Anatole, je crois quil est temps
Ne nous voilons pas la face, malgré toute ma sainteté, il est possible quun jour jabandonne ce bas-monde pour des sphères plus éthyliques. Evidemment, vous nen aurez certainement plus pour très longtemps non plus alors, étant donné que le monde doit sécrouler le jour de ma mort, rapport aux prophéties, toussa toussa
Ceci dit, connaissant lhumour douteux, JAI BIEN DIT DOUTEUX, de ces enfoirés danges aristotélitrucs, ouais, même pas peur, jles prends un à un
bref, au cas où, il se pourrait que vous me surviviez quelques temps. Après tout il faut bien des spectateurs à la mort dune étoile, ne serait-ce que pour la raconter aux masses ignorantes. Je préfère donc organiser tout ça plutôt que de vous laisser gérer, vous connaissant, ça va être un naufrage. Et puis ça fait noble de laisser ses dernières volontés. Du coup, notez. Enfin servez-moi à boire et notez. Vous plantez pas dans lordre.
De Nous, Mahaut, dame de Nabinaud, Baronne de Barbezieux, Vicomtesse de Verteuil que même si des petits mgnamgnamstaille ont dit que non, on sait bien que je le suis toujours
Bordel, resservez-moi, je sens que ça ménerve. Bon. De nous, Mahaut, également connue sous le nom de Sainte Boulasse, de MOI, de cheffe absolue et irrévocable et n°1 du trucmachinchosisme, de poney rose mais aussi parfois de « mais je ne vous connais pas, lâchez ma jambe ! ». Laissons ce jour notre testament, en laissant notre avocat le Baron de Mareuil, ce cher Têf, en être le garant et lexécuteur testamentaire
Quil soit su de tous que je ne regrette rien, sauf la commode du salon principal du Louvre.
Que je pars consciente du vide béant que laissera mon immense personnalité et que je pardonne déjà à ceux qui sentailleront les veines par pur désespoir, leur garantissant une entrée au paradis des poneys.
Concernant la répartition de mes biens et propriétés, je laisse la loi et les hommes décider du destin, mais souhaite néanmoins donner quelques menues directives de rien du tout.
A mon père bien-aimé, Valnor de Lande-Morte, je rends ses terres et son fief de Nabinaud. Mille grâces lui soient rendues davoir bravé les quen-dira-t-on et de me lavoir octroyé en reconnaissance de paternité. Jespère navoir pas trop abîmé le tout, et je suis convaincue quil se rangera à mon idée de décoration à rayures multicolores. De toute façon, jai donné ordre de peindre en rose fuschia un « merci papounet damour » sur le pont levis. Mon seul regret sera de navoir jamais réussi à forcer le verrou quil a fait posé sur sa porte de cave à la Rabatelière, mais il faudra transmettre mes compliments à lartisan, cétait du beau boulot. Chapeau, papapair.
A ma belle-mère et belle-paire, Elayne, jadresse un franc merci pour nous avoir acceptées, Orka et moi, dans sa vie, et je lui lègue un parquet tout neuf à motif « pieds de poules » pour sa chambre à coucher. Encore pardon pour le prof de maintien, mais il sen remettra, la peau des fesses cicatrise très bien à ce quon ma dit.
A mon demi-frère, Pârys, je souhaite la plus grande réussite dans le monde, lui ordonnant de devenir Roy de France, ou à la rigueur Empereur, afin de faire en sorte que notre nom rayonne encore sur le monde, malgré mon absence. Je confie à Anatole un petit sac en cuir empli de petits papiers-conseils dans lequel il pourra piocher en cas de coups durs. Je suis consciente que cela ne remplacera pas ma présence à ses côtés pour lui apprendre à bien se tenir dans le monde, mais cela pourra peut-être lui sauver la vie, surtout sil traîne en taverne. Et je prie le ciel quil y traîne, payant une tournée à ma santé à chaque entrée.
A ma sur, Orkaange. Voilà enfin loccasion pour toi de briller en société, sans ma présence pour téclipser. Quels que furent les mots prononcés entre nous, et Aristote sait combien il y en a eu
, tu as été une complice de premier ordre durant ma courte existence, et le monde se souviendra à jamais de notre tandem modesque qui a révolutionné le monde de la mode. Je te lègue donc mes parts dans la Baleine rose, ma chambre à la Rabatelière, ainsi que lintégralité de ma garde-robe et de mes chaussures, y compris mes Loups Bouttins vernis roses à paillettes faits sur mesure (je te connais assez bien pour savoir que tu forceras tes pieds à y entrer, même à leurs cor(p)s défendant). Evidemment, tout cela tira moins bien quà moi, mais bon, quitte à ne plus rien pouvoir mettre, autant que ce soit toi qui laisses les gens bouche bée quand tu apparaîtras. Et puis jai mis des étiquettes avec mon nom partout, cousu avec un point hypra serré que si tu le défais, tu fais un trou dedans. Peuche-euppe, sisteure.
