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[RP] Le Vert Millau

Acanthe
La vie, parfois, réserve de belle surprise et elle lui avait déposé une attachante entre les bras.

Il rentrait du lac, comme souvent. Et comme souvent il n'avait plus qu'une envie, la retrouver.
La démarche lente malgré tout, profitant du froid. Ce froid qui fouette le visage, qui vous rentre partout, qui vous rappelle qu'au bout des pieds y'a des orteils.
Ce froid qui s’immisce, qui glisse sur chaque parcelle de peau qu'on lui offre. Qui vous prend au pucier, à l'aube, retardant le levé. Repoussant la journée.
Ce froid qui réchauffe les souvenirs d'enfance, le feu qui crépite, les veillées en famille.
Ce froid, cette saison, il s'y laissait porter. A grands coups d'inspirations-expirations. Il lui semblait alors que la vie s'écoulait mieux, parsemé de cette vapeur s'échappant de la bouche.
Il aimait ce froid sec, s'y sentait en vie.

Direction le Vert Millau. Elle devait y être, autour des vignes ou des rosiers. L'attention qu'elle leur donnaient été beau à voir, et les fleurs le raisin qui en sortait, étaient comme des centaines de mercis tendus vers elle.
Il pénètre, passe à côté de la mare. Les déblatérations de Gudrule sur son poisson rouge lui reviennent à l'esprit, il en sourit encore.
Le froid est toujours là, ce froid qui lui réchauffe le cœur. Il arpente les allées, observe, contemple la nature. Il .......s'arrête.


- ACANNNNNNNNNTTHHHHHE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ce crie sanglotant, cette voix ! Le taciturne s'inquiète, panique de l'intérieur, s'affole à sa façon.
Le pas se fait rapide, le regard balaye le paysage, le palpitant s'emballe.
Elle est là qui court vers lui, lui se presse vers elle, elle se jette dans ses bras à son cou, lui la serre, l'enlace. Tout contre lui. Tout contre elle.

Ce baiser déposé sur sa joue a le goût lacrymal, il essuie toutes ses larmes, ses sanglots.


- Qu'est-ce qui y'a ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Dit moi......j'suis là !

Il la serre encore et encore, ne veut plus la lâcher. Lui offre un bout de sa cape pour y verser toutes les larmes qu'elle aura.
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Aelyenor
Il est là son pêcheur, son ami, son confident, son amant, sa vie quoi. Tout près du banc près de la mare aux poissons rouges.
Elle se jette dans ses bras et enfouit son visage dans sa cape s'effondrant littéralement.

Une forte inspiration, puis elle reprend le dessus. L'incite à s'asseoir et entame un long monologue.


- Tiens l'Acanthe, lis. Un messager venant de Rome m'a apporté ceci.

Elle lui tend le décret signé par la Curie Romaine, puis reprend.

Je dois te parler de ma mère...

Elle était diaconesse, oblate chez les Cisterciens en l'abbaye de Noirlac. Elle était promise à un très bel avenir, dirigeant, soignant et récoltant les produits des vignobles de l'abbaye.
Un vin sans pareil, d'une qualité supérieure et très enviée dans les royaumes...

Maman...je ne la voyais pas souvent. A Noël, pour mon anniversaire et quelquefois en me faisant la surprise de sa venue. Pour mon plus grand plaisir.
Qu'est ce qu'elle était belle maman ! Plus je grandissais, plus je la trouvais jolie, les années ne semblaient avoir aucune prise sur elle. Elle dégageait une sérénité qui me coupait le souffle. Un calme apparent qui lui donnait une certaine classe...
...tu sais, tout le monde et surtout ceux qui paraissent le plus d'aplomb sur cette terre ont besoin du giron maternel de temps en temps pour réchauffer leur coeur. Et c'est quand leur mère a gagné le droit d'aller au paradis solaire qu'ils sont vraiment sevrés. les gens ils n'ont plus rien à quoi s'accrocher, alors ils deviennent mauvais. Il y a en eux des cris qui fermentent et qui pourrissent. Un feu qui s'éteint doucement en dégageant une sale fumée. l'enfance vois-tu, c'est un mal dont on ne peut jamais guérir. On les appelle des adultes, mais ils ne sont qu'au fond que des petits enfants tu comprends ?
Oui tu me comprends. Mais certains ne comprennent pas, c'est sans doute que eux sont peut-être devenus des adultes pour de vrai. Y'a pas de mal à ça, il faut de tout pour défaire un monde...

Ma mère c'était la statue vivante d'un amour bafoué. Et je suis le fruit de cet amour bafoué mais je n'ai jamais été aimée à l'emporte-pièce. Quand je lui posais des questions sur mon père, elle l'appelait " ton géniteur "...

Je t'ai parlé de mon père, il passait son temps à pêcher. Un soir il est entré après sa journée de travail, dans ses bras un bébé. C'était Gudrule. On l'avait déposé devant notre étable avec un morceau de parchemin bien caché sous ses linges.
Comme maman était fille de Dieu, on avait déposé ce gros paquet devant sa porte...et Gudrule est devenue "ma sœur".

Au début elle m'amusait, je la trouvais rigolote. Je me rappelle lorsque ma mère a déballé ce fabuleux cadeau, elle avait un peu moins de ventre, était plus rose, plus propre...disons moins crasseuse.

C'est au moment où maman l'a dévêtue que mon père s'est écrié : "quelle horreur !"

Le lendemain, papa est parti, on ne l'a plus jamais revu.

Gudrule est ce qu'elle est mais c'est une dévouée, et idolâtrait maman. Lui vouait une confiance sans bornes...ah là là, que d'aventures nous avons vécues ! Que de marrons elle a flanqués ! Que de cervoises elle a ingurgitées ! Que de rires nous avons déployés...et que de larmes nous avons versées.


Elle s'interrompt un instant, se coule en repliant ses jambes contre son mâle et reprend.


Pour en revenir à Maman...
J'ai tellement de clameurs d'infini dans la poitrine, j'imagine certaines nuits les cris silencieux de maman qui l'étouffent...oui, on croit que les portes restent ouvertes mais ce n'est pas vrai ; elles se referment parce-qu'elles sont faites pour ça. Ouvertes c'est fugitif. Fermées c'est leur finalité.
La porte de ma mère s'est refermée sur moi. Alors parfois je pose mes mains sur le bois de la porte et je colle mon oreille ; j'espère qu'elle me voit...je coltine mes langueurs...cela aurait pu être ça n'a pas été ; tant pis.
Elle était comme ça maman. Le Très-Haut elle le mettait dans le coup uniquement que lorsque tout allait bien. Elle le remerciait. Mais quand les choses tournaient mal, elle ne se rebiffait jamais contre Lui. Non. Au contraire, elle l'implorait.

