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On the highway to hell

Zalina
Suspendue aux lèvres du Flamand, Zalina attend, ne pouvant espérer que voir la Licorne d’Or accepter de se livrer pour qu’elle puisse l’aider. A quoi ? Elle l’ignore, mais il y a un problème, elle le sent. Il est sortit trop souvent seul ces derniers temps pour se vider la tête. Elle ne l’a pas vu, mais connaît les chevaux et sait reconnaître un Frison qui a passé des heures à galoper lorsqu’elle fait sa dernière tournée d’inspection des équidés, chaque soir avant de rejoindre les catacombes. Il n’y a que lorsqu’il veut faire le vide et décompresser quelques heures que Guillaume part ainsi sans but précis. Il n’y a que lorsqu’il est soucieux et ne parvient pas à trouver de solution telle qu'il le désire.

Respiration qui se coupe de nouveau en attendant la suite de la phrase, le cœur livré pour une seule et unique fois. Savoir ce qui s’y cache... pour savoir et aider.
Alors que…
Que rien du tout. Fichue fierté masculine qui les empêche de se livrer.
Zalina sert le poing gauche dont la paume n’est pas encore cicatrisée. Lui donner un bon coup de poing dans l’estomac pour lui faire cracher le morceau ? Une idée comme une autre après tout… sauf que là, c’est quand même le Grand Maistre…
Finalement, elle n’en eu pas le temps. Des cris de femme un peu plus loin l’interrompirent.
Guillaume avait beau lui demander de se taire, la Peste ne peut retenir un grognement. Il vaut mieux que celle qui crie ait une bonne raison. Pour une fois que le Flamand était un peu décidé, juste un peu, à livrer son cœur… S’ils n’ont pas été interrompus sans raison valable, elle va lui en donner des raisons de crier !

Un soupire et retour au devoir. Les désirs personnels après. C’est la règle, leur façon de vivre.
La dague rejoint son fourreau à la ceinture de la Poitevine et elle attrape les rênes de sa jument avant d’aller détacher celles du Frison Comtal et de le rapporter au Maistre qui revient de son exploration.
Voilà des semaines qu’elle demandait un peu d’action sans en avoir, et au moment où elle s’en passerait enfin, çà bouge. Aristote se fout vraiment d’elle. Bralic a raison, c’est toujours quand on ne désire plus une chose qu’elle arrive.

Le Maistre revient. En un regard elle a comprit.
On est repartit pour un nouveau combat. Il ne reste plus qu’à attendre les ordres et les suivre, le suivre. Mais après, il faudra finir cette conversation… quitte à ce qu’elle extirpe de force ce qui reste coincé dans le gosier flamand.
Sauf que les ordres ne sont pas de foncer dans le tas, mais de se mettre à genoux. La Peste lève un sourcil dubitatif mais obéit. Elle le fait depuis des années sans poser de question, ce n’est pas maintenant qu’elle va changer ses habitudes. Le Flamand a toujours raison. Donc il doit avoir une raison. Le regard dur du Mentor ôte à la filleule toute envie de l’interroger.

Elle pose un genou à terre. Ses yeux remontent aussitôt dans ceux de Guillaume pour tenter, encore une fois, d’y trouver un indice sur ce qui pouvait bien avoir en tête. C’est finalement par sa bouche, enfin de nouveau active, qu’elle l’apprend, mais sans trop comprendre.
Sacrifices qu’il lui aurait imposés ? De quoi il parle ?
C’est désormais à la Poitevine d’ouvrir la bouche pour répliquer mais sans qu’un son n’en sorte. Le Flamand ne lui en laisse pas le temps et continue.
Chevalier de l’Ordre royal de la Licorne et dame de Haisnes ?
La Poitevine finit par sortir un mot.


Hein ??

Le reste semble perdu entre le cerveau et la bouche comme les paroles du Flamand restent égarées entre ses oreilles et le dit cerveau qui a du mal à suivre les évènements.
Autant pour les combats, sa cervelle fonctionne parfaitement bien. Autant dès qu’il s’agit de compliments ou récompenses, l’information arrive bien, çà s’enregistre bien… mais il y a un truc au niveau de la compréhension qui coince. Rien à faire.
Au calme, un peu plus tard, elle comprendra sûrement ce qui vient de se passer. Mais pour l’heure, elle laisse l’épée se poser sur ses épaules puis sa tête et se laisser relever sans autre mot au bord des lèvres que ce « hein ? ».
L’étreinte de Guillaume ne lui laisse pas le temps de le prononcer à nouveau. Et peut importe. Elle veut juste profiter de cette étreinte miraculeuse dans les bras de son Père de cœur. Ses bras enserrent la taille de son parrain et elle le sert aussi fort que possible. Profiter de cette chaleur qui lui a tant manquée au cours des dernières années, de ce doux rêve, rien que quelques secondes de plus… Mais il est temps de revenir à la réalité.
Elle essuie une larme furtivement glissée le long de sa joue, puis rend son regard déterminé au Flamand avec un signe de tête. En route.

Suivant le Maistre, elle saute en selle à son tour et dégaine son épée.
Cette fois ci, c’est droit dans le tas.
Le flamand ouvre la marche, au galop. Zalina tente de le suivre de près. Mais la jument semble ne pas vouloir donner autant de vitesse que le Frison la précédant. La distance se creuse.
Lorsqu’elle arrive face aux brigands à son tour, l’étalon est déjà parti plus loin avec l’épée de son propriétaire mais sans ce dernier. Une seule idée vient en tête de la Poitevine : s’approcher pour lancer son épée au Flamand et foncer derrière l’équidé fuyard pour récupérer l’autre lame.
Mais déjà un des brigands a saisi les rênes de la jument et immobilisée la Poitevine. Elle donne des talons, tire sur les guides en tous sens en espérant faire cabrer sa monture et se libérer mais la prise est ferme et rien n’y fait.
Uriel l'Envoyeur
Uriel regarde la scène, se curant les dents avec un bout de bois taillé en pointe…

Cette démangeaison est toujours aussi… énervante. Son sang n’a pas fini de bouillir pendant que sa main droite, experte, continue à sortir les reliquats de viande de son dernier repas. Rien de se dégage de ses yeux en amandes et de ses traits lisses comme un lac un jour sans vent.
Tête d’ange, qu’ils l’appelaient.
Si ange il est, ça fait un bon moment qu’il s’est fait virer de l’Eden pour tomber dans les tréfonds d’un autre paradis. Il est des choses qu’on ne peut que difficilement contrôler, des choses immuables, viscérales, qui sont aussi urticantes sous sa peau qu’un champ d’ortie. Egalement aussi insignifiantes.
Il les regarde au sol d’un œil sans expression. Elle est appétissante. Très appétissante la petite irlandaise en paysanne sur lequel se vautre un pauvre imbécile bedonnant. La main senestre plongée dans une poche joue machinalement avec le pendentif attaché à une petite chaîne d’argent. Souvenir d’un passé récent et de la réalité qui a forgé son âme.

Son regard quitte le spectacle de simulacre de viol pour se poser sur la bande qui l’entoure. Qu’ils sont risibles tous autant qu’ils sont autour de lui. Ils se croient la Haute de la canaille, ces pauvres barjots qui se croient près du Faraud. Ils n’en sont que les manants qui savent seulement changer de travesti et faucher quelques feullouzes. Les seigneurs de l’horreur et de la gent paillarde, ils marchent la main dans la main avec la Camarde et le sang aux lèvres dès la torture. Ça l’étonne d’ailleurs, au bel Uriel, qu’aucun d’eux ne se soient encore se faire briser le cou par l’amoureux ou aient laissé un peu de sang sur la roue, cons comme ils sont. S’il avait encore un cœur, l’Envoyeur, il serait nostalgique tiens. C’est pas de la nostalgie qui le taraude pire que les gaffres lorsqu’il devait brûler le pavé de Paname. C’est cette drogue, cette envie, ce doux plaisir qui vous étreint quand vous toucher son contact chaud, sensuel, quand vous vous en repaissez jusqu’à que vous soyez fourbu… le sang.
Le sang…
La seule raison pour laquelle il a accepté de suivre cette troupe de dégénérés et de petites frappes. Ils ne sont pas dignes de ses talents. Mais il n’a pas le choix. Sa famille vient d’être décimée. S’il tenait ce Dimanche le loup qui non seulement à moucher la marine mais qui a cru pouvoir par là blanchir la roue… remarque heureusement pour lui qu’il s’est balancé au bout d’une corde. Parce que c’est une douceur par rapport aux « réjouissances » que les coquillards encore en vie lui auraient préparées. Personnellement Uriel en aurait préparé soixante-trois. Autant que de dénoncés. Parce qu’on ne dénonce pas la Coquille, quand on y est, on est son amant à vie. On respecte sa « Bien-aimée » jusqu’à ce qu’on passe l’arme à gauche, qu’on blanchisse au gibet ou qu’on se fasse béqueter les orbites par les corbeaux une fois étendu au sol.
Il avait choisi cette route et fait son apprentissage avec brio. Réaliser deux chefs d’œuvres. Un vol scandaleux au yeux de tous et un meurtre écoeurant devant témoins. Il avait fait du deux en un. Il avait débarqué dans l’église de son patelin dans laquelle deux représentants de confrérie se tenaient en parfaites grenouilles de bénitier à faire pâmer une sainte d’adoration. Il s’était avancé pendant l’eucharistie, tel un ange blond avec son aura d’innocence et avait mis un poignard sous la gorge du prêtre qui en avait lâché son bol d’hosties et s’était pissé dessus. Il en aurait chier sûrement s’il avait pas autant serré ses fesses de cul béni. Il avait exigé sortant un sac de sa ceinture que chaque péquenot donne la charité pour le salut de l’âme du rat qu’il tenait à sa merci. Les cris résonnent encore délicieusement à ses oreilles. Ils les revoit encore les péquins grouiller vers la grande besace en se signant et en jurant leur mère devant autant d’ignominie. Une fois le sac rempli, il avait fait marche arrière dans la nef, le cureton toujours implorant et frémissant sous sa dague et une fois sur le parvis, l’avait saigné comme un porc. Une jolie éclaboussure sur sa chemise, la chaleur du liquide s’épandant sur ses bras. Le début. Son âme encore brûlante, plongée dans l’eau glacée du crime et du délit.
Un délice.
Comme tout le reste ensuite. La dernière formalité demandée par le « long » qui avait en charge les gascâtres qui étaient du côté de Dijon avait été une formalité avait été aussi rempli avec autant de froideur et de calme que les deux premières. En guise de bienvenu, chaque apprenti devait offrir ce que la compagnie leur demandait. Il avait amené derechef sur la table de l’auberge qui tenait lieu de quartier général aux porteurs de coquilles, la tête encore sanguinolente de sa mère, la dernière personne encore en vie dans sa famille. C’est ainsi qu’il était rentré sans bruit et sans mots, dans la grande famille des Coquillards, au grade d’envoyeur. Assassin. Il était devenu des leurs jusqu’au bout des ongles. Avait appris langage exquis, rencontré vendangeurs, crocheteurs, esteveurs, doigts d’insectes, gueules cassés, sourire de dingue et traits tirés par le vice. Foulé les pavés de la place Maubert, pas loin de la Cour, là où se tenait la leur. Couru à Ruel et à Monpipeau. Esquivé les fourches de Montfaucon, fait des doigts aux dupes, à la flicaille, malgré les viols, les meurtres, les attaques. Toujours plus violent, toujours plus froid.

