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Detresse ou Allegresse...Quand une gitane décide de boire...

Attia.
Elle tentait de calmer son souffle. Un trop plein d'adrénaline lui monta au crane, la tète lui tournait. Sans doute cet alcool dans son sang. Elle regarda sa dague en entendant le tavernier hurler. Ses doigts se refermèrent autour de l'objet qu'elle venait d'utiliser avant qu'elle ne le cache a sa vue, elle le rangea a sa place dans son fourreau contre sa botte.
Le nouveau client préféra sortir, si elle avait été a sa place sans doute aurait elle fait pareil.
Elle frotta ses paumes machinalement contre sa jupe, puis elle regarda Lucine un signe de tête indiquant la porte.
Elle regarda Cassandre d'un regard étrange. Point de culpabilité, juste une pointe de regret.
La colère la quittait peu a peu pour laisser place a la confusion.


- Ahhhhhhhhhhhhhhhhh! Cassandre! A moi! Je saigne, Je suis défiguré! Un médicastre Viiiite!


Elle le regarda tourner la tête en direction du comptoir. Elle soupira puis plongea ses doigts dans sa besace, en ressortant quelques écus.

- Pour l'alcool, il ne sera pas dit que nous n'avons pas payé. Avec de la chance il en restera un peu pour le chirurgien. Je n'ai pas taillé profond, il devrait bien s'en sortir.

Elle essaya de sourire de manière désinvolte mais c'était comme si l'instant ou elle était cette fière et sauvage rrom était passé. Promptement elle se retourna.

- On s'en va Lucine, on retourne chez nous!


Elle se dirigea a grand pas vers la porte, ses yeux sombres légèrement voilés, disparaitre a la faveur de la nuit, voila ce qu'il lui restait a faire.

_________________
--Cassandre


Il a grimacé en regardant la belle furie découper la joue du vieux. Le vieux saignait abondamment et hurlait. La scène était violente, il n'avait pas imaginé pareil dénouement.
Il la regarde, elle semble prise dans un élan qui la dépasse. L'alcool sans doute. Quel dommage...
Le vieux appelle a l'aide. Il ne va pas le laisser dans cet état tout de même... il se sent las. Cette jeune dame n'était venue la que pour boire, masquer la tristesse de son regard, il avait fallu que le vieux aille la provoquer, la faire sortir de ses gonds...

Il la regarde poser des écus sur le comptoir. Ses yeux, ses yeux exprimaient autre chose, ils n'étaient plus ses yeux brulants, déterminés . La colère est mauvaise conseillère...
Elle se retourne et s'en va, il la regarde s'éloigner, pousser la porte. Un pincement au cœur, il ne comprend pas pourquoi. Il se redresse, regarde vers la porte. Il n'a pas envie de la laisser partir. Il aurait du faire quelque chose, empêcher que cela arrive, calmer le vieux ou du moins éloigner la belle.
Il ne faut pas en rester la, la laisser disparaitre comme ça... Au diable le vieux, il n'allait pas mourir, son sang finirait bien par arrêter de couler.
Il s'élance vers la porte, la rattraper mais pour lui dire quoi? faire quoi? lui l'escroc, lui qui préférait la facilité a l'effort...
Il se dirigea rapidement sur ses pas, il la voit, son cœur bat plus fort. Les rues sont sombres, elle avance doucement, il la rattrape sans mal. Sa main saisit son poignet, ne pas la laisser partir... Elle se retourne, il la regarde...


Attia.
Elle marche, elle ne se presse pas, elle a besoin de retrouver ses esprits, la tête lui tourne, sa vision troublée par moment est limitée par cette nuit noire sans lune.
Quelque chose contre sa peau, un main, qui l'attrape, enferme son poignet.
Un sursaut au cœur elle se retourne les yeux grands ouverts, son autre main sur le qui vive. Elle essaie de voir qui l'attrape ainsi, elle ne perçoit d'abord que deux pupilles sombre, une mèche tout aussi sombre...


- ... Cassandre...

Elle a lâché son nom presque dans un murmure, surprise, ne comprenant pas.

