Victtoria
Et tout au long de cette Sèvre Niortaise, s'écoulent des histoires, des rires, des larmes, des joutes, des repas de plein-air ou des promenades, toutes simples, tout simplement.
Et celle ci était plus que bienvenue. Lors de ton entrée en taverne, tu ne pouvais te douter de la tournure que ça allait prendre, à vouloir jouer trop longtemps, tu te fais piéger. Tu déambules donc, avec une sensation étrange au corps, dans les rues niortaises, village sur lequel tu n'aurais pas parié un écu il y a quelque temps et pourtant... Oui, les choses changent, et les gens aussi. Tu respires l'air frais hivernal et ensoleillé jusqu'à arriver sur les berges encore nues de feuillages, aux arbres recroquevillés dans leurs écorces.
Tu respires à plein poumons, à peine chauffée par le soleil pâle, mais étrangement, tu n'as pas froid. Il ne t'avait pas quitté d'un pas depuis que vous avez quitté la taverne et son feu.
Tu aimes cette nature sauvage, elle t'est semblable, le rouge troublé de tes joues aux pourpres de l'automne, la pâleur de ton visage au blanc du l'hiver, le bleu azur de ton coeur au ciel de l'été, et la douceur au printemps. Tu ne prononces pas un mot, pas parce que tu n'en a pas envie,juste que, dans l'immédiat, tu sens que ce n'est pas nécessaire... enfin, peut-être.
Les premières mélodies des oiseaux s'élèvent dans le ciel, ricochent sur les troncs d'arbres, la douce caresse d'une brise vient faire frissonner l'onde quand un sourire vient ourler tes lèvres. Oui, vraiment, cette promenade était meilleure idée que de rester en taverne.
Frah_
L'instant d'avant ils étaient dans la taverne.
L'instant d'avant ils échangeaient des plaisanteries et des bravades au sujet d'un freluquet qui s'évertuait à le provoquer.
Elle riait de son rire cristallin en voyant la tête de Frah. Et tout comme lui elle avait ri lorsqu'il lui avait lancé, hilare de voir le manège de l'insolent jaloux :
S'il rentre à nouveau, je vous embrasse ! Il saura ainsi ce qu'est un vrai baiser et pourra prendre des notes pour son guide de l'amoureux transi !
Et le freluquet entra à nouveau dans la taverne...
Il tenta misérablement d'asséner un coup au brun pour le provoquer une énième fois...
Et Frah, pour la énième fois, serra les machoires et esquiva le coup qui ne rencontra que le vide. Le freluquet disparut aussitôt, avant que ni Frah, ni Victtoria n'aient le temps de dire oufff...
Et le temps se suspendit alors que leurs regards se soudaient l'un à l'autre.
Le brun, poussé par l'adrénaline qui pulse dans les veines de son cou, franchit l'enjambée qui le sépare de cette Victoire et d'une main rude, l'attire contre son torse. La donzelle tente faiblement de résister mais la poigne de Frah est aussi sûre que son désir d'elle est intense à ce moment là.
La lutte inégale ne dure qu'un instant. Symbolique. Comme un appel au crime.
Le regard trouble de la brune trahissait le même désir que celui qui s'était emparé de lui. Leurs souffles se mêlent, chauds, troublants, puis un baiser qu'il aurait voulu ardent mais qu'un sursaut de conscience rend doux et léger, vient se poser sur les lèvres rondes de la brune.
L'heure n'est plus au bravades, ni aux rires. Ce trouble qu'il sait partagé, pourrait bien se muer en tempête s'ils n'y mettent pas fin immédiatement.
Il la relâche alors et le ventre vrillé par la frustration s'écarte d'elle en un bond.
Sortons ! Prenons l'air. La fraicheur du matin nous remettra les idées en place !
Il lui ouvre la porte, évitant de la toucher. Mais son parfum est partout dans l'air qui l'enveloppe. Le désir est palpable lorsqu'elle le frôle pour sortir et la vue de ses courbes sensuelles lorsqu'elle marche devant lui, lui fait oublier le froid vif de ce matin de février.
