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[RP] Au Tigre Blanc, remèdes d'Asie et d'Orient

Xmanfe1999
La nuit avait été longue, pour Gianni comme pour Xm.

La jeune femme, déjà éprouvée par plusieurs nuits sans sommeil, avait fini par succomber à la fatigue. L'italien, de son côté, n'avait pu trouver le repos.

Allongé presque sans bouger à côté de celle qui allait, il le savait maintenant avec certitude, occuper ses pensées pendant bien longtemps, il l'avait tout d'abord écoutée respirer dans le noir.
Elle avait parfois parlé dans son sommeil, il avait reconnu des noms, Ogier, Wilhelm, mais d'autres lui étaient restés complètement étrangers. S'agissaient-il de noms d'ailleurs? Saburo, Na Kai, Mélian?

Xm bougeait beaucoup et ses rêves étaient, semblait-il, peuplés de fantômes. A un moment, alors qu'elle respirait péniblement et s'agitait contre lui, Gianni caressa doucement sa tête pour l'apaiser. Xm se calma et soupira un nom : Zeus...
Dans le jour naissant, Gianni vit un sourire d'une infinie sérénité se dessiner sur les lèvres de Xm. Une vague douloureuse de jalousie crispa sa poitrine. Il déglutit difficilement et ravala la bordée de jurons sonores qui lui démangeait la langue.


Maledizione! se désespérait-il. Tu m'as bien piégé. Maldita!Maldita!Maldita!

Des années après, cette femme était encore capable de lui faire aussi mal. Il aurait mille fois préféré ne jamais la revoir. Mais non, il savait bien qu'il se mentait à lui même. Il aurait donné n'importe quoi pour ne la revoir ne serait-ce qu'une fois et qu'une fois encore elle soit sienne, comme cette nuit magique à Sion, cette nuit qui ne reviendrait jamais, cette nuit où il avait enfin compris ce qu'il ressentait pour elle.

Jamais, sans cette nuit, il ne serait accouru à son appel.
Lui, Gianni de Reggio accourir à l'appel d'une femme?
Et pourtant il était parti, seul, dès qu'il avait reçu son message, que cet imbécile de Fra Buffo avait répété à toute la bande.
Ah, comme ils avaient ri, tous, de le voir empaqueter ses affaires en hâte pour se jeter sur les chemins, alors que la neige bloquait encore certains cols.
Il avait eu toutes les peines du monde à leur faire croire qu'il s'agissait d'une affaire commerciale. Ils savaient tous, bien sûr, que Gianni avait passé un contrat avec cette exotique femelle, dont certains, parmi les plus anciens, se rappelaient encore le passage quelques années plus tôt.
Ils se demandaient, d'ailleurs, ce que cette étrangère, cette "quasi tedesca"*, comme ils l'appelaient, offrait en échange des précieuses marchandises qu'ils acheminaient vers Genève.
Ils avaient vu défiler poivre, cannelle, muscade, et bien d'autres épices et denrées enivrantes et hors de prix. De là à imaginer que leur chef craint et respecté n'ait été ensorcelé par cette Fata Morgana? Qu'il faisait tout cela par amour? Non... impossible.Tout cela était décidément bien mystérieux.

Gianni soupira. Point de mystère, hélas. La vérité était là, toute nue, aussi nue que Xm qui dormait paisiblement à présent sous sa couverture et qu'il n'osait toucher.

Le soleil se levait maintenant et le premier coq avait lancé son appel. Les oiseaux pépiaient depuis un bon moment dans les buissons et Gianni sut qu'il fallait qu'il s'en aille avant que Xm ne se réveille, sans quoi il n'aurait plus la force de partir. Incapable de la quitter sans la toucher une dernière fois, il déposa un baiser aussi léger qu'un souffle sur le bout des doigts de sa bien aimée. Endormie ou éveillée? Xm caressa les lèvres de Gianni. Il se plut à penser que cette caresse et le sourire de Xm lui étaient vraiment destinés.


Arrivederci, bella! souffla-t-il dans son oreille.
Elle sourit encore et se retourna en ronflant un peu.

Rassemblant son courage, le contrebandier se leva, ramassa la lettre qu'il avait posée sur le sol la veille et la regarda avec frustration. Si seulement il avait su écrire! Il aurait pu laisser une explication, si tant est qu'il ait été capable de mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Il aurait pu au moins lui dire au revoir, au lieu de partir comme ça, comme un voleur.
Gianni allait poser la lettre sur le lit à côté de Xm quand soudain il eut une idée. Il alla chercher un morceau de charbon de bois refroidi dans le petit brasero dans l'angle de la pièce.
D'une main malhabile, il traça avec un éclat, un cœur percé d'une flèche. Il signa de la seule lettre qu'il connaissait, l'initiale de son prénom : G.
La simplicité dérisoire et enfantine de cette déclaration le désolait mais c'était là, hélas, tout ce qu'il était capable de faire.
Il déposa la lettre près de la main de Xm et quitta la chambre sans se retourner.
Dans la pièce du bas, il récupéra sa besace, en sortit les quelques présents qu'il avait apportés pour Xm. Déroulant un foulard de soie il soupesa un instant le lourd bracelet de perles d'argent finement ciselées qu'il avait échangé à un marchand de Zanzibar qui avait fait escale à Gênes. Il hésita, puis, l'enveloppant à nouveau soigneusement, le déposa sur la table.

