Zoyah
Des potins il en voulait, des potins il avait eu
A la demande dAshlaan, Zoyah lui avait déballé tout, absolument toutes les rumeurs infondées ou non qui lui étaient venues aux oreilles. De la séparation de Clé et Marilou à Degaulle qui se flagelle avec des poireaux. Elle les tenait pour la plupart de sa grande amie Ealaena qui navait aucun égal dans lart de soutirer des informations croustillantes. Pour laider à supporter tous les babillages de Zoyah, la tavernière conquise par le beau brun et ses bonnes manières avait déposé plus dune fois quelques chopes de Rosette. La vielle Annie devait certainement se lasser de ses habituels clients mal dégrossis. Et pour une fois quelle en avait un, à priori, bien sous tout rapport, elle avait décidé de le soigner.
La conversation défilait au fil des chopes qui se vidaient et Zoyah commençait à prendre la même couleur que la fameuse boisson locale. En effet, ses joues laissaient apparaître une jolie teinte cerise, certainement pour donner à Ashlaan lenvie de les croquer. Lalcool aidant, les langues se déliaient et la jeune femme lui abandonna même quelques confidences quelle avait à peine évoquées avec ses deux meilleures amies. Elle lui parla alors de sa bâtardise dont elle avait honte, son père aux origines tziganes et polonaises. Néanmoins, elle préféra taire le côté malhonnête de son vieux bourricot de paternel, Zalenko Novotny , le voleur de chevaux. Quelques souvenirs gênants pour la tisserande mais quelle partagea avec une certaine bonne humeur. A chaque confession quelle lui faisait, elle espérait sottement quil ferait de même, mais Ashlaan la poussait plus vraisemblablement à parler delle. Flattée de tant dintérêt, la jeune femme sétait docilement exécutée, fascinée quelle était par ce beau regard émeraude qui semblait la dévorer à chaque sourire.
Poussant un soupire de bien-être, la brunette lui déclara gaiment
bon
je crois que je commence à avoir faim
ne lui demandant pas son avis, elle se leva un peu trop rapidement en expliquant
je vais demander quelques amuse-gueules à Dame di Cordi
à peine a-t-elle prononcé ces mots quelle ressent alors de plein fouet les effets de lalcool. Ohlaaaa
.riant à moitié ... vacillante, elle tenta de retrouver un équilibre moins précaire mais la mission semblait vouée à léchec. Zoyah aimait le goût de lalcool mais elle savait rester sobre. Déjà parce que sa coquetterie un peu exagérée lui intimait de fuir tout ce qui pouvait lenlaidir mais surtout parce quelle le supportait très mal.
La jeune femme a les joues en feux, lil pétillant et la tête qui tourne. Dun geste maladroit, elle saccroche au dossier de sa chaise. Elle commet lerreur de sappuyer de tout son poids. Si laplomb de Zoyah était fragile celui de la chaise vermoulue était incertain. La maladresse était inévitable, un des pieds se rompt sous la pression et la jeune femme bascula sur son voisin. Elle ne seffondra pas totalement sur Ashlaan mais tomba à genou sur le sol en saccrochant fortement à son cou pour ne pas chuter encore plus bas.
Frôlement dune aile de papillon sur la peau dun mystère
une sensualité exacerbée par la boisson
lèvres gonflées, joues purpurines, il brillant et chevelure rebelle
le temps semble être suspendu
moment où les deux jeunes gens se sentent seuls aux monde, communiquant leur attirance par des regards significatifs. Elle était si proche de lui que les cils de ses perles azurines frôlèrent la joue. Si le ridicule de la situation navait pas meurtri le charme du contact, la jeune femme désinhibée lui aurait bien volé un baiser.
Instant brisé par la voix criarde de la tavernière qui soffusque de la dégradation du mobilier. Ashlaan, rougissant du contact charnel pose ses mains autours des hanches de la brune captivée et laide à se relever. Le contact est fugace mais intense. La jeune femme est embarrassée et nage en pleine confusion. Elle ne parvient quà lui bredouiller quelques vagues excuses.
Zoyah se ressaisit rapidement et un grognement sourd au creux de son estomac lui arrache un fou rire. La magie de linstant précédent est dissipée par lhilarité de la demoiselle qui se rappelle alors ce qui lavait poussé à se lever. Dun pas plus assuré, elle se rend au comptoir et ne manque pas de houspiller Dame di Cordi pour létat des chaises
.nonmé
cest vrai quoi :
elle aurait pu se blesser. Même si secrètement, elle laurait bien embrassée pour lui avoir donné loccasion de le toucher, lui.
Elle revient quelques instants plus tard avec un plateau chargé de victuailles en tout genre
.quelques rondelles de saucisson
.du fromage...du pain
deux coupes de vin rouge
et quelques fruits de saison. Avisant lair soupçonneux dAshlaan qui navait de cesse de scruter lensemble de la taverne tel un inspecteur des services de lhygiène, Zoyah ne put sempêcher de le taquiner
et bien
.en voilà des façons ?
croyez-vous que je cherche à vous empoisonner ? Certes, cette taverne nest pas très reluisante, mais si vous saviez comme on sy amuse
voyez plutôt
dans un petit rire cristallin, elle se saisit dune chope vide devant elle et , dun geste ample et rapide la jeta sur la scène en criant : Edward ! Edward ! Edward !
Devant lair estomaqué de son compagnon de table, les cris outrés de la tavernière, elle ria de plus belle, jubilant de leffet que produiraient les troubadour sur le bel étranger
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