Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Une obsession anglaise

Nyssie
Un hostel parmi tant d’autres. La donzelle avait élu domicile depuis quelques jours dans cette chambre. Un lit à baldaquin au milieu de la pièce. Dans le coin de droite une armoire sculptée dans le bois le plus pur de tout le Royaume. A côté de sa couche, une table de chevet qui s’accordait parfaitement avec la penderie. Une grande fenêtre qui offrait un éclairage des murs magnifique. La pièce était dans des couleurs pastels mais chaleureuse et accueillante.
Juste un sac avec quelques affaires, la Brune ne devait pas rester longtemps ici. Juste quelques petits jours avant de reprendre la route. Seulement voilà, la belle avait goûté à la gourmandise, à la luxure. Première fois que Nyssie s’était rendue dans un bordel et pas n’importe lequel. Un bordel réputé pour avoir les meilleurs courtisans. Vrai! La belle avait fait le test et sûr qu’elle recommanderait cet établissement à qui voudrait le découvrir.

Seulement, ce n’était pas tant l’endroit qui la retenait là mais celui qui lui avait offert quelques instants de plaisir. Et quel plaisir……
La Brune avait pris son pied en un rien de temps. D’ailleurs, elle aurait bien recommencé mais voilà. L’Anglais avait d’autres chats à fouetter et d’autres demoiselles à contenter. Pourtant, depuis qu’elle avait quitté l’établissement, Nyssie ne cessait de penser à cet homme.
Il avait su en quelques doigtés, en quelques effleures de lèvres, la décontenancer, la désarmer pour le laisser diriger le pas de danse. Chose rare. La belle préférait avoir le dessus, mais là, ce charmant brun ne lui en laissait pas la possibilité. Il savait comment la faire succomber et à une rapidité exceptionnelle. L’insolence de son visage, l’outrecuidance de ses assauts, l’arrogance de ses gestes, tout la ramenait à lui. Comme un délice dont on ne pouvait plus se défaire.

La pensée ne se gênait plus pour la faire rêver de l’avoir encore une fois, juste pour elle. Le désir de le sentir, sa peau contre la sienne et ses mains sur sa poitrine devenait fort lorsqu’elle se remémorait sa décadence et sa fougue.
Jusqu’ici, Nyssie avait toujours eu ce qu’elle voulait. Bien souvent, par ses petites manigances sous la table, elle obtenait gain de cause. Mais voilà, celui-là, c’était un courtisan. Un homme pour plusieurs femmes, un homme qui se passait de dames en dames. Un de ces messires qui laissaient les sentiments au placard pour ne déployer que leur plus beau côté, assouvir le désir des femmes insatisfaites.
Pas important. Elle le voulait, elle l’aurait. Peu importe le prix.

La belle Brune s’attela sur le bureau qui se trouvait auprès de la fenêtre. Elle pris plume et vélin et commença à essayer de griffonner quelques mots. Comment le faire venir jusqu’à elle. Comment lui faire comprendre qu’elle voulait encore sentir ses doigts sur son corps. Il fallait se lancer.




Très cher,

J’espère que vous vous portez bien. Nous nous sommes vus ou plutôt, apprivoisé au Boudoir des sens il y a quelques temps. La fin de l’automne fût bien agité et comme l’hiver cette année se fait virulent, j’aurai besoin d’un peu de chaleur.
Outre le fait que le froid envahit mon corps dès que je pose pied dehors, je me disais que si vous aviez le temps, vous pourriez peut-être passer directement à mon hostel.
Certes, je puis comprendre qu’à l’habitude, cela ne se passe pas ainsi mais, comprenez que je suis une grande frileuse et de fait, de voir autant de poudre blanche par la fenêtre refroidit déjà mon corps.

Mon hostel ne se trouve non loin du Boudoir puisque celui-ci est dans la ruelle juste après. Vous ne pouvez le louper, c’est le seul dans le coin. La chambre 5.

J’espère vous voir….

Cordialement
Nyssie.


Voilà. Simple, directe. Quitte à le revoir, autant que ce soit pour une raison valable. Il ne fallait point éveillé quelque soupçon que ce soit.

[Bonjour, bonjour,
Image retirée par mes soins car hors norme (supérieure à 250 p x 250 p). Merci de prendre connaissance des règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, bon RP,
Modo Mahelya]


Ok^^ merci d'avoir prévenu
Quentin_locke
Posté au comptoir, un verre en main l’anglais annonce la fin de sa soirée au Boudoir des Sens. Il venait à peine de contenter une femme mûre qui sut trouver grâce aux écus un moyen intelligent et tendre de dompter sa solitude.

Cette dernière avait su l’attendrir par cette mine fière et hautaine qui peinait cependant à cacher ce chagrin qui la rongeait.
Lovée dans ses bras, murmurées au creux de son oreille la cliente lui avait fait part de son désir de tendresse et de plaisir.
Elle voulait éprouver cette chaleur et cette attention que son mari autrefois lui prodiguait.
C’est alors que l’anglais s’était adapté à ses attentes en rejetant au loin les morsures, les griffures et ces tensions qu’il aime à prodiguer afin d’assurer sa domination.

La douce s’était ainsi laissé faire et son corps tout entier lui sembla être aussi doux et tendre que celui de la plus fragile des femmes.
A chaque caresse, sous chaque baisers, elle sembla se ranimer et Quentin loin d’être dupe savait qu’au fond, ce n’était point à lui qu’elle pensait mais bien aux lèvres de son défunt compagnon.
Le courtisan endossa donc le rôle d’objet porteur de souvenirs anciens et sincères et c’est ainsi que le plaisir su la saisir et c’est le nom d’un autre qu’elle clama à gorge déployée.
Le sourire de Quentin s’étira alors qu’elle sembla revenir à elle et qu’elle réalisa alors le poids de ses paroles.
Aucune crainte et aucune honte cependant à avoir, l’anglais comprenait et soutenait cette initiative qui pourrait en dérouter plus d’un.

Ce fut donc une soirée plutôt riche et ce verre ne fut pas de trop. Quentin passa d'ailleurs une main sur son visage, comme le ferait le plus blasé des hommes. Les souvenirs sont pour lui un fardeau insoutenable.
De plus, le brun en croyant bien faire, n'avait contribué qu'à ranimer les pensées d’une femme qui, trop âgée ne subsistait que pour ces lambeaux à moitié oubliés.

Remettant son manteau et son chapeau, il prit la direction de la porte en veillant à saluer les résidents qui harassés se préparaient déjà à rejoindre leur couche.
Le brun quant à lui tenait à rester un électron libre et s’octroyait ainsi le droit de quitter la demeure de temps à autre.
Ce soir, il désire simplement changer d’air et oublier cette cliente qui, avait fini par lui faire entrevoir un futur qui jamais ne sera le sien.
Loin de s’être attaché sentimentalement à qui que ce soit, loin d’être tombé dans les fils tordus et fourbe de l’amour, Quentin sait qu’une fois trop vieux pour les bordels, il ne sera plaint par aucun de ces clients.

Arrivé finalement dans une auberge où il avait ses habitudes, il salua la tenancière et récupéra ses missives. L’anglais avait ainsi fait le choix de recevoir sa correspondance ici lieu pour que sa vie privée reste loin du bordel.
En effet, ce dernier avait pour manie d’échanger quelques pigeons avec des femmes qui ignorant tout de son métier se livrait toute entière aux confidences et au plaisir de la chair.
C'était là, un moyen pervers et peu scrupuleux pour se rassurer. Un moyen comme un autre d'être perçu comme un amant et non comme un courtisan...

Pourtant, après avoir répondu à l’une de ses conquêtes, Quentin s’attarda sur la lettre d’une cliente du Boudoir, Nyssie.
D’ailleurs sa surprise fut grande quand il réalisa que ce courrier su trouver le chemin de cette auberge. Nul doute que cette intéressée avait dû jouer de ses sources pour le joindre directement.
Révélation et procédé étonnant et quelque peu déstabilisants.

