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[RP Ouvert] Les épousailles Corleone !

Fanchon...


[Assise à l’écart de la foule aux côtés de l’Ombre]

Pour un bel effet, c’était un bel effet. On eût dit qu’un masque de métal avait coulé sur la figure pâlichonne, ou juste sous la peau, pour contenir dans les étroites limites du crâne une soudaine tempête. Étroites – n’entendez-là qu’une observation de volume ; la posture était trop ferme, les prunelles trop perçantes pour que Fanchon sous-estime sa vis-à-vis. En récompense peut-être, en paiement du spectacle, ou par réflexe, mais probablement pas par compassion pour le trouble de la noiraude, elle accorda le verre revendiqué.

- Et tous consentent à cet acte..?

D’un vaste geste du bras, la Défraichie désigna la faune ameutée. Ne parlait-elle pas d’elle-même ? Avoir ramené sa viande – sans chercher à casser quelques têtes, pas même celles des promises – c’était déjà accepter, pour ou moins fort, pour des raisons variées, éventuellement à contrecœur, qu’importe ? Qui la boucle, consent. S’il se trouvait des clameurs de haro, ils ne s’étaient pas encore montrés.

- Qui sont toutes ces personnes ? De la famille ? Des amis ?

Il avait quelque chose de sauvage, le petit merle. Un côté agressif, charognard, une faim – des autres, peut-être, ou de quelque chose de plus substantiel – qui fit triller le rictus écarlate aux lèvres de la rouquine.

- Des amis… répéta-t-elle dans un rire. Sans commentaire. Si tu veux l’dire comme ça. De la famille, des amis, et bien d’autres encore. On r’foule pas à l’entrée, par ici – suffit d’avoir le cran d’se ramener. Et d’pas être trop mal avec la famiglia, bien sûr. Quoique si un trouble-fête se pointait, y’aurait de quoi l’accueillir…

Coup d’œil au pilori. C’est qu’ils étaient tout à fait foutus de l’utiliser pour autre chose que de martyriser leurs rejetons. F’saient pas dans la dentelle, les Corleone. A aucun sujet.

- Pour le reste... reprit Fanchon avec un haussement d’épaules.

C'est qu'elle n’avait pas été tavernière de la
Sans nom pour rien. En sus de la profession d’irréligion, il y avait là une certaine disposition naturelle à foutre la paix aux choses et aux êtres, et à se mêler de ses miches. La même réserve qui la portait à ne pas bavasser sur son propre compte, notez. Et probablement : qui l’avait amenée jusqu’à un âge suffisamment avancé pour se défraîchir. L’expliquerait-elle à la môme ? Probablement pas. Pas sentencieuse. Enchaînerait-elle, alors, grâce à une pirouette de son cru, sur un sujet plus enthousiasmant ? Mais avant qu’elle en eût l’occasion, un tapage sourd et rythmé dompta le brouhaha ambiant.

Vlam vlam vlam, en somme.

Et la ratiboisée, sur sa barrique perchée, leur tint à peu près ce langage… Enfin, on va pas vous le refaire. Côté rouquin, marrade silencieuse. Une reprise de justice enceinte jusqu’aux dents en guise d’officiante, c’était un peu la cerise sur le gâteau.

Qu'il soit seulement dit que la chute du laïus lui rappela soudain le merle, qu'elle avait presque oublié ; alors elle lui fila un petit coup de coude taquin, histoire de l'engager à ouvrir ses esgourdes. Réponse en direct à une question qui n'en était pas complètement une – elle est pas belle, la vie ?
Enjoy
    La plaidoirie peu convaincante du chiard fut suivie par des braillements incongrus. Cet animal est à faire enfermer et il est impératif de jeter la clé. Ou mieux la faire fondre afin de ne plus jamais voir réapparaître l'engeance du Sans Nom. Pourtant le père de la Malediction Ambulante ne semble pas être une bête féroce. Il est plutôt instruit, calme, assez agréable. La Matriarche peut être son opposé. Un courroux terrible jaillit de ses veines comme le sang gicle d'une gorge tranchée. Le fléau de la blonde est incomparable lorsqu'on vient à souiller l'intégrité des siens. La preuve la plus parlante fut celle de sa réponse à l'innommable Della. La cire chausse de la feue Béatrice. Première Reyne de France post-règne de Lévan. Un lien sanglant noue les deux familles désormais opposées. Ennemi véritable. L'or et le carmin. Deux clans s'opposent et il n'en restera qu'un. Les Corleone représentent une espèce vivace. Même à l'orée du trépas, ils empoignent d'une main ferme les joyaux de la Faucheuse jusqu'à la faire plier. Mais ne savent-ils encore pas que la Mort, encapuchonnée sous sa pèlerine obscure n'est rien d'autre que l'âme de la Belladone ? Avec pour alliée une ange déchue comment la famiglia pourrait-elle céder et disparaître ? Jusqu'au dernier souffle, ils se battront. Jusqu'à l'ultime soupir, les badauds trembleront. Telle est la vision des membres les plus fiers. Voici ce qui doit normalement animer une recrue lors du rite de passage. Ne jamais faillir, ne jamais rompre, ne jamais poser un genoux à terre. Mais parfois...on aimerait bien tout laisser tomber.

    Une voix l'interpelle et la sort de ses pensées mutilées. N'ayant qu'une timide réaction à offrir à cet hôte, nouvellement connu à Sémur. Lors des échauffourées Bourguignons, elle lui cède un léger sourire tout en observant au loin la venue de deux têtes plus ou moins familières. Jusoor et son compagnon. Leur première rencontre ne fut pas des meilleures puisque la mustélide jugea utile de débattre de la stratégie militaire alors qu'en réalité, ce n'est vraiment pas son rayon. Faut dire que quelques événements avaient fait germer pas mal de doutes. Notamment une armée folle qui attaqua leurs renforts. Et le bal des entrées et sorties de la compagnie d'Artus. C'était bizarre. Comme toutes les guerres. De l'attente, de la marche, pour, au final, pas grand chose. Ainsi donc ils étaient venus pour on ne sait quelle raison. Sans doute devait-elle être plus que justifiée pour qu'une Princesse pointe le bout de ses petons à la cour des miracles. Mais la mustélide n'accorde pas encore de son temps à cette venue étrange pour préférer la présence d'Etienne. Qui débute fort en la charriant sur sa « beauté » Sémuroise. Faut dire qu'elle en a gardé les séquelles pendant un bon moment. La mustélide faisait tellement peine à voir que Tynop lui céda à bas prix son bouclier. Malgré ça, elle gardait toujours son éternelle fierté, de l'arrogance même. Pourtant se faire faucher dès la première escarmouche n'a rien de bien glorieux. Elle détaille donc son loisir d'un instant en ne laissant transparaître qu'un froncement du museau à la suite de ses propos. Education trop douce. Tendue. Œil au beurre noir. Elle n'en dit rien et se contente de le suivre jusqu'aux boissons convoitées.


    Oui, Mende. Tu es bien renseigné mon Etienne...

    Suspicieuse, son regard appuyé sonde son vis-à-vis. Elle se saisit d'une chope abandonnée et écluse doucement. Loin d'être une habituée des liquides alcoolisés, elle émet une légère grimace. Puis ne voulant pas laisser sur le carreau la curiosité naissante.

    C'était pour rendre hommage à Sadnezz Corleone, notre tante. A l'époque lorsque Elwenn et Laell étaient toutes jeunes, la ville fut prise pour cible. Seulement des informations ont dû filtrées et les coffres furent vidés ne laissant que deux haches. C'est peut être de là que vient la passion de ma brune pour cette arme...

    Elle se tourne vers le reste de l'assemblée à la recherche de son autre. Visiblement happée par la foule. Les inséparables ne respirent plus le même oxygène. Chose anormale.
    De nouveau vers le curieux.


    Le butin des Mendiants fut plus intéressant cette fois-ci. Il nous a permis d'acheter tout le nécessaire pour ce mariage.

    Ses lippes s'étirent doucement à cette évocation puis une furie la percute directement dans le plexus. Ses iris s'assombrissent, ses sourcils démontrent sa colère. Mais encore une fois, elle ne dit rien. Ce n'est pas n'importe qui en face. L'ex-Rasée est une survivante de la Belladone alors la mustélide lui accorde tout son respect même si l'oubli ne fait pas parti de son vocabulaire. Et sa rancune est tenace. Désireuse d'aller à la rencontre du couple princier, son attention est désormais accaparée par ce qui va suivre. Voici venu le temps du sermon. Son Italienne la rejoint de gré ou de force. Et lorsqu'elle débute son discours sur les méfaits du couple, la Macdouggal-Corleone énonce tout bas mais suffisamment fort pour que la concernée puisse entendre.

