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[RP] Appartement von Zweischneidig

Ernst.
L'appartement était sis dans un immeuble aux abords directs du marché. Ernst l'avait choisi, en grande partie, pour cette raison. Il aimait les cris des camelots et l'odeur des produits frais. Dijon était la capitale de Bourgogne, proche de l'Empire et une des routes commerciales reliant le sud au nord de l'Europe. De ce métissage commercial découlait un afflux de produits divers et d'accents, tout aussi divers. Par moments, Ernst fermaient les yeux. Il replongeait alors, facilement, dans son enfance. De nombreuses harangues en langue germanique lui parvenaient aux oreilles. De temps à autre, une insulte bien placée lui arrachait un sourire. Avec un peu plus d'imagination, Ernst pouvait sentir les effluves de la Mozelle et du Rhin. Dans ces moments, Coblence lui manquait. Le confluent. Le germain revoyait la forêt du Westerwald, Bonn et le Siebengebirge, ce groupe d'anciens volcans qui avait donné naissance à tant de contes et légendes. Ernst se rappela du froid et du vent d'ouest qui apportaient avec eux tant de pluie, tout au long de l'année. Il revoyait le château de Lahneck, bâtit en surplomb, sur la rive droite du Rhin, par les princes-électeurs de Mayence. Dans son bureau, ou plutôt sa bibliothèque, Ernst contemplait des souvenirs qui lui semblaient si lointains. Un jour, il emmènerait sa fille visiter son pays natal. Il l'espérait, en tout cas.

Ernst rouvrit les yeux. Il regarda autour de lui comme pour se persuader que tout était bien réel. Il en avait fait du chemin. Il lui en restait encore à parcourir. Son regard se porta sur les lourdes étagères de bois qu'il avait fait rapatrier de la demeure familiale. Des parchemins, des manuscrits reliés et, pièce rare, un exemplaire imprimé du Livre des Vertus. Un bureau massif, sur lequel s'étalaient de nombreux courriers en attente de réponse, des devis, des bons de commande et autres factures émanant de divers clients et fournisseurs, trônait devant lui. Le germain lu, une fois de plus, cette missive qui lui était parvenue du sud du Royaume de France. Il s'agissait d'une demande un peu particulière émanant d'un vieil ami de la famille, plus précisément, d'un vieil ami de feu le patriarche. Dans ce courrier, l'homme lui demandait de s'occuper de sa nièce, de la prendre à son service, au nom de l'amitié qui le liait au service du père ... Et blablabla. Ernst avait lu en diagonal. Il avait accepté. En définitive, ça l'arrangeait grandement. L'appartement était spacieux, trop peut-être. Une bonne ne serait pas un luxe.

Elle aurait de quoi s'occuper, la jeune Erynn. Hormis la bibliothèque, territoire privé du germain, il restait le salon, la salle à manger, les cuisines, les quatre chambres et deux ou trois pièces auxquelles Ernst n'avait pas encore trouvé d'utilité. Il y avait aussi Spirit, sa fille. La bonne multiplierait les rôles dans cet appartement dijonnais. Peut-être, un jour, du personnel en plus viendrait lui prêter main forte dans toutes ses tâches, peut-être. Ernst se leva et se rendit au salon. Dans un coin de la pièce, un clavecin lui faisait de l'oeil. Ernst s'assit sur le petit tabouret. Il ferma à demi les yeux et commença à jouer un air relativement lent. Spirit devait jouer quelque part probablement. Ernst n'était pas inquiet. La petite était débrouillarde et il ne voulait pas qu'elle se sente oppressée par une trop grande présence du paternel. Les doigts du médecin se baladaient sur le clavier, nonchalamment, faisant s'envoler, dans tout l'appartement, l'air d'une vieille comptine que lui chantait sa mère.

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Jusoor
Jusoor avait laissé derrière elle hors de Dijon l'oriflamme de la Compagnie d'Artus, pour un moment qui n'avait rien d'habituel. Elle s'était accordée la liberté de rejoindre son fils à leur appartement. Elle s'était accordée un de ces rares moments qu'ils avaient eu la chance de partager depuis longtemps. Un moment qui leur permettrait de renouer en douceur, tous deux un peu maladroits.
Un peu hésitante quant à la pertinence de ses projets, elle lui avait proposé une promenade dans les rues de la capitale.

Quelques minutes plus tard, tous deux y déambulaient côte à côte et les silences n'étaient pas rares. Elle hasardait parfois un regard sur la filiale tête brune, se demandant quelles pensées pouvaient la remplir et surtout, si elle devait laisser sa main trouver celle de son presque homme. Mais elle n'osait pas. Toutefois, dès que l'occasion se présentait, elle effleurait son épaule, son dos et laissait le contact durer plus que nécessaire.