C’est donc légèrement réticent quant à cette rencontre que le courtisan prit néanmoins le soin de répondre. Au fur et à mesure de ces mots qui se posent sur le vélin, les souvenirs de cette brune lui reviennent…La poupée de chiffon comme il l’avait si crûment surnommé.


Citation:
    Chère Cliente,

    Je suis étonné de voir que votre missive est arrivée à moi sans passer par le Boudoir.
    Ainsi, vous savez donc où j’ai élu domicile en dehors de ces murs. J’espère toutefois que vous n’en ferez pas mauvais usage. Je tiens à conserver une certaine distance entre le Boudoir- ses clients- et ma vie à l’extérieur de ces murs.
    Je pense que vous avez de ce fait compris que notre rencontre semble compromise. Vous avez été une cliente du Boudoir et ce n’est que comme tel que je dois vous percevoir.

    Toutefois, si vous tenez tant à me revoir, je vous invite volontiers à me retrouver au bordel. Ainsi, je me ferai une joie de réchauffer un à un tous vos membres touchés par le froid.
    D’ailleurs, c’est avec une pointe de perversité et de gourmandise que je vous invite à ne point enfiler de dessous.
    L’air sera à coup sûr refroidir le plus intime des recoins...

    Respectueusement,

    Votre courtisan.

_________________

@kreugan.
Nyssie
Dans sa chambre, la Brune faisait les cent pas. La patience était certes une vertu encore fallait-il savoir l’être par moment. Là, pour le coup, cette qualité avait atteint ses limites. Sa nuit avait été plutôt agitée. Juste de penser à lui, le frôlement de ses doigts sur sa peau, mmhh…..Nyssie se délectait par avance de ressentir le frisson que l’Anglais avait déjà pu lui procurer.
Oui, ce tremblement qui vous donnait l’impression d’être une autre. Cette exaltation que de ses mains, il vous possède ne serait-ce qu’un temps. Cet enivrement qui vous fait succomber et que vous êtes prête à faire n’importe quoi pourvu qu’il y est du plaisir au bout.

Cet homme était trop divin pour l’oublier. Il était trop exceptionnel pour le laisser filer entre ses doigts. Premier messire qui arrivait à obtenir d’elle la plus précieuse de ses faveurs. D’un doigt, d’un ongle, il avait trouvé la manière de lui faire tomber ses armes. Aucun n’avait réussi jusque là. Alors, pour sûr que ce brun là, la belle ferait tout pour qu’il quitte ce bordel dans lequel il se trouvait. Il n’était pas fait pour cela.

Quelques jours plus tôt, Nyssie avait soudoyé un gosse pour qu’il sache ce que faisait le Brun Anglais. Le marmot lui avait appris que sa boite aux courriers se trouvait dans une auberge non loin du Boudoir. Cet homme désirait certainement garder une distance entre son travail et sa vie privée. Même que le gosse, tellement avare de pécule, lui avait donné une information bien surprenante. Il avait surpris une conversation qui disait qu’une poupée de chiffon avait été le test d’entrée au bordel pour le dominateur.
La belle avait froncé les sourcils en entendant cette nouvelle puis réflexion faite, elle avait été la première, la première a avoir ses plus belles, ses plus virulentes, ses plus ensorceleuses faveurs. Le plaisir était encore plus fantastique pour le coup.

Toc! Toc! Toc! On frappait à sa porte. Était-ce lui? La belle Brune l’espérait fortement. Son carde se mit à retentir un peu plus fort le temps de quelques battements et alla ouvrir la porte. Un des employés de l’hostel qui lui montait son courrier. Fin sourire en prenant la pile de lettres. Quelques demandes d’embauches, quelques messires pour dire qu’elle leur manquait. Enfin….La routine quoi. Puis la dernière lettre qui attira son attention. Papier fin, fine fragrance d’homme et écriture légère. La belle décacheta l’enveloppe et s’empressa de prendre possession de la missive. C’était le Brun. Elle parcourut les mots griffonnés de sa main et comprit très vite qu’l ne viendrait pas.
Déception. Il ne ferait pas l’effort de se déplacer. Mettant un fossé entre sa vie professionnelle et privée. Du côté professionnel, elle y avait goûté et le bougre lui avait donné ce goût du « encore ».

Nyssie prit place sur son bureau un peu offusquée de son refus. Seulement, sa détermination pour qu’il vienne jusqu’à elle commençait à grandir.




Très cher,

Je sais jouer de mes influences lorsque cela s’avère nécessaire.
Je comprend que vous vouliez garder une certaine distance entre le Boudoir et votre privée, néanmoins, j’ai appris que vous n’étiez pas encore employé là-bas lors de notre partie de jambes en l’air. De ce fait, je ne suis pas leur cliente mais la vôtre seulement. Ne dit-on pas que tout courtisan doit honorer sa clientèle?

Je serai ravie de vous revoir pour encore m’amuser avec vous mais, j’ai une appréhension tout de même. Bien, oui, si je vais au bordel, j’ai une chance de ne pas tomber sur vous. Imaginez, vous pouvez être pris ou les maistres des lieux m’imposent quelqu’un d’autre que vous…..Cela me déplairait fortement.
Donc, je ne mettrai pas un pied là-bas. Je préfère vous voir en extérieur.

Dans l’attente de vous voir
Cordialement
Nyssie.


S’il ne vient pas, c’est moi qui irait à lui, se dit-elle.

La Brune ne comptait pas lâcher le morceau. Cette chair était si délicate, parfumée d’un parfum enivrant et sachant lui donner les plus viles pensées.
Quentin_locke
De l’expédition de son courrier à l’arrivée de la réponse, deux jours s’écoulèrent en douceur.
Le premier jour fut en tout point banal, il n’eut en effet aucune activité autre que celle du Boudoir et une fois sorti de ses murs, la journée s’acheva sous les draps. En revanche, ce n’est que pour la deuxième journée que l’originalité se présenta à Quentin. En effet, une fois le courrier récupéré, l’anglais pu à loisir découvrir les mots de la cliente. Pour sûr, ce dernier n’avait jamais été confronté à un pareil entêtement et à une telle conviction.La cliente désirait donc le revoir et ce, en dehors du Boudoir. Une requête qu’elle sait bien évidemment impossible et pour laquelle les mots du courtisan ne surent pas trouver une oreille attentive.

Alors soit, il allait devoir se faire plus convaincant afin que sa vie privée reste sienne et qu’il préserve quelques-uns de ses droits les plus fondamentaux, dont celui du refus.
La plume est donc saisie et les mots à nouveau viennent épouser la douceur du vélin.


Citation:
    Chère Nyssie,

    Je suis flatté de l’intérêt que vous me portez et plus encore face à la détermination dont vous faites preuve afin de me quérir.

    Toutefois, je me vois dans l’obligation de réitérer mes propos et de vous joindre via cette missive, un deuxième et ultime refus.
    Votre raisonnement est fondé même s’il présente quelques faiblesses. En effet, vous avez été un test pour valider mon entrée au Boudoir des Sens, mais vous avez jouit de mon expérience en tant que courtisan. Ce n’est d’ailleurs qu’en tant que cliente que j’ai eu pour devoir de vous satisfaire. Ma dévotion et mes attentions en dehors de ces murs sont toutes autres.
    Si le désir de me revoir est si fort, il n’y a qu’au Boudoir que vous pourrez me trouver.

    D’ailleurs, je me sens dans le devoir de vous mettre en garde, n’usez pas de vos relations pour me retrouver à mon domicile. Il serait dommage que votre visite, me laisse un goût amer.

    Bien respectueusement,

    Quentin Locke.



