Berthe.
Saumur, Anjou
La grandpièce dune modeste masure, les murs crépis léchés des ombres mouvantes que projette la flambée odorante. Une table de bonne facture quoique rustique sur laquelle sépanouit une chandelle grésillante.
Et Bertrade.
Lair pensif, la jeune femme se caressait laile du nez du bout de la plume. Le bout duveteux. Lautre traçait des arabesques de vide, au tempo des reflexions de la brunette. Le monde allait mal. Non point le monde en général. Quoique. Mais il na dintérêt quépisodique pour notre histoire. Le monde de Bert allait mal.
Une escapade à la capitale, une visite à lexploitation familiale pour y prendre mesure des méfaits de la guerre. Terres piétinées, réserves pillées, la routine. Mais bien plus inquiétant. Le paternel seffilochait, il allait bientôt dominer son monde de dessous un tertre tout frais.
Et cest quil y avait comme un lézard. Ou plutôt une lézarde dans lédifice bien établi de lordre mondial bertradien.
Si lpère clamsait, les fils héritaient. Elle aurait un arpent de vigne en dédommagement, une dot quils appellent ça. Sauf que les fistons sétaient tirés.
Le premier le cur brisé, il y avait de cela près de cinq ans. Bert lavait laissé partir le cur serré. Il nexiste pas toujours de mots pour adoucir la peine, on se contente du silence.
Le second Bien pour résumer elle le pensait mort. Ou tout comme, à réciter des psaumes sous des fresques mal barbouillées.
Elle était restée. Elle sétait arrogé un droit sur cette terre. Le vieux mourait, on pleurait un peu, elle héritait. Simple.
Sils avaient abandonnés la terre, elle ne leur était plus rien. Dailleurs elle voulait bien leur refourguer un plat de lentilles en échange. Avec du lard. Cest plus festif.
Elle regarda les deux vélins étalés devant elle. Acte 1, sonder les futurs déshérités. On établirait le plan de bataille en fonction.
Une inspiration, un air de concentration intense sur les traits. Quy a-t-il de plus étranger quun frère perdu ? Alors deux
Le plus facile, son préféré. Haynard. Ne pas trembler. Un gentil garçon à son souvenir, mais économe. Un brin trop. Une missive brève, il na jamais trop aimé lire. Une hésitation. «Cher Nanard » ? Nan.
Grincements dans le silence
La grandpièce dune modeste masure, les murs crépis léchés des ombres mouvantes que projette la flambée odorante. Une table de bonne facture quoique rustique sur laquelle sépanouit une chandelle grésillante.
Et Bertrade.
Lair pensif, la jeune femme se caressait laile du nez du bout de la plume. Le bout duveteux. Lautre traçait des arabesques de vide, au tempo des reflexions de la brunette. Le monde allait mal. Non point le monde en général. Quoique. Mais il na dintérêt quépisodique pour notre histoire. Le monde de Bert allait mal.
Une escapade à la capitale, une visite à lexploitation familiale pour y prendre mesure des méfaits de la guerre. Terres piétinées, réserves pillées, la routine. Mais bien plus inquiétant. Le paternel seffilochait, il allait bientôt dominer son monde de dessous un tertre tout frais.
Et cest quil y avait comme un lézard. Ou plutôt une lézarde dans lédifice bien établi de lordre mondial bertradien.
Si lpère clamsait, les fils héritaient. Elle aurait un arpent de vigne en dédommagement, une dot quils appellent ça. Sauf que les fistons sétaient tirés.
Le premier le cur brisé, il y avait de cela près de cinq ans. Bert lavait laissé partir le cur serré. Il nexiste pas toujours de mots pour adoucir la peine, on se contente du silence.
Le second Bien pour résumer elle le pensait mort. Ou tout comme, à réciter des psaumes sous des fresques mal barbouillées.
Elle était restée. Elle sétait arrogé un droit sur cette terre. Le vieux mourait, on pleurait un peu, elle héritait. Simple.
Sils avaient abandonnés la terre, elle ne leur était plus rien. Dailleurs elle voulait bien leur refourguer un plat de lentilles en échange. Avec du lard. Cest plus festif.