    Je vais lui offrir mon épée à son mouflet. Directement dans le bide, une belle boutonnière. On fera une triplette. Mariage, accouchement et enterrement le même jour, cela sera de toute beauté.

    Comme pour parachever son propos, un sourire empli d'hypocrisie est adressé à Mira. Amusante, ingrate et respectée Mira.
    Du moins, cela dépend des fois...

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Arthor
L’une était écossaise, et l’autre de … euh … Arthor n’en savait trop rien. D’ailleurs il ne savait pas trop où se situait l’Ecosse d’ailleurs. Sûrement loin d’ici probablement. Toujours essayant d’être poli, de se contenir pour ne pas lâcher une vulgarité ou un mot d’Oc, il ne répondit que par un sourire. Le problème néanmoins, c’est qu’il commençait à ne plus rien comprendre aux discussions. Pourquoi parler de « poison » ? N’est-ce pas ces choses qui nagent l’eau ? Alors pourquoi en fabriquer ? C’était à y perdre la tête. Mais il n’osait pas le dire. Peur d’être différent, ou d’afficher sa différence ? Il ne savait pas trop en réalité d’où lui venait cette gêne.
Toujours aux côtés des tonneaux, et droit comme jamais, il acquiesçait à chaque mot prononcé par l’une de ses interlocutrices, mais avec une conviction de plus en plus forte que ce monde –le monde de la bourgeoisie – ne lui correspondait absolument pas. Le seul sourire vraiment sincère lui fut arraché par un chien, qui passa à leurs côtés. Quelle vie formidable celle de chien, n’est-ce pas ? Faire ce qu’on veut, quand on veut, avec qui on veut, sans forcément se soucier des conséquences. Le paradis sur Terre s’il en existe un.

Pourtant il était bien ici, et remarqua même une étrange ironie. Il commençait à se dire qu’il irait bien discuter avec d’autres personnes moins sophistiquées, mais le problème, c’est que toutes les autres étaient des brigands notoires, voire pire. A choisir finalement il préférait s’ennuyer à mort avec les deux jeunes femmes.

Oui, tout à frais.

Et hop, voilà qui était fait. Quoi répondre de plus sinon ? Il ne savait pas trop s’il devait dénigrer sa propre famille en disant que tout ceci n’avait ni queue ni tête, ou bien les approuver, et les défendre devant les sceptiques. Une réponse neutre, pour un homme tout aussi sobre qui essayait de ne pas faire de faux pas devant autant de personne. Il faut dire aussi qu’il n’avait pas la profonde envie de poursuivre la discussion avec ces deux dames pour une raison simple, il n’allait rien n’y comprendre. Dommage pourtant, car elles avaient un petit quelque chose qui intriguait notre barbu.

Mais passons, car la cérémonie allait commencer. Mira, ou la chauve enceinte pour les intimes, entamait un petit discours d’introduction. Alors déjà qu’il ne comprenait pas grand-chose à Oil, mais mâcher un mot sur deux, c’était le bouquet. Quelques sons furent plus ou moins compréhensibles, jusqu’à arriver à la conclusion de cet entracte. Notre montagnard s’empressa alors de faire les gros yeux, et d’hausser les sourcils.

« Pêcher » ? Pourquoi diable voulait-elle aller pêcher à ce moment-là ? Un rite, ou bien une partie intégrante d’une cérémonie bien trop complexe à la compréhension de notre homme ? Impossible à dire. Arthor pensa finalement que cela n’était pas plus étrange que de marier deux femmes entres elles.
Le jeune barbu s’empressa alors de lever le bras. S’il pouvait avoir une occasion de faire autre chose, et de fuir cet endroit, il ne la laisserait pas filer.


Oui, euh …

Le problème vraisemblablement c’est qu’encore une fois, il avait dû comprendre de travers. Il se retrouva seul comme un glandu avec le bras levé devant des dizaines de paires d’yeux. Arthor n’arrivait d’ailleurs pas à savoir si c’était de la surprise, ou de la stupeur qu’il lisait sur les visages des invités. Et pour couronné le tout, il n’avait pas dit un petit « oui » à peine audible. Non bien sûr que non, il y avait mis tout son cœur et son énergie pour le balancer à la figure de Mira. A la limite il aurait pu faire croire qu’il s’étendait le bras, ou qu’il voulait se gratter la nuque, mais non, il était piéger.

Il fallait donc changer de tactique, et vite. Dans son cerveau, c’était l’état de guerre. Il n’était pas question d’aller pêcher finalement, et il ne fallait pas montrer qu’il avait compris ça. Vite vite, il lui fallait quelque chose pour faire diversion.


Euh … J’ai une question, enfin c’est plus une question qu’ordre pratique qu’autre chose. Parce que bon deux femmes qui se marient, d’accord j’ai saisi, mais comment elles vont faire pour le nom ?

Ha ben oui, question pertinente mon cher.

Genre elles vont pas changer, ou bien elles vont prendre le nom de l’autre ? Parce que Laell Corleone Corleone- mâte-ma-glace ça fait beaucoup ? Bon si on enlève le mate-ma-glace, ça fait quand même Corleone Corleone… Ca fait deux fois Corleone, comme au carré…

Dieu lui enverrait-il de l’aide ?

Ha mais c’est peut-être de là que vient l’expression « avoir une tête au carré » ? Du coup Mira serait entrain de leur mettre une tête au carré ?

Faut croire que non …
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Umbra
[Toujours clouée à son siège au près de Fanchon. Et pas prête de se relever...]

L'Ombre enquilla sans peine le gobelet, une fois en main. Hélas, même l'alcool ne lui offrit pas le coup de fouet qu'elle espérait. La jeune femme songea alors que la rouquine pourrait l'apaiser mais ses propos n'ajoutèrent rien de rassurant.

Les pensées d'Umbra s'assombrirent autant que son regard éteint. Alors que faire maintenant? La meilleure solution aurait été de fuire mais ça aurait été aussi le meilleur moyen pour se faire remarquer...et surtout mal voir. Mais pas le temps d'agir qu'une femme attira leur attention.

Dans son état, elle devait pas être très sobre ou très consciente pour décider de se percher sur un fût pourtant ses paroles étaient plus qu'explicites. Tassée au fond de sa chaise, la brune écoutait le discours de l'officière. Son poing serré nerveusement sur le verre vide et les mâchoires crispées, l'idée de lancer un grand coup de botte dans le tonneau lui traversa l'esprit. Heureusement, les dires de l'engrossée avaient un don certain pour inciter la jouvencelle à rester sagement à sa place.

L'Ombre jeta une oeillade sur les mariées avec un écoeurement certain puis balaya la foule de ses yeux noirs haineux. Comment tous pouvait accepter ce sort? La jeune femme était loin d'être croyante mais les principes aristoteléciens étaient tellement ancrés dans sa tête qu'on aurait pu prévoir un '' Seigneur Dieu!'' s'échapper de ses lèvres face à la scène impie. Mais rien de tout cela n'arriva. Umbra resta assise à ruminer son dégout tout en maudissant les convives, n'ayant elle-même pas le courage d'interrompre ce sacrilège.

Alleluia! Un bras dans l'assemblée se dressa. La brune l'aurait béni s'il lui restait une once de charité en son coeur seulement la déception fut encore plus terrible à écouter l'homme. Sans s'attarder sur son accent qui rendait sa question incompréhensible, son interrogation en elle-même était franchement... Sur le coup, l'Ombre ne sut pas comment réagir et jeta sa choppe à terre en grognant, sans émettre la moindre possibilité que quelqu'un puisse remarquer son désenchantement. Faut dire aussi que sur le coup, elle s'en foutait un peu beaucoup de l'accord des autres.

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Fleur_des_pois
Stupeur et tremblements

L'ironie avait été perçue par les oreilles de la petite brune en robe verte. Cher et tendre fiancé. Rien que cela déjà valait le coup d'oeil. Ou plutôt le coup d'oreille. Comment choisir consciemment de se lier à un être humain ? Quelle folie pouvait bien passer par la tête de ceux qui s'épousaient ? Si cela était incompréhensible, ce qui l'était encore plus c'était les mariages arrangés. Abomination terrestre. L'amour ne pouvait même pas servir d'excuse pour faire la plus grande sottise de sa vie.

Oh, tu sais... Un époux gênant... Comment dire. Le problème pourrait être très vite réglé. Moyennant finance bien entendu. Et une volonté de fer. Si t'as besoin d'aide, n'hésite pas !