Les mots sont encore plus secs, plus tranchants et il espère que Nyssie saura après lecture de cette missive abandonner tout espoir de le revoir en dehors du Boudoir. Sa vie privée n’a pas de prix et s’il y en a bien un homme qui sait faire la distinction entre les clientes du bordel et les conquêtes ordinaires, c’est bien l’anglais. Nulle ressemblance entre cet objet attentif dédié uniquement au plaisir d’une cliente et cet homme froid et légèrement égoïste qu’il est naturellement.
_________________

@kreugan.
Nyssie
La Brune s’était attelée à sa coiffeuse pour démêler ses cheveux ébène. Les jours passaient et Nyssie n’avait pas de nouvelles de l’Anglais. La voilà qui se persuadait que ce courtisan devait s’arranger pour libérer une journée afin de venir enfin lui rendre visite à sa chambre d’hostel. Cela ne pouvait en être autrement de toute façon, il lui devait bien cela. Après tout, c’était grâce à elle s’il était rentré au Boudoir des Sens. Il ne fallait pas qu’il l’oubli le dominateur.

Dame Nyssie! Dame Nyssie!

Le gosse qu’elle avait soudoyé criait en montant les marches et en courant dans le couloir qui le fit rentrer dans sa chambre. Porte ouverte, menotte sur la poignée, l’autre mimine posée sur son genou avec une enveloppe entre son index et son majeur, le gamin était essoufflé. Essayant de reprendre sa respiration tant bien que mal, il regarda la belle plante qui venait de se retourner vers en l’entendant arriver.

Eh bien, que t’arrive-t’il?
Je sais……Je sais……Je sais comment il s’appelle votre amoureux.

Haussant les épaules et prenant un air circonspect.

Ce n’est pas mon amoureux voyons……..Et il s’appelle?
Quentin!

Comme quoi le gosse devait avoir besoin de sous pour revenir avec une telle information. La belle Brune lui tendit une bourse avec quelques écus. Le petit s’empressa de la prendre et de s’en retourner vers ses quartiers.

Hepp!! Tu n’oublies rien?
Euh…..Merci?

Le regardant avec une jolie risette en coin et tendant un doigt vers le courrier.

Oui aussi mais….cette lettre?
Ah! Oui! Le concierge me l’a donné pour vous.

Missive remise, elle la porta à son visage. Même fragrance masculine que la dernière fois. Sûre d’elle, la missive qu’elle attendait depuis quelques jours. Elle congédia le mouflet, prit soin de refermer sa porte et ouvrit ce fameux courrier. Le sourire ne quittait pas ses lèvres. Parchemin déplié et rétines qui parcouraient l’écriture légère? Non. Cette fois-ci, elle avait l’air plus appuyé. Un refus……encore. Une once de colère grimpa dans tout son corps. Ses yeux s’agrandirent de plus en plus en finissant lecture. L’Anglais refusait de la revoir. Inadmissible! D’indignation, Nyssie chiffonna ce bout de papier et le jeta de l’autre côté de la pièce. Comment cela un test? Comment cela cliente? Comment cela que au Boudoir? Sûrement pas! Sans le savoir, le courtisan avait attiré son attention et bien plus. Il avait su faire ressortir son côté garce à ses heures et la faire fondre de plaisir. Le petit saligot n’allait pas s’en tirer de la sorte. Ce qu’elle voulait, Nyssie l’obtenait. Peu importait par quel moyen pourvu qu’elle ait jouissance de posséder son désir le plus cher. Pour l’heure, elle le voulait lui mais pas seulement pour une nuit.

Redingote prise et appliquée sur ses épaules. La Brune possessive quitta sa chambre pour se rendre dans la rue. Le gamin trainait encore là. S’arrêtant auprès de lui, elle le questionna en sourdine. Une réponse de sa part lui fit écarter ses commissures et quelques écus pour lui en récompense. Nyssie prit la direction de la taverne où se rendait Quentin. D’un pas assuré, elle entra dans l’établissement et accrocha son manteau sur le porte manteau pas très loin de la porte.
L’exclusive regarda tout autour de l’auberge et là, au comptoir, se tenant droit debout, il était là. Dos à la porte d’entrée. Son carde s’accéléra comme rarement il était coutume. Joignant ses mains, entrelaçant ses doigts, elle souffla légèrement de satisfaction. Le gosse avait raison, il était bien présent. Petite délectation de le voir enfin mais grosse appréhension de savoir sa réaction. Et après tout, pourquoi se poser la question. La Brune le désirait et son désir se rendait plus fort de minutes en minutes. Pour acquérir ce qu’elle visait, Nyssie était prête à tout.

Inspiration prise, expiration faite, la possessive s’avança jusqu’au comptoir. L’air de rien, faisant comme si elle ne savait pas que c’était lui, la poupée s’accouda à quelques pas du courtisan.


Un hydromel je vous prie.

Le tavernier la servit et elle paya de suite. En tirant sur ses doigts un par un le tissu qui les enveloppait, elle jeta un coup d’œil sur le côté. Elle le dénudait du regard avec insistance. Mordillement de lèvre inférieure, elle sentait encore la chaleur de ses mains sur sa peau. La Brune retira l’aiguille qui maintenait son chapeau en place et le posa non loin de son verre. Le récipient dans une main, le contenu tournait lentement. Ses rétines ne quittaient plus ce corps qui avait su la rendre féline et lui donner tellement d’extase en quelques minutes. Son plan d’attaque bien étudié, elle décida d’entrer en action.

Votre sécheresse manuscrite m’a laissé pantoise…

Glissa-t’elle doucement avec une voix suave. Fin sourire en coin et œillade qui pétillait légèrement.
Quentin_locke
"L'obsession de l'ailleurs c'est l'impossibilité de l'instant ; et cette impossibilité est la nostalgie même." de Emil Michel Cioran

Le temps que la cliente reçoive et découvre sa missive, l’anglais eut le temps de s’arranger et de se préparer à sortir. Toutefois, l’écart entre son objectif de la journée et la réalité est bien grand.
En effet son indépendance se retrouva écourtée par l’ambition et l’obsession de cette nostalgique.

Accoudé au comptoir, chope en main, à partager quelques banalités avec la patronne des lieux, Quentin se plait à être d’humeur oisive. Il n’avait rien de prévu si ce n’est retrouver le Boudoir des Sens une fois la nuit tombée pour satisfaire clients et clientes, envieux. Alors loin des artifices du corps et de l’esprit, loin du luxe et des étoffes soyeuses et chaudes, loin de l’ivresse des sens et de l’âme, l’anglais boit sa bière gorgée après gorgée, savourant ce calme et cette atmosphère apaisante et quasiment familiale. Car en effet, cela faisait déjà un petit moment que le courtisan avait établi ces quartiers dans cette petite auberge d’apparence simpliste, cosy et peu fréquentée. Loin d’être une bâtisse bourgeoise et animée, on y retrouvait seulement quelques habitués grabataires et la marmaille, nombreuse, de la propriétaire.L’anglais avait été accueilli avec douceur et la matrone s’était habituée à son rythme de vie, prenant alors le soin de lui préparer un repas en milieu d’après-midi et d’interdire aux enfants de courir dans les couloirs pendant la matinée. Touché par une âme si charitable qui compensait légèrement son absence de mère, Quentin donnait lui aussi de sa personne en enseignant l’art des lettres et des mots aux plus curieux des marmots.

Ainsi, quand elle vit une jeune femme entrer dans l’établissement et se diriger directement vers Quentin pour s’adresser à lui, elle haussa un sourcil. Elle connaissait bien les habitudes du courtisan et s’il y avait bien une règle à laquelle il semblait s’attacher, c’était bien celle qui consiste à n’inviter aucune femme dans cette auberge, qu’elle soit cliente ou amante, ce qui l'invita d'ailleurs à soupçonner les tendances du jeune homme. Maternelle elle hésita un court instant à le laisser seul mais face au regard que venait de lui lancer ce dernier, elle se résolu à s’occuper, ailleurs.
Un soupir de lassitude et d’agacement s’échappe alors des lèvres du courtisan alors qu’il reconnait la voix de Nyssie. Elle avait donc décidé de le retrouver, ici lieu, dans son monde et cela sans en éprouver une seule once de culpabilité.
Ses doigts s’agitent donc contre le bois du comptoir et il écarte doucement la chope. Le buste se tend à nouveau et ses yeux se rivent vers l’imprudente.