Filez dans vos sabots si bons,
Visez la fine fleur à temps
Brûlez l’pavé, loin d’elle, à temps,
Qu’au mariage ne soit question de vous,
Plus blanc qu’un sac de platre, seriez blancs
Si saisis êtes des sergots,
Toisez celui qui sait l’argot
Montrez lui la raie du derrière
Que ne soyez bouclés par paire
Fais gaffe ! Echec pour le Faraud !

Le message de la mouche avait sonné le glas des aventures rouges. Il avait pris la tangente pour éviter que le prévôt ne fasse sécher sa tête et tâner au bout d’un chanvre ou le fasse rôtir dans un chaudron comme Robin Galope-chopine, qu’avait trop fait abus de movargie et s’était surtout fait choppé. Exil. Autre temps.

Le galop d’un cheval lui fait tourner la tête et laisser souvenirs et sombres pensées. Les voilà les sang bleus. Les chimères qu’on va plumer. De l’action. Il est temps.
Les lèvres de l’Envoyeur s’entrouvrent pour laisser apparaître ses dents, limées en pointe, dans un sourire déchiré d’une cruauté glaciale.
Pour l'instant laisser les crétins devant, les laisser se faire empaler et les épuiser. Ensuite sortir du lot et se tailler une tranche.

Main à l’épée. Lame aussi torve que son âme parée. Ils sont déjà là. Uriel attend son heure.
De crime et du sang. Enfin.

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Aélys O'Domnhail
Et elle était de qui l'idée? Certainement pas de la sienne! Elle bout, elle bouillonne, elle tempête, elle s'énerve. Nul doute que si ses prunelles à l'azur captivant teinté de l'orangé infernal de flammes brûlantes, s'étaient réellement transformées en un volcan en fusion, la terre entière serait pareille à une étoile en fusion. Elle est grande sa fureur, elle est immense. Mais que peut elle y faire? Rien, il n'y a rien à faire que s'agiter et se débattre autant que faire se peut, en espérant échapper aux mains baladeuses du Breton qui, soit dit en passant, ne se fait pas prier. Pensez vous! Il se fait plaisir! Il a plutôt bien assimilé les ordres et le plan d'action malgré sa stupidité qui sent à plein nez! Peloter, faire semblant de violer, ah oui ça, c'est des mots dont le sens lui ont pas échappé. Enfin presque. Le faire semblant lui a un peu échappé celui là. Manquerait plus qu'il sorte le loup de sa tanière. Et c'est qu'il en est pas loin!

- N'y compte même pas! Siffle t elle entre ses dents serrées alors que le Breton continue de vaquer consciencieusement à ses petites affaires. Profites, profites, tu le paieras cher... Et le sang coulera telle une rivière rendue débordante par une pluie sans fin. Sûr que vengeance sera sienne lorsque l'animal à la licorne d'or sera enfin entre leurs mains. Elle a hâte de voir en vrai cette proie qui semble si séduisante. Mais allez vous faire une idée avec des descriptions ramenées par des soûlards sans cervelle; finalement rien n’avait été mieux que d'interroger les gens qui vivaient sur ses terres. L'adoration qui s'élevait dans les voix lui en avait fait tourner la tête d'écoeurement. Enfin, si seulement, ces crétins avaient daigné l'écouter, elle aurait pris son pied tout en attirant l'animal dans ses filets; un homme reste un homme et un chevalier autant qu'un autre, d'autant que dans ce métier, il faut savoir faire preuve de virilité: et l'amour n'est pas une preuve de virilité. Il aurait donc aisément craqué...
Mais en lieu et place d'un chevalier sous le corps duquel la belle aurait pu se faire monture à peu prêt obéissante, il y avait un porc et il était hors de question qu'elle se fasse pouliche aisément domptable : elle serait donc carne insupportable, quand bien même c'était pour la bonne cause pour attirer l'attention.

En parlant d'attention, ils y en avaient d'autres qui ne se faisaient pas attendre. Le voyeurisme semblait être inné chez un bon nombre de ces imbéciles que Konrad avait embauchés. Maudit soit il! Il avait intérêt à prendre son pied celui là; il avait intérêt à en profiter parce qu'il n'aurait bientôt plus que ses yeux pour s'envoyer au septième ciel. A cette pensée, elle cracha au visage du Breton. Manque de chance pour ce dernier, c'est lui qui se trouvait là.
Et dans tout ça, il ne manquait pas quelque chose? Et si... crier comme une pucelle qui s'indigne faussement de se faire déflorer alors que la garce a quand même ouvert les cuisses sans se faire prier. Sauf qu'elle n'est plus une donzelle à la matrice immaculée et qu'elle est loin d'avoir ouvert ses cuisses comme on ouvrirait les portes d'une taverne pour faire entrer la clientèle. Cherchez l'erreur...


- Lâchez moi! A l'aide! Cela sonne faux, terriblement faux, mais les rires gras se révèlent être fort utiles après tout. Et l'agitation ne devrait plus tarder à arriver à son apogée. Elle ne tiendra pas longtemps. Ou plutôt, lui ne restera pas longtemps en vie à trop attendre. Lâchez moi! Vous me faites mal! Jouer la comédie oui, mais là, c'est trop lui demander.
Et comme un signe de ce Ciel dans lequel elle n'a jamais cru - à quoi bon d'ailleurs, ce n'est pas lui qui donne la richesse ni ce plaisir qui fait que votre corps brûle d'une chaleur sans égale - , donc comme un signe, des bruits de sabots se font entendre et les cris changent de tonalité.
Soupir de soulagement.

Sans se poser de question, malgré la force manquant de ses bras mobilisés, elle arrive a plier une jambe - non sans sentir un doigts grassouillet se promener au fin fond d'un territoire interdit - son genoux se plaçant entre lui et elle. Clac! Il est une rotule qui a subi un trop gros effort; moue de douleur. Mais tant pis; elle ne restera pas sous ce charognard qui fait une crise de manque. Son dos se cambre, douloureux lui aussi : celui qui prétendra qu'une racine d'arbre est plus confortable qu'un lit, peut se crever un œil et il peut même crever tout court..

- Dégage de la toi! Ça aussi, c'est digne d'une paysanne en chaleur, il n'y a pas à dire. Violement, elle repousse le Breton sans se préoccuper de son état et échappe à son étreinte salace, en rampant sur le sol. Dieu que le goût de la bile est vraiment une chose peu ragoûtante. Elle se vengera de l’affront.

Mais la belle repousses ses projets à plus tard, l’odeur et le bruit irrésistibles de l’argent se rappelant à son esprit. Mais encore faut il qu’elle le reprenne dans son entier, cet esprit. Se remettant debout au milieu du tumulte, elle pose machinalement sa main sur sa cuisse, à la recherche d’un objet taillé dans les forges irlandaises. A son grand dam, la palpation est vaine. Dans sa précipitation, elle avait oublié ce léger détail : ne fallait il pas que la scène soit plus vraie que nature ? Elle devra trouver autre chose…
Tiens, la gueule d’ange. Il faudra qu’ils aient petit tête à tête tous les deux. Mais avant, il faut songer à détourner l’attention du chevalier ; décidément il prend trop à cœur se sauver une donzelle qui était loin d’être en danger. Pathétique… pauvre fou avec ses idéaux bien inutile et risible qui ne seront bientôt plus qu’un tas de cendres froides que le vent soufflera sans y porter le moindre intérêt.


- Je vous en prie Messire ! Aidez moi je vous en prie ! La voix est tremblante, nouée d’un faux chagrin mais tellement vrai. Elle accoure vers lui, son jupon froissé, sa chemise légère à moitié déchirée, ouverte sur une rondeur à la blancheur virginale que tout homme aimerait cueillir dans sa main avant que d’y croquer dedans par gourmandises, ses longs cheveux de jais, tombant désordonnés sur ses épaules. Messire, je vous en prie… je vous en prie… Fausse supplication destabilisatrice, n’ayant d’autre but que de lui détourner son attention afin que les autres fassent leur part du travail. S’il vous plaît… C’est elle qu’il doit voir et non plus ces autres. Concentré sur elle, il doit perdre tous ses moyens de résistance.
Guillaume_de_Jeneffe
La miséricorde est maintenant nue. Elle crie le sang, elle appelle le combat. Son fer brille aux derniers rais de ce soleil. Les regards se sont posés sur lui. Les sourires s'élargissent au fur et à mesure qu'ils s'approchent de lui. Lentement. Sûrs d'eux. À deux contre un, le combat ne devrait pas durer longtemps. Il serait encerclé, proprement et ensemble ils lui plongeraient leurs lances, faux, épieux, épées ou haches dans les chairs. Et il ne reverrait rien avant de pousser son dernier souffle. Il mènerait peut-être deux de ses proches les plus chers à la mort. C'est du moins ainsi que lui aurait procédé. Risques minimum et profit maximum.

