pour m'avancer vers le presbytère et frapper doucement à son huis.

Le prêtre ouvrit précautionneusement la porte:

Qui est là?
La lanterne à la main il passa la tête par la porte entrebâillée.
- Dame Xm?
Je le vis pâlir dans la lumière blafarde du lumignon.
- Dame Xm? mais tout le village vous croit morte!
- Mon père je vous en supplie ne me laissez pas dehors... J'ai froid, je meurs de faim!

Le brave curé s'effaça pour me laisser entrer tout en jetant un œil au dehors au cas où quelqu'un nous aurait observés.
- Entrez ma fille, il doit me rester du pain et un peu de soupe, mais c'est tout j'en ai bien peur.
J'embrassai les mains du bon père en laissant couler des larmes de reconnaissance.
Allons, allons calmez-vous mon enfant, mangez et après vous me raconterez ce qui vous est arrivé.

Je me jetai goulument sur la modeste pitance de l'ecclésiastique et acceptai avec reconnaissance un gobelet de vin qu'il avait déniché dans son cellier.
Je lui jetai un regard interrogateur.


-Non, non ma fille, rassurez -vous, il ne s'agit pas de vin de messe!
Il s'esclaffa.
- Moi aussi j'aime agrémenter mon ordinaire d'une petite lichette de rouge de temps à autre...
Le bon sourire du vieil homme finit de me rassurer et je lui livrai enfin le récit de ces derniers jours.

Pendant tout le temps où je lui narrai mes mésaventures et mes inquiétudes il se tut et se contentait d'opiner du chef. Puis il se leva.

- Ma fille, vous avez raison, vous ne pouvez pas regagner le village en ce moment. L'hystérie est à son comble et vous risqueriez de terroriser les villageois qui pourrait vous prendre pour une revenante et tenter de vous exorciser...
Je connais un mire...

Je le coupais brutalement.
- Mais j'ai déjà vu un mire, mon père, il n'a rien pu faire pour moi! Regardez dans quel piteux état je suis!
- Après vingt jours ma chère, rien d'étonnant!

Vingt jours? La phrase du vieux curé m'assomma. J'étais donc resté vingt jours à délirer sur mon galetas dans la forêt.

- Voyons, mon enfant, l'être humain est capable d'endurer bien pire croyez-moi. Pensez à notre Seigneur qui passa quarante jours dans le désert!
Et pour ce qui est du mire, ma chère, je suis sûre que vous avez consulté ce vieil ivrogne d'Albrecht. J'hésite entre vieil ivrogne, fornicateur ou vieil imbécile d'ailleurs!

Je considérai le prêtre d'un œil incrédule.
Moi qui avait toujours pris Albrecht pour un savant j'étais douchée.

- Allons ma fille, expliquez moi comment savoir, beuverie et débauche peuvent faire bon ménage? Et puis quand bien même serait-il un parangon de vertu et de tempérance, notre mire n'en est pas moins un fieffé ignorant. Laissez moi vous écrire une lettre de recommandation pour une de mes bons amis de Gênes.
-Gênes, mon père?
-Oui ma chère, il s'appelle Fra Lorenzo. C'est un moine franciscain qui a secrètement fait des études de médecine. Il a appris seul dans les livres des chirurgiens grecs et mahométans, et a pratiqué aussi, pour parfaire son savoir, des expériences que notre église réprouve, mais sa science est telle qu'il obtient de nombreuses guérisons, au point que dans la région, on commence à parler de miracles.

Je regardais le bon prêtre avec espoir.

- N'est-ce pas d'un miracle que vous disiez avoir besoin?

- Si mon père, vous avez raison. Mais ... comment pourrai-je me rendre en Italie? Je n'ai ni argent , ni vêtements, ni cheval...

- Allons mon enfant une chose à la fois voulez-vous. D'abord vous allez vous reposer.

Le père me désigna un châlit dans un angle de la pièce.

- Vous pourrez vous étendre ici. C'est là que dorment les miséreux de passage qui ont besoin d'un abri pour la nuit.

J'eus un mouvement de recul involontaire.

- Ne craignez rien chère Dame, même si cette paillasse est loin de valoir pour son confort celle dont vous avez l'habitude, elle est propre et cette couverture également. Reposez-vous, nous verrons demain comment vous venir en aide.

