Alphonse_tabouret
« Le poison
cétait le mien
»
La fureur et lapaisement frémirent de concert à sa chair, maitres tyranniques de son corps, de ses tempes, du moindre fragment quil avait cru mort en lui.
A la pulpe de ses doigts se diffusait lentement le poison de la sorcière, ce souffle doucement entravé quil savait suspendu à son bon vouloir, et la bête encore chancelante de cet excès démotions inattendues, jubilait, trop faible pour rugir, mais assez forte pour sortir les griffes.
Les mots qui sortaient de la bouche rouge piquaient comme autant de dards même temps quils lengourdissaient, stupéfait de ce monde cruel où le destin se joue même de la pureté qui fleurit dans la damnation, sous les traits dune jeune femme dont le tort premier était de chiffrer la vie au travers de ses transactions.
Comme Annelyse se trompait en le pensant assez lucide pour départager les entrelacs du hasard et de leurs vies et quand viendrait le moment du discernement, ce serait pire, car il naitrait dune folie malsaine et joyeuse qui se répandait déjà si vite quil en avait presque le vertige.
Aethys était coupable.
De sa rencontre, de son commerce, de la mort de Quentin : Coupable. Définitivement.
La voix fluette et désincarnée narrait lenchaînement des évènements, et la souffrance qui lui tordait le ventre commençait à lagiter dun mouvement encore imperceptible à la nuque de la gasconne, toujours prisonnière de ses doigts. Les pleurs dune sincérité quil niait avec une satisfaction cruelle, le ravissait dun contentement neuf, épais, et sadique.
Oh chérie les larmes ne suffiront pas les aveux ne suffiront pas ton repentir ne te sauvera pas plus, tu sais ?... Oh oui tu le sais je vais te dépecer, et jy mettrai tout le temps quil faudra Tu auras mal, si mal, que cet instant-là aura un gout de nostalgie
Egoïste le flamand, convaincu quil était capable de faire de cette vie un enfer plus douloureux encore que celui dans lequel elle évoluait depuis la veille, il égrenait, pour lui, les dictats de cette nouvelle étoile qui apparaissait dans les limbes de son univers. Et rien dautre nexistait, ni la lumière angevine, ni les tintements désordonnés dun grelot furieux, ni le regard velouté dune duchesse champenoise un soleil gelé venait de simmiscer dans ses perspectives. Ah que la vengeance de la vie, dans toute sa futile injustice, avait le gout du bonheur quand on avait envie dy croire
Sa main remonta sans relâcher son étau et se fondit dans la masse des cheveux pour les empoigner et s'y nouer, menace diffuse mais équivoque.
- Comment a tu pu être si idiote ! Quand on détient de tel poison la moindre des choses ne serait-ce pas de se renseigner qu'elle ne soit pas utilisé contre les personnes que soi-disant on aime ?
La voix dAnnelyse parvint nettement à ses oreilles, mais les mots glissèrent sur les parois de cette première forteresse quAethys venait de faire naitre par son seul récit. Ses prunelles, incapables de se détacher des lèvres de la gasconne qui avaient déversé ses aveux sur le parquet propret de lauberge, il ne releva le visage baigné de larmes de lherboriste que pour mieux ly rabattre, exultant dans le bruit sourd de la joue retrouvant le sol avec force, esquissant le début dun sourire en sentant le choc venir se propager jusquà sa main, récidivant, avec plus demphase, une seconde et une troisième fois, la sonnant assez vivement pour que le corps sans futur se trouve aussi sans repère .
Des petites éclaboussures de sang séchappèrent de la bouche déjà endolorie de la sorcière, tachetant discrètement une latte de bois, interrompant le chant quil venait à peine de commencer. La lucidité pointait le bout de son nez, implacable, et loin dêtre aussi charitable que sa tendre angevine ne lespérait.
Je ne casserai pas ma poupée tout de suite Ma précieuse petite sorcière Je ne peux pas te casser tout de suite, tu as tant de choses à me dire encore
Il releva doucement la tête de la Gasconne, la tenant toujours par une main nouée dans ses cheveux jusquà ce que leurs regards se croisent, puis desserrant sa prise, sa main glissant sur sa joue avec une tendresse subite, il lui sourit, doucement. La dextre retrouva la nuque quand la senestre ly rejoignait, venant ourler le cou délicat de la brune en corolle, lattirant lentement vers son visage, ne sy arrêta quà quelques centimètres, quand il fut sûr quelle ne voyait plus que lui.
Se rendant soudainement compte que dès lors que ses deux mains avaient trouvé la gorge de la Gasconne, elles sy étaient fichées et navaient cessé de sy resserrer, il prit le temps dobserver sur son visage les effets de cette respiration entravée, dy semer de ses prunelles, la joie de lagonie là où il avait sétait promis le carnage. Au bout dun temps qui put paraitre interminable, quand il sentit enfin le corps de la gasconne palpiter un peu plus, mécanique bien huilée, à la pression quil exerçait pour lui rendre la respiration difficile mais pas encore impossible, il demanda, dune voix chancelante, presque chuchotée, ballotté par cette angoisse sourde qui le rongeait, plus vibrante quil ne laurait voulu, vestige inaltérable des tourments qui labimaient encore malgré lexutoire quil avait trouvé.
-A-t-il eu mal ?
A-t-il eu mal, mon amour ? A-t-il eu peur longtemps, sans moi ?
A quel point, sorcière, l'as tu assassiné ? A combien, se chiffrera ta peine?
