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[RP] La jeune fille et la mort

Scath_la_grande
[Petite fillette et Grande Faucheuse vont courir la moisson.]


_______La mort
_______Donne-moi la main, douce et belle créature!
_______Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
_______Laisse-toi faire! N'aie pas peur
_______Viens doucement dormir dans mes bras


La Mort est rousse, pour qui a jà rencontrer en sa vie l’incendiaire Musteile ce fait est inaliénable.
Faucheuse dans l’âme et dans le geste, la main n’a jamais tremblé et pas une once de pitié ne vient ombrer l’ambre de son regard lorsque la froide sentence de son fer s’abat implacable sur le col de sa proie, si celle-ci en réchappe, pour Scath ce n’est que volonté de Dieu qui dans sa grande mansuétude a accordé au repentant une seconde chance.

Après avoir offert un stylet à sa puînée et protégée en Anjou, à la suite de l’avoir initiée à quelques mouvements et pratiques sur un pauvre épouvantail, de l’homme de paille à celui de chair et sang il fallait passer.
User de sa théorie en un apprentissage réel, il n’y a rien de mieux pour se faire la main.

La première étape fut de trouver une victime qui desserve par là même les primes intérêts de la Frayner, puis ourdir un plan des plus élaborés -du point de vue de Scath- que même Jack Bauer* peut se rhabiller après ça.
Néanmoins ne perdons pas de vue le caractère inconstant frisant l’inconscience à tendance bourrin de la créature à toison de rouille, ce qui rend l’affaire des plus instables en sachant que seulement 2 % de son temps lui sert à l’organisation, le reste est largement laissé au petit bonheur la chance et le système hautement appliqué étant « si ça tourne mal, on s’barre ! »
L’étape deux fut de rapatrier l’apprentie dans son giron, une simple lettre fit l’affaire pour la soustraire à quelques autorités tutélaires sous le fallacieux prétexte d’aller visiter les terres du Nivernais appartenant à son oncle et d’y loger un petit.
Ce fut accompagnée de son renardier limier, Jeanne, que Lia s’en vint.

Le funeste quatuor de noir vêtu réunit dans les alentours de la capitale dijonnaise, la rousse en chef d’orchestre entame la lecture des partitions, le requiem alors peut s’amorcer sous la langue aiguisée.
La victime est désignée, la procédure énoncée –Minah et Hachette s’occuperont de l’escorte s’il y en a une et prendront leur dû de picorée- et afin de décider de la puînée de l’équipée, la Frayner lui sert l’excuse que l’homme en veut à la vie de sa mère, jouer sur l’affect, cela marche toujours.



Titre & citation extrait du poème Der Tod und das Mädchen de Matthias Claudius.
*héros d’une série dont le personnage principal susmentionné sauve le monde en 24h chrono

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[Si j'oublie de répondre à quelque part... un Mp et c'est le pied !]
L.i.a._de_denere
C'était encore la guerre mais là on était plus en Anjou parce que la France avait gagné encore une fois, on était en fait en Bourgogne et Laetitia était pas sûre de savoir pourquoi. On lui avait expliqué un truc sur Rome et l'Église et le Roy et les Teutons et une croisade, mais tout ça c'était pas clair et ça embêtait la fillette parce qu'elle aimait ça comprendre.

Mais comme elle avait pu le voir en Anjou, la guerre c'était pas spécialement amusant, même qu'il y avait même pas de gens coupés tout partout ici, pas de sièges non plus, rien, c'était à se demander pourquoi tout le monde s'énervait avec la guerre. Alors Laetitia s'ennuyait encore et encore, et puis quand Dame Scath avait proposé d'aller visiter les terres du Nivernais, elle avait dit ouiiiiii juste parce que ça lui ferait quelque chose à faire. Et puis en plus, elle aimait beaucoup Dame Scath qui lui avait donné sa miséricorde et qui lui avait montré à s'en servir comme une grande.

