Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6   >   >>

Le retour du fils prodigue ?

--Mariotte


Des mots, des mots, encore des mots ! Tous plus étranges ou fous les uns que les autres heurtaient les oreilles et l'entendement de la pauvre Mariotte. Elle en avait oublié ses casseroles, laissant ses mirettes aller de l'un à l'autre. Et v'la que ce fouineur de Pierrot était arrivé, s'installant sans façon en râlant comme à son habitude. La jeune servante prit Aristote à témoin. C'est qu'il allait emberlificoter la situation déjà pas bien claire pour sûr !!

Arkadien Roi ! Son jeune maitre fils de Roi ! Elle n'arrivait pas à s'en remettre ; et dire qu'elle avait batifolé avec lui dans les prairies à moutons, le suivant à la trace, amoureuse sans espoir ! Pauvre Mariotte. Quand il s'enfuit, elle eut bien envie de le suivre pour le consoler comme quand son père... Rhaaaaa... et donc le Maitre si hautain et sévère n'était pas son père... Forcément puisque son père était Roi...

D'une pensée à l'autre et quelques soupirs plus loin... N'y tenant plus après avoir vu sortir l'œil mauvais et à la fois soulagé la donzelle furibonde qui avait annoncé ses envies de départ, Mariotte attrapa la viande rôtie qui avait refroidi, le plat de faïence contenant quelques feuilles de choux bouilli et posa le tout sur la table en claquant bien fort pour montrer comme elle le pouvait sa désapprobation.

Les mains sur les hanches, elle se planta toute trémulante près d'Eloras.


" - Par les cornes du Sans-Nom not' Maitre !! Ben moué j'm'en vais le r'trouver note jeun'Maitre ! Pour sûr que j'sais où il a du courir !!! Mais j'pense que ça vous est égal, encore plus qu'avant ! Maint'nant qu'tout l'monde sait qu'vous n'êtes point son Père et qu'vous lui avez menti toute sa vie ! C'est t'y point malheureux d'entendre ça ! Traiter l'fils d'un roi moins bien qu'son bétail et l'laisser partir s'mettre en danger !! "


Laissant son ressentiment et sa déception monter, les prunelles noircies de colère, Mariotte lança avant de se diriger vers la porte

" - Et pis pouvez bien m'jetter dehors ! J'suis p'tet qu'une pauv' gueuse mais j'ai ma fierté ! J'servirai plus un menteur !"
Arkadien
Les pleurs se tarissent peu à peu se muent en un dernier hoquet, un reniflement.
Assis sur le sol, le front appuyé sur ses genoux repliés, Arkadien s'apaise.
Avec l'apaisement vient aussi la honte !

Quel comportement puéril. Mon père a bien raison de me mépriser. En voici la plus éclatante preuve.
Et Noëllie ?
Que va-t-elle penser de moi ?


Il soupire, se redresse, sèche ses yeux d'un revers de main et maussade reprends le chemin de la maison paternelle.

Petit à petit, les révélations du diner tracent leur chemin dans son esprit. Akaryne et Charles sont venus le chercher pour être roi de Chypre.

Moi ! Un simple artisan boucher et gardien de vaches. Est-ce que je pourrais vraiment être roi ? Est-ce que Noëllie me suivrait à Chypre.
Pour elle, rien que pour elle !
Je me dois d'accepter.
Je pourrais ainsi lui offrir les plus beaux bijoux, des robes en soie grège bordées de fourrure d'hermine, des bustiers à lacets.


Ses yeux pétillent à la pensée de toutes les merveilles que son nouveau statut pourrait lui permettre d'acquérir. Après tout qu'a-t-il à perdre ? Il a un petit pincement au cœur en songeant qu'il lui faudra surement renoncer à ses études de médecines.

Quoique ... Un roi ne peut-il pas décider de se cultiver ? Et puis Chypre !
Il pourra surement lire des textes des anciens philosophes, renouer avec cette antiquité et ses anciens dieux dont Eloras lui a conté les légendes.

A chaque pas qui le rapproche de la ferme, sa décision s'affermit.

L'Orient ! Que ce mot est porteur de rêves et de richesses. Il pourra toucher les épices qui sentaient si bon sur les quais de Marseille, acheter milles pierres précieuses, topaze, émeraudes, agates, améthystes, cornalines et hématites. Et des diamants, bien sûr !

Peut-être y aura-t-il des hommes chiens ? Ou des lilliputiens ? Ou des ambassadeurs du Prêtre Jean ?

