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[RP] A chacun son Graal

Kleze
    ["Tu sens..."]

    Y a des nuits comme ça. Improbable.

    "C'est à cette heure ci que tu rentres ?"

    Soleil déjà levé. Merd'. Niveau discrétion, je suis loin d'être au top, et dire que je rêvais d'une vie d'espionnage, c'est foiré. Mais bon, il y a tellement de choses que je rêve de faire mais qui ne veulent pas de moi, c'est pas trop la déception qui va m faucher.
    Par contre Georgette, tu pourrais faire guetteuse, ou surveillante dans une université ou mère supérieure... Ouais, y en a marre que tu me gaules à chaque fois.


    "On a failli t'attendre."

    Elle tape du pieds, bras croisé, sourcil arqué. "Failli". Seulement "failli". Ca me fait un bon point.

    "Tu sens..."

    La rosée du matin ?
    Le rosée du soir ?
    La grosse biture ?
    La vieille chaussure ?
    La confiture ?
    La Luxure ?
    L'herbe à fumer niveau 2 ?
    Le dégueuli de pochtron ?
    Le polochon d'une brune ?

    Franchement Georgette, je suis revenu à l'arrache, j'ai des courbatures et même des courbatures dans les yeux tellement je suis fatigué, alors finis ta putain de phrase et tue moi avec ton sermon.


    "Tu sens..."

    ... Cruauté envers les animaux, tu vas finir en prison...

    "T'étais en taverne ?"

    Toutafé.

    Ouais. Mentir, c'est pas bien. Ne pas répondre, impoli.

    "T'étais pas tout seul et t'as trop bu ?"

    J'bois jamais quand j'suis tout seul...

    Et vu ma gueule, tu te doutes bien qu'y avait une plâtrée de monde.

    "T'es pas reparti seul."

    Et bam. C'est ça l'intuition féminine ?
    Ou alors les esprits féminins se rejoignent tous entre eux quelque part. Des connexions mystiques qui balancent tout sur les hommes innocents. Ouais messieurs, nous sommes des victimes.
    Techniquement parlant, je ne suis pas reparti avec une donzelle. Il y avait un autre type aussi. Il nous a suivit un peu en criant...


    Toi... Toi... J't'aime pâ... Et toi... Tu sais pourquoi...

    Mais il était tellement plein que... Il me semble qu'il s'est cogné à un coin de rue avant de tomber comme une crotte. Du coup j'ai été livré à la Kleznappeuse. Sans personne pour m'aider, me délivrer... Livré à moi même, livré aux griffes acérées... Ouais bon, je l'ai suivi sans me faire prier et je lui ai même ouvert sa porte. Une histoire de galanterie...

    "Tu sens..."

    Bah ouais... En même temps le soleil est déjà levé, on a pas vraiment fait de pause. J'ai mal partout. D'ailleurs quand j'ai été pissé, c'est parti en fontaine, pire qu'à Versailles.
    Et j'irais me confesser... ou pas... Faudrait aux moins deux jours, enfin je crois. En plus je ne me souviens plus de son nom. Ah, en fait... Si. Faut que je le note avec l'adresse qui va avec... Après tout hein.

    Et tu m'en veux pas ? J'vais me caler dans la charrette. Comme une merde, voilà. Et dormir. Parce que faire des conneries c'est bien, mais je n'ai plus vingt ans.

Kleze
    ["Tu dors ?"]

    Tacaclop, tacaclop. Le son des sabots du canasson.
    Schtouk, ..., schtouk. Ma tête qui rebondit parfois sur la chariote.
    Cuicui, cuicui... Ce ne sont pas les saucisses, pourtant j'ai la dalle. Juste ces saloperies d'oiseaux qui chantent leur bonheur. Et le respect du sommeil ? Hein ?
    Psst, Psst... Putain, un serpent... Ah... Cinq doigts sur mon bras ? Pourquoi tu me secoues ? La donzelle de la nuit dernière m'a assez secoué comme ça, et le respect du sommeil ? Tu t'prends pour un oiseau ?


    "Psst... Psst... Tu dors ? On peut parler ?"