C'était donc une Laetitia surexcitée qui avait suivi Jeanne, sauf que le voyage s'était vite arrêté parce que Dame Scath l'attendait juste en dehors de Dijon avec la manchote Minah et d'autres dames. Et là la fillette avait commencé par être déçue parce qu'il semblait qu'en fait, on visiterait pas le Nivernais, et la raison c'était qu'un messire était pas gentil et qu'il aimait pas la Reyne et qu'il voulait lui faire du mal.


Je comprends pas, Laetitia avait-elle dit en fronçant les sourcils.

Pourquoi il veut faire du mal à ma mère? Il est où? Il est au Nivernais? C'est pour ça qu'on y va pas? Et puis de toute façon, c'est qui ce messire?

Bah oui c'est vrai quoi, d'abord on partait pour le Nivernais et après on y allait plus et tout ça parce qu'il y avait un méchant qui aimait pas sa mère. C'était pas très logique.
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Minah
L’écuyère raccourcie de la paluche trottinait comme toujours quelques pas derrière sa Rousseur scathienne.
Et pour une fois, elle ne faisait pas plus de bruit que nécessaire. A dire vrai, elle était de méchante humeur et cela la rendait plus mutique que d’ordinaire.

Ce jour-ci, voyez-vous, était un jour sanglant.
En premier lieu, ses menstrues, qui avaient tardé de façon effrayante depuis une mésaventure à base d’une masculinité des plus désagréables, avaient décidé de rappliquer et de rattraper leur retard. Avec un zèle inhabituel.
Minah se partageait entre douleur – cette saleté vous crevait la panse aussi bien qu’un coup d’épée – et soulagement. Sa mémé Glaviotte était sage-femme et la Châtaigne avait bien vite appris la relation entre les hommes, le sang et les enfants. Bien. Malgré les premiers et grâce au second, les derniers lui seraient épargnés.
La manchote n’aurait pas aimé avoir un chiard dans les pattes. Pas sûr que m’dame Scath ait apprécié non plus…

En second lieu, la Sainte Patronne des Animaux Crevés avait eu la bonne idée de se flanquer un hibou mort (fruit des lubies dzoiiiiiguantes du Banneret de Bouillon) sur le caillou quelques temps plus tôt.
Et, par la faute de quelques humeurs malignes qui surviennent généralement quand on transperce un zoziau de part et d’autre, la bête s’était collée dans la tignasse de la bestiole.
Laquelle, même en s’arrachant les cheveux, n’avait pu s’en débarrasser. A savoir que le hibou mort n’est pas le meilleur oreiller pour une bonne nuit de sommeil.

Bref, tout ça pour explicationner les bouderies du larbin bouillonneux.
Pour arranger le tout, M’dame Scath l’avait encore traîné on-ne-sait-où sans même lui expliquer la raison de leur présence ici. Plus étonnant, elles avaient vite été rejointes par la Hachette et la gamine bizarre que Minah avait souvent vue aux côtés de la Rouge. L’écuyère les salua toutes deux d’un vague hochement de tête.

Que l’enfant elle-même ne soit pas au courant de ce qui se tramait ici rassura un tantinet la crasseuse et alluma une lueur de curiosité dans l’œil noisette. Si même la petite noble ne savait rien…
Que de mystère ! Il allait y avoir du grabuge ou la Châtaigne n’y connaissait rien !


On va casser la gueule à quelqu’un ?
Fit-elle pleine d’espoir.

Voilà qui lui arrangerait l’humeur.
C’était un sacré jour sanglant que celui-ci… Et ça ne faisait probablement que commencer.

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La_hachette


La sombre ombre de la Frayner, s'était acquittée de la première tâche qu'on lui avait confié, à savoir, ramener la petite Dénéré dans le sillage roux afin de parfaire une éducation qui semblait être un peu en lame de couteau ces derniers temps...

La route avait filé à une bonne vitesse jusqu'à Dijon, et ce n'était pas un mal, car la donzelle avait en sainte horreur les voyages qui s'éternisent sans action. La guerre avait été une distraction trop courte au goût de l'ancienne combattante, vrai qu'on ne se lassait jamais des traînées sanglantes qu'on laisse derrière soi songeait elle...quoi que...