Je m'allongeais avec reconnaissance et le brave curé étendit la couverture sur moi avec une bienveillance infinie. Je m'endormis comme une masse. Je connus ma première vraie nuit de repos depuis bien longtemps.


Xm posa sa plume et s'étira en baillant. La lune était haute dans le ciel nocturne et sa lumière tombait de biais dans la pièce. Elle contempla un moment son amant endormi qui avait passé une jambe par dessus la couverture dans son sommeil. Elle s'allongea auprès de lui en les couvrant tous deux de la peau de loup et souffla la chandelle. Elle s'endormit le sourire aux lèvres.
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En pleine forme, malgré deux nuits de garde consécutives, Xm était passée chez elle récupérer son écritoire et l'avait emportée à la caserne pour y écrire à l'aise et au calme dans la salle des archives. Elle s'y sentait bien, dans l'odeur de l'encre et des vieux parchemins et y était beaucoup mieux installée que chez elle, avec un bien meilleur éclairage, et qui ne lui couterait pas un écu qui plus est...

Elle s'installa devant un des hauts pupitres et se mit au travail.


Où en étais-je? elle avait un peu perdu le fil depuis l'autre jour. Ah oui...

Citation:
Je m'allongeais avec reconnaissance et le brave curé étendit la couverture sur moi avec une bienveillance infinie. Je m'endormis comme une masse. Je connus ma première vraie nuit de repos depuis bien longtemps.


Xm eut une pensée attendrie pour le vieux prêtre.
Ah mon père, êtes vous seulement encore en vie?

Le poids de ces incertitudes devenait difficile à porter et Xm ressentait , avec l'automne qui s'approchait, l'envie de plus en plus insistante de se remettre en route pour en finir avec tous ses doutes. Elle soupira.

Allons, poursuivons.

Je dormis toute la nuit et toute la journée suivante. De temps à autre, j'avais vaguement conscience de la présence du prêtre dans la pièce et de sa voix qui m'appelait doucement. Je sentis même à une ou deux reprises sa main fraîche se poser sur mon front et le linge humide qu'il passait sur mon visage pour me rafraîchir, mais je replongeais dans une torpeur si profonde, un noir si complet que même les cauchemars ne pouvaient m'y atteindre.

Quand je finis par m'éveiller, le prêtre attendait en m'observant d'un œil bienveillant. J'avais dû, un peu plus tôt , donner des signes de mon retour vers la conscience, car il avait disposé sur la table une nappe blanche , un gobelet et une écuelle d'étain, une cuillère et un couteau, ainsi qu'un bol plein d'une soupe fumante qui dégageait un délicieux parfum de pois et de lard.
Je m'assis sur ma paillasse .

- Bonjour mon père. Ou plutôt bonsoir... Quelle heure est-il?

- Les vêpres sont terminées, ma fille. Vous avez dormi toute la nuit et tout le jour, me répondit-il en souriant.

Je m'étirai en baillant et voulut me lever, mais quand la couverture tomba sur mes hanches je m'aperçus que j'étais nue. Je couvris précipitamment ma poitrine de mes bras croisés et hoquetai de surprise...

Le prêtre, rougissant un peu balbutia.

- Pardon ma fille mais je vous ai débarrassé de vos hardes, elles sentaient par trop mauvais...
Je les ai brûlées car il valait mieux ne pas attirer l'attention en demandant à ma servante de laver du linge de femme chez moi!

Sa servante? Je me rappelai soudain l'existence de la vieille Suzanne.

- Où est elle?
- Je lui ai donné son congé pour quelques jours. Elle a grommelé qu'elle n'en avait pas besoin mais elle connait mon caractère et n'a pas insisté lorsque je lui ai interdit l'entrée du presbytère ce matin.

J'approuvai silencieusement. Le vieux curé était en effet connu pour ses sautes d'humeur et personne ne cherchait à contrarier le saint homme qui en son temps avait aussi été un colosse et un bataillard craint de tous les pêcheurs et pécheresses du comté.

Je tirai la couverture contre moi pour dissimuler ma nudité.

- Ne vous troublez point ma fille, j'ai sur vous le regard d'un père et n'oubliez pas que je vous connais depuis votre naissance...

Je sourit modestement en baissant les yeux.


Xm posa un instant sa plume et rit intérieurement.
Quelle naïveté! Il avait bien dû se rincer l'œil, le brave curé...