- Que... pourquoi n'êtes vous pas en train de vous occuper du tavernier?

Sa voix est mal assurée. Elle cherche du regard, est elle seule dans cette rue sombre a la merci de Cassandre? Surement pas, elle tire sur son poignet pour se libérer. Et s'il voulait se venger? Elle ne sait pas, elle n'est plus sure de rien, seulement de garder la tête haute, son cœur se mettant a battre plus fort dans sa poitrine.

- Vous comptez me livrer a la maréchaussée? c'est cela?

Elle le regarde toujours, il ne dit mot, continue de la fixer. Elle le fixe aussi, tentant de le sonder, que peut il bien lui vouloir? Le tavernier pissait le sang... Peut être est ce lui qui avait demandé de la rattraper... Non s'il voulait l'arrêter, il aurait été plus violent, plus vif. Il n'a pas attrapé son poignet d'un geste sec, il l'a plutôt saisi, et son regard, son regard n'est pas celui d'un ennemi, mais que faut il y lire?

- que... que me voulez vous Cassandre... ?

Sa voix est lasse, et elle tire encore sur son poignet avec un pas de recul, sa main libre légèrement en retrait. S'il le fallait elle se défendrait.

_________________
--Cassandre


Elle s'est retournée, elle le regarde. Dans le noir il cherche a distinguer son visage, son front, sa bouche, ses yeux.
Elle semble avoir peur, elle se crispe, réaction normale pense t'il.
Il continue de la fixer. Elle le questionne.
Au diable le vieux a t'il envie de dire, qu'il continue donc de pisser le sang, avec un peu de chance il crèvera cette enflure ne méritait que ça.
Il continue de la regarder. Comment lui répondre? Lui même ne savait pourquoi il l'avait suivie, pourquoi dans le noir il avait saisi son poignet.
La livrer a la maréchaussée, surement pas... Elle venait de faire ce dont il rêvait jour et nuit sans avoir eu le courage de le faire. Il avait préféré sa tranquillité a la rébellion. Il l'admirait pour ça.
Il perçoit des étincelles ravivées dans son regard. Que lui veut il? Comment dire ce que lui même ne fait que ressentir?
Il laisse glisser sa main du poignet a la main de la gitane, la serrant dans la sienne. Aucun mot ne semble vouloir se prêter, seuls leurs yeux semblaient se parler.


- Je...

Il hésite. Que dire? Il ne veut pas la voir s'en aller, il la désire, cette braise indomptable qu'il a pu voir dans toute sa splendeur.
Elle recule d'un pas, il avance, il la pousse doucement, avançant a mesure qu'elle recule, elle bute contre un mur. Il doit la rassurer.


- Je ne vous veux aucun mal...

Il se rapproche encore.

- je dois vous faire un aveu...

Elle le regarde de ses yeux las.

- Ce soir j'avais l'intention de vous voler... mais...

Il se mord la lèvre. Comment la rassurer avec un pareil aveu. Est il trop tard pour gagner sa confiance? Comment allait elle réagir? Il eut un léger pas de recul, peut etre n'aurait il pas du la suivre, la laisser disparaitre...
Il n'est plus sur de rien.
Attia.
Elle recule, il avance, la voila coincée contre le mur. Mais que lui veut il? Il semble ne pas savoir, ne pas pouvoir s'exprimer. Elle commence a s'énerver, la tete lui tourne de plus en plus. Il lâche son poignet pour lui saisir la main. Elle est surprise et le regarde de plus belle. Enfin il se décide a parler.

- Je ne vous veux aucun mal...

Elle le regarde. Il se rapproche un peu plus.

- je dois vous faire un aveu...

Un aveu? Mais qu'avait il a lui dire? Elle ne se sent pas rassurée, tous ces évènements l'avaient mise sur le qui vive, elle avait eu un accès de violence qu'elle ne voulait répéter, mais ce jeune homme ne semblait pas vouloir la laisser tranquille. Si la soirée s'était déroulée autrement peut être aurait elle été plus enjouée, mais la c'était différent. Elle le regarda prête néanmoins a l'écouter.