Fleur adressa un clin d'oeil à Sybelle. Elle l'aimait bien cette jeune fille. L'Ortie avait bien envie de s'en faire une amie. Et comme elle ne prenait pas de pincettes... ni même les chemins de traverse...

Sybelle ? Tu veux bien être ma nouvelle meilleure amie ? Et comme gage de notre nouvelle amitié, je peux bien te le dire à toi. Mon véritable prénom, je l'ai découvert il y a peu. C'est Gaia.

Pourquoi l'avoir dit ? Parce qu'en amitié, il fallait un minimum de sincérité. Même si l'honnêteté... cela n'était pas son truc. C'était différent là. C'était Sybelle. La péréférée de Merwynn. Elle était quelqu'un, en somme ! Etre la meilleure amie d'une telle fille... Les Rois auraient tués pour ça, pour sûr !
Soudain la Râleuse Rasée Enceinte (beaucoup de défauts pour une seule personne) prit la parole. Sans y mettre les formes. Comme d'habitude. Une grimace se peignit sur les lèvres de la Fée. Mais comme une sage jeune fille, elle écouta. Enfin, cela allait commencer. Fort bien, elle était curieuse de...


Oh bah ça alors !

Arthor était-il en train de faire ce qu'elle croyait bien qu'il faisait ? Fleur l'écouta. Elle sentit sa mâchoire s'ouvrir toute seule. Ebahie. C'était le seul mot qui pouvait décrire ce qu'elle était. Stupéfaite. Sciée. Sur le cul en résumé.

Quel nigaud !

Lentement, le Lutin tourna le museau vers Sybelle. N'y lisait-elle pas la même... incrédulité ? Sans doute que si. D'ailleurs tout le monde affichait la même stupeur. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait de raconter n'importe quoi ? Ses propos sans queue ni tête étaient amusants comme ça, entre eux trois. Mais devant une foule de Corleone et autres mercernaires... Cela revêtait pûrement de la folie. Devait-elle intervenir ? Devait-elle jouer les héroïnes et se jeter sur lui tandis qu'une grêle de flèches s'abattrait sur lui ?

Bah, non, pour quoi faire ?

C'était bien plus drôle de le regarder se faire piétiner. Fleur secoua la tête. Dommage, elle qui venait de se faire son premier ami homme. Voilà qu'il allait finir en pâté. Vraiment pas de chance. Fleur n'était décidément pas douée pour se lier avec quelqu'un. Enfin, le problème était de faire en sorte que la relation dure.
Mais heureusement, il lui restait Sybelle.



titre = Roman d'Amélie Nothomb
Syuzanna.
L'Ecossaise écoutait attentivement Tynop. Il était franc et c'était la qualité qu'elle préférait. Seule la franchise permettait de vivre noblement. Les mensonges, la manipulation, tout ceci lui était odieux. Bien que parfois elle devait y recourir.
Lorsqu'il eut fini, elle poussa un profond soupir. Et décida qu'à son tour, elle devait être directe. Au risque que Sarah l'entende. Mais tel était le fond de sa pensée, et elle en avait assez de ne pas dire tout haut ce que chacun pensait tout bas.


- Je vends ma cousine pour sauver la fille de Manu.

Un mouvement d'épaule marqua son dégoût, et elle poursuivit.

- Je vends ma cousine à un nobliot ridicule parce que mon cousin estime qu'il nous faudra de l'argent pour sauver sa fille des mains d'autres nobliots. Une gamine que je ne connais même pas vraiment d'ailleurs. Et comme notre famille n'est pas très riche, il me faut aller chercher l'argent là où il se trouve. Si mon enfant était déjà né et qu'il avait l'âge de prendre époux... ou épouse... c'est lui que j'aurais sacrifié pour sauver Abi. Mais je n'ai pas encore accouché. Alors je dois vendre ma cousine, si belle et fraiche, si jeune et encore tellement... tellement « enfant » quelquefois. Je vends ma cousine adorée pour sauver une bâtarde de mon cousin.

Un rire sans joie la secoua quelques secondes et elle releva la tête.

- C'est immonde, n'est-ce pas ? J'ai grandi avec Sybelle et je l'aime comme ma soeur. Elle me faisait confiance et je l'ai trahi de la plus odieuse manière possible. En lui ôtant sa liberté. Son frère Darren me hait désormais et je suis à deux doigts - j'en suis certaine - de livrer bataille contre ma propre famille. Si tu savais à quel point j'envie ma soeur ! Elle se fiche de l'avis des autres et épouse une femme de sa famille maternelle. J'aimerais être comme elle. Mais je dois être comme moi, et je dois pour satisfaire un cousin, me mettre à dos les descendants de mon propre grand-père. Je suis au bord du gouffre et... j'ai bien envie de m'y laisser tomber, parfois. De plus en plus souvent d'ailleurs.

Une femme réclama le silence, ce qui arrangea bien Syuzanna. Elle n'avait plus rien à dire. Elle ne voulait plus rien dire.
Un homme leva la main et baragouina au moment crucial, ce qui fit hausser les sourcils de l'Ecossaise. Ainsi il s'opposait au mariage de sa Cait ? Mais pourquoi posait-il toutes ces questions ?
Sarah_callahan
Le soulard ne met pas longtemps à s’exécuter, donnant par la même occasion son surnom ce qui arrache un sourire amusé à la brune. L’un de ses innombrables défauts est son incapacité à retenir les prénoms, enfin, elle pourrait si elle en avait envie mais elle ne voit pas l’intérêt de retenir les prénoms de gus qu’elle ne verra qu’une fois dans sa vie. Certains diront que par politesse on évite de qualifier autrui de « pustuleuse » ou de « boiteux » mais Sarah et la politesse sont loin d’être associées alors elle affuble chaque personne qu’elle croise de sobriquets ou, lorsqu’elle est en panne d’inspiration, elle se contente d’un banal et dédaigneux : « Eh toi là-bas ! ». Certaines personnes échappent aux surnoms mais cela est rarissime. L’Arsouille, voilà qui correspond à merveille à l’homme qui se tient en face d’elle, ayant sans conteste un penchant bien prononcé pour la boisson. Elle s’apprête à lui lancer une boutade quand il enchaîne directement sur sa deuxième question.

Son mince sourire se transforme en un large croissant qui laisse entrevoir des quenottes encore blanches. Si Ayla était là, la sauvageonne se serait empressée d’aller lui montrer qu’elle s’est trompée sur sa prétendue asociabilité. Bien que loin d’être une encyclopédie ambulante, elle sait que lorsque deux personnes échangent des phrases, on peut parler d’une conversation. Même qu’elle n’a pas encore sorti les dents, notez le « encore ». Conversation qui vire vite à l’absurde. Au fil de l’histoire de l’ivrogne, le sourire se mue en un rictus moqueur tandis que les yeux sombres roulent dans leurs orbites. Franchement, qui croirait à une histoire pareille ?...Surement pas mal de personnes en fait mais certainement pas elle. Méfiante comme pas permis, il faut toujours qu’elle vérifie elle-même ce qu’on lui dit. Dans sa paranoïa, elle va loin, mais peut-on vraiment lui en vouloir ? Elle a tué de nombreux innocents, parfois nobles et elle est loin d’en être à ses premiers vols. Et puis, quand on veut qu’un pillage soit réussi, on évite d’écouter le premier tocard du coin qui prétend avoir la science infuse et connaître sur le bout des doigts le nombre de défenseurs, non, on vérifie soi-même.

Mais là…même pas besoin de vérification. L’Arsouille lui a mis la puce à l’oreille dès les premiers mots avec son « Un jour » qui sonne déjà comme les contes racontés aux gosses. Mais silencieuse, elle écoute, curieuse de voir jusqu’où il va aller. L’intonation qu’il met dans ses paroles la fait sourire, tout comme l’accentuation qu’il met sur certains mots. Sourire en coin, elle ne peut s’empêcher de croire qu’il invente au fur et à mesure qu’il cause. M’enfin, elle s’en fout, elle aura au moins échappé aux monologues ennuyeux concernant les mômes, le mariage et autre joyeusetés qu’elle a préféré rayer de sa mémoire et de son vocabulaire. La tirade du brun s’achève sur une question –eh ouais, quand on s’essaye à la causette, faut s’attendre à devoir répondre à des questions. Sourcils arqués la Sanguinaire esquisse un imperceptible haussement d’épaules. Elle ne risque pas de lui parler de la mort de sa fille ni de ses années d’errances. Elle ne lui parlera pas non plus de la Horde ni même de sa famille. Après tout, dans ce genre d’échanges mensongers, on peut dire tout et n’importe quoi non ? Et puis même si ce n’est pas le cas, elle s’en donne le droit.


