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[RP] Le Vert Millau

Gudrule
Et c'est juste en sortant des jardins de Millau, que le drame survint. Aelyenor s'arrête net, courbée en deux, les mains posées sur son ventre.

- J'ai mal...

Elle s'affaisse. Gudrule a juste le temps de la soutenir pour éviter qu'elle ne s'affale au sol.

- Laelly !!! T'as quoi ?

Elle semble perdue la Biquette. Comment ? Sa chère sœur idolâtrée, raffolée, en vénérance totale qui est là, dans ses bras, un affreux rictus lui déformant le visage...ah non ! Au secours ! Y'a erreur ! C'est un coup monté ! Un coup d'état ! Un gai tapant ! Une infamie ! N'a-t-elle donc vécu que pour cette infamie !

- Oh ma Laelly adorée, mon don de moi, ma toute belle, je suis là, je te reste, ma toute petite...

Elle hèle au passage un pressé qui n'a d'autre ambition que de rentrer chez lui.

- Y'a un docteur dans le coin ? harengue-t-elle. Oui et non répond le fûté. Ah l'impeccable con ! Comme si c'était le moment des finasseries verbales.

- C'est oui ou c'est m... ? agresse la Trépignante. Et l'autre, apeuré par l'amas qui n'a pas l'air de plaisanter lui répond que oui il y en a bien mais qu'ils ne sont pas en exercice et qu'il en existe un ailleurs, quelque part à Villefranche qui soigne la population et encore lorsqu'il n'est pas trop saoul et que merci beaucoup Madame de vous avoir rencontré mais je me taille chez moi...

La Gud prend sa soeur dans ses bras, aperçoit Acanthe au loin qui n'a pas l'air bien non plus, l'appelle, lui fait signe de l'accompagner et qu'elle se chargera de les soigner.
Tout en marchant, la Gud pleure, s'enfonce dans les trépignantes bourrasques, elle chiale en parlant à Aely qui sombre dans l'inconscience.


- Laelly tu m'entends ?

Redoublement des sanglots Gudruléens.

- Ma sœurette, , ma vieillasse, ma chieuse, ma guenille, tu vas pas m'laisser hein ? Tu vas pas crever ? J't'interdis d'abord de crever. Surtout me fais pas l'coup autrement j'te cause plus jamais. Me lâche pas dis, te laisse pas glisser, tiens bon le cap ma fille, on va en reboire des bières ma douce, mais pour ça j't'interdis d'canner. T'entends ma beauté ? Essaie un peu et tu vas voir, sœur ou pas tu vas le sentir passer. Retiens-toi M...Hein ? t'as parlé ? T'as rien dit ? Elle a rien dit. Allez dis, arrête ta mauvaise tête, bon t'agonises et alors ? Tu vas pas nous en faire tout un fromage hein ? J'veux t'voir bavouiller frangine encore un peu. J'veux pas t'voir crever. Meurs pas, j't'apporterai des tas de tonneaux de bon rouge, on ira dans des cloaques, allez dis, tu mourriras quand je serais une vioque et qu't'auras l'âge de t'faire une raison, quand tu seras devenue égoïste et qu'on aura plus que nos bobos à se préoccuper.

Bon dis, tu vis quoi ?


Aelyenor sort de sa léthargie. La Grosse pose sur elle la face la plus sublime qu'il ait été donné à Aely de rencontrer.

- Faut préparer le cheval mon trésor
, peine à dire l'aînée

La Magnifique regarde le ciel et en souriant à travers ses larmes murmure.

- J'la connais, elle va vivre...elle va vivre.
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" Sire, de grâce, écoutez-moi, je reviens des galères.
Je suis voleur, vous êtes roi, c'est à peu près la même affaire."
(Lacenaire)
Gudrule
Un mois de janvier sans gelée, n'amène pas une bonne année.

La Gud traînait son âme en peine dans les jardins de Millau. Elle s'ennuyait ferme, alors pour tuer le temps, elle effectuait quelques petits travaux d'aménagement en attendant des jours plus cléments et en procédant à des semis de futures plantes.

C'était le mois le plus froid de l'année, et les journées étaient courtes et sombres, seules quelques roses de Noël tentaient d'éclore sous la tonnelle d'entrée.
Ces rares fleurs de l'hiver, semblaient vouloir jouer les fragiles et cependant, elles bravaient les frimas. Vivaces au charme indéfinissable, elles avaient un je-ne-sais-quoi de délicat et d'émouvant qui se déclinait en de subtils camaïeux blancs, roses, pourpres ou verts.
Après les fleurs, un petit tour aux étangs..."Maurice" avait sans doute pris ses quartiers d'hiver...Gudrule imagina un instant son apparition aux beaux jours prochains accompagné d'une progéniture prolifique.

Enfin un détour par la vigne de sa sœur, la vigne était en dormance, elle effectua un labour profond, afin d'aérer le sol et de la débarrasser de vieilles racines qui auraient pu être oubliées, quand un pigeon se posa sur son épaule.


- Une lettre de Laelly !

Dépliant fébrilement le parchemin, elle lut.



Ma tendre sœur,

Nous voici à Limoges, après deux derniers jours mouvementés. Le cheval s'est emballé entre Tulle et Limoges, du coup j'ai perdu pendant une journée Acanthe et Petitbonhomme.
Les brigands sont légion en ces chemins pas très fréquentables, j'en ai fait les frais avant-hier, heureusement ils ne m'ont pas pris grand chose, et en ont été pour leurs frais, en plus, malade comme je suis, ils n'ont pas insisté de peur sans doute d'être contaminés.

Bref, mais tout est bien qui finit bien, j'ai retrouvé Acanthe et l'enfant à Limoges, et ce soir nous reprenons la route pour une dernière partie de voyage.

Les parents de Petitbonhomme se soignent tant bien que mal, ils ont l'air d'aller mieux, et une missive nous a informés qu'ils attendent leur petit garçon avec grande impatience.

Voilà pour les nouvelles...j'espère que tu vas bien ma sœur chérie, et je ne me fais pas de soucis pour toi, tu gèreras au mieux nos beaux jardins.
Seule recommandation...ne nourris pas trop le chien ! il va devenir aussi énorme que toi...

Pense à me donner de tes nouvelles ma Bien-Aimée.

Ta sœur qui t'aime.

Laelly



La Rudimentaire s'illumine, enfin des nouvelles de sa sœur chérie. Elle va pas trop mal.
Mais ce qui se produisit par la suite, relève du cataclysme. Pressée comme un lavement pour vite répondre à Aelyenor, elle glisse sur l'unique plaque de gel qui s'est constituée aux abords du jardin. Elle se pète la figure contre un pavé disjoint, saignote du nez, renifle tout, jure, maugrée, bouscule un promeneur égaré, lance une bouffée d'ail au nez d'un pochtron qui sortait triomphalement de la taverne du Fred et s'affale sur le comptoir en prenant plume et encre dans un tiroir.

D'une écriture appliquée, tout en reniflant elle répond.