Genève commençait à s'éveiller de l'autre coté de la porte. Les allées et venues silencieuses des pêcheurs sans doute. Gianni se disait qu'il était grand temps de partir quand un murmure de voix s'approcha de la maison. Ramassant en hâte ses affaires, il s'éclipsa sans un bruit par la porte de derrière.


*quasi tedesca : presque allemande
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Vive comme l'éclair
Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Precye_


Ils avaient tous deux fait le trajet de la demeure de Mariposa jusqu'aux premiers abords de Genève sur le cheval de Power. Le lieutenant tenait Precye confortablement installée contre son torse et enveloppée bien chaudement.

Precye et son lieutenant d'amour vinrent frapper à la porte de l'échoppe d'Xm afin de lui exposer le souci inquiétant des maux de tête de Precye.

La jeune femme espérait qu'elle pourrait lui prescrire quelques remèdes ou plantes qui chasserait le mal efficacement une bonne fois pour toute.


Xmanfe1999
Dans son demi sommeil, Xm entendait des appels, des coups sourds contre un lourd panneau de bois. La tête encore pleine des rêves de la nuit et des événements de la veille, elle rechignait à ouvrir les yeux. Prête à risquer sa réputation pour gagner quelques minutes de repos supplémentaire, elle interpela Gianni:

Mmmm, Gianni, ya quelqu'un a la porte... va voir,... prego.

Constatant que son ami ne réagissait pas, elle tendit le bras pour le secouer. Son second appel s'interrompit abruptement dans sa bouche. Gia...
Sa main n'avait rencontré que le drap encore tiède à côté d'elle. Elle se dressa instantanément sur son séant.
Gianni?
Pas de réponse.
La maison était silencieuse à part ces coups insistants à la porte. Cherchant autour d'elle un vêtement quelconque pour se protéger de la fraîcheur du matin, son regard tomba sur un papier soigneusement plié, posé sur la couverture. Un cœur percé d'une flèche y avait été dessiné maladroitement, avec, semblait-il, un morceau de charbon. Le dessin était signé d'une unique lettre: G.


Oh. Gianni...

Il était parti, aucun doute là dessus. Xm se sentit envahie d'une immense tristesse, ainsi que d'un énorme sentiment de culpabilité. Elle soupira en contemplant ce témoignage simpliste d'un sentiment qu'elle avait pas si innocemment que ça contribué à ranimer.

Gianni. Je suis tellement désolée...

A l'étage inférieur, celui qui tambourinait à sa porte depuis un bon moment, continuait à frapper avec une ardeur qui commençait à agacer les nerfs de la jeune femme. Elle se leva et attrapa sur une perche le dernier kimono qu'elle s'était confectionné, avec une pièce de soie rouge que Gianni, encore lui, lui avait fait parvenir le mois précédent.
Elle en nouait la ceinture distraitement et s'apprêtait à descendre, quand une étrange intuition lui fit faire demi tour.

Qu'est ce que c'était que ce papier sur le quel Gianni avait tracé un cœur? Il se savait pas écrire, Xm voyait mal ce qu'il aurait fait de papier et elle même n'en possédait pas de cette blancheur... parfumée... au jasmin?
Xm n'y comprenait plus rien.
Elle déplia précautionneusement le papier pour éviter d'en effacer l'émouvant dessin. Son regard sauta jusqu'à la signature: Precye.
Stupéfaite, elle commença à déchiffrer le contenu de la missive tout en descendant l'escalier de sa chambre:

Citation:
Chère Xm,

Après un silence de quelques jours de ma part et des rendez-vous tout aussi discrets en dehors de la ville, il s'avère que j'ai la preuve formelle que tu n'es pour rien dans les évènements qui se sont passés dernièrement me concernant.
Je t'avouerai que je t'ai observé en silence toute la journée de mon retour et qu'un infime détail sur lequel mon lieutenant d'amour à mis le doigt, m' a incité à réfléchir davantage sur tous ces faits.
Je tiens donc à ce que tous les genevois soient au courant de ton intégrité et sachent qu'à partir de ce jour, je te propose mon amitié sincère et loyale, tout comme je le suis avec mes amis actuels...S'il y a une chose que je ne supporte pas, c'est qu'une personne innocente soient injustement accusée....


Incroyable! Precye s'excusait. Enfin, s'excusait c'était peut-être beaucoup dire... S'expliquait et proposait de faire la paix. Xm soupira. Après tout ce n'était dans l'intérêt de personne que cette guéguerre continue.
Xm en était là de sa lecture quand elle parvint dans sa pièce principale.
Son visiteur matinal avait cessé de cogner comme un sourd. Peut être avait-il compris l'inutilité et la grossièreté de sa conduite.


J'arriiiiiveuuuuh. Rhooo. C'est pas croyable ça.
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Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999
Xm posa la lettre sur la table et se dirigea vers la porte.

Elle fit tourner la clef dans la serrure et ouvrit bien grand le battant, prête à dire son fait à celui qui avait osé la tirer aussi brutalement de son sommeil. Personne...

Serrant les pans de son kimono pour se prémunir contre les vents coulis en provenance du lac et qui étaient particulièrement glaçants tôt le matin, Xm s'avança un tantinet sur le pas de la porte pour jeter un œil à la rue et à la place devant chez elle. Pas âme qui vive. Elle finit par se demander si elle n'avait pas rêvé. Frissonnante, les pieds gelés, elle rentra dans sa maison et referma la porte derrière elle.