Elle ne prononce pas un mot, pâle, offrant son visage à la brise. Lui ne rompt pas le silence, tentant de rassembler ses esprits en une lente et profonde inspiration, bien conscient de la fragilité de cette retenue.
Et dire qu'elle se trouvait insignifiante.
Victtoria
Et l'instant d'après... l'instant d'après vous étiez à admirer... le silence. Il fallait marcher, continuer de marcher, car tu savais bien qu'au fond de toi, si la marche s'arrête, le danger repointera, la tension, l'hésitation, tentation. Tu secoues la tête pour chasser le trouble qui t'assaille de nouveau tout en demandant ce qui t'arrive. jamais tu n'as envisagé ça, Ja-mais.
Et il fait froid, le soleil est là, oui, mais quand on est vêtue d'une seule et unique robe pas bien épaisse, si si, fait froid. Et tu te surprends à chercher le soleil, plutôt que l'ombre chétive des arbres figés par l'hiver...
Vous aviez raison, cette promenade est un régal.
Et la sérénité refait son chemin dans ton esprit, apaisement de l'âme grâce à la nature.
Ca fait longtemps que vous êtes à Niort Frah ?
Oui c'est banal, mais de la plus pure des banalité, ne naît-il pas quelque chose de singulier ?
Frah_
Il grelottait tout autant qu'elle. Il n'aurait su dire toutefois si c'était de froid ou si ces frissons étaient dûs à la fièvre qui s'était soudainement emparé de lui ce matin là.
Vous aviez raison, cette promenade est un régal.
Que dit elle ? Un régal ? Une torture oui.
A chaque instant la lutte entre la bienséance qui impose la retenue et le désir impérieux qui lui hurle de l'attirer vers cette grange toute proche lui fait perdre la tête. Comment, en si peu de temps et en ayant échangé uniquement quelques banalités, cette femme avait elle pu lui renverser les sens ainsi ?
En avait elle conscience ?
Ca fait longtemps que vous êtes à Niort Frah ?
Sa mâle fierté espérait qu'elle n'en avait pas conscience effectivement. Il était si valorisant de penser qu'on est maître du jeu. Toutefois, ces propos anodins et cette voix claire lui renvoyaient une assurance et une maîtrise d'elle qui ne laissait aucun doute sur lequel des deux menait la danse.
Sa question n'attendait pas de réponse, il savait bien qu'elle parlait pour se donner une contenance ou pour évaluer son trouble à lui. Il n'eut pas un regard pour elle à ce moment là, elle aurait immédiatement vu qu'elle le tenait en son pouvoir. A la place il la raccompagna jusqu'à son logis.
Victtoria, allez vous réchauffer. Nous avons tous les deux besoin d'apaiser nos esprits et ce soir nous nous retrouverons si vous le voulez bien. En ville. Dans un endroit fréquenté qui ne permettra pas que nos esprits s'échauffent.
Elle referma la porte, un peu précipitamment et il resta un instant, appuyé sur le chambranle à tenter de se reprendre.
Cette femme serait sienne. Son objectif désormais serait de la conquérir.
Le soir venu, il se rendit à l'auberge NiortAime. Alea, la blonde tavernière se tenait derrière son comptoir. Elle lui avait envoyé un courrier dans lequel elle lui annonçait l'ouverture prochaine d'étuves à Niort et il se délectait déjà à l'idée de pouvoir bientôt se plonger dans un bain fumant. Rien de tel pour les muscles endoloris par une journée de labeur qu'un moment de détente dans une eau brûlante.
Il allait lui en parler lorsque la porte s'ouvrit et que Victtoria apparut.
Le temps s'arrêta à nouveau. Prisonnier de ses charbons, il ne voyait plus que leur sombre éclat. Il était éboui, aveuglé mais ne pouvait s'en détacher.