Dijon te plaît ? Tu t'es fait des amis ici ? Jusoor ignorait tout du peu de jours passés par son fils à Dijon. Puis s'en attendre de réponse, poursuivit : Tiens j'ai une idée... parlant d'amis, il faut que je te présente quelqu'un. Ernst est à mes côtés depuis le début de la guerre et il prend à coeur de rester près de moi lors des combats. Je l'ai rencontré à Bouillon, que je te ferai re-visiter un jour, lorsque cette guerre sera terminée. Ou peut-être avant même. Il souhaitait rentrer au service de ton grand-père... Viens je crois qu'il m'a dit que c'était par ici.

D'une main douce mais ferme dans le dos de son fils elle le guida vers une ruelle qui déboucherait sur la place du marché. Quelques minutes plus tard, grandes demeures des abords inspectées selon le descriptif que lui en avait fait Ernst, Jusoor se trouva à frapper à la bonne porte. Du moins le croyait-elle.
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Ernst.
La note resta suspendue dans les airs tandis que le doigt du germain resta appuyé sur la touche. Un simple tintement de musique que résonna en écho dans la pièce presque trop grande. Ernst se retourna, sur son tabouret molletonné. On venait de frapper à la porte de l'appartement. Question habituelle dans ce genre de moment, un :"mais qui ça peut bien être?" se forma dans sa tête. Il n'attendait personne. Il n'espérait personne, bien que ses pensées vaquaient à leur occupation habituelle et formaient, inexorablement, le visage de Jusoor de Blanc-Combaz partout où elles pouvaient se promener. Le germain se leva lentement et se rendit à la porte.

Un sourire béat se dessina sur son visage. Il se reprit assez vite mais, peut-être, pas assez pour paraître crédible dans sa volonté de joie retenue. Il inclina la tête et vit, dans le même temps, le jeune garçon qui se tenait aux côtés de la princesse.


- Votre Altesse ... Jeune homme. Je suis ravi de vous voir.

Ernst se décala, légèrement, sur le côté afin de libérer le passage.

- Je vous en prie, entrez. Vous serez mieux à l'intérieur.

A ses mots, Ernst associa un geste en direction du salon qu'il venait juste de quitter. Si les notes du clavecin s'étaient évanouies, le crépitement du feu dans la cheminée se faisait toujours entendre, lui.
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Spirit_a.
Et oui ! La puce blonde est dans la place ! Encore et toujours. Si elle pouvait ne plus Jamais quitter son père, elle serait une des petites filles les plus ravies du royaume. Elle découvrait lentement la demeure paternelle. Les derniers temps avaient été agités. Et la gamine ne comprenait plus tellement tout ce qui se passait, ne se passait pas, tout ce qu'elle avait le droit ou ne pas le droit de faire. Alors, elle restait un peu en retrait, elle écoutait, elle observait, jusqu'à retrouver de maigres repères.

Des repères que pour l'instant elle cherchait dans le grand appartement encore inconnu, et possédant sans aucun doute mille et un trésor, et cachette secrète. La gamine avait abandonné la pièce où se trouvait son père depuis longtemps. Elle errait dans le couloir et les chambres. Elle fouinait un peu. Découvrait. Elle ouvrait des portes, regardait ce qu'il se trouvait au sein des meubles, sous les lits, ... En somme, Spirit tentait, à sa manière bien particulière et fouineuse de faire de cet appartement sa maison. Une maison où elle connaîtrait les coins et recoins, les détails, les meubles pleins et les mobiliers vides, les lits les plus confortables, les portes qui grinçaient et celle qu'elle pouvait ouvrir sans crainte. L'aventurière Spirit prenait ses marques.

Le silence au sein de l'appartement contrastait avec le bruit qui parvenait de l'extérieur. Spirit n'aimant pas le silence, elle était ravie de ces effluves de sons qui montaient, entraient, et vogaient librement. Malgré cela, la petite était subjuguée et impressionnée. L'appartement était grand. Si elle avait certes passer quelques jours dans le manoir de son précepteur à Epinal, elle ne s'y était jamais plu. Cet appartement en revanche, devait devenir sa maison. Un lieu familier, où elle se plairait. Un refuge. Un repère. Et pourtant la maison était pour elle, un signe effroyable de solitude. Une condamnation. Pendant cinq longues années elle n'avait pu sortir de l'enceinte de la maison du grand-père. Elle avait donc un rapport étrange avec ces grands lieux d'habitation. Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle refermait une porte derrière elle.