Brrr, on est peut-être en mai mais ce n'est pas demain la veille que je ferai ce qui me plait. Elle sentait des vagues de chair de poule ramper sur ses jambes et ses bras et elle avait du mal à empêcher ses dents de s'entrechoquer.

Y a pas idée de sortir dans cette tenue aussi.

Elle s'apprêtait à ranimer le feu quand elle s'aperçut avec déception que Gianni avait négligé de couvrir les braises et que celles étaient maintenant grises et froides dans l'âtre. Claquant des dents, elle se résigna donc à remonter s'habiller avant d'avaler une soupe ou une tisane.
Au moment où elle passait à côté de la table, une tache de couleur attira son regard, ainsi qu'une petite pile de boîtes, de sachets et de flacons hâtivement dissimulés sous un torchon.
Elle s'approcha et examina chaque objet un a un.

Un sachet de poivre (merveille!) un sachet de cannelle et un sachet de clou de girofles... Il y en avait déjà pour une fortune.
Elle déboucha précautionneusement un flacon hermétiquement scellé d'un gros bouchon de liège recouvert d'un morceau de cuir huilé, ficelé d'un cordon de lin enduit de poix. Elle croyait deviner de quoi il s'agissait et en eu la confirmation quand elle se fut dépêtrée de la ficelle collante: de l'essence de patchouli...
Elle crut tomber à la renverse tant la concentration en était forte. Elle allait pouvoir la diluer et en faire des dizaines de flacons.

Au fur et à mesure qu'elle déballait ces trésors, elle se sentait envahie d'un sentiment de profonde honte. Elle avait appelé Gianni au secours, il était accouru, lui avait apporter des présents, car c'est bien de présents qu'il s'agissait, tout cela dépassait largement les accords qu'ils avaient passé pour introduire sur le marché genevois, des denrées rares d'une provenance, il fallait bien l'avouer, un peu douteuse.
Elle avait beau de pas vouloir se l'avouer, elle savait la raison de ses présents, et elle en ressentait un mélange complexe d'émotions, pas toutes très louables: vanité d'avoir suscité en cet homme une passion destinée à ne jamais s'épanouir, remord de l'avoir laisser espérer plus qu'elle n'était prête à lui donner, regret d'avoir pour toujours gâché leur complicité en passant la nuit dans ses bras à Sion. Xm soupira. Ce qui était fait était fait hélas, peut-être qu'avec le temps? Elle n'y croyait pas vraiment elle même et connaissant Gianni elle subodorait qu'une fois ses blessures léchées, il ne s'avouerait pas vaincu aussi facilement.
Xm avança une main tremblante vers le foulard de soie qui enveloppait semblait il un objet précieux. Elle déroula le splendide batik, semblable à ceux qu'elle avait pu voir en Orient. Elle en avait vu en Chine, et on lui avait expliqué sur les marchés que les plus beaux venaient d'une île plus au sud, où vivaient des barbares coupeurs de tête. Elle n'en avait rien cru évidemment, qui pourrait croire que des sorciers primitifs étaient capables de réduire la tête d'un homme à la taille d'un poing? Balivernes: Le négociant voulait tout simplement gonfler la valeur de ses marchandises en prétendant qu'il les avait acquises au péril de sa vie.

Xm n'eut aucun mal à deviner la nature de l'objet enveloppé dans le foulard, mais bien que s'attendant à ce qu'elle allait découvrir, elle eut néanmoins le souffle coupé quand l'argent ciselé du bracelet étincela dans les premiers rayons du soleil.

Xm secoua la tête incrédule. Il devait être ancien car sa patine lui donnait un lustre absent des bijoux neufs. Lourd, composé de perles d'argent filigranées enfilées sur une souple tresse du même métal, il devait valoir à lui seul plusieurs fois le prix des autres cadeaux, déjà somptueux. Chacun de ces présents évoquaient une destination que Xm avait en mémoire. Gianni avait voulu rendre hommage à la période de sa vie qu'elle lui avait racontée pendant leur nuit à Sion. Une manière de parler de leur rencontre et de lui faire comprendre à quel point elle était précieuse à ces yeux.

Xm ne put se résoudre à passer le bracelet. Elle rassembla tous les cadeaux dans le foulard et alla les enfermé dans le vaisselier dans l'angle de la pièce. Revenant s'asseoir à sa table, elle posa son front sur ses bras croisés et pleura amèrement.

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Precye_
Ayant utilisé jusqu'aux dernières gouttes les tisanes que lui avaient donné Mariposa , la jeune femme se dirigea en soupirant dans les rues de Genève et s'arrêta enfin hésitante, devant l'échoppe d'Xm.

Elle avait fait la promesse à son meilleur ami Guidrion de s'y arrêter avant de prendre la route pour son voyage en Savoie.

Precye se frottait doucement les tempes, la douleur refaisait surface depuis l'arrêt des tisanes.

Elle soupira et frappa quelques coups à la porte de l'échoppe d'Xm.