Tout soudain, il aperçoit une ombre qui grimpe le sentier à sa rencontre.

Qui Diable ?


Mariotte ?
C'est mon père qui t'envoie à ma recherche ?
Il se mords la lèvre inférieure. Ce n'est pas son père, mais il ne peut se résoudre à donner un autre nom à l'homme qui l'éleva pendant dix-sept ans.
_________________
--Charles_guydo


Charles reste coi lorsque le Pierrot prends la parole :
Il faut qu'on discute ?
ELORAS TU M'ENTEND. c'est des principes et une histoire de vie que vous devez savoir.


Aie ! Pourquoi crie-t-il ? Interrogeant Eloras du regard, de l'index il se frappe la tempe en un signe suggestif.

- Pardon monsieur et mesdames pour ma grognerie! Mais vous êtes qui?

Mesdames ! Décidément ce vieux-là déraisonne complètement. Charles à un haut le cœur à la pensée que l'on puisse le prendre pour une Dame, néanmoins, c'est courtoisement qu'il se présente :


- Charles Guydo, baron de Famagouste, vassal du roi de Chypre !

Il va s'enquérir à son tour, du nom de son interlocuteur, lorsque la bonniche clappe la soupière au milieu de la table et manifeste bruyamment son ire.

Mais qu'ont-elles donc à s'agiter ce soir ? Serait-ce la période de leur flux cataménial ? Damnées femelles, on ne peut décidément pas avoir une conversation correcte dès qu'elles sont là !


Charles rentre la tête dans les épaules en entendant la porte claquer derrière la servante. Mais il est soulagé de son départ. Lançant un regard méfiant au vieillard, il reprend sa conversation avec Eloras.


- Certes les femmes sont veules par nature, et le moindre colifichet, peut nous assurer leurs faveurs pour une nuit. Mais dès le lendemain elles reviennent en demander le double avec acariâtreté.


Il secoue la tête négativement :
Je préfèrerais une solution plus radicale. Loin des yeux, loin du cœur ....
Si elle disparait de la vue d'Arkadien ...


Il laisse sa phrase en suspend, semble méditer sur la manière de la terminer, mais lorsqu'il reprend la parole, il change totalement de sujet.


- Une question me taraude, tout de même ! Pourquoi ne pas lui avoir révéler plus tôt ses origines ? Cela aurait peut-être pu modifier son inclination pour le métier des armes, de se savoir prince.
Noëllie
Une porte claqua et ils virent Mariotte partir comme une furie. Quelle mouche l’avait piquée ?

Noëllie l’ignora et se pressa un peu plus contre la poitrine musclée d’Akaryne et renifla dans son cou.
Il la câlinait au creux de ses grands bras et la réconfortait de sa voix grave et douce.
Il y avait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien et en sécurité.
Ses petits poings serrés froissant la belle chemise, elle laissa son corps se vider de toutes les tensions accumulées depuis son arrivée à Dié.

Elle était si jeune et si seule…
Depuis qu’elle avait quitté la maison de sa tante pour partir à la cherche de sa mère, elle n’avait compté que sur elle-même. Mais sa mère était morte et la jeune Noëllie ne connaitrait jamais cette belle et grande famille que la reine des lucioles avait fondée avec le coucou.
La jeune fille avait traversé la Provence pour rejoindre le village de ses origines. Elle avait travaillé dur sans jamais avoir une oreille attentive pour s’épancher ou une épaule solide sur laquelle s’appuyer.
Dans son besoin de protection elle s’était amourachée d’un ours qui aurait pu être son père mais l’histoire avait mal tournée et elle était partie avec Arkadien.
Il était le premier à partager son lit, sa vie...
C'était un jeune homme charmant, attentionné, sensible et profondément marqué par une enfance difficile.
Ensemble ils avaient entrepris un long voyage.
Mais Arkadien était naïf et peureux et c’est elle qui l’avait porté, guidé... Cepedant à ses côtés il avait mûri et en quelques mois il avait changé.

Mais chassez le naturel, il revient au galop et son attitude de ce soir laissait Noëllie perplexe.
Se comporterait-il toujours ainsi devant la moindre difficulté ? Fuirait il en pleurant ?
Que ferait Chypre d’un roi de cet acabit ?

