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[RP]Je suis partout chez moi...

Maledic
...alors pourquoi toquer ?

L'espèce de morveux en cavale jaugeait un fumet d'un air appétissant. La gourmandise, qui n'est réservé à aucun âge, lui titillait les papilles et bientôt son estomac se dit que oui, il pouvait bien avoir faim tout compte fait. Roberta, la grosse nourrice qui était chargée de le surveiller alors que la famille se prélassait longuement dans Dijon, avait encore été semé par plus rapide et plus agile que ne pouvait lui permettre ses lourdes jambes dont se moquait ouvertement le petit Corleone. Une charette avait gentillement accueilli un passager clandestin et voilà qu'il se trouvait sur le domaine de Seignelay. (Oui ça a l'air facile, mais c'moi qui commande pour les besoins de l'histoire!)
Sachant ce qui allait suivre, il allait sans doute en être débarrassé à vie, de sa nounou. Pas plus mal d'être libre de ses mouvements et gestes.

L'arôme de la cuisine finit par séduire notre fin gourmet qui sans se donner la peine d'annoncer sa présence se faufila à la suite de la livraison de charrette. Il venait de pénétrer au coeur de l'ennemi mais ne le savait pas encore.
Sa petite taille lui permit de glisser sous les tables au milieu de l'agitation qui régnait avant le repas du midi, une main leste vola un morceau de tarte et les babines se délectèrent de pareil met. Non qu'il était mal nourri, mais tout dessert sucré est toujours un véritable délice pour un gamin de 4 ans. Même pour les plus grands d'ailleurs, qui se prétendent au-dessus des gamineries. Ben voyons.

Son repas effectué, l'exploration du bateau ennemi pouvait commencer, aha ! Navet, fidèle ours en tissu pirate, copain et secrètement donneur de câlins, suivait diligemment son maitre qui le trainait sur les lourds tapis riches de la demeure.
Le mioche avait les yeux ouverts, ronds comme des mirettes devant tout l'étalage de richesse qu'il voyait apparaitre devant lui. Il était habitué à la richesse des paysages et du vin coulant à flots dans les tavernes, non à des châteaux pareils.

Un chevalier ! C'est là qu'habite les chevaliers, non ? Il lui fallait en trouver un absolument afin de prouver que les pirates c'est bien mieux que les chevaliers. Si, si, un chevalier ça sait pas se battre, ça parlote et ça se jette des gants, alors qu'un pirate un vrai, ça a une hache et vlam ! Tout cassé !
Un domestique lui jeta un regard en coin, mais il continua sa route comme si de rien n'était : après tout il chez lui !

Une pièce attira son attention plus qu'une autre par un joli petit coffret. Un coffre à trésor !! Quelle ne fut sa déception quand il y découvrit un amas de lettres proprement rangés. Il y avait peut-être une carte au trésor à l'intérieur ?

Ce fut là que le mini ouragan se mit en marche et commença à détruire la chambrée. Des lettres furent arrachées, puis jetées en l'air : les ravissants petits oiseaux ! Maledic se mit à rire aux éclats.
Il sauta à pieds joints dans le coffre avec ses chaussures couvertes de poussière, nouveau bateau, et combattit de son épée, ah non sa hache désormais, imaginaire les hommes qui l'abordaient. En garde vils manants ! Tchac, tchac,tchac ! Il fit tomber une chaise et s'accrocha au rideau qui s'écroula sur sa tête, alors que attention, un autre ennemi l'abordait !

Il était en train de faire du trampoline sur le lit, simulant le roulis des vagues, quand des bruits de pas retentirent dans le couloir figeant sur place le mioche qui se rendit compte qu'il avait peut-être fait une bêtise,
rien qu'une petite bêtise,
toute toute petite...

Vlam ! Il ferma bruyamment le coffre, y cachant Navet, s'assit dessus et attendit le visiteur avec une figure parfaite d'innocence.

Un vrai p'tit ange. Mon oeil.