    Georgette.
    Tu ne m'entends pas ronfler ou geindre alors que je décuve ma soirée en repensant à la souplesse de l'autochtone du coin ?
    Tu ne vois pas mon front cogner contre le rebord de la charrette ? D'ailleurs, pourquoi t'y as pas calé un p'tit coussin, hein ?
    Alors oui, je dors, ou tout du moins je fais semblant en espérant que tu n'insistes pas.
    Mais c'est typiquement féminin. Le "Tu dors" jusqu'à temps qu'on finisse par répondre.


    Ouais...

    "Bah non, sinon tu pourrais pas répondre."

    Ouais Georgette. Logique imparable. En même temps, peu importe la réponse, hein...

    ...

    "Tu peux juste écouter, ça ira."

    Alors ça, si y'a certains trucs que j'arrive à faire en dormant. Ça en fait parti.
    Écouter. Respirer.
    Me retourner. Balancer un bras.
    Sortir un pied des couvertures parce que j'ai trop chaud.
    Parfois j'me gratte même les fesses. Mais bon... Ça c'est intime... N'allez pas le répéter.

    Soubresaut de paupière. Changement de côté. Bras qui se balance - ouais, c'est dans la liste -. Main qui se pose au hasard sur la nonnette qui se la joue "cocorico". Bouche pâteuse. Y'a pas d'eau sur ce rafiot ?


    J't'écoute.

    "J't'écoute". Note pour plus tard : phrase dangereuse dans les oreilles d'une femme.

    "Je suis fatiguée de voyager."

    Warning, warning. J'en ouvre presque l'oeil. Et avec les deux grammes qu'il me reste, j'te jure que c'est un sacré effort.

    "Qu'est ce que tu fuis ? Qu'est ce que tu cherches ?"

    Noooonnn ! Pourquoi maintenant ? Alors que...
    J'ai la cervelle dans un vieux pudding gluant.
    Je suis passé dans le monde de "l'abstrait" en testant des trucs étranges. Je comprends mieux les artistes maintenant.
    Je ne rêve que de Morphée - en tout amitié, bien sûr-.


    "Pourquoi tu ne t'attaches à rien ? Pourquoi tu t'engages nulle part ? On va où ? On fait quoi ?"

    Bim, bam, boum. Enchainement en règle. Franchement sur le champ de bataille à Varennes, c'était moins douloureux.
    Franchement Georgette, si je savais, tu crois sincèrement qu'on serait ici ? Dans cette charrette direction nulle part ?


    Un jour viendra...

    Un jour d'évidence.
    Un jour de providence.
    Un jour d'innocence.


    Parce qu'on le mérite.

    L'espoir fait vivre. Il parait.

Kleze
    [En rimes.]

    J'aurais préféré rêver de la plus belle des façons de disséquer un écureuil. Saloperies de rangers du risque.
    J'aurais préféré rêver du concours du "rebond de taupe". Une sombre histoire avec une bestiole aveugle qui rencontre une pelle... et ensuite on mesure la distance.
    Mais non.

    C'est peut être la main de Georgette dans mes cheveux alors que je reprends rencart avec Morphée dans la charrette. Elle a toujours eu cette tendresse un peu maternelle. Maternelle, c'est le mot. Comme une mère qui absout les conneries de son fils.
    C'est sûrement cette histoire d'opiacée de la veille qui remonte à mes neurones trop fatigués.

    J'ai rêvé d'abstrait, rebondissant sur les questions que la nonnette m'avait posé.
    J'ai rêvé d'abstrait. Et pire encore, j'ai rêvé en rimes. La loose hein ?
    Et j'ai peut être répondu en parti aux interrogations.

    ------------------------------

    On se trouvera
    Dans la brise de l'été
    Nouant nos doigts
    Quand on perd toute volonté

    Et on marchera
    Près des rivières
    Et on rêvera
    Sous une arche de lierre

    Et on laissera
    Le piquant de la vie
    Entre nos bras
    La passion, les envies

    C'est toi, c'est moi
    Simple bonheur
    Qu'on brûlera
    Avec douceur

    Et on s'envolera
    Comme un laché de colombes
    Et on se suivra
    Jusque dans la tombe

    Tu es là
    Quelque part
    Tu es là
    Le brouillard
    Tu seras
    Tôt ou tard.

