Nalyss
Sa petite main dans la sienne, ils marchaient tranquillement sur le trajet menant à la maison dans laquelle ils allaient sétablir. Nalyss sadaptait au pas de Yaël se laissant aller à ses pensées de temps en temps. Il y avait des semaines qu'il n'y avait plus eu autant dexaltation dans sa vie retraçant mentalement le voyage de lOsmanlı İmparatorluğu - où plus communément nommé Empire Ottoman - jusqu'au Royaume de France qui avait à lui seul pris des semaines. Alterner trajets en mer et ceux sur terre qui prenaient autant dheures navait pas été facile mais comme à son habitude, elle avait fait face à cela sans se plaindre.
Dailleurs sa situation ne lui permettait pas dagir ainsi mais de toute manière, elle n'en avait pas vraiment parlé n'ayant pas de compagnons de voyage en qui elle avait confiance. Elle navait eu que lUnique pour écouter ses confessions et ses prières pour se libérer de quelques confidences et délivrer ses espoirs. Nalyss avait ressenti de la lascivité, celle de ne pas parler la plupart du temps sa langue, celle de sêtre arrachée sans ménagement aux terres de France pendant des années laissant aussi ce quelle y avait de plus cher à ses yeux et la fatigue s'était attachée à elle ne la quittant que par de rares occasions, son attention allant en grande partie à Yaël. Finalement, ils avaient réussi à atteindre le Royaume de France un petit matin de décembre et cela au terme de sacrifices, de fatigue et de frayeurs.
Un peu perdue en rentrant en France après un peu plus de deux années à létranger - Yaël nayant jamais marché sur cette terre auparavant - Nalyss s'était rendue naturellement au Sud du royaume vers le seul repère qui lui était resté en tête : Castelnaudary, ville où elle y avait un pied-à-terre avant de partir ainsi qu'un atelier déserté rappelant néanmoins l'activité de tisserande quelle y exerçait. Malgré cela, elle était certaine qu'il ne lui restait que des lambeaux de vie là-bas et c'était sans entrain qu'elle y avait été.
Renaissance en la Ciutat des Saules. Ville qui n'était vraisemblablement qu'une étape de plus dans leurs vies car Nalyss ne s'attendait clairement pas à l'accueil quils recevraient de la part de certain(e)s Montalbanais(es). Elle avait reçue rapidement une invitation à passer les festivités de Noël dans cette cité. Bien quelle nait pas dans ses habitudes les célébrations de cet ordre là, elle acceptait avec plaisir se disant que ce serait loccasion de présenter à Yaël certaines traditions du Royaume de France. Il navait jusquà présent pas eu la chance de connaître la magie et lambiance si particulière que dégageait cette période du mois de décembre.
Lesquisse dun sourire vint ornée ses lèvres lorsque le souvenir de la neige qui soffrait pour la première fois à leur vue avait littéralement marqué Yaël qui navait jamais vu ce spectacle auparavant. Ils avaient par la suite fait leur première bataille de neige pendant lun de leur trajet. Yaël sétait esclaffé dune manière quelle ne connaissait pas jusqualors quand il avait mis ses mains dans la neige et quil avait aussitôt senti la fraicheur quelle transmettait et qui le traversait de part en part avec vitesse. Un instant quelle avait vite retranscrit dans le carnet quelle tenait pour lui depuis quil était entré dans sa vie. Bien plus que quelques lignes sur des feuillets. Cétait un témoignage damour, de craintes mais aussi dinterrogations auquel elle se consacrait et quelle lui délivrerait dans lavenir.
C'est donc avec le sentiment d'une continuité logique des choses retrouvée qu'elle s'était installée avec Yaël dans l'une des auberges en attendant d'avoir une maison. Elle avait consacré une semaine à la recherche dune habitation qui leur correspondrait et au jour daujourdhui, elle en avait fait lacquisition. Ainsi ils marchaient à nouveau main dans la main, ils longeaient la Garrigue gelée par les températures jusquà atteindre le chemin de Capelas. Beaucoup auraient pu penser quils partaient de Montauban mais ce nétait pas le cas.
Marquant un arrêt et laissant la valise à ses pieds, Nalyss et Yaël faisaient face à la parcelle sur laquelle sétablissait leur maison. Elle serrait davantage la main de Yaël. A cet instant, elle mesurait limpact que cette installation à Montauban aurait sur leurs vies. Elle navait pas caché aux Montalbanais(es) quelle était Averroïste ce nétait pas nécessaire à ses yeux. Par le plus grand des hasards, elle se disait que la Ciutat des Saules était la plus à même de laccueillir, elle avait appris quil y vivait déjà pas mal de Réformés. Ils avaient probablement les mêmes aspirations à savoir vivre leur vie comme ils lentendaient.