Ma chère Laelly,

Ch'uis heureuse de t'savoir en vie mais pas z'étonnée de c'qui t'ai arrivée.Ce ch'val te tuera, je t'lai toujours dit, mais t'en fais qu'à ta tête...toujours...

Brèfle, ici ça va. Toujours aussi calme, pour pas dire morbide. J'ai rencontré une curette un jour qui semblait paumée dans c'te ville, j'lui ai parlé mais elle m'a semblé ailleurs...
Sinon, ben y'a Mémé qu'est passée nous dire bonjour. Elle a été déçue de pas t'voir, mais j'lui ai dit qu't'étais en mission pour le renouveau des familles.

Mémé tricote des chaussettes pour l'hiver, avec de la bonne grosse laine huileuse qui pue encore le mouton d'chez nous.
Mais j'crois qu'Mémé n'a plus le sens des valeurs, elle vieillit la vioque, j'ignore ce qui lui prend mais la jambe de celle qu'elle a entamée mesure au moins trois toises. Tu verrais le duel que s'livrent ses aiguilles vingt Dieux ! Et sa laine...y'en a un énorme chargement, on dirait du fourrage.

Sinon que te dire ? Ah oui, ces derniers jours, y'a eu la guerre. Mais pas celle que tu crois, dans mes instincts tins...la catastrophe. J'étais en bisbille avec mon côlon. On aurait dit Azincourt là-d'dans. J'dis Azincourt parce-que c'est les Anglais qu'ont gagné, et mes tripailles j'te dis que ça ma douce, refoulés jusqu'au faux col, et quand vint l'moment de concrétiser aux latrines, ben ils se comportaient comme des mateurs hypocrites, la victoire par l'attente.

Bon voilà les nouvelles...y'a d'quoi dire...

Pour conclure. Gaffe à vous hein, et protégez bien le p'tit.

J't'aime ma Laelly.

Gud


Un pigeon qui disparaît dans sa grande paluche et direction le Limousin.

Gudrule pousse un long soupir qui fait s'envoler quantité innombrable de poussière, puis se sert un godet pour calmer ses douleurs intestines.


- Reviens-moi vite Laelly...
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" Sire, de grâce, écoutez-moi, je reviens des galères.
Je suis voleur, vous êtes roi, c'est à peu près la même affaire."
(Lacenaire)
Gudrule
Il fait un temps merveilleux ce matin. Le soleil crépite et les petits oiseaux préparent leur concours d'entrée à la future chorale de Millau...(on peut rêver). Le ciel bleu ressemble à la bannière des enfants de Maria.

La Décisive prend alors une décision héroïque. Une décision comme elle n'en a encore jamais prise. Celle de rester chez elle.

Comprenne qui pourra. La Valeureuse, celle qui pulvérise les mâchoires et les barques du Père Acanthe, éprouve soudainement l'envie de jouer les mères chaussons. Après un démarrage fulgurant dans la réalisation et la conception des jardins de Millau, la nécessité d'un temps mort se fait sentir. Suffit pas de foncer bille en tête dans la vie, par moments on a besoin de faire le point et parfois le poing.

Le chien près d'elle a l'air de se dire qu'aujourd'hui ça va être Byzance. Il ne se trompe pas. Il est en pleine commotion le clebs.

Il est sur le pas de la porte et attend sa maîtresse nourricière. L'aura-t-il attendu cette Farceuse de Gudrule le chien !

Aelyenor croyait ferme que d'attendre quelqu'un dehors ça brusquait son retour, ou plutôt que ça protégeait. Bah, peut-être était-ce vrai que l'anxiété des mamans protégeait leurs enfants. Peut-être que leurs tourments dégageaient de grandes ondes bénéfiques qui s'étalaient sur le monde plein de péril.
Le chien en tout cas il le croit ça ! Oui il le croit. Dans la monstrueuse indifférence de l'univers, la seule île dont le sol ne foire pas sous nos pieds c'est l'amour maternel.

Il ne se trompe pas.


- J'vas t'faire des filets d'truite sauce Laely puis des rognons sautés mon gros.

Le voilà tout joyeux le cabot tiens...

Il fait beau aujourd'hui. Les escargots sortent leurs cornes, une abeille joue du vibreur. On ne se rapproche pas assez de la nature. On vit tous à califourchon sur le dôme du Parlement Rouergat en rouscaillant parce-que ça va pas assez vite, alors qu'on devrait s'asseoir devant les jardins de Millau pour regarder les petites abeilles faire leur petit turbin.

La Gud elle se demande comment ça se passe au palais Rouergat en se foutant pas mal de la réponse susceptible de lui être fournie.

Au loin elle voit passer une femme en fichu avec son panier à provisions. Une petite vieille avec une tête ressemblant à une pomme moisie et une voix qui rappelle un essieu de charrette mal graissé. Le genre "la vie ne m'a pas épargnée..."

Bref, tous les malheurs au complet. L'orphelinat, le mari alcoolique, le fils tué à la guerre, la fille au lupanar. Quand ce bon Aristote invente une nouvelle tuile il l'essaie sur la vieille. rappel d'impôts, de taxes, expropriation, cheminée qui tombe...la pauvre.

Mais Gudrule c'est la Bonté incarnée. Elle est certaine qu'Aristote la fera asseoir à sa droite lorsqu'elle ira faire le ménage là-haut...moui...rien n'est moins sûr. Je vous donne ma tête à couper qu'il va y avoir problème et qu'un archange distrait la dirigera dare-dare vers le Sans-Nom. Les marmites c'est son lot à la vieille.

Gudrule écoute la vieille Dame. Elle est en train de raconter que son dernier pigeon a crevé pendant la nuit. Elle ne pleure plus. Il y a belle lurette que les chagrins l'ont déshydratée. Et pourtant, ce brave pigeon c'était son seul lien avec les autres...
Ben voilà...elle l'a trouvé dans le fond de sa cage, roide sur des grains de millet. Triste non ? La Sensible écrase une larme grosse comme le Tarn, puis revient à ses fourneaux.

Dehors ça sent la terre fraîche, l'arbre et la vigne en début de floraison.


- Le chien...personne ne viendra nous déranger aujourd'hui. Si y'en a qui s'amènent on les enverra se faire teindre en vert. Promis !
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" Sire, de grâce, écoutez-moi, je reviens des galères.
Je suis voleur, vous êtes roi, c'est à peu près la même affaire."
(Lacenaire)
Aelyenor
[Quelques instants avant de se rendre au bureau du tribun]

Aelyenor a un peu de retard ce matin. C'est sa sœur qui devait se faire un peu de mouron de pas la voir revenir. Quinze jours d'absence c'est long pour elle.

La brune passe devant leur demeure...personne. Se dirigeant vers les jardins de Millau soudain elle l'aperçoit. Elle court le long des allées, la main en visière, scrutant les chemins amers où doit-elle penser sa Laelly a assez navigué, assez divagué, de la belle aube au triste soir.

Elle n'est pas très loin l'Inquiète, juste à la lisière des jardins et de la vigne.

Aely radieuse court vers elle, le bruit des charrettes mal graissées couvre le bruit de ses pas, et soudain l'aînée s'arrête, bouleversée. La Gud est en train de prier...