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Xmanfe1999
La tête enfouie entre ses bras, Xm pleurait depuis ce qui lui semblait des heures quand elle entendit soudain quelques coups timides à la porte. Son coeur fit un bon dans sa poitrine et elle se précipita pour ouvrir, un espoir fou venant crever la surface noire de son chagrin et de sa culpabilité... Gianni! Il était revenu lui dire au revoir! Elle allait pouvoir lui expliquer, lui demander pardon! Les yeux gonflés et rouges d'avoir tant pleuré elle s'essuya le nez et ouvrit la porte, un sourire hésitant au lèvres.
Giann...
Son sourire s'effaça instantanément et elle laissa tomber le long de son corps les bras qu'elle avait levés pour le serrer contre elle.

Precye? Mais qu'est ce que tu fais là... Xm jeta un oeil au dehors...si tôt? Tu es toute seule?

Précye était pâle et de larges cernes bleutés se creusaient sous ses yeux qui paraissaient comme éteints. Une rougeur malsaine traçait des cercles sur ses pomettes. A ses cheveux collés sur son front moite, Xm pouvait voir qu'elle avait sans doute une forte fièvre, et ses lèvres étaient sèches et fendillées.
Sans prévenir, les yeux de Precye se révulsèrent et ses genoux se dérobèrent sous elle.


Ouh la ouh la! Qu'est ce qui t'arrive?

Xm n'eut que le temps de se précipiter pour rattraper Precye sous les bras pour lui éviter de se fracasser la tête sur le seuil en tombant. Même si Precye était de taille moyenne et plutôt mince, Xm était bien incapable de la soutenir à elle seule, aussi se contenta-t-elle de la déposer doucement sur le sol, en prenant soin de la tourner vers le côté. Elle avait déjà vu des personnes prises de vomissements après un évanouissement et elle n'avait aucune envie de voir la jeune amie de son meilleur ami s'étouffer dans son vomi sur le pas de sa porte.
Elle se précipita vers la partie qu'elle avait aménagée pour les consultations et attrapa au vol un coussin qu'elle cala sous la tête de Precye. Celle-ci était inconsciente et ses yeux allaient et venaient follement sous ses paupières closes. Son front était brûlant et plus inquiétant encore, ses mains glacées.


Ach Gott, soupira Xm c'est pire que je ne l'imaginais.

Elle s'attendait d'un instant à l'autre à voir Précye saisie de convulsions. Pesant les risques qu'elle pourrait lui faire courir en précipitant trop son jugement, elle décida de tenter de la réveiller pour pouvoir la transporter plus facilement et l'interroger.
Elle alla chercher dans l'armoire où elle tenait désormais ses produits les plus dangereux sous clef et en sortit un minuscule flacon de verre, rempli de cristaux translucides, qu'elle déboucha avec précaution en le tenant éloigné de son visage et qu'elle promena vivement deux ou trois fois sous les narines de Précye.
La blonde évanouie toussa plusieurs fois, battit rapidement des paupières, puis toussa encore une fois avant d'ouvrir les yeux et de regarder autour d'elle l'air égaré.


Xm? Qu'est ce qui s'est passé? Pourquoi suis-je parterre?

Precye tenta de se mettre sur son séant.
Eh pas si vite, tu viens de tomber dans les pommes sur le pas de ma porte. Reste un peu tranquille tu veux?

Xm reboucha soigneusement le flacon et le fourra dans sa manche.

Qu'est-ce que c'est que cette horrible odeur? interrogea Précye, les larmes aux yeux et le nez qui commençait à couler. Une furieuse envie de cracher la tenait mais elle se retint.

Ah, mon petit flacon magique, sourit Xm, rassurante. Ce sont des sels d'al-qâli. Ca réveillerait un mort!
Precye reprenait un peu de couleurs, aussi Xm l'aida-t-elle à s'asseoir, puis à se lever en la soutenant. Prenant son bras gauche sur son épaule et en l'appuyant contre elle par la taille, Xm parvint tant bien que mal à installer Precye sur le divan bas, dans la petite pièce derrière le paravent. Elle l'allongea avec un coussin sous la tête et la couvrit avec une des couvertures de soie matelassée qui lui restait, car la jeune femme était maintenant secouée de violents frissons. Préoccupée, Xm tâta son front et ses mains encore une fois. Elle s'efforça de sourire pour masquer son inquiétude. Elle se releva et se dirigea vers sa cuisine.

Reste bien tranquille là dessous... Je vais te chercher à boire et tu me raconteras ce qui ne va pas d'accord? Et surtout, ne t'endors pas, sinon je serai obligée de te faire à nouveau respirer des sels et ça finirait par devenir dangereux! Je reviens tout de suite.
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Precye_
Reste bien tranquille là dessous... Je vais te chercher à boire et tu me raconteras ce qui ne va pas d'accord? Et surtout, ne t'endors pas, sinon je serai obligée de te faire à nouveau respirer des sels et ça finirait par devenir dangereux! Je reviens tout de suite.


La jeune femme regarda Xm s'éloigner et se dit que de toute manière dans son état elle ne serait pas capable d'aller bien loin.
Pfffffffff.....J'ai pris un bon coup à la tête et voila, pas besoin de chercher plus avant d'où vient le problème. J'ai des maux de tête il faudra bien qu'ils passent.
Elle était secouée de légers frissons signe que la fièvre avait repris. Power lui avait demandé de venir et c'est parce qu'il avait insisté qu'elle était là mais elle se demandait bien où il pouvait se trouver, lui , qui devait l'accompagner.