Elle regarda les deux vélins étalés devant elle. Acte 1, sonder les futurs déshérités. On établirait le plan de bataille en fonction.
Une inspiration, un air de concentration intense sur les traits. Quy a-t-il de plus étranger quun frère perdu ? Alors deux
Le plus facile, son préféré. Haynard. Ne pas trembler. Un gentil garçon à son souvenir, mais économe. Un brin trop. Une missive brève, il na jamais trop aimé lire. Une hésitation. «Cher Nanard » ? Nan.
Grincements dans le silence
Citation:
Haynard, mon frère
Voilà bien longtemps que je ne tai rien griffonné. Les choses ont changé depuis lan passé. Je me suis installée dans une petite bicoque en ville, à Saumur. Y a eu la guerre dans le coin. Ptet pour ça que je scribouille cette bafouille. Quand on voit les gens clamser, on se souvient de cqui est important. Les frangins, ça se rfait pas
Voilà bien longtemps que je ne tai rien griffonné. Les choses ont changé depuis lan passé. Je me suis installée dans une petite bicoque en ville, à Saumur. Y a eu la guerre dans le coin. Ptet pour ça que je scribouille cette bafouille. Quand on voit les gens clamser, on se souvient de cqui est important. Les frangins, ça se rfait pas
.
Beuh. Mélo. La jeune femme renifla.
Beuh. Mélo. La jeune femme renifla.
Citation:
Enfin, la vieille na plus lâge. Les affaires marchent gentiment. Jsuis établie. Jai même joué le maire.
Endormir le poisson
Citation:
En revanche, ça ne va point fort pour les vieux. Les terres sont dévastées, les récoltes en cendre, la masure tombe en décrépitude. Zont même incendié la grange. Va falloir reconstruire tout cela, mais la main duvre se fait bien coûteuse
Le paternel nest plus tout jeune ma foi. Tu aurais pu venir. Mais je sais que cest bien pénible pour toi de revoir tous ces souvenirs.
Coup bas.
Citation:
Reviendras-tu mon frère ? Il nous faudrait joindre nos forces
et nos économies
Prends soin de toi
Bert
Prends soin de toi
Bert
La jeune femme renonça à se relire et entama la seconde missive. Nizam. 14 ans... Il devait avoir quoi 21 ? Arrogant comme seuls ils le sont à cet âge. Une inimitié. Elle ne lui donnerait pas son nom. Lenfant du père.
Les traits durcis, elle aligna les lignes dune main rapide.
Citation:
Toi
Je pensais que tu avais clamsé dans un fossé. Je gribouille pas pour tannoncer mon ravissement.
A dire vrai cest un sieur pas trop propre qua causé de toi. Mercenaire quil disait. Paraît que tas pas conduit tes chausses où tespérais. A force de lécher les bottes on finit traîne-savate.
A courir la gueuse on a la barbe taillée dtrop près.
Jsuis restée en Anjou. Point besoin dpatenôtre, me voilà dame.
On a besoin de bras ; le travail de la terre, y a que ça de vrai pour les gens comme nous.
Je pensais que tu avais clamsé dans un fossé. Je gribouille pas pour tannoncer mon ravissement.
A dire vrai cest un sieur pas trop propre qua causé de toi. Mercenaire quil disait. Paraît que tas pas conduit tes chausses où tespérais. A force de lécher les bottes on finit traîne-savate.
A courir la gueuse on a la barbe taillée dtrop près.
Jsuis restée en Anjou. Point besoin dpatenôtre, me voilà dame.
On a besoin de bras ; le travail de la terre, y a que ça de vrai pour les gens comme nous.
Pas de signature, juste un joli sceau estampillé dune grappe de raisin. La première missive partirait pour Saint-Claude.
La seconde quelque part en Flandres ; le messager lui coûterait son sourire le plus naïf et lassurance que le destinataire lui laisserait un joli pourboire.
Attendre.
*d'après Edouard Rey
[Bonjour, Bonjour,
Merci de baliser votre topic comme cela est stipulé dans les règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, Bon RP,
Modo Mahelya]
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