Della
La température de l'eau du bain était absolument délicieuse.
Della avait fait remettre de l'eau froide parce que c'était trop chaud, puis de l'eau chaude parce que les servantes avaient trop refroidi l'eau et encore une fois de l'eau froide parce que décidément, ces jeunes servantes étaient des bonnes à rien !
Là, c'était parfait.
Ca ne durerait pas car comme chacun sait, l'eau du bain refroidit.
Dans quelques minutes, la Duchesse réclamerait encore de l'eau chaude, raison pour laquelle un chaudron était déjà à chauffer dans la cheminée. Finalement, elles n'étaient pas si gourdes, les servantes.
Della trempait...jouant avec l'eau qu'elle laissait couler entre ses doigts, chantant une chanson d'amour, avec plus ou moins de bonheur...
C'est froid !
Aussitôt, les servantes rajoutèrent avec précaution l'eau qui vint réchauffer le bain. Les effluves des huiles parfumées s'élevèrent en une fine brume jusqu'à emplir la petite pièce bien chauffée. Della se réinstalla, s'allongeant le plus possible, tenant les yeux fermés, musant maintenant l'air de la chanson...Un moment de pur bonheur.
On frappa à la porte, avec vigueur.
Votre Grâce.
Il y a un pli portant le sceau du Duc de Bourgogne. Un messager vient de l'apporter en disant que cela était extrêmement urgent.
Grumph !
Qu'est-ce qu'il me veut ?
Ce n'est sans doute pas une réponse à ma lettre de félicitations...ce ne serait pas urgent.
Oui, bon, entrez et fermez les yeux. Ma servante va prendre le pli.
D'un geste de la main, Della envoya la petiote prendre le fameux pli par lentrebâillement de la porte. Elle voulut lui demander de le lire mais elle se ravisa, sans doute ne savait-elle pas lire et en plus...si jamais cela était une missive dérangeante, genre un procès...Il valait mieux qu'elle le lise elle-même.
Donnez, mon petit. Et donnez-moi un linge aussi.
Mains essuyées, pli décacheté et...
Mordiable !
Il lève le ban !
Tu parles qu'il veut que la paix revienne !
Han !
Le bain fut abandonné, les servantes s'empressèrent de déposer les larges étoffes qui attendaient près du feu sur les épaules de la Duchesse qui continuait à pester...
Rien à faire, moi, de ce ban !
J'ai pas envie d'aller faire joujou avec mon épée et encore moins de me faire trouer le ventre par...par je ne sais même pas qui !
Assise maintenant près de la cheminée, Della achevait de sessuyer les pieds.
Vite, passez-moi une chainse et un bliaud, n'importe lequel.
Vêtue, elle se précipita à sa table d'écriture.
Della avait fait remettre de l'eau froide parce que c'était trop chaud, puis de l'eau chaude parce que les servantes avaient trop refroidi l'eau et encore une fois de l'eau froide parce que décidément, ces jeunes servantes étaient des bonnes à rien !
Là, c'était parfait.
Ca ne durerait pas car comme chacun sait, l'eau du bain refroidit.
Dans quelques minutes, la Duchesse réclamerait encore de l'eau chaude, raison pour laquelle un chaudron était déjà à chauffer dans la cheminée. Finalement, elles n'étaient pas si gourdes, les servantes.
Della trempait...jouant avec l'eau qu'elle laissait couler entre ses doigts, chantant une chanson d'amour, avec plus ou moins de bonheur...
C'est froid !
Aussitôt, les servantes rajoutèrent avec précaution l'eau qui vint réchauffer le bain. Les effluves des huiles parfumées s'élevèrent en une fine brume jusqu'à emplir la petite pièce bien chauffée. Della se réinstalla, s'allongeant le plus possible, tenant les yeux fermés, musant maintenant l'air de la chanson...Un moment de pur bonheur.
On frappa à la porte, avec vigueur.
Votre Grâce.
Il y a un pli portant le sceau du Duc de Bourgogne. Un messager vient de l'apporter en disant que cela était extrêmement urgent.
Grumph !
Qu'est-ce qu'il me veut ?
Ce n'est sans doute pas une réponse à ma lettre de félicitations...ce ne serait pas urgent.
Oui, bon, entrez et fermez les yeux. Ma servante va prendre le pli.
D'un geste de la main, Della envoya la petiote prendre le fameux pli par lentrebâillement de la porte. Elle voulut lui demander de le lire mais elle se ravisa, sans doute ne savait-elle pas lire et en plus...si jamais cela était une missive dérangeante, genre un procès...Il valait mieux qu'elle le lise elle-même.
Donnez, mon petit. Et donnez-moi un linge aussi.
Mains essuyées, pli décacheté et...
Mordiable !
Il lève le ban !
Tu parles qu'il veut que la paix revienne !
Han !
Le bain fut abandonné, les servantes s'empressèrent de déposer les larges étoffes qui attendaient près du feu sur les épaules de la Duchesse qui continuait à pester...
Rien à faire, moi, de ce ban !
J'ai pas envie d'aller faire joujou avec mon épée et encore moins de me faire trouer le ventre par...par je ne sais même pas qui !
Assise maintenant près de la cheminée, Della achevait de sessuyer les pieds.
Vite, passez-moi une chainse et un bliaud, n'importe lequel.
Vêtue, elle se précipita à sa table d'écriture.
Citation:
- Tonio.
Bonjour.
J'ai bien reçu ta gentille invitation à la petite sauterie que tu organises pour fêter ton accession au trône de Bourgogne.
Merci beaucoup.
J'ai en souvenir que lors de nos échanges épistolaires autour des élections et jusqu'à ta reconnaissance comme Duc, tu me répétais que tu voulais la paix, en Bourgogne et que tu ferais tout ce que tu pourrais pour que cela soit.
Certes, nous connaissons l'adage : "Si vis pacem, para bellum". Mais est-ce là ta façon de faire ?
Quelles sont ces armées dont tu parles dans la levée de ban ? Les armées royales ne sont-elles pas là pour assurer que Dijon ne tombera pas (encore) ?
Je suis extrêmement ennuyée.
Je suis Noble bourguignonne, je dois répondre au ban, je le sais.
Mais je n'en ai pas envie.
Je viens à peine de revoir mes enfants et de retrouver un semblant d'entente avec mon époux. Les abandonner tous va me déchirer le coeur. Je suis certaine que tu comprends ça.
Es-tu absolument certain que ma présence soit nécessaire ? Je ne suis plus très en forme, je me suis un peu empâtée, mon beau-père me disait même dodue, je ne suis pas certaine d'être très efficace sur un champ de bataille. Je pense même que je serais plutôt encombrante.
Ne serait-il pas possible de me mettre sur la liste des excusés avec tous les vieux qu'on ne voit jamais plus ?
Peut-être qu'une compensation en écus sonnants et trébuchants pourrait t'aider à accepter ma demande. Bien évidemment, tu disposerais à ta manière de cette compensation et tu serais assuré de ma discrétion, tout comme j'espère pouvoir bénéficier de la tienne.
Afin que tu puisses réfléchir à cela dans de bonnes dispositions, mon messager te remettra quelques bouteilles de vin de Beaumont et un plein panier de délicieuses oublies au miel.
Prends ton temps pour réfléchir et tiens-moi au courant.
Que le Très Haut te bénisse.
Della.
Et de fait, un messager quitta Seignelay, emportant vers Dijon, la missive de la Duchesse, six bouteilles de Beaumont et les gaufrettes promises. Il remit le tout au Duc.
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