Akaryne s'était tu... Nichée contre lui Noëllie ferma les yeux et se laissa aller à rêver d’une autre vie.
Appuyée au bras d’Akaryne, puissant guerrier renommé, richement vêtue, reconnue et protégée, elle évoluait parmi les plus grands de son peuple, festoyant des mets les plus savoureux de cet étrange pays jusqu'alors inconnu et pourtant si attirant...

Elle soupira et revenant à la réalité elle s’écarta. Soudain elle eut froid.
Elle regarda Akaryne dans les yeux. Il était bel homme…Ses prunelles étaient aussi claires et limpides que celles d’Arkadien étaient sombres et profondes…

Tout ce faste n’était pas pour elle et puis… Elle aimait Arkadien et il la surprenait toujours. Alors pourquoi pas cette fois ?
Elle serra le médaillon dans sa main et écouta son cœur.


Je t’ai écouté Akaryne et j’ai compris.
Mais toi tu ne m’as pas entendue. Je ne veux pas me marier. Ni avec Arkadien ni avec personne. Je ne suis pas intéressée par les richesses et le pouvoir. Je ne veux rien. Je n’aspire qu’à une vie simple et aux côtés d'Arkadien si possible.

S’il décide de vous suivre j’approuverai son choix. J’ai confiance en lui. Il n’est peut être pas un guerrier mais c’est un jeune homme vif, intelligent et droit.
S’il refuse… Il deviendra un brillant médecin.
Dans les deux cas je serai là, s’il me le demande et quels que soient les dangers.
Mais cette décision lui incombe, je ne peux pas vivre sa vie à sa place et je ne voudrais pas qu’il me reproche de l’avoir influencé d’une manière ou d’une autre.

Je sais que Charles ne m’apprécie pas, j’ai la langue trop bien pendue mais il n’a rien à craindre de moi, au contraire. Dis le lui…


Elle le serra contre elle et l’embrassa sur la joue. Ils se sourirent et se turent un moment, chacun réflechissant à ce qui venait d'être dit puis Noëllie rompit le silence.

Akryne, je te remercie d'avoir pris le temps de me parler sans me juger...
J'espère sincèrement que tout s'arrangera...

_________________
Un sourire, un baiser et la vie est tellement plus belle !

--Mariotte


La porte avait claqué. La Mariotte en avait sursauté subissant déjà au fond de sa p'tite tête les conséquences de ce qu'elle venait de faire.

Encore sous le coup de sa colère, elle nota deux silhouettes enlacées... Trop loin pour entendre, elle se fit discrète et curieuse pour observer.


* Nom d'un Aristote ! Ah bah elle perd pas d'temps la donzelle !! Et l'autre tout enguenillé d'ferraille non plus ! Si ça s'trouve, ils étaient d'accord avant ! Faut qu'j'trouve Arkadien ! Faut qu'j'lui dise tout ça ! Et pis tant pis s'il m'en veut !*

Se glissant hors du domaine elle s'élança, vitupérant contre elle-même, contre Eloras qui avait berné tout le monde, contre les deux inconnus venus porter la misère et contre cette donzelle qui lui avait pris son Arkadien pour mieux le laisser à la première déconvenue. Elle en était là de ses pensées courtes et terre à terre de jeune servante depuis longtemps asservie à un seule maitre quand...


Mariotte ?
C'est mon père qui t'envoie à ma recherche ?




La jeune femme bloqua net, levant les yeux vers Arkadien. Les mirettes visiblement étonnées de ce qu'elles voyaient. Sans doute déjà perdue dans l'histoire s'attendait-elle à voir un Roi devant elle et non l'Arkadien qu'elle connaissait depuis si longtemps et qu'elle venait de retrouver avec quelques années de plus mais toujours le même si ce n'est l'oie qui se pendait à ses basques...


" - Ah bah... Z'étiez à not' cabane là-bas ? J'm'en doutais... Et pour not' Maitre... C'est pas vot' Père d'abord ! C'est qu'un menteur et j'ai donné mon congé ! J'venais... j'venais...."

Étonnement, emportement et gène s'étaient succédées. Pourquoi était-elle donc venu finalement ?! Le frais minois après avoir caché sa rougeur sous le capuchon se releva et les mains abimées par les tâches de la ferme firent glisser le vêtement, révélant une lippe qui pour être fraiche n'en était pas moins crispée...
Arkadien
Dans la clarté miroitante des astres nocturnes, Arkadien devine plus qu'il ne voit le visage constellé de tâche de rousseur.
Elle a repoussé son chaperon sur sa nuque, dévoilant son front haut et lisse, libérant sa chevelure qui scintille de l'éclat des étoiles.