- Aristote ! Hé Aristote j't'en supplie fais pas le C...permet qu'elle s'en sortasse* de cette blague. Ça a assez duré M..!
J'sais bien que ma frangine c'est pas une sainte et qu'elle force des fois sur le godet, mais c't'une fille qu'est pas désagréable. Bon cœur sous ses airs de pas y toucher, et n'y touchez pas hein. Toujours prête à t'donner sa chemise si elle te f'rait plaisir. Faites qu'elle arrive là ! Maintenant ! Aristote me laisse pas toute seule dans ce patelin !


Aelyenor a du mal à se retenir de rire et d'une voix qu'elle dissimule caverneuse.

- Qu'il soit fait selon ton désir ma fille !

Gudrule se retourne, l'aperçoit, amorce un signe Aristotélicien, laisse retomber son bras et bêcheuse comme une noble clame.

- Tu seras et resteras toujours une coquine de premier choix pour tout te dire !

Aely lui saute au cou.

- Tu as raison de remercier le Ciel ma douce que l'on soit bien arrivé. Après une équipée pareille, ça constitue un miracle qu'on devrait faire homologuer par l’Église. Il me semble qu'elle manque de prodiges en ce moment.

Bras dessus bras dessous elles font le tour des vignes.

- Les ceps ont bien pris. Il me semble qu'ils ont bien poussé. Bon c'est parfait tout ça. Reste plus qu'à attendre les deux mois suivants en espérant qu'il ne gèle pas trop pour éviter que ça cogne sur les futurs bourgeons.

Puis revenant à la Grandiose elle demande.

- J'ai plein de choses à te demander. Si tu me racontais les dernières nouvelles, paraît qu'il y a des nouveaux venus, que je ne suis plus tribun...tiens à ce propos faut qu'on y aille...J'ai besoin de tes capacités l'Indispensable.

- Mouais...on ira. A condition qu'je susse**le moment où qu'tu m'lâcheras. Fait-elle en rigolant.

Tout en racontars et en rumeurs, Aely s'informa des dernières informations...oh punaise...la barque de l'Acanthe...

* Oui ben c'est la langage local hein.
** Itou, langage Gudruléen.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
La brunette se lève, engourdie par l'inaction. L'astre du jour (comme on dit dans les textes de qualité) tente de sortir et de dispenser ses chauds rayons sur les frondaisons mais se trouve aux prises avec le dernier huitième de clair de lune qui ne veut pas laisser sa place et traîne sa paresse d'une manière lente et majestueuse.

En ville le jour met beaucoup plus de temps à se radiner. Le temps s'écoule de façon atrabilante.

Elle songe en biglant le ciel velouté. Elle songe que la vigne a besoin d'être binée.

Se retournant vers sa sœur qui en écrase comme jamais, elle hèle la Vaillante pour lui dire de se lever. La Jouvencelle, dont la fine moustache blonde ouvre des horizons infinis sur son système pileux, lui révèle par des ronflements sonores qu'elle n'en a pas l'intention.
Comme toute peine mérite salaire, Aelyenor y va en lui passant la brosse à reluire. Elle lui affirme que ses yeux paraissent découpés dans du velours, que sa bouche est un piège à baisers et que si on mettait en vente ce qui lui remplit le corsage, le Rouergue n'aurait plus à s'en faire quand à son avenir.

Après toutes ces salades, la Gud a l'air de se prendre pour Aliénor (d'Aquitaine hein !) et s'étire en poussant le plus retentissant barrissement de la gent éléphantesque jamais entendu encore.


- Ma Laely ! Si tu savais ; j'ai fait z'un rêve merveilleux...

- D'accord Ramona, allez grouille, lève-toi on a du boulot aujourd'hui.

- D'accord, je vais bouffer un morceau avec le chien et on arrive...

A Prime*, toutes deux sont dans les vignobles de Gamaylona et de Mauzacanthe. La veille, elles avaient fait le tour de tous les éleveurs et avaient emmagasiné une quantité conséquente de fumier.
Des opérations de paillages et de fumures devaient obligatoirement être effectuées sur les vignes à la fin de l’hiver, de même que sur les jeunes pousses, notamment afin de les préserver du froid encore effectif en ces périodes dans la région. Février était sans doute le mois le plus vicieux pour les viticulteurs.


Aely avait entendu dire que certains agronomes critiquaient la fumure d'origine animale avec comme argument qu'elle pouvait nuire à la qualité du vin.
- Faux ! Se défendit Aelyenor, aucune fumure ne nuit à la vigne ! Il me semblerait que vous fustigiez cette méthode pour préserver et enrichir certains nobliaux se destinant à d'autres cultures...

Et de rajouter :

- D'ailleurs vos arguments ne tiennent aucunement. Il suffit que vous alliez vous intéresser aux cépages du Bordelais et mieux encore de Bourgogne pour constater dans les baux à façon**, que les tenanciers obligent parfois leurs serfs à mettre du fumier animal sur les vignes.

Ni accordant aucun autre intérêt que celui de l'information Aelyenor poursuivit alors sa manière de procéder.

- Bien ma Gud...il est l'heure de la taille sèche. " podar las vinhas ", il faut ôter les sarments superflus qui peuvent nuire au développement du raisin. Dépêchons-nous, Ce travail doit être fait après les dernières gelées de l’hiver et avant les pleurs ( c’est-à-dire avant l’apparition de la sève à l’extrémité des sarments de vigne.)

La taille des sarments de vigne est une étape importante et précise qui détermine la manière dont la plante continue à croître jusqu’aux vendanges. Si l’exploitant taillait trop la vigne, celle-ci ne se développerait pas suffisamment, s’il ne la taillait pas assez, les grappes de raisin risquaient de ne pas être assez mûres.
Toutes deux prirent alors une serpe particulière : la "sarpa podaduyra" permettant d’obtenir des coupures nettes sans écrasement de la tige.

C'était une serpe à talon qui possédait une large lame faiblement courbée (le croc) munie d’une excroissance carrée sur le dos (le talon). Cette serpe pouvait être employée de deux manières : à l’endroit, le croc sert à couper les sarments superflus ; une fois retournée, le talon servait comme une petite hachette pour couper les parties mortes du cep.

La taille fut rapidement exécutée. Les vignes étant fraîchement plantées de ce fait jeunes, peu de branches rejetons furent coupées.
Il ne restait plus qu'à " déchausser " les pieds de vigne afin de les débarrasser de la terre, ceci pour en enlever les parasites.
Dans le même temps, Gudrule remuait le sol en profondeur et en surface.

Les deux jeunes femmes travaillèrent ainsi toute la journée, sans se rendre compte que le soleil déclinait vers les monts du Rouergue.


- Ma Gud, nous finirons demain. Nous avons bien avancé tu sais. Avec un peu de chance nous pourrons espérer avoir un semblant de récolte en septembre prochain. Ça laissera le soin à Acanthe de bâtir un entrepôt pour les fûts à venir.

Ses pensées se tournèrent vers le garde-pêche. Il lui manquait ce discret.