Victtoria
Le dos appuyée contre le bois de la porte, ta tête résonne de ces mots... apaiser vos esprits, oui, ne pas s'échauffer.
Seulement, c'est que plus tu passais de temps avec lui, plus tu réalisais que l'apaisement n'était pas de mise. Cet homme te tournait la tête, et bien que tu t'en défendes encore, plus encore. Tu sentais sa présence de l'autre côté de la porte, et il aurait fallu un geste, rien qu'un, pour que vous soyez de nouveau au bord du tourbillon qui vous embarquait dès que vous étiez l'un à côté de l'autre.
Tu passas la journée entre travail au verger, pour ôter les hautes herbes, ramasser les fruits gâtés, les noix et autres amandes laissées là, au pied d'une échelle cassée qui fut aussitôt, elle aussi, ramassée, et le logis provisoire qui t'accueillait en attendant que tu te décides à prendre place ici. Et une fois de retour chez toi, tu n'attendais qu'une chose, une crampe te tordant le ventre, être à ce soir.
Vic, Vic... cette voix te martelait la tête sans discontinuer, mais tu n'étais pas plus avancée.
Tu poussas enfin la porte de la taverne pour le trouver assis en grande conversation avec Aléa. Politesses échangées tu pris place loin de lui, et même sans cheminée, on pouvait sentir l'air se consumer au moindre regard échangé entre vous.
Et arriva ce que tu pensais pas possible... en tout cas, pas si vite ! Car même si l'ambiance que tu sentais brûlante te semblait suffisante, le Ténébreux sortit chercher du bois, était ce une excuse pour aller se rafraîchir ? tu t'en fichais... ce que tu savais, c'est que son absence prolongée te rendais nerveuse. Trop.
Il refit son apparition une bonne demi heure plus tard, transi et un chouïa nerveux. Et si l'envie d'aller le réchauffer te tenaillait, tu luttais préférant demander à Aléa une couverture... La blonde partie, elle fut vite remplacée par une brune qui, comme par hasard, avait une couverture sur elle... qu'elle posa sur les épaules de Frah... et là, tu vis rouge sans le montrer marmonnant entre tes dents si la blonde était pas plutôt partie la tricoter la couverture.
Sensation, vive émotion, instant frisson :Vic ! j'ai besoin de vous avoir près de moi !
Et tu te retrouvas à frictionner son dos, tendue comme pas possible, le coeur en vrille.
Frah_
La porte de cette maudite taverne finit finalement par céder.
Frah n'était sorti que pour aller chercher quelques buches et c'est avec stupeur qu'il se trouva coincé à l'extérieur.
Impossible d'entrer ! Il eut beau jeu d'essayer de pousser, tirer, tambouriner à la porte, ce n'est qu'au bout d'un moment qui lui parut interminable qu'il réussit enfin à pénétrer à nouveau dans la taverne. Le bois se répandit au sol et la machoire claquant de froid il se précipita vers la cheminée, frigorifié.
Alea , la tavernière, bonne âme, partit immédiatement en quête d'une couverture, à la demande de Victtoria...
Il restèrent seuls un instant.
Valse hésitation, tentative médiocre du brun pour qu'elle s'approche... Elle avait à peine franchit la moitié de la distance qui les séparait qu'une dame entra et lui tendit immédiatement une couverture dans laquelle il s'enroula sans plus attendre.
La brune, prise au dépourvu, recula et se terra dans le silence qui semblait hurler à cette femme si affable
Fous le camp !!! Il est à moi !!!
Les yeux de Victtoria lançaient des éclairs. Dieu ! Qu'elle était belle dans cette colère contenue !
Frah sentit le désir incendier ses entrailles et la voyant se butter, ne put contenir son envie de sentir sa présence contre lui.
Vic ! J'ai besoin de vous avoir près de moi !
Et... Miracle ! Elle s'approcha.
Etait ce la jalousie qui l'avait piquée ? L'idée qu'une autre femme puisse venir le réchauffer, quand bien même c'eût été en tout bien tout honneur, l'aurait elle fait bondir ?