La demeure paternelle était grande. Et aux yeux de la petite demoiselle qu'était Spirit richement décoré. Les chambres étaient bien fournies. Le mobilier était beau, et ne se faisait pas rare. L'appartement avait, en soi, tout pour plaire. Mais tout y était si parfait et si calme que la puce y trouvait une étrange atmosphère et qu'une certaine peur venait faire un noeud dans son ventre. Elle aurait aimé découvrir cet endroit avec un ami, ou un petit frère. Elle aurait été rassurée. Elle imaginait sa meilleure copine à ses côtés, son rire et son zezottement si particulier. Jenny lui manquait. Nouveau petit soupire nostalgique et la puce pousse une nouvelle porte... Et là... Stupeur ! Vide ! Elle était vide. Les murs, le plafond, le sol, la porte... Et rien. Cela ressemblait étrangement à une pièce de punition. A une prison. La puce referma la porte brutalement. Si brutalement qu'elle claqua et résonna dans le silence qui habitait alors l'appartement maintenant que le clavecin s'était tu. Et la puce prend la fuite. Papa... Rejoindre papa !

C'est en courant qu'elle traverse ce qui le sépare de son père. Bibliothèque ? Et père absent. Alors... alors la puce continue de courir, et déboule dans le salon si solennel et silencieux où deux invités sont présents, en lâchant fortement un :
Pap... "a"... Et arrêt net. Les yeux passent du visage princier au visage paternel. C'est que la gamine a un peu de mal encore avec cette princesse. Elle ne sait pas tellement comment se comporter avec elle, tant la première rencontre l'a perturbé. Si froide... Et la fin un soupçon de gentillesse. Le visage spiritien est fermé. Pas de sourire, aucun son ne s'échappe de sa bouche. Les yeux sont grands ouverts, presque trop. Et la tête cogite en vitesse. Finalement les yeux quittent le visage paternel pour se poser sur celui qui accompagne la princesse. Les lèvre s'entrouvent mais... C'est en silence que la blonde fait la fameuse révérence à la princesse. Et aucun mot ne sort puisqu'après tout, ça veut bien dire bonjour non ?! Elle se redresse, et joint ses mains devant elle. Et maintenant ? Quelqu'un pour alléger l'ambiance ? "Y'a d'la joie, bonjour bonjour les hirondelles ! y'a d'la joie ! dans le ciel par dessus les toits !"* Oui mais au dessous des toits alors ?!

*Charles Trenet

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Einar_de_blanc_combaz
Le temps avait commencé à faire son oeuvre. Einar avait réussi à dépasser l'épisode Iban, aidé en cela par la jeune Spirit, qui avait détourné son attention, à l'insu de son plein gré sans doute, de la jalousie qui avait insidieusement envahi le coeur du petit garçon. Il avait compris que le vagabond n'était pas là pour prendre la place de fils que lui-même apprenait à occuper, maintenant que sa mère faisait partie de son quotidien.

Et c'était donc serein qu'il avait passé les jours qui avaient suivi, tâchant de profiter aussi intensément que possible du temps que lui accordait Jusoor. Tout n'était pas encore facile entre eux… On n'effaçait pas, malgré toute la meilleure volonté au monde, des années de distance, de prudence, d'auto-protection et de manque… Il apprivoisait sa mère comme Jusoor apprivoisait son fils, et dans cet apprentissage l'un de l'autre, Einar se considérait aussi heureux qu'il pouvait l'être. Pour le moment du moins.

En ce jour, il marchait à ses côtés dans les rue de Dijon, la joie en bandoulière. Non seulement Jusoor lui consacrait un autre de ces moments encore tellement rares, mais elle lui donnait l'impression de compter, de s'intéresser à lui, petit d'homme à côté d'une femme, chevalier à côté de sa princesse éternelle. Il sentait sa main le toucher, il devinait la pudeur d'une mère qui avait peur de sa spontanéité, et il avait envie de lui dire de le prendre dans ses bras.

Mais il était Einar de Blanc_Combaz, petit-fils de roi comme avait dit Hector, et peut-être qu'il aurai déplu à sa mère s'il s'était comportait en petit enfant. Cependant, son besoin de tendresse était le plus fort, et il trouva le compromis qui sauverait la face de tout le monde: c'est lui qui prit la main de Jusoor. Il leva vers elle sa petite bouille et lui sourit, des yeux, du coeur et même des lèvres.


Dijon c'est une grande ville ! Des fois je me perds encore.. Mais tu sais, j'ai rencontré une petite fille il y a quelques jours, elle s'appelle Spirit et on a dit qu'on va se revoir. Moi je serai content, parce qu'elle est gentille !

Il n'avait pas raconté à sa mère ni le vagabond ni Spirit. Manque de temps, urgence de l'instant. Mais là, il voulait rattraper le temps perdu, puisqu'elle lui en offrait l'occasion.