Xm secoua la tête et chassa de son esprit cette pensée impie.
Voyons, quelle idée d'imaginer la moindre concupiscence dans le regard de l'ecclésiastique. Quelle ingratitude, il avait tant fait pour elle.
Xm reprit la plume.

- Tenez ma fille, avait ajouté le prêtre, je vous ai préparé des vêtements qui conviendront mieux pour le long voyage qui vous attend.

Je vis près de la cheminée - à des lieues de mon lit!!! - des vêtements d'homme posés sur un escabeau. Chemise, blanchet, haut de chausses, culottes de chasse en cuir, bottes, pourpoint de cuir, gants, ainsi qu'un grand chapeau à larges bords et une cape munie d'une vaste capuche...

- Allons ma fille, levez-vous, habillez-vous et venez manger votre soupe avant qu'elle ne refroidisse.

J'hésitai et me raclai la gorge discrètement pour attirer l'attention du prêtre sur ma gêne.

- Qu'y a-t-il ma fille?

- Eh bien... Si vous pouviez vous retourner...

Le prêtre partit d'un grand éclat de rire.

- Pardonnez moi mon enfant, je suis un vieil ours! J'apprécie tellement votre compagnie que j'en oublie mes bonnes manières.

Il se retourna sur son tabouret et fit face au mur. Je me levai et traversai en hâte la pièce pour aller près de la cheminée, enfiler les vêtements qu'il m'avait préparés. La caresse brûlante du feu sur ma peau nue était un délice de plus après ma longue épreuve dans la forêt.

Pendant que je m'habillai le curé me parlait, le dos tourné, lançant de temps à autre un regard involontaire par dessus son épaule.

- Je vous ai préparé une lettre pour le Frère Lorenzo... Je l'ai scellée et mise dans ce bissac avec le peu d'argent que j'ai pu rassembler, ainsi que quelques affaires de rechange.

A part la chemise, dont les manches me descendaient plus bas que les doigts et que je dûs enrouler au dessus des poignets, tous les vêtements m' allaient à la perfection... Le vieux prêtre avait l'œil. Je ne pus m'empêcher de m'interroger sur leur provenance. Le curé me fournit lui même la réponse.

- Je suis passé discrètement à votre châtelet. L'affliction y est grande de votre disparition et j'ai eu bien du mal à me retenir de révéler votre retour...

J'étouffai une protestation affolée.

- Ne craignez rien ma fille, je sais qu'il vous est impossible de revenir en arrière pour le moment. Je n'ai rien dit à personne... enfin presque.

Comment??? J'étais soudain glacée d'angoisse.

- Tranquillisez-vous Dame, cette personne ne vous trahira point. Il a bien fallu que j'obtienne de l'aide pour avoir ces vêtements et le reste... Ulrike a bien voulu être ma complice.

Ulrike... Je me souvins soudain de cette douce et belle jeune fille que mon époux et ses hommes avaient un jour , rentrant de la chasse, retrouvée inanimée, à moité nue, sur le bord du chemin traversant la forêt au nord de la ville.
Elle avait été détroussée, battue, violée, sans doute par plusieurs hommes , et ces monstres, pour l'empêcher de les dénoncer, l'avaient mutilée en lui coupant la langue.
La pauvre enfant avait survécu et nous l'avions recueillie au sein de notre mesnie.
Nul ne savait d'où elle venait. Nous savions juste qu'elle comprenait le patois rhénan et un peu de français. Cependant elle ne savait ni lire ni écrire et le mystère de son identité était demeuré entier. Nous l'avions baptisée du nom de la sainte patronne du jour où nous l'avions trouvée.


La voix du prêtre me ramena au présent.

... et elle a accepté de voler des vêtements pour vous. J'espère qu'elle ne sera pas découverte. Sinon il faudra que je révèle votre secret pour qu'elle ne soit pas injustement châtiée. Mais vous serez loin. Elle a aussi pris le risque de se glisser dans votre chambre pour y prendre ceci.

Le prêtre se retourna enfin et me montra un petit coffret dans lequel je rangeais habituellement mes modestes bijoux et le peu d'argent que mon mari m'allouait pour mes dépenses personnelles.

- Il vous faudra les coudre dans l'ourlet de votre cape ou les porter dissimulés sur vous ma chère. Ils vous permettront d'atteindre votre destination.