Comment avez-vous…oser.

Sa voix se fait rauque et malsaine alors qu’il s’empare du bras de la jeune femme pour la conduire sans ménagement à l’extérieur de l’auberge. S’il devait y avoir un scandale, ce dernier se fera loin des enfants et de ce lieu qui pour lui, s’avère être un véritable refuge. D’ailleurs à cette pensée, il fulmine, se demandant encore comment cette cliente avait pu s’immiscer dans sa vie malgré son avertissement. Aucune n’avait osé et pour cause, l’anglais prenait ses précautions et jamais il n’avait donné son adresse, sauf à Alphonse.

Je vous avais prévenu et déconseillé de venir me rejoindre ici. Alors, soit vous décampez dans l’immédiat et oubliez cette auberge, soit je vous en collerai une avant de jouer à mon tour de mes relations…
Vous m’avez connu tendre et attentionné au Boudoir, mais si vous tenez à me faire sortir de mes gongs, vous allez finir par sustenter contre votre volonté les plus infâmes raclures du royaume jusqu’à ce que votre corps entier déborde de leur attention.


_________________

@kreugan.
Nyssie
Il l’avait séduite, charmée comme aucun autre homme, bousculée d’une manière insolite. L’Anglais avait eu mains basses sur son corps et bien plus encore. L’art et la manière de s’initier à chaque conquête pour rassasier ces femmes qui ne souhaitaient que jouissance pendant un certain laps de temps de leur existence. L’accord de leurs deux corps, de cet emboitement parfait, de la défiance excitante qui s’était immiscée pendant quelques minutes dans cette alcôve….La Brune possessive ne pouvait se résoudre à s’en délecter encore une fois. Bien plus qu’une demande, presque une exigence de sa part. Sans conteste, Quentin avait commencé à envahir son corps avec délice. Il n’aurait pas du comprendre comment offrir régal à cette femme. Depuis qu’elle l’avait laissé là-bas, au bordel, son minois de courtisan s’amplifiait de plus en plus dans sa tête. Par ses pupilles, Nyssie avait l’impression de le croiser partout. Ses traits fins que ses doigts avaient frôlé, ses iris qui l’avaient possédé à la première ouverture, ses bras qui l’avaient encerclé pour mieux la terrasser et la chaleur de sa peau qui s’était posé sans ambages contre la sienne avec une masculinité rare. Mmhh…..Non, la belle Brune ne pouvait se défaire de cette obsession qui amplifiait chaque jour.

Nyssie avait débarqué dans ce temple de jouissance pour assouvir juste un plaisir. Elle en était ressortie maitrisée et obnubilée par un homme qui savait trouver les commandes de chaque corps et leur apporter un plaisir extatique à chaque fois. Oui, elle en voulait encore. Oui, sa hantise grandissait à chaque instant qu’elle revivait inconsciemment cette folie maladive. Oui, sa ferveur la poussait à enquêter sur lui. Oui, Nyssie jouait de ses petites relations pour connaitre ses moindres faits et gestes. Oui encore, ses petons l’amenèrent jusque dans cet endroit reculé, calme et singulier pour le revoir une deuxième fois. Alors oui, elle avait osé.

Ses iris étaient froids, son regard gelé de tout sentiment. Des rétines vides de tout désir et sans sommation, ses phalanges se posèrent sur son bras. La fermeté de sa prise lui fit mordiller sa lèvre inférieure. Plus la violence se montrait, plus son désir se dévoilait. Quentin la conduisit devant la taverne. Devait-il se cacher? Avait-il peur que l’on découvre quel homme il était vraiment…..Pourtant, ce courtisan semblait fier d’être homme aux services des plaisirs et des décadences. La possessive se tenait devant lui, ses pupilles se remplirent d’étonnement et de stupéfaction. Non, le Brun ne l’emmenait pas dehors pour lui donner ce qu’elle voulait mais plutôt le contraire. Quentin essayait de lui faire comprendre de lui foutre la paix une bonne fois pour toute. Pas de chance…..L’Anglais ne savait pas dans quel guêpier il s’était fourré en emprisonnant son corps et en étanchant sa soif de béatitude. Elle le voulait lui et elle l’aurait de quelque manière que ce soit.

Ses mots étaient virulents. Les pupilles azurées de la Brune devinrent noiraudes en un battement de cils. Le Locke osait la menacer, bien la seule chose à ne pas faire. Il cherchait à l’intimider…..Horreur. Son minois vint à se fermer en l’écoutant fulminer. La Brune tira son bras d’un coup sec. La main du Quentin s’en désempara et retomba la long de son buste. Ses rétines toujours posées sur lui, ses lèvres se resserraient quelque peu. Son regard plus que noir. A cet instant précis, elle aurait pu tourner les talons et s’enfuir devant un tel refus. D’ailleurs, n’importe quelle dame aurait compris qu’il n’était pas la peine d’insister mais, pas elle. La Brune exigeait d’en avoir la possession et elle ferait tout pour satisfaire son désir le plus cher.
Ses yeux droits dans les siens, sa main se leva d’un coup sec et vint claquer sur la joue du Brun. Son souffle était rapide et fort. A chaque inspiration, son buste se gonflait. Ses phalanges se posèrent sur le tissu de sa robe et l’enserra d’une poigne de colère. Ses jupons se soulevèrent juste assez pour que ses pieds fassent quelques avancées vers lui. Son visage en face du sien, ses rétines toujours noires de fougue, Nyssie souleva doucement son menton avec arrogance.


Et vous osez me menacer…

Quelques secondes de silence. Son orgueil reprenait le dessus.

C’est grâce à moi que vous êtes rentré au Boudoir, je peux aussi vous en faire sortir. Ne me sous-estimez pas Quentin. Et ne vous avisez plus de vouloir m’intimider.

Sa voix était calme et posée mais avec un ton sec et virulent tout comme l’ont été les mots de l’Anglais quelques instants plus tôt. Il n’avait pas le choix. De gré ou de force, il serait à elle et rien qu’à elle.
Quentin_locke
Un claquement. La baffe s’abat sur sa joue en bruit typiquement féminin et le regard de l’anglais s’obscurcit. Comment cette garce avait-elle osé lui en coller une en publique, alors qu’elle avait déjà en sa défaveur, un acte pour le moins conséquent ? Le brun fulmine intérieurement et la main se lève. L’envie lui démange, il n’aspire à l’heure actuelle qu’à lui en coller une pour la remettre à sa place, elle simple femelle et pourtant le machiste ne fait que s’emparer de son bras avec fermeté.
Qu’elle pousse la chansonnette si elle le désire, qu’elle alerte les passants si telle est son envie car Quentin ne compte nullement s’arrêter dans sa marche précipité vers les bas fond de la capitale. Sous escorte la cliente suit, forcée malgré elle de s’accorder à l’allure de l’anglais qui enchaine les pas et les ruelles. Il ne dit pas un mot, préférant marmonner dans sa barbe afin d’apaiser son esprit et son impulsivité.
Après un moment, les bottes se heurtent enfin à la crasse des bas-fonds et ses narines doivent s’accommoder de cette odeur pestilentielle caractéristique. Les âmes qui règnent ici lieu n’ont pour seule substance, le crime et les maux et c’est volontairement dans ce coupe gorge qu’il la conduit. Si elle pensait que ces mots n’étaient que du vent, que sa fierté et que son impulsivité, n’étaient que comédie, elle allait s’en morde les doigts. Le bras est malmené tant et si bien que son empreinte sera assurément figée sur sa peau d’albâtre et c’est avec force qu’il la confronte à la réalité. Sa voix grave raisonne dans l’oreille de la brune alors qu’il saisit son menton pour qu’elle lorgne l’un de ses vils.

Pour votre audace, votre insolence et votre inconscience, je serai bien tenté de vous jeter dans leur bras. Vous pourrez crier autant que vous le voudrez une fois abandonnée à eux, personne ne viendra. Mais qui sait, peut-être qu’ils vous laisseront la vie une fois que vous les aurez tous rassasiés.