A celui qui fut mon presque frère, même sil faut lappeler mon père et que des fois il fut un fils, un juge, un porte-parole, un n°2 très convaincant du Trucmachinchosisme (quoiquéternel second), bref à Choubinet-Doudinet, TOI, Lotx
Je ne sais combien de temps jaurais pu survivre dans ce monde sans ton indéfectible soutien. Peut-être à peine le temps dune barrique. Je te lègue mes vignes ainsi que mon alambic (revu et arrangé par Léonard). Jajoute pour la peine ma bouchonneuse et mon carnet dadresses de fournisseurs et détaillants en vin. Enfin les 17 tomes de carnets dadresses, quoi. Je sais que tu en feras bon usage, surtout si tu continues à marier des gens, cest tellement barbant quil te faudra bien de quoi tenir. Comme on dit chez les mourants facheunes : sillou, bro !
A celle qui nest pas vieille mais qui a de lexpérience, à lunique poney à 8 doigts, à celle qui réussit à épouser un duc et donc à être au dessus de moi héraldiquement parlant, bref, à Lynette
Ne désespère pas. Tout mari finit par mourir et les bébés peuvent naître roses parfois. Je te lègue tous mes sacs à main, ainsi que mes armes de combat (épée avec tête de chaton en brillants, stylet imprimé léopard, talons aiguilles télécommandés, système intégré de rattrapage de révérence et autres menues trouvailles de Léonard) afin de taider dans ton futur veuvage, ainsi que toute ma correspondance aux douaniers. Merci à toi de mavoir initiée à lart délicat de la diplomatie. Je te laisse également les vergers relatifs à mes terres, notamment les poiriers, tu sauras en tirer le meilleur alcool. Je serai aux côtés dYgerne pour taccueillir au paradis des poneys quand ton heure sera venue (mais tas encore le temps, je te prévois encore quelques maris croulants). Et essaye de garder tes doigts, cette fois.
A mon beauf de chez beauf, à la honte de la famille, au gueux-qui-sent-le-gueux-dans-une-famille-de-nobles, bref, au mari de ma sur, Myrmillmze. Je ne lui lègue rien sinon mon indéfectible amitié. Une chorale a été missionnée et grassement payée pour laccompagner lors de ses cueillettes aux champignons afin de lui rappeler les meilleures heures de notre entente à grands coups de « je serai làààà toujours pour toiiiii ». Ah, et rajoutez-lui le sponsoring dune équipe de soule quil dirigera. Comme dhabitude, il narrivera à rien niveau tactique, mais bon, ayant toujours été grande partisane du mode bourrin, je pars avec le sentiment rassurant de voir que les bonnes vieilles techniques dattaques perdureront (et aussi avec lespoir quon pourrira une bonne fois pour toute les Bretons).
A ma marraine, Isabel de Mendoza, inénarrable hispanique et cuisinière émérite et éméchée à la liqueur de glands. Merci à toi de mavoir trouvé à me loger et à me sustenter lors de ma sortie du couvent. Merci également de mavoir appris le bon goût et de mavoir forcée à développer mes talents en communication structurelle et résiduelle. Même si tu restes à jamais hermétique au charme des ufs-mayonnaise, ton goût immodéré pour les pique-niques aura éclairé mes jours. Je te lègue mes chapeaux, y compris ceux à plumes et à voilette. Et pour pouvoir les ranger correctement, je te lègue également ma petite propriété de Bergerac dans laquelle les ranger.
A son grand amoureux, au plus grand lapin que la Terre ait jamais porté, à Fazzino . Toi qui as si souvent dû porter nos affaires, sans rien dire, et connaissant ton goût pour ma pharmacopée, (vous avez vu Anatole, je lai dit sans me tromper, cest bien un signe que les temps changent), je te lègue mon lot intégral de baume-qui-pue-qui-soigne. Ainsi quun double des clés de la propriété dIsabel, avec la recommandation de bien vouloir y vivre avec elle afin de veiller à sa sécurité, sa réputation de bretteuse hors-pair pouvant lui attirer des soucis (surtout si ses macarons lui viennent dans les yeux, elle aura bien besoin de ton aide pour repousser ses assaillants, même en hurlant en hispanochépaquoi (que je parle couramment)).
A mon plus grand fan, au poney chauve, à celui dont les yeux brillent quand on dit « trajet simple avec quelques étapes », bref à Gourry. Je regrette infiniment de devoir tabandonner alors que tu crois encore en moi (et avec raison, à ce jour, on na pas encore trouvé mieux) et je te prie de me pardonner en te léguant le texte original de la chanson du hérisson, en espérant que tu le chanteras à tue-tête lors de ma veillée funèbre ainsi que pendant le trajet de mon cortège funèbre. Parce que le hérisson, lui, ne peut pas se faire mettre, ne loublie jamais.