Boarf moi j’passe mon temps à voyager, pi j’aime bien brigander et piller d’jolies mairies alors parfois j’suis en procès. M’enfin c’est pas grave j’ai trouvé une technique infaillible pour les gagner, l’genre de technique qui marche encore mieux que celui de la muette illettrée qui pige que dalle à c’qu’on lui raconte. Faut s’fiancer au juge, du moins momentanément. Ou s’trimballer avec un chiard et dire que c’est le bâtard du nobliau du coin. Dans les deux cas, faut s’en débarrasser vite fait mais ça apporte de chouettes passe-droits.

Sur les lippes carmines se dessine un magnifique sourire narquois. Si la première partie était véridique, la seconde l’était beaucoup moins. Quand elle se retrouvait coincée dans une geôle, elle profitait de la moindre inattention du geôlier pour se tirer. Elle était habituée à ruser, habituée à se battre et étrangler un homme à travers des barreaux ne lui posait pas un problème de conscience…ne met pas en cage une descendante de Farlane O’Brien qui veut ! En revanche, depuis la mort de sa fille, elle avait du mal à supporter la présence d’autres enfants et se servir de l’un deux pour s’enfuir l’emmerderait sérieusement. Quant à se coltiner un juge…elle préférait encore moisir au Purgatoire plutôt que de faire semblant d’en apprécier un. Vaste mascarade que la justice oui ! Elle n’a toujours pas digéré le fait que cette chienne de Lacienda ait volé l’enfant de son frère ni le fait que ces abrutis de sarladais aient trainé son nom dans la boue. Manu a beau lui avoir fait beaucoup de mal, il reste son Unique. Fin de la parenthèse.

Elle regarde les nouveaux arrivants avec la même attention qu’elle avait porté à chacun des « invités » déjà présents sans jamais vraiment lâcher l’Arsouille du regard. Et alors qu’elle s’apprête à reprendre la parole, la rasée enceinte s’en charge. Ah enfin, on arrive à ce pourquoi on est venus ! La traditionnelle question sur d’éventuels opposants au mariage est posée et la sauvageonne lève les yeux au ciel. Qui serait assez fou pour s’opposer à un couple où se mêlent les sangs MacDouggal et Corleone ?

Et pourtant, elle est vite contredite dans sa pensée lorsque le barbu qui discutait avec sa cousine et le Végétal prend la parole. Goguenarde, elle le regarde s’enfoncer un peu plus à chaque nouveau mot. Il ne s’oppose pas vraiment au mariage, disons plutôt qu’il ne comprend strictement rien aux expressions françaises. Elle ne risque pas d’aller lui prêter main forte et, attentive aux réactions des diverses personnes présentes, elle se tourne vers l’Arsouille, une nouvelle question en tête.


Mais dis-moi…qu’est-ce que tu fiches ici ? T’as été attiré par l’alcool et l’buffet ou tu connais l’une des deux donzelles ?

Franche et directe, comme d’habitude.
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Laell
Une main se posa sur son épaule l'arrêtant dans sa recherche. Laell amorça un demi-tour dans l'idée d'envoyer paître l'importun ayant bien plus important à faire que de discutailler avant de s'unir à son Ecossaise. Mouvement avorté quand son regard se posa sur sa cible. A l'écart de la fête et des curieux. Très loin de sa classe habituelle, vêtue d'une simple houppelande aux couleurs ternes, surmontée d'une cape tout aussi discrète dont la capuche lui recouvrait presque le visage, cachant chacune de ses boucles blondes comme si elle avait tenu à ne pas être reconnaissable. Sans doute honteuse des actes de sa "vieille frangine". Le coeur de la brune se serra un instant, jamais elle n'avait déçu Enaell jusque là, sauf peut être quand elle avait quitté la maison à son tour, quelques années après Lidia, abandonnant sa blonde de soeur avec leur mère. Et même si depuis toujours entre les deux soeurs les mots pleuvaient et que les soirées ensemble se faisaient rares, elles ne s'étaient jamais vraiment éloignées l'une de l'autre. L'acceptation de ce mariage serait difficile pour la Blonde mais elle était là, camouflée, mais là. La main se fit plus dure sur son épaule, sans doute accompagnée de quelques mots mais la brune fixait son attention sur l'ombre qu'était sa soeur ce soir. Certes elle ne vomissait pas tripes et boyaux mais elle ne s'était pas avancée pour les saluer et sans doute qu'elle resterait à l'écart tout au long de la cérémonie pour pouvoir s'éloigner rendre ce qu'elle aurait pu manger quand les choses deviendraient concrètes. Mais elle était venue malgré tout. Un sourire de soulagement étira les lippes italiennes.

Enfin le mouvement amorcé fut terminé et la jeune Corleone se retrouva face à celle qui devait faire office de curé. Son regard croisa celui de Mira, qui n'avait pas l'air enchantée d'avoir à lui courir après. Les quelques mots émis plus tôt firent leur chemin dans le crâne corleonien. On attaquait la cérémonie et la présence des mariées était requise. Laell afficha un grand sourire dans l'espoir d'apaiser un peu Mira puis la suivit en silence. Inutile d'en rajouter une couche elle avait l'air déjà suffisamment en forme pour leur offrir un mariage mémorable. L'autel serait un tonneau. Laell n'aurait pu rêver mieux pour son mariage. Alcoolique notoire, bien que depuis la première rencontre de leurs lèvres, elle avait calmé la chopine à ne presque plus boire.

Ta p'tête future femme m'agace ! T'peux la r'mercier d'vous ruiner avant même vos noces faites.. Pour célébrer c'mariage j'augmente mon prix, en plus d'la houppe j'veux une lame -et pas d'la cam'lote- pour mon presque mioche et qu'vous m'trouviez un réformé pour m'marier au brun.. vous paierez ses frais d'voyage, d'bouffes et qu'sais-je encore.. Et c'pas négociable.

Un sourire de plus comme toute réponse, il serait temps plus tard d'expliquer à Mira qu'on ne renégocie pas les termes d'un contrat une fois le paiement effectué. Elle avait été prévoyante sur ce coup là. Payer Mira avant l'office était une sécurité. Elle savait qu'elle ne les planterait pas une fois sa houppelande sur le dos. Un bonus changerait peut être de main par la suite, si la pseudo curette parvenait à les marier sans heurt et sans blessure. L'introduction fut belle, arrogante, piquante, parfaite entrée en matière. Le mot hérésie sortit une première fois et Laell se demanda combien de fois il viendrait dans les conversations dans la soirée, sans doute autant que de chopes ingurgitées. Un léger sourire en coin s'afficha sur ses lèvres tandis que l'engrossée évoqua une vague histoire de rôle de l'homme. Si elle savait...

Ya quelqu'un qu'veux empêcher ça ? 'fin si z'avez pas peur d'en payer l'prix ensuite, hésitez pas à l'ouvrir, après c's'ra trop tard..

Oui

Le mot résonna dans la cour presque silencieuse en cet instant solennel. Instinctivement la main de la Corleone se porta à sa ceinture là où aurait dû se trouver sa hache. Son regard se fixa sur Arthor. L'incompréhensible voulait s'y opposer. Avait-il des vues sur sa Brune ? Ses noisettes se transformèrent en charbon tandis que s'écoulaient les secondes de silence.

Euh … J’ai une question, enfin c’est plus une question qu’ordre pratique qu’autre chose. Parce que bon deux femmes qui se marient, d’accord j’ai saisi, mais comment elles vont faire pour le nom ?

Instant d'incrédulité. Il avait osé interrompre Mira pour une question aussi stupide. Elles en avaient déjà parlé et avaient trouvé le Corleone Macdouggal Corleone pas si mal bien qu'un peu long. Mais un Macdouggal entouré de deux Corleone ne pouvait qu'être parfait.
La suite fut une explication des plus bancales ressemblant fort à une tentative de pirouette terminée par une gamelle élégante. Devant les efforts du barbu pour rattraper sa gaffe tout en ayant l'air de rien, la Corleone ne put retenir son rire. Une chance pour lui qu'elle n'avait eu ni sa hache ni de chope à portée de main quand il avait prit la parole, il aurait sans doute reçu l'une des deux avant d'avoir le temps de continuer.
Le regard radouci elle prit la parole pour répondre à la question incongrue, après tout, il avait assez ramé pour qu'on lui vienne en aide et personne ne semblait vouloir se dévouer.

On va garder Corleone Macdouggal Corleone. Ca f'ra moins répétitif et plus triangulaire.