Le choix donc se pose à lui, l’abandonner à ces violeurs ou la ramener en sécurité loin d’ici en étant sûr et certain que cette séance l’aura assurément calmée ? Jamais Quentin n’était sorti de ses gongs de cette façon et à vrai dire, jamais une seule femme avait osé franchir ces limites. L’un des hommes à l’œil hagard s’approche d’eux, reluquant sans discrétion les formes de Nyssie. Une main se tend et l’anglais ne bronche pas alors qu’il la maintient à ses côtés sans pour autant la défendre et la protéger. Les ongles sales se posent enfin sur les habits de la cliente et Quentin hésite. Certes cette dernière ne méritait surement pas de se faire ainsi dévisager et peloter par un gueux à l’haleine fétide, mais dans l’esprit de l’anglais, l’évidence n’est pas aussi limpide. Il aimerait la remettre à sa place, lui faire comprendre que sa vie privée n’a pas de prix et que son sérieux se doit d’être respecté. Il est macho et l’assume pleinement, tout comme il sait mettre de côté son savoir vivre afin que sa fierté et son égo soit décrassé.

Je vous laisse ici ou la leçon est comprise ? Ne vous approchez plus de moi, ni de cette auberge. A trop vouloir, vous avez désormais tout perdu. Je ne désire plus vous servir au Boudoir, ni même vous revoir en dehors du bordel.
Vous avez dépassé des limites et les conséquences sont lourdes.


Il la maintient encore et la relâche, l’abandonnant finalement à cette raclure. Les mains se font alors plus perverses, se glissant sous les jupons et la force de l’homme semble mettre à mal la cliente qui malgré sa volonté, ne saurait faire long feu.
Encore un peu ? Juste le temps qu’elle comprenne…Juste le temps qu’elle réalise que sa vie privée est la seule chose que l’on ne peut acheter ou contrôler et qu’une entrave même simple à cette consigne à des conséquences démesurées. Au boudoir, il n’est plus qu’un objet au service des volontés, qu’un pion dont l’habilité de ses mots, de ses dextres et de ses reins s’achète et c’est pour ces raisons, que sa vie privée lui est si chère. Cette liberté-ci ne peut lui échapper.

Puis finalement ce n’est qu’une fois la brune collée contre le mur que l’anglais se décide à agir. D’un pas décidé il s’approche d’eux et abat avec force son poing dans la mâchoire du gueux. A défaut d’avoir pu frapper cette donzelle, il aura au moins réussi à se défouler comme il fallait. L’homme perd l’équilibre, plus amoché par son ivresse que par le coup de l’anglais. Nul prétention de la part de Quentin, car après tout, ce dernier avait dû en voir des plus costauds que lui. Il récupère donc la brune et la garde à ses côtés le temps que la ruelle se trouve à distance raisonnable.

Inutile de me remercier de ne pas l’avoir laissé finir le travail…Vous pouvez partir en toute sécurité mais que je ne vous revois plus.

Quentin l’abandonne donc pour de bon, plus ou moins serein pour, rejoindre son auberge. La leçon aurait pu soigner n’importe quelle femme, n’importe quelle obsession et pourtant, il ne peut s’arrêter de penser qu’il la reverra, malgré lui.

_________________

@kreugan.
Nyssie
Le bruit sec et net de ses doigts sur la peau anglaise avait retenti sur la place devant l’auberge. Dans son profond intérieur, la vergogne de ce coup donné plus par fierté colérique que pour les menaces profanées à son encontre. Il avait beau pensé ce qu’il voulait le Quentin, l’amour qu’elle ressentait pour lui devenait obsessionnel. Comme une soif qu’il fallait étancher à tout prix. Comme si le battement qui faisait battre son carde pour continuer de vivre, c’était lui. Comme si l’oxygène qu’elle inspirait afin de maintenir son corps en vie, l’Anglais lui permettait de le respirer par sa présence. Malheureusement, la seule façon qu’elle avait de l’aimer n’était que force et que rage. Cette manière de s’imposer à lui, d’envahir sa vie de toute part, de se faire violence pour n’espérer qu’un regard même si celui-ci n’était que mépris, venait de se mettre à nue. Par ce claquement, avait-elle scellé la fin de son approche tant escomptée?

Les phalanges anglaises s’emparèrent de son bras pour s’encrer dans sa peau. Voilà qu’il la contraint à le suivre jusque dans une de ses ruelles si sombre que même un rat n’y mettrait pas les pattes. L’odeur nauséabonde pénétrait dans ses narines et lui donnait des hauts de cœur. Les seules personnes présentes ressemblaient à ces bourreaux qui pouvaient vous attraper lors d’une nuit sombre, dans un de ces coins noir, pour assouvir leurs plus fuligineuses convoitises en vous prenant pour un pantin ou une poupée de chiffon. Ses dires prononcés quelques minutes avant venaient de prendre acte. Le Quentin se sentait en position de force et la Brune en position de faiblesse. La chair de poule traversa son corps frêle de toute part. Ses mains se joignirent devant ce tableau de débauche et de marasme. Bientôt, la peur de se lire dans ses rétines, alors que quelques doigts tortionnaires s’emparèrent de son menton pour mieux lui faire comprendre ses mauvais agissements. Ses pupilles se dilatèrent d’effroi. Quentin devait l’avoir vu et de balbutier pour la première fois devant son obsession.


Vous….Vous….Vous n’oseriez pas……

Sa chair se rapprocha de son corps. La Brune ne désirait pas rester dans cette ruelle, ce coin si sombre que personne n’y mettait les pieds. Et un de ces bourreaux se leva, titubant de part et d’autre, chancelant d’ivresse. Une main vint souiller ses vêtements et remonter pour toucher sa peau d’albâtre alors que son minois effrayé se tourna vers le Brun et lui faire comprendre que la leçon était enregistrée. La possessive venait de se rendre compte qu’il ne disait pas des paroles en l’air. La leçon était comprise oui. Elle aurait voulu lui souffler mais n’eut pas le temps. Le brun la lâcha l’abandonnant au déchet qui s’était mis debout tant bien que mal pour sentir la fraicheur de Nyssie. Les phalanges de son bourreau commencèrent à vouloir prendre possession de son corps alors que celle-ci essayait de se débattre. Ses mains avaient beau le repousser, le sadique revenait toujours avec plus d’envie de s’emparer de la Brune. Son visage n’inspirait que désarroi. Son regard implorait Quentin de venir à son secours. Le Brun se tenait non loin, debout, admirant Nyssie se faire donner une leçon. Jupons relevés, cuisses à moitié nues, voilà que dans une seconde de bonté, l’Anglais vint dégager d’un coup de poing son tortionnaire. Sa main s’empara à nouveau de son bras avec force. Il l’emmena un peu plus loin pour la mettre en sureté.
Non, Nyssie ne le remercierait pas. Pas qu’elle ne le voulait pas mais le choc venait d’être rude. La Brune n’avait pas pris conscience à ce point qu’elle commençait à empoisonner sa vie personnelle. Il avait entiché à sa fierté en donnant acte à ses paroles. Elle s’en rappellerait.
Le Brun Anglais lui intima de décamper. Ce fût lui qui prit la fuite. Elle resta là quelques secondes le regardant s’éloigner de dos. Plus que de la peur, une torpeur inconsidérable avait envahi son corps et ne se défaisait plus. L’eau était au bord de ses yeux mais ne coulait point. La belle tourna les talons et le seul endroit où elle ne pouvait qu’aller était son hostel, sa chambre.


[Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres; fermentent les rousseurs amères de l’amour] de Arthur Rimbaud.

