Aethys
[Un mois après ceci. Dans une auberge parisienne]
«Fotralitge de putan »**
La voix rauque marmonna linsulte gasconne tandis que les mains se crispaient irrémédiablement autour du verre de vin quelles tenaient. Les ambres, encore posés sur linconnu non loin, senflammèrent pour venir transpercer lAnglais qui sétait glissé derrière elle. Une fois encore, il venait lui cracher son fiel, lui rappelant sa solitude actuelle, dénigrant le compagnon sur lequel elle avait mis la main pour la soirée. « Navez-vous vraiment rien trouvé de mieux pour tromper votre solitude ? » Le regard dor se perdit sur lindividu qui laccompagnait. Il nétait pas si mal en plus : soldat de carrière, une carrure agréable, le verbe creux certes mais après tout, elle ne lui demandait pas dêtre insolent. Il lui déclamait des idioties sans nom auxquelles elle souriait légèrement, dissimulant tant bien que mal son amusement et sa moquerie, les murant dans son regard miel. Il lui offrait du vin, lui parlait delle, de sa beauté, de ses relations avec les autres femmes, de sa vie de soldat. Cétait un passe temps comme un autre.
Un sourire dapparence sur les lèvres, Aethys sexcusa auprès de son jouet du moment et se tourna vers Quentin. Posant sa main sur son bras, elle léloigna un peu, contenant lacidité qui lui brûlait la langue. Ses muscles se tendirent sous sa peau hâlée alors quelle lui lançait un regard acéré. Combien damants lui avait il fait perdre depuis quils se connaissaient ? Lui et sa langue trop bien pendue. Lui et son arrogance démesurée. Lui et son caractère odieux. Ses accents chauds se firent profonds, grondements sourds de mécontentement.
« Fermez la Quentin. Je vous préviens. Ce soir je nai pas envie de jouer avec vous alors vous ne vous approchez pas de moi... »
Elle savait pertinemment que ces menaces étaient vaines, quil sinstallerait le sourire aux lèvres près deux et entamerait une conversation piquante, cherchant par tous les moyens de lui faire perdre son sang froid. Cela faisait désormais deux semaines quils sétaient rencontrés, peut être plus, peut être moins, alors quelle revenait du Sud avec une commande de poison pour une riche bourgeoise. Deux semaines où ils sétaient engueulés, découverts, confiés, appréciés, blessés. Deux semaines où elle lavait giflé une fois, où leurs verres avaient été renversés plus dune fois, où ils sétaient menacés, où il lavait fait pleurer de rage, où elle avait eu envie de le tuer. Pourtant, cela faisait deux semaines où ils étaient toujours ensemble. Les ambres se firent un peu plus brûlants avant de se détourner pour revenir à son soldat de plomb qui navait pas bougé. Dans un mouvement lent, elle se réinstalla face à lui, reposant sur ses traits fins le masque lisse et charmeur qu'elle arborait pour lui.
« Cest cest ton mari ? »
Question innocente, un brin hésitante qui arracha une moue dégoutée à la brunette. Immédiatement, elle secoua la tête, tentant de chasser cette idée idiote de la tête de son compagnon.
« Non ! Non ! Bien sur que non ! Cest un »
Elle allait dire ami mais en y réfléchissant elle nétait pas certaine quils étaient amis. La lippe fut mordillée un court instant alors que la Gasconne réfléchissait. Quétaient-ils lun pour lautre ? Des emmerdeurs de première, ça à nen pas douter. Mais impossible de le dire à cet inconnu. La Gasconne retrouva son attitude joueuse, un sourire charmant et parfaitement mutin sur les lèvres. Dun geste, elle sempara à nouveau de sa coupe et en avala une courte gorgée, laissant sa bouche humide. Lascive, elle eut un petit mouvement de la main comme si elle chassait un moucheron invisible.
« Cest une connaissance. Nous nous sommes rencontrés plus au Sud et nous avons fait le chemin ensemble. Les routes sont toujours plus sures à plusieurs. »
Le soldat prit une moue hébétée, signe évident quil assimilait ce que loccitane venait de lui mentir. Pourtant, son regard oscilla une fois encore vers Quentin et il secoua la tête.
« Je je te crois mais je vais y aller. Je suis déjà en retard pour ma garde. On se croisera. »
Aethys eut à peine le temps de tendre la main vers son torse puissant que déjà, il avait disparut par la porte, englouti par la foule de la rue. Une grimace de mécontentement macula ses lèvres fines. Bien ! Parfait qu'il s'en aille cet imbécile ! De toute manière, elle avait une course à faire. Une histoire de poison à terminer et une bourse à encaisser. Mais quand même...Même sans ouvrir la bouche, Quentin les faisait fuir. Le regard sombre, elle lui fit de nouveau face.