Elle souleva légèrement sa tête et fronça les sourcil.

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Xmanfe1999
Depuis son arrière boutique, tout en mettant à chauffer de l'eau et en pilant dans son lourd mortier de bronze les ingrédients nécessaires à la préparation de son remède, Xm passait de temps à autre la tête par la porte pour garder un œil sur Precye. La jeune femme avait repris un peu de couleurs, mais semblait toujours aussi épuisée. Xm secoua la tête. Si seulement elle avait écouté les conseils de son entourage, plutôt que de n'en faire qu'à sa tête. Une forte volonté était certes une qualité dans certaines circonstances, mais de là à aller se promener sur les routes quand on souffre des conséquences d'un choc sur le crâne... Ce n'était plus de la détermination, c'était de la folie. Enfin...

Sans quitter son âtre où l'eau commençait à frémir dans la marmite elle commença à expliquer à Precye, pour éviter surtout que celle-ci ne s'endorme:


Tu vois, Precye, je pense que quand tu as reçu ce choc sur la tête, les dommages internes ont dû être plus importants que tu ne l'as soupçonné au départ. Si tu étais restée bien tranquille, peut-être cela se serait-il réglé tout seul en quelques jours. Mais comme tu n'as pas ralenti tes activités, ton cerveau a continué à souffrir et maintenant... comment dire, il est...enflé à l'intérieur de ton crâne et ton crâne, lui, par contre, il n'est pas devenu plus grand pour autant.

Xm s'interrompit, se rendant compte que ses explications sur l'œdème cérébral probable de Precye ne risquaient pas de la rassurer.

Elle ajouta en hâte.


Ne t'inquiète pas. Autant que je puisse en juger, ton état n'est pas encore trop grave, tu n'as pas eu de vomissements ou de convul...

Elle s'arrêta encore une fois. Décidément, quand elle était lancée dans le domaine médical, elle se sentait comme une carpe Koï dans le bassin du Palais d'Edo et elle en oubliait que ses concitoyens ignoraient, pour la plupart, tout de la médecine, d'autant que, à l'inverse des savants asiatiques et maures qu'elle avait pu rencontrer, personne en Europe ne pratiquait la dissection des morts pour accroître ses connaissances.

Elle poursuivit. Rapportant dans la pièce un panier dans lequel elle avait entassé ce dont elle avait besoin elle s'assit auprès de Precye qu'elle aida à se redresser et à qui elle tendit un bol fumant qui dégageait une odeur douceâtre.


Tiens, bois doucement, j'ai ajouté un peu de miel pour que ça ait un peu moins mauvais goût. Attention, c'est chaud.

Tout en surveillant du coin de l'œil que Precye déglutissait correctement, car une difficulté de ce type aurait dénoté une aggravation de son état, elle s'affaira autour du divan où Precye était étendue tout en continuant ses explications.

Il est important de faire tout d'abord baisser ta fièvre, et que tu retrouves la sérénité de ton esprit.

Elle alla tremper dans un seau d'eau fraîche des compresses de lin propre sur lesquelles elle ajouta quelques gouttes de vinaigre. Elle reprit le bol des mains de Precye et le posa au sol.

Tu finiras ça plus tard. Allonge-toi.

Déchaussant Precye et lui ôtant ses bas, Xm déposa une compresse fraîche sur chacune de ses chevilles et en ajouta une sur son front.

Voilà qui devrait faire baisser ta fièvre, qui n'est, en fait, qu'un effet de ton agitation.

Xm sourit.

Inutile de protester, j'ai bien vu, ces derniers temps, que ton équilibre était loin d'être idéal. Je ne sais pas si tu as remarqué sur mon enseigne, en plus du tigre, ce petit cercle blanc et noir? Et bien il symbolise l'équilibre de deux forces d'égale importance dans l'univers. Le Yin et le Yang.

Tout en parlant, Xm continuait à s'affairer autour de Precye. Elle alla à la cheminée et alluma deux baguettes qu'elle agita immédiatement pour les éteindre et qui continuèrent à se consumer en dégageant une fumée douce au parfum apaisant.

Tu vois, poursuivit-elle, le Yin et le Yang sont partout autour de nous, en nous. Le principe féminin et le principe masculin, la douceur et la force, le bien et le mal, le jour et la nuit, l'eau et le feu... Si cet équilibre est rompu, tout s'écroule. Et les plantes que je vais t'administrer vont aider à rétablir cet équilibre.

Xm vérifia qu'elle n'avait rien oublié: l'ail qu'elle avait écrasé dans un peu d’huile avec le curcuma -elle bénit mentalement son ami Gianni de lui en avoir apporté quelques rhizomes séchés - pour prévenir la formation de caillots et l'inflammation ainsi que les éventuelles nausées. Elle avait pilé avec son "odorante" mixture un peu de rhubarbe des moines dont le rhizome, conjugué à l'aubépine et au gui de la tisane qu'elle avait donné plus tôt à sa patiente, contribuerait à la faire éliminer l'excès d'eau qui comprimait son cerveau.

Precye semblait plus calme. Les effets de l'encens de pin que Xm avait allumé commençaient à se faire sentir. D’autant plus que depuis la dernière visite de Gianni elle avait amélioré la formule pour la rendre, disons, plus relaxante.

Elle déposa à coté de Precye une coupelle de son médicament.