Pendant un instant seul de la vapeur deau séchappait des lèvres de Nalyss, elle sabaissa à hauteur de l'enfant qui la dévisageait. Elle passa sa main autour de la hanche de Yaël, lenserra affectueusement avant de parler. Voilà notre maison : Ankaa. Les Averroïstes ont pour coutume de bénir du nom dune étoile les lieux qui les représenteront et qui honoreront lUnique. Ankaa est létoile la plus brillante de la constellation du Phénix. Souviens-toi que létoile est toujours notre fil conducteur qui bien plus quun nom symbolise tes origines et ton histoire mon fils. Nalyss passa sa main sur une mèche rebelle des cheveux de Yaël.
Le Phénix était un oiseau incroyable qui vivait plusieurs siècles, unique en son espèce, il se brûlait lui-même sur un bûcher et renaissait de ses cendres. Majestueux et fabuleux aux yeux des gens si on écoute ce quon nous conte toujours. Plus tard, tu apprendras grâce à notre carnet la signification mais aussi limpact que cela à sur ma vie autant que la tienne. Et Nalyss lembrassa avec tout lamour et la bienveillance quelle lui consacrait depuis quil avait fait basculer sa vie. Repensant à ses explications, son passé dAstrologienne puis de Prima lavait rapidement rattrapé. Elle enchaîna ainsi par des paroles dune autre teneur à destination de leur habitation.
LUnique, père des étoiles.
Bâtisseur de notre Foi qui constitue cette maison qui est faite des pierres et du ciment de nos principes, de nos bonnes volontés. Cette construction gracieuse ne repose pas sur rien et les maçons qui l'ont construite savent manier le fil à plomb de la droiture, l'équerre de l'honneur, le compas de la réflexion.
Il ny a dUnique que lUnique,
Il ny a de Très Haut que le Très Haut,
Aristote est son Interprète,
Averroès est son Messager,
Celui qui, de son savoir, fait ce que nous sommes aujourd'hui.
Sur ces mots, lAverroïste se redressa avec satisfaction mais aussi soulagement davoir accompli cela dans la tradition. Elle mit doucement deux doigts sur son front puis ils terminèrent leur chemin sur son cur avant quelle ne sincline un peu en direction de leur habitation. Yaël qui avait grandi dans la foi Averroïste, avait fait preuve dune grande attention. Elle lattrapa dans ses bras, passa sa main au visage de lenfant qui malgré la fraicheur hivernale avait respecté la bénédiction de leur maison avant dagripper la valise de sa main libre et de traverser une petite partie du jardin jusquà la maison dun pas ne cachant pas lexaltation et lexcitation quils ressentaient lun et lautre.
Nul doute que cette journée est considérée comme un jour de fête pour eux.
Dailleurs sa situation ne lui permettait pas dagir ainsi mais de toute manière, elle n'en avait pas vraiment parlé n'ayant pas de compagnons de voyage en qui elle avait confiance. Elle navait eu que lUnique pour écouter ses confessions et ses prières pour se libérer de quelques confidences et délivrer ses espoirs. Nalyss avait ressenti de la lascivité, celle de ne pas parler la plupart du temps sa langue, celle de sêtre arrachée sans ménagement aux terres de France pendant des années laissant aussi ce quelle y avait de plus cher à ses yeux et la fatigue s'était attachée à elle ne la quittant que par de rares occasions, son attention allant en grande partie à Yaël. Finalement, ils avaient réussi à atteindre le Royaume de France un petit matin de décembre et cela au terme de sacrifices, de fatigue et de frayeurs.
Un peu perdue en rentrant en France après un peu plus de deux années à létranger - Yaël nayant jamais marché sur cette terre auparavant - Nalyss s'était rendue naturellement au Sud du royaume vers le seul repère qui lui était resté en tête : Castelnaudary, ville où elle y avait un pied-à-terre avant de partir ainsi qu'un atelier déserté rappelant néanmoins l'activité de tisserande quelle y exerçait. Malgré cela, elle était certaine qu'il ne lui restait que des lambeaux de vie là-bas et c'était sans entrain qu'elle y avait été.
Renaissance en la Ciutat des Saules. Ville qui n'était vraisemblablement qu'une étape de plus dans leurs vies car Nalyss ne s'attendait clairement pas à l'accueil quils recevraient de la part de certain(e)s Montalbanais(es). Elle avait reçue rapidement une invitation à passer les festivités de Noël dans cette cité. Bien quelle nait pas dans ses habitudes les célébrations de cet ordre là, elle acceptait avec plaisir se disant que ce serait loccasion de présenter à Yaël certaines traditions du Royaume de France. Il navait jusquà présent pas eu la chance de connaître la magie et lambiance si particulière que dégageait cette période du mois de décembre.