Il avait réussi là où d’autres avaient failli. Aucun mortel n’avait autant emprisonné son cœur de cette façon. Aucun masculin ne s’était permis de mettre à exécution ses viles paroles remplies d’amertume et de désinvolture. Pas de sentiment, pas une once de clarté, pas d’amour, rien. Il n’éprouvait rien que du désintéressement pour elle et apparemment rien d’autre. Certes, le Brun ne l’avait pas laissé se faire dévorer par la mauvaise crasse parisienne mais il aurait pu. Il s’aventura à mettre en action ses menaces. Cela était bien mal joué pour avoir réaliser sa colère. L’Anglais n’avait pas compris que ce qu’elle ressentait était plus que de l’amour. Cela ressemblait à une rage amoureuse qui se décuplait au fur et à mesure que Nyssie l’apercevait. Plus la vue de son minois se maintenait en face d’elle et plus son carde se remplissait de son être. Chaque mot qui sortait de sa bouche devenait comme une musique que l’on pouvait écouter sans cesse. Mais voilà. Il avait osé la contraindre à abandonner de l’aimer. Il l’avait sommé d’arrêter de le suivre, de le poursuivre, de lui écrire, de rentrer dans son existence mais il était trop tard. Lui avait pénétré depuis un certain temps dans son esprit pour ne plus pouvoir en sortir. En sa présence, la Brune ne gouvernait plus rien. Elle ne savait lui faire entrevoir que sa plus mauvaise existence. Il provoquait en elle que sève, intensité et verdeur. La noblesse du verbe, elle ne connaissait pas, elle n’avait jamais connu. Ils s’étaient tous pliés, tous rompus, tous mis à genoux face à elle. Mais lui, non. Il restait debout, fier et insensible.

Nyssie tournait et virait dans ces quelques mètres carrés d’avoir tout perdu. Oui, il lui avait bien spécifié qu’à force de persévérance la belle n’aurait plus aucune faveur de sa part. De rage, elle pleurait. Ses larmes coulaient le long de ses joues sans s’arrêter. Son corps venait de se vider du malheur qu’il avait provoqué en elle. Et une fois la tristesse finie, la haine vint s’infiltrer. Tout doucement, l’étincelle d’amour qui brillait pour lui se transformait en répulsion. Chaque minute qui passait faisait entrevoir un peu plus de dégoût. Et au fil du temps, germait cette idée de le punir à tout jamais….


[La haine est l’amour qui a sombré] de Soren Kierkegaard

Balade dans les rues parisiennes à la recherche d’une herboristerie. Plusieurs échoppes avec des devantures claires et agréables pour les yeux. Seulement, rien ne lui enlevait cette lumière qui clignotait dans son esprit depuis quelques heures déjà. Cette marotte qui commençait à se montrer de plus en plus oppressante. Voilà, herboristerie trouvée. La porte franchie, Nyssie osa demander la fabrication d’une concoction peu recommandable. Des pots d’onguents, de pétales de fleurs, d’herbes plus rares les unes que les autres étaient sur les étagères nombreuses.
Le vendeur refusa. Insistance qui se fît de par son comportement. Heureusement, la Brune était seule dans la boutique. Il refusa encore. Dans une fureur incroyable, elle sortit de cette échoppe, ouvrit la porte et avant d’en franchir le seuil.


Crétin fini!

Porte qui claqua après son passage à l’extérieur. La Brune remit sa capeline d’hiver correctement sur ses épaules. La colère se lisait sur son visage. Quelques passants croisaient ses yeux. Peut-être ne devraient-ils pas. Elle avança de quelques pas et d’une voix forte et sans complexe.

Je le trouverai celui qui me donnera la toxine que je cherche! Et il sera grassement payé!

Vrai! Nyssie avait la main leste pour ceux qui faisaient ce qu’elle demandait sans poser de question. Moins ils en savaient et mieux c’était pour eux.
Aethys
« Un poison violent, c’est ça l’amour Un truc à pas dépasser la dose. » S. Gainsbourg


« Et vous êtes certaine ça le calmera votre…votre poudre là ? »

La voix se fit hésitante, troublée par l’acte qu’elle osait enfin accomplir. Depuis des mois maintenant qu’elle préparait son coup, fouinant dans les quartiers les plus malfamés pour trouver celle dont on disait tant de bien… ou de mal en fonction du côté du miroir duquel on était.

« Bien sur que j’en suis sure, je vous la vendrais pas sinon. Ca va vous le rendre doux comme un agneau votre mari. Si doux que votre amant pourrait vous trousser devant lui qu’il s’en apercevrait même pas. »

Un rougissement caractéristique teinta les joues poudrées de la dame d’âge certain qui ne levait toujours pas les yeux sur elle. Rougissement parfaitement trahi par le petit sourire lubrique qui passa l’espace d’un instant sur les lèvres rosées. Aethys retint de justesse un ricanement narquois. Toutes les mêmes, refusant leurs penchants vils pour mieux paraitre. Toutes à venir réclamer ses services, pour rendre fou d’amour un amant, pour faire taire un mari, pour éliminer une rivale.

« Par contre, fermez la hein. Vous ne me connaissez pas et moi non plus. Que le fait que vous ayez acheté ce poison circule, j’en ai rien à foutre. Mais que ma description se retrouve dans les postes du guet et je vous étripe, c’est compris ? »

Les ambres se firent acérés et la main s’empara un court instant du bras blanc de la dame, y imprimant une marque vive. Le visage tiré de la cliente vira instinctivement au livide et elle hocha lentement la tête, sans un mot. Elle avait compris à n’en pas douter. Mais cela ne l’empêcherait pas de répandre à tout son cercle de broderie qu’une empoisonneuse avait fait un excellent travail et pour un prix modique. Et ça, c’était exactement ce qu’elle souhaitait, la brune. Dans un sourire carnassier, elle laissa donc la bourgeoise disparaitre dans la foule qui les entourait. Faisant disparaitre la bourse qu’elle lui avait remise dans sa ceinture, elle quitta à son tour la ruelle dans laquelle elles s’étaient entretenues pour rejoindre une artère plus fréquentée.

S’étirant de tout son long, la Gasconne fit craquer son dos, levant le nez vers le ciel clair de Paris. Cela faisait quelques temps désormais que ses affaires avaient repris et plutôt bien même. Si Paris avait tout d’abord ressemblé à son tombeau, la ville prenait finalement des couleurs de renouveau. Il y avait eu ce marché avec le nain aux putains, puis un empoisonnement rondement mené et les affaires avaient décollé. Du jour au lendemain, son nom avait circulé dans les rues, inquiétant les uns, intéressant les autres. Elle était désormais contactée presque tous les jours tantôt pour des soins, tantôt pour des morts. Elle avait même repris ses études sur l’anatomie et les maladies. Il fallait avouer que c’était le lieu pour trouver cadavres et malades à la pelle aussi. Un petit air satisfait macula ses traits redevenus charmeurs. Oui Paris lui réussissait plutôt bien.

Tout sourire, elle observa donc la rue dans laquelle elle déambulait. De riches boutiques, une foule bigarrée mêlant allègrement tenue luxueuse aux guenilles dépareillées, les effluves si particulière de la ville, des cris, des rires, des harangues, de l’empressement, de l’insouciance, de la colère, de la frustration...


« Crétin fini! »

En parlant de colère et de frustration...La brune croisa le regard brûlant d’une cliente de l’herboristerie du coin. Un sourire moqueur étira les lippes rondes. Il fallait s’y attendre en entrant dans un endroit pareil hein. Les herboristeries du coin étaient plus vides les unes que les autres. Tout juste bonnes à vendre quelques tisanes pour grand-mère en mal de sensations.

« Je le trouverai celui qui me donnera la toxine que je cherche! Et il sera grassement payé! »

Aethys eut un petit tic agitant ses lèvres qui alluma une étincelle vénale dans son regard miel. Toxine…grassement payé…voilà des mots qui savaient la ravir. Mais sa future cliente ameutait bien trop l’attention et l’approcher était sur l’instant risqué. Qu’à cela ne tienne, l’occitane attendit un peu que la tension retombât, que la foule éloignât son attention et que surtout d’être à la hauteur d’un de ses petits renfoncements le long de l’artère qu’elle affectionnait tant. S’approchant de son pas souple de la bourgeoise, elle lui attrapa le bras et l’entraina dans un recoin. Sa crinière brune rejetée sur ses épaules, sa vieille robe grise sur le dos, sa ceinture de barbier à la taille, elle était loin d’être inquiétante malgré ses dagues soigneusement dissimulées le long de ses jambes. Néanmoins, et après une pareille manœuvre, elle se devait de rassurer.