Je me souviendrais éternellement de la chaleur de sa peau, du goût de ses lèvres sur mes joues, du poids de son regard de jais qui me manquera. Le soir surtout. J'en ai peur...
Parfois je fais resurgir de ma mémoire les contes qu'elle me narrait pour que je m'endorme. Je me rappellerais toujours de ces maudits derniers jours, à travers les grilles de sa geôle lorsqu'elle me tenait les mains si forts que les barreaux s'imprimaient dans mes paumes.

Et puis nos folies, nos chants, nos danses dans les rues...nos courses dans les rangées de vigne car c'est elle qui m'a appris le travail de viticultrice, et peut-être ce qui me manque le plus ce sont les vaisselles que l'on faisait ensemble au bord de la rivière, ces instants privilégiés qui m'ont amenée au seuil d'une vie nouvelle. Cette vie qui me faisait un peu peur parce-que je savais que tôt ou tard je devrais couper la corde qui la reliait à moi.

Maman a été injustement condamnée, interrogée, soumise à la Question...Pourquoi...tout simplement parce-que...


Elle déglutit. Les sanglots s'accumulent dans le fond de sa gorge.

...parce-que...non...je te le dirais à la maison mon ami.

Il a fallu deux longues années, deux interminables années pour que son innocence et sa réhabilitation soient prononcées. Grâce à un vieil homme, un ami de maman qui a toujours cru en elle et qui n'a jamais rien lâché...

Que ce brave homme soit sanctifié...ainsi que Maman...bien qu'elle me gronderait si elle était là, je n'hésite pas Acanthe à crier...


Sancto Subito !

Elle en a terminé. En quelques minutes elle lui avait dévoilé toutes ses années de bonheur et de souffrance...il n'en restait plus qu'une seule. Mais ça ! Ce serait pour plus tard.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Elle s'effondre l'attachante. La cape pour mouchoir en papier.
Il ne dit rien, obtempère, se pose sur le banc, se saisit du parchemin.
Ca parle d'église, de Dieu, le pêcheur n'est pas très à l'aise avec la religion, mais il lit. Tente de comprendre, "seul Dieu jugera". Jugera qui ? Jugera quoi ?
Mais l'Aely reprend, alors ses yeux quittent le papier pour se poser sur elle


- Je dois te parler de ma mère...

Il écoute précieusement, chaque mot, chaque souffle. Elle parle avec cette voix qu'il découvre, une voix qui vient de loin, qui agite les souvenirs, qui ébranle la mémoire. Elle parle de sa mère, de maman, et il sent toute l'émotion que cela fait naître. Il lui prend la main, lentement, tendrement, pour ne pas l’interrompre. Elle se dévoile, révèle des bouts de sa vie qu'ils n'avaient jamais abordé. Alors l'Acanthe écoute, veut tout connaitre de celle qui lui fait penser que le bonheur existe.
Il comprend qu'elle n'est plus, l'écoute parler de l'enfance


- tu comprends ?

Il opine et le monologue se poursuit. Des mots, des phrases surgissent, "je suis le fruit d'un amour bafoué" "ton géniteur" "Gudrule, déposé devant l'étable" "Papa est parti..jamais revu".
Il s'attache un peu plus à cette sœur, cet enfant trouvé. Des questions lui viennent, sur son père, sa mère, sa sœur d'adoption, sur son enfance. Cet amour bafoué, pourquoi.....bafoué ?
Mais il l'écoute parler de Gudrule, les imagine enfants.

Il la sait fragile en ces instants, un écrin de porcelaine dans un magasin d'éléphant.
Elle se coule contre lui, petite être délicate et vulnérable, il lui passe le bras sur l'épaule et la serre contre sa personne.

Il comprend qu'il reste à l'âme de sa douce une cicatrice qui ne se refermera pas. Pourra t-il apaiser ses clameurs d'infini, ses langueurs ? Saura t-il le faire ? On ne remplace pas ces manques, la chaleur de la peau maternelle, le goût des lèvres d'une mère sur les joues ne peuvent s'oublier pour d'autres chaleurs, d'autres goûts. Le poids d'un regard, même aimant, ne peut se substituer à celui de l'amour d'une mère.
Et puis encore ces mots et ces phrases qui l'interpelle. "derniers jours" "grilles de geôle" "elle me tenait les mains si fort....."
L'Acanthe a l'estomac qui se serre, il imagine les souffrances, les larmes, les barreaux séparant une mère de sa fille.
"injustement condamnée" "soumise à la question", une question lui échappe, à voix basse, presque in-petto


- Pourquoi ?

- Pourquoi...tout simplement parce-que...Il l'enlace un peu plus, embrasse sa chevelure, se serre tout contre elle...parce-que...non...je te le dirais à la maison mon ami.

"innocence" "réhabilitation", il regarde le parchemin qu'il tient toujours à la main. C'est donc ça, "Anna retrouve sa place immuable en tant que fidèle de l’Église Aristotélicienne".

Il ne sait trop quoi dire le taciturne. Tant de questions à l'esprit qu'elles s’entremêlent. La gorge nouée, il l'étreint.


- Anna !...... C'est l'nom..... de ta mère ?
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Aelyenor
- Oui...Maman s'appelait Anna.

Et à nouveau le silence qui les muselle. Aely se demande si elle pense. Oui elle pense.
Moment indicible.
Moment de rêve.
Qui lui aurait dit que ce serait le plus beau jour de sa vie. L'humiliation, le dénuement moral et puis soudain, dans la foulée l'apothéose.

La brune est lovée contre son homme. La tête enfouie dans son torse, caressant sa forte chaleur. Elle est transie d'émoi, noyée dans des flots d'amour, silencieuse et triomphante. Folle de bonheur. N'en croyant pas l'instant capiteux.

Elle se redresse et le regarde, avec toute l'intensité de son regard clair. On croirait qu'elle cherche dans ses souvenirs naissants où et quand elle l'a rencontré.


Ils s'en retournent vers leur chez eux. Ferment la porte...

C'est une petite maison faite pour leurs longues étreintes. Un lit malmené par deux jeunes personnes en mal d'amour mais qui ne le seront plus.

Aely le couvre de son corps avec de petits gestes craintifs et enfouit son visage dans ses cheveux fous...


- Acanthe...Est-ce pour cet instant que je suis née ?
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
- Oui...Maman s'appelait Anna.

Elle a l'air heureuse l'attachante, une joie contenue. C'est un poids à l'âme qui s'envole. L'amour d'une mère dans ses yeux.
Il sourit légèrement, se dit que la vérité est enfin rétablie. Mais pourquoi a-t-il fallut qu'un homme seul se batte pour cela ? Face à cette institution rigoriste ? Pourquoi tout cela et finalement lui permettre de reposer en terre consacré ?
Il y a encore trop de choses floues dans son esprit, mais ça n'est pas le plus important pour le moment. Comme souvent il se dit que ses questions trouveront réponse plus tard.
Quand....quand il saura les poser.
Pour l'heure il l'accueille contre lui, une merveille dans les bras d'un silencieux, lui caressant les cheveux, le visage, sa peau douce. L’étreignant avec forte douceur. Il l'aime sa petite forgeronne, d'une passion qu'il ne pensait pas possible. Une passion qui lui est inconnue.
Et puis ses yeux qui plongent dans les siens, ça l'intimide toujours un peu l'Acanthe. Ce regard, cette intensité qu'il offre ! Il faut l'avoir vu, l'avoir senti sur soi pour comprendre ce qu'il ressent en cet instant.