- Mais venez, asseyez vous et mangez maintenant, la soupe doit être froide.

Il se leva et m'invita à le rejoindre à table. Je finis de boutonner mon pourpoint. Je me sentais bien dans ces vêtements d'homme qui me donnait pourtant l'étrange impression d'être presque plus nue qu'avant de les revêtir.

- Il vous faudra également couper vos cheveux... ajouta-t-il.

Je sursautai... Couper mes cheveux?

- Ou au moins les natter bien serrés et les remonter sous votre chapeau, ils attirent par trop l'attention. Il faudra également vous procurer quelque chose pour bander votre poitrine. Il est essentiel que personne ne reconnaisse en vous une femme si vous voulez voyager en sécurité.

Je songeai que j'aurais beau bander mes seins, je ne pourrais pas dissimuler la courbe de mes hanches et le rebondi de mes fesses sous cette culotte de cuir moulante, et qu'il me faudrait sans doute à un moment ou un autre défendre ma vertu contre certains hommes trouvant les jolis garçons à leur goût...

Je n'avais presque pas dit un mot depuis le moment où j'avais commencé à m'habiller.

Je posais un instant la cuiller et m'éclaircis la gorge.

- Et pour le cheval, mon père?

Je n'avais qu'une idée approximative de la distance que je devrais couvrir mais je savais qu'à pied j'en aurais pour des mois.

- Je vais vous donner ma mule, mon enfant...

Je protestai.

- Ne vous souciez pas de moi, à mon âge je ne vais plus aller bien loin, et une mule attirera bien moins l'attention et la convoitise qu'un cheval. Elle est solide et douce. Elle vous mènera aussi loin qu'elle pourra. Et quand vous arriverez à bon port, vendez-là. Elle vous permettra de survivre encore et de trouver le moyen de revenir.

J'étais submergée par tant de bonté. Je me mis à pleurer doucement.

Le vieux curé, ému, se leva et contourna la table s'asseoir près de moi.

- Ne pleurez pas mon enfant, tout cela est bien cruel et bien injuste, j'en convient,mais vous êtes forte, je le sens, et notre Seigneur vous assistera dans votre quête j'en suis sûr.

Je sanglotai de plus belle.

- Allons, allons, bougonna-t-il en me prenant dans ses bras et en déposant un baiser apaisant sur mes cheveux. Tout va s'arranger, vous verrez.

A ce moment, j'avais vraiment du mal à le croire et l'immensité du voyage que j'allais entreprendre me terrorisait. J'ignorais alors que ce long périple ne serait qu'un saut de puce comparé aux interminables pérégrinations qui allaient suivre...


Xm posa sa plume et massa son poignet endolori. Plus d'encre...
Bast, elle en avait assez écrit pour aujourd'hui. Son journal commençait à ressembler à un roman, mais elle était sure que son fils comprendrait tout s'il le lisait un jour... Cela en valait donc la peine. Elle se leva et sortit laissant les feuillets sur le pupitre.

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Vive comme l'éclair
Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999
Depuis la fin de ses trois nuits de garde Xm n'avait pas touché à son journal.
Son bel amant lausannois était reparti chez lui et les nouvelles que sa jolie mésange lui avait rapportées étaient mauvaises, très mauvaises.
Xm décida néanmoins de se remettre à l'écriture, ne serait-ce que pour conjurer le mauvais sort et se changer les idées avant d'aller dormir...


Sa dernière séance d'écriture l'avait laissée en train de terminer son repas chez le brave curé du village...

Dès que j'eus terminé mon repas, le père Erwin s'était levé et m'avait aidée à me tresser les cheveux de manière à les faire disparaître sous le chapeau à larges bords qu'il m'avait apporté.

- Ma fille, je comprends votre réaction tout à l'heure quand j'ai parlé de les couper... Il eut été criminel, en effet, de sacrifier un tel cadeau de Dieu, dit il dans un souffle.
Il s'ébroua, comme pour se libérer d'une torpeur indéfinissable.
- Voyons, voilà que le malin me tortille. Ah mon âge!
Dépêchons nous, la lune va bientôt se lever vous n'aurez point besoin de flambeau pour voyager cette nuit.