D'un pas elle se rapproche de lui, pressant ses seins comprimés par les lacets de sa cotte contre sa poitrine. Il reçoit son souffle chaud dans son visage. Ses lèvres tendues sont offertes en un baiser, il ne peut se méprendre.

Il est troublé de voir son désir s'éveiller en cette circonstance. Son cœur s'accélère. Arkadien rougit, confus. C'est la première fois qu'il ressent cette sensation avec une autre femme que Noëllie.

Avec Mariotte, il a partagé ses jeux de gosses bien innocents, lorsque les travaux de la ferme leur en laissaient le loisir. Elle le battait régulièrement en adresse au jeu de la grenouille. Lui était le premier à la taquiner, tirant son chaperon en arrière lorsqu'elle était absorbé dans une tâche, se cachant dans l'étable pour l'effrayer, à l'heure de la traite.

Il a bonne amitié pour elle. Il n'a jamais cru les sornettes que racontaient les autres enfants du village, qui la traitaient de sorcière à cause de la couleur de ses cheveux. Lui-même, fuyant les bagarres, aimant la lecture, n'était guère épargné par leurs quolibets. Cela a créé une proximité entre eux.

Arkadien avale sa salive en un sonore mouvement de glotte. Elle le fixe d'un regard plein d'attente. Arkadien se détache un petit peu, mais elle accompagne son mouvement accentuant la pression de ses seins sur son torse. Sous le charme de son odeur de foin frais, devant cette bouche tentatrice et pulpeuse, éprouvé par toutes les émotions récentes, naturellement les mains d'arkadien se posent sur ses hanches qui frémissent sous leur caresse ; il incline légèrement la tête, approche ses lèvres, marque un temps d'arrêt, mais Mariotte ne se dérobe pas. D'abord timidement, Arkadien happe les lèvres purpurines, puis leurs langues entrent en contact, se cherchant en une folle poursuite, mêlant souffle et salive. Essoufflé, effrayé de son audace, le cœur tout palpitant Arkadien s'écarte honteux et confus.


- Il ne faut pas ...
Ce n'est pas correct vis à vis de Noëllie ...
dit-il en s'arrachant à son emprise, un sentiment de culpabilité lui nouant l'estomac.

Revenant à la réalité de ses problèmes présents, c'est avec une pointe d'inquiétude dans la voix qu'il la questionne.


S'est-il dit ... d'autres choses sur moi après mon départ ?

Puis plus amusé, se moquant de lui-même : Sinon que penses-tu de l'idée de servir un futur roi ? Cela te siérait-il de me suivre à Chypre ?
_________________
--Eloras


Va donc remonter la piste d'Arkadien, cela te changera, Mariotte !
Il parait que d'habitude ce sont les garçons qui remontent la tienne.
Et si tu ne le retrouves pas, tu pourras changer de maître à ta guise !


Ce n'est pourtant pas la pleine lune qui chavire les coeurs et l'esprit des animaux et des femmes. Mais sous ses broussailleux sourcils, Eloras vérifie quand même en jetant un oeil par la fenêtre.

Seul avec Charles et une soupiére fumante, ils peuvent enfin se parler sans ambages.


Faire disparaitre la fille pousserait-il vraiment Arkadien vers le trône ?

Il rumine les mots et sous entendus de Charles tout en les servant tout deux.

Comme il aurait aimé ne pas avoir vu tout ce monde arriver d'un coup !
Il aurait tançé Arkadien, puis ils auraient discuté d'homme à homme.
Mais là...


Mon coeur te dit qu'ici il n'y a pas de Roi pour Chypre, d'abandonner cette foutue ferme et ceindre l'épée à tes cotés et laisser ce garçon à une vie simple, ici...
Ma raison te dit de bâillonner la fille et de fourrer Arkadien dans le premier bateau partant de Marseille ou Nice.

Mangeons, pendant ce temps les larmes sècheront et les cris aussi. Puis nous ferons ce que nous devons.


Tout à coup le vieil homme se sent libre. Son exil forcé est terminé et il prendra lui aussi le bateau.

Si Dieu le veut il se battra pour Lusignan et mourra sur sa terre natale.
Oubliées les années de labours et d'imprégnation du patois des alpes.


Pourquoi lui ai-je caché ? Parce que sinon il aurait au mieux... Fuit en Bretagne séance tenante ! Au pire... Déboulé à Chypre comme un poulet à décapiter. Et puis, tu as gouté sa verve ? En un jour toute la vallée aurait su qui il était et en deux Chypre le savait aussi.