A celle qui a des problèmes avec ses pieds, à celle qui aurait dû faire plein de poneys avec Gourry (et qui en fera, je lexige), bref à Espartame. Tu avais tout pour être poney, tu les devenue en temps record. Je te lègue donc un poney tout neuf dont tu feras tout lusage que tu veux, ainsi que ladresse dun chausseur parisien de renom qui te réalisera des chausses sur mesure pour que tes pieds cessent de se faire la tête. Même si toi et moi, on sait que le problème principal, cest que cest le sol qui est pas droit.
A mon grand-parrain, à celui dont je fus une ex, au plus vieux poney à lhaleine chargée, bref, à Optat. Je te lègue une champignonnière où tu pourras cultiver à loisir ton plat préféré ainsi quun champ attenant où, à ce que lon ma dit, un ail très vif y pousse à merveille. Puisse-t-il te garantir une longue vie et une haleine parfumée que tu pourras glisser à toute jeunette venant te demander conseil (voire même pour les vieux, mais cest toujours plus amusant sur les jeunes). Et je maintiens quil faut les faire sauter. Les champignons gardent toute leur saveur quand ils sont sautés.
A mon avocat, à mon premier initiateur de bonnes manières, au capitaine éternel du radeau de la méduse, à celui qui paya quand même pas mal de coups et qui continuera à jamais à apprendre le droit à des apprentis gouvernants pleins dacné, bref à Têtedefer. Merci pour tout, Baron. Je vous lègue tout mon attirail dartiste, sachant que vous soupirerez en constatant la prédominance évidente des teintes roses dans le lot. Je vous lègue également un troupeau de moutons, ayant souvenance de votre attrait pour lanimal (ceci expliquant sans doute votre non-résignation face aux apprentis gouvernants susmentionnés) (et ouais, vous avez vu, jai réussi à dire « susmentionnés » sans ricaner. Ah non, tiens). Puissiez-vous garder le cap dans votre tour divoire inaccessible. (Franchement, vous pouvez en sortir, les gens ne se vexeront pas de votre goût pour vous habiller en femme, hein, les esprits souvrent cornefianchtre !)
Au nain beau, au petit Juju en culotte de Nemours, au troubadour éternel, au métis angevin-bourgognonnais, bref, à Aimbaud. Noublie jamais ta passion pour le spectacle. Tu aurais pu être le plus grand des troubadours de la Renaissance. Et personne taurait rien dit si tu avais voulu continuer à thabiller en action-chevalier, le plus grand de tous les héros. Le destin temmène sur des routes plus guerrières
Afin que tu noublies pas le monde merveilleux du spectacle, je te lègue ma cargaison de poudre de champignon, ainsi que le contact de mon dis-leur. Une fois parvenu au sommet, noublie pas dorganiser de méga-fêtes, le peuple aime bien et en plus on peut pécho. Bigue Heuppe !
A mon défunt époux, sil peut mentendre là où il est
Mon Roudoudou choupinou, si tu étais vivant, je taurais légué tes 3000 écus, livrés dans une baignoire. Et la garantie que je te retrouverais pour quon en discute. Puisque tu es mort et donc libéré des contingences matérielles, je ne te lègue rien mais je te rejoins pour quon ait enfin cette petite discussion sur lusage des domestiques avec une baignoire. Réjouis-toi, on a léternité pour en discuter posément.
Voilà, je pense avoir fait le tour. Evidemment, je nai pas distribué lintégralité de mes possessions, ne serait-ce que les 2000 écus qui traînent dans mon sac à main, ou encore cette magnifique tapisserie de poneys, sans parler de mes fûts et de mes poules
Tout cela vous revient, Anatole. Je ne sais pas si vous êtes un saint ou un abruti complet mais mon foie, vous êtes resté toutes ces années, malgré toutes mes tentatives. Ce fut très intéressant dun point de vue psychologique. Voilà, vous resterez donc une mauviette jusquau bout, mais une mauviette tenace, et riche. Vous allez voir quun de ces quatre vous ne serez plus puceau
Fermez votre grande bouche de limousin et cessez de bredouiller, cest très agaçant et ça va diminuer le tragique de ma mort. Occupez-vous des poules comme si elles étaient le pruneau de vos yeux. Ah pis vous ferez un cortège pour aller menterrer auprès de Roudoudou, entourée de tous les poneys. Ça vous prendra bien un an, alors arrosez-moi bien dalcool pour me conserver. Naturellement, de la mirabelle, bon sang, à qui croyez-vous parler ? Vous naurez quà vous débrouiller, après tout vous serez riche, ne vous restera quà devenir dégourdi.
Je pense avoir dit lessentiel, même sil y aura beaucoup à dire sur tout. A partir de maintenant, débrouillez-vous, moi jai poney.
Que mes volontés soient faites et tout le bordel.
Vous me mettrez le sceau officiel hein. Pis resservez-moi, au lieu de pleurer. Limousin, va.