Le bon père m'aida à revêtir la cape qui était doublée de petit gris... Posant ses mains sur mes épaules il me regarda, pensif.
- Dame Xm, on vous prendrait pour un joli damoiseau. Promettez moi d'être prudente. Votre époux et votre fils vous aiment et ont besoin de vous.
Je détournais les yeux.
- Oui, votre époux. Même s'il ne sait vous le montrer, il vous chérit tendrement. Il n'est ni si fruste ni si insensible que vous semblez le croire.


Je songeai que j'aurai dû garder mes doutes et mes insatisfactions pour moi plutôt que d'en faire part à mon confesseur, me pensant coupable d'ingratitude. J'avais déjà horreur qu'on me fasse la leçon.

- Quand vous reviendrez de Gênes, je vous aiderai à reprendre votre place parmi les vivants. Nous trouverons bien un moyen. Et il vous faudra alors trouver des raisons de vous contenter de ce que le Seigneur vous a donné et tâcher d'être heureuse avec votre époux.

Autant pour les pensées impures que j'avais avouées quelques temps auparavant en confession... Je commençais malgré mes craintes par être pressée de mettre fin à cet entretien.

Le vieil homme ramassa le bissac dans lequel il avait entassé mes maigres effets et me poussa vers la porte à l'arrière du presbytère.

La mule, sellée, m'attendait dans le jardinet noyé de ténèbres. Une couverture épaisse roulée à l'arrière de la selle, des fontes de cuir qui contenaient l'une du pain, du jambon, des pommes et des poires séchées et du vin pour quelques jours, l'autre du fourrage pour la mule, complétaient mon équipement de voyage. Ma dague était attachée au pommeau de la selle.
La mule mâchonnait, impassible, une poignée d'avoine dans un sac attaché à son museau.


- Elle s'appelle Mélanie, précisa le curé en flattant la croupe de l'animal.
- Elle est assez âgée mais elle est courageuse et docile pour qui la traite avec douceur.


Je m'approchai de la bête et la grattai doucement entre les oreilles. Elle s'arrêta un instant de mâcher et me considéra avec placidité, presque avec bienveillance.
Le bruit de sa tranquille mastication recommença et je me sentis étrangement rassurée par son calme et sa chaleur. J'appuyai mon front contre sa tête...


- Allons Dame il vous faut partir maintenant.
Je pliai le genou tendit le pied derrière moi pour que le père m'aide à me jucher en selle.

Je jetai un dernier regard autour de moi au village endormi. La lune était haute maintenant et glaçai le paysage d'une lumière argentée. Le visage blafard du vieux curé avait l'air de flotter dans l'ombre de la capuche de sa bure. Le temps était comme arrêté. Rien ne semblait réel.

- Ah mon Dieu j'oubliais!!! Au cas où vous rencontreriez des loups... Jetez leur ceci.

Le père me tendit un petit sac de cuir qui semblait contenir une certaine quantité de poudre. J'entrouvris le lien qui fermait le sac et le père se précipita...Trop tard! Une odeur épouvantable m'assaillit les narines, et j'éternuai violemment. Mes yeux pleuraient et la gorge me piquait...

- Qu'est ce donc la mon père? toussai-je. Je me raclai la gorge et crachai.

Le père rit mi-contrit mi-amusé.

- Ah! je vois que j'ai encore amélioré ma formule!
Utile voyez vous quand on voyage seul dans les bois en hiver. C'est de la poudre d'al-qaly. C'est une plante que l'on nomme soude et que je me suis procurée lors de mon dernier pèlerinage au mont St Michel...
Je m'en sers pour laver mon linge et aussi pour éloigner les nuisibles, vous comprenez pourquoi.


Je considérai le prêtre avec incrédulité. J'avais jusqu'à aujourd'hui ignoré bien des choses à son sujet. Était-il aussi alchimiste?

J'avais encore dans la gorge la brûlure de la poudre caustique. Je n'avais pourtant fait que la respirer un bref instant.

- Celle ci est particulièrement concentrée. ajouta le prêtre.
Si vous rencontrez des loups jetez leur le sac. Ils se jetteront dessus car je l'ai fabriqué dans une peau de lapin. Et quand ils y auront donné un coup de dents, croyez moi, ils ne demanderont pas leur reste.

Je remerciai chaleureusement le prêtre.

La lune était haute dans le ciel transparent. La lueur des étoiles tremblotait dans l'air glacial. De temps à autre une branche torturée par le gel craquait dans la forêt. J'aurais tout donné à cet instant pour ne pas devoir partir.
Le brave curé sentant mon hésitation donna une claque sur la croupe de Mélanie. L'animal sursauta et partit au trot.