« Là, là, on se calme, je ne vous veux pas de mal. Mais vous attirez bien trop l’attention sur vous, si je puis me permettre. »

Plongeant son regard d’or dans celui de son interlocutrice, l’empoisonneuse eut un sourire affable teinté d’intérêt. Sans un mot, elle relâcha le bras qu’elle avait fait prisonnier et se recula très légèrement. Après tout, elle ne cherchait pas le moins du monde à l’impressionner. Elle avait un besoin et Aethys pouvait le combler. C’était aussi simple que ça.

« Alors comme ça on chercherait un poison ? Quel type ? Pour quoi faire ? »

Et bien oui, ces affaires là plus vite elles étaient faites, mieux on se portait.
_________________

Dessin original AliceChan ©
Nyssie


La colère et la frustration étaient largement palpables et les pauvres passants qui se retournaient pour croiser son regard pouvaient recevoir les coups de couteaux qui ressortaient de ses pupilles. Nyssie farfouillait dans sa besace à la recherche de ses gants. L’hiver était encore là et la froideur la rendait encore plus acariâtre qu’à l’accoutumée. La foule s’éparpilla de part et d’autre de la place. La Brune soupira un bon coup pour reprendre ses esprits mais pas le temps de faire un pas afin de rejoindre sa chambrée, qu’une main vint prendre possession de son bras. Ses iris s’écarquillèrent et son carde se remit à battre plus fort. Presque un haut de cœur de sentir encore une emprunte vouloir s’imprégner dans sa peau. Sauf que celle-ci serrait moins fort que celle de l’Anglais. Les doigts étaient plus minces, les phalanges plus douces. Ses rétines naviguèrent jusque sur le côté et elle remarqua une fem….Une souillon oui plutôt! Plissement de front. Qui était-elle? Que voulait-elle?

Pas le temps de réagir que la voilà dans une de ses artères calmes des rues parisiennes. Là, la jeune lui intima de se calmer et qu’elle ne craignait rien. Manquerait plus que cela maintenant qu’elle lui veuille du mal. Elle avait déjà assez à faire avec le courtisan qui lui avait laissé son bras bleuté.


Et bien que vous vous permettiez ou pas, c’est dit de toute façon!

Non, en effet. La Brune se demandait bien ce qu’elle voulait pour l’attirer jusqu’ici. Et la souillon ne tarda pas à entrouvrir ses lèvres pour la questionner sur sa recherche. Tiens donc. Voilà que la donzelle semblait intéressée par ses cris peu conventionnels. En général, ce n’était pas des demandes que l’on scandait dans les ruelles, il était vrai. Mais Nyssie n’était pas conventionnelle. Un sourire en coin. Serait-ce sa mièvrerie pour le poison qui l’intéressait ou alors d’avoir sa bourse généreusement garnie en une seule vente peu orthodoxe. Sûrement l’imagination d’entendre les pépettes tintées dans son porte-monnaie. Enfin, cela n’avait pas d’importance. La Brune avait peut-être trouvé LA personne qui pourrait lui confectionner ce qu’elle désirait tant.

On ne peut rien vous cacher à vous.

Bon en même temps, Nyssie avait crié tellement fort…..

En effet, je cherche un poison. J’aurais voulu quelque chose qui fasse souffrir mais à petits feux….Reprenant son souffle. Jusqu'à la fatalité, jusqu’au dernier souffle de vie.

Carrément. Oh oui, elle voulait qu’il souffre. La possessive désirait que sa douleur soit aussi intense que celle qu’il lui avait infligé quelques jours avant. Jamais personne n’avait persisté à ce point dans le refus et pour sûr qu’il ne resterait pas sur cette terre pour pouvoir jubiler de sa résistance.

Une substance qui lui enlève à chaque battement de carde l’espoir et la joie. Un poison qui l’éteigne petit à petit avec une douleur comme jamais il a ressenti.

Son œil brillait de malice et de vengeance. La belle Brune n’avait jamais éprouvé autant de rancœur, de colère ni de talion à ce point.

Par contre, si cela pouvait être un liquide à administrer par contact, cela m’arrangerait quelque peu.

Ben vu que le Quentin ne voulait plus la voir……

Aethys
Dès que les lèvres bourgeoises s’ouvrirent, Aethys ne put réprimer une moue narquoise et finement moqueuse. Ce genre de personnages avait toujours le don de l’amuser. L’occitane laissa donc son regard errer un court instant sur sa potentielle cliente. Parfaitement engoncée dans une robe au décolleté aussi plongeant que ceux des catins du coin, la mine si poudrée qu’on l'imaginait aisément se plonger entièrement dans le pot, les cheveux soigneusement dissimulés sous un chapeau...Un vieil amiral au sommet de sa gloire qu’elle avait plutôt bien connu, aurait vite fait de la qualifier de pute mal défraichie sur le retour. Enfin…il était loin et la gasconne n’en était pas encore à penser comme lui.

L’attention de la brunette se focalisa donc à nouveau sur l’excessive. Si elle n’avait pas relevé la première remarque qui se voulait, qui aurait du peut être, être cinglante, elle ne put décemment pas se taire sur la suivante.


« En même temps, vous ne l’avez caché à personne, en hurlant au milieu de la rue. Même le guet doit être au courant maintenant. »

Les nacres illuminèrent le sourire un moment, oscillant entre moquerie évidente et amabilité acide. Les accents rocailleux du sud menacèrent de rouler à nouveau en une pique nouvelle mais la bourgeoise enchainait déjà, toute à son envie de poison. Aethys tendit donc sagement l’oreille, l’écoutant déballer son sac. Sac qu’elle avait lourd de toute évidence. Une véritable histoire de bonne femme. Souffrance, lente agonie, et mort atroce. Elle en devenait presque poétique, la mortelle bourgeoise. La brunette ignorait totalement la raison d’un tel déchainement de hargne mais l’homme qui l’avait ainsi provoquée, avait du être odieux. Un sourire s’accrocha léger sur les lèvres gasconnes.

Elle écouta la fin de la diatribe, l’esprit déjà ailleurs, passant en revue les poisons qui pourraient convenir. Un poison lent de toute évidence, qui le ferait souffrir jusqu’au bout. Des idées défilaient au travers des ambres devenues vaporeuses de réflexion. La dernière exigence lui fit cependant froncer le nez. De contact…un poison de contact…tiens c’était déjà moins banal comme demande. Pourtant, elle savait déjà. Seule l'élaboration lui posait problème. Aethys passa distraitement les doigts sur sa ceinture, repensant ses mélanges. Elle leva le nez, observant le ciel clair au dessus de la ruelle. L’hiver était encore bien présent. Les plantes seraient difficiles à trouver. Peut être plus au sud. Certainement plus au sud. Un hochement imperceptible de tête la secoua, sans que son interlocutrice ne pût s’en apercevoir. Oui, elle descendrait une dernière fois. Pour récupérer ses affaires. Dire adieu à ces terres pour lesquelles elle avait tout abandonné et qui l’avaient conduite à sa perte. Une moue étrange s’égara une fraction de seconde sur le minois gascon mais déjà les accents du sud revenaient.


« Un poison de contact est toujours plus dangereux à manipuler…Il sera donc plus cher. »

Aethys chassa définitivement toute les visions du passé qui menaçaient de l’envahir. Un voile froid s’étendit sur son attitude, glaçant son regard miel, étirant ses lippes en un sourire mauvais. Inconsciemment, elle gagna de la prestance, se faisant sinistre.

« Et vous devrez me confier un objet sur lequel je répandrai le poison. Une dague, un présent, un linge…peu m’importe, mais il faudra que votre victime l’ait contre sa peau à un moment. Main, poitrine, jambe…là où vous voulez, mais directement au contact de la peau. »

A son tour d’énoncer ses exigences. Le prix lui viendrait plus tard. Ne pas brusquer pour mieux attirer. Après tout, peu serait capable de faire la perle qu’elle allait lui concocter. Un léger éclat hautain illumina les ambres.