Elle a un père, il est chevalier d'une princesse, comme moi je sera de toi quand je serai plus grand ! Elle est plus jeune que moi, mais elle connait beaucoup de choses. Tu vas accepter, si elle veut venir jouer avec moi chez nous, maman?

Il avait lâché sa main tout en continuant à lui parler de Spirit quelques secondes salvatrices de plus. Et puis le blanc. Quelque chose d'incompréhensible rendit immédiatement Einar muet. Comme une sensation de danger, sourde, insidieuse et qui le paralysait de l'intérieur. Il entendait son coeur battre en écho avec les paroles suivantes de Jusoor. Ernst. L'ami que voulait lui présenter sa mère s'appelait Ernst. Et le père de Spirit s'appelait Ernst. Le père qui était le chevalier de la princesse. LA princesse, celle-là et pas une autre. Quelle probabilité que ce soit deux personnes différentes?

Il se laissa pousser par sa mère vers la demeure du Germain. Les mots ne sortaient pas de sa bouche, mais transformaient en bouillie l'esprit du jeune Einar. La porte s'ouvrit sur un homme que le garçon n'osa regarder longtemps, ses rêves vaincus par quelques mots de sa mère et par le visage d'un géant blond en lequel il avait fugacement vu celui de Spirit. Et si une parcelle d'espoir avait pu subsister dans l'inéluctable défaite d'Einar, elle mourut avec l'apparition rapide de la petite poupée blonde qui avait égayée sa vie quelques jours auparavant.

Il la regarda, la mort dans l'âme. Et cette deuxième rencontre qui aurait dû n'être qu'un plaisir n'augurait plus que d'un long calvaire intérieur au cours duquel Einar allait sans doute laisser des plumes.
Jusoor
La main de son fils toujours serrée dans la sienne, après quelques secondes d'attente Ju avait vu s'ouvrir la porte de l'appartement sur un grand sourire d'Ernst. Sourire qui ricocha sur les lèvres de Jusoor, y dessinant un identique. Aussitôt les brèves salutations passées, il les avait invités à entrer dans sa récente acquisition.

Pour y répondre, Jusoor avait tout naturellement libéré la main de son petit homme pour se placer derrière lui, l'invitant à passer devant elle. Mais le naturel ne trouvait apparemment pas d'écho chez l'enfant et la raideur qu'elle crut sentir l'inquiéta fugacement.


En un millième de seconde, elle se fit la réflexion que cela faisait quelques minutes déja que le discours de son fils s'était tari, n'évoquant plus Dijon, ni la petite fille rencontrée dont Jusoor n'avait pas retenu le nom, l'esprit encore occupé malgré tout à d'autres pensées, ni même ses projets avec elle. Qu'est-ce qui avait changé depuis le début de leur promenade pour qu'Einar soit devenu si silencieux ? Maussade même peut-être ?

D'ici, elle ne voyait que la chevelure brune en-dessous d'elle et n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait transparaître sur les traits de son fils. Seul son silence persistant la fit réagir :


Allons mon fils, salue notre hôte... Si elle avait bien senti un changement dans l'humeur d'Einar, il n'était pas question de manquer à la plus primaire des politesses. Mais elle n'insista pas plus, vite détournée par l'exclamation de la voix fluette de Spirit, qui déboula dans le salon et s'interrompit, visiblement prise de surprise. Surprise qui n'augurait apparement d'aucun plaisir à voir du monde chez elle. Après un moment elle gratifia néanmoins Einar et sa mère d'une révérence silencieuse. Vraiment silencieuse.
Alors la Blanc-combaz, trouvant écho de l'humeur de son fils dans les attitudes de la fillette, opta pour un salut aimable, espérant estomper cette sensation de gêne qui rendait l'air lourd.


Bien du bon jour belle enfant. Tu es tres gracieuse, je te félicite. Ju termina son salut par un sourire. Puis se tournant vers Ernst, elle chercha son regard. Lui aussi sentait-il cette pesanteur poisseuse ?

Merci de ton accueil Ernst. J'espère que nous ne nous t'interrompons pas ?
Ce jeune homme est mon fils Einar. Nous nous promenions dans Dijon tous deux et il m'est venu l'idée de te le présenter... ainsi qu'à ta fille. Que tu connaisse mon bien le plus précieux...