La porte est fermée sur l'extérieur, il ne reste que deux êtres se donnant l'un à l'autre.

les flèches décochaient par Cupidon n'étaient certainement pas émoussés dans leurs bouts lorsqu'il fit de ces deux-là ses victimes.
L'Acanthe la couvre de baisers, de caresses, il redécouvre son corps chaque jour. Et chaque jour en est émerveillé.

- Acanthe...Est-ce pour cet instant que je suis née ?

S'il pouvait se gratter la barbe, il le ferait. Autant dire qu'il ne s'attendait pas à cette question. Mais c'est aussi pour ça qu'il l'aime. Alors il réfléchit, ne veut pas briser la magie de l'instant.

- C'est pour les instants passés et tous ceux qui viendront Aely. Pour vivre, être heureuse. Ensemble, j'te promets qu'ces instants ne mourront jamais ! On les laiss'ra pas vieillir !

Il est confus le barbu, sa maladresse lui jouant parfois des tours.

- Tu crois qu'on est né pour vivre cet instant à deux ? Que nos ch'mins se sont croisés pour ça ?
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Aelyenor
Elle le regarde jusqu'au fond du Rouergue.

- Je crois bien que oui. Nos chemins se sont croisés. Le hasard tu penses ? Nous n'aurons pas assez de toute notre vie pour répondre à cette question.

Elle se lève tout doucement et s'habille.

- Tu sais que tu m'as fait un cadeau empoisonné lui chuchote-t-elle d'une voix douce.
Tu vas maintenant éprouver la cruelle inquiétude d'un père lorsque tu songeras à notre enfant endormi près de nous, ses cheveux ondulés, son regard presque bleu...ou noir, si attentif au monde déjà.

Elle s'immobilise dans la pénombre pour l'admirer. La pénombre d'un jour qui retarde le moment de laisser courir ses lueurs.
Cet instant restera à tout jamais gravé dans son cœur.


Elle se rapproche et pose un genou sur leur paillasse. A une envie irrésistible de lui...elle sait qu'il ne résisterait pas à son entreprise ardente. Aelyenor fonctionne au chou, elle ne veut rien brusquer, et c'est grâce au cérébral qu'elle arrive à ses fins.

En faisant le grand tour...

Elle lui sourit en tenant ses mains. Il est abîmé de fatigue et d'émotions l'Acanthe.
Elle se redresse et discrètement lui lance.


- Je vais aux jardins. Un dernier coup d’œil avant que le printemps n'arrive, et puis un ultime déchaussage qui ne gâtera rien.

Elle lui envoie un long baiser de la main puis toute guillerette ses pas la conduisent vers les jardins.

A la sortie de l’hiver se pratique généralement un labour dit " de déchaussage " qui a pour effet de dégager la terre se trouvant sous le rang vers le milieu de l’interligne (espace dégagé entre les rangs). Les souches sont ainsi nettoyées, et ne demeure qu’une bande de terre le long du rang que l’on appelle le cavaillon.
La brune s'employa à le supprimer afin d’éviter la croissance de mauvaises herbes juste sous le pied.

Ceci fait, le soleil étant bien haut dans le ciel, elle grimpa sur le promontoire et embrassa du regard tout ce travail effectué depuis son arrivée ici en terre Millavoise.

Elle sourit et se mit à monologuer.


-"Tu vois l'Acanthe...quand tu seras charpentier tu me construiras une belle cave, là, juste à côté des derniers plans. Pas trop loin pour éviter un transport fragile.
Voilà comment je vois son organisation...

Il faut construire une cave qui soit à la fois sèche et fraîche car l'air ne doit y pénétrer que par de faibles issues. Le soleil, ce fameux bon soleil dont les rayons méritent notre hommage est funeste pour une cave, il va de soi qu'il faut condamner à l'exil ses rayons.

Pour sa capacité, ne soyons pas trop prétentieux, le nombre de bouteilles n'est pas limité mais ma maigre expérience me pousse à te dire qu'il faut marier luxe et économie. Peu de vins peuvent être amoncelés en grande quantité et malheur au buveur ignorant qui entasse dans sa cave tonneaux sur tonneaux car certains n'ont que quelques années à vivre et doivent être bus à maturité ; leur dégénérescence est rapide ; les Mauzacanthe par exemple se conserveront difficilement, par contre les rouges comme le Gamaylona comme cépage peuvent très bien être conservés longtemps, car leur vieillesse est leur principal mérite.

Il faut éviter tout feu de propreté à proximité, lorsqu'en automne on brûle les feuilles mortes, la fumée qui se dégage des feuilles fermentées altèrera notre nectar et il sera impossible de le conserver.
Avoir des tonneaux de chêne ou de châtaigniers que l'on surélèvera d'un demi-pied au-dessus du sol. préférons les pierres pour surélever les futailles, car le bois au sol pourrit et cette moisissure pourrait se propager aux tonneaux et surtout aux cercles. Il faudra bien s'occuper de la toiture et faire en sorte qu'il n'y ait pas d'infiltration d'humidité...ensuite et bien je me chargerai d'un grand nettoyage, nous mettrions le fouloir et le pressoir proches de l'entrepôt afin de ne point perdre de temps lors du recueil du vin et...ben après avec celles et ceux qui seraient intéressés je leur apprendrai les techniques de conservation. Il faudra penser à éloigner les tonneaux du mur d'au moins un pied afin de toujours visiter leur fond postérieur..."


Elle fut prise d'un fou rire à sa dernière phrase. Elle frissonna un instant puis croisa ses bras autour de ses épaules...
Elle éprouve un sentiment de bonheur teinté de ridicule. Il lui semble qu'elle n'est que gaucherie et elle s'efforce de chasser sa gêne comme elle peut...
Mais la vie opère son entrée en scène, son entrée en cœur...et alors Aely glisse dans la félicité comme elle glisserait dans un bon bain tiède.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Sa main glisse le long de son dos tandis qu'elle se lève, il l'observe, l'admire enfilant ses atours.
L'inquiétude d'un père.....Il éprouve déjà celle d'un futur père, sera t-il à la hauteur ? Sera t-il offrir tout cet amour qu'il porte en lui ?
Avec la marmaille d'un âge certain il s'arrange, se débrouille comme il peut, mais un poupon si petit et si fragile..... Comment faire ?

Elle a la grâce d'une feuille tombante, tourbillonnante se laissant porter par le vent. Elle s'approche..........puis repart, le temps d'échanger un sourire ou un regard.

- Je vais aux jardins. Un dernier coup d’œil avant que le printemps n'arrive, et puis un ultime déchaussage qui ne gâtera rien.

Le barbu se redresse, enfile braie et chemise, puis l'embrasse.