« Il me faut un peu de temps, disons un mois. Et si cela ne vous convient pas, je ne vous retiens pas. Mais je ne vous fais pas l’affront de vous rappeler la difficulté de trouver un bon empoisonneur. Vous l’avez touché du doigt non ? »

La Gasconne se fit insolente, reculant d’un demi-pas. Son regard balaya la rue encore proche et grouillante, surveillant malgré tout la foule. Le guet l’avait déjà menacé, une fois, mettant fin à un contrat juteux. Il serait dommage de les voir apparaitre à nouveau. Son attention revint cependant à sa cliente.

« Pour le prix…vous disiez payer grassement…Combien seriez vous prête à laisser pour tuer ce fameux messire ? »

Les ambres se firent à nouveau cupides. Après tout, c’était elle qui était dans le besoin, à elle donc de l’estimer.
_________________

Dessin original AliceChan ©
Nyssie


Non, la souillon n’avait pas tord. Elle ne s’était pas dissimulée derrière de fausses excuses et ne le feraient pas d’ailleurs. De toute façon, que pouvait-on lui faire de plus pire que l’affront de l’Anglais qui, en osant la mettre plus bas que terre, avait signé son arrêt de mort. Sourire en coin en regardant la donzelle qui semblait apprécier la victoire de l’argent facile. Ses doigts s’entrelacèrent entre eux pour se poser contre sa poitrine. Son buste se gonflait un peu plus à chaque inspiration en admirant les yeux de la donzelle qui commençaient à briller. La voilà qui devait déjà imaginer l’élixir qui ôterait la vie à ce macho arrogant. La Nyssie aimait cela. Elle aimait voir les gens avec cette petite étincelle les rendant cupides par la suite. Tellement cupide la brune qu’elle commença déjà à lui énoncer la valeur de sa demande. Comment cela plus cher? Son minois de possessive se pencha de quelques millimètres sur le côté et son regard se plissa quelque peu. Non, cette nouvelle ne lui plaisait guère. D’ailleurs, la souillon devait le voir dans ses mirettes. Possessive, impulsive et exagérée dans sa manière d’être.

Quelque chose pour répandre le poison et le mettre sur la peau de Quentin. Seulement, comment l’atteindre….Il fallait qu’elle soit rusée pour enfin lui administrer cette torpeur. Sa tête se redressa quelque peu et son regard s’adoucit mais tout aussi volontaire de vengeance et déterminé.


Un poignard, cela ira?

Certainement pensa-t’elle. De fait, la Brune le sortit de sa petite sacoche et le tendit à la donzelle. Mais voilà. La suite n’était pas au goût de la possessive. La petiote demandait du temps. Beaucoup trop à son goût.

Quoi?? Un mois??

Ses globes oculaires s’agrandirent en répétant le temps que désirait la souillon pour concocter cet élixir de vengeance. Ses lèvres se pincèrent, ses rétines se firent noires et son visage se ferma. Cela n’était pas une bonne nouvelle. Nyssie n’avait aucune patience. Elle plongea ses yeux dans ceux de la souillon un court instant.

Je n’ai pas le choix que de patienter on dirait…..

Une commissure s’écarta doucement. Et revoici le nerf de la guerre. Les soussous. Oui, la possessive l’avait bien crié. La personne qui lui confectionnerait ce qu’elle désirait le plus ces derniers jours aurait le droit d’obtenir une bourse bien pleine. La belle Brune farfouilla dans sa besace et en sortit une petite bourse bien garnie. Prenant la main de la donzelle, elle déposa le sac contenant une bonne centaine d’écus dans la paume. Un regard presque inquisiteur et un sourire en coin assouvi.

Une première moitié pour vous. L’autre lorsque j’aurai le poison en main.

Non, Nyssie ne reculerait devant rien.

Aethys
Deux femmes, un homme, un marché sordide et pourtant si juteux. Dans le renfoncement de la ruelle, ça discutait, ça exposait, ça s’offusquait même. Aethys eut un imperceptible sourire moqueur. C’était toujours le même déroulement avec ces bourgeois bourrés d’écus. Ils tentaient tous de marchander : son temps, ses produits et même parfois son prix. Mais la Gasconne avait le sens des affaires et si le guet ne s’en mêlait pas, elle bouclait toujours ses marchés. Promettre le meilleur…Après tout, les herboristes parisiens étaient tous des idiots, les apothicaires refusaient de vendre un quelconque poison et les médecins courraient après les épidémies. Le champ était donc libre pour les voluptueuses empoisonneuses.

En face, sous le chapeau savamment incliné, le regard se fait tour à tour meurtrier, pensif, déterminé. La brunette se demandait si cette envie d’assassiner ce pauvre homme était un plan mûrement réfléchi ou une pulsion malsaine. La cliente avait tout l’air d’une capricieuse au comportement irréfléchi. Peut être agissait-elle sous l’impulsion du moment…Oui certainement…son empressement et sa réaction au délai annoncé achevèrent de convaincre l’occitane. Elle voulait le tuer et elle avait toujours ce qu’elle voulait. Bien, très bien, Aethys lui donnerait ce qu’elle désirait tant. Une mort lente et douloureuse, jusqu’au dernière souffle. Les accents du sud chantèrent à nouveau juste avant que la bourse n’apparût.


« Un poignard ce sera très bien. »

Les doigts fins s’en emparèrent, l’observèrent un moment avant de le faire disparaitre dans sa ceinture. Un poignard dans les mains d'une femme telle qu'elle…comment comptait elle donc lui administrer le poison ? Les ambres coulissèrent jusqu'aux mains fragiles qui lui avaient tendues le dit poignard. Elles étaient loin d'avoir la poigne pour embrocher un homme. Les épaules se soulevèrent un court instant avant de retomber dans une moue légère. Qu’importe, son boulot s’arrêtait au fait de lui vendre le poison. Pour le reste, elle se débrouillerait seule, la bourgeoise.

« Oui un mois. Nous sortons de l’hiver et les poisons sont toujours meilleurs frais. Il faut donc que j’aille refaire mes stocks avant de pouvoir vous satisfaire. Mais je vous promets…vous ne le regretterez pas. »

La bourgeoise semblait déçue. Son impatience lui rongeait l’âme mais son temps viendrait bien assez tôt. La Gasconne eut un nouveau sourire mêlant moquerie sage et curiosité. Serait-elle de ces femmes qui une fois le poison dans les mains hésitaient de longs jours voire des mois face à cet acte définitif ? Aurait-elle la main qui tremblerait et le regard troublé qui trahissait si bien ces si fragiles tueuses ? Elle aurait payé cher pour voir ses clients en action, les voir passer ce pas qui les faisait basculer dans un autre monde. Néanmoins, ses pensées sordides s’évaporèrent instantanément lorsqu’une bourse ronde atterrit dans sa main. D’un geste, elle la soupesa. Une centaine d’écus. L’étincelle vénale retrouva ses quartiers dans les ambres alors que les lippes s’étiraient en un sourire odieux. Parfait…c’était parfait. La bourgeoise savait récompenser la main qui s’activait pour sa vengeance. Les écus disparurent à leur tour dans la ceinture ne laissant derrière eux qu’un tintement doré.

« C’est parfait. Nous nous retrouverons donc dans un mois tout rond. Disons à l’auberge du coin, celle avec un pommier sur son enseigne, en début de soirée. Vous y réserverez une table et je vous rejoindrai. »

Sans un mot de plus, l’affaire fut conclue et Aethys fit volte face, sans le moindre salut. Quelques pas plus tard, elle avait disparu dans la foule de la ruelle. Direction le Sud, encore…Imperceptiblement, elle se tendit. Non...il ne serait pas là...il y avait longtemps qu'il avait quitté sa ville. Il n'y serait pas.

FIN
_________________

Dessin original AliceChan ©
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)