Mais cela, c'était ignorer les usages des brigands. Et oublier la donzelle qui se faisait joyeusement trousser. Donzelle qui justement ne se fait pas oublier, courant droit vers lui, sans sembler se soucier de ce qui l'entoure, comme s'il était sa seule voie de salut. Donzelle accorte, aux formes bien faites, aux jambes longues et soignées, à la taille trop fine que pour avoir déjà... porté famille. Quelque chose cloche, c'est un fait. Une femme comme ça, soit c'est marié, soit c'est prostitué. En tout cas, ce n'est jamais seul à se promener dans la forêt. Il y a définitivement quelque chose qui ne va pas comme cela devrait. Il devait charger, faire fuir les brigands, en tuant certains si besoin était, et espérer que leur proie puisse ainsi se libérer, l'aidant ensuite à se relever, fatiguée comme elle devait l'être. Mais là, la proie courait comme une jeunette, comme si rien ne s'était passé, et elle hurlait pire qu'un gosse à qui on offrait une épée.

Mais que veut-elle vraiment? Que cherche-t-elle? Elle semble désarmée, sans rien de tendu vers lui que sa poitrine semblant chercher le chemin de sortie de son chemisier à moitié déchiré. Que faire à ce moment? La repousser? La protéger? L'ignorer? Trop tard, elle est sur lui, il faudra faire avec.


« À couvert, cachez-vous ». Les paroles sont venues seules, comme un vieux réflexe. Il se tourne un instant, lui pointe une souche dans son dos. Qu'elle se bouge de là, et qu'il puisse s'occuper des autres. Trop tard. Ils sont déjà sur lui. La tête tournée, il ne les avait pas vu fondre sur lui. Et déjà leurs cris, leurs odeurs, leur haleine, il les sent. Un instant, et ce sont déjà les coups qui pleuvent. Sous ses plattes, il sent les lames, il subit les coups. Parer, se défendre, se protéger, c'est impossible. Ils sont trop nombreux, trop proches. C'est le combattant des rues, celui qui vendait ses services qui refait surface. Le chevalier disparaît, le bagarreur des tavernes revient. Les éliminer, un à un, ne plus sentir les coups, ignorer la douleur, et survivre, peut-être.

La miséricorde part, droit sur une gorge dénudée. Il ne sait qui il touche, il ne le voit pas, c'est juste une masse qu'il perce, qu'il vide de son sang. C'est juste une masse qui s'affaisse sur ses genoux, qui reste un instant immobile, puis qui s'écrase sur le sol, sans un bruit. Après lui, un autre, plus bas, un chapeau de fer sur la tête, une hache à la main. Déjà il lève son arme pour l'abattre sur le Flamand. Guillaume, dans un réflexe, empoigne le manche dressé, plonge son arme dans son oeil dextre et la scelle dans l'os de son crâne, dans un bruit immonde.

Mais ils ne le laissent plus agir. Son bras senestre tendu devient la cible de leurs attaques alors qu'il abandonne sa première arme dans un crâne la conservant en ornement. Et ils trouvent la faille. Armure trop légère, protections ôtées par endroit et cadeau pour tout opposant sachant viser. La douleur se répand, du coude à la main, la chair est à vif, le sang a rencontré l'air frais du soir. La hache est lachée, et avec elle le corps inerte. Le chevalier est désarmé. Sa simple carapace de métal pour le défendre, mais combien de temps encore?

Ils l'ont compris, bien sûr. Habitués au combat, aux coups de mains et aux meurtres, ils sentent un ennemi à leur merci des lieues à la ronde. Et, à leur merci, le Flamand y est. Qu'il leur semble ridicule, se protégeant de leurs coups avec ses deux simples gantelets. Forgés à l'image de ceux de ses capitaines, certes, mais bien pauvre face à leur arsenal. Sous le métal, ce sont les os, les chairs, les muscles qui reçoivent leurs coups. Mais pourquoi? Que s'échine-t-il à faire ainsi? Il est perdu, qu'on en finisse et vite. Ils ne sont pas là pour un travail en finesse. On leur a dit de le ramener, vivant, pas besoin de se creuser. Parce que là, si on le laisse faire, on y est encore à la Saint-Glinglin. Mais, il fait quoi le gars-là? Qu'est-ce qu'il fout couché à côté du corps de l'autre à l'orbite perforée? Mais, il prend sa hache? M... les gars, garez-vous, il va...

Et en effet, la hache part, à hauteur de tibia, dans un grand arc de cercle. Et elle trouve sa, ou plutôt ses cibles. Métal, os, cuir, ce qu'elle ne coupe pas elle le déchire, ce qu'elle ne déchire pas elle le jette à terre. Terre qu'il s'empresse de quitter. Debout, il peut mieux les affronter. Armé, peut-être a-t-il encore une chance... Hache dans la main dextre, l'autre bras pendant inerte, bien mal en point, sans utilité, d'un coup, il fend le crâne du premier. Jet de sang, de cerveau, de cheveux, c'est un carnage qui se dessine autour de lui. Le goût du sang, du combat sans merci, lui remonte à la gorge. Son visage s'est mué, il a abandonné l'aspect calme du chevalier pour retrouver celui du routier assoiffé de sang. Duel à pied, duel à mort. Donzelle déjà oubliée, seuls comptent les hommes.

Les hommes reviennent, plus nombreux, plus déterminés. Deuxième vague qui avance, compacte. Guère plus de quatre, mais mieux armés. Cuir bouilli et clouté, restes de cote de maille, véritables épées, et salade obtenue Aristote seul sait comment. D'un même pas ils s'avancent, unis dans le mouvement. Anciens fantassins, cela se voit à leurs usages. Puissants ensemble, perdus seuls. C'est un mur qui s'approche, lames pointés sur lui. Ils ne cherchent pas à dissimuler. L'attaque sera une et triple, simultanée et imparable. Le chevalier semble le savoir, il ne recule pas. Il laisse glisser le manche de son arme entre ses doigts. Hache, elle deviendra marteau d'arme. Soit. Il veut mourir en barbare, ils ne s'en formalisent pas, sûrs de leur force. Les épées partent, d'un geste.

Mais elles le surprennent. Pointées sur ses épaules et son genou dextre, il ne pourra toutes les éviter. Réflexe qui parle une fois de plus. Remonter la hache en un coup circulaire, et peut-être les désarmer. La première épée est balayée, et avec elle le poignet de son possesseur, beuglant son mal à genoux. Hélas, les deux autres sont trop rapides, elles trouvent le cuir sous le métal, le percent et s'aventurent au-delà. La hache est lachée, la vision se fait trouble, la sueur augmente, le sang coule, et la douleur se fait insoutenable. Ses bras sont tombés le long de son corps, inutiles. Il les fixe, il se sait mort.

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Konrad
Vous pensez bien qu'il n'allait pas manquer cette scène mythique de voir sa belle passer à casserole entre les mains grasses de ce pervers bretonneux. Non point qu'il trouvait ça exitant au point d'avoir le feu à l'entre cuisse, mais la scène ne lui déplaisait pas du tout. Elle qui passait son temps à allumer des incendies par le seul balancement de ces hanches et qui s'amusait à les éteindre uniquement quand elle en avait envie, allait enfin voir ce que c'était qu'un homme qui était arrivé au bout de ses limites de résistance. Remarquez, elle avait eu le droit de le voir lui aussi à bout, mais dans ses cas elle, elle était toujours consentante. Là, il était évident qu'elle ne le serait pas. Même lui; s'il avait été une donzelle au séant en chaleur, pour sûr qu'il aurait pas été très chaud pour se faire peloter par un porc humain. Il se doutait qu'elle devait être énervée la brune; pour sûr qu'elle devait l'être... Et il s'imaginait déjà leurs retrouvailles. Un vrai bonheur...Il passa son pouce sur ses lèvres, de satisfaction à cette succulente pensée. Une tornade elle serait, mais il avait de quoi mettre à profit ses délicieuses ardeurs.

Appuyé contre son chêne, il regarde tout le beau monde s'agiter. Il supervise comme dirait l'autre. C'est que c'est lui le chef le Germain, c'est grâce à sa grandiose cervelle qu'ils vont devenir riches... Rectification : qu'il va devenir riche. C'est qu'il ne compte pas partager et qu'il envisage bien de se débarrasser de ces imbéciles qui ont accepté de le suivre. C'est dingue ce que l'argent peut aider à persuader les gens. N'empêche, c'est une belle bête que ce Chevalier; vraiment, une ingénieuse idée que celle qui fut sienne. La proie fut facile à attirer; il crache par terre. Et c'est ça qui dirige un ordre royal? Enfin, si ces tarés de François sont assez couillons pour lâcher de bon gros sacs d'écus pour ça, il va pas se plaindre le Germain, même s'il avait espéré un peu plus d'amusement. Quoique, le spectacle est pas déplaisant. Regardez là l'autre garce à se trémousser comme ... Tain' vivement qu'ils aient fini leurs affaires. Faut qu'ils aient une petite discussion tous les deux. Rien de bien important mais, voilà quoi.

Enfin,bref. Ils verront ça plus tard, et ça serait bien que le plus tard il pointe son nez le plus rapidement possible. Ca serait pas un mal pour les bijoux de famille qui demandent un peu à prendre l'air. Bon, ça en est ou? Pas mal, pas mal... Pas trop de casse de leur coté; quoiqu'il en soit, il s'en fout, ceux qui tombent , ça fera ça de moins à dégager par la suite. Mais ça serait bien que le Chevalier il lui laisse un peu de main d'oeuvre pour trainer sa pauvre carcasse jusqu'à destination quand meme. Faut jamais trop se salir les mains surtout quand vous avez des hommes pour faire le travail.

