--Illusion_
Jour, nuit, jour...
J'étais toujours à regarder le couple dehors, sans masque celui-ci, j'imaginais une conversation sans chichi, sans faux compliments, des gens vrais, sincères, qui parlent de la pluie et du beau temps, des prochaines récoltes et du prix du pain, de la terre, pas des terres du seigneur, non, mais celle qui vous a vu naître, grandir, partir et parfois revenir. Les seigneurs, une espèce en voie de disparition oui, remplacés par de pales copies se donnant des genres. Pour un peu, on croirait y voir femelle minaudant devant une infusion. Mais y avait il ici seulement un homme, un seul qu'on puisse nommer seigneur ? un de ceux qui donnaient du travail sur leurs terres, offrant le gite, le couvert et la protection.
Je raffolais des histoires de mes aïeules, et je désespérais rencontrer des hommes comme elles me les décrivaient, les seigneurs d'aujourd'hui se contentaient de frayer, dans tous les sens du terme.
Le contenu de mon verre s'était évaporé somme toute assez rapidement et il y avait foule icelieu, la chaleur des corps aidant, la salle montait en température et donnait grand soif, j'abandonnais ma contemplation méditative pour retourner quémander un autre verre. A peine l'avais je en main qu'un vent de folie s'empara de la pièce, souffle qui éteignit les bougies, bourrasque qui renversa les coupes, tourbillon qui décoiffa les belles, rafale qui leva les loups, agitation des invités à remettre les masques tombés, zèle de l'assistance à réparer les dégâts.
Dans cette nuit subite, je fermais les yeux pour mieux percevoir les sons autour de moi, le vacarme d'abord puis sous les cris étouffés, les rires assourdis, me parvenaient des murmures essoufflés, des pas feutrés et même le bruissement de tissus froissés. Les sens en éveil, comme pourrait l'être une brigande à l'affut, tapie dans un fourré, l'odeur de la cire emplit mes narines couvrant tous les parfums que les peaux transpirantes exultaient malgré elles. Dans cette atmosphère ouatée et intime je souriais, vivante ou plutôt survivante, je pensais aux souffrances de la terre en me disant que je n'étais pas la plus malheureuse même si quand tout seffondre, toute la misère du monde n'est rien à côté d'un adieu
Je fus presque déçue lorsque la lumière revint.
J'étais toujours à regarder le couple dehors, sans masque celui-ci, j'imaginais une conversation sans chichi, sans faux compliments, des gens vrais, sincères, qui parlent de la pluie et du beau temps, des prochaines récoltes et du prix du pain, de la terre, pas des terres du seigneur, non, mais celle qui vous a vu naître, grandir, partir et parfois revenir. Les seigneurs, une espèce en voie de disparition oui, remplacés par de pales copies se donnant des genres. Pour un peu, on croirait y voir femelle minaudant devant une infusion. Mais y avait il ici seulement un homme, un seul qu'on puisse nommer seigneur ? un de ceux qui donnaient du travail sur leurs terres, offrant le gite, le couvert et la protection.
Je raffolais des histoires de mes aïeules, et je désespérais rencontrer des hommes comme elles me les décrivaient, les seigneurs d'aujourd'hui se contentaient de frayer, dans tous les sens du terme.
Le contenu de mon verre s'était évaporé somme toute assez rapidement et il y avait foule icelieu, la chaleur des corps aidant, la salle montait en température et donnait grand soif, j'abandonnais ma contemplation méditative pour retourner quémander un autre verre. A peine l'avais je en main qu'un vent de folie s'empara de la pièce, souffle qui éteignit les bougies, bourrasque qui renversa les coupes, tourbillon qui décoiffa les belles, rafale qui leva les loups, agitation des invités à remettre les masques tombés, zèle de l'assistance à réparer les dégâts.
Dans cette nuit subite, je fermais les yeux pour mieux percevoir les sons autour de moi, le vacarme d'abord puis sous les cris étouffés, les rires assourdis, me parvenaient des murmures essoufflés, des pas feutrés et même le bruissement de tissus froissés. Les sens en éveil, comme pourrait l'être une brigande à l'affut, tapie dans un fourré, l'odeur de la cire emplit mes narines couvrant tous les parfums que les peaux transpirantes exultaient malgré elles. Dans cette atmosphère ouatée et intime je souriais, vivante ou plutôt survivante, je pensais aux souffrances de la terre en me disant que je n'étais pas la plus malheureuse même si quand tout seffondre, toute la misère du monde n'est rien à côté d'un adieu
Je fus presque déçue lorsque la lumière revint.