Ayant encore dans le souvenir les essais malheureux(ou non pour qui de droit) de maniement de stylet de la dite gamine, qui l'accompagnait pour l'heure, sur un épouvantail Angevin, la brune Hachette s'était tenue à un écart suffisant pour se dire que les armes maniées par une enfant était loin d'être la meilleure idée que sa maîtresse ait eu ces derniers temps.
Pourtant Jeanne gardait les lèvres closes, en se rappelant qu'au même âge un des forains qui l'avait recueilli s'adonnait à des tours de passe passe avec des couteaux...Comme quoi, le passé finissait par rattraper la Laisné.

Enfin, elles étaient arrivées à bon port, en un temps record et la Hachette ne demandait pas mieux que de se dégourdir le bras au lieu des jambes qu'elle avait assez usité les jours précédents. Juste le temps d'embrasser de l'oeil la compagnie présente, à savoir sa maîtresse, saluée poliment et Minah...Léger signe de tête à sa châtaigne consoeur, vrai qu'elle lui aurait presque manqué la vilaine...


M'dame...Minah...

Et à Jeanne de reprendre sa place habituelle, à proximité de la Musteile,silencieuse de nouveau, écoutant le déroulement d'une journée d'apprentissage qui s'annonçait...tranchante!

Scath_la_grande
« La mort baptise aussi. » - Marguerite Duras


Ah ouais mais merde…
La lippe carnassière se tord, chagrine, c’est qu’elle en avait presque oublié le débit minute des questions dénériennes.
Un soupir éclipse le mouvement des yeux qui se lèvent aux cieux.
Mort-Dieu ! Ne peut-elle point se contenter des bribes d’explications que la rousse distille, grêle en paroles lorsqu’il s’agit d’accomplir quelques basses œuvres de sa propre main ?
Moins on en dit, mieux elle se porte.


« C’est un Ligueux papiste, fervent opposant à la Couronne. Un sale type détraqué du cervelet qui en veut à madame votre mère pour quelques raisons absconses. »

Furtivement, les fauves se jettent sur la benjamine, lueurs assassines toutes prédisposées à lui sortir la tripaille si elle venait à demander ce que signifie « absconses ».
Puis de continuer à voix égale en tentant de répondre à Minah sans trop loucher sur son couvre-chef d’hibou mort.
Faut dire que c’est déstabilisant.


« Mieux que cela ma châtaigne. On le laissera à la miséricorde du Très-Hauct après l’avoir soumis à la nôtre.
Plaise à Dieu de la lui accorder.»

Léger sourire et de poursuivre.

« En déliant ma bourse, j’ai délié des langues, ainsi appris-je que le meneur de la prise de Nevers, et accessoirement tête d’une liste en lice ducale, s’en va négocier sa place de conseiller, m’est avis qu’il se verrait bien Duc adonc que mon souhait serait qu’il gigote de la danse des pendus au bout d’une hart. Un bel et fort gibet pour ce gibier là… »

Crocs de sortis en un sourire mauvais qui illumine sa face, le museau s’égaie à cette pensée, la bestiole reprend ses habitudes de nuisible qui se repait des destins sinistres et d’y ricaner un petit avant de poursuivre.

« Les tractations auront lieu au-devant des remparts de la capitale, nous choperont c’bâtard à son retour au campement, cueilli sur le bord du chemin… fauché de nos mains. J’ai jà repéré l’endroit ad hoc pour le surprendre, là où le sentier se restreint en entonnoir et nous lui tendront une embuscade. Suivez-moi ! »

Ainsi dit, ainsi fait, la Musteile entraîne dans son funèbre sillon ses drôles de dames aux lames aiguisées comme canines pour finaliser les derniers apprêts à l’attentat.
Les chevaux –et autres, n’oublions pas le facétieux bourricot de l’écuyère- sont laissés non loin pour pourvoir à toute fuite éventuelle.
Les fourrés sont investis comme repaire de l’opération terroriste, planque idéale où accroupies, Musteile égrène les dernières recommandations à ses ouailles tout en barbouillant d’un doigté maternel le museau de son apprentie d’un peu de graisse mêlée de cendre pour en noircir les traits et confiant le reste à ses acolytes pour qu’elles se griment.