- J'fais un tour au lac et j'te r'joins ! il ne veut plus la laisser seule sa petite Aely, les laisser seuls. Couvre toi bien, prend un fruit, un morceau d'pain !

Il la regarde s'éloigner. Avez-vous déjà vu une merveille disparaitre au gré de ses pas guillerets ?
C'est comme un coucher de soleil sur l'horizon Groisillon, il n'y a pas de mot pour le narrer.
Le taciturne prend le chemin du lac, en route les mots de sa bonne amie, la Gouaille, lui reviennent -" Vivez, vivez votre histoire, envoyez au diable la peur de l'avenir, ne vous posez pas de questions, vous avez envie? Faites."
Il sourit, la vie semble si simple vu comme ça.
Un petit tour à la cabane, une affiche à placarder, un peu de rangement. Ah ! Une demande d'inscription, il cherche dans les tracasseries le document nécessaire, le remplit. Et voilà un pêcheur de plus.
Maintenant, place à la pêche. Le taciturne prépare son matériel avec minutie, jette un œil à la surface de l'eau ondulante, repère quelques chasses intéressantes et se décide. Saluant les pêcheurs présents, il lance sa ligne puis l'attache à un pieu en berge du lac.
Un dernier coup d’œil sur les environs, tout vas bien ! Il viendra relever sa ligne plus tard.
Pour l'heure il se dirige vers les jardins.

Il entend sa voix, s'approche mais ne voit personne d'autre. Elle est là comme sur un piédestal lancé dans un monologue, elle est belle, il l'observe discrètement.
Encore des mots Colombesque qui lui picorent le crâne "- Pourquoi attendre ?..........Vous l'aimez, elle vous aime !........foncez Berdol !"
Il s'avance, s'arrange pour faire du bruit parce qu'il faut éviter les émotions, les surprises.
Elle se retourne, lui la prend dans ses bras.
"foncez Berdol !"
Il hésite ! baisse la tête confus


- Je....J'dois..t'dire quelque chose Aely !
J'sais pas si c'est le meilleur moment, j'sais pas si y'a un meilleur moment pour ça en fait !

"foncez Berdol !"
Il respire, se concentre, lui prend les mains, plonge son regard dans le sien


- Voilà !.....Je...."foncez Berdol !" J'voulais savoir si.......Humm ! Si.."foncez Berdol !"........Tu sais comme je tiens à toi !

Il sent ses jambes défaillir, son cœur qui s'emballe, il a un coup de chaud puis un coup de froid. Il perd les mots qui le fuient déjà souvent. La fixe puis baisse le regard.
Oubliant aussi le genou au sol comme il est de coutume de faire.


- Si...Tu Voulais...m'ép.."foncez Berdol !"..M'épousailler ? Si tu voulais être ma femme ?

Il est tout penaud le barbu, ne sait plus ou se mettre, n'osant même pas l'embrasser. Il attend le verdict, ses mains dans les siennes, ses yeux dans les siens.
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Aelyenor
Surprendre le quotidien en cours d'élaboration.

Il est l'heure où le soleil est au milieu de son périple, ou bien un peu plus. Aely se dit que sous peu ça va sentir le lapin rôti et les carottes à la crème de lait....

Il adore débarquer sans s'annoncer. Comme il semble étrange ! Pis même, elle ne l'a jamais vu dans un tel état. Un ouragan qui l'entraîne, l'enlace, la tourne, la virevolte, l'embrasse, la tourbillonne, la regarde, la scrute, la lâche, court, crie, hurle, ânonne, épèle, bégaye, hoquète, borborygme, puis une phrase à peine audible qui déclenche tout.
" Si...Tu Voulais...m'ép...M'épousailler ? Si tu voulais être ma femme ? "

La scène emplit Aelyenor d'émotion. Miel, fleurs et troubadours. L’Éden quoi ! Oui, ne chipotons pas sur les mots. Ils ont été crées pour qu'on les utilise, au même titre que la connerie et les écus.

Elle se met à genoux, s’assoit sur les talons et le regarde ; le regarde à s'en faire dégueuler les yeux.


- Qu'est ce que tu as dit ? C'est sérieux tu sais ce genre de demande.

Et à nouveau il bourrasque et répète. Aely quand à elle ne pense plus, a beau chercher et ne se rappelle pas que cela se soit déjà produit.
Elle venait de prendre ses mots sans ménagement. A toute volée. Elle qui pensait il y a peu que son existence déboucherait sur un carrefour. Choisir entre le suicide, le couvent, la prostitution ou la léproserie.
Tant d'âmes en peine attendaient l'heure du choix. Finalement elle avait opté pour un petit sentier de traverse et avait basculé pour le petit négoce et l'artisanat, en se disant que plus tard elle s'inscrirait dans un mouroir pour y capoter tout doucement. Un mur blanc, une haleine moisie, agenouillée face à un solide crucifix et à lorgner sur son trépas par le petit trou de l'infini.


- Ça me fait tout bizarre l'Acanthe.

Elle lui sourit encore dans les nuages, puis s'empare de sa main. Comme la plupart des filles elle a les mains froides ; mais des mains si réchauffantes pourtant qui papillonnent autour d'autres mains pour s'y poser parfois...et parfois s'y agripper. Des mains froides qui marquent au fer rouge le cœur et la chair.

Sa paluche est épaisse comme un quartier de bœuf.


- J'espérais bien que tu te décides à me traîner devant une mairie un jour. Je m'en faisais une telle obstination qu'il fallait bien que cela porte ses fruits...
Oui l'Acanthe, je te veux comme époux, comme homme. Mais je n'ai pas envie d'épouser un mâle qui me quitterait pour d'autres campagnes et aller s'enivrer dans des tavernes remplies de belles filles.
Oui je te veux l'Acanthe, mais si je te mets le grappin dessus, c'est toi qui sera mon prisonnier, sache-le.


Elle l'embrasse de ses lèvres qui sentent bon le frais et le matin clair, puis elle reprend.

- Ce dont je suis convaincue c'est que de nous deux c'est moi qui sais ce qu'est un grand amour. Je le sais parce-que je t'aime depuis que je suis au monde et que je t'aimerai jusqu'à la fin des temps. Toi t'es un coq. Tu regardes pas le temps passer. Tu te suis comme ton ombre parce-que ton ombre c'est toi et que l'homme que je viens d'embrasser n'est que l'ombre de cette ombre.
Quand je serais ta femme, il n'y aura plus d'ombre. Je m'arrangerai pour que l'on soit heureux. Tu es le père de l'enfant que je porte, je veux devenir ta femme.

La vie c'est une cloche sans corde. Moi je serai ta corde, et je te ferai sonner à toute volée.


L'Acanthe c'était sa gourmandise de femme. Son péché originel. L'aura-t-elle assez attendu la pauvrette. Elle espérait cette demande depuis combien de temps . Elle y croyait. Patientait. Il était même venu vivre sous le même toit qu'elle et elle portait son fruit.