Bon... J'ai un cellier profond. La jeune dame pourra y jurer tout son saoul, personne entendra.
--Mariotte


Ohhhhhhhhh..... Cœur qui s'affole et rate un battement. Pour le coup la Mariotte ne regrette pas d'être partie à la recherche d'Arkadien. Embrassée par un Roi ou tout comme !!

- Il ne faut pas ...
Ce n'est pas correct vis à vis de Noëllie ...


Elle le laisse cesser son baiser après y avoir répondu avec fougue. Déjà il exprime son remord et selon elle, il ne devrait pas. La jeune servante saute sur l'occasion de dénigrer celle qu'elle considère comme sa rivale et lui a fait penser qu'il n'y avait plus d'espoir pour elle... Sauf que là...

S'est-il dit ... d'autres choses sur moi après mon départ ?

" - Be justement ! Vot' Noellie ? Laissez-moi rire ! Après vot' départ, elle a fait un coup d'éclat avec ses grands airs comme quoi elle préférait partir. Pour sûr que de toute façon, vot' Pè... Euh le vieux l'appréciait pas et moi j'avais bien raison d'point l'aimer non plus ! Et ça complotait aussitôt qu'elle a eu l'dos tourné d'ailleurs. Parait qu'elle sera jamais une vraie paysanne et qu'elle pense qu'aux écus. Ils veulent s'en débarrasser et moi j'pense qu'ils ont bien raison parce que... "

Hésite quelques secondes à poursuivre, se dit avec son bon sens paysan qu'il vaut mieux tenir que courir et se haussant sur la pointe des pieds, vient coller sa bouche pulpeuse sur celle d'Arkadien...

" - Pardon mais après c'que j'vais vous dire, j'ai bien peur qu'vous vouliez plus jamais... On aime pas les porteurs d'mauvaises nouvelles. C'est l'Curé qui l'a dit !"


Baisse la tête pour cacher son triomphe, Mariotte. Elle triomphe mais elle sait qu'elle va faire de la peine à celui qu'elle a toujours vénéré. Mais faut qu'elle le fasse et les mots sortent, se précipitent.

" - Alors voila c'que moué j'ai vu : Pas sitôt sortie votre donzelle que l'aut' là, l'Aka... l'Aka... ryne ? Bref c'est bien du plus jeune des deux dont j'parle.. Et ben, cui-là même, l'est sorti aussi et après qu'moi j'sois partie et ben en traversant la cour, j'les ai bien vu dans les bras l'un d'l'autre ! Lui ses mains autour d'elle et elle sa tête sur son épaule ! C'n'est point une femme pour vous, pour sûr ! "

Sinon que penses-tu de l'idée de servir un futur roi ? Cela te siérait-il de me suivre à Chypre ?

Mariotte s'est éloignée un peu, la tête rentrée dans les épaules craignant une colère qui ne vient pas. Au lieu de ça, l'homme qui lui fait face l'invite presque à le suivre d'une voix qui lui semble gaie ! Les prunelles s'étonnent et la mâchoire s'abaisse en une grimace d'ahurissement.

" - Moué ?!! Vous m'prendriez avec vous dans vot' Château ? Par Aristote, pour sûr que j'vous suivrai ! Et même que j'suis prête à vous donner tout c'que vous voudrez pour vous r'mercier !"

Cette fois les mirettes se sont illuminées, prometteuses et mutines et la lippe se fait gourmande, imaginant déjà obtenir encore plus que ce qu'on lui a offert là...
--Charles_guydo


Charles est satisfait de voir qu'Eloras n'est pas hostile à son projet. Tout en mangeant avec appétit, il lui résume les dernières trahisons de la cour de Chypre, tandis qu'une autre partie de son esprit réfléchit à la meilleure manière de passer à l'action.

- Hugues de Savoie a rejoint le parti génois ! Tu te rends compte ? Le cousin de Jean ! Il cherche à marier son fils avec la fille d'Hélène, espérant ainsi récupérer un trône à peu de frais !
Les Doria aussi, ont préféré céder le port d'Akrotiri aux génois en échange de leur protection contre la flotte turque.
Il va y avoir du ménage à faire lorsque nous rentrerons. Et puis la famille Contini ...


Charles égrène sommairement le chapelet de ses amertumes

Le repas achevé, Charles s'approche de la fenêtre pour jeter un coup d'œil à travers une fente du volet. Dehors sous l'acacia Noëllie et Akaryne sont encore en conversation.