Je me retournai pour faire signe au curé.

- Dieu vous bénisse mon père, adieu!!!

- Pas adieu ma fille, au revoir... répondit le vieux prêtre en me bénissant de loin. Déjà l'ombre d'un nuage engloutissait sa silhouette.

J'étais de nouveau seule. Je m'enfonçai en frissonnant dans la nuit.


Xm repensa à cet instant si effrayant dans sa solitude et si décisif dans sa vie future. Elle avait fait tant de chemin depuis. Et encore plus en elle même que de par le monde... Elle posa sa plume et alla se coucher. Le sommeil la saisit sans qu'elle s'en rendit compte.
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Xmanfe1999
Assise devant sa table de travail, l'esprit clair, calmée par sa longue séance de méditation, Xm souriait en relisant ce qu'elle avait écrit la semaine passée.

Allons au travail. La suite est bien plus amusante mon Ogier, je te promets que tu vas adorer.

Xm eut un regard chargé de nostalgie vers le lit encore froissé qu'elle n'avait pas pris le temps de refaire avant de partir pour la garde la nuit précédente.
Ah comme le petit Antoine avait rempli sa vie durant ces deux jours... Bien mieux que les amants qui s'étaient succédés depuis sont arrivée à Genève et avant, et qui tous l'avaient abandonnée...

Voyons voir, où en étais-je restée?
Elle parcourut rapidement le dernier feuillet.

J'avais quitté mon village, j'étais seule dans la forêt, c'est bien ça...Elle secoua la tête et se replongea dans ses souvenirs...


Je chevauchais la nuit et dormais le jour en restant à l'écart des villages. Le prêtre parmi tous les conseils qu'ils m'avait donné avant de partir, m'avait enjointe de me tenir éloignée des hommes, jusqu'au moment où j'entrerai dans une grande ville, où la foule me permettrait de passer inaperçue.

En arrivant en vue de Strasbourg, l'après midi du lendemain, je ressentis tout de même une sourde inquiétude.
Le guet allait-il me laisser pénétrer dans la ville? Je n'avais aucun papier, aucun sauf conduit, le seul document en ma possession était la lettre pour Fra Lorenzo qui détaillait je le supposais en tous cas, mes mésaventures, et qu'il valait mieux que personne ne lise à part son destinataire.
Je n'avais pas assez d'écus pour graisser la patte aux sergents du guêt, et mes pauvres bijoux ne devaient me servir qu'en cas d'absolue nécessité, si j'étais capturée par exemple, pour payer ma rançon.
Les chemins vers l'Italie étaient à ce qu'on disait, infestés de bandits.


Xm s'interrompit un instant...
Si j'avais su!
Un fou rire prit Xm qui dut poser sa plume.
L'Italie! Terre des bandits d'honneur... Elle en avait rencontrés plus d'un, et plus d'un devaient se souvenir d'elle, en bien ou en mal d'ailleurs. Un visage et un prénom lui revinrent à l'esprit, faisant naître un sourire fugace sur son visage...Un murmure : Gianni...

Hum, chaque chose en son temps, soupira Xm en reprenant difficilement son sérieux. Pour l'instant je suis encore à Strasbourg... ou plutôt je n'y suis pas encore...
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Powerjeff
euhhh non rien
Xmanfe1999
Plusieurs jours avaient passés depuis que Xm avait commencé à raconter le début de son voyage.
Il y avait eu les deux jours avec Antoine, riches en émotion et pleines d'un bonheur poignant, puis l'incident à la caserne avec ce jeune chien fou de Chaos, que Xm avait sauvé d'un sort incertain en mettant en jeu sa réputation et sa carrière à la garde, puis le bal, où elle avait rencontré deux hommes dont l'un lui avait bien rappelé quelqu'un, puis enfin la soirée choucroute cher Powerjeff...
Bref, la semaine avait été bien remplie et Xm était impatiente de s'asseoir au calme, de mettre de l'ordre dans ses pensées et d'oublier ses soucis présents en se replongeant dans ses souvenirs, surtout que l'épisode strasbourgeois avait été, tous comptes faits, des plus cocasses. Enfin, jusqu'à sa sinistre conclusion...


Humm, marmonna Xm en souriant, voilà qui va t'amuser, mon fils.