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Della
Della remontait chez elle, après une promenade dans les jardins de Seignelay, en compagnie de Isandre et de Clément, son fils aîné. Ce dernier avait faim et sa mère l'avait laissé aux cuisines où on lui préparerait un goûter. Della, elle, prévoyait de se plonger dans la lecture du courrier, confortablement installée devant la cheminée de sa chambre.

C'est donc une duchesse tout à fait détendue et d'excellente humeur qui posa la main sur la poignée de la porte, qui tourna la dite poignée et ouvrit la fameuse porte pour tomber sur un spectacle pour le moins...ahurissant !


Mais qu'est-ce que c'est que ce bazar ? Lança-t-elle d'abord, alors que son regard balayait la pièce.

Qui es-tu, toi ? Son index pointait maintenant le gamin assis sur le coffre.

Est-ce toi, le responsable de tout ça ?

Le ton de la voix s'élevait, machinalement, elle ramassait quelques lettres éparpillées, sans encore vraiment se rendre compte de ce qu'elle tenait entre les mains.

Mais..mais...mais, ce sont MES lettres ! Tu as osé...lire MES lettres !

La pièce était tombée et maintenant, les yeux lançaient des éclairs, tandis qu'elle s'apercevait alors du reste...la tenture au sol, le lit défait...

Espèce de garnement !

Della lâcha les lettres qu'elle avait ramassées et empoigna le gamin qu'elle leva du coffre en le tenant pas les bras, montant ses yeux au niveau des siens. Elle approcha le gamin tout près, tout près...et siffla :
Ton nom ! Dis-moi ton nom ! Tout de suite !
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Isandre.watelse
Après avoir veillé à ce que le jeune sire ait de quoi calmer son appétit aiguisé par le grand air, Isandre se dirigeait vers la nursery pour s'assurer que la petite Béatrice avait tout ce qui lui fallait et que sa nourrice ne s'était pas encore endormie.
Elle pestait intérieurement. Trouver une bonne nourrice s'était révélé plus complexe que prévu. Certes, celle ci produisait en abondance et la petite prospérait mais la femme se laissait aller à dormir pendant la journée, et elle semblait avoir une hygiène assez déplorable.

La demoiselle de compagnie fut tirée de ses pensées par des cris provenant de la chambre de Dame Della. Craignant une agression, elle s'y précipita pour prêter main forte et tomba sur un spectacle assez surprenant.

La pièce semblait avoir été traversée par une tempête. Meubles renversés, rideaux arrachés, lit bouleversé et une quantité incroyable de parchemins répandus sur le sol.

Le coupable semblait avoir été pris cependant. Isandre se demanda s'il était le seul responsable de ce carnage. Il ne semblait pas bien gros.

- Dame Della ? Dois je faire appeler la garde ?

Il semblait peu probable qu'il faille plusieurs bras pour venir à bout du petit nuisible, mais après tout, on a parfois des surprises et à voir l'étendue des dégats...

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Maledic
Le jeune marmot se tenait coït pendant que la foudre s'abattait sur lui à chaque parole que prononçait cette drôle de dame. Oui elle était très étrange en effet, cette tenue ne devait vraiment pas être pratique pour courir dehors ou s'installer à une simple table. Lui qui voyaient les filles de la famille échevelées, ou poussiéreuses des sols de la route, il avait du mal à croire réel cette soudaine apparition. La seule personne dont il se souvenait être attifé pareil, était une duchesse. Ah, il avait fâché une duchesse. Boh, ça reste une fille même si elle aime se déguiser.

- Est-ce toi, le responsable de tout ça ?

Dans un déni total, il secoua vigoureusement la tête. Ce n'était pas lui qui avait construit ce château, ou qui l'avait habillé comme ça, donc alors qu'est-ce qu'elle lui voulait donc ? On a plus le droit de jouer dans ce pays ?

- Tu as osé...lire MES lettres !