« La première qui me nomme ou nomme l’une d’entre nous se fera arracher la langue de mes mains propres ! Et qui connaît la rouquine sait qu’elle ne plaisante en rien dans ce propos.
Bien… nous attendrons que la proie passe et nous le prendrons de revers, c’est entendu ?
Lia, quand je vous dirai « maintenant ! » vous le daguerez à la poitrine,
ses doigts viennent chercher la menotte enfantine pour porter l’index de la puînée à la poitrine de la Bertrix, désignant un point en milieu de son torse, un peu en dessous du rondi de ses seins. Ici ! Le ton est ferme. De toutes vos forces et jusqu’à la garde. Soyez sans tourment en aucune guise, je serai là et le tiendrai à la gorge, doux comme un agnelet. »

Du regard la Frayner soumet les pupilles de l'Infante.

« Ne vous laissez pas impressionner par la Mort, c'est une compagne et non une ennemie. Et si la cible tente de vous dissuader... gardez en souvenance ceci... le Faucheur n'écoute pas la Moisson*.
Le Faucheur c'est vous... la Moisson c'est lui... »


Minah se rapprochant, le museau se fronce agressé dans l’intégrité de son odorat par le hibou en état de décomposition avancée.
Mandieu mais comment était-il possible de s’être fourré ça sur la tronche !


« Ma Châtaigne ! Rappelle-moi de te tondre les tifs ! Si témoins il doit y avoir, nous serons facilement identifiable avec cette attifure sur le chef ! En plus ça schlingue grave ! »

Et les heures passent, s’égrènent dans la monotonie froide d’une journée d’hiver sur le déclin, et alors que la rousse se demande si finalement le plan n’a pas foiré car foireux, et que les fausses alertes sous forme d’une poignée de pécores passant par-là donnent raison à son angoisse qui monte, un bruit intime le silence aux faiseuses de veuves.
Les regards s’entrecroisent dans le quatuor et la Frayner craint que dans le clair-obscur de la fin de journée, la Sorgue avançant son mantel sombre, elle ne parvienne à reconnaître sa cible qu’elle a vaguement aperçu de loin.
Léger doute sur les aptitudes qui étaient siennes en ses jeunes ans mais la silhouette qui s’avance, flanquée de deux autres un peu plus massives sont une évidence.
C’est lui.

Du chef, la rousse signifie à ses complices que le branle va pouvoir commencer et d’un mouvement de l’index indique à Minah sa victime, et à Hachette la sienne.
Elles sont en veine, l’escorte est des plus faibles.
Le bruit se rapproche, excitant tous les sens de la bestiole qui rabat sur son museau le masque noir qui dissimulera ses traits –bien qu’en cette heure, il advient un peu plus difficile d’y voir parfaitement-.
Les derniers pas des condamnées foulent le sol dans un bruissement qui lui semble autant assourdissant que les battements de son cœur en cet instant.

Cinq…
Le petit groupe les dépasse sous leurs regards immobiles et leurs respirations coupées.
Quatre…
Le tumulte intérieur se déclenche et agilement, la Musteile se lève et s’extirpe des buissons entraînant à sa suite ses complices. Fine lame dehors.
Trois…
Elle s’approche, le souffle court.
Deux…
Par derrière, elle l’accidente, plaquant une main sur sa bouche avec force, et de l’attirer contre sa carcasse brutalement pour en épouser toute sa suave féminité.
Un…
L’acier vient gourmander la chair tendre d’un cou masculin, qui semble pourtant plus apte à accueillir les gémissements féminins que ce genre de langue de métal. La viande s’entaille sous le joug de la miséricorde, juste pour dissuader le faquin de porter sa main à son fer.
Te voilà fait Trixolas.


« Bouge et j’t’égorge comme goret ! »

Peut-être sent-il toute l’agitation qui bat sous le derme de son assaillante, dans une même arythmie que sa respiration haletante, moite tiédeur qui s’échoue dans le creux de sa nuque.
Œillades furtives que Scath baille à ses comparses pour s’assurer de leurs besognes achevées.