* Prime : environ 6 heures du matin de notre horloge moderne.
** Baux à façons : Au XIVème siècle, les propriétaires de vignobles (moines principalement), établissaient des contrats spécifiant l'emploi de fumier animal. Sans ces baux à façons, ils n'avaient pas le droit d'employer ce genre de fumure.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Laissant de côté les histoires de poiscaille pour la journée, l'Acanthe se rendit dans les jardins de Millau.
Il espérait y trouver un brin de repos, une once de douceur, un peu de cette beauté que Dame nature se plaisait à créer.
Avec aussi le dessein à peine dissimulé de la voir. De la croiser. Rien que quelques instants, effleuraient sa présence.

La petite marre, domaine du poisson rouge, laissait filer ses eaux diaphanes.
Les arbres et les fleurs semblaient attendre, drapés dans leurs habits d'hiver, avec cette patience enviable, le renouveau. Le réveil de tout leurs sens.

D'autres profitaient pleinement de la saison pour laisser exploser leurs splendeurs. Centaurées, perce-neige rivalisaient d'astuces pour border les allées.
Les roses de noël n'étant pas en reste, chacune se laissant admirer par le passant. Si ces fleurs se mettaient à marcher, c'est à l'Aely sans doute qu'elles feraient songer.

Pressant le pas puis prenant le temps.
Errant de-ci de-là , se perdant avec acharnement.
L'Acanthe goûtait à ce calme, songeant à ce bonheur qui lui avait ouvert les bras.

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Aelyenor
Remontant au sommet de la côte surplombant la vigne, les deux sœurs rejoignent les jardins entre les haies d'aubépine bien taillés. Il fait relativement doux et la campagne sent bon. Un pinson perché sur un tilleul défeuillu comme un perchoir de perroquet explique à une pinsonne au sommet le coup du " petit-oiseau-qui-vient-de-sortir ".

Ça sent le printemps.

De retour à la charrette, les deux jeunes femmes y rangent leurs outils et entament le chemin de retour vers l'Espinasse. Mais Héphaïstos ( le nom donné au cheval d'Aely) est obligé de prendre le pas car une théorie de culs de vaches dansent devant lui obstruant le passage.
Un vieux vineux, avec le pif en forme de fraise, les yeux torves et la barbe mal taillée se met à bastonner son troupeau. Les vaches s'affolent, leurs mamelles gonflées carillonnent à tout va.

La Gud, meneuse de trait patenté, avec tout son savoir-faire, guide le cheval et la charrette passe en morflant au passage des coups de queue. Gudrule rigole. Aelyenor se dit qu'elle a bien fait la petite frangine d'accepter de vivre avec elle, ça l'émoustille Gudrule.

Au loin, une ombre se détache. Une démarche qu'Aelyenor connaît bien. Une stature élevée, un balaise mais grâcieux. Basculé comme un Terre-neuvien, la carrure solide, une mine au premier abord de contentieux à régler mais Aely, à force de le contempler avait remarqué une douceur et une tendresse émanant de ses yeux.


- Gud, laisse-moi descendre, ramène la charrette à la maison. Ne m'attends pas, mange...hmmm, je te fais confiance pour ça. Nourris le chien.

L’interloquée regarde sa sœur étonnée, puis suit la direction que prend le regard d'Aelyenor. Elle sourit.

- Ça va j'ai compris. fais-lui mes amitiés mais pas plus hein ! J'voudrais pas créer un nain dissident diplomatique (incident diplomatique vous avez compris)

Aely lui claque une bise puis saute en bas de la charrette pour rejoindre Acanthe.

Elle presse le pas et discrètement sans que le pêcheur s'en aperçoive, elle insinue sa main droite dans sa main gauche. C'est un geste qu'elle aime Aely, qui lui vient spontanément, comme ça. Lorsqu'elle a besoin de mieux sentir sa présence.

La grosse patte rugueuse mais protectrice de son ami engloutit la mimine d'Aely.
Quand ils se tiennent, comme ça, elle se sent invincible la brunette.

Ils marchent le long des allées jusqu'à la gloriette, vers les étangs. Une saine odeur rustique monte de la plaine Rouergate. Ça renifle déjà le pain. Aelyenor a des souvenirs qui lui rappelle sa petite enfance, avec sa sœur dans un pays plein de vieilles caillasses. Les ruines dans les orties, les vignes à flanc de coteau, l'odeur des pressoirs en automne et les chemins violacés par les vendanges. Et puis...quand elle était mouflette...

Tout en marchant elle lui dit.


- Lorsque j'étais mouflette, mon père m'emmenait à la pêche dans les ruisseaux. Il passait des heures à tendre des cordeaux qu'il laissait en place toute la nuit.
Moi, pendant qu'il s'évertuait à bien poser ses lignes, je regardais l'immobilité décourageante de ses cordeaux. A la longue ça m'hypnotisait.
Au petit matin il avait attrapé des anguilles p'pa. Et même des belles ! Mais le hasard voulait que je n'eusse pas les yeux sur les filins. Mon coup d'émotion à moi, mon passe-temps c'était de regarder des bulles qui surgissaient du fond de l'eau. Ça produisait une légère émulsion entre les joncs. Et puis ayant atteint la surface, ça crevait silencieusement.


S'interrompant et tout en poursuivant la promenade bucolique, Aelyenor pose sa tête sur l'épaule de son gaillard.
Quelque chose la tracassait pourtant. Elle déglutit laborieusement et dévie le cours de la conversation.


- Dis mon Acanthe, j'ai une faveur à te demander. Voilà...Gudrule tu sais, elle a pas idée de sa force. Pour ta barque, elle en est vraiment désolée. Le problème c'est que maintenant elle va avoir peur de te croiser, que tu exploses de colère. C'est pas qu'elle a peur de toi, la Gud n'a peur de personne, mais elle a ce sentiment de justice qui fait qu'elle sait quand elle a fait une bêtise.
Elle courbe la tête, arque l'échine quand elle t'aperçoit. Elle tente de s'imperméabiliser le derme pour subir ton flot d'invectives, se conditionne pour entendre et accepter la cascade de sarcasmes que tu pourrais être censé de lui faire subir.

Alors...je te le demande comme une faveur personnelle. Pardonne-lui. Elle va terminer la maison de Petit pour que lorsqu'il reviendra accompagné de ses parents, tous trois puissent avoir une demeure décente.
Fais-lui confiance, c'est une brave fille. Et puis c'est ma sœur...


Aely sait parfaitement qu'Acanthe n'est pas rancunier et qu'il est sans arrêt stupéfait non seulement de la force surnaturelle de Gudrule, mais aussi de la spontanéité dont elle fait preuve. La Gud c'est une jeune fille pure, simple, douce oui mais pas jolie. Bref...un vrai bouquet de printemps.

- Et après nous ferons un banquet à Millau. Lona m'aidera en cuisine et on invitera tout le village.

Un long silence puis elle lui murmure.