Et Jusoor attendit que son fils salue cette fois, une main tendrement posée sur son épaule.
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Ernst.
Les enfants semblaient bien silencieux. L'apparition de Spirit et son blocage allait de paire avec le silence du jeune Blanc-Combaz. Ernst se rappela de ses moment de mal-être lorsqu'il était encore un jeune garçon. Il compris assez vite qu'il lui faudrait détourner l'attention des deux trésors. Il regarda le jeune Einar et commença par tenter de le mettre à l'aise. Il était fils de Princesse et jeune garçon, la flatterie était, sans doute, ce qu'il pouvait faire de mieux, du moins le pensait-il. Ernst se pencha légèrement afin de ne pas paraître trop grand. Il se disait que les enfants appréciait ce genre d'attitude.

- Le bon jour, sieur Einar. Enchanté de vous rencontrer. Je vois que votre mère avait raison, vous ferez un chevalier d'envergure.

Le germain se tourna alors vers sa fille.

- Spirit, si tu faisais visiter l'appartement à notre jeune invité, tu veux?

Le germain se redressa et adressa un nouveau sourire à sa Princesse tant aimée.

- Votre Altesse, puis-je me permettre de vous offrir un verre d'Hypocras? Je le fait moi-même et il me semble vous avoir promis, il y a de nombreuses semaines, de vous y faire goûter.

Ernst referma la porte d'entrée. Tout le monde s'était avancé dans le salon. Le germain rejoignit prestement le petit groupe.
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Spirit_a.
Le désordre. C'était le désordre total dans la caboche blonde. Au moins tout autant que dans la caboche brune qui lui faisait face. Comment se pouvait-il qu'Einar, si gentil, et bavard quand on s'intéressait à lui soit le fils de... Jusoor. La gamine en restait abassourdie, interloquée. Stupéfaite. Oui bien sûr, sa mère était une princesse. Qui se trouvait en Bourgogne. Et assurément, Spirit aurait dû penser qu'il ne s'en trouvait pas 40. D'autant qu'elle savait que la princesse en question avait un fils. D'ailleurs, le souvenir remontait maintenant : lors de la première rencontre père/fille, Spirit avait posé des questions sur cet enfant. Son prénom, son âge,... Einar, 8 ans. Et elle n'avait pas fait le rapprochement, trop tenu dans ces souvenirs de cette étrange soirée à la complicité qui s'était tissée entre Ernst et elle.

Si Spirit avait toujours eu du mal avec la dite princesse - enfin toujours... Elle ne l'avait que peu croisé mais leur rencontre n'avait pas été très heureuse. Si Spirit avait donc des a priori sur Jusoor, celle-ci la fit sourire lorsqu'elle la félicita. Cillien n'avait jamais vraiment félicité son enfant, trouvant toujours à redire sur sa façon de se tenir, de se comporter. Alors le sourire revint sur les lèvres enfantines. Et la gamine se disait que si Einar était si... merveilleux, Jusoor devait également être gentille, et douce. Elle présentait d'ailleurs Einar comme son trésor. Idée que Spirit nota bien dans sa tête, un peu jalousement. Elle s'imaginait mal son père parler d'elle de la sorte. Et tandis que son père prenait la parole, le regard spiritien se posa sur Einar. Un Einar qui avait presque l'air abattu. Et Spirit ne put s'empêcher de faire une petite moue et de plisser le nez. Elle avait horreur de voir les gens tristes et le petit prince semblait triste. Elle tenta de lui sourire, croyant que le sourire était contagieux quand son père s'adressa à elle. Un plus grand sourire se dessina sur les lèvres de la puce blonde !


Oh oui ! Je fais la pirate qui enlève le prince ! Tu viens dis ?

Elle tendait la main à ce jeune copain qu'elle n'avait vu qu'une fois. Elle voyait bien qu'il était triste, comme déçu. Elle pensait presque comprendre pourquoi. Après tout, il rêvait tant d'être le chevalier de sa mère. Ne lui avait-il d'ailleurs pas dit que sa mère n'avait pas de chevalier parce que ce serait lui, plus tard ? Lors de cette première rencontre, elle avait aussi appris qu'Einar voyait peu souvant sa mère. Une idée trotta alors dans sa tête tandis qu'elle reprenait la parole, empêchant son père d'accomplir en acte la proposition de gouter à l'hypocras. Elle sourit à son père avant de regarder la princesse, toujours avec un petit sourire mutin et d'ajouter de sa voix fluette mais sûre d'elle :

Oui mais ! Comme j'suis un bon pirate ! Et bin j'enlève aussi la princesse ! Sinon c'est pas drôle hein !

