--La_dentellata
Les pas senchaînent dans une mélodie tourbillonnante où seul le bruit des verres sentrechoquant et des rires alentours peuvent venir briser lalcôve naissante entre le couple de danseurs. Chaque pas est posé avec grâce, aussi bien pour elle que pour lui, lui qui se dit « Homme de lOmbre » et pour qui la lumière ne fait que ressortir léclat dun regard pâle, presque glacial et qui pourtant arrache un sourire à la Dentellata. La puissance du regard est souvent sous estimée, car si la couleur ne fait quattirer la curiosité que lon souhaite épancher en se plongeant dans les yeux de lautre, lintensité est telle quil arrive que se perde, que lon se noie, que lon soublie Si elle nétait pas qui elle est, si elle navait pas elle, si tellement de « si » ainsi posés et transposés, quelle aurait pu semmêler les pieds et trébucher sur un rougissement des joues qui laurait sans doute démasquée. Et pourtant
La danse suivait le flot, tout comme les danseurs suivaient la mélodie. Ses mots, murmurés et glissés au détour dun tournoiement des corps, navaient de cesse de la faire sourire. Lamusement était le signe de la soirée, cet abandon de soi qui fait que le corps se ferait presque violence face à lesprit.
A chaque murmure, son équivalence
Etre fou nest quun état desprit, état que personne ne peut rien y entendre si lui-même ne se frôle pas à une folie passagère ou extrême..
Les azurs qui se perdent dans la glace du cavalier, ainsi se poursuit la danse.
Chaque feu possède son maître.. Il ne tient quà nous de savoir si nous souhaitons le voir séteindre ou brûler plus encore.
A cet instant précis, les nacres de son sourire étaient dévoilées à leur apogée. Amusée, enjouée de ce bal masqué, elle rit. De ce rire doux que presque lui seul aurait pu entendre, de cette douceur aussi pure que celle de la brise dun matin dété. Et dire que la soirée ne faisait que commencer
Le vent dautomne, aussi froid que mauvais, vint rappeler les danseurs. Telle une piqûre, aussi vive que puissante, tout senvola, giflant ainsi de cette froideur les épaules dénudées de la candeur dentelée. Les instants saccélèrent et tout se bouscule, où le corps fluet se retrouve déjà plaqué contre la puissance masculine, où, à cette distance peu religieuse, elle pouvait sentir la chaleur de son cavalier lenglober entièrement. La virilité du bras passé autour de ses hanches suffisait à lui faire comprendre quelle ne bougerait pas, même si elle le désirait. Les moments volés, elle ne les connaissait que trop, pour en avoir volé plus dun, sans jamais se lasser. Voleuse dans lâme ? Sans doute oui Mais y a-t-il vol lorsquil y a fusion ?
Les pensées se perdent alors que la cécité lui demande doffrir ses autres sens, ceux quelle aime travailler.
Le toucher
Voilà celui qui venait dêtre mis en pratique par son cavalier. Il avait du relever son masque, car cest par un souffle dune chaleur surprenante quelle sentit les lèvres de lhomme de lombre se poser dans son cou. Si la noirceur de la pièce navait pas été si intense, sans doute aurait-il pu lire la surprise dans le regard de la jeune femme. Surprise, folie, envoûtement
Louïe
Il se décidait à lui faire désormais perdre la tête par des mots qui ne laisseraient nulle demoiselle insensible. Mais aussi surprise quelle le fut, la Dentellata navait pas dit son dernier mot.
Il nexiste de princesse plus comblée que celle qui trouve le prince de ses rêves. Nous le recherchons toutes Mais
La lumière revient, alors que les domestiques se dépêchent à rallumer les bougies et calfeutrer les fenêtres pour redonner léclat de la pièce. A cet instant, elle se découvre si près de lui quelle ne laurait guère soupçonné. Si près que
Vous aurais-je donc envoûté ?
Les mots senvolèrent au gré des soulagements alentours, où elle entendait parfaitement les dames rassurées, apparemment toutes calées dans les bras des hommes. Tout semblait normal, tout sauf
BOUH !
Interpellée, elle ne manqua pas de tourner le visage pour chercher doù venait cette exclamation. Etait-ce le signe du destin ? Sauveur ? Briseur ? Apparemment, simplement bêleur à en voir le mouton qui avait lâché cela.