Elle l'aime vachement.


- La seule chose l'Acanthe murmure-t-elle, ne me mens jamais. Tant que tu me diras la vérité, ça comptera pour du beurre.

Je t'adore mon grand rustre.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Il y pensait depuis un moment le barbu à cette demande, mais comme souvent chez lui les doutes s'installent, plutôt les questions cette fois-ci. Et si elle disait non ?
Si elle trouvait que c'était précipiter les choses ? D'ailleurs, n'était-ce pas précipiter ? Je ne serai peut-être pas un bon mari ?

"Elle mérite sans doute mieux !"

Il y pensait depuis un moment, pourtant jamais auparavant il n'avait eu envie ou même ressenti le besoin de s'unir par les liens sacrés.
Jamais avant que la brunette ne fasse partie de sa vie.
Pour dire vrai, l'image qu'il avait du mariage n'était pas très reluisante, ses parents s'étaient mariés et après ? Sans amour, sans tendresse, sans partage, sans un mot, sans rien.
Du plus loin qu'il s'en rappelait, jamais il n'avait vu la moindre complicité entre eux. Si le mariage c'est ça, à quoi bon faire croire ? En avait-il conclu.

Les vicissitudes de la vie l'avaient même rendu distant avec les choses de l'amour.

Oui mais voilà, la vie offre bien des surprises et depuis l'Aely sa carapace se fendille de tous côtés au taciturne. Le mur qu'il s'était construit tombe en ruine.
Alors l'idée a germé et depuis qu'il sait que bientôt ils seront trois, l'idée avait poussé comme une mauvaise herbe. Comme une mauvaise herbe, elle avait envahi son esprit. Dans chaque recoin s'était immiscé.
Il y pensait depuis un moment et comme souvent il s'en retourna vers quelqu'un. Cette fois-ci c'était la Colombe qui hériterait de ses doutes. A sa façon, elle les avait très vite balayé d'un revers de la main, ou deux.......parce qu'en plus d'être taciturne il est sacrément buté parfois.
Pourquoi attendre ? C'est vrai, pourquoi attendre s'était-il dit.

Il y pensait depuis un moment et ce jour-là, en l'écoutant.....en la regardant....en devinant l'habitant se dessinant lentement sur son profil....sa beauté....sa douceur...sa joie...son amour...ses connaissances...sa compréhension...
Comment ne pas vouloir s'unir avec cette petite forgeronne ?

La fatidique phrase est lâchée ! Elle résonne et claque encore dans sa tête.

Elle se met à genoux, lui suit le mouvement. Le minois de la belle se pare d'émotives mimiques. Il voudrait l'embrasser, la caresser mais c'est un pan entier de sa carapace qui vient de tomber. Alors il la regarde, ce qui en soi est déjà un sacré privilège.


- Oui l'Acanthe, je te veux comme époux

Il paraît que quand la mort approche on voit sa vie défiler. Il semblerait que quand le bonheur s'accroche à vous il en va de même.
L'espace d'un instant il contemple sa vie.....Puis sourit, elle a dit oui !


- Mais je n'ai pas envie d'épouser un mâle qui me quitterait pour d'autres campagnes et aller s'enivrer dans des tavernes remplies de belles filles

Ca il n'y a pas de risque, le barbu sait qu'il la perdrait. Et ce ne n'est certainement pas une donzelle en manque d'amour qui ferait fuir ce bonheur.

- J'suis à toi Aely, rien qu'à toi ! Et l'grappin, ça fait bien longtemps qu'tu l'as mis ! Bien longtemps....

Pour sûr que ça date pas d'hier, Il se souvient l'avoir rencontré en taverne, avant qu'elle parte puis qu'elle revienne. Enfin ! Un jour il lui racontera.
Son prisonnier ! Pourquoi pas ? Avec une geôlière comme ça il ne tentera pas l'évasion, ou alors faites de douceur et de plaisir. Une évasion de l'esprit.


- La vie c'est une cloche sans corde. Moi je serai ta corde, et je te ferai sonner à toute volée.

Sur ça il n'a aucun doute, il connaît les atouts de sa belle.
Le trouble de cette demande se dissipe peu à peu. Le barbu sourit, il aime ses métaphores, les savoure.
Comme il savoure ses lèvres à cet instant, fines, douces et délicates lèvres dont il ne peut se passer. Qu'elles chantent, parlent ou l'embrasse, il veut les voir remuer.
Il l'étreint avec douceur puis lui caressant le visage il retrouve ses mots


- J't'adore ! Et j'veux ton bonheur, vot' bonheur ! Jamais j'te mentirai, tu l'sais !
Ne m'mens pas non plus s'te plait, j'préfèrais souffrir d'le savoir que d'le découvrir.
- Je f'rai tout pour t'rendre heureuse ! Crois-moi.


Il se relève après l'avoir tendrement et longuement embrassé, puis l'entraine, la serre tout contre lui. Vers leurs pénates ils s'en retournent.
"Les premiers pas main dans la main, les mots tout bas dans les chemins creux de tes reins.
Puis la vie qui donne la vie, par le ventre arrondi........"*


*La Tordue - Marguerite

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Aelyenor
Elle s'était levée de très bonne heure en ce premier jour de printemps. Ne pas le réveiller, le regarder dormir et puis se glisser hors des draps tout doucement.
S'assoir à une table et avant de se rendre aux jardins, lui dire merci.
Un simple merci pour le magnifique cadeau qu'il lui avait offert. Son enfant...

Elle sortit une plume et une fiole d'encre et d'une main nerveuse parsema le vélin de mots lui étant destinés.




Mon bel ami,

Je me suis réveillée et d'un pas léger j'ai arpenté ton cœur, dévoilé mes pensées.
A l'encre de ta bouche, je suis devenue l'onde d'un murmure, et j'y ai dépose ce baiser chaud...afin que tu gardes la trace de mon souffle.
Dans un bruissement d'émois, je me suis réfugiée au cœur de tes artères, quand tes mains en caresses, me donnaient tant d'émotions...

Frissons de fièvre et de feu, quand nos corps tourbillonnent de plaisir et s'enlacent dans une douce et secrète étreinte...
Douceur partagée dans un ensemble savoureux... le temps nous égare, nous étreint...et nous perd sur un moment de passion...

Osmose d'un amour, pour une merveilleuse histoire de cœur...quand la lumière réchauffe nos océans de rêves.
Tu as versé dans mon âme inassouvie, ce goût de l'éternel....et j'ai senti courir ton souffle ardent et tendre à la fois, qui m'a fait perdre la raison.

Depuis ce jour, je porte en moi le fruit de ton amour. Un enfant qui se lèvera lorsqu'il reconnaîtra le bruit de tes pas.

Dans ton regard j'ai découvert ton cœur, merci d'endiguer l'anéantissement de notre monde, toi, l'homme de peu, l'homme du silence qui fonde ton monde, notre monde.

Près de toi mon Seigneur. Pour toujours

Aely, tienne.