Akaryne ! Voilà qui risque de leur poser un souci. L'homme a encore des idéaux chevaleresques. Charles doute qu'il approuve l'enlèvement et la séquestration d'une jeune femme. Il l'a poussé à continuer la recherche d'Eloras et d'Arkadien, alors que lui-même désespérait de pouvoir les retrouver un jour.
Il tentera de convaincre son jeune maître avec ardeur mais refusera probablement de lui causer le moindre tort. Charles est plus pragmatique, il a vécu, à la cour de la reine Hélène, des bassesses bien pires.

Charles se rasseoit pensif. Trouver un stratagème ! Son regard se porte sur Pierrot qui mange sans mots dire. Peut-être une idée ! Il se renseigne sur l'endroit où il habite.
Le capitaine en lui reprend, alors, le commandement. Autant passer à l'action ce soir-même. La victoire dépend souvent de la rapidité de décision et de réaction, il l'a maintes fois expérimenté.


- Eloras, trouve-moi un sac en toile de jute.


Puis il se lève et depuis le seuil de la porte, crie ses ordres à Akaryne.

- Akaryne ! Je souhaiterais m'entretenir encore un instant avec cette jeune demoiselle. Tout n'a pas encore été dit. Peux-tu me l'envoyer s'il te plait .
Et aussi, veux-tu bien te charger de raccompagner ce vieillard, chez lui
dit-il en poussant le Pierrot dehors. Il n'a plus toute sa tête, et j'ai peur qu'il ne se perde en route. Il te suffira de suivre le petit chemin qui monte à partir du châtaignier, c'est la première maison que tu rencontreras.

Il soupire en fermant la porte, à la perspective de devoir adresser la parole à cette donzelle. Mais il faut bien l'attirer à l'intérieur.
Akaryne
Akaryne écouta attentive Noëllie. Elle avait raison, il ne l'avait écouté au début, ou du moins n'avait pas saisis le faite qu'elle ne souhaite guère se marier avec elle.

Cela est une bonne nouvelle.... pensa t-il.

Puis il reprit son attention aux propos de Noëllie. Elle n'était pas à craindre, du moi pas au début. Avec les évènements qu'y allaient venir, elle serait perdu. Nous avons juste besoin d'elle pour le moral d'Arkadien. Ce dernier ne doit pas flancher. Beaucoup de d'éléments, de décisions vont reposer sur ces épaules, et malgré le poids de ce fardeaux, il devra y faire face. Et Noëllie en ait la clé....

Alors qu'il réfléchissait toujours, elle se serra contre lui et l'embrassa sur la joue. Il sourit par respect car c'était une belle femme, mais se sentit gêner. Chaque acte peut avoir une conséquence imprévue, et ce baiser, malgré qu'il soit sur la joue peut porter à confusion surtout si des petits curieux les regardes. Car il n'avait guère confiance en la Mariotte. Cette femme était d'une jalousie par nature et ferait tout pour récupérer Arkadien.

Puis Noëllie rompit le silence.

"Akryne, je te remercie d'avoir pris le temps de me parler sans me juger...
J'espère sincèrement que tout s'arrangera..."


Je l'espère aussi... Car si Arkadien décide de nous suivre.....

Il soupira et se leva. Il fit deux-trois pas et regarda la ferme un peu plus loin.

Une guerre est sur le point d'éclater. Une guerre à la fois militaire et politique. Je ne m'inquiète pas pour la partie militaire. Les mamalouk ont une grande armée, et de bon généraux et Charles sera être un excellent conseillé.

Mais c'est la partie politique qui est à craindre.
Quand j'étais enfant et que mon père m'apprenait la stratégie, l'art de la guerre, il m'a dit une chose. Une régle à ne jamais oublié.

"Garde toujours tes ennemis face à toi, et tes amis sous le coude car ces derniers peuvent s'avérer plus traites et méchants que tes ennemis"

Et une guerre politique se résume à ça. Qui va être notre ennemi et qui seront nos amis, mais surtout qui parmis les deux parties s'avéra être nos véritables alliés.


Puis il vit la porte de la ferme s'ouvrir. La lumière qui en sortit éclaira légèrement la cour. Une silhouette apparut dans l'embrasure de la porte.