- Ce soir j'avais l'intention de vous voler... mais...

La voler? A nouveau ses poils se hérissent quand elle se rappelle qu'elle porte toujours sur elle sa bourse. Mais , quel mais, était ce donc pour cela qu'il l'avait suivie? Pour réaliser ses desseins, rentabiliser sa soirée malgré les événements?
Elle sent la colère l'envahir a nouveau, ce jeune n'était en fait qu'un escroc et si le tavernier ne s'était pas comporté de la sorte elle serait peut être en train de se faire dépouiller.
Elle est choquée, elle ne veut rien comprendre. Elle s'agite et se débat, le repousse de sa main libre, tire de sa main prise dans la sienne, et le pousse.


- c'est pour ça que vous m'avez suivi alors? Pour terminer le travail? me voler?

Elle est redevenue une furie, sa main cherche a nouveau sa botte.

- N'approchez pas! Vous savez de quoi je suis capable!

Elle même n'est pas convaincue par sa phrase, elle tremble légèrement et elle voit flou, s'il était vraiment animé de mauvaises intentions, elle ne résisterait pas longtemps. Elle maudit intérieurement le ciel, pourquoi cette soirée avait elle pris cette tournure?

_________________
Lucine
Un à un les clients se défilent, il ne reste plus qu'elle et le tavernier écroulé au sol, hurlant sa douleur.
Ferme-la goret ou je vais être obligée de t'achever. Ils sont tous partis.
Lucine s'approche de l'homme et dague à la main commence à fouiller l'homme. Il ne semble avoir plus d'yeux que pour cette dague, ses yeux s'agrandissent démesurément.
Tu devrais pas avoir peur, c'est pas le moment de ta mort encore, à moins qu'un chêne ne pousse à travers le sol de ta taverne.
Lucine ricane
Au pire tu pourrais devenir eunuque ou muezzin en attendant après une petite reconversion.
Elle a trouvé ce qu'elle voulait. D'un coup de dague, elle rompt le lacet qui tient la bourse du vieux défiguré. Sans le quitter des yeux, elle fouille maintenant derrière le comptoir, fait main basse sur la cagnotte et file avec une agilité surprenante en glissant la bourse dans son corsage.

A peine dans la rue, elle voit le jeune paysan très près de Attia, mais il a l'air en position de force.
N'en auront-elles jamais fini avec ces paysans ?
Pas le temps d'écouter ni de chercher à comprendre. Elle se glisse vers eux, reprend sa dague, méfiante, il y a fort à parier qu'il est très alerte ce jeune blanc bec. Le surprendre, l'agresser ? Elle ne connait pas ses intentions... Il a plutôt l'air entiché d'ailleurs. Mais Attia n'a pas si l'air si à l'aise, et puis en temps normal, c'est le paysan qui devrait être coincé, jamais la tsigane.

Dague à la main, elle s'interpose en chuchottant

Pas le moment de roucouler les tourtereaux.
Et repoussant le jeune homme surpris d'un côté, elle pousse Attia vers leur taverne lui murmurant A la casa, vite, l'oeil toujours tourné vers le jeune homme.
--Cassandre


Il le savait, il n'aurait pas du, elle s'est énervée. Comment lui expliquer qu'il ne lui voulait rien? Elle s'agite le pousse. Il la regarde de son regard sombre.

- Attia! Attendez!

Elle le repousse avec violence et le menace a présent, sa main au qui vive, prête a saisir sa dague.
Il la regarde flamboyer a nouveau et c'est comme si cela l'inspire. Ses yeux ne quittent pas les siens. Il la veut, il la désire, violente, embrasée, déchainée.
Il se rapproche, impose sa présence contre elle, ses mains viennent saisir ses poignets qu'il plaque contre le mur.


- Attia...