Un coup d'oeil à Uriel, le Germain lui désigne la gamine qui trainait avec le Chevalier. Pas besoin d'avoir une chieuse dans les pattes, faut pas oublier qu'il se tape déjà l'irlandaise. Et puis c'est lui qui vaut son pesant d'ecus, pas l'autre gamine. La main sur le pommeau de son épée, il s'approche comme s'il était en promenade de santé. En même temps, il craint pas grand chose, c'est pas lui l'objet de la chasse à l'homme, on vous le rapelle.


- Alors garçon! On s'laisse pas si facilement attraper hein? de son lourd accent germanique, il hèle la licorne encerclée, passant le barrage formé par ses hommes. Juste un geste, un seul et il baiserait une dernière fois le sol. Mais là n'est pas le but; et ce fut difficile à expliquer aux autres tanches : frapper oui, tuer non. Alors? Ca fait quoi d'avoir peur pour sa vie? Ca fait quoi d'etre tombé dans un stupide piège? On m'avait dit les chevaliers dotés d'une certaine intelligence... A ces mots, il crache par terre, comme si l'équation chevalier-intelligence était une chose dégoutante.Enfin... Haussant les épaules, il passa dans le dos du Chevalier et lui donna un violent coup de pied au milieu des homoplates. T'as perdu ta langue?
Zalina
Du haut de son perchoir à quatre pattes, Zalina a une superbe vue d’ensemble sur la scène qui se joue sous ses yeux.
La Donzelle qui les avait interrompue s’est libérée du gros tas qui la submergeait peu avant et court vers son sauveur. Bon d’accord, elle avait peut être une bonne raison de crier. Son compagnon n’était pas des plus alléchant.
La Peste pardonnera le dérangement, pour cette fois. Mais tout n’est pas réglé avec le Maistre.

A quelques pas d’elle le Flamand se bat avec une miséricorde.
Fichu canasson parti avec son épée.
Il faut qu’elle le rejoigne et vite. Sauf que la jument est toujours fermement tenue et ne semble pas décidée outre mesure à ruer dans les brancards pour retrouver sa liberté. C’est Zalina qui devait s’en charger seule, comme toujours.
L’estoc de l’épée de la Peste vient transpercer l’épaule de celui qui tenait les rênes.


Nom de Diou !!! Tu vas m’l’a lâcher cette jument oui ???

Une question qui n’en était pas réellement une. Un cri et l’équidé retrouve sa liberté, tout comme Zalina.
Nouveau coup d’œil à la Licorne d’Or.
La miséricorde a fait place à une hache. Zalina se rassure, juste une seconde. Une hache oui, mais que le Chevalier ne manie que d’une main. Il y a un problème.
Inutile de crier son « Pas touche à Mon Maistre ! », ils n’en ont rien à faire, ni d’elle, ni de ce qu’elle pourrait dire. Leur cible, c’est la Licorne d’Or, rien qu’elle. Seulement, il faudra passer sur le corps de la Peste Noire pour parvenir à obtenir cette Licorne ci. Une Peste sans armure et avec un bandage à la main gauche qui l’handicape, mais sur une Peste quand même, qui n’a pas peur de mourir, tant que le Flamand lui, reste en vie.

« L’aide d’écurie » ne semble pas satisfait de sa blessure à l’épaule et tente de l’attraper par la jambe pour la mettre à terre. Un coup de pied dans la figure, et c’est lui qui bascule sur le postérieur, un joli nez cassé pissant le sang en prime.
Un peu plus loin, Guillaume est encerclé, les bras le long du corps.


Nooooooooon !!!

Le sang de la Gamine n’a fait qu’un tour.
Un coup de talon dans les cotes de la jument et les voici parties au triple galop droit sur le groupe. Il faut rejoindre Guillaume, le chopper par la peau du cou au passage, le balancer sur la croupe et foutre le camp d’ici rapidement.
Les chances de réussite pour le franchissement des remparts autour du Grand Maistre ? Très faibles, voir nulles. Tout juste un vague espoir si ces abrutis soient surpris par l’arriver de la furie et s’écartent.
Ce n’est pas comme si c’était la première fois que Zalina fonçait dans le tas sans réfléchir. Qu’avait elle à perdre ?
Epée tendue le long de l’encolure de sa monture pour écarter les récalcitrants, cible verrouillée. Elle ne s’arrêtera plus avant de l’avoir atteinte… ou d’être morte.
Uriel l'Envoyeur
L’Envoyeur est arrêté dans sa course par le geste de la main du Germain.

Grimace où luisent un instant les lames des les poignards aiguisés qui lui servent de ratiches. L’abruti, il se prend pour un dave. Rien avoir avec son ancien Roi ou les « longs », c’te trogne de péquin. Un minot de la racaille, juste un poil de cul plus dégourdi que tous les faquins qu’il a autour.

Il aurait presque raison le Chleu si ce n’est à une potence près. C’est que c’est pas la mini pucelle qui se prend pour un kador la cible qu’il faut abattre. Con comme il est, il a pas vu au delà de son tarin, qu’il y en avait un troisième qui charge de loin. Pas bien gaillard apparemment, le croulant. Mais lancé sur sa gaye et une épée à la main, ça le rend un peu plus armoise que sur ses quilles tremblante et à porter de lingue. Et puis autour la douloureuse s’épaissie. Ça tombe comme des mouches, presque aussi facilement que sous les fourches de Montfaucon du temps où il arpentait Paname. Cette bande de troufions… le faraud est en train leur coller un baiser séance tenante devant la Licorne. Sont trop cons décidément. On combat pas un chevalier en bataille rangée, sont bien trop entraînés à la régulière. Les boites de conserves de leurs genre ça se baise par derrière et sans prévenir. Mais bon s’ils veulent descendre dans les tréfonds les pieds devant, ça arrange le coquillard. Lui à les moyens de se la jouer solitaire. C’est toujours autant de moins pour partager l’aubert de l’affaire et autant moins d’abruti sur le pavé. Que du bénéfice.

Uriel, tel un chat, s’éloigne de l’attroupement autour de leur future fellouze. La drôlesse est aux prises l’un des bras cassés qui essaie d’immobiliser son cheval. Largement le temps pour l’Envoyeur de s’occuper du croulant qui s’approche dangereusement. Ses longs doigts d’insecte attrape lestement l’un des manches qui sont accrochés à sa ceinture. Un long surin vient se dégourdir hors de sa taule de cuir. Les yeux amandes fixe le torse du canasson qui arrive, naseaux fumant et écume aux lèvres. Sa pogne se lève, armée de la lame. Cible verrouillée. Le trait argenté file se figer dans la cage thoracique de l’hongre. Hennissement strident et cavale qui se cabre d’un coup, avant de s’étaler dans un bruit de bouche à feu au sol.
Le croulant ? Il s’est fait éjecté, bazarder au sol, comme une pauvre merde. Le tas de ferraille reste au sol, yeux clos, près de la bestiole qui agonise en battant des fers dans le vent. Les quilles du canasson passent d’ailleurs dangereusement près du couvre chef du vioque. L’Envoyeur se rapproche, pour finir le travail. Un homme au sol s’est toujours une proie facile. Il s’en tamponne de leur code d’honneur. Le sien reste le sang et les larmes, le caire sonnant et trébuchant et la survie de sa carcasse. La loi du plus fort. Point.

Nom de Diou !!! Tu vas m’l’a lâcher cette jument oui ???

Uriel tourne sa p’tite tête d’ange déchu. Il a pas vu le coup mais il voit le résultat. Quelle bande d’incapables ! Le gros qui immobilisait la donzelle a pas été foutu de la refroidir. Il vient de prendre un cou dans l’épaule et s’accroche comme un pouascail à la botte de la drôlesse. Elle a un tant soit peu de jugeotte en lui collant un coup d’arpion dans le pif. L’autre raclure se retrouve sur le fondement, hurlant sa mère, et la bobine en sang.

L’Envoyeur s’énerve. Pas qu’il soit marri de la perte du crétin en soi. Non. Sauf que le crétin a pas fait son boulot et que là c’est lui qui doit rattraper ses bourdes. On ne peut compter décidément que sur soi. Voilà cette puterelle de basse fausse qui cavale vers leur butin sur patte. Le matou des rues prend la suite, prenant large pour pas se faire capter par la furie qui s’élance dans la mêlée, épée au poing. Il faut qu’il se rapproche, par derrière, hors champs de vision et sans prendre un coup de la part de sa cavale. Ce qu’il fait. La petite s’est retrouvé devant la troupe, arrêtée in extremis par une hallebarde brandie par un des couillons, alerté par le bruit du galop, devant son canasson. La bestiole a été stoppée juste à temps par sa cavalière. Pour une fois bon point pour les bras cassés, ils auront une image… s’ils sont encore en vie. L’Envoyeur se rapproche rapidement, épée au point, senestre de la poucrelle. Le Germain est en train d’exciter la proie. Sûr que la petite elle a tout entendu aussi. Elle va pas être jouasse et tant mieux. Son attention n’est pas sur lui. La lame frappe le flanc de son canasson avec violence déchirant la sangle qui lâche d’un coup, libérée de pression.Le sang jaillit d'un coup, piquetant le visage du l'Envoyeur de rouge. La cavale se cabre. Uriel recule d’un pas par éviter de se prendre le canasson sur le coin de la gueule. La selle vacille et la petite se retient aux rênes…


Elle est à moi !

Qu’ils s’occupent du Grand qu'on peut pas âbimer, Uriel a sa proie qui va tomber à ses pieds… lueur perverse qui passe dans les yeux amandes de l’Envoyeur. Il va enfin s’amuser un peu.