Lire ? Alors là on l'accusait d'une chose qu'il n'avait même pas faite ! C'en était trop, ah oui, hein ! Il sauta à pieds joints sur son coffre et tendit son doigt vers elle, comme on avait l'habitude de faire pour le punir. Ses cris de protestations se noyèrent dans la suite d'un

J'y ai pas li, j'y sais pas lire, *garnement* vieille bique !

Il adorait cette insulte piquée à une de ces chères cousines qui lui donnaient une parfaite éducation sans même le vouloir. Tout naturel. 100% bio. Il bomba le torse, fier de son nom et de sa prestance. C'est un roi pirate, je vous rappelle.

Suis pas garnement, y suis Maledic Corleone, roi piate !
Et t'y dis "Vot'e Altesse !"


Voilà ce qu'il se passait quand quelqu'un s'amusait pendant toute une soirée à l'appeler ainsi pour lui donner le titre de roi auquel il prétendait.

- Dame Della ? Dois je faire appeler la garde ?

Une autre folle venait de débarquer. Vraiment pas ici qu'ils se trouveraient des amoureuses. Complètement fêlé là-dedans. Avec un air de médisance face à l'inculte, tel le roi face à son valet, le morpion répondit d'un ton insolent.

M'y garde t'seul.

S'il s'était débarrassé de Roberta la grosse, ce n'était certainement pas pour qu'on lui retrouve une autre nourrice. Une moue plissa son visage encore rond, contrarié. Il se sentait en territoire ennemi, avec tout ses cris et regards haineux.

Son lance-pierre jaillit dans sa main et il visa la deuxième entrante, prêt à charger au premier signe de menace envers sa personne. Quelle mauvaise idée a donc eu sa mère en lui mettant pareil jouet dans les mimines pour l'occuper. Dire qu'un jour, on lui donnerait une hache. Je n'ose même pas imaginer ce que cela donnera.

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Della
L'enfant était lourd.
Della le reposa brusquement sur le sol et le toisa de son regard couleur acier, celui de la colère, elle leva une main menaçante aussi quand le rejeton lui envoya de la "vieille bique".


Tais-toi ou je te donne à manger à mon chien !

C'est très bien si tu ne sais pas lire...!!!
La Renarde ramassa à nouveau quelques lettres, se faisant, elle s'aperçut d'un détail qui ne l'avait pas encore frappée...Ces lettres, les lettres que le gamin avait répandues un peu partout, étaient les lettres de Flavien ! Le rouge lui vint aux joues, il ne fallait pas que quelqu'un lise ces lettres ! Jamais !
Le gamin fut abandonné et elle tenta de rassembler les lettres précipitamment, les poussant sans les ranger dans le petit coffret qui portait les initiales "D & F", tant pis si certaines étaient chiffonnées, elle les défroisserait et les rangerait correctement plus tard.
L'enfant dit alors son nom et là, elle arrêta net sa récolte pour fixer le gosse d'un regard méchant, les lèvres pincées, la rage au coeur.

Corleone ?
Elle se mit à rire.

Roi ! Tu parles ! Graine d'assassin et gibet de potence, oui !

Elle s'approcha de l'enfant, doucement, les yeux à demi-clos, elle pointa son index sur lui.

Sais-tu ce qui va t'arriver, Maledic Corleone ?
Elle approcha encore, tout près, le gamin pourrait sentir son souffle :
Je vais t'enfermer dans les oubliettes et tu n'en sortiras jamais !!!

Isandre était entrée, Della se tourna vers elle, laissant voir son énervement et sa colère.

Oui, Isandre, faites venir la garde et...sa Grâce le Duc aussi, que ce morveux sache à qui il à faire !

Morveux qui brandissait maintenant son lance-pierre et semblait vouloir menacer ces dames...Della lui sourit, mielleuse à souhait...et battant un peu des cils, elle s'adressa à nouveau au sacripant sur un ton moqueur.

Fais attention, mon petit, tu vas te faire mal avec ça.

