- Tiens!
répondit Galovert... T'es encore là l'assassin de femme sans défense à la sortie des tavernes?
Tu oublies de dire que c'est toi qui est passé en jugement. Et qui a quitté Luxeuil la queue entre les jambes. Et tu oses encore prétendre tenir le haut du pavé ?
Tu n'es qu'un repris de justice qui pense que le temps efface les mémoires.
Si tu avais deux deniers de fierté tu serais resté à Dole, là est vraiment ta place.
Je ne suis pas surpris que cette armée de pleutres qui chargent à trois contre un et brigandent sur les nuds veuille encore de toi.
Ils raclent vraiment le fond des douves les châtelains.
Je ne m'abaisserai même pas à t'envoyer mon gant pour m'insulter ainsi, de peur que tu ne me le souilles.
Et Galovert se prit à penser que s'ils étaient tous comme celui ci,
il y a longtemps que la République serait instaurée et qu'il aurait pu aller à la pêche sur le lac.
Tournant carrément le dos avec mépris, il s'en fut poursuivre le cour de ses affaires.
Prudent quand même, le Galovert.
Mantel entre ouvert, les poignées de ses dagues dégagées du pourpoint, prêt à faire
un sort définitif au courageux Jerone s'il lui venait de tenter un sale
coup dans son dos.
Un chien, ça reste un chien tout de même...
Lorsqu'une voix familière le détendit d'un coup.
Adso... Aux dernières nouvelles il était Procureur du Comté.
Un homme juste comme il y en a peu. Dommage qu'il soit curé....
Bah...personne n'est parfait!
Adso, mon ami...
Et baissant la voix:
Mais tu vas te compromettre en te commettant avec moi ainsi.
Adso se retenant de lui dire "Pourquoi tu tousses ?", lui répondit :
- Pourquoi tu chuchotes ? Tu crois que je ne suis pas suffisamment compromis par tes actions, avec les liens que nous avons eu ?
De toute façon, personne ne m'écoute, pas plus vous que les autres, alors je m'en contrefiche, de ce que tout le monde peut penser...
- Allons viens par ici et faisons quelques pas ensemble. Fernand est en ville avec Mahaud que tu dois connaitre aussi. Ils m'ont accompagné que je règle mes affaires à Luxeuil. Adsole suivit, se demandant si la formulation de Galovert signifiait que
Fernand et Mahaud étaient compagnons... Enfin bon, c'était leur
problème... Il se souvenait d'elle en effet. Elle avait essayé de haranguer les luxoviens lors de la première prise de Pontarlier. Ou bien était-ce la deuxième ?
Puis il se rappela qu'effectivement, Galovert devait revenir à Luxeuil pour s'acquitter d'une dette. Mais Galovert continuait à parler :
- Comment vas tu ? Tu as l'air bien las pour porter bâton, mon ami. Tes ouailles te mèneraient-ils dure vie ? En souriant espièglement Serait-il possible qu'ils songent à se réformer...?_________________