Elle jeta un coup d'oeil sur chacun des trois visages histoire de percevoir les réactions de chacun. Elle avait un jeune garçon qui pourrait indéniablement faire un copain. D'ailleurs c'était un prince, et Baile avait dit que Spirit n'épouserait qu'un prince. Sauf que Spirit ne connaissait que de vieux prince, alors, Einar c"était tout de même vachement mieux comme mari ! En plus, il était plutôt beau, et il était gentil, et il avait vécu un peu les mêmes évènements qu'elle. Mais est-ce que Petit Prince et Princesse se laisserait enlever si facilement par la reine des "piates" comme disait un certain garnement ? Rien n'était moins sûr
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Jusoor
Jusoor souffla de soulagement à la proposition qu'Ernst fit à sa fille. Oui naturellement ! Réunir les enfants était bien sûr la meilleure chose à faire pour déchirer cette atmosphère pesante. Rassurée, elle fit le constat qu'Ernst avait lui aussi bien saisi les états d'esprit du moment, mais surtout, qu'il avait su dépétrer la situation. Sans réelle surprise elle dut reconnaître que d'eux deux il était immanquablement le plus doué en relations humaines. Et elle lui en fut reconnaissante. Car oui dans tout cela, le silence inexpliqué d'Einar et son mal-être deviné restaient sa priorité. Et elle ne souhaitait qu'une chose : qu'il soit bien.

Elle en était là de ses réflexions quand la proposition d'Hypocras résonna. Le sourire tendu par Jusoor en réponse à Ernst s'étira un peu plus lorsque Spirit, enjouée par la perspective de jeu, lança une invitation à Einar qui finit de rassurer la mère. Un oeil posé sur la tête brune de son fils, elle allait accepter l'Hypocras et laisser ainsi les enfants entre eux, suivant déja le maître des lieux lorsqu'une toute autre invitation la séduisit davantage. Un plaisir évident dévora son visage d'une sourire.

Elle fit volte-face vers la petite tête blonde et affectant tout aussitôt la terreur et marquant un vif recul voulu apeuré s'exclama :


A moi mon chevalier ! La reyne des Pirates en veut à ma vie !

Des deux chevaliers présents, dont l'un Petit Prince, répondrait le plus vaillant...

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Ernst.
Dans d'autres circonstances, Ernst aurait bondi pour sauver Jusoor. Dans le cas présent, le silence d'Einar ne laissait pas de place à l'équivoque. Comme l'avait appris le germain dans sa jeunesse, il fallait, parfois, savoir s'effacer. Ernst se contenta d'adresser un regard entendu au jeune Blanc-Combaz, assorti d'un clin d'oeil. Ernst fit un léger pas en arrière signifiant : "A vous l'honneur jeune homme".

De sa position légèrement en retrait, Ernst se contenta d'assister au jeu. Voir Jusoor sourire et s'y prêter avant tant d'entrain le réjouissait. Un fin sourire se dessina sur le visage du blond. S'il avait bien fait de proposer aux enfants de jouer ensemble, Spirit avait eu l'idée grandiose d'y mêler Jusoor. Le duo von Zweischneidig se mettait en place petit à petit. A force de tâtonnements, le père et la fille se trouvaient. Nul doute que la suite de leur vie commune s'écrirait dans la complicité. Il fallait croire que six ans d'absence n'avaient pas tant de prise que redouté. Le sourire d'Ernst se fit plus large.

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Einar_de_blanc_combaz
Einar aurait bien voulu être différent de Spirit. Du moins en ce qui concernait la réaction à la flatterie... Mais comment pouvait-il lutter lorsque c'était sa propre mère qui offrait insidieusement la perche à Ernst? Elle avait tué dans l'oeuf toute velléité de rebellion, simplement en parlant de lui à ce rival potentiel comme de "son bien le plus précieux". Il s'était rengorgé, Einar. Et le temps d'un rapide sourire né sur son visage, il était devenu vulnérable. Brèche dans laquelle s'était engouffré le blond Germain, sans aucun scrupule...

Le jeune Blanc_Combaz leva alors vers lui son regard dubitatif. Pensait-il vraiment qu'il ferait un grand et beau chevalier? Ou était-ce une ruse pour gagner ses faveurs? Ernst avait été intelligent, sur ce coup... Il avait encore une fois tout mis sur le dos de Jusoor, en faisant bien comprendre à l'enfant que c'était sa mère qui avait parlé de lui en ces termes, et qu'en bon garde du corps, il ne pouvait qu'être d'accord avec la vision de sa protégée. Ah ces adultes, tous des manipulateurs... Et Einar y plongea, dans un parfait sauf de l'ange.


Bonjour Monsieur. Oui je serai le plus fort chevalier de ma maman!

Dérisoire façon de marquer son territoire, lorsqu'en fait on ne contrôlait pas grand chose. Et voilà que déjà le rusé renard blond voulait l'éloigner de sa princesse, en avançant le pion Spirit sur l'échiquier! Einar était définitivement troublé. Mais le brave petit pion se révéla une grande alliée, lui offrant sur un plateau d'argent l'occasion de se mettre en avant.

