Ambre..
-
Voici le mois de mai
Où les fleurs volent au vent
Voici le mois de mai
Où les fleurs volent au vent
Où les fleurs volent au vent
Si jolies mignonnes
Où les fleurs volent au vent
Si mignonnement.
- ~ Duché d'Orléans, au milieu d'un pluvieux jour d'avril. Parce qu'on n'est pas encore au joli mois de mai, et que le vent ne porte que de la pluie. ~
Le coche roulait à vive allure sous une pluie battante, secouant ses passagères comme des poupées de chiffons. Les jumelles Montbazon-Navailles n'avaient guère de quoi s'agripper, hors leurs propres mains, et se tenaient donc fermement par le bras, supportant avec plus ou moins de patience les cahots de la route qui les faisaient parfois douloureusement tressauter sur leur banc molletonné. La pluie tambourinait comme mille doigts sur le toit du véhicule bringuebalant. Les jouvencelles grimaçaient à chaque nouvelle secousse, le dos et les fesses douloureux, les cheveux à demi défaits sur leurs robes de voyage.
"HooOOOo ce v-voyaAge ! ne finira-t-il donc j-jamAIs ?"
Au-delà de ce questionnement qui n'attendait pas de réponse, vous devinez qu'il était malaisé de tenir conversation au milieu du bruit tonitruant des roues qu'accompagnait le tonnerre des sabots des chevaux qui claquaient sur la route... sans oublier la pluie, les grincements de la voiture, et les encouragements du cocher qui poussait ses montures à se hâter de se mettre à l'abri. Cela faisait déjà deux jours que les jumelles voyageaient dans ce coche en direction d'Orléans, où elles devaient aller à la rencontre d'un luthier pour se faire confectionner de nouveaux instruments à leur mesure. On est riche ou on ne l'est pas ! Mais si au début de leur épopée les jouvencelles n'étaient qu'excitation et hâte, elles montraient à présent une figure morne et fatiguée. Rose s'était à demi endormie sur l'épaule de sa soeur, qui la veillait comme toujours.
_________________