Tout en parlant, elle regardait si elle avait bien ramassé toutes les lettres...c'est qu'il ne fallait pas qu'une seule s'égare, ces lettres étaient précieuses, c'était son jardin secret, le seul lien qui lui restait avec celui qui les avait écrites...Et puis, il ne serait pas bon non plus que quelqu'un se mêle d'en lire une...
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Isandre.watelse
Le mioche était amusant et Isandre avait du mal à se retenir de sourire. Le petit démon avait déjà du répondant et son insouciance pouvait passer pour du courage.
Ceci dit, il avait malgré tout enfreint les règles et visiblement il avait fortement contrariée Dame Della qui s'escrimait à rassembler les parchemins disséminés sur le sol.
Isandre en ramassa quelques uns sans trop les regarder et les tendit à leur propriétaire. Elle reconnaissait bien le petit coffret, celui dont la clé ne quittait jamais Dame Della et celui qu'elle refermait brusquement quand parfois la demoiselle de compagnie entrait trop vite dans la pièce.
Elle fronça un peu les sourcils, mais ça ne la regardait pas.
Elle en revint donc à des préoccupations plus terre à terre.


- La garde Dame ? Pour cette graine d'engeance ?

Le petit monstre ne semblait pas une menace très sérieuse, même armé d'un lance pierre. Mais après tout, Corléone, c'était un nom dont il fallait se méfier.

- Très bien, je cours chercher des renforts Ma Dame. Soyez prudente, le monstre est armé !


Tirant la langue au petit, elle sortit de la pièce et se dirigea vers le bureau du Duc de Chartres. L'incident l'amuserait sans doute.
Elle frappa et poussa la porte en s'entendant répondre.


- Vostre Grâce, désolée de vous importuner, mais il y a un intrus dans la chambre de votre épouse, et elle m'a demander de vous alerter et de rameuter la garde. Auriez vous l'obligeance de venir voir je vous prie ?
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Maledic
Limite s'il n'avait pas déclenché une alerte à la bombe. Ce n'est pas comme s'il était pas plus haut que 3 pommes mais presque. L'énonciation de son simple nom avait transformé une fessée en un charivari de poules enflammées.
Les cris s'entassaient dans sa tête et formait un méli-mélo sans queue ni tête. Servir de nourriture au chien ? Une graine de quoi ? Où c'est que ça se plante ces machins-là ?
Il avait retenu des morceaux épars par-ci par-là, et bomba le torse pour calmer les filles (oui c'est le rôle des garçons de protéger le sexe faible, non ?)


Ti folle.

Toi aussi mon p'tit.

- Je vais t'enfermer dans les oubliettes et tu n'en sortiras jamais !!!

Le morveux eut un mouvement de recul. C'est qu'elle commençait à lui faire peur celle-là. Non mais elle a mangé du lion ? C'est parce qu'il s'appelait Maledic ? Faudrait qu'il demande à sa mère, en quoi c'est un gros mot son prénom.

Veux pas on m'oublie !

Il fronça les sourcils pour bien lui faire comprendre qu'il ne tolérerait aucun écart à ses ordres. Si on l'oubliait... Mama aussi ? Pris d'une horreur effroyable, il lâcha l'élastique de son lance-pierre qui propulsa un magnifique caillou dans un élan que le hasard ne manquerait pas d'utiliser.
Ses pieds atterrirent sur le sol douillet et il souleva brusquement le coffre sur lequel il était juché l'instant précédemment. Navet l'y attendait toujours bien sagement, en vaillant petit pirate obéissant à son roi.
Il trouvait cet endroit particulièrement intéressant pour se protéger des foudres de cette bonne femme déguisée. Vlam ! Le coffre se referma d'un coup sur sa tignasse blonde. Le coffret se rouvrit une seconde plus tard et laissa passer un bras qui empoigna le lance-pierre laissé à terre avant de se refermer à nouveau d'un coup sec. Vlam !
Dans le noir, Maledic chargea à nouveau son lance pierre, collé à son ours pour se rassurer.


Si t'y ouvres, j't'y crève un noeil !