Il la maintient contre le mur, la bloquant de son corps qu'il colle au sien. Sa main glisse le long de son bras, jusqu'à son cou, puis se glisse a l'arrière de sa nuque qu'il maintient sans ménagement, avant de l'attirer a lui. Son souffle vient furtivement effleurer sa bouche, avant que ses lèvres ne viennent emprisonner les siennes en un fougueux baiser éthylique.
L'audace, voila ce qui le motivait. elle n'en avait pas manqué face au vieux, et lui n'avait rien a perdre, ce sera ça de pris a la belle tsigane.
L'instant, il l'aurait prolongé encore, s'enivrant de ses lèvres, mais il est obligé de s'arrêter. Il se défait d'elle, la regarde.
L'instant est trop court pour en profiter, une lueur attire son attention, il retourne légèrement la tête, une dague brille, la vieille les a rattrapés.
Elle doit le penser doté de mauvaises intentions car elle le pousse sans ménagement, tirant Attia a elle.
Il n'a plus rien envie de dire, pas protester, pas s'expliquer, il ne la quitte simplement pas des yeux, il allait la regarder disparaitre une nouvelle fois...


Attia.
- Attia! Attendez!

Elle n'avait pas envie d'attendre. Il la toise toujours et son regard semble s'allumer comme le sien et il s'avance la forçant en arrière. Elle se débat encore, pourquoi ne peut il pas simplement dire ce qu'il lui veut et la laisser en paix, s'il n'en voulait qu'a son argent! Non il y a autre chose. Quelque chose d'indicible , qu'elle ressent, comme si son corps a lui se mettait au diapason du sien, tendu et nerveux. Elle le sent a travers de lui, il ne lui veut pas de mal, non, c'est autre chose. Elle le regarde et le repousse toujours.

- Attia...

Elle le regarde. Il a lâché son nom, et elle a compris. Cet homme la désire. Elle n'a pas plus de temps pour réfléchir, il lui a déjà saisi les poignets et la plaque vigoureusement contre le mur. Elle lâche un soupir de surprise, secouée elle dont l'équilibre est de plus en plus instable. Les sourcils froncés elle cherche a comprendre. Rien a comprendre sans doute car aussi vite qu'il l'a réduite au mur, imposant sa stature vigoureuse a son corps agile, il se saisit de sa nuque.
Premier mouvement, raideur de la nuque. Il se rapproche. Son cœur bat plus fort et son souffle s'arrete. Elle le regarde, suit le chemin de son visage vers le sien, son souffle alcoolisée qui vient lui chatouiller la peau.
Et si toute résistance était vaine, et si elle se laissait prendre au jeu de ses yeux d'encre, et si... et si tout son être acceptait et réclamait, et si le désir naissait au creux de ses reins et si elle ne rêvait plus que de sa bouche. Sa bouche qui se rapproche. Ses yeux suivent ses lèvres autant qu'elle peut avant que ses paupières alourdies ne se ferment.
Leurs lèvres se mêlent, électriquement, sauvagement. Il a exacerbé ses sens, il la veut sauvage et c'est ce qu'elle est pour lui. Sa main libérée vient saisir sa joue.Encore et encore leurs langues s'entremêlent, s'entredévorent. Ses jambes tremblant, sa tête est saoule, vide, rien n'existe autour que le désir qui gronde en elle, qui embrase ses joues.
Son corps entier s'est détendu. Il a un mouvement de recul, elle réouvre les yeux essayant de le maintenir contre elle, de retenir ses lèvres, qu'elle mord pour ne pas les lâcher.


- encore...

Elle le susurre indiciblement dans un souffle, plongeant ses yeux dans les siens, le souffle court.

Une ombre derrière Cassandre, Elle essaie de la percevoir,Lucine. Elle arrive avec sa dague.


- Pas le moment de roucouler les tourtereaux.

Elle se laisse attraper par Lucine qui la pousse après avoir repoussé Cassandre.

-A la casa, vite...

Elle regarde furtivement Lucine, puis regarde a nouveau Cassandre tout en reculant doucement.
Assez de bêtises pour ce soir, la madre a peut être raison de la protéger contre elle même, contre ses instincts sauvages...
Elle soupire et regarde le jeune homme ténébreux. Comme elle aurait aimé exprimer sa violence autrement que dans le sang de ce maudit tavernier!
Et si ce soir était le soir de toutes les folies? Et si elle avait pas envie de retourner a la Casa? Et si elle avait envie de lui sauter dessus la tout de suite...
Elle se mord la lèvre, trop tentant pour être raisonnable... Elle sourit doucement en reculant toujours lentement...