    ------------------------------

    Ouais. Faut que j'arrête les opiacés.


Kleze
    [Insomnie.]

    Deux mois, presque.

    Ca fait bien deux mois que j'ai le bide en vrac. Ca a commencé à Varennes, pendant ma convalescence. Faut dire que les médecins faisaient un peu tout à l'arrache.
    Faut dire que parfois, quand on lâche un gaz, ça fouette. J'ai commencé à m'inquiéter au bout de dix jours. L'proverbe dit qu'on ne sent pas sa propre odeur, mais c'est faux en fait. Quand on lourde et que ça put la mort, ben ça put la mort, j'en ai même perdu mes poils de nez je crois, genre combustion spontanée. Ils ont du préférer se suicider que de continuer à filtrer. Faut dire que même la mort à côté elle sent la lavande. Ou le paprika. J'aime bien le paprika. J'aime bien l'ail aussi mais bon... la métaphore tombe à l'eau avec.

    Deux mois.
    Le premier mois ça allait. On cherche des avantages, comme vider une file d'attente en trente secondes, faire fuir un commerçant avant d'payer et même faire fuir des brigands.
    Puis après ça s'gâte. Un peu.
    Pour moi, niveau anatomie, y'a la bouche, le bide, le foie et le fion. Alors le médecin qui parle d'intestin truc. J'ai une gueule d'érudit ?
    Moi j'avais - j'ai toujours - mal au bide. Parfois, ça lançait dans le dos, les reins, la cuisse, l'fion... Genre...


      [C'est moi, ta douleur, tu ne peux plus bouger ? Tu fais pas le malin ? Trou du cul.]


    C'est ce qui m'a décidé à laisser faire le toubib. A partir du moment où on personnifie un truc, c'est qu'y a un truc qui cloche. Et on peut dire ça de tout.

    Le truc avec les médecins. Quand ils ne savent pas trop ce qu'il ne va pas chez vous, vous vous transformez en cobaye. Ils essaient un peu tout ce qu'ils connaissent. Et puis après ils essaient des trucs à la con parce que dans l'hypothèse où ça pourrait p'tête guérir... Faut essayer quoi et tant pis pour les dommages collatéraux.

    J'ai eu droit à ma saignée. Enfin mes saignées.


      [T'as eu mal ?]


    Ta gueule.
    C'est un truc à la con les saignées. Déjà on douille. Ensuite faut supporter la vue d'son sang qui s'fait la malle. D'ailleurs y'avait un boucher qui faisait du boudin juste à côté. Enfin, tu ressors d'un "saignage" un brin fatigué, limite... exténué. C'est le mot qu'sortait Georgette à l'époque. Et c'était pas loin de la vérité. Il vendait beaucoup de boudin le mec à côté quand même. Le pire, c'est que j'en ai mangé.


      [Cannibale.]


    C'était bon.
    Après j'ai eu droit à une femme médecin. Faut croire que les femmes sont un poil plus logique que les hommes - ouais, moi aussi, ça m'a surpris - mais je n'ai plus eu de saignées. J'ai quand même continué à manger du boudin.
    Et là au début j'ai eu droit à des herbes tout c'qui a de plus normal. Les trucs qu'on trouve dans les jardins. Presque inoffensif sauf qu'à la fin j'me sentais plus comme un bouquet garni pour un pot au feu qu'autre chose.
    Évidemment le thym et le laurier n'ont pas fait effet.
    Et puis il y a eu les opiacés. Les champignons. Les baies étranges.
    J'ai ouvert des portes. Beaucoup.
    J'ai vu des choses. Etranges.
    J'ai entendu des trucs. Flippants.


      [T'as aimé.]


    Ouais.
    Sur le coup, à part parfois me prendre pour un mouton ou un oiseau. Voir des bêtes ou me croire nu dans un champ d'orties. J'en oubliais la douleur.