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Aélys O'Domnhail
Elle ne fait même pas mine de suivre ses conseils; tout juste jette t elle un oeil à ladite souche derrière laquelle elle devrait se cacher pour sa sécurité... Il est vrai que sur sa pauvre personne a plané le nuage d'un danger incommensurable; n'est il pas? N'a-t-il donc pas compris que c'était là un piège dans lequel il a foncé tête baissée? Ne comprend il pas que chaque geste pour se sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve, ne fera que refermer un peu plus sur lui l'étau comme se refermerait une mâchoire d'acier sur la patte d'un gibier apeuré qui sait deviner sa fin? Beau est le spectacle qu'elle regarde; le pauvre animal chimérique se bat et se débat; mais en vain. Pour un peu elle en aurait presque pitié. Mais que croyait il en se jetant ainsi dans la gueule du loup? Il n'existe que deux choses avec lesquelles pense un homme; cet ithyphalle qu'ils ne peuvent s'empêcher d'élever en direction d'un Ciel qui n'a que faire d'eux en une prière pour l'exaucement fatidique de leur virilité et leur arme, qu'elle fut hache, épée ou lance, qu'ils manient comme si c"était là une preuve sacrée de leur masculinité. Et pendant ce temps, il sombre, il sombre...

Elle admire le bellâtre qui se fait défaire comme un premier né. Ces comparses se semblent guère mieux. A quel ordre appartenait leur proie déjà? Croyez vous qu'enne en soit encore de cet ordre? Regardez là, pauvre animal qui ne demande que l'achèvement fatal qui lui rendra la liberté que chaque individu en ce bas monde demande... Elle est prise au piège la licorne, elle si belle, si majestueuse... Elle n'est plus rien, que du vent. Une chimère, une illusion, la stupidité d'un esprit simple. Et regardez s'agiter l'amazone sur sur son destrier? Détaillant la croupe d'un oeil connaisseur, elle laisse glisser sa langue sur le bout de son lèvres. A portée demain, elle ne demande qu'à être cueillie.


Elle est à moi!
Voilà qui est chose faite, ou du moins qui le sera bientôt. Elle se détourne, laissant l'Envoyeur à son incensée conquête et se tourne en direction de la proie tant désirée. Dans un déhancher a faire fondre les glaces du pôle nord, elle s'approche du cercle formé par les hommes du Germain. Elle le voit lui, son amant, elle le regarde, le regard brulant. Mais ce n'est pas lui qu'elle désire. Non il y a... Elle s'approche encore en chantant fausse ingénue dans sa bulle de carnage. Elle s'approche, un sourire aux lèvres, se glisse entre ses imbéciles qu'elle sait ne plus savoir de ce monde dans quelques temps, lorsque sera venu le temps du partage des écus sonnants et trébuchants.

Comme un rêve trop beau pour y croire
Comme un trésor secret
On en parlait comme d'une belle histoire
Pourtant elle existait
Elle est arrivée un beau matin dans le monde des humains
Elle a rencontré, sur son chemin, un petit magicien
Il savait que c'était la dernière Licorne

Elle était belle comme le jour
Elle était celle pour qui toujours
On aurait bien donné sa vie, son âme, son amour
Pourtant elle avait le cœur lourd
Elle savait qu'elle était la dernière Licorne

Ils s'en sont allés à l'aventure à travers la forêt
Tous les animaux de la nature venaient les saluer
Ils ont affronté le méchant roi et le taureau de feu
Elle a toujours su garder la foi en son rêve merveilleux
Ne plus jamais être la dernière Licorne

Ne plus jamais être la dernière Licorne


Plus qu'elle ne se fraye un passage de force, elle se colle, provocante , passant une main sur les fessiers qui se trouvent à hauteur et s'arrete au milieu du cercle. Elle est là, la licorne... Elle envoit un baiser piquant au Germain, qui esquisse un grognement en la voyant, devinant sans doute ce qu'il lui passe par la tete. Mais qu'en a t elle à faire? Rien, bien sur. Au contraire, elle reste et s'abaisse même à hauteur du Chevalier, l'aidant avec une douceur étrange à se redresser. Que peut elle préparer? Est-ce une bonne idée que e le savoir? Elle prend son visage dans ses mains, caressant de ses pouces les lèvres, salies de poussière et y dépose un baiser léger.
Merci chevalier... dit elle dans un sourire charmeur...
Zalina
L’objectif est presque atteint sans trop de difficulté. Sauf que là, il y a comme un hic, un pic, enfin une hallebarde quoi.
La Peste fait piler sa jument et bifurque à dextre, le regard toujours rivé sur le Grand Maistre et le Germain qui ferait un très joli mort embroché à son épée. Combien allait elle devoir en tuer pour qu’ils comprennent enfin que l’on ne touche pas à ce Maistre là !
Elle dévisage celui qui semble être le chef pour l’inscrire dans sa liste de personne à abattre si jamais il lui échappait ce soir. Belle gueule ou pas, ce Germain est un homme mort qui l’ignore encore.

Reprendre de l’élan pour mieux sauter ou espérer que la jument ne tombe pas sur elle. Mais il faut passer. Rejoindre le Flamant à tout prix.
Elles s’arrêtent une seconde et Zalina s’apprêtent à donner de nouveau des talons… quand elle s’aperçoit que les talons ne sont plus là où ils devraient être, trop penchée à dextre. La Gamine n’a pas le temps de vérifier l’origine du problème que la jument est déjà sur les pattes arrières.


Nom de…

Elle se retient aux rênes un instant et se laisse glissée sur la croupe avant de sauter au sol. Sans selle, même bonne cavalière, elle ne pourra pas manier l’épée et rester sur l’équidé. Autant descendre et continuer avec l’épée… Mais obligée d’oublier la Licorne d’Or le temps de régler un problème inattendu et pas vraiment désiré.
La jument s’écroule à ses pieds, rendant la Peste encore plus furieuse.


Cette jument m’a coûté la peau du cul !!!

Pas tant que çà en faite et bien mauvaise monture. Aussi têtue que sa cavalière. Mais toutes les petites économies de la jeune fille y étaient passées et elle espérait bien en faire une bonne poulinière pour le Haras du Taureau.
Colère qui monte encore d’un cran.
Et l’autre crétin qui prétend qu’elle lui appartient ? Ba voyons… Il y en a qui n’ont pas peur. Elle n'appartient qu'à la Licorne.
S’il veut jouer, ils vont jouer. Mais pas longtemps, elle a rendez vous avec un Germain et un Grand Maistre. L'Irlandaise, elle la laisse à Daresha. La Comtesse la tuerait de ne pas lui avoir réservée celle qui embrassait son époux.


A toi hein ? Viens donc me chercher dans ce cas…
Tout ceux qui ont oser m’approcher sont morts, mais viens donc…


Campée sur ses deux jambes, dagues toujours à la ceinture, elle fait signe à son "propriétaire" d’approcher.
Un sourire se dessine au coin de ses lèvres et une étincelle de défi fait son retour dans son regard. Il y a bien longtemps qu’elle n’a pas eu le droit de jouer avec quelqu’un qu’elle pouvait tuer. Et là, c’est lui qui demandait.
Juste une seconde, et elle s’occupe du Grand Maistre… Bougez pas Maistre, j'arrive.
Guillaume_de_Jeneffe
Qu'attendait-il ainsi? La mort certainement. Il était désarmé devant eux dont les yeux criaient la haine. Crier, gesticuler. Inutile. Il était à leur merci, même s'il savait qu'ils ne la lui donneraient jamais. Non, il ne restait qu'à attendre et, peut-être, trouver une voie de salut. Une erreur dans le coup qui aurait dû lui être fatal, une hésitation avant de le mettre à mort, là était sa seule chance de survie. Avant cela, respirer, se tenir prêt, ne pas faire d'efforts inutiles. Le sang coulait trop abondamment, inutile de l'aider à fuir. Il observe, calmement, les hommes qui l'entourrent. Ils ont le regard sec, sans pitié, dénué de tout scrupule, ne voient que lui, comme lui a oublié que d'autres étaient avec lui. Leurs armes sont tirées, mais ils n'avancent pas. Est-ce la crainte, l'attente, des ordres qu'il ne devine pas? Guillaume l'ignore, et cela l'intrigue. Que se passe-t-il donc sous la forêt flamande aujourd'hui? Quelque chose cloche à nouveau. Ce n'est pas normal, on ne détrousse pas un homme ainsi, il le sait, il l'a vu faire, bien des fois, et parfois de bien près...

Et soudain un accent de l'est brise le relatif silence. Reconnaissable entre mille, les « r » éructés comme des pierres jetées d'une fronde. Et les insultes qui se multiplient. Il croit le blesser, certainement, sur de sa victoire, il se croit dominer l'homme à sa merci. Pauvre de lui, pauvre homme ridicule. Comme ses paroles sont vaines, inutiles, ne trahissent que sa propre crainte de ne pas parvenir au but qu'il doit s'être fixé. Quelles paroles vaines qu'il se croit devoir doubler d'une attaque physique. Chevalier qui mange la poussière, sans réaction. Ses épaules ont rencontré le sol bien trop vite, il n'a pas su les protéger, comme si elles éclataient sous son poids. C'est un rictus de douleur qui se lit sur son visage. Non, il ne l'avait pas raté, l'autre Teuton.

Mais déjà une voix se fait entendre. Presque familière, douce, voire doucereuse, qui entame une comptine lente et calme. Mais paroles qui se révèlent moqueries sous couvert de joyeusetés, insultes sous couvert de complainte, et finalement des mains qui se posent sur lui, sans brusquerie, comme si elles comptaient réellement l'aider. Guillaume se laisse faire, il n'a ni la force ni la volonté de résister. Couché, il ne saura rien faire, debout, peut-être a-t-il une chance.