Elle tira la porte de la pièce, prépara son auge, sortit une miche de pain de Donnae, un pot de miel, puis ses pas l'emmenèrent tout droit à la vigne.
D'un pas assuré elle longea les rangées une à une.

Combien avait-elle planté de pieds ? Elle ne savait exactement, mais ses plants représentaient un hectare ! Pas si mal que ça. Si elle pouvait sortir cette année cinq tonnes de raisins ce serait un exploit. Cinq tonnes représenteraient 3210 bouteilles...moui...pour une première année, on allait pas se plaindre ; à condition qu'il ne gèle pas en avril ou mai.

Elle pensa à son homme. Il était devenu charpentier.

Un petit sourire entailla son visage, il faudrait donc qu'il lui fabrique 21 tonneaux de 6 muids chacun (1 muid = 268 litres). Voilà de quoi bien entamer sa nouvelle profession.

Elle avait besoin de lui. De ses capacités bien évidemment, mais aussi de ses qualités humaines.
Sans l'Humain, point de vin, point de savoir-faire. Que serait le vin sans l'Homme ? Une éternelle piquette qui continuerait à nous faire souffrir mille maux !
L'importation de la vigne et avec elle tout ce qui s'y rattachait se déclinait par tous les temps humains possibles. La séquence élémentaire était constituée par l’instant du labeur quotidien, qui à chaque effort confronte le vigneron à la végétation récalcitrante, aux intempéries désespérantes, à la matière qui résiste, à sa sublimation en vin, à sa conservation surtout.
L'intuition de l'homme juge l’optimum de maturité, et lance la récolte. Sa respiration est suspendue au passage d’un nuage de grêle qui se moque des efforts de l’année. Le vigneron se survit dans le vin qu’il met au monde, au pied du fouloir, du pressoir, et dans les ceps qu’il plante pour la génération suivante. Celui qui fait sauter le bouchon aussi communie à la temporalité immanente du vin. Il s’imbibe de la matière que le vigneron a projeté dans l’avenir. Il absorbe une parcelle de ce rêve d’éternité, de cette fascination pour la matière qui défit sa putréfaction.

La cave serait le royaume de son Acanthe. Grâce à lui les cépages de leur amie Lona ainsi que les siens seraient préservés. Aely vouait une confiance sans borne à son homme.

Comme le carreau de vigne, c’est d’abord une propriété, un capital passionnel, une accumulation de temps dans un espace restreint.

Quand on abordait le sujet du vin, des chais et tout ce qui allait avec Aely se sublimait, pour cela elle tenait de sa mère. Elle ne vivait pratiquement que pour ça...ça et la nature humaine...

Quelques souvenirs lui revinrent en mémoire...c'était Anna sa maman qui lui avait fait prendre conscience de la nature propre de l'Homme et lui répétait sans cesse que sans lui rien ne semblait possible..
Évidemment Acanthe ne savait pas combien sa mère avait été proche des gens, de la population souffreteuse.
Toute la vie d'Anna fut dévouée aux autres, elle ne supportait pas que telle ou telle personne puisse être mise à l'écart. Tout le monde avait droit au savoir, à la connaissance et à l'instruction et sa vie avait toujours été guidée vers l'égalité des hommes.


- Merci maman...merci pour tout. Merci pour ton savoir, merci pour tes connaissances...c'est grâce à toi finalement que mes amis sont beaux...
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
Cette nuit-là, la pluie n'avait cessé de tomber. Aely grelottait avec cette humidité latente.
Inutile de lui dire quoi que ce soit, son homme, attentif ranima le feu en offrant à l'âtre deux grosses souches de châtaignier.

Elle le regardait...beau, puissant, semblant ne rien craindre, ou alors n'en disant rien, simplement enveloppé dans sa chemise beige.

Après avoir remis du bois dans le feu, il s'empresse de rejoindre sa merveille comme il dit si bien.
Aely glisse ses bras serrés à son cou, dolente...certaine que lui au moins ne la foutra pas par terre comme le ferait n'importe qui, car tout homme venant de jouir passe de l'état de soupirant à celui de butor fieffé. Le mâle qui a rempli son devoir conjugal n'a plus qu'une idée en tête en général : se récupérer jusqu'à ce que l'instinct du c.. le refouette à nouveau.

Les belles manières se perdent ou se sont perdues. Oh étalon cruel, si affable avant et si vite reculotté après. Que la honte vous empare, vous qui si promptement désassiégez ce que vous avez eu tant de mal à investir...

Elle lui donne un baiser chaste, très joli. La chaleur de son corps l'oblige à se dégager des couvertures lui offrant son corps arrondi...lui, trop préoccupé par la santé de sa belle lui présente un bol fumant aux exquises saveurs de miel.


- Tiens ma douceur ! Ca te f'ra du bien. 'tention c'est un peu chaud.

La brune prend le bol en y plongeant à peine ses lèvres, ne le quittant pas des yeux.
L'envie est trop forte. Elle pose le bol au sol et l'attire à elle.


- Dis Aely ! Pour l'mariage.......Hum ! Il t'faudra une robe !......'fin une jupe !

- Chuuuuuttttt...après...après...viens...

Elle est près de lui, pas encore repue et rassasiée d’amour ainsi que de caresses profondes, elle devine qu'ils sont définitivement réels. Aelyenor est nue de béatitude, avec pour seul vêtement que cet amour elliptique, abandonnant son corps, fuyant vers des langueurs inconnues. Dans ce lit charnel où ses doigts ont découvert ses désirs, elle crie. Trop de tant, trop de folie, trop d'impudeur, elle lui livre ses cris, son hymne sortant de sa nudité, brisant tous ses tabous, laissant choir son plus fidèle rempart, elle.


-Tu as fait voler en éclats les mots que je gardais scellé, mon infini est à toi. Marque-moi. Fragmente ce que je ne suis pas. Délie tes mots infinis, ton essence, laisse moi pénétrer ton secret, enivre-moi de tes peut-être, arrache ma vie et fonds sur moi. Oublions toutes les lois de l'ordre, ces amarres trop tangibles, et entraîne-moi vers les cieux aveuglants, si loin, avant que mes yeux ne s’évadent, que ma peau ne me perde, que mon sexe ne se ferme, que la nuit se sublime, unissons nos éternités pour quelques instants.

Longtemps plus tard, son amant s'est endormi...appuyée sur son épaule elle le regarde. Ce n'est pas quelqu'un comme tant. Il dégage une sorte de sérénité qui lui coupe le souffle, qui donne de la classe et du tempérament.

Doucement, sans le réveiller elle susurre.


