Nola
Nola marchait aux côtés d'Amalio.
En repensant aux évènements de ce matin, elle souriait intérieurement. Voilà un bon bout de temps qu'elle tournait en rond, cherchant quel but elle pouvait se trouver dans l'existence.
Et voilà qu'aujourd'hui, elle tombait sur ce voyageur italien venu lui faire une proposition assez opportune.
La blonde était cependant hantée de pleins de sentiments contradictoires. L'idée de l'accompagner lui et ses compagnons était assez intéressante, mais tout de suite moins tentante lorsque l'on savait quelles étaient leurs activités.
Cependant la jeune femme c'était rendue à l'évidence que nul n'était parfait, et qu'il était tellement plus intelligent de se trouver de leur côtés que de les avoir en face de soi. Puis après tout, prodiguer des soins n'a jamais été un délit?
C'est ainsi que Nola suivi Amalio vers leur campement.
Un mélange d'apréhension, et en même temps de curiosité, abritait le coeur de la demoiselle, qui écouta avec beaucoup d'intérêt tout ce qu'elle pouvait en apprendre de plus sur leur vie si marginale.
Citation:- Regarde, le campement est là-bas, sous les pins, derrière la colline qui nous cache de la ville. Ça nous permet d'être tranquilles. Viens, nous y serons dans quelques minutes. Repère bien le chemin : là, t'as la ruine de la bergerie, sur le côté, et ensuite, tu vois le puits. De là, t'as plus qu'à viser les grands pins qui dépassent, et aller dessous. J't'apprendrai à siffler pour t'faire repérer avant qu'on te tombe dessus.
Elle sourit et répondit : "-Je ne me serais jamais doutée qu'il y avait un campement par ici, et pourtant j'ai pris ce chemin à gauche pour arriver à Castelnaudary.."
Au fur et à mesure de leur approche, l'idée même de la vie qui l'attendait maintenant n'était pas pour lui déplaire.
Elle aperçut la jeune Lilith qu'elle avait rencontré le matin même, et lui adressa un signe de la main, avant de continuer son chemin avec Amalio.
Les rappels à l'ordre de celui-ci assurèrent Nola de son autorité, et de la place qui devait être la sienne au niveau du groupe, il était assurément très respecté, et son autorité devait avoir force de loi. Excepté pour la jeune Lilith semblait-il !
En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, celle-ci plongea tête la première dans le puit, dans un geste qu'on eu peu croire au ralenti.
Nola regarda la scène, effarée, la bouche en un grand O amusant.
C'est alors qu'ils se mirent tout deux à dévaler la légère pente, pour arriver devant le puit où la pauvre fillette était tombée...
Nola
Nola tournait en rond autours du puit dans l'espoir de mieux y voir ce qu'il s'y passait.
Dans le fond on ne distinguait que légèrement la fillette, et la blonde suivit la progression d'Amalio jusqu'au fond du puit.
Le bruit de craquements secs que faisait la corde en s'érodant sur le rebord en pierre du puit lui donnait le frisson.
Que feraient-ils si elle lâchait et que le cousin de la fillette se retrouvait piégé également.
Elle pensa à la jeune Lilith. Elle ne l'avait plus entendue après sa chute. La petite était peut-être muette dû à son état de choc,mais Nola craignait le pire et ne su garder son calme. Elle décida de se tenir prête au bord du puit, pour réagir au moment ôù l'on aurait besoin d'elle.
Elle tendait l'oreille, attendant les premières informations que pourrait donner Amalio sur l'état de la fillette.
Amalio
Il avait rapidement atteint le fond du puits après être descendu le long de la grosse corde en s'appuyant des pieds et du dos sur les pierres rugueuses. Lili gisait dans une mare boueuse et sombre où l'on distinguait graviers et petites pièces brillantes ; elle était à moitié inconsciente et son bras faisait un angle improbable. Les bottes d'Amalio émirent un désagréable bruit de succion vaseuse en s'enfonçant dans la boue presque jusqu'aux chevilles.
Lili ? Je suis là.
Il s'accroupit devant l'enfant prostrée et lui souleva le menton avec toute la délicatesse dont il était capable. Amalio était un homme calme, flegmatique, qu'il était difficile de réellement inquiéter mais s'il abhorrait bien une chose au monde... c'était de trouver un des jeunes Corleone gravement blessé. Lili battit vaguement des paupières lorsqu'il dirigea son visage vers la lumière.
Citation:- Ama'... J'ai froid...
Pas une très bonne nouvelle, vu l'honorable douceur qui régnait au fond du puits aux pierres chauffées par le soleil. Les mains du médecin se déplacèrent avec précaution sur le bras qui déjà avait enflé... Lili gémissait. Le membre était probablement déboîté ou cassé par la chute mais la pénombre de l'endroit ne permettait pas de détailler davantage. De toute façon il ne fallait pas rester dans cette atmosphère vaseuse et puante : le fond d'un puits, même à moitié asséché, n'était guère un endroit pour soigner un bras cassé. Il retira sa veste et en entoura la fillette, plus pour l'empêcher de voir son bras que pour lui tenir chaud.