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--Taveernier


Il git derrière son comptoir. Il ne voit que du sang. Pourquoi personne ne vient l'aider, pourquoi Cassandre n'est il pas la? ah l'ingrat. Il souffre énormément, sa chair béante continue de suinter du sang alors que la peur et la douleur le clouent a terre lancant des gémissements plaintifs.

-Ferme-la goret ou je vais être obligée de t'achever. Ils sont tous partis.

Il voit débouler la vieille bohémienne. le cauchemar n'était donc pas terminé, la voila avec sa dague. Aucun son ne sort plus de sa gorge, il ne peut que la regarder , des yeux comme une soucoupe, alors que son corps se tend sous la frayeur.

-Tu devrais pas avoir peur, c'est pas le moment de ta mort encore, à moins qu'un chêne ne pousse à travers le sol de ta taverne.

Elle lui rit au nez et il n peut rien faire que fixer cette dague luisante, tranchante.

-Au pire tu pourrais devenir eunuque ou muezzin en attendant après une petite reconversion.

Eunnuque? Son visage devint plus pale qu'un linge. qu'avait elle l'intention de lui faire? Elle s'approche sa dague en main. Il essaie de secouer son visage douloureux.

- Noo oooo nnnn ... Pas ça...

Elle ne lui prête pas attention et laisse ses mains le fouiller. Que fait elle? Il transpire d'une sue froide, priant Dieu ou le Diable , a celui qui l'sortirait du pétrin au plus vite.
Elle se rapproche de sa ceinture, Non... sa dague se rapproche... Il est terrifié, après avoir été défiguré, le voila qui allait être émasculé.
Il ferma les yeux au moment ou la vieille rapprochait sa dague de lui. Son souffle s'arrêta pour reprendre quelques secondes plus tard.
Elle ne lavait pas blessé, juste volé. Il la regarde fouiller derrière le comptoir et lui dérober sa recette. Tant qu'elle disparaissait après cela lui était bien égal.
Elle finit par s'en aller, et il lança un soupir de soulagement, tous son corps se détendant enfin.
Il tenta de se redresser. De l'aide, il avait besoin d'aide. Il tenta de se lever, s'appuyant contre les tonneaux. Tremblant il réussit a peine a se soulever, avant de tomber comme une masse tous ses membres flageolant.


- Cass... aaaaaandre...

C'est tout ce qu'il réussit a articuler avant de perdre conscience. Il pensa en sentant ses yeux se retourner que son heure était arrivée.
--Cassandre


Encore... Seuls ses mots raisonnent dans sa tête. Il se perd dans son regard la regardant reculer doucement a la suite de l'autre bohémienne.
Il n'a jamais été battant, lui courir après une nouvelle fois et risquer la colère de l'ainée il ne l'envisage pas.
De ses yeux sombres, il la regarde, il regarde s'enfuir son rêve d'une soirée, le corps qu'il aurait aimé rencontrer en de voluptueux et violents ébats, la bouche qu'il aurait continué a dévorer, les yeux dans lesquels il aurait voulu bruler de plaisir.
Il soupire, un gout de sang dans sa bouche meurtrie de l'ultime baiser volé a la gitane.
En d'autres lieux, en d'autres temps certainement...
Il la regarde inlassablement avant de reculer à son tour doucement.
S'occuper du vieux et prendre sa vie en main, voila ce qu'il lui restait à faire.

- Adieu bel oiseau ...