Sa mère avait besoin de lui, et il ne voulait pas savoir si ce n'était qu'une manière de calmer sa fierté, afin qu'il acceptât Ernst plus facilement au final. Ce dernier lui laissait la place, d'un clin d'oeil magistral, et Einar ne voulait pas savoir non plus si ce n'était qu'une façon de lui dire "Vas-y mon gars, moi je l'ai autrement, ta maman!". Il entra dans le jeu, parce qu'il n'était qu'un enfant après tout, et se planta devant Jusoor.


Moi je suis le roi des chevaliers! Et la reine des pirates touchera pas à ma princesse!

Il se jeta ensuite sur Spirit, avec un énorme cri qu'on pourrait traduire pas "A l'abordaaaage", et l'entraîna dans sa chute. Il roula avec elle quelques instants sur le sol, se débattant non pour lui faire mal, mais pour la chatouiller et la faire céder, tout en répétant "Je suis le roi des chevaliers!". Puis il se redressa, assis sur le parquet, et leva la tête.

Au-dessus de lui, une femme et un homme souriaient. D'un côté il y avait sa mère, et de l'autre il y avait le blond. L'image le transperça, et la réalité qu'elle induisait. Ernst n'était pas un vagabond de passage... Einar avait compris, à cette simple vision, qu'il allait devoir apprendre à l'intégrer dans sa vie, que ça lui plaise ou pas... Il se tourna alors vers Spirit, sa bouée de sauvetage.


On va visiter ton appartement s'il te plait?...

Un jour, il saura peut-être que si Spirit était la reine des pirates, c'est parce que, quelque part, il y avait un "prince piate". Mais en cet instant, Einar en avait sa claque de la jalousie, et Spirit était la seule qu'il ne partageait pas vraiment...
Spirit_a.
Une lueur de plaisir et d'amusement passa dans les yeux de Spirit quand elle vit que Jusoor se prêtait au jeu. Assurément, la princesse commençait déjà à changer de visage dans l'esprit spiritien. Elle eu à peine le temps de croiser le regard de son père qu'un petit prince se jeta sur elle en criant. Elle tomba - de si peu haut que la chute n'eut pas pu faire mal ! La surprise de voir Einar ainsi passa rapidement sous les chatouilles et la petite blonde pirate gigotait et riait. Elle découvrait les chatouilles finalement. Entre surprise et impossibilité de se contrôler. Chatouilleuse ? Elle l'était clairement. Et elle riait à s'en décrocher la machoire, mais têtue comme une bourrique à chaque "je suis le roi des chevaliers !" elle rétorquait entre deux hoquets de rire : "j'suis la princesse des pirates !", avant de laisser enfin le souffle saccadé retrouvé un rythme normal, l'agitant encore de soubresaut de rire.

Elle se redressa sur les coudes, pour regarder tout comme Einar le duo d'adulte qui les regardait avec tendresse. Avait-il un sourire niais de voir leur enfant s'amuser et rire, ou de se trouver l'un près de l'autre ? Ou bien les deux peut-être ? La gamine souriait également, et elle regarda son papa en lâchant toute taquine qu'elle était :


Tu m'aides même pas alors qu'on m'attaque ! enh !
Einar y s'ra plus fort que twa euh !


Et de rire à nouveau un bref instant. Parce que tout le monde savait qu'aux yeux de Spirit : son père était le plus beau, le plus grand, le plus fort, le plus merveilleux des papas. Quelques jours contre six ans. C'était si peu. Et pourtant, la gamine avait du s'accrocher corps et âme à cet homme, seul être qu'il lui restait alors. Pourtant elle venait de dire qu'Einar serait plus fort que lui. Elle n'avait pas encore assimilée la notion de flatterie aussi était-ce une remarque toute naturelle par rapport à la situation qu'ils venaient de vivre. Einar se retourna alors, et la demande fut bien polie. La gamine se remit sur pied d'un bond, offrant un grand sourire, et prit la main du roi des chevaliers dans la sienne.

Oui viens ! J'va t'montrer tout ! et pis ma chambre et mes jeux et tout et tout !

ça faisait beaucoup de "tout". Mais Spirit ne se caractérisait que par son entrain et son dynamisme. La gamine oublie d'ailleurs bien vite les parents, en entrainant son copain dans la pièce accolée au salon : La Bibliothèque et le bureau paternel. La grande bibliothèque contre le mur contenait des trésors de savoir. Et Spirit aimait beaucoup cette pièce. Il y régnait un climat étrange : calme et presque tamisée. Un lieu à part, de toutes les pièces de la maison.