Xm reprit la plume, les parchemins, réchauffa l'encre en prenant l'encrier dans le creux de sa main et se remit prestement à écrire.

Je me trouvais à quelques toises de la porte nord de la ville de Strasbourg.
J'hésitais sur la conduite à tenir. Je finis par descendre de mule pour me confondre avec la foule et je m'avançai lentement vers l'immense porte en tenant ma mule par la bride.
C'était probablement jour de marché car la foule était dense et partout où portaient mes regards ce n'étaient que chariots chargés de victuailles, tropelets de moutons ou de bœufs, hommes, femmes et enfants pressés, pataugeant dans la boue remuée par des milliers de pieds dans cette matinée de début d'hiver.
Je me sentais confortablement anonyme dans cette multitude.
J'avais entendu dire par mon précepteur que Strasbourg était la deuxième ville de l'Empire et que 14000 âmes s'y pressaient, mangeaient, travaillaient, dormaient. J'avais alors traité mon précepteur de menteur, incapable d'imaginer un nombre aussi incroyable d'habitants en une seule ville, mais je voyais bien maintenant qu'il avait raison et c'est à la fois exaltée par la vie bourdonnante de la cité et effrayée par la foule que j'arrivai au niveau du guet.

Mon air dégagé devait avoir donné le change puisque je passai sans encombre la première herse, mais catastrophe! au moment où j'allais ressortir du couloir que formaient les remparts entre les deux tours de garde, un des sergents me héla.


- Hé toi!

Je me figeai sur place, le cœur dans la gorge.

- Oui toi, le damoiseau avec le grand chapeau et la mule! Approche!

Je fis demi tour, me disant que mon voyage était terminé avant même d'avoir commencé.

- Je te connais, toi!

J'évitais de le regarder en face car j'avais effectivement reconnu un des anciens hommes d'armes de mon époux.
Il avait été chassé de notre châtelet car il brutalisait les filles de fermes et de cuisine et notre curé l'avait même parfois surpris à tâtonner les jeunes garçons d'écurie qui servaient la messe avec lui.
Apparemment le satyre avait réussi à se faire engager dans la garde de la grande ville, où ses penchants et ses vices passaient sans doute plus facilement inaperçus.


J'étais terrorisée à l'idée d'être découverte par cet homme qui devait forcément nous haïr.

Il insistait. - Je t'ai déjà vu quelque part... mais où?

- Je l'ignore messire sergent...

Je le flattais délibérément en lui attribuant un grade que visiblement il ne possédait pas.

- Peut-être me confondez-vous avec une personne que vous connaissez? Je viens d'un petit village nommé Oberhoffen et j'ai ouï dire à l'occasion, en allant à la foire à Haguenau, que j'avais quelques traits en commun avec le fils de sa seigneurie...

Je transpirais sous ma cape doublée de fourrure et je la déposais sur le dos de la mule avant que la sueur dégoulinant sur mon visage ne trahisse mon embarras et ne trace des sillons dans la crasse dont je m'étais frotté le visage pour tenter de dissimuler mon teint clair et donner l'illusion d'un soupçon de barbe et de moustache.

Bien que tournant le dos au soldat puant qui marmonnait toujours dans sa barbe, cherchant dans son cerveau épais où il avait bien pu me croiser, je sentais son regard sur moi , me détaillant impudiquement, et je pouvais aussi flairer son haleine avinée, tant il se tenait près de moi.

Je me retournai brusquement et le surpris la main en avant, les yeux exorbités, la bouche entrouverte. Un coup d'œil rapide sous sa ceinture me renseigna bien vite sur ses intentions.

- Allons, damoiseau, ... grognait-il la voix rauque, je sais que je te connais, et il ne tient qu'à toi que nous ne connaissions davantage...

Il souriait et je pouvais voir ses dents gâtées entre ses lèvres rouges et humides de concupiscence. J'étais prise au piège.
S'il s'approchait davantage, mon déguisement ne le tromperait plus très longtemps et je risquais fort d'être arrêtée pour travestissement, et qui sait ce qui pourrait arriver ensuite.
Une femme portant des vêtements d'homme en dehors du Carnaval risquait gros, le pilori étant la plus douce des punitions envisageables. Mais dans les mains de ce satyre, il y avait fort à parier que le jeune homme que je tentais d'incarner passerait un bien mauvais quart d'heure.