Léger sourire avant de se retourner de nouveau vers l'officiante.

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Tynop

"Je vends ma cousine pour sauver la fille de Manu". C'était sans doute la manière la plus simple et la plus brutale d'expliquer le pourquoi du comment. Elle n'avait pas essayé de nuancer, d'enjoliver là chose. Elle semblait elle-même répugnée par ce qu'elle venait d'annoncer. Pour sauver un membre de sa famille, elle avait décidé d'en sacrifier un autre. Le vagabond, d'habitude si curieux, regrettait déjà de savoir une telle chose. Parce qu'il commençait à se poser des questions. Sarah était elle au courant? Si oui, comment avait-elle pu accepter ça, elle, la sauvageonne qui était prête à mourir pour sa liberté? Et surtout, si la cheffesse avait décidé non pas de marier Sybelle mais Sarah, que serait-il advenu?

Voilà que son interlocutrice reprenait la parole.
"C'est immonde, n'est-ce pas?". Question rhétorique. Heureusement d'ailleurs, car s'il avait eu à y répondre, cela aurait été par l'affirmative. Mais elle semblait elle même en être consciente, et ses paroles laissaient paraitre tout le dégoût qu'elle éprouvait pour la décision qu'elle avait prise. Pourquoi se confiait-elle à lui de la sorte? La réponse se devinait facilement. Elle en avait besoin. Besoin d'exprimer sa culpabilité, et une certaine forme de détresse. Sauf qu'il ne savait pas vraiment comment réagir à ce genre de confessions. "Tais-toi, ne commence pas à y réfléchir, tu vas encore faire une connerie. Ça ne te concerne pas, ne t'en mêle pas." Mais plus elle parlait, plus il devenait impossible pour lui de rester indifférent à ses propos.

Elle s'accablait, ne cherchait pas à nier la gravité de sa décision. Il pouvait au moins lui reconnaitre cela. Mais si la seule raison de ce mariage était l'argent, n'y avait-il pas d'autres moyens d'en trouver? Ne pouvait-elle pas en demander à sa sœur, qui apparemment était loin d'en manquer au vu de la profusion de victuailles et de catins? La somme nécessaire était-elle colossale, le futur époux immensément riche? Son avis restait le même: si le seul problème était de l'argent, tous savaient ici qu'il existait mille moyens, plus ou moins légaux, plus ou moins moraux, d'en obtenir. Et pourtant elle avait choisi une solution qui semblait lui coûter beaucoup. Non, on ne sacrifie pas des membres de sa famille pour de l'argent, c'était là l'intime conviction du blondinet qui tournait une nouvelle fois de plus la tête vers la sauvageonne. Partageait-elle son avis? Il avait envie de se lever maintenant et d'aller sur le champ lui demander. Mais il craignait de paraitre envahissant.

Et puis le prix à payer semblait tellement cher. Elle-même, au vu de ses propos, semblait rongée par ce qu'elle avait fait.
"Je suis au bord du gouffre et..j'ai bien envie de m'y laisser tomber, parfois". Des propos lourds de sens et terriblement inquiétants. Le vagabond ne put s'empêcher de lancer un regard à Duncan, le fixant un court instant d'un air grave. Sa femme était au plus mal, si quelqu'un pouvait l'aider à aller mieux, ce ne pouvait être que lui.
Sybelle, aussi, en payait le prix, sacrifiée, trahie de la plus odieuse des manières, comme le disait elle-même la cheffesse.
Et puis le plus important et le plus grave, c'est que cette décision risquait vraisemblablement d'avoir de fâcheuses de conséquences quant à la cohésion familiale. Il devait se taire, mais il ne pouvait pas. Trop d'incompréhension, trop de questions commençaient à le tourmenter. Il allait forcément lui en faire part, quitte à le regretter amèrement. Il ouvrit la bouche, mais au moment même, une voix se fit entendre.

Le discours et l'apparence de celle qui le prononçait arrachèrent un sourire au blondinet. Pour sûr, le mariage serait unique. Quelqu'un souhaite-t-il s'y opposer ? En l’occurrence, quelqu'un était-il assez fou pour manifester cette opposition? Apparemment oui, et le fou du jour était le barbu au patois étrange que le vagabond avait croisé près des tonneaux en allant se servir à boire. Et ce dernier prit la parole, et plus sa tirade avançait, moins le blondinet parvenait à se retenir d'éclater de rire. "Pense à autre chose... pense à autre chose... ne te fais pas remarquer, pas ici, pas maintenant". Mais c'était trop difficile, impossible. Le vagabond fit mine d'avoir fait tomber quelque chose au sol, et se pencha, la tête sous la table, pour laisser un échapper un rire qu'il tentait tant bien que mal de rendre le moins audible possible. Et c'est la face légèrement rougie par l'effort qu'il lui avait fallu pour ne pas laisser échapper d'éclats de rire tonitruants qu'il se redressa, le sourire au coin des lèvres, risquant d'être victime à tout instant d'une crise de fou rire. Le bruit du verre se brisant au sol détourna son attention sur une silhouette squelettique. Simple maladresse ou manifestation de mécontentement? Il n'en avait aucune idée, et ne pouvait le deviner à l'expression de la personne, cette dernière étant bien trop loin de lui.

Puis il porta à nouveau son regard vers Syuzanna, et sa confession lui revint en mémoire. Le sourire s'effaça instantanément de la face du vagabond. Il se pencha vers la Rousse, et d'un ton très bas, entreprit de lui exposer son point de vue:


Je te demande pardon d'avance si tu trouve les questions que je vais te poser stupide. Mais j'ai l'impression que ce mariage arrangé pour le bien du clan semble au final causer plus de tort à votre... ta famille qu'autre chose. Une fois de plus, ça en vaut la peine? N'y a-t-il pas d'autre moyens? Car le prix à payer me semble très lourd. Je ne dis pas que l'enfant n'en vaut pas la peine. Mais ce mariage vous... te fais du mal, fais du mal à ta cousine, et, à t'en croire, amène la discorde au sein de ta famille. Si c'est d'argent dont il est question, je pourrais peut-être vous... t'aider

Cette fois-ci il se pencha carrément à son oreille pour lui murmurer quelque chose d'inaudible pour des éventuelles oreilles indiscrètes. Puis il reprit sa position et son ton initial

Je pourrais aussi en parler à Sarah. Et puis une famille de nobliau, je ne pense pas que cela l'effraie. On pourrait essayer de récupérer l'enfant par d'autre moyens. Bref, si vous... tu as besoin de moi, je me tiens à ta disposition. Je rechignerais pas à la tâche, quelle qu'elle soit

Ayant fini ses messes basses, il reporta de nouveau son attention sur le reste de l'auditoire, guettant une éventuelle autre opposition, et surtout la réaction des mariées à l'intervention pour le moins originale du barbu. Réaction finalement compréhensive, ce à quoi ne ce serait pas attendu le vagabond. Décidément, Laell était loin de l'image qu'il s'était faite d'elle. En même temps, il ne lui avait jamais vraiment parlé
Maledic
Raaah. Sa mère était en train de lui faire le coup du calin qui pique et qui sert tout tout tout fort. Le morveux agita les jambes jusqu'à ce qu'elle consente à le lâcher à terre. Sans doute le mouvement, ou l'agitation soudaine, ou encore le fait de se retrouver brusquement les deux pieds au sol, firent tourner la tête à notre chère petite tête blonde.

Un relent gagna sa bouche, et dans un haut le coeur, il déversa toute sa globulaille sur les chausses de l'ami de sa mère. Cadeau tout chaud offert par la maison.
Encore trop saoul pour se soucier de cette drôle de sensation qui en état normal aurait produit des pleurs à n'en plus finir, le mioche chancela sur ses deux pieds et jeta un oeil, un peu dégrisé par son évacuation, autour de lui.


SPIHIIIT !

Une de ses amoureuses ! Là, juste là ! Chouette dis donc ! Il trottina jusqu'à elle, manquant se ramasser deux trois fois au passage. Son sens de l'équilibre laissait déjà à désirer en temps normal, alors là...

C'est donc un large sourire de vomi, l'habit tout crasseux qu'il se présenta fleur au fusil à la jolie demoiselle. Pas aussi belle que Mama, mais c'était déjà ça. Puis une princesse pirate en plus !


Y'ai pas trouvé li gateau.

Sa figure commença à verdir bizarrement et un nouvel haut le coeur aspergea le sol devant lui. Ah voilà, les pleurs. Fallait bien que ça arrive. Juste au moment où ils allaient se mettre à célébrer la cérémonie, c'pas de bol.