- Je suis bien avec toi l'Acanthe.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Il vaquait à sa contemplation, admirant le travail réaliser par les deux sœurs. Les petites menottes de l'adorable et les grosses pognes de la sœurette.
Un éden en plein Millau, un petit coin de paradis dans nos petites vies.
Ces "ne m'oubliez pas" perçaient déjà la torpeur hivernale, bientôt le bleu de ses fleurs se jouera des rayons du soleil.

Il ne l'entendit pas venir. La belle marchait comme on dansait, avec légèreté. Même la terre devait être heureuse de se voir fouler par ses pieds.
Tout à ses pensées, il sentit sur sa peau une caresse. Puis une main prenant la sienne. Un regard par acquis de conscience....c'est elle, l'Aely qui se tient à ses côtés. Ce simple contact le remplit de bonheur.
Un sourire pour accueillir la petite forgeronne en sa main. Rien qu'un sourire, les mots souvent sont inutiles pour le taciturne. Parfois futiles. Les gestes, les regards en disent bien plus.

Déambulant, heureux de ce présent.
Ils marchent, profitent de chaque instant.
Il écoute le barbu, attentif à chaque mot évoquant son enfance. Il la voit, l'imagine au bord de l'eau. Serre un peu plus sa main, la caresse du pouce restait libre.
Il serait bien rester là, à l'écouter des heures parler d'elle, de son enfance. Mais un court silence s'installe. A la mimique qu'affiche l'attachante, l'Acanthe sait que quelque chose lui pèse.


- Dis mon Acanthe, j'ai une faveur à te demander.......

Arf ! Il sait déjà qu'il acceptera. Sans connaitre la suite il est déjà prêt à lui dire "tout c'que tu voudras". Mais il écoute la requête, c'est plus sage, on ne sait jamais.
Il est question de la sœur et de sa barque. C'est vrai que depuis il se gelait un peu les arpions à pêcher à pied.
Il écoute encore et a du mal à s'imaginer la Gudrule courber la tête, arquer l'échine. De savoir qu'elle a peur de le croiser, ça le tracasse un peu quand même. Il l'apprécie cette brutale tendresse . Et puis....elle est un peu de sa famille maintenant.
Et puis c'est vrai qu'il faudrait le finir le château du petit. Alors........!
Alors il enlace l'Aely, sourit et lui dépose un baiser

- Bien sûr que j'lui pardonne ! Tant qu'elle r'connait son erreur.
J'en trouv'rai une autre.
Mais....elle aurait pu s'faire du mal ! Ou à la p'tite Ixia aussi !

Il sait qu'elle ne ferait jamais de mal à un enfant, mais quand même.

- Un banquet ! C't'une bonne idée ça. J'vous aiderai.

Il la serre contre lui, tout heureux le taciturne

- Je suis bien avec toi l'Acanthe.

A ce moment là, il aurait pu lui dire tout le bonheur qu'elle dépose sur sa vie, qu'il marche mieux quand sa main serre la sienne. Tout ce qu'il ressent à ses côtés, les doutes qu'elle efface......
Il aurait pu lui dire beaucoup de chose, il aurait du lui dire.


- Moi aussi Aely ! Moi aussi !
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Aelyenor
Ceux qui pensent que le bonheur est une sorte de charrette qu'il faut tenter d'attraper, se mettent le doigt dans l’œil jusqu'au fondement. Non, le bonheur c'est seulement une espèce de flottement passager pendant lequel nos pensées s'engourdissent, ce qui revient à dire que le bonheur consiste à ne plus penser, à retourner à l'animal.
Et ce qu'il y a de bien dans la vie (parfois) c'est son ironie. Les renversements de situation qui s'y produisent.

Ils s'assoient sur un des bancs imaginé par Gudrule. L'instant choisi par Acanthe pour lui annoncer qu'il va devoir s'absenter pour deux bonnes semaines, mais qu'à l'aube du printemps il serait de retour car il devait...
Aely pose un doigt sur sa bouche. Sourit. Esquisse un "non" discret de la tête, signifiant qu'elle ne désirait rien savoir, que sa vie lui appartenait et qu'elle pensait qu'il avait ses raisons et qu'elle admettait.

Doucement elle s'agenouille au sol. Le coin est frais, d'une douceur infinie avec des rayons de soleil qui n'ont aucun mal à se frayer un passage au travers des branches encore dénudées.
Elle pose sa tête sur ses genoux, lui tenant les mains, parlant bas, parlant tendre dans la lumière du jour vieillissant, ne s'interrompant que pour baiser ses doigts rudes à l'odeur de bois.

Puis vient l'heure de se séparer. C'est mieux rapidement. Ça évite de dire des bêtises et ça permet d'en garder un peu pour le retour.

A la sortie des jardins, le silence les muselle. Elle se demande si elle pense. Oui elle pense. Oui elle pense qu'elle ne pense à rien et ne se rappelle plus que cela se soit déjà produit.
Un baiser, une caresse de joue. Un regard tendre, enfin un sourire. Le plus beau.


- File, ne te mets pas en retard.

Un autre baiser hâtif puis elle s'en retourne à l'Espinasse. Au bout de quelques pas elle se retourne et jette un regard en arrière, s'enivre de la silhouette charpentée d'Acanthe plantée et la regardant disparaître au coin de la ruelle.

Ça lui fait triste de partout.

De retour chez elle, sa petite sœur a préparé le repas du soir. Étrangement elle ne dit rien et lui sert une bonne soupe de haricots au lard.
La Silencieuse la couvre d'un regard rapide mais attentif. Il y a quatre choses que Gudrule ne peut s'empêcher de faire et de connaître : dormir quand elle a sommeil, tousser lorsqu'elle est irritée de la gorge, se ruer aux latrines quand elle a trop forcé sur le melon et d'identifier en un clin d’œil quand sa sœur se paye un coup de bourdon.

L'importance de son rôle consultatif ne lui échappe pas et elle s'en enorgueillit. La Gud ce n'est pas un simple renfort (un renfort peut-il être simple d'abord ?) mais une guérisseuse de l'âme. Elle n'est pas là pour assister mais pour essuyer les plâtres, colmater les brèches et remettre en état le moral d'Aely ; bref, démêler les méandres de ses inquiétudes.


- Raconte.

Quand l'aînée en a terminé avec le brouillard qui l'envahit, la Philosophe délibère intérieurement, joint son index avec le médius, un peu comme faisait Christos lorsqu'il bénissait un client commandant deux cervoises, mais au lieu de brandir ces deux doigts accolés, elle les glisse dans son décolleté pour se fourrager les mamelles. Signe d'une intense réflexion.

- Mange. Après on ira boire chez Calamity. Après, ben après je veillerais sur toi et je te regarderais dormir. Te fais pas de souci, tous tes amis sont près de toi et l'Acanthe il va r'venir.

Cette femme de bien, dont le visage brut et brute respire l'intelligence (lorsque d'aventure elle passe à sa portée) lui fait un bien fou. L'existence sans la Gud ça ne se conçoit plus. Elle fait partie intégrante de la vie d'Aely. Elle est le sol fertile de son univers ; un sol un peu boueux mais sur lequel poussent les plus beaux épis de blé.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
Une belle journée s'annonçait. Trop longtemps qu'elle ne s'était pas rendue aux jardins. Trop longtemps qu'elle n'avait pas jeté un œil protecteur sur sa vigne, trop longtemps qu'Acanthe était parti...il lui manquait.