J'échafaudai un plan à toute vitesse et tentai le tout pour le tout en frissonnant de dégoût et en réprimant une nausée devant l'odeur répugnante de sa bouche pourrie.
Je me rapprochai de lui.

- Beau sergent... malgré la panique j'avais du mal à ne pas rire devant l'orgueil ridicule qui le gonflait. Si vous souhaitez faire ma connaissance, laissez moi vous dire que je me nomme Wilfried Edelstein et que je suis apprenti orfèvre auprès de mon oncle, dans son échoppe derrière la cathédrale - mon mari m'avait offert pour notre mariage une croix d'or provenant de la boutique de cet artisan.

- Messire Edelstein, pour sûr, je le connais. J'ignorais qu'il avait un neveu...

Le mensonge prenait, le soldat de grattait la tête, qui grouillait sans doute de vermine, comme tout son individu répugnant.

- Eh bien, je reviens de voyage et il m'attend. Je lui rapporte différents articles que j'ai appris à fabriquer aux Allemagnes. Regardez.

Je lui montrai la petite croix d'or que j'avais glissé dans la doublure de mon pourpoint.

Le soldat grommela. Il voyait la perspective d'un moment en tête avec moi lui échapper et redevenait soupçonneux, mais la couleur de l'or et le soupçon de peau qu'il avait aperçus quand j'avais tiré ma croix de sa cachette le distrayaient à nouveau.

- Mon oncle m'attend, poursuivis-je, mais je suis sûr que ce soir, si vous le souhaitez , et si vous connaissez une bonne taverne, je vous raconterai mon voyage devant une bonne pinte de bière ou de vin. Je serai ravie de payer à boire à quelqu'un si soucieux de son devoir.

Le soldat rit, flatté et alléché et me donna rendez vous à l'enseigne du Serpent Vert à deux pas de la grande maison du maître fromager à côté de la cathédrale. Je ne pouvais pas la rater, me dit-il, en face de cette immense maison aux colombages sculptés que l'on nommait la maison Kammerzell... Je devais forcément connaître si mon oncle résidait dans la rue des Orfèvres.

Il avait ajouté cette dernière remarque en m'observant attentivement.
N'étant jamais sortie de mon village, j'ignorais totalement de quel endroit il voulait parler, mais grâce aux indications que cet imbécile m'avait fournis, je savais pertinemment quel secteur de la ville éviter ce soir si je voulais éviter de tomber sur ce soudard malpropre et aviné.


Le grossier personnage s'en léchait déjà les babines.

Je me retournai pour récupérer la bride de ma mule qui m'attendait patiemment sans bouger, le soudard me gratifia alors d'une retentissante claque sur les fesses. Je fis volte face, prête à exploser de rage envers l'impudent.

Il riait grassement.

- Ah joli damoiseau je vous demande bien pardon, je n'ai pu m'en empêcher, quand je vois un aussi joli postérieur, je ne sais quel démon me saisit, mais il faut que j'y mette une bonne claque...

Le soldat souriait, une lueur mi-salace, mi-rusée au fond des yeux, surveillant de loin ses camarades qui continuaient à contrôler les allées et venues autour de la porte.

Son attitude me montrait qu'il n'était pas entièrement dupe de mon manège et qu'il ne tenait qu'à lui de me confondre.
Peut-être était-il finalement moins idiot qu'il y paraissait.


Je bénis intérieurement le soleil d'hiver qui par contraste rendait l'ombre de ce corridor plus dense encore. Une grimace de dégoût déformait mon visage.

- Soit, sergent je vous attendrai au Serpent Vert après vêpres...

- Je saurai vous trouver si vous n'y êtes pas, messire Edelstein. J'ai des amis partout dans cette ville. Soyez exact au rendez-vous.

Je n'avais évidemment aucune intention de m'y rendre et décidai d'aller chercher refuge à l'évêché...


Xm posa sa plume. Elle se remémorait les moindres détails de cette pénible entrevue. Le soldat l'avait finalement laissée partir mais la seule évocation de ce grossier personnage lui donnait encore des haut-le-cœur.

La fin de l'aventure avait été bien plus amusante mais chut, il était tard, elle avait bien le temps. La suite serait pour bientôt.

Xm souffla la chandelle et alla se coucher. Elle s'endormit immédiatement.
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