Sans doute ! Elle fondit sur lui... et il fondit en elle, ne la quittant pas du regard pendant qu'elle le frictionnait de ses petites mains chaudes. Son parfum, à nouveau, mettait ses sens au supplice et il ne put s'empêcher d'ouvrir la couverture pour l'en envelopper également.
La pressant contre lui, il ne pu résister à l'envie de prendre ses lèvres si douces, si délicates sous les siennes. Il n'avait qu'une envie : l'emporter maintenant qu'elle s'apprivoisait, la rassurer, l'enivrer pour qu'elle se donne. Une brûlure vive consumait son ventre. S'en apercevait elle ? S'il avait pu, il .... Mais ils étaient dans une taverne, la porte ne coinçait plus et la belle Alea revint avec sa couverture.
Victtoria
Baisers volés, jamais concédés sans jamais être totalement refusés... Mais ce que notre tête veut ... est-ce en accord avec ce que notre coeur veut ? Et tu résistes encore, blottie entre ses bras pourtant... il fait chaud, il fait rassurant ? tu ne sais toujours pas et tu restes tendue.
Il vole tes lèvres, tu emprisonnes son regard dans le tien. Un jeu ? une épreuve . Un délice ? une torture . Il s'amuse à te voir fulminer, nez relevé, piquée à vif. Les heures passent, non, pas les jours, mais bien les heures, tant elles te semblent s'écouler trop vite et trop lentement à ton goût. Est ce le destin qui fait qu'à chaque fois qu'il croit te tenir enfin, quelqu'un entre ? Soyez béni, Mon Frère...
Et la valse reprend, le feu gronde, rage. Latence. A quand la brûlure suprême, qui finira d'empoisonner tes sens ? et qui peut-être... ou trop sûrement, te brûlera les ailes.
Padre, inscrivez moi à la pastorale ! Il est hors de question que je laisse cette.. fille se faire baptiser sans moi.
Ca, c'était la surprise du jour. Ahurie, tu regardas Frah, content de son effet. Tu aurais pu lui répondre que tu étais capable de faire ça toute seule, mais il t'avait laissée coite... avec art et manière, il avait trouvé comment faire.
Se séparer, se retrouver, se poursuivre, se croiser sans se voir et tout ça pourtant, sans jamais se quitter...
Frah_
Une pastorale ! Cette brune lui faisait dire n'importe quoi. Le Padre souriait déjà, content de trouver un nouveau fidèle à ramener à l'église.
Et Frah se demandait quelle serait la prochaine connerie qu'elle lui ferait faire. Marcher sur les mains ? Bouffer des vers de terre ?
Que n'aurait il pas fait pour sa sentir près de lui, pour caresser sa peau, s'enivrer de son odeur, le nez plongé dans ses cheveux...
Jamais femelle ne lui avait autant résisté que celle là. Le brun fulminait lorsqu'une fois chez lui il repensait à ça. Tournant, virant, incapable de trouver le sommeil, il sortit dans la nuit et erra dans les rues désertes de la ville poussant même jusqu'au verger. Ce n'est que fort tard... ou tôt le lendemain qu'il rentra chez lui et s'affala sur sa couche pour sombrer dans un sommeil lourd.
Le soleil était déjà haut lorsqu'il se réveilla. Il s'étira lentement, le leva et après un brin de toilette se rendit au bureau des embauches où il trouva rapidement un emploi pour la journée.
Les travaux des champs sortiront cette fille de ma tête
pensa t il en forçant sur le soc qui labourait la terre. Quelques sillons plus tard, il s'octroya une pause et retourna en ville. La brune était là, en charmante compagnie comme souvent.
Il entra, retenant sa respiration et compris rapidement au silence qui s'instaura que le galant ne s'attendait pas à le voir si tôt. Quelques minutes plus tard, le sire était dehors et Frah pouvait enfin profiter de la brune. C'était sans compter sur l'intervention divine du Padre qui surgit dans la taverne.