Voilà, tu prendras cela tout à l'heure avec le reste de ta tisane. Je te préviens, ça n'a vraiment pas bon goût, mais si tu veux guérir il va falloir que tu t'en accommodes.

Xm ôta les compresses qui s'étaient réchauffées au contact de la peau de Precye et les remplaça par de nouvelles. Elle sourit.

Bien, je crois que je vais pouvoir te poser les aiguilles...

Precye fit de grands yeux en entendant ces derniers mots.
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Precye_
La jeune femme se laissait soigner sans mot dire. Elle écoutait ce que lui disait Xm et de toute manière, elle savait que celle-ci avait raison et qu'elle avait gravement négligé sa santé ces derniers temps. Enfin, depuis quelques jours elle savait qu'elle avait une raison supplémentaire de vouloir guérir, et cette raison là était plus forte que toutes les complications qu'il aurait pu résulter de son état.

Elle but donc sa tisane en silence, l'odeur et le goût en était infect mais Precye n'en montra rien.

Xm lui expliqua ensuite d'où provenaient ces maux de tête et surtout à quoi ils étaient dûs physiologiquement parlant, elle vint même y inclure une notion d'équilibre.
La jeune femme fronça les sourcils. Son équilibre mental se portait fort bien et non , elle était bien loin de sombrer dans la démence. Mais cette histoire de ying et de yang l'intriguait et elle avalerait les plantes qu'Xm comptait lui administrer.

Toujours en silence, la jeune femme se souleva lorsqu'Xm commença à lui parler d"aiguilles".Elle ouvrit des yeux horrifiés et c'est à ce moment-là qu'elle vit Xm arriver avec de fines mais longues aiguilles.

Precye se souleva et poussa soudain un grand cri.


POWERRRRRRRRRRRRR AU SECOURS !!!!!!

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Powerjeff
Power sortait du bureau de police, un mal de crane lançinant lui vrillait les méninges. Les 2 énergumènes, Nefti et pour finir Kirk, tous avec leurs accents respectifs, avaient réussi à franchir le seuil de tolérance du lieutenant de police.

C'est d'un pas las qui s'apprétait à rentrer au 5 rue des remparts lorsqu'il entendit criez au secours dans l'échope de son amie Xm. Mais ... n'était-ce pas la voix de sa dulcinée ?

En un instant, il avait traversé la route en sautant par dessus deux charettes de marchants venus pour la foire, gravit les quelques marches qui menaient à l'échope. Il entra en ne ménageant pas la porte, la main sur le pommeau de son épée.

Ce qu'il vit le stupéfia : Xm s'approcha de Precye, hurlante (......Precye, pas Xm.....), un sourire mauvais semblait rayonner du visage de la célèbre guérisseuse de Genève. Où n'était-ce qu'une impression ?

"Ohé Xm ! Qu'est ce que tu nous fais là ?!", dit le policier tout en s'interposant entre sa bien-aimée et son amie .. une fois de plus.
Precye_
La jeune femme poussa un long soupir de soulagement en voyant entrer son fiancé comme une tornade dans l'échoppe d'Xm.



Mon amouuuurrrrrr, ce sont les aiguilles qui me font peur, pas Xm mais pourquoi veut-elle me planter des aiguilles dans le corps ?

Precye s'était quelque peu calmée de par la présence de son lieutenant d'amour en ces lieux et regarda Xm.

Que veux-tu me faire avec ces instruments de torture ?

Precye regardait toujours d'un air horrifié ces longues aiguilles qui lui donnaient la chair de poule uniquement par le fait de les imaginer plantées dans son corps.

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Xmanfe1999
Xm resta un moment interdite. Comment Power s'était-il soudain retrouvé entre elle et sa patiente, l'air d'un dogue prêt à lui sauter à la gorge ?

"Ohé Xm ! Qu'est ce que tu nous fais là ?!",
s'écriait-il de sa voix de stentor.

Xm se sentit soudain envahie d'une extrême lassitude. Ce manque de confiance humiliant dont Powerjeff avait pris l'habitude, l'irritait au plus haut point. A un autre moment, elle aurait gentiment -quoique- pris Powerjeff par le coude et l'aurait poussé vers la porte, histoire d'éviter de perdre patience et de lui faire goûter à l'une des prises qu'elle s'était remise en secret à pratiquer dans la forêt depuis le retour du printemps.
Mais là, le matamore s'interposait entre elle et sa patiente, qui plus est dans un état sérieux et cela elle ne pouvait le permettre.

Xm entendit, à son grand étonnement, Precye crier à Power


Mon amouuuurrrrrr, ce sont les aiguilles qui me font peur, pas Xm

Fronçant les sourcils, elle considérait alternativement Precye, Powerjeff et les aiguilles dans ses mains. Le temps que Précye ajoute:

Que veux-tu me faire avec ces instruments de torture ?

Xm avait agi.
Son bras avait jailli en direction du cou de Powerjeff, qui la considéra, surpris, et porta instinctivement sa main à sa nuque. Ou plutôt essaya d'y porter sa main, qui retomba le long de son corps comme une masse inerte.
Incapable de bouger, il vacillait sur place. D'un petit coup de pied sec derrière les jarrets, Xm lui fit plier les genoux et accompagna sa chute aussi bien qu'elle le put pour l'asseoir sur son tabouret contre le mur. Il s’écrasa lourdement sur le siège qui gémit mais tint bon.
Powerjeff était tellement outré qu'il balbutiait de manière incohérente.
Si elle n'avait pas été extrêmement préoccupée par l'état de Precye, Xm aurait sans doute trouvé cela comique.