Malediction pleura en chancelant, retournant dans les jupes de sa mère pour qu'elle le soigne de ce mal horrible. Sûr qu'elle lui a donné du pipi Joy pour le mettre dans cet état.


MAMAAA...
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Manu.
Lorsqu’il avait reçu le vélin de sa sulfureuse cousine, il s’était mis à rire. Bien sûr qu’il viendrait, quel homme manquerait un mariage entre deux femmes ? Le fait qu’elles soient cousines ne lui posait pas de réel problème non plus, c’était assez intriguant, et cela le titillait assez pour qu’il ait envie de les voir s’unir. Elles allaient cracher au visage de l’Eglise et piétiner les convictions des bien-pensants, il ne pouvait pas s’empêcher de rire en y pensant. Fourrant la lettre dans un pli de sa chemise, blanche, il avait rédigé à la va-vite une missive pour la Châtaigne, lui proposant de le rejoindre à la Cour des Miracles. Ils n’iraient pas ensemble car lui avait besoin de parler à sa sœur, il regrettait leurs échanges épistolaires. Il regrettait les piques qu’il lui avait lancé tout comme il regrettait de l’avoir laissée s’éloigner par fierté mal placée. Elle était son Unique et il n’avait aucune envie de la perdre. Certes, il haïssait son abruti de compagnon, tellement minable aux côtés de son Ecossaise de sœur mais, aussi minable soit-il, il ne lui donnerait pas la satisfaction de détruire les liens fraternels qui l’unissaient à sa Précieuse.

Il se doutait bien que le ridicule blondin infoutu de se servir d’une épée serait au mariage étant donné qu’il suivait Ellana enfin, Sarah, dans le moindre de ses déplacements mais Manu savait que cette fois leur entrevue serait différente. Il n’essayerait pas de l’étriper, il saurait se maîtriser. En revanche il comptait bien le foutre plus bas que terre devant toutes les personnes présentes. Il allait le ridiculiser, moquer son inexpérience en combats tout en lui faisant bien comprendre qu’il ne serait jamais le bienvenu dans la famille. Le Clan MacDouggal ne tomberait jamais assez bas pour recueillir un vagabond qui ne savait même pas défendre son honneur. Arrogant le barbu presse le pas, réajustant le col de sa chemise et passant sa dextre sur son épée, un sourire narquois aux lèvres. La moindre phrase déplacée du blond ou la plus insignifiante bousculade serait un prétexte suffisant pour qu’il engage le combat et cette fois il savait que sa sœur ne pourrait s’y opposer. S’il était dans son droit, elle le laisserait faire, du moins il l’espérait.

Quand la taverne du Sans Nom se dessine, il se met presque à courir, cherchant son Autre du regard mais c’est finalement la chevelure de la cheffesse qui l’attire. Voulant la surprendre, il se fait silencieux et discret, masqué par les autres invités et vient se placer derrière elle, Duncan et…Tynop. C’est pas possible, l’est partout celui-là… Retenant difficilement un grondement, il s’apprête à invectiver l’autre crétin lorsque ce même crétin sort une phrase qui le laisse pantois : « Comme on dit, "pour le meilleur et pour le pire". Le problème avec les mariages arrangés, c'est qu'on n'a aucune idée de ce que seront l'un et l'autre. Une fois de plus, c'est à vous de voir si c'est un risque qui vaille la peine d'être pris. ». Sa première réaction est celle d’une colère noire. Non mais pour qui se prend-t-il celui-là ?! A peine défini comme le compagnon de la plus belles des brunes qu’il s’auto-désigne comme son futur mari ?! Il veut vraiment que le barbu lui foute une branlée là, tout de suite ? Mais, première réaction passée c’est une nette incompréhension qui occupe la caboche écossaise. Mariage arrangé ? Gné ? Qu’est-ce qu’il chante là ?

Il s’apprête à lui dire ce qu’il pense de sa venue et de ses paroles lorsque Syu prend la parole et là il a l’impression de se prendre la plus grosse claque de toute sa vie. Choqué, il n’arrive même pas à parler, il ouvre la bouche et la referme sans mot dire. Et son silence permet à sa cousine de finir sa tirade. Les mots « sacrifié » et « bâtarde » résonnent à ses oreilles comme autant de lames qui lui percent le cœur. Non mais c’est quoi cette histoire ?! Sa sœur avait évoqué cette histoire de mariage arrangé mais elle avait dit que c’était le choix de Sybelle, que cette dernière voulait profiter de la situation confortable qu’offrait le mariage avec un noble. Mais ça…ce sacrifice…Non ! Jamais il ne permettrait qu’une telle chose ne soit faite. Lui vivant jamais un membre de sa famille ne sera sacrifié pour un autre. Sa fille lui manque à un point inimaginable mais jamais il ne laissera la plus jeune de ses cousines se sacrifier pour lui. Il savait que demander l’aide de ceux du Clan serait une mauvaise idée mais il avait écouté sa compagne, benêt amoureux qu’il est. Et qu’est-ce que cela allait lui apporter si ce n’est le sentiment d’être l’enfoiré qui va ôter toute chance d’être heureuse à une jeune femme formidable ? La tirade blondine glisse sur lui sans vraiment l’atteindre et c’est les paroles de l’officiante qui le tirent de sa léthargie. Faisant le tour du banc, il se plante devant sa cousine et, l’empoignant fermement par l’épaule, il la secoue sans ménagement.

Non mais c’est quoi ce délire ?! Tu te fous de moi ou quoi ? Tu vas vendre Sybelle à cause de cette chienne de Lacienda ?! Jamais ! Tu m’entends Syuzanna NicDouggal ? Jamais je ne permettrai ça ! J’ai pas besoin de ton aide, j’m’en sortirai seul. Et j’te préviens, si j’apprends que t’as filé ne serait-ce qu’un écu à l’autre voleuse de gosse, je quitte le Clan et plus jamais tu ne me reverras. Lacienda ne mérite pas un aussi grand sacrifice. J’irai chercher ma fille mais Sybelle ne se mariera pas avec un homme qu’elle n’a pas choisi.

Il se redresse, lâchant l’épaule syuesque pour lancer un énième regard dédaigneux à celui qui s’est accaparé le cœur de son Autre. Par les dieux qu’il le haït ! Mais en cet instant ce n’est pas après Tynop qu’il en a mais après la nouvelle trahison de sa famille. Ils lui ont caché un élément essentiel des décisions familiales et, pire que tout, sa sœur lui a menti. A cette pensée, il lâche un râle de colère avant de chercher l’objet de sa rancœur des yeux. Elle discute avec un homme mais il se fiche totalement de les couper en pleine conversation. Marchant d’un pas soutenu, menton relevé en signe de détermination, il s’arrête à leur hauteur. Empoignant le poignet de sa sauvageonne de sœur, il la force à le regarder. Soutiendra-t-elle son regard ?

Tu le savais, hein ? Tu savais pour Sybelle ! Bordel Ella, à quoi tu joues ?! Tu crois vraiment que j’accepterai que ma cousine soit vendue à un sale type pour payer l’autre bourrique ? Que Syu m’ait caché ça, j’peux le concevoir, c’est elle la cheffe du Clan mais toi…Toi qui es pourtant si honnête, si franche, tu te transformes en une espèce de…De quoi d’ailleurs ? Y a pas d’mots pour dire à quel point ce Tynop t’a transformé. Tu me déçois.

Et pourtant je t’aime. Pourtant j’aimerai te serrer dans mes bras et te dire à quel point tu me manques, à quel point j’ai besoin de toi, voilà ce qu’il a envie de lui dire mais il n’en fait rien. Ils se sont éloignés, il lui en veut de lui avoir préféré le blond mais plus encore il lui en veut de lui avoir menti. Il relâche son poignet, secouant la tête pour exprimer sa totale incrédulité devant tant de bêtise. Et, se retournant il aperçoit Sybelle. Nouvelle crise de nerfs en perspective…Manu ou comment gâcher un mariage en une leçon, ouais parce que dix ça fait peut-être un peu beaucoup. Sauf que concernant la jeune rouquine, il se montre plus doux, moins violent mais tout aussi déterminé. Dextre se posant sur la joue sybellienne, il ignore la présence des deux autres.

Ton sacrifice est noble Sybelle, vraiment. Cependant je refuse que tu épouses ce type pour sauver ma fille. Tu n’as pas à faire ça et si jamais tu le fais, sache que je quitterai le Clan.