Je viens vérifier si vous avez fait vos devoirs ! dit il.
Par tous les démons, ce curé n'allait pas le lâcher. Lui qui n'était même pas encore allé se présenter à l'archevêché, tu parles qu'il avait fait ses "devoirs" !
Il avait d'autres devoirs bien plus agréables à penser!
Victtoria
Les heures s'écoulaient, tandis que tu faisais ton dernier devoir de pastorale, très instructive au demeurant, mais levant le nez parfois, clignant des yeux pour faire apparaître son visage... réminiscence de ta rétine qui se mettait à pétiller quand tu le voyais, mais ça, tu ne l'avoueras jamais, JA-MAIS.
Le regard au loin, sur les remparts où tu avais pris de tour de garde ce jour, tu pensais à peu à tout. Aux rumeurs de sorcière qui enlevait les blondes, à ton hypothétique emménagement ici, aux élections municipales en cours qui promettaient d'être agitées et à Lui. Bientôt fut venue l'heure de la relève, et tu t'empressas d'aller trouver refuge quelques temps dans la chambre de l'auberge qui faisait office de logis provisoire. Tu avais fait demander au passage un petit bassin d'eau chaude à t'apporter aussi vite que possible. Pas le temps d'aller aux étuves, c'est donc là que tu ferais quelques ablutions, histoire que ta peau poussiéreuse retrouve sa pâleur... pour tes pommettes, tu ne t'inquiétais pas... il y avait de grands chances pour qu'elles rosissent un peu plus tard...
Et plus tard...
Rester tout le temps dans la même taverne, pour rencontrer ses probables futurs voisins, c'était pas l'idéal. Donc, il fallait se bouger même si ça te coûtait. Sauvageonne qu'il t'appelait... il croyait pas si bien dire.
Vous me suivez !
Les phrases fusaient d'un bout à l'autre de la taverne, et malgré cela, malgré le monde, tu n'entendais et ne voyais que lui, entré juste après toi. Mais le monde, le bruit, le chahut, c'était pas pour toi.
Vic ! j'ai quelque chose à vous dire !
Et comme ça ne venait pas qu'un chuchotis de trop venait de souffler toute l'attention que tu lui portais, tu partis sans demander ton reste, au calme. pas pour longtemps à en juger du fracas que fit ton coeur quand tu le vis entrer.
je vous écoute.
Stupeur. Frissons. Ce qu'il te déclama, bien entendu, tu ne t'y attendais pas... et ce que tu lui répondis...peut-être, qu'il s'y attendait. Mais c'est un baiser, qui finit de vous mettre d'accord.
Frah_
La taverne était bondée. Des personnages haut en couleurs s'interpelaient, s'envoyaient des piques, riaient et tout ce joli monde créait un brouhaha dans lequel il était difficile de s'entendre.
Frah aimait cette agitation et c'est avec amusement qu'il suivait les différentes conversations. Le sourire aux lèvres, il suivait du regard chaque client, trinquait aux tournées offertes, mais à chaque fois ses yeux s'attardaient sur la brune à l'autre bout de la pièce. Elle semblait si calme, paisible. Sa peau diaphane contrastait avec le rouge de ses lèvres et lorsque leurs regards se rejoignaient, lorsqu'aucun des convives ne s'interposaient entre eux, le brun sentait son coeur bondir dans sa poitrine, condamné à se tenir loin.
Ils se parlaient à distance, échangeant des banalités. Qu'auraient ils pu se dire d'ailleurs que
Comment s'est passé votre journée ? ........ Il y a du monde, hein ?!
Ce à quoi elle lui lançait, à travers la foule
- Fort bien merci !........... Oui ! presque trop !
Son regard parfois s'affolait, lorsqu'elle ne comprenait pas ce qu'il lui lançait ou saisissait un mot sur deux. Frah voyait bien qu'il la perdait par moment. Surmontant les voix des présents, il lui cria
Vic ! Regardez mes yeux ! N'écoutez pas à coté ! Vous me suivez ! Moi !!