- Je serais ton petit oiseau de gaieté, ta petite fauvette du ciel et je passerais mon temps à pépier sur ton épaule.
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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe
Après avoir remis du bois dans le feu, il s'empresse de rejoindre sa merveille. Elle est là.....allongé sur le pucier conjugal.
Aglaé, déesse de la splendeur, peut bien aller se rhabiller, l'Aely la détrône, de son piédestal lui prend la place.
Les cieux ! Même les cieux ne protestent pas, le firmament se pli à cette évidence.
Le barbu se demande encore parfois si c'est un rêve, une illusion. Si elle ne va pas s'évaporer à peine s'approchera-t-il.
Mais non !
Dans quelques instants il l'embrassera en se couchant à ses côtés, la caressera avec douceur, la regardera avec amour et la prendra dans ses bras en lui disant, en lui murmurant à l'oreille "j't'adore ma toute belle". Puis ensemble, ne formant plus qu'un, ils rejoindront la félicité.

Elle lui donne un baiser, si beau, si doux, puis se dégage de l'épaisse chape qui la recouvre, offrant au passage ses atouts que le barbu ne peut qu'admirer.
Mais pour l'instant il est assis sur le bord du lit, tourné vers sa promise lui offrant un breuvage emmiellé.
Il aime ses instants précieux, repoussant encore quelque temps leurs désirs jusqu'à ne plus pouvoir y résister.

Il dépose ses lèvres dans son cou, pose une main sur son ventre, l’effleure du bout des doigts en dessinant des ronds. Il est heureux l'Acanthe, il l'est tellement que souvent il a l'impression qui lui suffirait de pousser sur ses talons pour s'envoler.

Les regards ne se quittent plus.
L'une buvote le breuvage lacté, l'autre admire la scène. Mais le breuvage est déposé.


- - Chuuuuuttttt...après...après...viens...

L'amoureux transi ne s'oppose pas, la jupe ils verront ça après.
Si le pucier conjugal pouvait parler, pour sûr qu'il en ferait rosir des joues venue l'écouter narrer les aventures d'un couple souffrant d'un amour continu, d'une adoration sans limites aucunes.
C'est beau, c'est doux, c'est intense. Dans d'étranges accords on entend se mêler la voix énamourée des anges qui soupirent et celle de la belle criant "Encore ! Encore !"
Ils sont sortis du temps, inventent le leur.

Quelques mots encore échangés, de douceurs partagées. Le barbu l'enlace, la serre tout contre lui comme pour unir leurs éternités quelques instants encore.

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--Lirmaladouce
- Youhouuuuu !!! Z'êtes Aelyenor ?

L'interpellée tressaute, ne pensant pas à être héler en cette matinée où un soleil cynique tente d'échauffer ses maigres rayons.
Elle passe outre sa stupeur en découvrant ce qu'elle découvre. Oh misère. Imaginez-vous un genre de l'espèce féminine à priori, mais on peut se tromper. Haute d'une canne et une coudée - environ 1m60 -, large comme un buffet, joufflue, ventrue,le nez en forme de grosse limace, deux yeux enfoncés dans le saindoux, le cheveu épais bien gras et le poil luisant.

Voilà une affaire battant à plate couture sa sœur Gudrule. Bref...Aely sent que l'histoire s'engage mal.
Ça lui met du vague à l'âme dans le cœur de la brunette. Et voilà que la "Bizarrerie" entreprend de descendre de la bordure pierreuse délimitant les vignes.


- Attention! Ne coupez pas entre les plants de vigne, vous allez casser les bourgeons.

Juste la place pour la Ventouse de s'approcher. La pudeur inciterait Aelyenor à battre en retraite, mais chose paradoxale, la discrétion la retient, car si elle prenait le parti de fuir, probable qu'elle attirerait la suspicion.

- J'm'appelle Irma, ahane-t-elle en se grattant les fesses à pleine main. Décidément, il sera dit que la merveille du Garde-pêche connaîtrait parfaitement l'anatomie de la donzelle.

- Moui ? S'inquiète Aely ; et ?

- Vous n'l'avez pas vu ?

- Qui ?

- Louigi...

- Non. Il doit être avec ma sœur Gudrule.

- Je sais, c'est sa légitime.

- Mais pourquoi le cherchez-vous ? Vous n'êtes pas sa femme après tout.

- Pas encore ! Répond enthousiaste l'Erreur de la Nature.

Aely s'étrangle.


- Comment ça pas encore ?

- Ben, je pense que Louigi va faire sa déclaration de séparation en bonne et due forme confie l’Étrangeté.

La brune, elle connaît bien son cétacé de frangine. Sa Gud, formidable matrone...
In Petto elle se dit que la Pâmée se fait des berlues si elle compte que sa perle rare, sa Lulule, sa Gud, va se laisser répudier par son transalpin. Certes tous deux se cocufient solidement, s'invectivent, se battent à l'occasion ; mais justement à cause de cela ils forment un couple indissociable.


- Il vous a dit qu'il partirait avec Vous ?

- Il m'a seulement dit qu'il allait y réfléchir.

- Et donc vous avez confiance ?

Elle a un petit rire nasillard, démesuré, niais mais malin.

- J'ai travaillé dans une boulangerie...je sais donner le petit coup de pouce à une balance au bon moment.

Fière d'elle, elle arbore une posture des plus pachydermiques, puis elle la regarde.

- Vous attendez un heureux évènement ?

- On ne peut rien vous cacher.

- Félicitations. En tout cas vous êtes très élégante.

- Merci pour ma tisserande.

- Mais pas seulement pour vos vêtements...

- Merci pour ma maman...

Puis l'amoureuse d'Acanthe se dit que si elle ne met pas un terme à cette surprenante conversation, la chair étant ce qu'elle était, et l'Irma roulée comme une vache de l'Aubrac, elle risquait la vaqua de s'attirer les foudres de son Acanthe, aussi bien pour le Rentre-dedans culotté de la Dévergondée, que par l'outrecuidance qu'elle prenait de déposséder Louigi de la Gud.

- Bon...pas tout çà mais...j'ai du travail à terminer.

- Partez pas tout de suite ! Miaulasse la chatte obèse.

Aely rigole doucement. Ben la Gud elle était tombée sur un drôle de numéro. Faut toujours qu'elle ramasse un prix de vertu sa frangine. Cette Irma, dans le Larzac, ça m'étonnerait qu'on l'ait couronné rosière.

Et soudain...quelqu'un paraît. Bousculant tout. Énorme et violacée, portant un drôle de chapeau de paille agrémenté d'une primevère.
Elle est vêtue de noir pour paraître plus mince sans doute et elle mouline des bras.


- Gudrule ! Lance la brune.

- Gudrule ? S'interroge l'Inquiète. Je rêve...

- Non tu rêves pas Porchère ! Goujate ! Cocufieuse ! Misérable ! Bigame ! Trigame ! Où qu'il est Louigi ? J'm'occuperais d'lui après. Attends toi Raclure ! Tellement dévergondée que ta rage de fesses est capable de séparer une union unie !

La Gud c'est une guerrière. Même genre que l'Acanthe mais en plus exubérante et aux formes plus excentriques. Gud elle supporte pas qu'on attente à son foyer, qu'on touche à son miraculé de la chose.
Alors elle file une peignée pure laine du Larzac à Irma, sous les regards ahuris, contemplatifs et démultipliés des passants qui pour l'occasion se sont agglutinés au-dessus du vignoble.
Séance historique mes amis. Les bras de la frangine de la brune lui en tombent d'avoir trop cogné ; puis la Valeureuse lève son autre bras et le tend à l'horizontale, le doigt pointé vers le Sud.