Sa main retombe et il reste là, à la regarder, bras ballants. Ses diverses phrases ont dû être entendues par la plupart des personnes présentes mais il s’en fout. Le regard des autres ne lui importe pas, seuls les siens comptent assez pour qu’il les protège et qu’il se soucie de leurs avis. Il serre les poings, gagné par la douloureuse envie de cogner pour corriger cette injustice dont il est victime. Lacienda n’est rien pour la petite. Abigail est sa fille, sa fille et celle de Liu. Il ne comprend même pas qu’elle ait pu la lui prendre et pourtant c’est comme ça. Mais il n’acceptera aucun chantage, aucune négociation n’est permise. C’est sa fille et il ira la chercher. Avec ou sans les siens. Fort de cette certitude, il dévisage chacune des personnes présentes avant que ses prunelles ne se posent sur celles de Childesinthe. Elle est venue. Sa seule vision suffit à le radoucir et, lui adressant un mince sourire, il la rejoint.
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Sybelle
Fleur, ou Gaia puisque c'est son nom, arrive en deux répliques à faire rire Sybelle. Ajoutez à cela un ingrédient à la langue plus qu'étrange qui choque son monde, et vous trouvez une rouquine dont le rire-clochette résonne là, dans la boue de la Cour des Miracles, en pleins milieu d'un mariage entre deux cousines. En fin de compte, si elle a bien une certitude, c'est que ça ira. Elle c'est toujours sortie de toutes les situations étranges dans lesquelles elle c'est retrouvée et ce n'est pas maintenant que ça va finir. Surtout pas avec la belle Corleone pour amie.

Oui Gaia, je veux bien être ta nouvelle meilleure amie surtout que...

Sa phrase se perd dans le hurlement de son cousin. Manu vient d'arriver et de découvrir le pot aux roses. Magnifique. Il ne manquait plus que lui pour s'opposer à ça. Comme si le fait que son grand-frère chéri l'ait abandonné ne suffisait pas. Éberluée, le lutin de la famille le regarde hurler tour à tour sur Syuzanna et Sarah comme il l'aurait fait sur des moins-que-rien ne faisant pas parti du clan. Finissant par abandonner les deux femmes, il se rapproche d'elle et avec douceur cette fois-ci, il exprime sa volonté de quitter le clan si elle continue dans cette voie. Ce qui manque de la faire hurler à son tour.

N'ont-ils pas comprit tous ? Bien sur que l'idée de se marier avec l'italien ne l'enchante pas mais elle peut faire avec. Elle fait déjà avec. Si elle ressent encore une certaine rancœur, celle-ci s'évaporera très vite. Et puis merde ! Elle est en train de prévoir le meurtre de son mari, là ! Ils vont pas lui gâcher ce petit plaisir, quand même. Attrapant Manu par la main, elle le traîne derrière elle, attrape Sarah au passage et se rapproche de Syuzanna, Duncan et Tynop. Se tenant face à eux, elle observe leurs visages avec attention. Le blond a l'air désapprobateur, Sarah semble un peu résignée tout en étant aussi dégoûtée que Syuzanna, Manu est furax. Et reste Duncan. Dans ses yeux, Sybelle semble lire la compréhension. Est-il vraiment le seul à avoir réussi à comprendre ce qu'elle pense ? Ce qu'elle ressent ?


Il est temps que vous arrêtiez.

Et c'est la vérité. Ils n'ont pas besoin de se torturer, tous. Elle va bien. Elle ne va pas mourir de ce mariage. Elle ne va pas non plus sombrer dans le désespoir. Bien sur qu'elle a été triste, choquée, déçue au début. Qui ne l'aurait pas été ? Mais la différence entre Sybelle et le reste du monde, c'est qu'elle est écossaise. Dans ses veines coule le sang des MacAvoy mais aussi le sang des Campbell. Et ce sang là, c'est celui de gens capables de tout faire par amour des siens. De gens qui connaissent vraiment la définition du mot famille. De gens qui restent dignes en toute circonstances surtout. De gens comme sa mère.

Ça suffit maintenant. Laissez tomber le mélodrame, dit-elle d'une voix à la fois calme et inflexible. Je ne suis pas une petite fleur fragile, je sais prendre soin de moi-même. Et puis regardez, ça va. Je suis toujours moi. Et devinez quoi ? Je ne suis pas romantique. Si un jour je tombe amoureuse de quelqu'un et bah c'est pas grave. Je prendrais un amant et puis c'est tout.

Ceci dit, elle se tourne vers Manu. Un index planté dans sa poitrine, elle le regarde d'un air dur. Son frère a claqué la porte quand le mariage a été annoncé. Son grand-frère chéri l'a laissé. Hors de question que son cousin fasse pareil.

Quant à toi, MacDowell, arrête tes conneries. J'suis pas une espèce de sainte qu'on sacrifie pour une noble cause. J'me marie c'est tout. Donc on va récupérer ta fille et il est hors de question que tu quittes le clan. Compris ? Parce que je te jure que si tu oses faire ça, je vais te retrouver et alors, tu te prendras la baffe la plus méritée de toute ta vie.

Passant une main dans ses longs cheveux roux, Sybelle soupire. C'est compliqué la famille. Ça sait jamais ce que sa veut. Elle, elle sait ce qu'elle veut. Elle veut qu'ils soient unis. C'est pas si compliqué à comprendre pourtant, non ? Elle voudrait retrouver sa vie en Écosse. Quand tout était simple. Là-bas les gens se mariaient sans amour sans que ça choque personne. On faisait la fête, on buvait du whisky et tout le monde était satisfait. Pourquoi cela devrait-il changer maintenant qu'ils sont en France ? Pourquoi l'amour d'un homme deviendrait-il soudain si important ? C'est l'amour du clan qui passe en premier pour elle. Toujours.

Syu, Syu... Tu es notre cheffe, murmure-t-elle en s'agenouillant face à sa cousine, sans se soucier de tâcher sa belle robe. Et plus que ça, tu es la sœur que mes parents ne m'ont pas donner. Alors arrête d'avoir mal. Je n'aime pas te voir ainsi. Ta décision est juste. Et surtout, on ne peut pas revenir en arrière. J'ai donné ma parole. Ma mère se retournerait dans sa tombe si elle savait que je trahissais une promesse.

Se relevant, elle balaye les membres de sa famille du regard. Si elle, elle n'est plus triste, ils n'ont pas de raison de l'être. Et la seule chose qu'elle espère à cet instant, c'est qu'ils l'auront tous comprit. Elle n'aime pas se répéter.

Oh et puis, j'vais vous dire... Moi j'vais bien m'amuser. Rien qu'avec le prix de ma robe de mariée, l'Italien est à moitié ruiné ! Vous allez voir, j'vais m'étaler dans le luxe et devenir grosse, grosse, grosse à force de manger. Et puis vous devinez quoi... J'vais être encore plus chiante qu'avant ! Vous allez pas me gâcher ce plaisir quand même ?

Un sourire malicieux vient éclairer son visage. Oui, elle va être fortunée. Disons juste qu'elle profitera mieux de l'argent une fois qu'elle aura tué son cher et tendre époux. Mais ça, ils n'ont pas besoin de le savoir. Sinon, ça va encore partir à vau-l'eau.
Arthor
Arthor se maudissait comment jamais. Il maudissait cette langue qu’il était seul à parler, et cette langue que tout le monde parlait mais qu’il ne comprenait pas. Pourquoi avait-il fallu qu’il l’ouvre ? Personne ne savait, mais tous les invités le regardaient bel et bien, lui qui détestait être le centre d’intérêt de qui que ce soit. Mais ce qui surpassait tout le reste, c’était bien la peur qu’il ressentit quand Laell se tourna vers lui. Il aurait volontiers claqué des dents s’il n’était pas paralysé par ce regard glacial. Il remercia le ciel que rien ne tomba dans les mains de la Corleone, car à coup sûr il l’aurait dans la tête. Il commençait à prendre conscience, quand son regard se perdit dans celui de la future épouse, qu’il avait vraiment été très loin. De la chance, c’était la seule chose qui pouvait le sauver de la colère de Laell.

Quand cette dernière ouvrit la bouche, le barbu fronça les sourcils de peur, comme prêt à recevoir une sanction pour ce qu’il venait de faire. Mais finalement contre toute attente, rien ne méchant ne sorti de la bouche de la Corleone. Une histoire de triangle à ne rien comprendre, mais aucune menace, ni aucune insulte. Le montagnard se sentit comme soulager, et s’autorisa alors à claquer des dents. Une bonne récompense pour la frayeur qu’il venait de se payer. D’ailleurs il n’y croyait toujours pas. Le mariage devait avoir de drôle de conséquence sur le caractère des mariés pour que le jeune barbu puisse s’en tirer aussi facilement.