Là, c'est la Bibliothèque de papa. Il est crèè souvent ici ! Moi j'aime beaucoup cet endroit aussi ! Tu sais que je connais un conteur ? Et que il a essayé de m'apprendre un peu ? Même que j'ai inventé une n'histoire pour lui. Elle est pas crè bien mais quand j'sera plus grande j'en ferais des mieux !

Elle avait dit tout ça en regardant Einar. Elle connaissait bien cette pièce, après avoir passé plusieurs jours dans cet appartement. Aussi préférait-elle voir la réaction de son copain devant la découverte du lieu, et ensuite, devant ses dires. Elle le laissa regarder, observer, découvrir un instant, avant de reprendre :

Bon y'a pas grand chose à faire ici hein. J'te montre le reste ! Y'a 4 chambres mais tu t'en fiches nan ? Pis y'a aussi des pièces vides... C'est bizarre un peu. ça m'a fait peur au début ! j'ai cru que c'était comme des prisons pour me punir si j'étais pas sage et tout. Petit haussement d'épaules et la voilà qui reprend Viens ! en l'emportant vers sa chambre.

Elle se mit à repenser un bref instant au petit être blond qui n'était jamais bien loin dans ses souvenirs. Lénaïc. Elle avait partagé sa vie plusieurs mois. De beaux mois. Elle s'était tellement attachée à lui que la séparation et disparition avait été déchirante ! Elle revoyait, sa chambre accolée à celle du jeune homme. Les rires et les bêtises qu'ils avaient pu faire dans ces chambres, et dans la maison en général. Et incontestablement ce petit être - cet ami qui ne devait jamais la quitter lui manquait. Si Einar devait partager Spirit à quelqu'un c'était à ce petit garçon disparu. Elle poussa la porte, et le laissa découvrir la pièce. Une grande fenêtre qui donnait sur une rue plutôt calme et permettait d'avoir une belle vue sur le ciel, en levant un peu la tête. Sur le lit trônait une poupée. Sur la table, à côté, un velin avec un immense coeur dessiné dessus. Et dans un meuble sur le côté se trouvait toutes ses affaires, souvenirs d'Epinal : la cote de maille en laine, l'épée en bois, une statuette en bois d'un cheval, une autre d'un petit homme. Et devant le meuble, parce que Spirit n'avait jamais accepté de le cacher se trouvait le sublime bouclier en bois qu'on lui avait donné. La pièce était très sobre encore. Et plutôt lumineuse à cette heure là du jour. Et Spirit laissa son copain entrer et alla se jeter sur son lit. C'était son domaine, son territoire.


Tu sais, t'es le premier qui voit ma chambre !
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Jusoor
Jusoor regardait d'un oeil ravi le Roi de ses Chevaliers maîtriser à grand renfort de tortures espiègles la Reine des Pirates. Le spectacle était comme une bouffée d'oxygène. Son fils bientôt homme, déja parfois, si sérieux souvent avait pendant ces quelques minutes de jeu toute la franchise, toute la spontanéité si naturelles de l'enfance.

Cette découverte rassura son coeur de mère trop absente et le sourire ne la quitta plus tandis que les deux enfants se roulaient sur le sol. Une seconde son regard chercha le visage d'Ernst et elle y découvrit la même expression de plaisir que le sien devait dégager. Elle reporta presque aussitôt son attention sur les enfants et ne bouda pas son plaisir de les voir jouer.

Bientôt un silence soudain s'imposa en lieu et place des vociférations presque masculines et des éclats de rires clairs. Les enfants ne jouaient plus et Einar posait sur Ernst et Jusoor un regard qu'elle ne sut déchiffrer. Jusoor n'entendit pas Spirit interpeller son père, obnubilée et encore étonnée de cet éclat indéfinissable dans les yeux de son fils et de cette rupture du jeu, soudaine, qu'il initait.

Elle allait néanmoins rejoindre et féliciter le Roi de ses Chevaliers pour sa bravoure quand celui-ci se détourna d'eux et demanda à Spirit une nouvelle activité. Demande qui parut aux oreilles de la mère n'être rien d'autre qu'une perspective de fuite. Elle accusa le coup, tout sourire effacé par l'inquiétude naissante. Ce fut à son tour de se tourner avidement vers Ernst. Peut-être lui avait-il compris le changement ? Peut-être saurait-il lui expliquer ? Ou bien peut-être elle s'imaginait des choses ? Seule certitude, un verre lui ferait du bien pour y voir plus clair.


Bien... nous voici esseulés. Peut-être l'occasion de me faire goûter ton hypocras Ernst ?

Nouveau regard vers la pièce où son fils avait disparu.
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