La force brute encore une fois battue en brèche par l'intelligence !

Elle se reprit mentalement.

Allons, soyons honnête: par la ruse... arf, par la traitrise, disons le mot. Cette réflexion acheva de déclencher son hilarité et Xm éclata d'un rire libérateur.

Aaah tu vois Power, la force ne fait pas tout! Regarde à quoi je t'ai réduit avec cette toute petite aiguille!

Depuis le divan ou elle était retombée, Precye considérait la scène avec des yeux paniqués.

Oui, une toute petite aiguille, Precye, tu ne vas tout de même pas piquer une crise pour deux malheureux pouces d'acier presque aussi minces qu'un cheveu? Chhhhut, allons calme toi tu ne fais qu'aggraver ton état. !

Xm s'assit calmement sur le bord du divan. Precye, les avant bras croisés devant son visage, comme si elle craignait que Xm ne la frappe, tremblait de manière incontrôlable. Ses globes oculaires allaient et venaient frénétiquement derrière ses paupières fermées. Elle gémissait, les dents serrées.

Oooh pas de ça ma belle, pas de convulsion je te prie...

Xm sentait la panique la gagner. La violence inattendue des minutes précédentes avait ébranlé l'édifice intérieur de calme qu'elle s'était construit depuis l'arrivée de Precye. Powerjeff derrière elle continuait d'émettre des borborygmes, parmi lesquels il lui semblait parfois reconnaître un ou deux mots d'alsacien, assez vigoureux.

Rhhoo , hals mühl, Pow. S'langt jetz!*

Impressionné peut-être par son ton autoritaire, où lassé de lutter contre une paralysie contre laquelle il ne pouvait strictement rien, Power se tut.

Xm ferma les yeux, prit une profonde respiration et récita plusieurs fois à voix basse:


Omani padmé oum Omani padmé oum Omani padmé oum...

appelant sur elle et sur Precye les bienfaits de Chenzerig, le Buddha de la Compassion.

Silencieusement cette fois, de peur de montrer à Precye et à celui qui était depuis toujours son ami – même si elle l’avait un peu maltraité aujourd’hui - sa profonde inquiétude à l'idée d'échouer et de voir Precye succomber elle ajouta pour elle-même:


Seigneur Bouddha, guide ma main.

Les yeux toujours fermés, elle visualisa les grands courants qui parcouraient le corps de la jeune femme allongée. Les grands vaisseaux, comme les appelaient les médecins qui l'avaient initiée au Cathay.
D'une main raffermie par la prière et la foi, Xm posa l'une après l'autre une dizaine d'aiguilles à divers points du corps de sa patiente. Précye, qui avait frémi quand elle avait ressenti la première insignifiante piqûre, s'était peu à peu détendue et gisait maintenant dans le plus grand calme. Elle rouvrit les yeux et sourit à Xm.


Tu te sens mieux? lui demanda celle-ci. Il va falloir rester un petit moment allongée comme ça.

Se tournant vers Power toujours immobile sur son tabouret, elle ne put s'empêcher de le piquer, avec sa langue acérée cette fois ci:

Et qu'est-ce que je vais faire de toi, mon ami? J'ai bien envie de te laisser un peu comme ça pour t'apprendre à me faire si peu confiance!

Devant l'air à nouveau furibond de Powerjeff dont les yeux lançaient des éclairs, elle éclata de rire. Glissant la main derrière la nuque de Pow, elle récupéra son aiguille et la piqua dans son kimono.

Ça va mettre un petit moment, mais dans quelques minutes tu pourras de nouveau te mettre à genoux à côté de ta chérie...
Xm gloussait, malicieuse.
Allons, tiens lui compagnie pendant que je vais m'habiller!

* Pour les non-dialectophones: Tais-toi (ou plutôt, "ferme ta bouche"). Ça suffit maintenant!

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Vive comme l'éclair
Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Powerjeff
La perfide Xm avait encore triomphé d'un terrible guerrier en utilisant ses viles techniques de femme-tigresse. Power avait beau essayer de parler, rien de cohérent ne sortait de sa bouche.

Il finit pas abandonner ses tentatives pour insulter Xm, car "Grmmmbbblllleeeeee", ça ne veut pas dire grand chose, même en Alsace. Restant stoïc sur son tabouret, de toute façon, il n'avait pas le choix, il attendit qu'Xm veuille bien le libérer de sa paralysie ... si toutefois celà lui serait possible.

C'est avec soulagement qu'il sentit le bout de ses orteilles remuer quelques instants après qu'Xm l'ai libéré de sa prison. La croqueuse d'hommes semblait fière de son acte .. "croqueuse d'hommes", c'était le surnom qui lui sied certainement le mieux. En attendant que tous ses membres soient à nouveau opérationnels ... tous...il se mit à compter les pauvres hères victimes de la femme fatale qui se tenait actuellement face à lui, ses longs cheveux de jais ramenés en un chignon dont une mèche pendait négligemment sur son front comme une lame aiguisée, arme de séduction fatale. Il pensa à sa conversation de la veille avec Cael...