Soupirant de langueur elle s'achemina en direction des jardins.

En janvier elle avait entamé la taille des ceps, à la Saint-Vincent plus précisément. Et souvent Aely chantait en taillant les rangées : " A la Saint-Vincent mets la serpe au sarment, À la Saint-Vincent L'alouette prend son chant et le vigneron son serpillon...".

Il n'avait pas beaucoup neigé cette année mais ce que la brune avait redouté était le gel...une vigne c'était robuste, mais elle se souvenait de sa région natale où la température était descendue si basse que tout un arpent avait rendu l'âme.
Nous étions presque à la fin du mois de février et elle avait tout taillé à l'aide d'une serpe avec dos tranchant. En avance sur son travail elle prit alors soin de réaliser des prélèvements de boutures afin de les réserver pour les greffes futures en les conservant à l'abri dans le sable. Mais chose inouïe : les premiers pleurs...cette montée de sève en général arrivant au début de printemps et qui gouttait à l'extrémité des sarments...l'éveil de la vigne.
Elle couvait cette ressource tombée du ciel, Millau possédait les plus beaux plants de toute la région et chaque jour elle surveillait jalousement leur développement jusqu'à ce fameux débourrement, cette éclosion de bourgeons survenant quelques jours après les pleurs et qui rejetaient leur bourre qu'on appelait coton, c'était à ce moment-là qu'elle classait les cépages selon leur précocité de leur débourrement...les Mauzacanthe en étaient au stade de " pointe verte " correspondant aux écailles (feuilles), c'est ce qu'elle appelait l'apex...les Gamaylona étaient bien plus précoces que les Mauzacanthe, aussi Aely redoublait de surveillance, craignant les gelées futures impitoyables pour les jeunes pousses...mais que faire contre la nature ?

Alors elle priait, chaque jour, chaque soir, priait à Notre Dame la Chance en lui demandant de continuer à protéger cette ville, ces jardins, cette vigne, ainsi que ceux qui la fréquentaient, une faveur pour tout le travail fourni par cette collectivité.

Mais le temps était trop beau, trop chaud, et la vigne pleurait.

Non, la vigne n'était pas triste, c'était plutôt le contraire, elle sortait de son sommeil. De la sève goutte à l'extrémité des sarments qui furent taillés, les racines reprenaient leur activité. C'est à ce moment-la que le travail de la terre devenait primordial. Alors Aely prit sa houe pour repousser la terre du pied vers le centre de la rangée, c'est ce qu'on appelait le déchaussage afin de pouvoir désherber plus aisément dans les mois à venir.
Mais cette année, la végétation était en avance, la vigne était très vite sortie de son sommeil hivernal et déjà de beaux bourgeons explosaient sous l'ardeur des rayons de soleil, les rameaux à certains endroits étaient déjà formés et des feuilles formées cachaient déjà quelques premiers fruits...
Aelyenor tiqua. Pas bon tout ça...elle craignait par dessous tout les gelées, elle ne cessait de se le répéter et à chaque heure du jour elle arpentait les rangées, chantait, surveillait ses "bébés" et récitait des incantations pour conjurer le mauvais sort.

Côté jardin, tout se passait bien. Les primevères sortaient par touffes, l'eau des étangs commençait à frémir, et des bulles annonciatrices de renouvellement piscicole laissaient à penser que ce serait une bonne année...

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
C'est un mince rayon de soleil qui réveilla Aelyenor ce matin-là.

Un regard sur le côté de son lit et l'écoute du timbre d'un soupir voilé.
Quelques instants passent où la brune s'enivre du souffle lent et apaisé d'Acanthe, rassurée ainsi sur sa sérénité.

C'était samedi soir...un tourbillon de désir fou chez Aely, une libération de ses sens jusqu'alors inconnue chez elle. En taverne, son regard était rivé au sien, enveloppant son corps de ses petits bras protecteurs.


- Ce n'est pas moi qui devrait te dire cela mais...tu ne voudrais pas venir chez moi à l'Espinasse ce soir ?

Son acceptation et puis...oubliées les larmes amères d'autrefois qui gelaient ses joues et empoisonnaient son cœur.
L'espace d'un instant elle avait refoulé l'image du visage torturé de sa mère dans un coin de ses souvenirs...
Et puis pour la première fois, Aely laissa tomber les barrières de sa pudeur, pour elle qui pensait que tout n'était pas communicable n'importe comment à n'importe qui et n'importe quand, elle qui clamait que ce qui nous appartenait devait être appris...et voici que ses beaux préceptes tombaient à l'eau.

D'un seul coup d'un seul elle devint vulnérable, mais qu'importe...pour elle cet homme serait sien.
Ce soir là, une pluie d'étoiles s'abattit dans la pièce, sur son lit. Un incroyable moment de bonheur et de plaisir. Il lui semblait que le monde vivait en pleine plénitude et dans la grâce...

Se redressant tout doucement pour ne pas le réveiller, elle glisse un baiser furtif dans la tignasse noire de son diable d'amant, puis tout aussi discrètement, se rhabille dans la pièce d'à côté.

Après avoir pris soin de faire bouillir de l'eau pour l'infusion d'Acanthe, elle sortit pour aller respirer des parfums nouveaux aux jardins de Millau.
Virevoltant, tourbillonnant et chantonnant, ses pas la menèrent jusqu'au banc que sa sœur avait admirablement crée.
Elle s'assit et regarda l'étang des poissons rouges.

Levant la tête à l'air frisquet du matin, elle se mit à caresser la douce texture du siège. Ce banc qu'elle désirait tant et qui elle espérait serait le témoin muet de leur histoire, de l'histoire de tout un chacun, qui vieillirait et traverserait les époques et le temps, qui attirerait l’œil des générations futures et qui laisserait courir les imaginations...


Tout est silencieux, des parfums errants l'inondent...

Il n'y a plus rien à dire...Aucune parole, plus qu'à penser. Le reste n'est que douceur, tendresse et amour...

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Ce soir là en taverne de discrets clients leurs avaient offert ce moment d'intimité. S'étaient éclipsés avec les salutations de bon usage.
Il voulait en profiter, déguster chaque instant. Mais ça cogitait sec dans sa caboche. Elle était là, à ses côtés, entre ses bras offrant tout l'amour qu'il pouvait offrir.
Elle était là avec toute sa tendresse apaisant les doutes.
Mais, ce soir là, les pensées du silencieux s'envolaient parfois vers une pesance dont il se sentait responsable. Vers une amie qu'il ne savait comment aider.
Peu à peu les mots de l'Attachante firent leurs effets. Elle avait ce don d'adoucir les ombres du taciturne.

Alors quand il entendit cette proposition il en fut tout chamboulé. Un peu confus de pas l'avoir suggérer avant.
Parce qu'il y pensait bien entendu, mais sa timidité, sa peur de passer pour celui qu'il n'est pas et puis tout ce bonheur dans sa vie, ce bonheur quelle semait.
Tout ça rendait l'Acanthe muet. Je sais c'est un pléonasme, mais ça résume bien.