La folle était prévenue.
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Della
Le gosse avait disparu dans le coffre, laissant une Della perplexe, les bras ballants, la tension redescendant un peu. Mais pas complètement !
Elle envoya un grand coup de pied dans le coffre, toute sa colère y passa.
Et bien entendu, arriva ce qui arrive toujours quand on agit sous le coup de la colère...


Aïeuh ! Ouille ouille...HAaaa !

Hé oui, ça fait mal de s'attaquer à un coffre...Della boita jusqu'à son lit où elle ôta sa poulaine pour constater les dégâts c'est à dire, le pied blessé, le sang qui collait déjà le bas en laine.
Avec la plus grande délicatesse, elle retira le bas, alternant jurons et plaintes.


Saleté de gamin ! Tout ça...AIE...tout ça, c'est de ta faute ! Ouille...aïe...Attends un peu, tu ne perds rien pour attendre !!! Tu vas voir quand tu vas sortir !

Le bas retiré, la Duchesse essuya son petit peton avec un linge de toilette. A tous les coups, il lui faudrait quelques jours pour pouvoir à nouveau se chausser et marcher sans avoir mal. Le gros orteil avait enflé malgré la blessure ouverte.

Toi, dans le coffre, Corleone de malheur, tu vas me le payer !

Elle invectivait le coffre, tendant l'index vers l'objet et plus spécialement contre celui qui l'habitait. Il ne s'en sortirait pas comme ça...Jetant un regard impatient sur la porte, espérant que les renforts allaient arriver, son époux en l’occurrence, elle sautilla jusqu'à la cheminée auprès de laquelle elle se saisit d'un lourd tisonnier. Ainsi armée, elle revint tant bien que mal à côté du meuble surprise.

Petit Corleone, viens, petit...allez, sors de là...Viens voir Della...tu auras des friandises...Petit...
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Keridil
Un intrus ? Genre pigeon égaré ? Chauve-souris éveillée diurne ? Lapin de garenne ayant sauté trop haut ?

Bah ouais, c'est qu'un intrus qui ferait la taille d'un ours, un violeur, une sorcière, un brigand, ou quoique ce soit d'humain et de dangereux n'aurait sûrement pas donné à Isandre cet air pas franchement alerte. Vue la demande, ça devait être un ongle incarné, l'intrus, et l'Amahir qui se trouvait à son bureau entrain de faire mumuse avec un boulier à défaut de glander quoique ce soit de productif pouvait bien se lever de son siège pour aller voir. A Seignelay où il n'osait pas s'imposer en maître comme il le faisait à Chartres et à Montpipeau, Keri Keri faisait clairement tapisserie. Il aurait pu broder que ça n'aurait dérangé personne, mettre une mitre, une coiffe de femme, se promener vêtu en naïade : que dalle ! D'ailleurs, même les serviteurs le regardaient parfois avec l'air de dire : mais qui c'est celui-là ?

S'il s'était en apparence réconcilié avec sa femme, c'était une façade et ils ne se voyaient qu'à peine. C'est pourquoi il était enfermé dans ce bureau quand il ne partait pas se défoncer à la chasse pour respirer et vivre d'une adrénaline qui lui était une drogue.
Mais enfin, si l'intrus pouvait être stimulant, et faire passer le Duc de Chartres pour le prince charmant sauveur qu'il avait été naguère encore, alors c'était à prendre.
Soupirant, il s'appuya sur ses accoudoirs avant de saisir sa canne à tête de fouine. Claudiquant, il approcha de la dame de compagnie.


Bah. Allons-y. Nous verrons nous-même. Sachez que vous me dérangez en plein coeur d'une affaire très importante pour la Pairie.