"Akaryne ! Je souhaiterais m'entretenir encore un instant avec cette jeune demoiselle. Tout n'a pas encore été dit. Peux-tu me l'envoyer s'il te plait .
Et aussi, veux-tu bien te charger de raccompagner ce vieillard, chez lui. Il n'a plus toute sa tête, et j'ai peur qu'il ne se perde en route. Il te suffira de suivre le petit chemin qui monte à partir du châtaignier, c'est la première maison que tu rencontreras."

Puis il lui répondit


Avant j'ai à m'entretenir avec toi, Charles.
--Charles_guydo


- Avant j'ai à m'entretenir avec toi, Charles.

Charles se rembrunit, une légère contrariété lui défrise la moustache. De quoi diable veut-il l'entretenir. Qu'ont-ils pu se dire ?
Déjà il soupçonne la garcelette de l'avoir embobiné. Malgré son âge, Akaryne n'est pas très à l'aise avec les femmes, il ne les connait pas comme lui les connait.
Nul doute qu'il n'a jamais mis les pieds dans un bordel. Il faudrait que je trouve le temps de l'y emmener. Cela le dégourdira peut-être.

Charles grogne :
Hé bien dépêche-toi ! Tu n'as qu'à lui demander de s'occuper du Pierrot le temps de notre entretien et me l'envoyer après !
Arkadien
Arkadien ne se dérobe pas au second baiser de Mariotte. Même s'il s'est senti un peu mal à l'aise, il doit bien s'avouer qu'elle embrasse fort bien et que cela est très agréable.

Mais le sentiment d'optimisme qui l'avait regagné meurt foudroyé par les paroles de la Mariotte :


... elle préférait partir ...
... elle sera jamais une vraie paysanne et qu'elle pense qu'aux écus ...
... j'les ai bien vu dans les bras l'un d'l'autre ! ...


Tu mens ! Espèce de petite sotte ! Arkadien s'emporte piqué par l'aiguillon de la jalousie et par la peur de perdre son amour.

Noëllie m'aime ! Elle ne serait jamais partie sans moi ! Encore moins avec un homme âgé de dix de plus qu'elle !
crie-t-il avec animosité

Arkadien se rembrunit tout à coup. Il se souvient d'Hératus, l'homme qui l'a sauvé de la noyade à Valence et qu'aimait Noëllie. Il n'était pas très jeune lui non plus.
Mais le remplacer aussi rapidement, il n'arrive pas à le croire.


Allons dépêche-toi mauvaise fille, je peux peut-être encore la rattraper. Arkadien sait bien qu'il n'est pas juste de rudoyer Mariotte. Mais tout à coup, son baiser le brule comme la marque d'une infâme trahison et il lui en tient rigueur, rejetant toute la responsabilité de l'acte sur ses épaules.
Il a peur d'avoir déçu Noëllie par son attitude, au point qu'elle préfère le quitter sans adieux.
Il a honte de s'être emporté, et ce sentiment renforce sa colère vis à vis de Mariotte qui se hâte à ses côtés.

_________________
Noëllie
Lorsqu’elle embrassa Akaryne, Noëllie remarqua que le jeune homme en fût tout remué. Ce n’était pourtant qu’un chaste baiser amical mais ses joues s’empourprèrent joliment et soudain les feuilles de l’acacia devinrent l’objet de toute son attention.
Cela la fit rire... Un guerrier timide… Que c’était drôle !
Enfin sur l’instant parce que dès qu’il embraya…

Blablabla, blablabla…

La guerre, la politique… Il n’y avait donc que ça qui l’importait ?
Et l’amour dans tout ça ? L’avait-il seulement déjà connu lui ? Pauvre garçon, si beau… Ne frémissait-il qu’à l’annonce du combat ?
C’était un beau gâchis…

Ne lui avait-elle pas dit qu’elle l’avait compris ? Avait-elle l’air aussi sotte pour qu’il lui fasse des commentaires détaillés sur la tâche d’un roi, sur les intrigues de la cour et les trahisons diverses et variées ?

Ce serait à Arkadien d’en découdre et décidément elle doutait que son jeune compagnon ait suffisamment de force de caractère pour tout ça. Il était si naïf parfois, trop gentil souvent et c’était peut être justement là qu’elle saurait lui venir en aide.

Arkadien roi… Petit à petit l’idée faisait son chemin, mais le jeu en valait-il la chandelle ? Comme Akaryne, Charles et Eloras, ces vieux gars au cœur tout sec, Arkadien laisserait-il de côté sa vie sentimentale pour se focaliser sur ses devoirs patriotiques ?