*Terry Pratchett
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[Si j'oublie de répondre à quelque part... un Mp et c'est le pied !]
Trixolas
Sombre journée hivernale que celle-ci.
Le joinvillois venait de quitter la table des négociations entre nouveaux conseillers ducaux élus et vieux consultants à la solde de Boum, ce parti qu'il avait en horreur.

Si le dialogue avait pu s'engager de prime abord, ils étaient bien vite arrivés dans une impasse. Et pour couronner le tout, les exigences royales étaient venues enfoncer le clou.
Eusaias ne voulait pas la paix, il souhaitait écraser toute opposition et humilier ses adversaires, tout simplement.
Le seul rayon de soleil de cette triste journée, Trixolas l'avait aperçu lorsque ses yeux s'étaient posés sur la régente.
S'il avait d'abord eu envie de la gifler, voire même de l'étrangler pour l'avoir ainsi trahi lors de la prise du château, son désir de la serrer dans ses bras ne s'était pas pour autant estompé.
Il avait toujours des sentiments pour celle qui avait voulu le jeter au fin fond des geôles dijonnais lors de leur première rencontre.

Mais il ignorait encore s'il serait capable d'oublier les évènements de cet hiver 1461 pour reprendre cette idylle là où ils l'avaient laissée.
Le joinvillois avait la rancune tenace et le pardon difficile.
Et en parlant de rancune, celle accumulée à l'encontre d'Eusaias depuis bientôt un an et la première guerre civile bourguignonne grandissait à chaque pas qui l'éloignait des abords de Dijon.

Son armée était stationnée à quelques lieues de là et il était bien décidé à rejoindre ses hommes pour continuer la lutte, quand bien même les armées croisées avaient été défaites à Nevers.

Deux soldats l'accompagnaient par précaution.
Il avait dû se présenter sans arme à cette parodie de négociation.
La confiance étant une denrée aussi rare que dangereuse en ces temps troublés, et encore plus lorsque l'on se déplace en terrain hostile, il avait préféré assurer ses arrières en prenant avec lui deux recrues fidèles.

Il y avait là Karl, un franc-comtois engagé dès le début de la guerre et qui combattait l'anti-roi au nom de Rome. Un fanatique religieux de l'avis de Trixolas, mais qui n'avait pas son pareil sur le champ de bataille comme l'attestaient son torse et ses bras puissants ainsi que la cicatrice qui lui barrait le visage d'un coin de l'oeil jusqu'au menton.
Le second soldat était un jeune rouquin qui se faisait appeler Max.
Un chalonnais qui les avait rejoint après que la régence se mette à saigner le peuple avec ses taxes scandaleusement élevées. C'est ce qui avait motivé le jeune homme devenu soldat juste après que sa ville natale ne soit libérée du joug de la régence chenovesque.
Forgeron de son état, Max était plus habile avec une enclume et un marteau à la main qu'avec une épée qu'il maniait comme une vulgaire faucille. Mais il s'était montré courageux et fidèle.

Les colistiers du joinvillois étaient restés en retrait, continuant à perdre leur temps en paroles avec les nouveaux conseillers.
Téo le rejoindrait certainement, il en restait persuadé.
Quant à Mansart, son second en chef, il semblait vouloir se plier aux exigences des puissants et faisait tout son possible pour garder sa place au sein du conseil ducal.
Une grande déception, voire même une trahison pour Trixolas qui pensait Mansart désormais attiré par les affres du pouvoir et prêt à renier tout ce pour quoi ils avaient combattu pour sortir de son ombre et se donner un peu de consistance.

C'est le visage fermé et bouillonnant intérieurement que le capitaine de la Revanche des Ovins continuait son chemin. Son escorte avait dû deviner qu'il était furibond, aucun des deux hommes n'avait ouvert la bouche après leur départ précipité et ils le suivaient quelques pas en retrait.