Elle le relève donc, lui ôte la poussière de lèvres qu'elle couvre d'un léger baiser.
« Merci chevalier » conclut-elle même. Le baiser avait presque le goût d'une figue, les paroles ont l'amertume d'une bière mal brassée, germaine. Elle le moque, devant tout le monde. Mais surtout, elle lui offre à comprendre ce qu'il n'avait pas encore réalisé. Tout cela était un immonde traquenard, dressé pour lui, certainement. Mais il n'était pas temps de réfléchir à cela. Il était pris, et par des gens qui savaient ce qu'ils voulaient, sans cela il serait déjà en train de faire le bonheur des charognards des environs. Non, là, il lui réservait autre chose. Dans le calme qui l'entoure, il peut comprendre, saisir tout cela, et enfin penser à ce qui l'entourre. Et ce qui l'entourrait, quelques instants plus tôt, c'était deux frères, un ami et une filleule. Il fallait les protéger, les laisser ignorer de ceux qui le tenaient aujourd'hui entre leurs griffes. Mais ne pas le faire trop visiblement, ne pas demander pitié de leur personne, ne pas révéler qui ils sont, et la valeur qu'ils peuvent avoir.

Il se mord la lèvre à sang, pour oublier la douleur et se concentrer sur ce qu'il lui restait à faire. Avaler la bile qui emplit sa gorge à chaque déglutition, d'abord. Et répondre, ensuite.


- Mais de rien... damoiselle... Hélas pour vous... vous ne saurez profiter de plus... Aristote qu'il était difficile de parler quand vos os jouaient à « Qui réussira à se retrouver le plus loin de son point de départ? » Mais... vu que visiblement, ce n'est pas ici que vous... avez décidé de me faire finir... mes jours... y allons-nous ou attendez...-vous que la neige... ait fait de vous des... jeux pour enfants...

Et, comme pour montrer l'exemple, Guillaume porte son regard loin au-delà des hommes rassemblés autour de lui. Détourner leur attention, s'écarter de Zalina et Totox, et peut-être les mettre à la merci de la charge de deux chevaliers de la Licorne. Nouvelle respiration, longue, qui lui fait baisser les yeux. Et regard qui reste baissé, comme par fatigue. Nouvelle respiration, plus longue que la précédente. Mais les yeux sont ouverts, ils fouillent la ceinture de celle qui vient de joindre ses lèvres aux siennes. Hanches bien faites, trop bien faites, désirables si les circonstances avaient été autres. Mais rien. Pas de renflements, pas de bosses sous le cuir de la robe, nulle trace d'une dague, d'un couteau qui eut pu lui servir....

Il est temps de relever le regard, sans effort inutile, de retrouver le visage méprisant de ses adversaires du jour. Ils l'avaient bien joué. Comme de juste il avait fondu sur eux, seule technique qu'il pensait efficace. Mais rien n'avait été comme prévu. On l'attendait, les coups avaient été trop bien évités, il aurait du comprendre, voir que seule la fuite l'aurait sorti de ce guet-apens. Mais il n'avait rien vu, les yeux fixés sur la mort qu'il se préparait à répandre. Et à l'instant, il en payait le prix, ridicule si cela n'avait été qu'à lui d'en verser le solde, bien trop élevé lorsqu'il y avait impliqué Zalina et Totox. Quoiqu'il arrive, jamais il ne se le pardonnerait. Mourir pour le Roy, perdre sa vie pour la France, c'était une chose, se retrouver percés de coups pour une erreur du Grand Maistre, voila ce qu'il ne voulait voir arriver.

Accélérer, il fallait accélérer, ne pas leur laisser le temps de réfléchir, prendre l'initiative, les forcer à suivre ce que lui décidait, alors qu'il n'avait déjà plus tous ses esprits, et qu'il sentait de plus en plus sa tête lui tourner.


« Vous me voulez, vous m'avez... Mais si vous restez ici, vous allez avoir un... cadavre sur les bras... Et ça, ça vaut rien... Même pas de quoi... se réchauffer la nuit... » Regard qui se porte, serait-ce une lueur de malice qui y brille faiblement ?, vers la fausse troussée.

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Kadoc
Ouuuuuuuuch !

L’anguille a filé… l’aurait dû le savoir, Kadoc, il a jamais été doué pour la pêche à main nue. Ni pour la pêche tout court d’ailleurs.
La dernière fois qu’il avait essayé, l’hameçon avait accroché sa lèvre et il avait fallu une heure pour l’enlever. Pire que la fois d’avant où il avait failli se noyer quand sa tante l’avait amener sur la mer et qu’il avait failli se noyer. Pour ça qu’au village ils disent qu’il est pas breton… pourtant il a la tête d’un Breizh non ?

Il se retrouve propulsé sur le dos, les bras battant l’air pendant que la bombe sexuelle se carapate… rah mais c’est trop injuste ! En plus ça fait mal, créfieu ! Mais c’est bon… faudra qu’il se fasse frapper à la prochaine…
Elle peut pas l’allumer et le laisser comme ça…
En fait si elle peut…
Et en plus elle le fait..
Le breton tente de se mettre à quatre patte pour pouvoir se relever, soufflant et transpirant comme un bœuf… et c’est pas gentil pour les bœufs…

Il essaie de se relever… courir après elle… et puis finir le petit jeu qu’ils ont commencé tous les deux… il s’en tape des sous… enfin non. Mais quand même il voudrait bien avoir la fin de l’Irlandaise… il a la dalle là… et c’est pas son estomac qui parle…

Mais au vue de là où elle est partie cavaler…
Le breton reste à quatre pattes. Parce qu’il est pas futé mais pas fou…
Y a des hallebardes, des épées, une hache qui coupe visiblement très bien…
Se serait bien en fait de pas foncer dans le tas…

Le breton marche à quatre patte pour se trouver une cachette…
Pas facile avec un ventre qui traine presque par terre… va encore déchirer sa chemise et môman sera pas contente.
Aller on se traine…
Un cheval à terre ? Ouais… en s’aplatissant bien, y a moyen de se cacher derrière…

C’est un Kadoc qui soufflant et suant tout ce qu’il sait – vous me direz pas grand-chose – arrive à hauteur du canasson.
Il se faufile derrière le dos de la bête morte et…
Mais qu’est ce qu’il fout là lui ?
Bon tant pis mon vieux, faudra me faire un peu de place…Le breton se met le plus à couvert possible entre les pattes du canasson, en chien de fusil, ventripotent oblige. Et puis on va attend qu’il y ait plus de bruit ou alors des cris de victoire de sa bande.

Mais c’est qu’il bouge en fait le vieux !!!Kadoc attrape le premier truc qui lui passe sous la main – dans le cas présent un sac qui traînait sur la selle de la monture et donne un coup sur la tête de l’allongé…

Ayé il bouge plus…
On se remet bien à couvert et on attend…
Et puis fait sommeil….
Juste deux petites minutes...

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Il faut pas respirer d'la compote, ça fait tousser.
Aélys O'Domnhail
Douceur digne d'une mère inquiète envers son enfant qui se serait blessé à la suite d'un jeu quelconque; douceur d'une épouse enamourée envers son époux fatigué d'avoir guerroyé et cherchant à lui apporter réconfort. Elle est douce la brune, faussement douce puisqu'elle n'est ni mère, ni épouse. Elle n'est qu'une fille facile, mais pas si facile que cela puisque c'est elle qui choisit ses amants pour les mener par le bout du nez. Elle l'a choisi lui, le Germain, mais pas uniquement pour la qualité de ses cavalcades immorales. Quel naif aurait pu oser penser le contraire? Si le plaisir charnel est une partie intégrante de sa vie, l'ombre de l'argent ne plane jamais bien loin. Et le Germain lui donne les deux. Pour combien de temps? Qui pourra le savoir; elle change d'avis comme elle accueille aisément les représentants de tous sexe entre ses cuisses au péché inassouvi. Et là, il lui dirait bien d'ouvrir plus que les bras à un chevalier.

Attirant ce dernier dans ses bras, sa poitrine avenante serrée contre le poitrail meurtri, elle jette un regard en biais à son amant principal avant de plonger dans le cou sali de la licorne semblable à un gibier abîmé par les armes chasseresses. Elle y ceuille des baisers brulants, alternant la course fugace d'une langue délicate et le mordillement attisant de ses dents sur la jugulaire chevaleresque. Elle remonte doucement, vers le lobe pour y refermer sa dentition avec la plus grande des attentions.

- N'ayez crainte... murmure t elle en posant ses mains au niveau de l'entre cuisse de sa proie, ses doigts jouant en d'agaçants effleurements pour que monte la fragrance incomparable du désir. Il n'y aura nul cadavre... sinon.... elle s'arrete quelques secondes avant de reprendre. Sinon... rien.... Mais je suis là pour vous réchauffer.... Nous échangerons chaleur.... soupire t elle chaleureusement en appuyant ses pouces à la recherche de quelques formes interdites.

Cessant ses baisers, elle le regarde, ses deux grandes billes bleues le dévisageant d'une envie malsaine; réel désir ou provocation préméditée? Irlandaises insondable; ou presque. Elle sait; mais lui sait il? Peut il deviner? Longue fut l'attente, longue fut la réfléxion, longue fut l'étude également et cette dernière se révèle au final intéressante. Une proie ça s'étudie et de pret autant que faire se peut; pas tous les moyens.

- Vous avez peur... je le devine... Mais elle n'en saura rien... n'ayez donc peur.... N'etes vous un homme? sourit elle d'un air avide. Mais peut etre.... elle tourne son menton en direction du germain Peut etre que la faute pourrait etre partagée n'est-ce pas...? Elle ne pourrait vous reprocher de vous laisser aller a vos désirs d'homme.... Il s'en occupera... rassurez vous....Elle est fière de sa proposition qui peut etre n'en est pas une; elle est fiere de cette suggestion. Mais il n'est qu'un homme, comme les autres. Elle ramène ses lèvres sur les siennes, les entrouvrant pour libérer un serpent de chair qui glisse avec une lente ferveur provocante... Laissez vous donc faire... vous verrez il ne vous sera fait aucun mal...
Guillaume_de_Jeneffe
Le contact se prolongeait, entretenu avec une ardeur toute personnelle par la fine irlandaise. Amante experte, elle se lovait à son corps, le réchauffait par des attentions qu'il n'aurait pas refusée de son aimée. Faible, sans plus de force pour résister, il se laissait faire, attendant que cette nouvelle épreuve passe, que s'ouvre l'ouverture qui, peut-être, lui permettrait de reprendre l'avantage sur cette meute assoifée de sang et d'écu. Mais pour l'instant, il lui fallait supporter cette indécence. La sentir l'explorer, le tâter, le flatter là où l'homme aime être caressé. Et ne pas céder à la tentation qui revêtait devant lui un bien apétissant profil.