      [T'aimes toujours.]


    Grave.
    Depuis on est parti. Sur la route. Ça fait maintenant un petit mois que mon bas ventre me rappelle le bonheur que pouvait ressentir les victimes d'un feu grégeois. Ça pique. Ça brûle. Ça lance.


      [Je suis là.]


    Elle se fout de ma gueule aussi. Oui. Elle. Parce que j'ai abandonné l'idée de faire sans elle. J'ai fini par l'accepter, l'embrasser, l'accueillir. Et je la personnifie. Puisqu'elle me parle.


      [Tout le temps.]


    Et entre le brasier qui me consume et les hypnotiques, je n'en dors plus.


Kleze
    [Tu m'as trouvé.]

    Le Graal.

    Il parait que le Très Haut a un projet pour chacun de nous. Moi je pense qu'on arrive là un peu à l'arrache. Pas comme une page blanche. Non. Au commencement il n'y a rien. Rien qui ne pousse à devenir duc, curé ou putain. Rien qui ne pousse à telle chose plutôt qu'une autre. Il n'y a rien. pas même de cuillère. La cuillère n'existe pas, comme nous apprendra plus tard un certain Néo.

      [Je suis là.]


    Tu es là.
    J'en ai fait du chemin.
    De ma vie pépère en Mayenne. Mon bal masqué, ohé ohé. Mon coup de folie pour une plumée. Mon voyage en bateau. Mon vent périgourdin. Mes rencontres à la con. Mon demi tour devant le Berry. Mon escapade jusqu'à Arles. Mon engagement spontané. Mes conneries militaires. Mes trois morts. Mon histoire de bide. Ma folie charnelle. Mon départ pour j'sais pas où.

      [Je suis là.]


    Tu es là.
    Le médecin. L'herboriste. Le curé. L'exorciste - j'en ai encore mal au cou -. Le kiné - j'en ai encore mal au cul-. Le champignoniste. L'opiumiste. L'alcooliste - ah non, ça c'est au bar -. La nonniste...
    Et Georgette qui s'inquiéte.

      [Je suis là.]


    Tu es là.
    J'ai suivi un truc. Un rêve. Un songe.
    Je pensais à la plumée. A une vie à plusieurs. A des sourires. Des rires. Des p'tites morts. Une grande mort. La faucheuse t'es où bordel ?!

      [Elle ne viendra pas.]


    Tu es là.
    Georgette m'a demandé si tu étais comme un serpent. Non. Maintenant tu es mon tout. Ma douleur constante. On raconte qu'on s'habitue. C'est faux. Tu es là. Toujours. Parfois même tu fais sentir ta présence plus que d'habitude. Tu te répands. Tu te prélasses dans mon corps. Tu me fais sentir vivant. Je suis vivant.
    Tu n'es pas un serpent. Non.

      [Tu m'as trouvé.]


    Tu es là.
    Tu es bien plus.
    Je pensais trouver tout sauf toi. Je t'ai trouvé. Tu m'as trouvé. Une sorte d'évidence. Une pique de la vie. Une pique de la mort. Une rencontre inéluctable. L'évidence. Voilà.
    Tu es loin d'être un serpent. Ton venin, je l'accepte. Je l'embrasse. Je te laisse m'envahir comme on se laisse charmer par un sourire ou un joli regard. Je te laisse m'envahir comme le fait le printemps sur l'hiver; un conquérant sanguinaire sur un peuple pacifiste; une catin devant un noble qui veut jouer le bélier...
    Je te laisse.
    Je t'accepte.
    Je t'ai attendu toute une vie. Fais moi mal que je reprenne des psychotropes. Vas y. Prends moi tout entier que je te fasse taire en même temps que je m'oublie dans des rêves à la con.

      [Tu m'as trouvé.]


    Tu es là.
    J'ai cherché. J'ai trouvé.
    Je t'ai trouvé.
    Et maintenant, assume.
    Emporte moi.

      [Je suis ton Graal.]


    Tu es là.




Kleze ayant trouvé son Graal, le topic ne sera plus alimenté. Merci aux lecteurs !
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