Ils se retrouvèrent à l'Espinasse et......il semblerait que le bonheur est refermé la porte derrière eux. Le temps d'une nuit, le monde au cœur boitant n'entra pas dans cette pièce.
Ne comptez pas sur moi pour ravir les voyeurs, la suite n'appartient qu'a leur intimité. C'était beau, c'était doux.

Avant de s'endormir, il la regarda un moment dans la sérénité de son sommeil. Elle était belle, tout simplement belle.

Au petit matin, Morphée s'en retourne au pays des dieux. Lui passe une main sur le pucier à sa recherche. En vain. Il y trouve au moins son parfum.
Il reste un moment assis sur un bord, retrouvant ses esprits.
Bois la tisane et se met en quête de l'Aely.

Un tour à la forge sans succès puis direction les jardins. Elle aime particulièrement cet endroit la petite forgeronne, elle y serait sans doute.
Il chemine dans les allées du vert Millau où le soleil sèche déjà les larmes de rosée sur la nature s'éveillant.
Elle est là sur un banc. Il l'observe un instant, puis s'approche.
Il a tant de choses à lui dire, comme souvent. Comme souvent il ne dit rien ou presque.
L'embrassant, il s'installe à ses côtés. L'enlace de son bras, la serre tout contre lui et lui dit au creux de l'oreille


- Je t'aime
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Gudrule
Aely reste un instant pétrifiée par elle ne sait quelle langueur bienfaisante. Des mots susurrés importants. Elle tourne son visage vers celui d'Acanthe. La chaleur de ses lèvres guide les siennes et voilà-t-il pas qu'elle l'embrasse.

Un grand baiser profond qui s'affole et qui précède tout.

Les deux petites jauges d'amour sont ainsi empêtrées et leurs deux âmes oublieuses de la situation en Rouergue quand un sifflement trouble l'imparfait silence et qu'une ombre monstrueuse le conclut.


- Héééééééééééééééééééééééé vous deux ! Me v'là !

La Gud prend place au milieu d'eux. Elle a quelque chose de changé. Une tempête rugissante en chassant une autre, elle a les yeux des îles Tatoumi quelque part dans l'océan...on ne sait plus très bien.
Et la voilà qui conte ses quelques jours d'absence...


- J'suis allée chez l'cousin Brutus, cui qu'y a une 'tite voix de 'tite fille. Ouais ben l'oncle l'est cané. Tu t'rappelles Laely ? C'est cui là qui avait défoncé l'crâne d'sa femme pour seul motif qu'elle lui avait écrit : "l’Émile je t'aimes". ouais ben c'est le S qui lui a été fatal à la Gertrude. Il badinait pas avec l'or taux gaffe et surtout avec les verbes du premier groupe. Y'en a comme ça des mordus de la grand-mère...

Alors après je m'suis permis un 'tit plaisir. Moui, j'suis allée voir Louigi. Mon coquin.
Vous devinerez jamais...j'suis parvenue à lui réveiller l'bigorneau. Rendez-vous compte, mon Italien il savait plus ce que c'était les choses de la vie depuis ces dernières acrobaties
(cf "Maman les petits bateaux" si vous vous sentez paumés). Il était endeuillé du calebar mon lapinou, alors j'ai joué le grand jeu. Dur au début. Son attribut cantonnait farouchement dans les invertébrés...pis soudain, on a pris tous les deux deux cervoises, ma cuisse contre la sienne. Machinalement hein, juste pour dire de bien-séancer et je lui ai fourbi un petit tombé de paluche sur sa case trésor...Tudieu ! Voilà t'il pas que ça se met à remuer dans sa musette...Hé hé hé, elle était pas morte la truite mon cher Acanthe !

Vous auriez vu la tête de Louigi ! Des yeux comme des auges, il se palpait pour y croire et il criait à tout va : " Ma, ma, non è possibile !"...
Ben si, possibile c'était.

Ah mes amis, quelle noye ! ce n'était pas un membre honoraire du Parlement, mais de l'omniprésent belliqueux !...


- Stooooooooooooooop ! Crie Aely... Très bien Gudrule, contente de savoir que ton jour de gloire s'est repointé. Ce sont des choses que la plus innocente des innocentes comprend tout de suite. Mais épargne-nous les détails mon Dieu...

Soupirante, mais heureuse de retrouver sa monstrueuse frangine, elle esquisse une moue désolée vers son doux et lui murmure...

- A ce soir mon ami...je vais calmer les ardeurs Gudruléennes en lui faisant biner tous les rosiers.

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" Sire, de grâce, écoutez-moi, je reviens des galères.
Je suis voleur, vous êtes roi, c'est à peu près la même affaire."
(Lacenaire)
Acanthe
Ces mots susurraient, à peine audible, il les avait prononcé. Et c'était bien la première fois qu'il s'y osait. Il pensait même ne jamais pouvoir....ou savoir les laisser sortir de sa bouche.
Il en aurait rosi, s'il le pouvait. Il en était même étonnant qu'il les connaisse ces mots, finalement.
Mais les lèvres de la douce ne lui laisse pas le temps d'y réfléchir.
Plongé dans un moment d'éternité qui s'interrompt soudainement.
Un cri, une voix, une silhouette. La sœur est de retour. Se cale entre les deux sur le banc, pousse du séant le taciturne et conte ses aventures Gudrulesques.
Il écoute, pas vraiment là. Il est restait quelques instants en arrière. Du temps où il avait l'Aely entre ses bras. C'était il y a quelques secondes oui, mais chacun son rythme.
La Gud et l'Acanthe n'ont pas le même tempo ce matin.

Pour l'instant il enregistre les paroles. Il comprendra, fera le tri plus tard.
Et puis il sourit, il a repris le fil du monologue. Elle a l'air heureuse la sœur....avec son lapinou, elle partage, distribue, le moindre détail.
L'Acanthe s'amuse de son parler. Tout en image, en métaphore.

Mais l'attachante stoppe net ce déballage. Il la trouve belle quand elle s'énerve, il lui sourit.
Se lève


- J'vais faire un tour au lac, à ce soir !

- Content de t'revoir Gudrule, à bientôt.
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Aelyenor
Gudrule s'en était retournée dans le Larzac, retrouver son Louigi...depuis que celui-ci avait retrouvé la valeur de ses sens, la Bienheureuse désirait retrouver ses origines paysannes, ce qu'Aelyenor ne lui contesta point, certaines incongruités belles de trop d'amplitude risqueraient de nuire à la population et de donner trop d'idées à certains.
Alors la Gud avant de partir lui dit que lorsqu'elle reviendra la voir ce sera avec l'Italien et qu'elle aura trois mouflets dans les jambes, un quatrième dans la coque et douze autres bien au chaud dans les enveloppes conservatrices de son infatigable...

Bref, passons...


En ce petit matin frileux, elle se dirige vers les vignes excellemment bien tenues, puis s'arrête un instant et contemplant en contrebas les rangées de ceps et les petits champs aux murettes branlantes.
Du plus loin que portait son regard, elle devinait les méandres du Tarn glissant entre les prés givrés.