Derniers mots lancés. Peut etre leurs routes se croiseront elle a nouveau.
De la gitane, il garde l'image fière et ce baiser au gout de sang...
Attia.
Elle le regarde et comprend qu'il bat en retraite. Elle sourit. Mieux valait en effet ne pas braver la dague de la Madre, quoique, elle se serait donnée sans contrepartie à un homme doté d'un tel courage.
Gadje Gadjensa, Rom Romensa, les gadjé avec les gadjé, les Rrom avec les Rrom, enfin au moins pour ce soir.
En d'autres temps en d'autres lieux, peut être se reverraient ils.
Peut être reverrait elle ses yeux d'encre, peut être pourrait elle a nouveau jouer avec lui d'une dangereuse séduction, peut être pourraient il terminer l'un dans les bras de l'autre.
Elle marqua une pause, se défaisant du bras de Lucine qui la tirait.
La rue tournait. Debout a l'intersection, se retenant tant bien que mal sur ses jambes mal assurées, elle réarrangea une mèche de sa chevelure noire, regardant Cassandre s'éloigner a reculons.

La nuit les avait réunis, la nuit de tous les crimes, de tous les rires et de tous les désirs. La nuit qui n'avait pas voulu que leurs vices s'assouvissent.
Mais restait le vent, doux conseiller du peuple de Bohême, et le vent ne mentait jamais. Elle le reverrait, elle le désirait au plus profond d'elle même.
Elle serait sobre, maitresse d'elle même, et toute violence qu'elle pouvait contenir elle pourrait la lui offrir de la plus belle des manières si d'aventure l'occasion en était donnée.
Dans un ultime sourire, elle lui fit un geste de la main.

- Latcho drom...

Cette phrase soufflée dans le vent, elle se caressa les levres du bout des doigts avant reculer de quelques pas.
Elle disparut a l'angle de la rue, sur les pas de sa tante, en direction de la casa.

Cette nuit elle ne dormirait pas dans une maison lugubre et peu confortable, cette nuit elle dormirait dans le confort rassurant des vago, bercée par crépitement du feu de camp. C'est avec une certaine allégresse dans le corps et le cœur qu'elle continua de marcher dans les rues sombres de Castel de son pas titubant, riant doucement de cette soirée riche en émotions.



_________________
--Cassandre


Il lui sourit en retour et la regarde disparaitre pour de bon avant de tourner les talons.
Revenir a la taverne et s'occuper du vieux, voila ce qu'il allait faire.
Non pas qu'il en mourrait d'envie, mais même si le vieux ne l'avait jamais traité mieux qu'un bon à rien, il lui avait assuré le gite et le couvert surtout par un hiver particulièrement rigoureux.
Sur le chemin ses pensées sont toutes tournées vers la gitane. Avait il eu raison de la laisser disparaitre?
Il soupire et passe le pas de la porte de la taverne. Plus personne. Pas étonnant, les clients n'aiment pas se trouver mêlés a des querelles, en tout cas pas dans ce genre de taverne ci. Il contourne le comptoir et trouve le vieux bavant sans connaissance.
Il soupire, plus le temps de penser a des choses agréables. Il concentre son esprit sur le vieux. Il le regarde avec dédain. Tout ça pour finir comme une loque. Il se rapproche, une forte odeur d'urine lui monte au nez.


- Tss le vieux t'aurait pu t'controler...

Il évalue la situation. Le vieux est bien trop lourd a porter jusque chez le chirurgien. Fallait bien qu'il bouge. Il saisit une bouteille derrière le comptoir dont il tire le bouchon de ses dents.

- Bon... tu m'pardonne mais c'pour ton bien...

Il s'accroupit au dessus du vieux portant son bras vers la joue sanguinolente et verse doucement l'alcool.
Le vieux gigote. Il fallait bien qu'il se lève, le chirurgien n'était pas très loin fort heureusement.


- Allez vieux debout! Si tu veux avoir un visage de nouveau tu f'rais bien de te dépêcher d'aller voir le recouseur!
--Taveernier


Il se trouvait dans les vappes. Inconscient, persuadé d'etre mort. Un picotement lui fit prendre conscience qu'il n'était pas encore mort. LE picotement devient brulure et d'un coup il ouvre les paupières. Dans le flou de sa vision il arriva a distinguer les traits juvéniles de Cassandre.

- Argghhhh Saleté qu'est c'tu m'fais? Tu veux m'ach'ver c'est ça?

Sa joue le lançait et le brulait et l'avorton n'arrangeait en rien sa situation.

