Aélys O'Domnhail
Etrange silence qui les a escortés jusquà leur repère. Elle en avait profité pour détailler leur proie. Maintenant quelle se tenait calme, elle pouvait aisément la détailler de son regard avenant de braise. Le chevalier était dans un état lamentable, mais pas désespéré. Il était plutôt bien fait et la largeur agréable de ses reins laissait deviner une puissance qui ne devait pas être déplaisante
Puis elle revint sur le Germain, un peu en avant, les traits sévères et le regard plein danimosité. Elle devinait sa jalousie quelle se plaisait grandement à attiser. Et dire que
Cette pensée lui fit esquisser un sourire ambitieux. Cest quelle avait une idée derrière la tête et quil lui tardait darriver enfin à destination.
Et quelle destination ! Plus douteuse, tu meurs. Mais bientôt luxe et volupté seront siens. Il en vaut des écus pesants et trébuchants ; une vraie mine dor lanimal à la corne saillante. Et dire que certains nen verront même pas la couleur (de largent pas de la corne ), comme cest dommage. Mais tout est prévu et en temps voulu ménage macabre sera fait dans les rangs des mercenaires. Quand ils sen rendront compte, sils sen rendent compte, il sera bien trop tard.
Dun pas langoureux, elle se colle à son Germain qui ne lui adresse quun grognement rempli de reproches : il est à point, cest là chose parfaite. Dun regard chaleureux adressé en biais, elle le cherche, le provoque silencieusement. Pour seule autre réponse, une main virile vient se refermer sur le rond séant de la jeune femme. Ils se sont compris, choses seront mises au point entre eux. Dautant que le gros René qui beugle telle une vache que lon égorge sans état dâme a, à sa façon pris les choses en mains.
Pauvre licorne qui finit parquée dans un enclos sale et renfermé comme un vulgaire bétail. Mais après tout, nest-elle pas cela ? Que sont les chevaliers ? Des hommes soumis au bon vouloir dun Roy et de ses stupides représentants qui ne pensent quà protéger leurs fesses de soie et quà se baigner dans des bains dor et de pierreries. Les autres feront le sale travail à leur place ; eux déclenchent déjà assez des boucheries, ils ne peuvent donc pas tout faire. Or donc, les habitudes du chevalier ne seront donc pas trop changées. Ou presque. Et puis il navait quà faire comme tous ces hommes qui ne jurent que par lindividualisme. Sil est dans cette situation, il na quà sen prendre quà lui-même. Mais bon, ce fut là une bonne idée, lamant potentiel nest pas déplaisant. Fut il semblable à un cerf bien connu de ce pauvre pays, la donne naurait pas été la même : se seraient-ils dailleurs casser la tête ? Ils auraient perdu leur temps et leur argent. Ils auraient même rendu service à cette pauvre société. Enfin, la proie est à son gout, et c'est tout ce qui compte.
- Luder!
Il s'énerve; elle sourit d'un air avenant avec un haussement de sourcil intéressé. Il est appuyé, dos contre la porte branlante d'une pièce qu'il s'est approprié et dont il a fait sa chambre à l'étage. Leur chambre, soit dit en passant. Une marche après l'autre, elle diminue cette distance qui les sépare sans le quitter des yeux, alors qu'il porte à ses lèvres une pinte de bière fraiche. Combien en a t il bu depuis qu'ils sont rentrés? Sans doute n'est-ce pas la première au vu du rouge qui ressort de son fond d'oeil. Il commence à être saoul, la partie n'en sera que plus intéressante. Le missionnaire est loin d'être le bienvenu en ces lieux. Même le calme n'y a pas sa place. Ici c'est la tempête qui à la dominante.
Elle se laisse attirer dans un mouvement brutal contre lui, sa poitrine frôlant le poitrail viril. Et la senestre irlandaise entame une promenade silencieuse sur le tissus de la chemise, montant de quelques pas, redescendant de bien plus.
- Schönes Luder... du machst mir verrückt, du weißt?
Bien sur qu'elle le sait, et elle en joue comme un charmeur de serpent jouerait de sa flute pour faire danser le reptile devant lui.
CLAC!
La porte s'est ouverte et refermée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ou l'écrire. Il n'y a qu'eux; en théorie. Car en bas, la grouillante masse des sans cervelles destinées à l'abattoir de fin de route, s'agite, picole pour fêter la victoire. Du moins, la réussite du plan du chef. D'ailleurs était il une bonne raison d'en douter? Ce fut tellement facile.
Et aux cris inaudibles et braillards des hommes, viennent se mêler les cris d'une donzelle que son amant emmène par delà des monts interdits. Qu'ils ne fussent point tout à faire seuls - après tout, il n'y à qu'un escalier à monter et qu'une porte à franchir - cela lui importe bien peu à l'Irlandaise. Insensible charbon qui s'assume parfaitement. Ô Wiliam, tu peux être fier de ta pupille;l les leçons furent bien apprises et elles sont parfaitement mises en oeuvre. Et dire qu'à à peine dix neuf ans, voilà déjà prêt de cinq qu'elle est forgée à tout cela.