Apétissant, et qui ne devait avoir l'habitude d'être repoussé. En jouer, vite, ne plus attendre, les éloigner, sans se soumettre au péché qui l'appelle de toutes ses forces, de toutes ses formes. Et péché qui se fait sucré, collé à ses lèvres, joueur en son palais. Profiter, et le retourner à son avantage. Lui rendre une part de ce qu'elle désire, lui faire sentir ce qu'elle ne peut avoir, l'attirer en un mot. Corde raide. Un pas à droite et c'est la chute, la soumission à l'Irlandaise. Un pas à gauche et c'est la lame du Germain qui viendra lui chatouiller la luette.

Le Germain, justement, que faire de celui-là? C'est leur chef, cela semble clair. C'est donc lui qui sait pourquoi le Flamand est aujourd'hui au centre de l'attention de tous, et pourquoi il est toujours en vie. Autant les autres semblaient ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre, ni la façon de s'en servir, autant lui avait l'air de très bien savoir où il allait, et comment. Il faudrait se jouer de lui... Et à voir l'échantillon de bras-cassés qui le servaient, ça allait pas être de la tarte. Moui... attendre il fallait en somme.

Et l'attente se prolongeait, encore un instant, avec cette femme dont il aurait pu faire sa maîtresse, quelques années plus tôt. Mais aujourd'hui, il était marié, et fidèle, aussi absurde que cela puisse être, ou paraître, dans ce monde. Certes la dame était désirable, malgré le vice qui l'entourait, mais il allait falloir mettre un terme à ce court langue-à-langue. Et passer sur la menace à peine voilée posée sur la comtesse de Scye. Ne pas se détourner, rester fidèle à son seul objectif, la fuite, et la vengeance.

Vicomte qui se retire peu à peu, léger sourire aux lèvres. Sourire feint, certes, mais sourire tout de même. Ce qui sera lu par l'Autre? Il ne le savait, mais il était moins risqué de sourire, même faussement, à une dame que l'on vient d'embrasser que de lui montrer un visage triste ou, pire, dégouté. Et reprendre la parole, reprendre une maigre chance d'initiative.


- Douce enfant... pour cela... il nous faudra... autre lieu...

Mais visiblement, elle ne semblait pas vouloir bouger. Ni personne autour de lui. Il allait devoir agir, le corps en lambeaux, les os brisés, le sang se mêlant par moment à la bile. Premier pas à senestre de l'Irlandaise, main comtale qui vient saisir le poignet féminin, dans un geste qui se veut décidé. Trouver la force du second pas, tenter de cacher la douleur de l'effort. Déglutir lentement, éviter la respiration trop saccadée, ne pas faiblir. Regard qui se porte loin de l'ébénée chevelure, encore une fois au-delà du cercle de ses assaillants. Désigner le point qu'il veut atteindre, le fixer et s'y rendre. Ne plus s'arrêter en chemin. Et s'éloigner, s'éloigner de ses frères qui combattent peut-être toujours alors que lui ne peux même serrer fortement ce poignet qui se trouve dans sa main.

Hésitation au troisième pas. Le Germain... Que faire de lui? Laisserait-il une proie s'amuser avec l'appât? Ne lui offrira-t-il pas justement un de ses coups de botte dont il semble avoir le secret, lui brisant une fois de plus la respiration, voire une cote au passage? Se tourner vers lui, et débuter un nouveau duel. Plus viril, plus sec, moins doux et sucré. Regard flamand qui vient se fixer dans celui du Germain.


« Or donc... où allons-nous... maintenant. Je crois que vous... m'avez... et que vous... ne me laisserez... pas en ce... bois... Si vous cherchez... rançon... ou navire pour... fuir...il vous faudra... quitter ces lieux... »

C'est à lui, maintenant, d'enchaîner. S'il agit bien, Guillaume trouvera un lieu où se reposer, voire se faire harceler par celle qu'il n'a point encore lâché. Mais baste, qu'il retrouve de la chaleur, une bonne flambée, et qu'il puisse se laisser aller, ne plus devoir lutter pour rester debout. Un cheval, une carriole, un reste de voiture bourgeoise, mais que l'on quitte ce lieu, vite...

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Konrad
- Schlampe! Luder! Nutte! Rumine le Germain du bout des lèvres en observant la licencieuse scène savamment écrite par la brulante Irlandaise aux yeux de glace pure. Son pied le démange, tout comme sa main qui s'est refermée sur le pommeau de son épée. Il est une virilité qui monte aussi, qui monte et qui monte trop à son gout donnant la lourde impression que ses braies se sont d'un seul coup rétrécies. Et en plus, ça gratte, et il se gene pas pour se gratter l'entrejambe en crachant par terre. La belle garce le cherche; il n'est pas dupe. Et elle fait ça bien en plus. C'est qu'il n'a pas pris pour amante la dernière des prostituées du Liquoré, vous pensez bien. Elle est bien plus qu'une gourgandine la brune; elle joue pas sur le même terrain que ces filles de mauvaise vie. Elle c'est tout un monde à elle seule. Bordell! C'est qu'elle l'excite vraiment. Et ça va pas durer bien longtemps.D'ailleurs, y serait peut etre temps non?

- Viens ici toi Se faisant, il pose sa main sur le poignet de la brune et l'attire à elle, la bousculant pour lui montrer qui est l'homme ici. C'est lui qui décide, faut pas l'oublier. C'est pas l'autre tanche de licorne. D'ailleurs, il a osé lui donner un baiser non? Il observe le pauvre animal. Et dire que ça vaut du pognon. C'est bien pour ça qu'il lui fait pas bouffer ses Hoden au François. Sinon, il vaudrait plus rien. Pensez vous! Qui voudrait récupérer un mari même plus capable d'assurer au plumard? Quoiqu'elle ferait comme toutes ces salopes de femelles et sa gueuse de nobliaude se taperait des amants. Bande de garces, bien toutes les mêmes quand il s'agit de grimper au rideau et de crier comme une truie qu'on égorge. Est-ce qu'on leur demande de prendre le panard? Nan. On s'en balance. Le plaisir c'est pour les hommes, le reste n'a que peu d'importance. Faudra vraiment qu'il lui apprenne la vie à celle là. Le social c'est pas son truc, mais après tout, la proposition de la brune n'est pas sans lui déplaire.
- Regarde là encore et je te jure qu'c'est ta gueuse qu'en prendra un sacré coup.

D'un claquement de doigts, il s'adresse à une de ses bras cassés. L'ordre est simple, du moins pour lui. Mais c'est pas le cas pour tout le monde apparement. Tain' mais il veut juste une corde!
- Sie gehen bewegen Ihren Boden? Vous allez bougez votre putain de cul oui? Donnez moi une corde! Il abboie. C'est qu'il mordrait presque le bouledogue allemand. Mais comme quoi, on dit que le silence vaut la parole mais dans certains cas, rien ne vaut un bon gros ordre craché à pleine voix. Au moins, vous etes surs de pas vous plantez. Une fois son du apporté, et ça va qu'ils étaient pas sourds ces autres glandouilles, il se positionne derrière le chevalier. Didiou, un bon coup de pied dans les genoux, ça serait sans dourte sympa. Sauf qu'après faudrait le porter et ça c'est moins la joie, déjà. Mais pas grave il trouvera autre chose...

Il attrape les bras du Chevalier et les passe derrière son dos, prenant le soin délicat de lui tordre un peu ses épaules blessées. Fallait pas le chauffer le Germain. Non, fallait vraiment pas. Et sans autre mot, il resserre la corde pour l'attacher, tout en prenant également la satisfaisante attention de bien lui tordre les poignets.
Fallait pas l'inviter...
Guillaume_de_Jeneffe
Il réagit. Comme prévu presque. Le Germain est entré dans le duel masculin, et le Flamand ne compte pas le laisser s'en échapper de si tôt. Le duel va se prolonger encore longtemps, du moins est-ce ainsi qu'il l'envisage. Tout d'abord les éloigner de Zalina et de Totox, offrir à ses frères une chance de survie, de vaincre ceux qui doivent à cet instant s'acharner sur eux. Et ensuite, conserver la main dans ce duel à trois qui va s'engager. Car ils sont trois à savoir ce qu'ils font, à réfléchir à leur futur. Une femme sensuelle, attirante et désirable qui propose de s'offrir à lui, un Germain violent, décidé et meneur d'hommes, et un Flamand qui retrouve peu à peu ses instincts de gamin vagabond. Les règles, les codes, s'effacent peu à peu dans son esprit. Bientôt, il ne serait plus le chevalier courtois et réfléchi, mais bien le Guillaume qui a vécu sous les ponts, la bourse vide, et le pied occupé à fouler les chemins de France et d'Empire pour trouver de quoi survivre un jour de plus.

Konrad a beau le menacer, l'insulter, le blesser, plus rien ne le touche. Jeneffe a disparu, il ne reste plus que Guillaume, pour son malheur, pour leur malheur à tous. Le sourire sadique n'est pas encore sur ses lèvres, mais il a déjà pris possession de son esprit. Le sang a beau couler, les os se tordre, les muscles se froisser, l'esprit est ailleurs, bien ailleurs. Il va jouer. Le jeu le plus dangereux, le plus grave, celui que l'on lance pour son existence. Les chances de réussite sont faibles, voire nulles, mais là est sa seule chance. Dresser l'Irlandaise contre le Germain, faire s'affronter les deux têtes du groupe, et en profiter pour survivre. Pour une poignée d'écus, il avait fait bien pire plusieurs années plus tôt, en une autre vie, vie qu'il avait effacé, mais qui revenait sur lui, à nouveau, pour la première fois depuis des lustres, pour la première fois depuis Joinville et l'accueil bourguignon, cette Bourgogne qui ne le quittait plus, présente même sur son écu familial, cette croix de Saint-André que bon nombre devait prendre pour le sautoir écossais.