Elle acquiesça, un petit sourire sur les lèvres et riva son regard sur lui. Et soudain, alors qu'autour d'eux on continuait à s'interpeler et que machinalement il répondait, il sentit cette évidence le frapper comme un coup de poing dans la gueule. Le choc fut violent, son coeur sauta plusieurs battements et sa respiration se bloqua à tel point que des papillons noirs apparurent devant ses yeux qui se voilaient.
Vic ! J'ai quelque chose à vous dire !
Mais à ce moment là, le silence se fit dans la taverne. Il lui sembla que tout le monde le regardait et les oreilles bourdonnantes, il fut incapable de sortir un mot. Tétanisé.
défection ! Parlez vous autres !
La colère monta en lui alors que Victoria se levait et quittait la taverne en flambant la porte, contrariée par tout ce monde, déçue par son hésitation peut être aussi.
Le brun n'eut pas le temps de l'arrêter et trébuchant entre les tables pour sortir, il traversa la rue et ouvrit à toute volée la porte de la taverne d'en face où elle s'était réfugiée.
Je vous écoute lui lança t elle froidement.
Ses yeux étaient des charbons. Son sang bouillonnait et ses poings se serrèrent pour tenter de retrouver son calme. Impossible ! En trois mots, elle l'avait cloué à nouveau. Il fondit sur elle, grognant, emprisonna sa taille et la plaqua contre lui. La brûlure de son corps contre le sien raviva le besoin de lui dire. C'était trop tard ! La diablesse le tenait !
.
.
.
.
Je vous aime !!!
Sa voix résonna dans la pièce, sa bouche l'attira irrésistiblement et il y souda la sienne, l'emportant dans un baiser apre et fiévreux. Punition pour la torture qu'elle lui infligeait.
Victtoria
Une fois de plus, vos lèvres étaient soudées, capturées l'une à l'autre. Mais cette fois ci, aucune fuite, mise à part celle de tes sens qui semblaient danser un gigue endiablée. Aveux à demi-mots, chuchotés. L'évidence était là, il avait de ses mots, libéré ce que tu savais au fond de toi depuis des jours.
Une main effleurait une joue, souffles mêlés, frémissement d'une bouche encore timide pour oser dire ce qui te vrillait le ventre, l'air lui même en frissonnait. Tes billes ébène ne parvenaient plus à se détacher de lui, si déterminé. Le regard franc, tout autant que son verbe. Ton index imprimait les contours et les reliefs de son visage pour venir perdre tes doigts dans sa chevelure.
Oui, tu étais sous son emprise, et l'heure n'était plus aux questions de savoir pourquoi si vite, si fort. L'heure était à l'aimer, avec passion, chaleur et douceur.
Aujourd'hui, c'en était ainsi, et ce bonheur qui te tendait les bras, tu t'y réfugiais en laissant peu à peu toutes tes craintes s'évaporer. S'il t'appelait La Rose, l'Epineuse, la Sauvageonne, toi tu fis beaucoup plus simple, mais tout aussi piquant...
Vous me faites pensez à un... Chardon !
Tu aurais pu nommer n'importe quelle autre plante du style, mais fallait bien avouer que de nommer un solide ténébreux par : Mon Argousier ou mon Aubépine... C'était moyen.
Là où tu étais née, la bruyère s'inclinait à foison sur les falaises, dominant le large essoufflé par le ressac incessant venant mourir sur les roches brunes. Et les chardons faisaient partie intégrante de ce paysage. Mais lui, Lui... c'était tout ça que tu ressentais quand il soufflait dans ton cou, quand il râlait, ou quand tout simplement, si si ça arrivait, vous discutiez sans taquineries.
Epine dans épine, pétales rouges contre coeur pourpre, le fluide de la vie bouillonnant, tu n'hésitais plus à lui dire :
Je t'aime