Ho, mercé.
[Ho, merci.]

Ha ben oui, la moindre des choses étaient quand même de la remercier, peut-être pas pour sa réponse, mais juste pour ce qu’elle ne lui avait pas fait endurer. Un petit hochement de tête, et il recula, histoire ne quitter le devant la scène. Il se demanda même s’il ne devait pas « autoriser » mira à poursuivre. Il allait d’ailleurs le faire, mais comprit, fort heureusement, qu’il ferait mieux de se taire, et de se faire tout petit.

Continuez, continuez !

Il préféra ne rien faire, ou presque, et même regarder ses pieds. Peu lui importait si d’autre maintenant se faisait remarquer, ou pas d’ailleurs, du moment qu’on l’oublie. Mais malgré la réponse de Laell, il continuait à se maudire. Il était comme en colère d’être encore une fois différent de tous les autres, et surtout ne pas assumer cette différence. Il eut bien du mal à la dissiper, et même à la mettre de côté. Pourtant une autre chose lui fit hausser les sourcils. Il ne prononça aucun mot, mais se mit à réfléchir sur ce qu’il avait pu entendre discrètement. « Gaia », un nom qui lui disait quelque chose sans qu’il ne sache vraiment où il l’avait entendu, ou lu. Sans en savoir plus, il préféra ne rien dire à Fleur sans être sûr de lui. D’autant que si cela se trouve, ce n’était rien du tout. Ou bien, cela allait encore lui poser des problèmes.
Mais bon, pourquoi changer une bonne habitude ?...

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Erwelyn
Sept ans... bon sang, et elle avait quel âge la gamine quand elle l'avait croisée à Paris hein ? Ben en fait elle n'en savait rien du tout. Tout ce qu'elle savait, c'est que sept ans, c'était plus que six, ou que cinq, et qu'un gamin, ça pousse à une vitesse incroyable. Tout comme elle vieillissait à une vitesse incroyable, aussi.

Sept ans ! Mais tu es une grande maintenant !

Et paf, elle en remettait une couche, sans savoir que la petite complexait à cause de sa taille. Il faut dire que Lynette ne l'avait vue que deux ou trois fois à tout casser, donc ça n'aidait pas à la connaître.
La duchesse posa un regard sur le chat en question, qu'elle tenait encore en main. Elle offrit ensuite un sourire à la gamine. Autant, la Corleone n'était pas à l'aise avec les êtres humains, en particulier les hommes et les enfants, autant avec les animaux il n'y avait pas de problème.


Il est très beau. Et puis, ça va bien avec la couleur de tes cheveux tu sais.

Bon sang mais on dit quoi à un enfant hein ? Et surtout à un enfant sur qui on a promis de veiller et qu'on a rien fait du tout. Passant d'une jambe à l'autre, Lynette observait la gamine, attendant qu'elle lui donne des pistes pour lui répondre, pour engager une conversation. Tiens, les couleurs préférées, ça c'est un bon sujet de conversation.

Ah oui ? Moi ma couleur préférée c'est le rose. Mais là je n'en porte pas, comme tu peux le voir, je suis habillée en bleue.

Elle allait s'étendre sur le sujet mais s'arrêta de justesse. C'était pas la peine de raconter à une gamine de sept ans qu'elle portait du bleu parce que chez les poneys roses c'était la couleur du deuil. Et que si elle était en deuil, c'était parce que sa meilleure amie était morte en buvant de l'eau. Non, mauvaise idée.
Un petit signe de Lili lui fit baisser la tête, avant de carrément se mettre à sa hauteur – enfin presque, vu sa taille – en s'accroupissant, le chat toujours dans les mimines. Elle écouta son secret, le doux frémissement de son souffle d'enfant la faisant frisonner. La Mainoise en ferma même les yeux, une bouffée de tristesse lui remontant dans le cœur car d'un coup, c'est l'image d'Ygerne qui s'était imposée à elle. Elle avait trop peur de s'attacher encore à une enfant, peur qu'elle disparaisse comme l'avait fait sa petite rouquine.
A l'annonce du secret, Erwelyn lui fit un grand sourire et alla lui caresser la joue de sa main gantée, essayant de ne pas faire échapper le matou.


Mais dis-moi je tombe bien ! Bon anniversaire petite puce.

Et hop, ses lèvres allèrent frôler son front.

Que dirais-tu de... de m'accompagner demain dans les boutiques parisiennes ? Je t'offrirai ce que tu voudras pour ton anniversaire. Sept ans, c'est un âge important tu sais ! Ça doit se fêter dignement.

Oui, c'était ce que pouvait pour l'instant lui offrir la Corleone. Un peu de temps, un peu d'argent pour faire oublier son absence. Fixant ses prunelles dans les petits yeux en face d'elle, la poney rose attendait sa réaction, espérant qu'elle ne serait pas trop vivre et qu'elle ne l'enverrait pas sur les roses. Ce qui serait le comble pour un poney rose...
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Syuzanna.
Le Clan était unité et cohésion. Le Clan était Ensemble, le Clan était un Tout. Là-bas en Ecosse, quand un crime était comis et que le coupable ne se dénonçait pas, on punissait un homme de même condition, de même valeur. Et tout le monde s'en contentait, estimant justice rendue.
Sa seule chance dans la vie, avait été que son père lui choisisse comme époux, l'homme dont elle était précisément amoureuse. Mais si William avait décidé de lui faire épouser quelqu'un d'autre, elle se serait pliée à sa volonté, acceptant son devoir avec fierté. Tout le monde savait cela, du moins tous les Ecossais. C'était chose normale et commune. Bien peu se mariaient par amour. Ils étaient gouttes dans l'océan.

Syuzanna s'apprêtait à expliquer tout ceci à Tynop lorsque l'arrivée bruyante du cousin Manu se fit entendre. N'avait-il pas remarqué que la cérémonie était sur le point de commencer pour de bon ? Laell s'occupait de répondre aux interrogations pour le moins étranges, d'un autre barbu. La rousse en profita donc pour lui demander à mi-voix de parler moins fort.


- Shhht ! Calme-toi donc ! Il n'y a pas mort d'homme !

Les propos que son époux lui avait adressé à « la Belle Auberge » lui revinrent en mémoire. Elle ne pouvait pas à la fois prendre une décision et lui tourner le dos. Se redressant de toute sa petite taille, elle fronça les sourcils. Ce qui n'était jamais annonciateur de propos pacifiques et détendus.

- Si tu cessais de batifoler à droite et à gauche, MacDowell, nous n'aurions pas ces embêtements ! Quand on possède une femme, il y a toujours un risque. Et je suis bien placée pour le savoir, gronda-t-elle en posant une main sur son ventre horriblement rond. Il ne tient donc qu'à toi de te ranger enfin, et de ne plus nous ramener tes bâtards. Sinon la prochaine fois, c'est ton fils que je promettrai en épousailles !

Sybelle s'approcha, si belle et si bien nommée. Si Syuzanna avait été parfaitement calme et dénuée de remords, elle n'aurait probablement pas lancé à Manu ce qu'elle venait de dire, mais il l'avait cherché. Il fallait croire que l'infidélité comme son contraire, se transmettait d'une génération à l'autre. Si la rousse ne pouvait pas tromper son époux, Manu en revanche, ne semblait pas s'embarasser de relations durables. Mais il était son cousin, et quasiment son frère, et elle l'aimait. Mais était fichtrement incapable de lui dire que si Duncan n'avait vraiment plus été, ç'aurait été elle-même qu'elle aurait offert en mariage à un riche personnage.
Prenant dans ses mains celles de sa cousine, elle s'approcha d'elle tout en la couvant d'un regard protecteur.


- Sybelle, ma douce... Je sais que l'honneur du Clan passe avant tout. Mais tu es mon autre petite soeur et je crains d'avoir perdu ta confiance, lui confia-t-elle à voix basse. Et puis, ajouta-t-elle dans un sourire, s'il te traite mal ne serait-ce qu'une fois, je te jure de t'offrir un manteau confectionné avec la peau de ce crétin.

Faisant fi de son habituelle réserve, elle serra sa cousine contre elle, et déposa un baiser sur le front haut de Sybelle.

- Puissent les Dieux t'accompagner dans cette union.

Bien, songea-t-elle en saisissant à la fois la main de Sybelle et celle de Duncan. Peut-être allaient-ils pouvoir se concentrer sur le mariage qui était en train d'avoir lieu ? Baisant au passage la joue de Manu, elle tâcha de réintégrer sa place, adressant à Tynop un sourire plus serein.
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