Lesquisse dun sourire vint ornée ses lèvres lorsque le souvenir de la neige qui soffrait pour la première fois à leur vue avait littéralement marqué Yaël qui navait jamais vu ce spectacle auparavant. Ils avaient par la suite fait leur première bataille de neige pendant lun de leur trajet. Yaël sétait esclaffé dune manière quelle ne connaissait pas jusqualors quand il avait mis ses mains dans la neige et quil avait aussitôt senti la fraicheur quelle transmettait et qui le traversait de part en part avec vitesse. Un instant quelle avait vite retranscrit dans le carnet quelle tenait pour lui depuis quil était entré dans sa vie. Bien plus que quelques lignes sur des feuillets. Cétait un témoignage damour, de craintes mais aussi dinterrogations auquel elle se consacrait et quelle lui délivrerait dans lavenir.
C'est donc avec le sentiment d'une continuité logique des choses retrouvée qu'elle s'était installée avec Yaël dans l'une des auberges en attendant d'avoir une maison. Elle avait consacré une semaine à la recherche dune habitation qui leur correspondrait et au jour daujourdhui, elle en avait fait lacquisition. Ainsi ils marchaient à nouveau main dans la main, ils longeaient la Garrigue gelée par les températures jusquà atteindre le chemin de Capelas. Beaucoup auraient pu penser quils partaient de Montauban mais ce nétait pas le cas.
Marquant un arrêt et laissant la valise à ses pieds, Nalyss et Yaël faisaient face à la parcelle sur laquelle sétablissait leur maison. Elle serrait davantage la main de Yaël. A cet instant, elle mesurait limpact que cette installation à Montauban aurait sur leurs vies. Elle navait pas caché aux Montalbanais(es) quelle était Averroïste ce nétait pas nécessaire à ses yeux. Par le plus grand des hasards, elle se disait que la Ciutat des Saules était la plus à même de laccueillir, elle avait appris quil y vivait déjà pas mal de Réformés. Ils avaient probablement les mêmes aspirations à savoir vivre leur vie comme ils lentendaient.
Pendant un instant seul de la vapeur deau séchappait des lèvres de Nalyss, elle sabaissa à hauteur de l'enfant qui la dévisageait. Elle passa sa main autour de la hanche de Yaël, lenserra affectueusement avant de parler. Voilà notre maison : Ankaa. Les Averroïstes ont pour coutume de bénir du nom dune étoile les lieux qui les représenteront et qui honoreront lUnique. Ankaa est létoile la plus brillante de la constellation du Phénix. Souviens-toi que létoile est toujours notre fil conducteur qui bien plus quun nom symbolise tes origines et ton histoire mon fils. Nalyss passa sa main sur une mèche rebelle des cheveux de Yaël.
Le Phénix était un oiseau incroyable qui vivait plusieurs siècles, unique en son espèce, il se brûlait lui-même sur un bûcher et renaissait de ses cendres. Majestueux et fabuleux aux yeux des gens si on écoute ce quon nous conte toujours. Plus tard, tu apprendras grâce à notre carnet la signification mais aussi limpact que cela à sur ma vie autant que la tienne. Et Nalyss lembrassa avec tout lamour et la bienveillance quelle lui consacrait depuis quil avait fait basculer sa vie. Repensant à ses explications, son passé dAstrologienne puis de Prima lavait rapidement rattrapé. Elle enchaîna ainsi par des paroles dune autre teneur à destination de leur habitation.
LUnique, père des étoiles.
Bâtisseur de notre Foi qui constitue cette maison qui est faite des pierres et du ciment de nos principes, de nos bonnes volontés. Cette construction gracieuse ne repose pas sur rien et les maçons qui l'ont construite savent manier le fil à plomb de la droiture, l'équerre de l'honneur, le compas de la réflexion.
Il ny a dUnique que lUnique,
Il ny a de Très Haut que le Très Haut,
Aristote est son Interprète,
Averroès est son Messager,
Celui qui, de son savoir, fait ce que nous sommes aujourd'hui.
Sur ces mots, lAverroïste se redressa avec satisfaction mais aussi soulagement davoir accompli cela dans la tradition. Elle mit doucement deux doigts sur son front puis ils terminèrent leur chemin sur son cur avant quelle ne sincline un peu en direction de leur habitation. Yaël qui avait grandi dans la foi Averroïste, avait fait preuve dune grande attention. Elle lattrapa dans ses bras, passa sa main au visage de lenfant qui malgré la fraicheur hivernale avait respecté la bénédiction de leur maison avant dagripper la valise de sa main libre et de traverser une petite partie du jardin jusquà la maison dun pas ne cachant pas lexaltation et lexcitation quils ressentaient lun et lautre.
Nul doute que cette journée est considérée comme un jour de fête pour eux.