Bah voyons ! Mais ils y allèrent, bon gré plutôt que mal gré.
Arrivant, quel spectacle virent-ils ? Della parlant à un coffre, et invectivant les Corléone. Alors c'est ainsi que se fit le lien dans le crâne du brun : Della avait perdu l'esprit. Ça avait commencé avec son départ en Empire et tout s'expliquait. Il avait raté royalement le choc de la mort de Béatrice, et là, elle craquait, elle se battait contre les fantômes des assassins de la défunte Reine.
C'était tellement évident qu'elle était cinglée, frappée du bulbe, déjantée, perdue, qu'il s'en frappa le front, et d'un doigt posé sur sa bouche, il invita Isandre à se taire. Approchant à pas de loup, la canne ne touchant pas le sol, il prit sa femme par les épaules.


Chhhhh. Chhhhh. Calmez-vous, ma douce. Il n'y a aucun Corléone ici.

Il lui frottait maintenant le dos comme à une tuberculeuse.

Isandre. Allez chercher un médecin.

Et déjà, il s'apprêtait à mener son épouse vers son lit.

Oh mon amour, comment ai-je pu manquer ce si grand trouble en vous. Je m'en veux tant de vous voir ainsi. Je m'en veux tant de n'avoir décelé ce mal grandissant. Pardonnez-moi et me revenez.

Le tout murmuré avec précaution. Elle était folle. Oui. C'était ça. Et le savoir en un sens le soulageait.
Du bordel ambiant il ne vit rien. Pas encore.

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Maledic
Un choc sourd retentit contre son coffre, le secouant un peu, suivi de hurlements très prononcés. Un rire lui échappa derrière sa main moqueuse. Recroquevillé dans l'espace sombre, il ne ratait pas une miette du spectacle, l'oreille collée contre le bois.

" Toi, dans le coffre, Corleone de malheur, tu vas me le payer ! "

Payer ? Mais il n'avait rien acheté ! Puis il ne s'appelait pas malheur, mais Maledic. Il entrouvit le coffre rapidement pour glisser un :

J'y pas d'sous !

Qu’il referma ensuite tout aussi vite. Sa fortune n'était pas encore faite, et même s'il rêvait d'offrir des copains et copines à ses amoureuses, il ne comptait certainement pas faire de même avec une folle déguisée.
Le mioche commençait à se dire qu'il était cuit comme un radis, quand il entendit une voix plus grave retentir dans la pièce. Sauvé ! Il soupira de soulagement, faisant plus de bruit que ce qu'il aurait voulu. C'est bien connu, un enfant même quand ça veut être discret on le repère à trois mètres. Aucun Corleone ? Mal grandissant ? Mal ? Maledic ? Ah ben oui hein c'est lui.


Il ouvrit prudemment le coffre, jetant un œil par l'interstice. Personne. Du moins, personne dans son champ de vision. Pouvait-il sortir ? Navet qu’est-ce t’en penses ? Lance-pierre prudemment chargé, ours coincé dans le pantalon… A l’abordage !

Le haut du coffret s’éclata dans un grand fracas contre le lit, et tel un diable sortant de sa boîte, Maledic prit les jambes à son coup. Il détala comme un lapin, trottinant de ses petites jambes en hurlant à tue-tête.


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Sa course l’entraina dans le couloir, où un adulte ne tarderait pas à le rattraper, même s’il devait être sourd maintenant. On se demande qui est le plus à plaindre dans l'histoire, Maledic qui a Della à ses trousses, ou les autres qui supportent ses cris.
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Isandre.watelse
Visiblement, Sa Seigneurie parait peu convaincue par la présence d'un Corleone, même miniature.

Un médicaste ! Comme si son épouse était malade ! Et puis, oubliait il d'ailleurs que Dame Della était diplomée de médecine ?


- Mais, Vostre Grâce, Dame Della dit vrai. Il y avait bien un Corleone ici... en fait, un tout petit haut comme ça...

Et d'indiquer avec la main la hauteur de sa hanche osseuse.


- Il a tout...

Sa phrase fut brusquement interrompue par le dit Corleone qui se précipita dehors en hurlant, après avoir giclé du coffre comme un diablotin.

- Tiens ! Vous voyez maintenant ?