L'air se rafraîchissait à mesure que le soleil baissait à l'horizon et les trois hommes continuaient leur marche silencieuse lorsque le joinvillois sentit une main se poser sur sa bouche et un bras l'attirer contre une poitrine généreuse. Du moins pas aussi généreuse que celle de la régente mais il fallait avouer qu'en la matière la dame de Chenôve était plutôt bien pourvue, il en savait quelque chose.
Mais alors que la situation aurait pu prêter à sourire ou encore à quelque sentiment un peu déplacé, le froid de l'acier lui entaillant le cou le fit rapidement revenir à la raison.
Il ne pût réprimer un cri, étouffé par la main plaquée sur ses lèvres, un cri dénotant autant la surprise que la douleur.
Un liquide chaud courait désormais sur le haut de son corps, inondant le col de sa chemise. Un liquide qu'il ne pouvait voir mais dont il imaginait bien la couleur pour l'avoir déjà vu couler à maintes reprises ces dernières semaines.

"Bouge et je t'égorge comme un goret" lui lança une voix féminine pleine de haine et de détermination.

Et il ne bougea pas.
Minah
Dubitative, la bestiole, quant à la réponse scathienne.
Mieux que cogner sur quelqu’un, c’est Dieu qui s’en charge. Mouais bof. On vous agite une part de gâteau sous la truffe et mieux que le manger… c’est le Très-Haut qui s’en fout plein la panse !
Elle l’aimait bien Dieu. Très croyante, la crasseuse. Mais il était pas le seul à aimer la pâtisserie, quoi.

Enfin ! Minah avait bien compris qu’on ne lui demandait pas son avis et se contenta d’acquiescer. Avec un peu de chance, elle aurait les miettes divines.
Elle écouta avec toute l’attention dont elle était capable les réjouissances exposées par la patronne. Blabla, ricanements, blabla, menaces de mort en cas d’échec ou de bourde, blabla, instructions diverses, blabla, reniflements… insultes à l’encontre du couvre-chef 100% organique première fraîcheur de la dévouée écuyère.
Laquelle porta machinalement la patte à son truc en plumes en un geste protecteur.


Ah non. C’est sacré faut pas toucher !

Simple esprit de contradiction.
Le truc en question était suffisamment inconfortable et encombrant pour qu’elle n’en pense pas un mot.


C’pour inspirer l’Effroi et l’Epouvante à l’ennemi, voyez. Avec un peu d’boue sur le museau pis les ailes de Philémon ouvertes, y’aura d’quoi faire pisser un bonhomme dans ses braies, moi j’vous l’dit ! Je s’rais comme un démon tout droit v’nu de l’enfer lunaire !

Large sourire de la sale bête contente d’elle. Dieu, le Sans-Nom, la Mort, le Destin, les Fées et Sainte Boulasse… Les gens croyaient beaucoup. Il y aurait forcément quelque chose dans le tas qui leur foutait la trouille et qui – ô miracle ! – ressemblait à s’y méprendre à une manchote surmontée d’un hibou mort.
La gueuse vendait sa came comme elle pouvait. Pas envie de se faire tondre comme un mouton. M’dame Scath ne semblait pas experte en la matière et une oreille est si vite déchiquetée…

L’heure n’était plus à bavasser et si oreille il y avait à écourter, ce n’était pas celles de Minah.
L’ennemi était repéré. L’écuyère plissa les yeux. Un homme, plutôt jeune, entouré de deux brutasses.

J’prends l’roux, souffla la Châtaigne.

Quand vous travailliez pour Scath, l’envie de casser du rouquin vous prenait avec une régularité effrayante. On s’demande pourquoi…
D’un coup de paluche, voilà la manchote qui ébouriffe les plumes de son couvre-chef. Les deux grandes ailes du rapace dzoinguement décédé se déployèrent, conférant à la mi-portion une envergure démesurée. Parée pour la guerre.
A la suite de ses comparses, Minah se faufila hors des fourrés le plus silencieusement possible afin de surgir juste sous le nez de sa cible.

Mouvement de surprise de l’homme, léger recul. Juste ce qui fallait à N’à-qu’une-patte pour lui flanquer un bon coup de boule dans les parties.
L’honneur, c’est pas fait pour les mi-portion éclopées. A noter en outre qu’un bec de hibou est taillé pour déchiqueter de petits rongeurs. Autrement dit, ça pique.
La manchote se redressa, soufflant un grand coup puis observa le jeune garde plié en deux à ses pieds.