Les heures tournent; du moins pas tant que cela : il faut tout de même être un peu raisonnable et ils n"ont pas forcément que ça à faire. Et puis, elle a envie de changement. Non, pas avec des gueulants dont le bas ventre commence à bouillir et qui ne peuvent avoir raison de la brune. Non pas qu'ils aimeraient pas, mais ils sont bien trop lâches pour tenter le diable. Mais vous pensez bien que l'irlandaise le sait et que son déhanché continue de faire "maladroitement" des émules.
Délaissant le Germain, allongé et en sueur dans les draps à moitié déchiré du lit miteux, et passant négligemment une fine robe de chambre, elle descend au rez de chaussé d'un pas décidé. Sans un regard pour les hommes, elle se glisse parmi eux, parmi les propositions salaces qui lui passent bien au dessus, et sur une table sale, prend dans ses mains un pichet de bière et deux gobelets.
Et tournant les talons, elle se dirige vers l'enclos à bétail retenant la pauvre bête. Elle en sourit déjà, l'imaginant à se démener pour sortir et donc forcément à s'épuiser. Son destin est scellé. Il faudrait être fou pour croire qu'il pourra gagner sa liberté sans versé le sang: et la seule liberté dans ce cas qui serait sienne, serait la mort. Avec un peu de persuasion, il comprendra. Il vaut mieux pour lui.
Silencieuse, elle se dirige vers son but. La porte grince et se referme dans le même ton sur l'enfer, un enfer sombre et noir. Elle le sent il est juste là, non loin d'elle. Se baissant, elle pose rapidemment ce qu'elle tenait dans les mains, dans un coin; si tant est que dans le noir, il est possible d'identifier un endroit comme étant un coin. C'est le seul geste qu'elle fait pour le moment, mais cela suffit à dégager une effluve florale, qu'il reconnaitra surement: c'est un détail voulu. Le rendre fou, le faire succomber à cette fragrance qu'Elle porte, pour lui montrer qu'ils savent tout de lui et de ce qui l'entoure, pour lui faire peur, pour voir ce que la bête a dans le ventre et si la légende la corne unique n'est justement pas qu'une légende. Konrad appréciera surement; mais comme toujours il sera si facile de l'amadouer. Ce n'est qu'un homme, comme celui qui se trouve à quelques pas d'elle.
Elle fait un pas d'ailleurs, laissant ainsi le tissu du peignoir crisser légèrement pour troubler le lourd silence. La voix de l'Irlandaise ne le troublera pas: c'est volontaire... Il doit bouillir, elle le sent...
Et quelle destination ! Plus douteuse, tu meurs. Mais bientôt luxe et volupté seront siens. Il en vaut des écus pesants et trébuchants ; une vraie mine dor lanimal à la corne saillante. Et dire que certains nen verront même pas la couleur (de largent pas de la corne ), comme cest dommage. Mais tout est prévu et en temps voulu ménage macabre sera fait dans les rangs des mercenaires. Quand ils sen rendront compte, sils sen rendent compte, il sera bien trop tard.
Dun pas langoureux, elle se colle à son Germain qui ne lui adresse quun grognement rempli de reproches : il est à point, cest là chose parfaite. Dun regard chaleureux adressé en biais, elle le cherche, le provoque silencieusement. Pour seule autre réponse, une main virile vient se refermer sur le rond séant de la jeune femme. Ils se sont compris, choses seront mises au point entre eux. Dautant que le gros René qui beugle telle une vache que lon égorge sans état dâme a, à sa façon pris les choses en mains.
Pauvre licorne qui finit parquée dans un enclos sale et renfermé comme un vulgaire bétail. Mais après tout, nest-elle pas cela ? Que sont les chevaliers ? Des hommes soumis au bon vouloir dun Roy et de ses stupides représentants qui ne pensent quà protéger leurs fesses de soie et quà se baigner dans des bains dor et de pierreries. Les autres feront le sale travail à leur place ; eux déclenchent déjà assez des boucheries, ils ne peuvent donc pas tout faire. Or donc, les habitudes du chevalier ne seront donc pas trop changées. Ou presque. Et puis il navait quà faire comme tous ces hommes qui ne jurent que par lindividualisme. Sil est dans cette situation, il na quà sen prendre quà lui-même. Mais bon, ce fut là une bonne idée, lamant potentiel nest pas déplaisant. Fut il semblable à un cerf bien connu de ce pauvre pays, la donne naurait pas été la même : se seraient-ils dailleurs casser la tête ? Ils auraient perdu leur temps et leur argent. Ils auraient même rendu service à cette pauvre société. Enfin, la proie est à son gout, et c'est tout ce qui compte.