C'est alors qu'un cavalier la fit sursauter.

- Damoiselle Aelyenor ? Est-ce bien vous ?

- En effet Messire, que puis-je faire pour vous ?

- Voici Demoiselle, ceci est pour vous.

Il lui tendit une cartouche dans laquelle se tenait un parchemin.

- Merci bien Sire...

La saluant, il repartit aussi vite que ce qu'il était venu. Quelque peu étonnée, la brunette ôta le sceau retenant hermétique la cartouche et déplia le parchemin...

Les premières lignes la secouent comme un prunier et l'emmènent au bout de sa résistance près d'un néant éclaboussé d'étincelles parsemées.
Elle bascule dans le noir de ses idées...la tête lui tourne et elle devient livide.
Se retenant maladroitement à un tronc, elle s'affaisse au sol et tente de reprendre ses esprits. C'est rare mais quand ça arrive c'est grave. Le paravent est en train de lui tomber sur la figure et elle cherche désespérément des solutions dans son esprit reflétant la stupeur et le désespoir.

Un document de Monseigneur Uriel...l'ami de sa maman, le seul qui ne l'ait jamais laissée tomber...




Ma chère fille,

C'est un Frère fatigué mais heureux qui vient ce jour vous annoncer enfin une bonne nouvelle.
Je viens de passer au bois de Meillan pour me recueillir sur la tombe de votre fort regrettée mère où je lui ai appris que nos efforts n'auront pas été vains...


Elle jette un regard derrière elle ; comme elle aimerait qu'Acanthe soit près d'elle en cet instant... elle ferme ses yeux laissant échapper quelques larmes pour les essuyer instantanément d'une main glacée.



Sachez que sa tombe est toujours fleurie, et que ses vignes ont donné un vin tout ce qu'il y a de plus capiteux aux dernières vendanges. Il s'est d'ailleurs passé un fait marquant l'an dernier, où le cœur de Sœur Anna Votre Mère reposait en lisière du Bois de Meillan. Un grain de raisin avait-il volé jusque-là, et une graine s'était-elle développée par hasard ; ou bien quelqu'un avait-il planté un cep à cet endroit en mémoire de celle qui fut une excellente viticultrice...je ne saurais le dire, mais pensons ainsi ma fille, car parler de prodige par les temps qui courent est bien mal vu.

Votre Maman sera toujours là, avec nous...

Très chère Aelyenor, je vous livre à la suite les documents enfin signés de sa réhabilitation...voici mon amie. L'injustice a été réparée. Un peu tard certes, et j'en suis navrée.

Que vous sachiez encore mon enfant. Votre maman s'est défendue toute seule. Une plaidoirie comme je n'en ai encore jamais entendue jusqu'à présent. Elle a été consignée par écrit par mes soins.
Une simple demande de votre part et je vous ferais parvenir sa défense.

Votre maman, c'est un cœur gros comme le monde qui nous a quitté.

Enfin voilà. L'ouvrage est terminé, le vieillard va pouvoir enfin se reposer.

Prenez soin de Vous Damoiselle.




Citation:
A l'attention de la famille Van Ansel,
A l'attention des fidèles,
A l'attention des sœurs et frères cisterciens de Noirlac,
Et enfin, à ceux qui liront,


Extrait du Livre des vertus, Livre de la fin des temps - Chapitre V - « Les questions » a écrit:
1 Mais nombre de questions n’avaient pas encore trouvé de réponse. Je demandai à Dieu si Il voulait bien éclairer ma lanterne et, dans Sa grande miséricorde, Il accepta.

2 Je Lui demandai: “Quand serons-nous jugés? Quelles seront les peines et les récompenses que nous aurons?” Il me répondit: “J’ai décidé, lorsque J’ai fait des humains Mes enfants, de leur faire le plus beau des cadeaux: J’ai fait de tous vos esprits des âmes, vous permettant de gagner le Paradis si vous suivez les enseignements d’Aristote et de Christos, mais vous punissant des Enfers si vous vous détournez du chemin qu’ils ont tracé. Vous êtes en cours de jugement tout au long de votre vie. Chaque pensée, chaque parole et chaque action influent sur Ma décision finale. Lorsque chacun de vous meurt, Je décide de votre destination éternelle. Selon que vous avez été vertueux ou pécheur, vous rejoignez les rangs des élus ou des damnés.”



A l'instar de Dieu, l’Église peut juger mais aussi pardonner à ses Enfants.
Néanmoins, seul Dieu, étant omniscient, peut émettre un jugement de valeur et absolu, car Lui et uniquement Lui connaît l'ultime vérité.
Les humains, qui sont par essence imparfaits, ne peuvent émettre que des jugements de droit.


Attendu que les circonstances exactes ayant conduit à la mort restent obscures au yeux des profanes.

Attendu que la vérité est connue uniquement de l'accusateur et de l'accusée ; et que ladite accusée a trouvé la mort durant l'entrevue.

Attendu que le seul et unique témoignage restant n'est ainsi juridiquement pas recevable pour preuve.

Attendu qu'il serait inique de juger quiconque sur base de preuves discutables.

Attendu, enfin, qu'une excommunication est une affaire entre les vivants et qu'en aucun cas, elle ne peut être perpétrée sur une personne décédée.


Nous, Cardinaux du Consistoire Pontifical Francophone, estimons - au bénéfice du doute - que seul Dieu jugera justement et prononçons face à la justice humaine, le non-lieu ; invalidons alors toute sentence d'excommunication qui aurait été mise en place.


Ainsi, que Anna retrouve sa place immuable en tant que fidèle de l’Église Aristotélicienne ; et dès lors, son corps pourra être translaté en terre consacrée, où elle aurait toujours dû reposer.


Fait à Rome le 12ème jour de novembre de l'an de grâce 1460,
Au nom du Consistoire Pontifical francophone,
Son Eminence Uriel de Réaumont Kado'Ch, Cardinal National Electeur.






Haletante, transpirante, Aely sent le monde tourner autour d'elle. Réhabilitée enfin, et tout cela grâce à l'abnégation d'un seul homme, un SEUL ! Uriel et sa pugnacité, sa ténacité. Asseoir la Vérité, juste la Vérité.

Sa maman était partie comme une princesse, s'était endormie pour ne plus jamais se réveiller. Aelyenor restait persuadée que même parmi les anges son acte devait représenter pour elle une défaite, mais pour la jeune fille, après un tel parcours, c'était elle la grande gagnante, car à ses yeux, personne d'autre qu'elle ne méritait de gagner les portes du Paradis Solaire !


Elle inonde de ses larmes l'acte de réhabilitation, elle ne se sent pas bien en cet instant. Et Acanthe où était-il ? Et Gudrule était-elle au courant ?

Criant, gémissant, pleurant, à bout de tout, elle court dans les allées à la recherche de son tendre ami. Elle avait besoin de ses bras là, maintenant ! Tout de suite !


- ACANNNNNNNNNTTHHHHHE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
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