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La fureur et lapaisement frémirent de concert à sa chair, maitres tyranniques de son corps, de ses tempes, du moindre fragment quil avait cru mort en lui.
A la pulpe de ses doigts se diffusait lentement le poison de la sorcière, ce souffle doucement entravé quil savait suspendu à son bon vouloir, et la bête encore chancelante de cet excès démotions inattendues, jubilait, trop faible pour rugir, mais assez forte pour sortir les griffes.
Les mots qui sortaient de la bouche rouge piquaient comme autant de dards même temps quils lengourdissaient, stupéfait de ce monde cruel où le destin se joue même de la pureté qui fleurit dans la damnation, sous les traits dune jeune femme dont le tort premier était de chiffrer la vie au travers de ses transactions.
Comme Annelyse se trompait en le pensant assez lucide pour départager les entrelacs du hasard et de leurs vies et quand viendrait le moment du discernement, ce serait pire, car il naitrait dune folie malsaine et joyeuse qui se répandait déjà si vite quil en avait presque le vertige.
Aethys était coupable.
De sa rencontre, de son commerce, de la mort de Quentin : Coupable. Définitivement.
La voix fluette et désincarnée narrait lenchaînement des évènements, et la souffrance qui lui tordait le ventre commençait à lagiter dun mouvement encore imperceptible à la nuque de la gasconne, toujours prisonnière de ses doigts. Les pleurs dune sincérité quil niait avec une satisfaction cruelle, le ravissait dun contentement neuf, épais, et sadique.
Oh chérie les larmes ne suffiront pas les aveux ne suffiront pas ton repentir ne te sauvera pas plus, tu sais ?... Oh oui tu le sais je vais te dépecer, et jy mettrai tout le temps quil faudra Tu auras mal, si mal, que cet instant-là aura un gout de nostalgie
Egoïste le flamand, convaincu quil était capable de faire de cette vie un enfer plus douloureux encore que celui dans lequel elle évoluait depuis la veille, il égrenait, pour lui, les dictats de cette nouvelle étoile qui apparaissait dans les limbes de son univers. Et rien dautre nexistait, ni la lumière angevine, ni les tintements désordonnés dun grelot furieux, ni le regard velouté dune duchesse champenoise un soleil gelé venait de simmiscer dans ses perspectives. Ah que la vengeance de la vie, dans toute sa futile injustice, avait le gout du bonheur quand on avait envie dy croire
Sa main remonta sans relâcher son étau et se fondit dans la masse des cheveux pour les empoigner et s'y nouer, menace diffuse mais équivoque.
- Comment a tu pu être si idiote ! Quand on détient de tel poison la moindre des choses ne serait-ce pas de se renseigner qu'elle ne soit pas utilisé contre les personnes que soi-disant on aime ?
La voix dAnnelyse parvint nettement à ses oreilles, mais les mots glissèrent sur les parois de cette première forteresse quAethys venait de faire naitre par son seul récit. Ses prunelles, incapables de se détacher des lèvres de la gasconne qui avaient déversé ses aveux sur le parquet propret de lauberge, il ne releva le visage baigné de larmes de lherboriste que pour mieux ly rabattre, exultant dans le bruit sourd de la joue retrouvant le sol avec force, esquissant le début dun sourire en sentant le choc venir se propager jusquà sa main, récidivant, avec plus demphase, une seconde et une troisième fois, la sonnant assez vivement pour que le corps sans futur se trouve aussi sans repère .
Des petites éclaboussures de sang séchappèrent de la bouche déjà endolorie de la sorcière, tachetant discrètement une latte de bois, interrompant le chant quil venait à peine de commencer. La lucidité pointait le bout de son nez, implacable, et loin dêtre aussi charitable que sa tendre angevine ne lespérait.
Je ne casserai pas ma poupée tout de suite Ma précieuse petite sorcière Je ne peux pas te casser tout de suite, tu as tant de choses à me dire encore
Il releva doucement la tête de la Gasconne, la tenant toujours par une main nouée dans ses cheveux jusquà ce que leurs regards se croisent, puis desserrant sa prise, sa main glissant sur sa joue avec une tendresse subite, il lui sourit, doucement. La dextre retrouva la nuque quand la senestre ly rejoignait, venant ourler le cou délicat de la brune en corolle, lattirant lentement vers son visage, ne sy arrêta quà quelques centimètres, quand il fut sûr quelle ne voyait plus que lui.
Se rendant soudainement compte que dès lors que ses deux mains avaient trouvé la gorge de la Gasconne, elles sy étaient fichées et navaient cessé de sy resserrer, il prit le temps dobserver sur son visage les effets de cette respiration entravée, dy semer de ses prunelles, la joie de lagonie là où il avait sétait promis le carnage. Au bout dun temps qui put paraitre interminable, quand il sentit enfin le corps de la gasconne palpiter un peu plus, mécanique bien huilée, à la pression quil exerçait pour lui rendre la respiration difficile mais pas encore impossible, il demanda, dune voix chancelante, presque chuchotée, ballotté par cette angoisse sourde qui le rongeait, plus vibrante quil ne laurait voulu, vestige inaltérable des tourments qui labimaient encore malgré lexutoire quil avait trouvé.
-A-t-il eu mal ?
A-t-il eu mal, mon amour ? A-t-il eu peur longtemps, sans moi ?
A quel point, sorcière, l'as tu assassiné ? A combien, se chiffrera ta peine?
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