- Luder!
Il s'énerve; elle sourit d'un air avenant avec un haussement de sourcil intéressé. Il est appuyé, dos contre la porte branlante d'une pièce qu'il s'est approprié et dont il a fait sa chambre à l'étage. Leur chambre, soit dit en passant. Une marche après l'autre, elle diminue cette distance qui les sépare sans le quitter des yeux, alors qu'il porte à ses lèvres une pinte de bière fraiche. Combien en a t il bu depuis qu'ils sont rentrés? Sans doute n'est-ce pas la première au vu du rouge qui ressort de son fond d'oeil. Il commence à être saoul, la partie n'en sera que plus intéressante. Le missionnaire est loin d'être le bienvenu en ces lieux. Même le calme n'y a pas sa place. Ici c'est la tempête qui à la dominante.
Elle se laisse attirer dans un mouvement brutal contre lui, sa poitrine frôlant le poitrail viril. Et la senestre irlandaise entame une promenade silencieuse sur le tissus de la chemise, montant de quelques pas, redescendant de bien plus.
- Schönes Luder... du machst mir verrückt, du weißt?
Bien sur qu'elle le sait, et elle en joue comme un charmeur de serpent jouerait de sa flute pour faire danser le reptile devant lui.
CLAC!
La porte s'est ouverte et refermée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ou l'écrire. Il n'y a qu'eux; en théorie. Car en bas, la grouillante masse des sans cervelles destinées à l'abattoir de fin de route, s'agite, picole pour fêter la victoire. Du moins, la réussite du plan du chef. D'ailleurs était il une bonne raison d'en douter? Ce fut tellement facile.
Et aux cris inaudibles et braillards des hommes, viennent se mêler les cris d'une donzelle que son amant emmène par delà des monts interdits. Qu'ils ne fussent point tout à faire seuls - après tout, il n'y à qu'un escalier à monter et qu'une porte à franchir - cela lui importe bien peu à l'Irlandaise. Insensible charbon qui s'assume parfaitement. Ô Wiliam, tu peux être fier de ta pupille;l les leçons furent bien apprises et elles sont parfaitement mises en oeuvre. Et dire qu'à à peine dix neuf ans, voilà déjà prêt de cinq qu'elle est forgée à tout cela.
Les heures tournent; du moins pas tant que cela : il faut tout de même être un peu raisonnable et ils n"ont pas forcément que ça à faire. Et puis, elle a envie de changement. Non, pas avec des gueulants dont le bas ventre commence à bouillir et qui ne peuvent avoir raison de la brune. Non pas qu'ils aimeraient pas, mais ils sont bien trop lâches pour tenter le diable. Mais vous pensez bien que l'irlandaise le sait et que son déhanché continue de faire "maladroitement" des émules.
Délaissant le Germain, allongé et en sueur dans les draps à moitié déchiré du lit miteux, et passant négligemment une fine robe de chambre, elle descend au rez de chaussé d'un pas décidé. Sans un regard pour les hommes, elle se glisse parmi eux, parmi les propositions salaces qui lui passent bien au dessus, et sur une table sale, prend dans ses mains un pichet de bière et deux gobelets.
Et tournant les talons, elle se dirige vers l'enclos à bétail retenant la pauvre bête. Elle en sourit déjà, l'imaginant à se démener pour sortir et donc forcément à s'épuiser. Son destin est scellé. Il faudrait être fou pour croire qu'il pourra gagner sa liberté sans versé le sang: et la seule liberté dans ce cas qui serait sienne, serait la mort. Avec un peu de persuasion, il comprendra. Il vaut mieux pour lui.
Silencieuse, elle se dirige vers son but. La porte grince et se referme dans le même ton sur l'enfer, un enfer sombre et noir. Elle le sent il est juste là, non loin d'elle. Se baissant, elle pose rapidemment ce qu'elle tenait dans les mains, dans un coin; si tant est que dans le noir, il est possible d'identifier un endroit comme étant un coin. C'est le seul geste qu'elle fait pour le moment, mais cela suffit à dégager une effluve florale, qu'il reconnaitra surement: c'est un détail voulu. Le rendre fou, le faire succomber à cette fragrance qu'Elle porte, pour lui montrer qu'ils savent tout de lui et de ce qui l'entoure, pour lui faire peur, pour voir ce que la bête a dans le ventre et si la légende la corne unique n'est justement pas qu'une légende. Konrad appréciera surement; mais comme toujours il sera si facile de l'amadouer. Ce n'est qu'un homme, comme celui qui se trouve à quelques pas d'elle.
Elle fait un pas d'ailleurs, laissant ainsi le tissu du peignoir crisser légèrement pour troubler le lourd silence. La voix de l'Irlandaise ne le troublera pas: c'est volontaire... Il doit bouillir, elle le sent...