Elle n’alla pas plus loin dans ses réflexions car Charles les interrompit. Le vieux grigou voulait la voir…
Hum… Cela ne présumait rien de bon… Pourquoi ce revirement soudain ? Lui qui fut si prompt à approuver son départ, il souhaitait maintenant parlementer… étrange…

Mais ce serait chacun son tour, Akaryne avait d'abord son mot à dire et Noëllie se retrouva face à Pierrot à qui elle n’avait pas encore adressé la parole.

De toutes les personnes présentes le vieil homme paraissait pourtant bien le plus sympathique. Il avait un petit côté doux dingue qui plaisait beaucoup à Noëllie.
Il avait un accent à couper au couteau et elle se demanda s’ils réussiraient à se comprendre.

Mais elle vint à sa rencontre en lui souriant largement. Le pauvre était congédié sans façon, sans doute était-il de trop dans la conversation….


Monsieur Pierrot… Pendant que ses messieurs parlotent nous allons nous tenir compagnie mutuellement !

Ravi d’être accueilli de la sorte par une jeune donzelle, il lui souffla son haleine avinée dans le nez et Noëllie ne put réprimer une grimace de dégoût.
Elle l'attrappa par le bras pour l'entraîner vers le banc mais trébucha sur la première marche et manqua de peu de se rompre le cou dans l’escalier qui menait au perron...


Aaaahhhh !

Le pierrot s’était cramponné à son bras et malgré sa maigre physionomie il épatat tout le monde et la rattrapa d’une poigne de fer !

Holà mam’zelle ! Z’allez où comme ça !
_________________
Un sourire, un baiser et la vie est tellement plus belle !

Akaryne
Akaryne alla rejoindre Charles devant la ferme. Ce dernier semblait impatient, mais pas pour cette discussion.

Charles, il faut que je te parle. c'est à propos de Noëllie.
Je sais que tu ne l'aimes guère, et que tu souhaites qu'elle parte, d'où la raison de la faire appeler afin de mettre les choses au clair et de l'effrayer.

Mais as tu pensé à toute les éventualités, à Arkadien. Tu sais tout comme moi qu'il n'est pas encore prêt pour être roi, qu'il manque de maturité de confiance en soi pour affronter une cour et ces complots.

Tu ne penses pas que Noëllie serait une solution à ça. Qu'elle pourrait lui insuffler ce qui lui manque. Lui remonter le moral quand il en aura besoin. Et ne me dit pas que n'importe quelle catin peut le faire, tu le sais aussi bien que moi que ce n'est pas vrai. Ils s'aiment et il trouvera que du réconfort en elle.
Et je pense qu'avec un peu de temps, elle pourrait s'avérer un pion intéressant contre d'éventuels complots.

Se tut un instant....

Je n'aime pas Mariotte. Si Noëllie ne vient pas, elle le fera. Et elle est plus imprévisible et dangereuse que Noëllie.

Et puis, si Noëllie part, tu penses sincèrement qu'Arkadien nous suivra. Même si on l'emmène de force, et malgré son manque maturité, il serait capable par amour de traverser l'océan pour la retrouver. Et je ne tiens pas à lui courir après...
--Charles_guydo


Décidément, elle ne pouvait pas se déplacer sans se frotter à un mâle, fût-il vieux et décrépit en mauduit. Sa petite tentative pour séduire le gâteux vieillard était risible et grotesque. Akaryne ne voyait-il donc pas à quelle sorte de créature, ils avaient à faire ?

Charles écouta ses arguments patiemment et se félicita intérieurement de ne pas l'avoir informé de la teneur de ses projets. Il était urgent de l'éloigner.

En grand habitué des cours royales, c'est avec un mince sourire et sans ciller, qu'il lui répondit :


- Tu as surement raison. J'étais moi-même parvenue à la même conclusion et c'est ce dont je veux l'entretenir.
Veux-tu bien, maintenant t'occuper du Pierrot, avant qu'elle ne le malmène plus avant et ne le fasse choir ?


En son for intérieur, Charles pensait tout le contraire. Jean avait aimé passionnément sa maitresse, et cela l'avait rendu vulnérable. Ses héritiers, pour légitimes qu'ils soient, étaient des bâtards et cela posaient des problèmes de succession.
Et malgré son air effronté, elle ne ferait pas long feu face à une ogresse de l'acabit de la reine Hélène.

Charles accentua son sourire et demanda doucement :


- Fais-la entrer, maintenant et raccompagne Pierrot !
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)