« Content de vous ? »
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Dessin original AliceChan ©
«Fotralitge de putan »**
La voix rauque marmonna linsulte gasconne tandis que les mains se crispaient irrémédiablement autour du verre de vin quelles tenaient. Les ambres, encore posés sur linconnu non loin, senflammèrent pour venir transpercer lAnglais qui sétait glissé derrière elle. Une fois encore, il venait lui cracher son fiel, lui rappelant sa solitude actuelle, dénigrant le compagnon sur lequel elle avait mis la main pour la soirée. « Navez-vous vraiment rien trouvé de mieux pour tromper votre solitude ? » Le regard dor se perdit sur lindividu qui laccompagnait. Il nétait pas si mal en plus : soldat de carrière, une carrure agréable, le verbe creux certes mais après tout, elle ne lui demandait pas dêtre insolent. Il lui déclamait des idioties sans nom auxquelles elle souriait légèrement, dissimulant tant bien que mal son amusement et sa moquerie, les murant dans son regard miel. Il lui offrait du vin, lui parlait delle, de sa beauté, de ses relations avec les autres femmes, de sa vie de soldat. Cétait un passe temps comme un autre.
Un sourire dapparence sur les lèvres, Aethys sexcusa auprès de son jouet du moment et se tourna vers Quentin. Posant sa main sur son bras, elle léloigna un peu, contenant lacidité qui lui brûlait la langue. Ses muscles se tendirent sous sa peau hâlée alors quelle lui lançait un regard acéré. Combien damants lui avait il fait perdre depuis quils se connaissaient ? Lui et sa langue trop bien pendue. Lui et son arrogance démesurée. Lui et son caractère odieux. Ses accents chauds se firent profonds, grondements sourds de mécontentement.
« Fermez la Quentin. Je vous préviens. Ce soir je nai pas envie de jouer avec vous alors vous ne vous approchez pas de moi... »
Elle savait pertinemment que ces menaces étaient vaines, quil sinstallerait le sourire aux lèvres près deux et entamerait une conversation piquante, cherchant par tous les moyens de lui faire perdre son sang froid. Cela faisait désormais deux semaines quils sétaient rencontrés, peut être plus, peut être moins, alors quelle revenait du Sud avec une commande de poison pour une riche bourgeoise. Deux semaines où ils sétaient engueulés, découverts, confiés, appréciés, blessés. Deux semaines où elle lavait giflé une fois, où leurs verres avaient été renversés plus dune fois, où ils sétaient menacés, où il lavait fait pleurer de rage, où elle avait eu envie de le tuer. Pourtant, cela faisait deux semaines où ils étaient toujours ensemble. Les ambres se firent un peu plus brûlants avant de se détourner pour revenir à son soldat de plomb qui navait pas bougé. Dans un mouvement lent, elle se réinstalla face à lui, reposant sur ses traits fins le masque lisse et charmeur qu'elle arborait pour lui.
« Cest cest ton mari ? »
Question innocente, un brin hésitante qui arracha une moue dégoutée à la brunette. Immédiatement, elle secoua la tête, tentant de chasser cette idée idiote de la tête de son compagnon.
« Non ! Non ! Bien sur que non ! Cest un »
Elle allait dire ami mais en y réfléchissant elle nétait pas certaine quils étaient amis. La lippe fut mordillée un court instant alors que la Gasconne réfléchissait. Quétaient-ils lun pour lautre ? Des emmerdeurs de première, ça à nen pas douter. Mais impossible de le dire à cet inconnu. La Gasconne retrouva son attitude joueuse, un sourire charmant et parfaitement mutin sur les lèvres. Dun geste, elle sempara à nouveau de sa coupe et en avala une courte gorgée, laissant sa bouche humide. Lascive, elle eut un petit mouvement de la main comme si elle chassait un moucheron invisible.
« Cest une connaissance. Nous nous sommes rencontrés plus au Sud et nous avons fait le chemin ensemble. Les routes sont toujours plus sures à plusieurs. »
Le soldat prit une moue hébétée, signe évident quil assimilait ce que loccitane venait de lui mentir. Pourtant, son regard oscilla une fois encore vers Quentin et il secoua la tête.
« Je je te crois mais je vais y aller. Je suis déjà en retard pour ma garde. On se croisera. »
Aethys eut à peine le temps de tendre la main vers son torse puissant que déjà, il avait disparut par la porte, englouti par la foule de la rue. Une grimace de mécontentement macula ses lèvres fines. Bien ! Parfait qu'il s'en aille cet imbécile ! De toute manière, elle avait une course à faire. Une histoire de poison à terminer et une bourse à encaisser. Mais quand même...Même sans ouvrir la bouche, Quentin les faisait fuir. Le regard sombre, elle lui fit de nouveau face.
« Content de vous ? »
** Fotralitge de putan : Connerie de catin
* Titre soufflé par le film de Danny Boyle
* Titre soufflé par le film de Danny Boyle
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Dessin original AliceChan ©