Un peu après que Heins ait été violemment frappé par Stromb, Anne était intervenue. Matou sut qu'elle l'avait reconnue, mais pria pour qu'elle ne dise pas son nom. Le combat engagé devait désormais aller jusqu'au bout.
Les choses s'étaient enchainées à une telle vitesse qu'elle avait eu du mal à analyser la situation. C'est donc, tel un animal qui lutte pour sa survie, qu'elle avait griffé le visage de Stromb. La réaction ne se fit guère attendre, l'homme, aveuglé par la rage, avait fait brusquement apparaitre une dague. La lame brilla, menaçante. Matou déglutit. Elle n'avait même plus la force d'arracher sa cagoule afin de mettre à découvert son visage. Cela aurait sonné la fin du combat, Stromb en serait sorti victorieux, et les choses seraient rentrées dans l'ordre. Mais, le destin en avait décidé autrement, et la rage avait également pris le dessus chez la jeune femme. Tant qu'à se battre , autant allait jusqu'au bout.
Elle regarda la dague et arca son corps doulouleux pour faire reculer celui de Stromb. Au moment où, dans un dernier sursaut, commençant déjà à manquer d'air - c'est qu'il pesait, le bougre, jamais dans leurs ébats plus intimes, elle ne s'en était aperçue - cette pensée la fit sourire, tant elle était curieuse dans cette situation, bref, au moment où elle s'apprétait à lui décocher un coup de genoux dans ses parties viriles, il sembla s'envoler. Elle aspira une goulée d'air, roula sur elle-même, en grimaçant et tenta de se relever. Son dos la faisait terriblement souffrir, sans doute la chute violente et le poids de l'homme en étaient la raison.
Elle entendit Anne dire:
Citation:on n'attaque jamais quelqu'un au sol ,quand on as un minimum d'honneur mon cher , le combat n'as pas l'air équitable contre ton adversaire actuelle , ta rage te rend plus fort
Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits, toujours incapable de se redresser, se forçant à inspirer de grandes bouffées d'air. Mais rien à faire la douleur qui lui vrillait les côtes ne lui permettait que de respirer par saccades.
Stromb, le visage grimaçant de rage et de colère, hurla:
Citation:Le combat est très équitable au contraire, c'est un homme ! Et ma rage n'est pas un obstacle dans un combat comme celui-ci ! Alors écarte toi et laisse moi létriper !!
A ce moment là, nullement impressionnée par cette bête écumante, car Stromb n'était plus humain tant la haine lui tordait le visage, Anne aida Matou à se relever.
Elle se retrouva sur ses deux jambes, étonnée qu'elles puissent encore la porter. Elle sentit un mince filet de liquide chaud couler de son nez. Voilà qu'elle saignait sans doute. Machinalement, elle pressa sa cagoule, pour faire tampon, puis, en se tenant à bonne distance de son adversaire, elle tenta de repérer, en vain, où son épée avait pu gicler.
Pendant ce temps, Anne lança un défi à Stromb. Les paroles de refus qu'il prononça aurait pu faire rire Matou:
Citation:Non je ne l'accepte pas ! Je ne me bat pas contre les femmes, et encore moins contre mes amis ! J'ai un adversaire avec qui j'ai un combat à finir, alors fiche moi la paix !!
Mais, cela ne la fit que ricaner amèrement. S'il avait su qui se cachait sous cet accoutrement! Une femme! Sa propre femme!
Sa rage ne s'était pas apaisée. On aurait dit qu'il était devenu fou. Jamais, au grand jamais, elle ne l'avait vu ainsi, même dans ses pires colères. La fureur défigurée ses traits, son visage était couvert de sang et de poussière. Matou faillit capituler, envisageant un instant d'enlever sa cagoule et de courir dans ses bras.
Cette pensée s'envola lorsqu'il hurla vers elle:
Citation:Amène toi !!! Sois un homme !!!
A cet instant précis, le combat était déloyal. Lui avait une dague en main, elle, elle n'avait rien.
Elle se saisit alors d'un bâton qu'elle avait repéré, vestige oublié d'un autre duel peut-être, et le tenant à deux mains, sans rien dire, elle se mit en position d'attente, bâton devant elle, corps tendu.
Elle savait bien que c'était une bien maigre protection, de plus, ses forces faiblissaient. Elle n'était pas rompue au combat, elle 'était pas un homme non plus.
Pourtant, dans une posture pleine de défi et d'arrogance, elle lui fit un petite signe de la tête pour lui faire comprendre qu'elle était prête à continuer d'en découdre avec lui.
Car, têtue, elle pouvait l'être, au moins autant que lui...Advienne que pourra!
Anne, une nouvelle fois, s'était interposée. Matou retint son souffle, attendant la réaction de Stromb. Elle vacilla un peu sur ses jambes, mais se reprit, serrant les dents, priant pour qu'elle ne s'évanouisse pas, toujours son bâton tendu devant elle. _________________