Mais avant tout cela, il allait falloir marcher, escorté d'une troupe dont il avait retranché une bonne part. Konrad derrière lui, Aelys non loin, muette, et entouré de malabars à qui il ne devait pas être pertinent de souffler dans les bronches, il devait avoir l'air fin. Les pas se succédaient aux pas, dans un silence pesant. Inutile d'en rajouter une couche ici. Et le silence, il le savait, allait devenir son allié. Ce lourd silence qui permettait de penser, de réfléchir, d'échaffauder les plus absurdes pensées sans être contredit, ce silence entretenu par eux-même alors qu'ils prenaient soin de ne pas être découverts par quelque passant, groupes armés ou tout autre voyageur qui pourrait donner l'alerte. Le chevalier le pensait, c'est lui qui menait la danse. Blessé, incapable de prendre les armes et de les tuer un à un, son cerveau prenait le relais. Il pensait deviner ce qui se passait dans leur crâne. Aelys devait certainement penser que le Germain avait eu tort d'agir ainsi, de l'humilier en public, de la priver d'un plaisir qu'elle voyait comme une récompense, se voir non libre mais bien emprisonnée dans les plans de son complice. Konrad ne pouvait rester calme, il avait crié ses ordres, avait abandonné sa sérénité méprisante pour celle de la colère, de la jalousie peut-être. Un talon d'Achille que la noire chevelure. Les autres? Existaient-ils aux yeux du Flamand? Trop souvent il avait croisé des sergents d'armes, des valets de pied sans profondeur, tout juste bon à suivre les ordres sans réfléchir. Combattants de valeur, souvent, mais dénués de la moindre once de réflexion. Suiveurs mais qui n'aimaient se l'entendre dire. Leur faire comprendre le mépris de Konrad à leur égard, et nous aurions droit à un joyeux foutoir...

Serait-il aisé de s'en sortir? Il n'en savait rien, définitivement, et à dire vrai, il n'y avait guère encore songé. Impossible de dire qui se montrerait le plus fort dans le jeu de massacre qu'il tissait lentement. Ni ce qui pourrait être décidé, une fois les rangs de ses agresseurs éclairés. Il faudrait improviser, prendre par surprise, et, peut-être, survivre...

En attendant, ils marchaient tous, unis dans ce silence qui pour chacun était si différent. Guillaume avait beau vouloir les oublier, ne pas les sentir, ses blessures se rappelaient à lui à chacun de ses pas, à chacune de ses respirations. Chez lui, ce silence était un silence de douleur, mais aussi de récupération. Il lui fallait respirer, prendre son souffle à chaque mouvement, et espérer avoir ainsi récupéré quelque énergie pour les heures à venir, où il allait avoir besoin de toutes ses forces, voire de plus encore.

Peu à peu, les arbres devenaient plus rares, laissant doucement se découvrir un ciel sans nuage. Ils arrivaient enfin au terme de la traversée de la forêt. Guillaume croyait reconnaître les lieux. S'il ne se trompait pas, il avait déjà chevauché par ici, il y a quelques mois. La forêt se finissait au sommet d'une butte dominant un petit village dont il ne se souvenait du nom. Et non loin, il devait rester des maisons de forestiers abandonnées depuis longtemps...

En effet, il ne se trompait pas, ou alors il existait deux endroits semblables en ses terres, ce qui n'était pas impossible, d'ailleurs. Enfin, en tout cas, c'était bien vers une masure abandonnée qu'ils avaient infléchi leur route. Et on sentait une certaine excitation gagner la compagnie, surtout chez ceux qui constituaient l'escorte à proprement parler. Le pas se pressaient, insensiblement, les respirations se faisaient moins discrètes, les regards allaient tous vers un seul et même endroit. Une vieille maison qui devait déjà être là quand le comte de Flandres avait ceint la couronne de Constantinople et dont le toit semblait avoir aussi bien résisté au temps qu'Angers aux troupes françoises en un triste jour de MCDLV. Toutefois, elle n'était pas si anodine que cela. On remarquait une fine fumée s'échappant de ce qui, un jour, avait été une cheminée. Les espaces qui autrefois avaient accueillis fenêtres et porte étaient barrés de planches de bois clouées rapidement. Et on pouvait, au hasard d'un regard plus heureux que le précédent, découvrir une lumière éclairant faiblement l'intérieur de la maison. Oui, ce devait être là qu'ils le menaient, classique bâtisse à une grande pièce où ils auraient tous l'oeil sur lui. À moins qu'ils ne le gardent dans un ancien cellier. Espérons pour lui que ce soit le cas, ce sans quoi son plan allait encore se compliquer...

Alors qu'ils étaient encore à plus de cinquante mètres de l'entrée, on en vit surgir, sans ménagement pour ce qui tenait lieu de porte, trois gaillards aussi avenants qu'un taureau jeté dans l'arène. À grandes enjambées, ils avaient déjà couvert la distance les séparant du petit groupe, armes nues et sourire mauvais.


- Eh ben, vous v'là enfin. On attendait pu qu'vous. Qu'est-ce 'z'avez foutu? Et où c'est qu'sont l'z'aut'? Y bouffent aux champignons?... Non, m'dites pas qu'l'aut' nobliau d'mes roustons les a rectifiés... Crédioû... Et dir' qu'peut nîn l'lui faire payer... Fils d'chienne, t'vas pas avoir bon, c'est l'gros René qui t'l'dit...

Et le René de l'empoigner par l'épaule, non sans la lui presser copieusement au passage, premier pas d'une vengeance qui ne serait certainement pas une partie de plaisir. Konrad, après avoir autorisé le René à prendre le relais, l'a relaché, certainement pour s'occuper de sa « douce » Irlandaise. Sûr que leurs retrouvailles allaient être... énergiques. Mais pour l'instant, Guillaume pensait avant tout à lui, et à sa nouvelle « résidence ». Résidence dans laquelle il pénétrait, où il pouvait apercevoir des armes posées un peu partout, non loin d'hommes qui, c'était certain, avaient plus fréquenté les champs de bataille que les cloîtres cisterciens. Au total, une demi-douzaine d'hommes qui s'ajoutaient aux rescapés de sa capture, soit une petite quinzaine de personnes, sans oublier l'Irlandaise et son Germain.

Germain qui devait certainement être celui qui avait décidé des conditions de détention de son gibier. Car si ce n'était pas un cellier qui l'accueillait maintenant, projeté dedans par la force du gros René, cela ne s'en éloignait guère. Vague construction de bois, vide de tout, même du plus discret petit clou qui aurait pu devenir poignard en ses mains. Sol de terre plus ou moins battue et trop de fentes dans les murs de rondin que pour les compter, assurance de courants d'air qui n'allaient pas l'aider à ne pas souffrir...

Le voici maintenant seul, isolé dans ses pensées, dans le noir. Un sourire se dessine doucement sur son visage, masqué par l'obscurité. Et doucement, une pensée, une prière, une menace s'élève en son cerveau: « Allez-y mes agneaux, amusez-vous de moi, insultez, menacez, profitez. Vous n'aurez pas assez de vos yeux pour pleurer votre perte. Ce que vous avez fait, même la Panthère n'en a pas été capable à Marchiennes... Et ça, vous allez le regretter... »

Pensées mauvaises qui maintenant gouvernent ses actions. Qu'importent leur vie, ils ont provoqué ce qui va leur arriver, et Guillaume ne s'arrête plus à cela. Survivre, à un contre quinze, voila qui lui ôtait ses derniers scrupules...

Mais avant tout, il se couche. S'ils lui ont ôté ses armes, la cape, ils la lui ont laissée. Et elle fera une couche acceptable, en ces conditions. Étendu sur le dos, bras étendus le long du corps, il attend, les yeux fermés. Le sommeil ne le trouvera pas, il le sait, il ne le cherche d'ailleurs pas. Non, en fait, il patiente. Le premier acte a été joué, le second a commencé sous sa direction et va s'achever en son absence. Quant au troisième, il débutera lorsque l'on ouvrira cette porte.


...

Et, quelques heures plus tard, la porte s'ouvre, enfin, découvrant une silhouette que dans le noir il ne peut distinguer. Est-ce Elle? Lui? René? Un sbire moustachu? Il ne peut le savoir, pas encore. Attendre, désarmé, qu'advienne ce qu'il doit advenir. Se redresser, mouvement par mouvement, et retrouver enfin une position assise. La porte se referme, la silhouette reste muette, l'obscurité est totale. Et là, Guillaume attend.

Ils sont seuls, il est seul.

Loin de tous, loin de tout. À Paris, à Ryes, à Bruges, à Marchiennes, là où il est attendu, là où ses avis répondent à d'autres, il n'est plus. Comme ici, nul mot ne sort de sa bouche. Nulle parole. Nul son. Il attend. Il reste muet, cela lui semble des siècles. L'autre ne parle point non plus. Ils se regardent sans se voir. Dans le noir, il devrait pouvoir le surprendre. Le faire choir d'un coup de pied, trouver sa tête et l'étrangler, lui prendre la clé qui ouvre sur sa liberté. Mais il sera repris. Sans cheval, sans arme, le corps toujours blessé, il ne sera qu'un jeu entre leurs serres. Inutile de leur donner ce plaisir. Non, il va attendre, les user de fatigue.

Alors, Guillaume pense à autre chose, refuse de rester dans ce lieu fermé. Le silence sera dangereux pour son esprit. Non, il doit être ailleurs. Mais il a beau chercher, il ne peut redevenir le Jeneffe de l'ost, de Ryes ou d'ailleurs. Il reste le Guillaume qui a entamé un duel à mort avec ses ravisseurs. Car comme lui ne reçoit pas de nouvelles de celui qui partage le silence de sa prison, ses collègues ne reçoivent aujourd'hui plus de nouvelles de celui qui d'habitude partageait leurs bancs.

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