Matouminou
Une animation!!! Voilà tout simplement ce que lui avait demandé Cyrielle. Bien sûr, Matou avait accepté, sans réfléchir, véritablement. Et c'est quelques jours plus tard, lorsque, justement elle s'était mise à réfléchir, qu'elle avait mesuré toute l'ampleur de la tâche.
Qu'à cela ne tienne, et c'est peut-être le propre des gens optimistes et qui pensent qu'il y a toujours une solution à n'importe quel problème, elle ne s'était pas démontée, et après moultes réflexions, elle avait enfin trouvé.
C'est ainsi qu'elle s'était dirigée vers la forêt, ce matin de printemps naissant, afin de dénicher la matière première qui allait être le coeur de son animation.
Elle avait décidé d'organiser une course de sangliers..Oui, Matou était parfois inconsciente, parfois très peureuse, mais là, fort satisfaite de son idée, elle n'avait, à aucun moment mesuré le danger de son expédition.
Et telle le petit chat peu rond, car elle n'avait pas bu, rouge, car elle était vêtue de rouge, elle s'était joyeusement enfoncée dans la forêt à la recherche de sangliers...mâles, femelles, petits...tous feraient l'affaire.
Bien sûre, point sotte, et connaissant la corpulence de ces animaux, elle s'était munie de cordes qu'elle avait glissées dans sa besace. En revanche, ignorant totalement le régime alimentaire de ces animaux, elle avait glissé un gros bocal d'olives pris dans la réserve de Stromb.
- ça fera l'affaire!! s'était-elle exclamée d'un ton joyeux.
Elle avait vaguement parlé de son projet en taverne, mais peu avaient vraiment réagi. Loin de se formaliser, et sachant qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, elle avait décidé que ce serait seule qu'elle irait chercher les sanglier.
Marchant au hasard, se demandant comment elle reconnaitrait les signes annonciateurs de ce genre de bestioles, elle n'en restait pas moins aux aguets, attentives aux moindres bruits. Et des bruits il y en avait: le bruissement des feuilles dans les chênes verts, le crissement des végétaux sous ses pieds, au loin, la cognée des bucherons en plein travail, les cris des divers habitants de la forêt...écureuils, oiseaux, rongeurs en tous genres....mais point de sanglier.
Matou commençait à s'impatienter, la forêt n'en finissait pas, elle n'était pas bien sûre de retrouver son chemin pour rentrer, lorsque tout à coup, très proche d'elle un long hurlement retentit.
Son sang se glaça, ses cheveux se hérissèrent sur sa tête....UN LOUP!!
Et si Matou avait bien peur d'un animal, c'était du loup. Elle avait des amis qui s'amusaient à en apprivoiser. Elle n'avait jamais compris cela, voyant en ces animaux, des bêtes sauvages et sanguinaires...terreurs des enfants..d'ailleurs, ils étaient au centre de toutes les histoires qui lui faisaient peur.
Ne faisant ni une, ni deux, elle prit ses jambes à son cou, rebroussant chemin et courant comme une dératée. Adieu sangliers, laies, et marcassins, le sourire de Matou, l'animation et tout le reste....
Elle courait, persuadée qu'elle avait à ses trousses un énorme loup, aux crocs acérés, prêt à la dévorer. Sa vie défila devant ses yeux, elle gémit tentant d'appeler Stromb, qui, de toute façon, ne l'aurait pas entendue.
Si Matou avait été un peu plus attentive à ce hurlement, elle aurait remarqué qu'il ne ressemblait pas à celui d'un vulgus lupus, et si elle avait poussé un peu plus avant ses investigations, elle aurait remarqué un énorme rocher avec une cavité, dans lequel le vent s'engouffrait, faisant mugir et rugir la pierre tel le cri d' une bête féroce. Mais Matou avait laissé la peur la dominer...
Elle courait donc au hasard, glissant parfois sur le sol humide, se rattrapant avec ses mains, rétablissant son équilibre un peu au petit bonheur la chance, les branches basses s'agrippaient à sa cape, lui griffaient parfois le visage, elle n'en avait cure..fuir...fuir..tel était son dessein.
Plusieurs fois elle trébucha, et avec l'énergie du désespoir, chaque fois elle réussit à se rétablir. Mais, et la notion n'était point connue à cette époque, la terre exerce une attraction telle qu'elle finit par s'étaler de tout son long. Le coeur prêt à sortir de sa poitrine, le souffle court, les yeux révulsés, elle attendit...adressant une prière muette à Aristote. Rien ne se passa, les oiseaux sifflaient à qui mieux mieux, le bruit mat des haches se faisaient toujours entendre avec régularité.
Toujours affalée sur le ventre, le nez au ras des feuilles, son regard fut alors attiré par une colonie d'escargots.
Un grand sourire s'afficha sur son visage griffé et sali par la terre...du sanglier à l'escargot, il n'y avait qu'un pas...et elle l'avait franchi. Outre le fait que c'était bien moins dangereux, les petites bêtes à coquilles et à cornes, étaient charmantes.
Elle prit encore un temps pour se remettre de ses émotions, son cerveau était déjà en ébulition. Elle se releva enfin, s'épousseta, constatant que sa cape était en lamnbeaux, et ramassa un par un les escargots. Elle vida le bocal d'olives et les mit dedans. Il y en avait 12.
- Parfait!!! j'ai trouvé le nerf de mon animation...de toute façon, les sangliers sont trop peureux..j'en ai pas vu le museau d'un...
Oui, Matou avait l'art et la manière d'arranger les choses à sa façon.
C'est ainsi qu'elle retourna au village avec son précieux butin dans sa besace. Entre un épouvantail et elle, les limites étaient très maigres. Echevelées, le visage lacéré de griffures, une entaille sur le front, couverte de terre et de feuilles, mais souriante, elle arriva sur la place de la mairie.
Elle posa son chargement près de la fontaine, se passa de l'eau sur le visage, se lava les mains, rectifia sa coiffure, et lissa du plat de la main sa houppelande.
Enfin, sortant un parchemin qu'elle déploya par terre, elle s'agenouilla et se mit à écrire à l'aide d'un morceau de charbon le déroulement de cette animation.
[RP ouvert à tous, intervenez comme vous le désirez, Matou est sur la place et confectionne l'affiche sur laquelle elle va décrire l'animation, elle peut être interrompue, apostrophée....lâchez vous!! ^^]
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