- Allez vieux debout! Si tu veux avoir un visage de nouveau tu f'rais bien de te dépêcher d'aller voir le recouseur!

Dur retour à la réalité. Son visage était toujours en un sale état. Il fallait faire quelque chose.
Il regarda le lascar d'un oeil mauvais lançant des râles plaintifs.


- et c'est maintenant qu'tu arrive toi? Quand j'suis a moitié mort? S'pèce d'Ingrat... Haaaaaaa... j'aurai pu aussi bien mourir que ça t'passerai au dessus!

Il souffrait toujours autant. Il s'appuya de ses bras pour se redresser. Il toisa encore le gamin. Il avait b'soin d'aide et l'éducation du gamin était déja un echec, a quoi bon s'en passer. Il lui tendit la main pour que celui ci l'aide a se remettre sur pieds.
Une fois debout il lança un grand cri plaintif, le moindre mouvement des mucles de son visage était un martyr.


- File moi la gnôle petit! Ahhhh... J'crois que j'vais en avoir b'soin quand l'ivrogne du bas d'la rue plantera son aiguille dans ma chair Ahhhhh...

Il transpirait toujours et sans ménagement partagea une partie de son poids sur l'épaule de Cassandre,la bouteille en main, prêt a se rendre chez le chirurgien.
--Cassandre


Il regarde le vieux avec dédain se saisir de la bouteille de Gnôle. Inutile de répondre, il saisit le vieux par l'épaule et ensemble ils se dirigent vers la sortie.
Dans la rue aucun mot n'est échangé. de temps a autres le vieux avale une gorgée de gnôle en gémissant. Il pue et son poids se fait sentir sur l'épaule.
Ils arrivent enfin au bas de la rue devant une porte crasseuse.
Il frappe. Un homme vient ouvrir. Avec le vieux sous le bras il s'enfonce dans la pièce.
Il en ressort quelques instant plus tard. Il allait tout de même pas tenir la main au vieux, il s'était mis tout seul dans cet état.

Il se dirige vers la taverne, déambulant dans les rues sombres, son esprit a nouveau accaparé par le souvenir de cette belle gitane.
Il arrive a la taverne et ferme les portes comme le vieux avait demandé. Il sort par derrière et remonte le vieil escalier jusqu'au petit appartement du vieux.
Plus haut au grenier, il rejoint sa paillasse, le regard perdu au delà de la mansarde.

Il ferme les yeux, essaie de dormir, il est tard, très tard. Mais elle l'obsède.
Son corps entier est pris d'une fièvre, celle du désir inassouvi. Il pense et repense a cette femme, a son rire, a ses yeux, sa bouche qu'il imagine en train d'embrasser.
Ah si la vieille n'était pas arrivée dans cette rue? Que ce serait il passé?
Certainement aurait il a nouveau attrapé ses lèvres entre les siennes, ses mains auraient saisi sa taille pour la coller a lui. Elle l'aurait encore mordu et il aurait aimé ça. Ses mains auraient ensuite recherché ses jupons qu'il aurait soulevé, doucement tout en la maintenant sous son emprise.
Elle se serait débattu mais il aurait saisi sa cuisse, il aurait parcouru sa peau de ses mains.
Il sourit perdu dans son imagination.
Elle aurait peut être griffé son cou, mordu son oreille. Il avait vu le désir naitre dans ses yeux. Peut être aurait elle déchiré sa chemise pour promener ses ongles sur son torse. Il aurait a son tour pu tirer sur ses lacets et défaire son corsage, s'emparer de sa poitrine insolente, sa bouche perdue dans son cou pour la couvrir de baisers et de suçons, et pourquoi pas la mordre également.
Elle aurait gémi de plaisir et il se serait enivré d'elle.
Ah si la vieille n'était pas arrivée dans cette rue, il aurait fait l'amour a la belle gitane, il l'aurait prise sauvagement tout contre ce mur dans cette ruelle sombre. Ils auraient tous les deux assouvi leurs pulsions se donnant mutuellement du plaisir.

