Jehanne_elissa
[Nevers, Maison d'Alanha, Rue de Fontmorigny - le 28 mars]
Il avait bien fallu revenir de Paris et les étoiles qu'il sème dans vos yeux. Il avait bien fallu revenir de Paris et des odeurs dont il outrage vos narines. Il avait bien fallu retrouver cette chère Bourgogne, terre belle et cruelle, dont Jehanne était la fille, sans en recevoir aucune étreinte maternelle. Où était sa terre nourricière, qu'était devenu Malpertuis ? Rongé par des baillis trop zélés, par des relevés de bornes rectifiés, tous aux profits des environs. Elle avait été absente trop longtemps, négligente encore un peu, et le reste, les susceptibilités administratives l'avait broyé jusqu'à n'en laisser que des miettes.
La Goupile n'était pas aussi rusée que ses aïeux ; mais elle était tenace, cela remplacerait. Un courrier récent lui avait donné des raisons d'espérer à nouveau en la Hérauderie de France. Et ce jour-là, épuisée par un voyage, elle n'en était pas moins radieuse, car quelques choses commenceraient de retrouver la place qui était la leur : Cauvisson retrouverait une intendante et représentante héraldique, tout ce qui était nécessaire à la Volpilhat pour rester en Bourgogne sans se soucier de ses devoirs languedociens ; un lien amical serait renforcé, comme l'histoire aurait dû le faire, comme la mort l'avait presque défait. Cette page, il fallait la tourner. Et comme un mariage approchait, un autre, c'était le meilleur présent que l'on pouvait faire, pour boucler la boucle. Mais cette amie ignorait tout de ses desseins, alors... Jehanne ne s'emballait pas. Chaque chose en son temps.
Elle observa le salon de la maison neversoise et soupira, soulagée. Il était bien fourni, humble et chaleureux.
Elle avait trouvé la maison vide en revenant, mais cela ne lui faisait plus tant d'effets qu'aux débuts, quand Magalona était partie dans une abbaye où les moniales étaient réputées pour leurs simples. On espérait que cela la fît tenir tout l'hiver... Sa santé était terriblement précaire.
Miguaël s'était fait annoncer tôt après la propre arrivée du convoi goupilesque de Paris, en début de matinée, et ils avaient tous deux attendus, devant la cheminée, que les flammes prissent de l'assurance et réchauffassent les murs et tentures. D'autres s'étaient vu attribuer des chambres, dans la mesure de ce qui était disponible dans cette maison de taille modeste. Rien ne valait la discrétion de la Comtesse de Gévaudan, qui avait choisi la bâtisse comme son aménagement.
L'Agnèta apporta plusieurs plateaux chargés de fruit secs, de confitures, d'amandes et noix, et de darioles. La cérémonie était prévue après sixte.
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Il avait bien fallu revenir de Paris et les étoiles qu'il sème dans vos yeux. Il avait bien fallu revenir de Paris et des odeurs dont il outrage vos narines. Il avait bien fallu retrouver cette chère Bourgogne, terre belle et cruelle, dont Jehanne était la fille, sans en recevoir aucune étreinte maternelle. Où était sa terre nourricière, qu'était devenu Malpertuis ? Rongé par des baillis trop zélés, par des relevés de bornes rectifiés, tous aux profits des environs. Elle avait été absente trop longtemps, négligente encore un peu, et le reste, les susceptibilités administratives l'avait broyé jusqu'à n'en laisser que des miettes.
La Goupile n'était pas aussi rusée que ses aïeux ; mais elle était tenace, cela remplacerait. Un courrier récent lui avait donné des raisons d'espérer à nouveau en la Hérauderie de France. Et ce jour-là, épuisée par un voyage, elle n'en était pas moins radieuse, car quelques choses commenceraient de retrouver la place qui était la leur : Cauvisson retrouverait une intendante et représentante héraldique, tout ce qui était nécessaire à la Volpilhat pour rester en Bourgogne sans se soucier de ses devoirs languedociens ; un lien amical serait renforcé, comme l'histoire aurait dû le faire, comme la mort l'avait presque défait. Cette page, il fallait la tourner. Et comme un mariage approchait, un autre, c'était le meilleur présent que l'on pouvait faire, pour boucler la boucle. Mais cette amie ignorait tout de ses desseins, alors... Jehanne ne s'emballait pas. Chaque chose en son temps.
Elle observa le salon de la maison neversoise et soupira, soulagée. Il était bien fourni, humble et chaleureux.
Elle avait trouvé la maison vide en revenant, mais cela ne lui faisait plus tant d'effets qu'aux débuts, quand Magalona était partie dans une abbaye où les moniales étaient réputées pour leurs simples. On espérait que cela la fît tenir tout l'hiver... Sa santé était terriblement précaire.
Miguaël s'était fait annoncer tôt après la propre arrivée du convoi goupilesque de Paris, en début de matinée, et ils avaient tous deux attendus, devant la cheminée, que les flammes prissent de l'assurance et réchauffassent les murs et tentures. D'autres s'étaient vu attribuer des chambres, dans la mesure de ce qui était disponible dans cette maison de taille modeste. Rien ne valait la discrétion de la Comtesse de Gévaudan, qui avait choisi la bâtisse comme son aménagement.
L'Agnèta apporta plusieurs plateaux chargés de fruit secs, de confitures, d'amandes et noix, et de darioles. La cérémonie était prévue après sixte.
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