Hésitation. Fallait-il le tuer ? L’écuyère glissa un regard vers les autres, mais rien ne lui permis d’en juger.
Dans le doute, elle colla un grand coup de la garde de son épée sur le crâne de sa victime. Assez fort, espéra-t-elle, pour qu’il ne se réveille pas au moment inopportun.
Il serait toujours temps de l’achever plus tard.

Elle suintait de fierté, la bête. Difficile à contenir, le sentiment du travail bien fait balayait ses mauvaises nuits de sommeil et la douleur de ses entrailles sanguinolentes.
Les devoirs terminés, le temps de la récréation est arrivé. Un panard posé sur la tempe du bel endormi afin de pouvoir le rendormir au plus vite quand il s’agiterait, Minah observait la suite des évènements.

Le pestacle promettait d’être passionnant.

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L.i.a._de_denere
Laetitia savait pas c'était quoi un ligueupapisse, mais en tout cas ça semblait être pas gentil et vouloir du mal à sa mère, alors forcément elle avait pas envie d'en rencontrer. Elle aurait aimé avoir plus de détails parce que quand même, si c'était pour ça qu'on allait pas au Nivernais elle aurait voulu comprendre, sauf que le regard de Dame Scath fut assez éloquent pour qu'elle songe à se taire. Et puis, c'était vrai que dans la vie, il fallait pas poser trop de questions. Paraît-il.

La fillette comprit pas trop non plus le reste du discours musteillien, à part quand ordre fut donné de pas nommer personne sous peine de se faire arracher la langue - ça, c'était assez clair - et que son rôle à elle consisterait à mettre ses leçons en pratique quand Dame Scath crierait "maintenant".

C'était simple. Pleine force, dans la poitrine jusqu'à la garde. Tout simple. Sauf que Laetitia était nerveuse parce qu'elle avait fini par comprendre qu'elle allait très bientôt se battre pour de vrai contre un méchant ligueupapisse. Tout à coup, son idée de devenir une grande combattante prenait une tournure salement concrète.

Laetitia avait acquiescé en silence avant d'attendre, docile, que se présente l'épouvantail de chair et de sang.

Ça avait été long. Tellement long! Plusieurs fois, la fillette avait voulu demander à rentrer au chaud, parce que quand même il faisait froid et noir et elle avait faim, mais la lumière dans les yeux de Dame Scath lui avait fait comprendre qu'il valait mieux tout supporter sans se plaindre, sinon ça irait vraiment très mal.

Et puis enfin, on avait vu arriver des formes sombres et la tension était montée de quelques crans. Cachée elle aussi par un masque qui sentait pas bon, Laetitia sentait son coeur s'affoler à l'idée de ce qui allait se passer.

Elle revoyait ce buisson noir où elle avait trouvé refuge, quelque part en Anjou. Elle se rappelait bien la peur qui lui nouait alors les tripes comme une main sadique, et puis la panique quand elle avait entendu quelqu'un approcher. C'était la Mort qui venait la chercher, et il fallait à tout prix l'arrêter. Se défendre. Sauter avec un cri sauvage, frapper sans regarder, sauver sa vie, tuer avant de l'être soi-même.

C'était une petite fille comme elle, peut-être même un peu plus jeune, qu'elle avait alors poignardé. Laetitia avait tué une enfant. Ou peut-être gravement blessé, elle était pas sûre.

"Ne vous laissez pas impressionner par la Mort, c'est une compagne et non une ennemie"...

La Mort.

Mais là il y avait plus le temps de penser à tout ça, parce que déjà les cibles étaient atteintes et Dame Scath tenait par derrière ce qui semblait être un homme. Le ligueupapisse qui voulait du mal à sa mère.

Laetitia s'avança, la main tremblante, et serra son petit poing bien fort sur sa belle miséricorde. Ça allait être la seconde de vérité. Dame Scath allait dire "maintenant" et il faudrait alors plonger. Il fallait pas hésiter. Pas avoir peur. C'était tout simple.

Il ne manquait plus que le signal.

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