Tout va bien. Tout va bien.
Y'a rien qui va mal. Rien qui va mal. Rien. Rien...
En fait si.
Tourette, la chemise verte, elle a presque réussit à l'oublier. Et c'est déjà une grande, très grande victoire. Une aussi grande victoire que quand elle avait réussi à surmonter le vert de l'herbe pour faire caca dans une prairie. Et tout ça, en ne criant qu'une fois. Un cri d'au moins 2 minutes, mais il n'y en avait eu qu'un. Bon, on est encore loin d'une défection sur la chemise en face, mais qui sait, l'idée doit surement faire son chemin.
Mais Tourette, elle commence petit à petit à perdre le fil. Pas le fil d'Ariane, c'est trop poétique. Ni son petit fil de bave, autant avoir l'air bête jusqu'au bout. Ni le fil rouge, remarque, elle aime bien le rouge. Non. Elle perd le fil de sa présence ici. Elle cherche Ombeline du regard. Ses yeux un brin loucheurs implorent à l'aide; faut dire que le Marin, en touchant la main de la dingue, il a ouvert une porte. Et dans la tête de Tourette, 9 fois sur 10, derrière la porte, y a des bêtes étranges ou pire. Ouais. Pire.
Ses épaules tremblotent un peu et son regard fixe finalement avec horreur cette paluche sur la sienne.
C'est qu'elle est pleine de bonne volonté, ouais, pleine. Comme une catin au matin. Son nez se retrousse, ses lèvres partent à bâbord toute comme une manuvre de la dernière chance pour éviter un naufrage.
Elle y arrive presque. Mais le Marin qui sourit. Les petites dents de lapin. Là, ç'en est trop. Elle sert sa choppe. Fort, et plus fort encore alors qu'il parle. Elle ne comprend rien de ce qu'il dit, obnubilée par les dents d'en face. Elle rate même le pet qui aurait pu la détourner du bordel cérébral.
Et puis, paf. Forcément, en parlant de pet, la Tourette finit par lâcher. Elle explose comme le vieux pet d'une vieille, constipée, qui a forcé sur les haricots blancs pour pouvoir se soulager. Limite coulant quoi. Avec des bulles. Ouais. Les bulles, c'est bien.
Lapppp... Hinnnnnnn !
Le mot est lâché. Elle écrase sa choppe sur la main du Marin. Un peu violemment. Parce que bon. Touchée par un lapin. C'est inconcevable. Et si sa réaction, on ne sait jamais, passe inaperçue; la Tourette fait en sorte qu'on s'en souvienne. Se redressant légèrement, elle tape un peu au hasard sur la table, essayant de finir d'écrabouiller la paluche qui s'échappe.
Laaapppp... Hinnnn !
Lapppp... Hiiiinnnn !
Niveau discrétion. Y'a mieux. Mais on ne se refait pas, hein ?
Et puis le calme. L'oeil du cyclone comme on dit. Elle lâche la choppe et porte sa main à la bouche. Faut dire que quand Tourette se rend compte de ce qu'elle a fait après une crise, elle n'est jamais fière; surtout que là, elle est entourée de sa meilleure amie et de son bellâtre. Faire comme s'il ne s'est rien passé ? Aller, elle tente.
Hum... Euh... Pard... Hé-honnnnnn !
J'ai Héééééé mal saisi. Haaaa !
Elle fait même un petit sourire. Angélique. Genre "vous avez remarqué quelque chose ? Moi, non".