- Dehors roulure ! Et que je ne te revoie jamais plus. Si jamais il te prenait l'envie soudaine de r'venir à Millau, parole ! Je t'ouvre le ventre; Tu m'entends dis ! Radasse !

L'Irma elle défaille. Ne demande pas son reste. Et c'est une Irma tuméfiée, une Irma corrigée, une Irma humiliée, une Irma ensanglantée qui quitte ainsi la scène de Millau.

Gudrule alors se jette dans les bras de sa soeur en pleurant. Happy end mes frères. Tout le monde a la larmouille à l'oeil, même les curieux.

Les Rouergats, quand on les regarde exister entre eux, ils ne se trouvent pas indiscrets.


- Alors c'est vrai ma Laelly...j'vais être tata ?
Acanthe
Le printemps pointe lentement le bout de son nez, le soleil tente de réchauffer l'air par ses intermittentes apparitions. On peut reconnaitre à cet astre le mérite de l’obstination, chaque jour il se lève, chaque jour il entame un combat pour se frayer un chemin parmi les nuages quand ceux-ci couvrent de leurs sombres allures les têtes bien ou mal pensantes qui naviguent sur la terre.

Le programme de la journée est décidé au petit matin, la merveilleuse ira aux jardins travailler sur les vignes, le barbu jettera son dévolu sur le lac où le poisson devait déjà frétiller d'impatience.
Après un dernier baiser échangé et quelques recommandations pour la belle au profil de future maman -"ne force pas trop ; prend un fruit ou un morceau de pain ; ta sœur revient bientôt, elle s'occupera des gros travaux ; je peux t'accompagner pour t'aider ; je sais tu vas me dire ça ira ; si t'es fatigué reposes-toi !"- chacun prend la direction convenue pour s'atteler aux différentes activités.

L'étendue ondoyante est calme et la poiscaille peu gourmande.
Il faudra au pêcheur se battre contre le temps avant de remonter de quoi se faire un bon repas en tête à tête et gagner quelques écus sur le marché.
Il décide donc de passer par les vignes avant de se rendre à son atelier.

Un petit attroupement est formé, ce qui a pour effet de l'inquiéter quelque peu. Ces jardins si calmes habituellement semblaient être le point d'orgue d'un spectacle attirant les curieux.
Arrivé à leur hauteur il peut à son tour contempler la scène et par la même occasion se rassurer. Il y a là, l'Aely, en pleine conversation qui ne semble pas la satisfaire, avec une dame de petite taille. Etrange dame à l'aspect peu courant.
Il y a aussi Gudrule, qui est revenue et qui déboule de nul part. L'air pas contente. Mais pas contente du tout. Pauvre petite dame qui met la belle sœur du barbu dans tout ses états.
A peine le temps pour l'Acanthe de les rejoindre que l'immensité donne une dernière bourrade à l'étrangeté qui pli bagage sans demander son reste.

Ralentissant le pas en voyant les sœurs s'étreindre, il repense à leurs histoires.
Puis il enlace son Aely, lui déposant un furtif baiser

- tu vas bien ?

et se tourne vers la sœur

- 'jour Gudrule ! Content de t'revoir.
- C'était qui cette p'tite dame ?
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Gudrule
l'Aimable se remonte l'hémisphère boréal d'un généreux mouvement de l'avant-bras. Procède de même avec l'hémisphère austral et déclare, d'une voix qui fait songer à une sauce qu'on est en train de rater.

- Merci beau-frère. Et j'te remercie d'prendre soin d'ta belle soeur. Ah si mon Louigi pouvait en faire de même.
Cette garce ? Celle au jabot de pigeon ? Qu'on n'sait pas ou ses cheveux finissent et où sa barbe commence ? Cette femme a tête de truie ? C'est Irma...Franchement, Acanthe dis-moi, parle-moi franchement. Dieu parfois à la naissance il doit mélanger les plans non ? Louigi l'a ramenée de l'au-delà des Alpes. Ben elle va y retourner vite fait.


La Gud jette sur la ravissante personne qu'est l'Acanthe les deux raisins qui lui servent d'yeux. Elle est évasée et évasive. Mais Gras-Double, et bien qu'elle possède des poumons gros comme deux édredons, a du mal à reprendre sa respiration.

L'Acanthe il a toujours fait un effet bœuf aux femmes. C'est comme ça.

Et puis soudain, sans prévenir, la Grosse se met à sangloter et s'épanche sur sa sœur comme une vache sur son herbage. Elle se retient à son homme Aely, de peur de tomber.


- Ce s'pèce de fumelard de Louigi. J'lui pardonnerai jamais le mal qu'il m'a fait. Voilà des jours que j'me colle le raisin. Je chiale tellement que tout c'que j'bouffe est trop salé

- Je ne savais pas que tu ressentais autant d'amour pour lui ma Gudrule, interrompt doucement la brunette en se serrant contre son amant.

- L'idée qu'il pourrait me quitter m'empêche de respirer comme si j'avais une génuflexion de poitrine. Ça me gâche la vie vois-tu, même si quand j'vais lui mettre la paluche dessus il va devoir recompter ses dents.

Et puis à nouveau ses hurlements qui n'étaient pas sans évoquer l'approche d'une horde de loups. Elle avait le chagrin copieux ; aussi copieux que sa personne, et elle pleurait comme elle mangeait, avec autant d'appétit et de persévérance.

Oui...on ne pouvait mourir sans avoir connu Gudrule. La Gud la magnanime, la Gud l'irrésistible, La Gud et ses braies craquantes, la Gud et sa faim constante, sa soif inextinguible, ses baffes qui font cracher les dents et ses larmes pareilles à de l'eau de vaisselle...La Gud et sa poésie quoi.

- T'en fais pas ma chérie...

- Comment t'en fais pas ? On voit bien que c'est pas toi qui est la mariole !

- Écoute ma tendresse, ce qu'il y a d'excitant dans l'adultère, c'est la peur qu'on a d'être surpris. Si tu enlèves cette peur, que reste-t-il ? Une partie de jambonneaux tu ne crois pas ? Et tu verras qu'il te dira qu'il n'a trouvé aucun charme à la bagatelle pendant que t'étais absente.

L'absence embellit ma grosse. Quand tu vas le revoir, tu seras la plus belle ! Et pour peu que tu changes de chaussettes avant de lui mettre sur la figure, il va t'acheter pour trois écus de roses pompon. A toi la grande extase !

D'un coup elle change de physionomie. La tristesse laisse place à l'espoir...Elle lui prend une main. Celle de libre, l'autre étant bien accrochée à la ceinture de son homme, puis une larme de brave femme brille dans son regard.

- Merci ma Laely. Toi t'es une chouette frangine.
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