Power compta donc les victimes de son amie, mais il perdit très rapidement le fil de son énumération, tant il y avait eu d'hommes dans la vie d'Xm. La plupart s'étaient enfuis vers des douceurs angéliques ou avaient simplement disparu sans laisser de trace ... les avait-elle achevé ? Nul ne le saura jamais ...


Croqueuse d'homme ou veuve noire ? Power préférait ne pas le savoir.
Xmanfe1999
Xm avait quitté la pièce sans un regard pour Powerjeff, médusé. Parvenue au sommet de l'escalier, elle avait soigneusement fermé la porte de sa chambre, non qu'elle ait craint que l'infortuné lieutenant de police l'y suive, mais pour bien lui faire comprendre qu'elle ne descendrait pas avant un long moment.
Passant devant son miroir elle s'arrêta et ne put s'empêcher de s'y mirer un moment.
Son sourire, provoqué par le spectacle cocasse du colosse neutralisé par une insignifiante aiguille n'avait été que de courte durée. Maintenant que la tension provoquée par l'arrivée inopinée de Precye et le traitement de son affection était retombée, tout revenait au galop.
Le vide laissé par le départ précipité de Gianni résonnait autour d'elle et lui donnait le vertige. Elle dut s'agripper au cadre du grand miroir pour ne pas tomber.
Face à face avec son reflet dans le tain glacial de la psyché, elle s'examina sans concession.
Son teint pâle, accentué par la fatigue ne rayonnait pas du même éclat intérieur que de coutume. Des cernes violacés marquaient ses yeux, dont l'éclat noir semblait comme voilé. Chagrin, désillusion, culpabilité se liguaient en elle pour essayer de l'enlaidir.
Elle traqua sans pitié sur son visage les marques de l'âge. Trente ans depuis quelques mois...
Au bout de longues minutes de cet examen impitoyable, elle fut bien obligée d'admettre que les joies avaient laissé plus de traces sur sa peau laiteuse, que les chagrins. Les fines pattes d'oies au coin de ses yeux trahissaient son tempérament habituellement rieur et elle eut beau chercher un pli amer aux commissures de ses lèvres, une ride de souci ou d'angoisse sur son front comme balafré par une mèche qu'elle avait fini par renoncer à discipliner, sa recherche resta vaine.
Rien sur son visage ne laissait entrevoir l'âme tourmentée qui animait ce corps encore juvénile.
Xm poussa un profond soupir. Ah quoi bon?

Elle se décida enfin à abandonner son observation minutieuse et tourna résolument le dos au miroir. Elle défit la ceinture de son kimono et pour être sûre de ne plus s'attarder à des réflexions aussi chronophages qu'inutiles, elle en masqua complètement le miroir. Le vêtement aurait-il été blanc - ou noir - qu'on eût pu croire à un geste de de deuil.
Xm souleva le couvercle de son coffre à vêtements et en tira la vieille et confortable tenue noire qu'elle n'avait plus portée depuis son affrontement avec Powerjeff dans la forêt, il y avait de cela des siècles, lui semblait-il.
Le combat l'avait quelque peu abimée et déchirée, mais Xm l'avait raccommodée avec patience, en profitant même pour y masquer le plus vilain accroc par une pièce brodée d'un magnifique tigre blanc.
Elle passa les braies, entoura le bas des jambes de bandes de lin noir qui enserraient étroitement ses mollets et chaussa des chaussons souples à semelles de corde qu'elle s'était confectionnés pendant l'hiver.
La veste courte, ornée du tigre, vint compléter sa tenue.
Plutôt que son habituel chignon, elle opta pour une natte tressée bas sur la nuque, qu'elle noua d'un ruban. Tout cela conviendrait bien mieux pour ce qu'elle avait à faire.
Restait maintenant à rassembler le matériel nécessaire et à sortir de la maison sans être vue.

Elle alla coller son oreille à la porte, pour écouter les bruits venant de l'étage inférieur.
Plus rien.
Powerjeff avait semblait-il quitté les lieux avec Precye. Étrange. Elle n'avait rien entendu, pas même le tintement du loquet qui retombait.
Elle entrouvrit la porte de sa chambre et écouta encore. Lamaison était vide, sans aucun doute.
Xm descendit silencieusement sur ses semelles de corde et alla directement dans son arrière boutique, où étaient soigneusement rangés tous les outils qu'elle avait rassemblés depuis des semaines, pour mettre en œuvre son projet.
Elle jeta dans un grand sac une hache, un cordeau, des piquets , une pelle, une masse. Elle y ajouta au dernier moment une miche de pain. Elle hésita un instant à compléter son fardeau par un cruchon de vin, mais renonça, inquiète du poids qu'elle aurait à porter jusqu'au cœur de la forêt.
Avec un grand ahan elle jeta la besace sur son dos.
Elle le reposa presque aussitôt, se rendant compte qu'elle avait oublié de fermer la porte à clef. Elle ferma également les volets intérieurs des fenêtres, non sans avoir pris soin de glisser un panonceau derrière les carreaux.


Fermé jusqu'à nouvel avis

Elle haussa les épaules.
C'est vrai quoi, je ne peux pas être au four et au moulin... dit-elle pour elle-même. Ou plutôt à l'herboristerie et à la pagode...
Elle rit doucement mais le cœur n'y était pas. Elle remit son sac sur le dos et sortit par la porte de derrière.

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