Il se passe la main sur son visage, s'attardant sur ses lèvres se rappelant le gout de sang du baiser. Penser a ce qui se serait passé, et après? Après avoir sauvagement copulé qu'auraient il fait? l'aurait il encore regardé s'en aller? Disparaitre a ses yeux?
L'aurait il supporté?
Non. Il en voulait plus. Il voulait connaitre cette femme, au delà de toute considération charnelle, elle avait su le toucher, le fasciner, et surtout le faire se remettre en question.
Supporterait il de redevenir le larbin du vieux? Continuer à escroquer les honnêtes gens sans en tirer le moindre plaisir? Est ce a cela qu'il passerait sa vie ?
Ou allait il enfin prendre sa vie en main et pouvoir enfin être fier comme cette femme si remarquable?

Il soupire.Il est bien trop tendu. Comment dormir dans cet état? Il soupire et plante ses yeux dans le clair de lune.


- Je te veux bel oiseau, belle gitane...

Il ferme les yeux et c'est ses yeux qu'il revoit.
Il sent des mains sur son corps, sur sa peau, des baisers dans son cou, sur son menton. Il ouvre les yeux, est il en train de rêver?


- Oh c'est toi...

C'est la Marie. La petite bonne du vieux. Il sourit, elle venait souvent lui rendre visite a l'improviste. Il passe une main nonchalante dans sa chevelure rousse.

- Tu arrives a point petite souris...

D'un geste vif il la fait basculer et se plante au dessus d'elle. Il va pouvoir libérer la tension accumulée dans son corps. Ce n'est que la Marie, un joli petit morceau, mais qui n'a rien avoir avec la femme de ses pensées. Il la serre contre lui, il n'a qu'a faire jouer son imagination, a ce stade la, seul le plaisir comptait.
Attia.
Attia passa cette nuit la une nuit paisible. A peine arrivée au campement, sous l'effet de l'alcool et fatiguée par tant d'émotions elle s'endormit comme une masse dans l'un des vago.
Qu'il était bon de retrouver les siens, de se sentir si forte, forte de sa fierté, forte de ses racines, forte de son audace, forte de sa hargne, forte de la crainte qu'elle avait suscité chez un homme et du désir chez un autre. Le beau Cassandre... elle avait apprécié éveiller le désir de cet homme, l'avoir sous son emprise. Elle aurait peut etre perdu ce pouvoir si seule dans cette ruelle elle n'avait pas été alpaguée par sa bienveillante tante. Une gitane devait toujours être dans la position de force et se laisser aller quand elle le décidait et pas sous l'emprise de quelconque volonté autre que la sienne.

Elle l'oiseau blessé du début de la soirée avait laissé place à un bel oiseau de proie, une sulfureuse sauvageonne qu'elle prenait plaisir a être.

Elle se leva tard dans la journée du lendemain, profitant des rayons d'un beau soleil printanier. Après un brin de toilette, elle se trouva fraiche et sortit s'asseoir un peu au soleil.

Finalement cette soirée lui avait fait le plus grand bien. Elle avait de nouveau confiance en elle, elle pouvait reprendre sa vie de Bohême, libre et fière. Et si elle devait a nouveau souffrir, elle ferait de sa dague sa meilleure amie afin que l'on sache qui elle était.

Il lui fallait maintenant retrouver sa sœur. Ce fol épi qui lui manquait tant.
Elles auraient également besoin de quelqu'un pour les aider. Les garçons n'étant plus avec elles, elles ne diraient pas non a une présence masculine pour les suivre dans leurs voyages et les aider avec le vago.


- Humm ma byby, des que j'mettrai la main sur toi, on ira chercher un candidat pour égayer un peu le vago, ça manque d'une présence masculine par chez nous ...

Elle repensa a Kanvael, son frère adoptif, Dagui le moustique qui certainement ressemblerait a Cassandre aujourd'hui, Tonio le cousin poète, tous disparus... Une vraie hécatombe du coté masculin de la famille.
Elle soupira et eut un petit rire.Ou qu'ils soient ils étaient toujours présents dans son coeur.
Elle contempla le ciel. la journée était magnifique et il faisait bon.
Un saut a la rivière lui ferait le plus grand bien pensa t'elle.

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