Mais déjà le petit diable filait. Un boiteux et une Dame empêtrée dans ses robes... Ca n'était pas l'équipe rêvée pour gagner une course. Aussi, elle remonta ses jupons d'un geste décidé et fila dans le couloir en criant d'arrêter l'enfant aux éventuels domestiques présents.
Heureusement, le petit avait de courtes pattes. Même sans être très sportive, Isandre put réduire la distance sans soucis. D'autant plus que le gamin, sans doute désorienté, filait à toute allure dans un cul de sac.


- Aller petit affreux, reste donc tranquille ! Sans hurlements je te prie !

Ses oreilles résonnaient encore du cri strident que le petit avait poussé. Comment un si petit corps pouvait faire autant de bruit ?
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Della
    Eh, eh, Kéri est arrivééé
    Sans s´presseéér
    Le grand Kéri, le beau Kéri
    A pied et sans son épée...(*)


A l'entrée de son époux, Della sentit un grand soulagement : il venait pour la sauver et rosser le gamin impudent ! Kéri Chéri redevenait enfin le Prince Charmant ! Oh yeah !
C'est donc tout à fait naturellement qu'elle fit un sourire radieux et reconnaissant à Kéridil, elle en retombait amoureuse...jusqu'à ce qu'il lui prenne les épaules et lui parle comme à une enfant !

Mais...mais...mais non ! Elle tenta de se dégager de ses mains qui voulaient l'emprisonner et à présent, elle le regardait comme s'il était lui, un grand malade ! Prince Charmant foutu.


Mais enfin, lâchez-moi ! Etes-vous devenu bredin pour de bon ?
Là...
Sa main tendit le tisonnier dans la direction du coffre...dans ce coffre, je vous dis qu'il y a un Corleone !!! Il est armé !!!
Lorsqu'elle se tourna à nouveau pour tuer Kéridil d'un regard, elle entrevit le coffret aux lettres précieuses qu'elle avait déposé sur son lit. D'un geste vif, elle se défit alors de l'emprise du Pair et rejeta la couverture sur le dit coffret, en un temps record. T'as rien vu, nananèreuh !

Le Ciel lui vint en aide pour cacher ce qui ne pouvait être vu par Kéridil puisque à ce moment précis, pour appuyer autant ses paroles que celles d'Isandre - mon Dieu comme elle l'aime, sa damoiselle de compagnie, faudra penser à l'augmenter - le diablotin Corleone sortit de sa boîte, couvrant sa retraite en utilisant une arme de destruction massive très certainement interdite par une convention de l'époque : les décibels.

Della offrit à son époux un sourire entendu, qui lui signifiait sa stupidité à ne pas vouloir la croire avant de s'élancer à la poursuite du chenapan toujours armée de son tisonnier !


Rends-toi, Corleone, tu es fichu !

Au bout du cul de sac, il y aurait un meurtre, du sang, de la cervelle sur les murs...de la cervelle de Corleone...Oh oui...


(*)Librement inspiré de Zorro est arrivé, Henri Salvador
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Maledic
De jeu, on passait à la souris attrapée. Ce qui était déjà beaucoup moins drôle. Maledic commença à émettre des cris, repoussant de ces deux mains le corps de la dame qui le tenait, pleurant à moitié, le visage plissé : en pleine crise de colère quoi.

Veux pAAs !!
T'y lâches Maledic, méssante !


Sanglotant à moitié, il se mit à hurler de terreur en voyant arriver la mine démoniaque de Della. De grosses larmes de crocodiles glissaient sur ses joues rouges d'effort, son petit corps secoué de sanglots.

Veux mamaaaaaaaaaa

Allez, c'bien malin, maintenant il va falloir réussir à la calmer cette petite chose-là.
Le ver de terre s'agitait dans les bras qui le tenait, donnant des coups de pieds au hasard, de plus en plus incontrôlable.


Ou ben j't'y TUE !

Il prit un air très féroce, qui pour sûr ferait p'tèt fuir la fourmi là bas dans le coin.
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