Ceci fait, il regarda la corde qui pendait le long de la paroi... Voilà qui allait être une autre paire de manches. Remonter tout seul, pas un problème. Remonter avec un poids plume sous le bras ou accroché aux épaules, pourquoi pas. Mais remonter une gamine blessée qu'il devait empêcher de bouger, voilà qui allait être plus compliqué ! Le puits n'avait qu'un peu moins de quatre mètres de profondeurs. Si la paroi n'avait mesuré que dans les deux mètres, il aurait pu soulever Lili à bout de bras pour la passer à Arthor, mais là ça n'était pas possible. Il ne restait qu'une seule solution, pas très agréable pour lui... et pas des meilleures pour une fillette au bras cassé. Il ne pouvait pas construire une nacelle en bois pour la soulever à plat, cela prendrait mille fois trop de temps.
Heureusement, Lili, dicte "la minusculissime", était petite et frêle, donc légère et peu encombrant dans les bras d'un homme aussi grand qu'Amalio. Il la souleva et la prit dans ses bras puis s'arrangea pour la faire reposer uniquement sur son bras gauche, en partie appuyée sur sa hanche, comme les matrones tenaient leurs marmots. Sa main libre récupéra la corde qui pendait. De quelques mouvements du poignet, il se l'enroula autour de l'avant-bras sur trois ou quatre tours, se colla dos à la paroi, et cria à Arthor de les sortir.
Et il savait que ce passage serait plutôt douloureux pour lui. Quand la corde se tendit et que tout son poids sur trouva supporté par son seul avant-bras, il grimaça et son épaule racla contre les pierres. La remontée lui parut d'une longueur indécente. Le poids de Lili à son bras, même léger, se faisait sentir. Sa propre main, volontairement coincée dans les tours de la corde, était rouge et enflée, mais il savait que ça disparaîtrait vite.
Citation:- Pardon, Ama'... J'ai cru qu'y'avait Pandou...
Foutu chat. Amalio ne répondit rien. Ils étaient presque arrivés à la margelle du puits.
Arthor, stop !
Dépliant ses grandes jambes, l'italien appuya le dos contre la paroi et prit appui des pieds sur celle d'en face. Sa tête était presque à hauteur de la margelle. Deux ombres se détachaient sur fond de ciel, penchées au-dessus d'eux.
Nola, prends la petite. Attention à son bras. Arthor, fais-moi sortir.
Plus question de tirer sur le bras pour le moment. Il sentait sa main droite et son poignet enfler et palpiter sous la tension de la corde ajoutée à leur poids, or il avait besoin de ses mains pour soigner. _________________
Nola
Nola observait la lente ascenssion d'Amalio et de la jeune Lilith avec angoisse. Elle trouvait l'idée assez mauvaise, mais après tout, il n'y en avait pas de meilleure pour sortir la petite le plus rapidement possible.
Elle ne s'y connaissait pas encore en médecine, mais elle savait bien que plus Lilith resterait au fond du puit, plus elle serait en danger.
Le bras d'Amalio apparut doucement à la sur le flanc du puit, rougit par l'effort, les muscles de son avant bras gonflés, les veines doublées de volume. Mais dans les yeux d'Amalio, cette concentration et cette détermination froide, presque effrayante.
Elle approchait déjà ses bras frêles lorsqu'il lui demanda de prendre la petite, ce qu'elle fit avec la plus de douceur possible.
Lilith était encore assez légère, mais cependant Nola n'était pas bien forte, et dû courbé le dos jusqu'au moment où elle put déposer la fillette sur une surface plate et plus sèche que le fond du puit.
Le visage de la fillette se congestionnait à chacun de ses mouvements. Nola reconnaissait dans les yeux de Lilith la même fierté et le même courage qu'elle avait perçu dans les yeux d'Amalio. Ce courage qui empêchait les larmes de couler le long de ses joues roses, qui l'empêchait de réagir comme n'importe quel enfant de son âge. Et pour la première fois, Nola prit conscience de l'existence si particulière de ses nouveaux compagnons.
"-Ca va aller... Murmura-t-elle en caressant doucement les cheveux de la jeune fille. On va s'occuper de toi."
Elle sortit une petite flasque de sa besaçe, et l'approcha aux lèvres de la demoiselle...
Nola
Nola avait réagit instinctivement, sans penser un seul instant que ses gestes pouvaient paraître suspect. Mais lorsqu'elle surprit le regard dudit Arthor, et qu'elle le vit se pencher sur Amalio en parlant à voix basse, elle comprit.
Elle rougit de colère. Qu'on pu la souspçonner, elle, d'attenter à la vie d'une enfant, c'était un comble ! Elle voulut se lever pour aller leur dire ce qu'elle en pensait, lorsqu'elle remarqua que même Lilith était méfiante.
"- Non.
- J'veux savoir cexé.
Et pis, qui t'es."
Nola observa la fillette...
Que pouvait-il se passer dans la tête de celle-ci? A un âge aussi tendre, sa seule préoccupation ne devait pas être d'éviter ses prochaines tentatives d'assassinat, mais plutôt de galoper dans les rues entourée d'une bande de mômes, confiante et insouciante.
La blonde tourna les yeux vers Amalio. Savait-il tout ce que sa jeune cousine perdait à les suivre au fil des chemins?
Nola regarda à nouveau la petite Lilith, et sa colère se transforma en une sorte de compassion, mêlée d'affection.
"-C'est de l'eau de vie, lui répondit-elle. Ce n'est pas très bon, mais tu auras beaucoup moins mal après en avoir bu."
Alors elle porta la flasque à ses lèvres, et en but une gorgée avant de faire une grimaçe très exagérée de dégoût.